Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Time Shadows de Yasuki Tanaka

Titre : Time Shadows

Auteur : Yasuki Tanaka

Éditeur vf : Kana (Dark)

Années de parution vf : 2019-2022

Nombre de tomes vf : 13 (série terminée)

Histoire : Shinpei est de retour sur son île natale pour assister aux funérailles de son amie d’enfance, Ushio, décédée accidentellement en mer. Il se rend vite compte que quelque chose ne tourne pas rond… Certaines personnes agissent bizarrement. Et s’il s’agissait d’une mort accidentelle, pourquoi une autopsie du corps d’Ushio a-t-elle été ordonnée ? Mais avant de pouvoir vraiment enquêter, Shinpei est assassiné par un sosie d’Ushio. Et voilà qu’il se réveille sur le bateau qui le conduit à l’île pour assister à l’enterrement d’Ushio…! Il semble avoir remonté le temps… Parviendra-t-il à comprendre ce qui se passe et à l’enrayer avant qu’il ne soit trop tard ?

Mon avis :

Tome 1

Time Shadows est le dernier thriller fantastique sorti par Kana à pic pour la saison estivale dans laquelle l’histoire s’insère. D’habitude, ce n’est pas forcément le genre de titre qui m’attire, mais les promesses d’ambiance folklorique et fantastique ont eu raison de moi.

Ce shonen, publié dans la collection Dark de Kana, est la première série vraiment longue et personnelle de Yasuki Tanaka qui officie depuis une dizaine d’année au Japon. Et on sent qu’il y a vraiment mis tout ce qu’il avait appris depuis ses débuts pour nous livrer une histoire à l’ambiance inquiétante et au rythme prenant.

Il y raconte, le retour de Shinpei sur son île natale, mais ce n’est pas un moment joyeux pour lui, puisqu’il revient à l’occasion de l’enterrement de son amie d’enfance et soeur d’adoption : Ushio. Sauf que très vite après avoir posé les pieds sur l’île de mystérieux événements vont se produire et l’embarquer dans une aventure inquiétante et perturbante où sa vie et celle de ses proches seront en danger.

Je ne m’y attendais pas mais j’ai adoré l’histoire que l’on découvre dans ce premier tome. L’auteur nous plonge petit à petit dans l’ambiance intrigante qui pèse sur l’île de Shinpei. On sent de suite que quelque chose cloche et qu’il va y être plongé jusqu’au coup. Le premier chapitre installant tout ça est assez long et pourtant, on ne le ressent aucunement à la lecture tant le mangaka amène bien les choses. Il mélange fantastique et folklore japonais pour donner une teinte bien particulière au thriller qu’il est en train d’imaginer et ça fonctionne à merveille. Le mystère entourant la mort d’Ushio est pesant et se propage petit à petit à tous les recoin de l’île au fur et à mesure qu’on découvre les implications d’une légende locale là-dedans. C’est très réussi.

Le seul bémol viendrait peut-être des personnages que je trouve très archétypaux et pas attachant pour un sou. Le héros est le genre de type un peu falot mais qui va se révéler dans les épreuves comme on en croise souvent dans les shonen. Ses acolytes sont des amis d’enfance, l’une est amoureuse de lui et un peu garçon manqué mais en voie de féminisation (bonjour le cliché !), l’autre est amoureux de cette dernière sans l’avoir jamais dit (cliché bis). Bref, il n’y a rien de folichon ici. Non, ce ne sont clairement pas les personnages qui font l’histoire mais vraiment l’ambiance, le lieu et les décors.

En cela, les dessins fonctionnent à merveille. Le mangaka a vraiment su comment capter notre attention avec ses planches très sombres, l’histoire ayant souvent des scènes la nuit ou dans la pénombre. Le soin apporté aux décors naturels mais également aux intérieurs et aux costumes contribue grandement à l’impression d’immersion dans la chape de plomb qui commence à se refermer sur l’île et l’a vague d’angoisse qui est en train de naitre.

Pour conclure, ce premier tome est très réussi pour un shonen à l’ambiance fantastique et surfant sur le folklore japonais. Le mangaka a su mettre en avant les éléments de son histoire qui allaient rapidement nous accrocher pour ensuite nous tenir en haleine tout au long de l’enquête que le héros va mener. C’est bien joué !

Tome 2

Ce deuxième tome est encore meilleur que le premier dans le sens où le mangaka nous plonge de plus en plus dans les mystères de l’île et commence également à donner un vrai rôle et donc une vraie profondeur à ses personnages. C’est très très prometteur pour la suite.

L’aventure reprendre là où on l’a laissée avec le mystérieux retour d’Ushio, mais est-ce bien elle ? Ou est-ce l’une de ces mystérieuses entités qui peuplent l’île et peuvent prendre l’apparence de ses habitants ? Quel est le but de ces ombres d’ailleurs ? Dans cette suite, prend place une aventure glaçante en plein milieu de la fête annuelle au temple de l’île et c’est haletant. On enchaine les retournements autour d’Ushio, Shunpei et de la mystérieuse femme qu’il avait rencontré sur le bateau en venant. On découvre que des gens sont au courant pour les ombres, savent qu’elles sont là et savent comment les repérer et les éliminer. Mais on continue à s’interroger sur le but et la fameuse « maman » qu’elles appellent de leur voeux. En attendant, elles se livrent à un vrai massacre en règle dans ce tome et ça intensifie l’action comme jamais. C’est très bien fait. A cela, le mangaka ajoute le mystérieux pouvoir de Shunpei qui lui permet de retourner dans le passé quand il meurt. Est-ce lié aux ombres ? D’où tire-t-il ce pouvoir si pratique ? Il y a encore tellement de questions.

En attendant, ce 2e tome tient toutes ses promesses et même plus. Il nous embarque encore plus dans l’histoire sans nous laisser le temps de souffler. Entre révélation, nouvelle question et renversement de situation, on ne s’ennuie pas un instant !

Tome 3

Ce tome ne fut pas déplaisant à lire mais comme il n’a pas fait prendre le tournant que je pensais à l’histoire, je suis un peu désappointée. J’aime bien l’idée de jour sans fin qui se répète autour du héros, avec à chaque retour dans le passé de nouveaux éléments qui s’ajoutent à sa compréhension de ce qui se passe. C’est intéressant ici de le voir évoluer aux côté de Negumi sensei, ce qui change des tomes précédents et donne une nouvelle perspective au récit, vu que celle-ci en sait bien plus long que lui. L’histoire reste résolument tendues, pleine de mystère et d’ésotérisme avec une petite touche de violence sanglante, mais par rapport au précédent, j’ai trouvé le fantastique moins présent et ça m’a manqué. On se rapproche plus ici d’un combat de stratégie face aux ombres et ça m’a moins plu. En plus, j’ai trouvé le tome très bavard pour pas grand-chose par moment et ça m’a donné envie de sauter certains passages pour arriver à l’essentiel.

Bref, une lecture sympa mais bien moins prenante que celles des autres tomes. J’ai eu l’impression que l’histoire marquait le pas.

Tome 4

Après un tome 3 qui m’avait un peu cassé mon rythme de lecture alors que j’avais beaucoup aimé les débuts de la série, celui-ci m’a bien raccrochée à l’histoire. En fait, il fait le lien entre les premiers et le précédent et montre l’importance que revêtait ce dernier.

On retrouve nos héros qui mènent l’enquête pour tenter de percer à jour le secret des ombres et ainsi contrecarrer leur plan. L’histoire devient ainsi un mélange de thriller et de fantastique très plaisant, avec une pointe d’humour revenant régulièrement pour alléger le tout.

Il n’y a pas de changement révolutionnaire en soi dans l’intrigue et dans les personnages. On voit surtout Shinpei faire équipe avec l’ombre d’Ushio, apprenant ainsi à lui faire confiance. Ensemble ils déjouent la tentative des ombres pour les éliminer et découvrent qu’Ushio n’est pas comme les autres ombres. On remonte habillement le fil de son histoire à travers des flashbacks savamment distillés. Le rythme est plutôt bon grâce à cela. Pour autant le mystère reste complet, on voit des pièces du puzzle s’assembler et en même temps on en découvre aussi des nouvelles. C’est très prenant. Par contre le tome se termine vraiment abruptement, c’est très frustrant.

Ce 4e tome m’aura réconciliée avec la série. J’ai retrouvé, malgré un dessin plus qu’approximatif, ce que j’avais aimé dans la série à savoir ce côté thriller-fantastique savamment dosé. L’enquête avance et le mystère reste bien présent. C’est un très bon divertissement original avec ça.

Tome 5

Quelle bonne surprise décidément que ce titre ! Ce nouveau tome nous embarque encore dans une nouvelle direction et une nouvelle ambiance non moins intrigante que la précédente.

Place aux souvenirs de l’ombre Ushio qui permettent de comprendre ce qui est tragiquement arrivé à l’Ushio originale. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur les ombres, leurs fonctionnements, leurs capacités et pourquoi celle d’Ushio est différente. J’ai beaucoup aimé ce temps-là même si au début j’étais un peu perdue ne me rappelant pas bien qu’on en avait déjà parlé dans le tome précédent. Mais c’est l’auteur fait bien les choses, la preuve, puisque j’ai vite raccroché les wagons. Et en plus, on finit sur une note bien inquiétant qui lance la suite.

Après la découverte de pas mal de lieux de l’île et de plusieurs familles, place à l’ancienne clinique de la famille de Sô, qui renferme bien des secrets. C’est l’occasion d’un petit trip en mode film d’horreur pour ado, qui se passe bien sûr de nuit et en petit comité avec peu de moyens. Tout pour nous faire trembler. S’y ajoute la découverte d’une mystérieuse statue, d’une pièce cachée et peut-être d’un repère d’ombres. On passe à la vitesse supérieure. Frissons et action garantis. C’est classique mais très bon. Le trio fonctionne à merveille, entre humour, réflexion et sérieux. Leur survie est belle et bien en jeu, il va falloir s’accrocher. Les mystères sont aussi bien épais et on ne demande qu’à les percer. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé cette nouvelle ambiance pleine de pep’s.

Ce fut donc encore une fois une lecture rondement menée grâce à une maîtrise du rythme et du scénario. Ça peut sembler alors un peu dans tous les sens, mais je trouve pour ma part une certaine cohérence dans l’avancement du récit, l’éclaircissement ou l’épaississement de ses mystères et la construction des personnages. Je me régale !

Tome 6

Comme l’annonce la collection de Kana, ce titre est vraiment sombre et ce nouveau tome ne peut que le confirmer. Après, je ne sais pas si ça tient à ma mémoire défaillante ou au shonen en lui-même mais j’ai également trouvé certains passages assez brouillons, pour ne pas dire incompréhensibles…

Ce sixième tome est une bouffée d’action non stop en plein dans les ténèbres de l’île natale de Shinpei, Sô et Ushio, le trio qui est parti à la recherche de réponses. Celles-ci vont se révéler à eux sous une forme noire comme j’aime pour ce genre de titre. L’auteur nous propose un titre fantastico-horrifique et l’assume parfaitement aussi bien dans le dessin, la mise en scène que le déroulé sans concession pour nos pauvres petites âmes fragiles. Dans les entrailles de l’île se cache un secret, détenu entre autre par la famille de Sô. Celui-ci repose sur les fondements même de l’île et le lecteur se rend vite compte que la réponse était toute proche de lui.

Pour nous livrer tous ces secrets, l’auteur utilise une narration tendue et stressante, où les dessins nous plongent en permanence dans le noir au milieu de créatures terrifiantes qui surgissent de tout côté sans prévenir. L’ensemble des héros se rendent dans les égouts les uns à la suite des autres pour tenter de percer le mystère. Chacun est en danger. Chacun apprend des choses ou a un rôle dans la tragédie qui se met en branle.

J’ai trouvé les révélations sur les pouvoirs de Shinpei et de l’ombre d’Ushio assez obscurs pour ne pas dire brouillon. Du coup, quand les informations ont commencé à arriver en bloc là-dessus, je me suis sentie noyée et perdue. Je ne trouve pas l’explication autour du pouvoir de voyage dans le temps de Shinpei très crédible et clair. L’histoire de l’oeuf et de la poule manque aussi d’explications substantielles. Par contre, j’attends de voir ce que vont faire Ushio et Shinpei dans leur nouvelle boucle avec les informations qu’ils viennent de collecter sur la mère des ombres.

Un shonen horrifique toujours aussi sombre, à la narration percutante, avec une boucle temporelle qui se termine ici sur les chapeaux de roues. J’aime beaucoup le mariage qui est fait entre le folklore japonais, la SF et l’horreur. Ça file vraiment des frissons.

Tome 7

J’avais déjà ressenti une certaine confusion dans les propos de ce shonen fantastique la dernière fois, cela se confirme dans ce tome pourtant trépidant à lire puisque Shinpei et Ushio passent enfin à l’action avec leurs amis.

Shinpei a bien compris qu’il détenait un pouvoir que lui enviait Heine, la cheffe des ombres, il compte donc bien s’en servir pour la vaincre et mettre un terme aux atrocités commises sur l’île. En tant que lectrice fan de tout ce qui a trait aux super-pouvoirs j’attendais avec impatience les explications sur celui-ci. Malheureusement j’ai vite été déçue face à l’aspect plus que brouillon que cela prend. Je vais être honnête, je n’ai absolument pas compris comme ça fonctionnait au fond, en dehors du fait que ça viendrait d’un oeil que possèderait Shinpei et qui viendrait d’Heine (mais comment ???) et que ça lui permet de revenir dans le passé juste après avoir été tué (est-ce à dire qu’il est immortel ? Et dans ce cas comment Heine compte-t-elle l’éliminer ??). Autant de questions sans réponses qui ici m’ont vraiment embêtée. J’aime quand les choses sont plus claires.

C’est d’autant plus dommage que l’action est au rendez-vous à l’inverse, le mangaka ayant trouvé le moyen pour que tout le monde soit rapidement informé des événements des précédentes boucles temporelles. Cela permet de gagner du temps, d’éviter des répétitions et de foncer plus rapidement vers ce qui nous intéresse : la confrontation avec Heine, qui est désormais LA grande méchante à abattre. Shinpei et Ushio se sont donc rapidement trouvés des alliés mais ça ne fonctionne pas si facilement et bien des complications se retrouvent sur leur chemin. Cependant cela donne un récit rythme, où la violence est crue et omniprésente. Pour temporiser, nous avons droit à un petit retour dans le passé de Nagumo, qui révèle un pan important de l’histoire et fournit enfin quelques explications.

Dans l’ensemble, je continue tout de même à trouver ce thriller fantastique original et prenant. J’aime le mélange qui s’y opère entre éléments du folklore et modernité dans l’expression des pouvoirs du héros qui se désagrège tel des pixels d’ordinateur. C’est assez magique et terrifiant à la fois, tout en étant très organique paradoxalement. Cela confère une dimension étrange et dérangeante au récit qui me séduit vraiment.

Cependant, l’impression persistante d’avoir ici un tome de transition se confirme dans les dernières pages où l’action démarre enfin pour de vrai, malheureusement nous sommes coupés en plein élan. C’est bien joué, pour donner envie aux lecteurs de se jeter sur la suite.

Tome 8

Après un tome de transition où l’action se sera fait attendre, c’est totalement l’inverse ici, on y entre de plein pieds et on ne la quitte pas ensuite. C’est jouissif !

Toujours avec ce mélange de fantastique, de folklore et de thriller, l’auteur poursuit son épopée sur cette petite île coupée du tome. Et cette fois, ça se veut sombre très sombre, au point que je ne comprends pas l’absence de petite logo « Pour public averti » alors que celui-ci est présent sur le tome de Moriarty sorti au même moment qui est bien plus léger… Ici pourtant, ça tranche et tire à tout va et c’est glauque à souhait ! Personnellement j’adore.

Ainsi nous avons droit à un tome riche en actions, rebondissements et révélations. Les thèmes des ombres et des voyages temporels sont vraiment bien développés. Même si les explications sont un peu lourdes, on comprend enfin mieux ce qui se joue à ce niveau entre Shinpei et sa némésis Heine. En effet, celle-ci joue des limitations de son pouvoir pour peu à peu en venir à bout. C’est génial ! L’auteur nous met ainsi un joli coup de pression et nous prépare au probable dernier arc de la série.

Le piège tendu mutuellement par les ombres et l’équipe de Shinpei est une bonne idée. Cela donne un enchaînement de scènes prenant et percutant où l’action va à toute berzingue. On ne sait plus où donner de la tête, l’action étant quand même parfois peu lisible… Mais Shinpei a su monter une belle équipe très complémentaire autour de lui et ça vaut le coup de les voir agir de concert pour contrer la menace qui pèse sur eux, même si malgré ce qu’on apprend, c’est toujours aussi flou sur certains points et que ça nécessiterait donc quelques éclaircissement.

On sent quand même qu’on s’achemine vers le duel final car l’étau se resserre des deux côtés. L’équipe de Shinpei fait une belle prise, qui permet de leur donner un nouveau souffle et d’apporter quelques nouvelles réponses qui étaient bienvenues comme vous avez pu le voir.

Le seul petit bémol de ce tome vient pour moi de la qualité des dessins que j’ai trouvé en deçà des débuts, comme si l’auteur avait manqué de temps et avait vraiment travaillé sous pression. Cela se ressent particulièrement sur les temps calmes où il pose son intrigue et donc où les personnages arrêtent de s’agiter dans tous les sens, on voit bien que les approximations ne viennent pas seulement de l’action ou de l’ambiance très sombre voulue ici…

En dehors de ce petit point noir, Time Shadows est vraiment un thriller fantastique qui se lit avec plaisir tant l’intrigue est prenante et le chemin fait par les personnages fascinants. La noirceur est parfaitement dosée, tout comme le folklore est judicieusement utilisé. C’est une bien belle prise.

Tome 9

L’intrigue de Time Shadows continue à s’épaissir dans ce nouveau tome où entre action et révélation, l’auteur calme le jeu.

Shinpei et ses amis continuent à mener le combat contre Heine et ses ombres dans la dernière boucle temporelle où ils se trouvent. Ils semblent se rapprocher de plus en plus du jour fatidique, il faut donc passer à la vitesse supérieure.

Entre révélation sur la famille Hishigata, propriétaire de l’hôpital de l’île, sur Shige le protecteur d’Heine, sur ce que cache Nezu ou sur les origines d’Heine, on ne s’ennuie absolument pas. L’auteur mélange ses révélations avec de bonnes scènes d’action contre les ombres que le petit groupe a désormais décidé d’éliminer en prévision de ce qu’il pourrait se passe le jour J au sanctuaire. Tout semble d’éclaircir de plus en plus, même les intentions de la mystérieuse Heine, c’est vraiment agréable. On arrive enfin à avoir une histoire qui nous semble un peu plus claire et cohérente.

Pour autant, le tome n’est pas que centré action et révélation, il offre aussi de brefs mais jolis petits moments de vie où le mangaka revient avec émotion sur l’attachement des gens à leurs proches et la difficulté qu’ils ont à faire leur deuil après une perte. Il revient aussi sur tout ce qu’on est capable de faire par amour pour ses parents, ses frère et soeur, ses amis. C’est un joli message quoique un peu triste dans le contexte de la série.

Seuls regrets dans ce tome, j’ai trouvé le folklore un peu plus en retrait au profit de l’action et des révélations individuelles. Il n’apparait que brièvement. Et j’ai également encore eu du mal avec les dessins que je trouve vraiment maladroits dans certaines cases, voire à la limite de la lisibilité, sans parler d’un certain enchaînement de cases totalement fan service qui n’avait pas lieu d’être. C’est dommage car ça nuit à la profondeur que veut se donner le titre autrement.

Avec ce tome plus percutant et en même temps plus introspectif, Yasuki Tanaka nous approche encore un peu plus de la conclusion de sa série en prenant les bons chemins et les bons tournants. Je suis curieuse de voir comment tout cela va se terminer.

Tome 10

Comme l’auteur l’avoue lui-même, la série était prévue en une dizaine de tomes mais victime de son succès, il a dû la prolonger. Cela se sent dans une intrigue qui s’étire parfois de façon artificielle, cependant ce nouveau tome, comme les précédents, reste tendu et percutant et c’est tout ce que je lui demande.

En tant que divertissement, Time Shadows est vraiment très sympa à suivre. Malgré une intrigue qui fait un peu de surplace, l’auteur pense toujours à glisser de nouvelles infos, de nouveaux indices, pour avancer ce drame horrifique qui se joue sur une petite île perdue au milieu de nulle part. L’ambiance horreur-ado est toujours aussi bien rendue, avec du sang, de la noirceur, des créatures, c’est super pour les amateurs du genre, même si ça reste assez classique sur le fond. Cependant la narration de l’auteur accroche. Il joue sur les temporalité, brouille les pistes, ajoute des révélations, nous fait repartir en arrière, met ses personnages en déjà. C’est impossible à lâcher.

J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les plans d’Heine et sur ce qu’elle avait fait sur l’île avec la lignée des prêtres du temple et celle des médecins de l’hôpital. On voit que son plan va loin. J’ai beaucoup aimé les multiples allées et venues de Shinpei qui lui ont permis d’en apprendre plus. J’ai également apprécié de voir cette arme se retourner contre lui quand Heine se met à utiliser ces boucles temporelles pour tenter de le piéger. Tout cela crée une chouette dynamique de lecture.

En plus, l’auteur n’hésite pas à mettre ses personnages en danger. Dès le début, il nous avait fait mourir un personnage clé. Il recommence ici et ensuite il met le héros sur le fil, lui aussi, avec ses camarades divisés et menacés. Il accélère le rythme et les tensions. Il crée une menace de plus en plus pesante au fur et à mesure qu’elle se fait proche et humaine. C’est très bien géré.

Le seul défaut dans la cuirasse de ce très bon divertissement, c’est la mise en page et les dessins pour moi. J’ai l’impression que clairement l’auteur manque de plus en plus de temps, et comme lors des précédents tomes certaines cases semblent très inaboutis, ce qui les rend moche, alors que l’auteur a montré qu’il savait bien mieux dessiner que ça. C’est un peu décevant car les dessins participent quand même grandement à plonger un lecteur dans l’ambiance et là, ça a plutôt tendance à nous en sortir…

Après 10 tomes, Time Shadows reste un très bon divertissement sachant flirter sur l’horreur, le fantastique et les boucles temporelles avec des héros ados dans toute leur splendeur. L’auteur n’oublie jamais son lecteur et lui offre ce qu’il attend de ce type de récit. Il passe ici à la vitesse supérieure dans les révélations sur les antagonistes ouvrant la voie, peut-être, pour une fin plus proche. Seuls les dessins sont à améliorer.

Tome 11

A l’approche de la fin, Yasuki Tanaka nous offre une histoire de plus en plus riche et prenante où les sauts dans le temps sont de plus en plus lourds de conséquence et où tout se resserre.

J’ai beaucoup apprécié le ton et l’ambiance de ce tome. Partant d’un duel assez serré entre Ryonosuke/Hizuru et Shide, le tome évolue ensuite vers une lente préparation de l’acte final. C’est tendu mais également lent et contemplatif à la fois, chacun réfléchissant sur ses actes présents et passés. D’habitude quand un auteur calme le tempo en pleine action, je ne suis pas forcément fan, mais ici cela se couple avec un moment clé donc cela se justifie pleinement et cela approfondit au contraire l’histoire.

D’ailleurs, alors que j’ai souvent été mise face à une intrigue très confuse dans Time Shadows, j’ai trouvé celle-ci plus limpide pour une fois. Tout d’abord des explications sur Hizuru et son jumeau sous la jaquette sont forts pertinentes ici et ensuite l’auteur se livre à une belle explication du jeu des différentes ombres et des liens entre les héros, les moments et les boucles temporelles, qui rend enfin les choses un peu plus claires. On garde l’ambiance mystérieuse développée depuis le début avec des mystères qui planent toujours autour de Shige et Heine, mais la ligne narrative autour de Shinpei et ses amis est plus clair, ce qui est fort agréable.

Ainsi, j’ai ressenti beaucoup d’émotion face à l’histoire d’Hizuru et Ryonosuke. J’ai été surprise pour les révélations sur Ushio, ainsi que potentiellement par celles sur Shige et Heine, ce qui me fait présager un final en apothéose, surtout qu’en plus il revient au moment clé de l’histoire auquel j’avais adoré assisté dans le tome 2 tant cela éclaboussait partout de noirceur. J’ai très très hâte.

Avec ce mélange de fantastique, de thriller, de folklore, de teen movie et de huis clos, Time Shadows se hisse petit à petit au rang d’excellent divertissement. Là, où il y avait un sentiment d’oeuvre brouillonne au début, cela devient de plus en plus maîtrisé. Seul le dessin laisse encore un peu à désirer. On sent l’auteur capable de bien mieux, mais je pense que faute de temps il bâcle un peu et on se retrouve vraiment avec des visages peu agréables à regarder tant ils frôlent l’amateurisme. Dommage, le titre méritait mieux.

Tome 12

Alors qu’on sent bien qu’on s’approche de plus en plus de l’ultime chapitre, Yasuki Tanaka nous offre des aventures de plus en plus stressantes et palpitantes mais manquants peut-être un peu de soin et d’originalité.

En effet, même si je sais que la série repose sur le concept des boucles temporelles et des répétitions, j’ai tout de même eu le sentiment que l’auteur se répétait un peu ici, notamment dans ses messages et intentions. Car pour ce qui est de l’aventure, elle, est dans l’ensemble quasiment à 100% inédite et on ne peut pas dire qu’on s’ennuie au contact de Shinpei et ses amis. Partis pour leur dernier affrontement face à Heine et ses sbires, ils passent littéralement à l’attaque, sachant bien qu’ils n’ont plus beaucoup de temps. Les chapitres se suivent donc à un rythme soutenu avec un Shinpei mettant en branle son tout dernier plan pour vaincre celle-ci, un plan fait d’improvisation mais sachant également compter sur les forces et faiblesses de tous ceux qui l’ont rejoint, ce qui donne un tome qu’on lit d’une traite !

J’ai beaucoup aimé la tension qui se dégage ici. J’ai beaucoup aimé la façon dont le groupe fait corps et évolue vers un même but. C’était prenant de voir le héros partir récupérer en quelque sorte son arme secrète, puis passer à l’action au nez et à la barbe des méchants bien que ceux-ci se doutent de quelque chose. C’est un vrai jeu de dupes parfaitement mené des deux côtés, car chacun réserve des surprises à l’autre. En plus, cela se déroule dans cette espèce de huis clos qu’est devenue l’île et qui referme, comme tout bon classique du genre, de nombreux chasse-trappes et cachettes. Ajoutez à cela l’ambiance sombre et fantastique du titre qui est parfaitement maîtrisée et vous aurez un thriller ésotérique adolescent vraiment bien dosé.

Après bien sûr, c’est fort classique dans les dynamiques et rebondissements. L’auteur cherche l’effet de surprise mais comme il s’inspire d’une littérature assez codifiée, il a tendance à peu s’en éloigner et à reprendre des choses déjà vues ailleurs ou du moins logiques et attendues. D’ailleurs, il se concentre tellement là-dessus, qu’il en oublie bien souvent les dessins et ceux-ci sont vraiment plus que maladroits, pour ne pas dire ratés, dans les phases d’action. C’est vraiment dommage car on sait qu’il est capable de bien mieux quand on voit des planches où il a pu prendre son temps ou ses couvertures toujours très bien composées et pleines de sens, à l’image d’Heine et Ushio aux deux yeux, ici. C’est donc assez frustrant.

Avec un tome plein de dynamisme, où les héros passent vraiment à l’action pour entrer dans la toute toute dernière phase de l’histoire et affronter le boss final avec toute leur puissance et toutes leurs armes, ce douzième tome de Time Shadows envoie du lourd. Il est palpitant de bout en bout dans son forme, mais c’est du côté du fond que ça pèche par classicisme et prévisibilité. Heureusement l’univers sombre et ésotérique reste joliment dosé pour nous faire frissonner et la conclusion est une vraie torture pour le lecteur impatient de lire la suite !

Tome 13 – Fin

Alors que j’avais trouvé la série plutôt divertissante jusqu’à présent avec une belle montée en puissance sur les derniers tomes, l’ultime volume reprend malheureusement tous les défauts d’avant : à savoir une dessin plus que maladroit et une intrigue bien embrouillée pour pas grand-chose. Dommage, je crains que le titre ne reste pas longtemps en mémoire.

Pourtant Yasuki Tanaka offre un final sous tension avec LE fameux combat contre le boss final, c’est-à-dire Shide. Shinpei, Ryu et Ushio l’affrontent dans un espace où le temps semble suspendu et reçoivent pour cela l’aide inattendue d’Heine, montrant qu’au final toute cette histoire ne repose que sur la dissension d’un couple qui s’est éloigné et n’a plus les mêmes désirs. Une fable assez sombre sur la vie de couple à travers les âges que vient heureusement contrebalancer le destin de celui formé par Shinpei et Ushio pour donner sa dose d’espoir au lecteur.

Ce combat occupe les trois quart du tome et est rythmé et dynamique à souhait. On enchaîne les coups et les chausses-trappes. Chacun se bat à tour de rôle contre un Shide qui semble inébranlable et très malin, plus malin qu’eux même. Cependant, ça traîne et ça traîne, on devine donc qu’il n’est pas si fort que ça ou plutôt que les autres l’auront à l’usure, ce qui rend l’issue hyper prévisible et fait finalement perdre l’intensité voulue. Il en va de même dans les dessins où à force d’en faire trop dans le pseudo gore avec ces corps qui se désintègrent et sont coupés à tout va, on perd aussi l’impact que ça devrait avoir. Dommage, je préférais la version plus sobre des débuts, là ça va trop loin et ça gâche tout.

L’auteur nous perd ainsi dans des explications à rallonge pour nous détailler la personnalité de Shide, ses intentions et la façon de le battre, pour au final accoucher d’une souris et d’une solution aussi simple que tirée par les cheveux et une issue aux boucles temporelles ma foi fort simple, qui m’a fait lever les yeux au ciel, car le concept finit par être totalement abandonné finalement quand cela a arrangé l’auteur voulant conclure.

Je retiendrai donc de la série son ambiance des débuts, son désir d’associer folklore japonais de la campagne profonde à un brin de modernité avec ce goût très futuriste des boucles temporelles. Je retiendrai aussi la volonté de l’auteur de proposer un récit nerveux centré sur les relations humaines. Mais il lui faudra encore peaufiner son dessin, il est capable de bien mieux que le brouillon qu’on voit sur la majorité des pages dans les derniers tomes. Il devra aussi apprendre à ne pas se perdre pour offrir une conclusion plus solide. Mais cette première série est déjà fort prometteuse.

(Merci à Sanctuary et Kana pour ces lectures)

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© Kana (Dargaud-Lombard s.a.) 2019

9 commentaires sur “Time Shadows de Yasuki Tanaka

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