Livres - Jeunesse / Young Adult

King of Scars de Leigh Bardugo

Titre : King of Scars / Rule of Wolves

Auteur : Leigh Bardugo

Editeurs : Orion Books (vo) / Milan (vf)

Années de parution : 2019 – 2021

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Aux yeux de tous, Nikolai Lantsov, roi de Ravka, a tout pour plaire : jeune, charismatique, il est le héros de la guerre civile qui a déchiré le royaume. Installé depuis peu sur le trône, Nikolai doit pourtant faire face à une nouvelle menace : des forces ennemies semblent bien décidées à envahir le pays, dont les frontières sont affaiblies, et les coffres vides. Nikolai doit donc trouver un moyen de rétablir les finances, forger de nouvelles alliances et renforcer son armée de Grishas, cette élite magique qui a tant souffert de la guerre civile.
Or, la plus grande menace pour le royaume n’est autre que le roi en personne ! Victime, pendant la guerre civile, d’une terrible malédiction, Nikolai se transforme presque chaque nuit en une monstrueuse créature que seuls quelques Grishas semblent pouvoir contenir.
Hélas, les ténèbres qui habitent le jeune monarque sont de plus en plus fortes, et Nikolai craint de devenir un monstre pour toujours. Résolu à combattre le mal qui le ronge, il décide de partir en quête de réponses dans un lieu où règne la plus sombre des magies..

Mon avis :

Tome 1 : King of Scars

J’ai découvert Leigh Bardugo avec sa duologie Six of Crows à laquelle j’ai de suite adhéré. Ayant envie d’en apprendre plus sur cet univers que je sentais vraiment prometteur et original, je me suis procurée sa trilogie Grisha au début de l’année et je l’ai rapidement dévoré. Alors forcément, quand j’ai appris qu’une nouvelle duologie mettait en scène Nikolaï, mon personnage préféré de son univers, je n’ai pu que craquer. Pour autant, j’ai mis du temps à me lancer de peur que son histoire ne soit pas à la hauteur de ce que j’attendais. Mais j’avais tort.

Dans le premier tome de cette nouvelle duologie, l’autrice fait le lien entre ses deux précédentes sagas. Cela donne une oeuvre très prometteuse, à l’ambiance sombre et pesante, mais au rythme un peu bancal. Ainsi même si j’ai adoré ma lecture, je dois reconnaitre qu’elle souffre du défaut majeur de vouloir faire coexister deux intrigues qui pour le moment n’ont qu’un lien lointain. Du coup, quand l’autrice passait de l’une à l’autre, ça cassait le rythme, et en plus il y en a clairement une qui se détache de l’autre et vole la vedette, alors la seconde passe un peu à la trappe pour le moment.

La première intrigue, celle qui m’a passionnée du début à la fin, c’est bien sûr celle de Nikolaï Lantsov, nouveau roi de Ravka, qui s’est âprement battu pour cela et qui doit vivre avec les conséquences que la dernière guerre a eu sur lui. Honnêtement, si vous voulez lire ce titre, vous devez lire les autres séries de l’autrice, en particulier sa trilogie Grisha, sinon cette suite manquera cruellement de saveur et vous ne comprendrez peut-être pas tout. Revenons à nous moutons, nous suivons donc Nikolaï, désormais roi de Ravka et son Triumvirat Grisha. Ensemble, ils cherchent à la fois à relever le pays et le protéger des menaces extérieures et intérieures, mais également à trouver un remède au mal qui ronge Nikolaï. En effet, celui-ci est possédé par le restant de la sombre âme du Darkling depuis la fin de la guerre et parfois celui-ci prend possession de lui, transforme son corps en celui d’une sombre bête, pour partir en quête de chaire fraiche. Il n’y a rien de pire pour un homme aussi intelligent que Nikolaï pour qui son âme était un peu son arme fétiche.

C’est donc une aventure à la fois politique et humaine que Leigh Bardugo nous propose de suivre, dans laquelle on va retrouver les personnages phares de sa trilogie. J’ai eu un vrai plaisir à retrouver mon chouchou, Nikolaï. Il conserve son humour et son cynisme mais la situation ajoute une bonne dose de noirceur au personnage, faisant encore grimper son charisme. Ses aventures avec Zoya, Tamar et Tolya sont lentes à démarrer mais deviennent ensuite vraiment prenantes. Le groupe fonctionne à merveille, en particulier le duo Nikolaï-Zoya dont on voit bien qu’ils luttent contre leur attirance/fascination réciproque. L’autrice à la bonne idée de les faire voyager de part Ravka mais également de les faire revenir et évoluer au palais où l’on retrouver Genya et David. Pour le moment, l’aspect politique de l’histoire bien que présent n’est pas le plus marquant. Non, ce qui focalise le plus notre attention, c’est clairement le drame qui se joue avec Nikolaï. On a de la peine pour lui. On a envie de l’aider, de trouver une solution, de le débarrasser de son mal pour qu’il puisse enfin être le monarque qu’il souhaite. Leigh Bardugo réussi vraiment le tour de force de recréer un personnage terriblement attachant, alors qu’on le connaissait déjà. Il en va de même pour Zoya que je me suis plu à redécouvrir.

Cette partie de l’intrigue est vraiment passionnante. Ça parle donc un peu politique et beaucoup pouvoirs magiques et mythologie, surtout dans la dernière partie. Le rythme est lent au début mais c’est pour mieux nous préparer à une fin sous pression constante avec d’excellents rebondissements classiques mais efficaces. J’ai vraiment adoré.

La seconde intrigue, elle, m’a plus laissée sur ma faim. Elle n’est pas inintéressante mais elle est moins attirante. Il faut dire qu’elle se concentre sur Nina, personnage phare de Six of Crow qui doit faire son deuil après la perte de celui qu’elle aimait. Elle se cherche donc un nouveau but. Pour autant, Nina ne se morfond pas longtemps, c’est une femme d’action et quand elle trouve des veuves et des orphelins à sauver, elle est présente.

Même si le ton de son histoire est un peu plombant, j’ai aimé suivre la reconstruction de cette femme de tête. J’ai trouvé très intéressant qu’avec elle, on continue à parler de l’esclavage des Grishas par les Fjerdans, de l’utilisation du parem, une drogue, et des pouvoirs cachés de certains. Je pense que cette intrigue, où elle joue les espionnes, est pleine de promesse pour la suite, pour peu que la réunion avec l’intrigue principale se passe harmonieusement et que l’ensemble devienne plus équilibré. On voit d’ailleurs déjà un peu le chemin que ça va prendre.

Pour conclure, j’ai donc à nouveau passé un excellent moment dans le Grishaverse de Leigh Bardugo. Je reste une inconditionnelle de Nikolaï dont j’adore le côté cynique et torturé. L’aventure m’a plu mais je reconnais des faiblesses que ce soit dans l’équilibre des deux intrigues se partageant les POV ou dans le développement politique un peu trop simple et pas assez fouillé, mais pour du Young Adult, ça reste une valeur sûre !

Tome 2 : Rule of Wolves

C’était très désireuse de découvrir la suite des aventures tragiques de Nikolaï que j’ai plongé dans ce tome 2, mais les débuts furent longtemps difficile, j’avais du mal à me rappeler de tout. Heureusement la suite a payé et je ressors globalement satisfaire de ce tome qui tente de faire la somme entre tous les pans de la saga.

Rule of Wolves est le dernier titre en date de l’univers de Grisha, désormais adapté à la télé et ça se sent. L’autrice a vraiment voulu développer une intrigue dense, brassant l’ensemble des personnages et thématiques déjà vues. Cela s’est fait avec plus ou moins de réussite.

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La première chose qui a un peu coincé chez moi, ce fut ma mémoire. Ayant lu le précédent tome lors de sa sortie en vo, cela datait un peu pour moi et j’avais du mal à tout resituer. En général, les auteurs nous aident pour cela, ici pas vraiment. L’autrice a pris le parti de poursuivre son histoire là où elle l’avait laissé après un très léger bond dans le temps, à nos risques et périls.

Ensuite, elle a également fait le choix de mixer dans ce tome différentes intrigues impliquant l’ensemble des personnages de son univers, des Crows de Kaz, en passant par l’espionne Nina, la générale Zoya, l’ancienne sainte Alina et bien sûr le Roi bâtard Nikolaï. Cela part donc un peu dans tous les sens même si tout est au service d’une seule intrigue globale : le sauvetage de Ravka et de ses Grisha face à la tentative d’invasion de Fjerda, de putsch d’un membre de la famille de Nikolaï et de sabotage des Shu Han. Le tout avec l’idée de sauver les Grisha qui sont persécutés un peu partout, mais aussi de réécrire la religion de ces pays et de trouver le bonheur tant qu’on y est. Ouf !

Pour autant, malgré un récit aussi dense, avec tant de fils d’intrigue, j’ai trouvé la narration assez molle. Elle n’accélère qu’à de rares occasions, surtout sur la fin, et le reste du temps, elle est trop lente, trop bavarde, avec pas mal de scènes et discussions que l’on pourrait élaguer pour dynamiser tout ça. Cela rend la lecture assez atone.

De la même façon, j’ai trouvé que beaucoup de personnages manquaient de reliefs. L’autrice tente de leur donner une dimension tragique mais ça tombe un peu à côté, car clairement, ce n’est pas l’écriture des personnages qui a primé ici, mais plutôt les nombreux développement de l’intrigue et ceux-ci sont assez réussis, je l’avoue.

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En effet, malgré cette narration en dents de scie, j’ai beaucoup aimé suivre ce que racontait l’histoire. Chaque pan de celle-ci était intéressant et apportait une richesse supplémentaire au récit.

J’ai beaucoup aimé suivre Nikolaï et ses manoeuvres politiques pour garder son trône, vaincre ses ennemis et triompher en amour et contre lui-même. C’était le pan de l’intrigue et le personnage que j’attendais le plus et ils ne m’ont pas déçue. Bien sûr, il y a énormément de grosses ficelles ici. La romance manque d’impact et est l’une de mes déceptions dans la façon dont elle a été écrite, plus que dans ceux qu’elle implique qui vont assez bien ensemble. Mais revenons à la politique, c’était amusant et fascinant de le voir manoeuvrer les gens autour de lui pour se débarrasser des Shu et lutter contre Fjerda. On le voit avec l’ensemble de ses casquettes : prince, roi, courtisan charmeur, pirate des airs et toutes lui vont bien. Il est l’auteur des rares répliques qui ont su m’amuser et/ou me marquer.

Dans ses manoeuvres, il va même convoquer les Crows et nous allons nous rendre à Ketterdam. La fangirl en moi était ravie, même si j’ai trouvé la manoeuvre un peu superflue et peut-être juste là justement pour faire plaisir aux fans. Cependant cela a offert de belles scènes d’action et vu comme elles sont peu nombreuses, il faut en être content.

L’autre morceau, autre que politique, qui m’a plu ce fut tout l’aspect religieux du titre. L’autrice s’est amusée à repartir des premiers mythes de la série. Elle remet en perspective les différents Saints, l’Apparat, le Darkling et chacun trouve sa place dans ce vaste tableau. Si j’ai aimé la redéfinition qu’elle fait du bien et du mal, j’ai trouvé un peu léger le traitement du Darkling et de l’Apparat, cela a fait perdre en crédibilité… En revanche, j’ai aimé sa réécriture des Saints. C’était chouette de revoir Alina, d’assister à la transformation de Zoya et de voir Nikolaï apprendre à vivre avec son démon. Sa phrase « I am the monster and the monster is me » marque un tournant et j’ai aimé le nouveau rôle que ça lui donne. De la même façon, c’est fascinant de voir une nouvelle mythologie s’écrire dans les dernières pages avec Zoya.

Les scènes d’action quand elles ont lieu furent écrites de façon vraiment immersives et intenses, ça je le reconnais à l’autrice. Je me suis souvent ennuyée dans les phases plus lentes mais dans celles plus vives, là, j’ai été totalement entraînée, que ce soit lors des coups de théâtre orchestrés par Nikolaï, des scènes de batailles, des moments où les pouvoirs de chacun entrent en scène, de ceux où des créatures nous plongent dans les ténèbres, mais également quand des luttes de pouvoirs se font sentir en coulisses ou lorsque des tensions inaudibles ont lieu. Ça c’est très bien écrit également.

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Je n’en dirai pas autant pour l’ensemble du texte. Il y a trop de scènes inutiles, de développements juste là pour faire plaisir aux fans et de ramifications qui ne servent pas à grand-chose au final.

Ainsi, j’ai trouvé le rôle de Nina assez inutile dans l’ensemble. Elle joue les espionnes auprès des Fjerda en étant avec la fille du Général Brum, mais ça s’arrête là. Cette partie de l’intrigue est ultra caricaturale, de son rôle auprès de Hanne, à celui du Prince, et en plus, pendant longtemps, il ne s’y passe pas grand-chose.

Cela m’amène à une des grandes faiblesses du titre : l’écriture des relations. Il m’a manqué quelque chose à chaque fois. Il y a plein de belles promesses mais dans les faits cela manque de souffle, de passion, parce que la guerre est partout et prend le dessus. La romance Nikolaï – Zoya ne décolle pas et la seule scène qu’elle a ne m’a pas suffit, elle m’a laissée sur ma faim. La romance Nina – Hanna m’a semblée totalement pas crédible. Pour moi, le grand amour de Nina, c’est Matthias, point, et elle a plutôt un rôle de grande soeur avec Hanne. Même quand Kaz parle d’Inej, il manque quelque chose, c’est triste. Le seul moment où vraiment j’ai ressenti quelque chose, c’est avec David et Genya. Ça fait peu.

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Après un très bon premier tome, je ressors plus mitigée de ce tome. Oui, j’ai eu l’intrigue politique et religieuse que je voulais avec une belle réécriture de la mythologie de l’histoire, mais l’écriture elle-même du tome pêche pas mal. Il y a énormément de défauts dans son écriture notamment parce que l’autrice a voulu trop en faire pour plaire aux fans. Du coup, cela manque de souffle et de consistance alors que le tome est assez épais et bavard. Elle n’a pas du trouver le bon équilibre et procurer les bons sentiments. C’est fade.

Désolée pour cette chronique décousue, elle est à l’image de mes espérances plus ou moins satisfaites et de mes petites déceptions.

20 commentaires sur “King of Scars de Leigh Bardugo

  1. Si je comprends bien c’est une sorte de spin-off de Grisha ?
    Je souhaite justement découvrir l’univers de cette autrice (que j’ai aimé avec Le chant des ronces) et je pense que l’idéal est de commencer par Grisha non ?

    Aimé par 2 personnes

      1. Haha, j’aime quand on me dit que j’ai tout compris, ça change xD
        Merci pour le conseil, je vais essayer ça (je suppose que si j’ai aimé le recueil de nouvelles, cela ne devrait pas poser de soucis pour les romans ? )

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      2. Lol tu me feras toujours rire
        Sachant que le fameux recueil est justement le seul titre que je n’ai pas encore… je ne sais que te répondre, mais dans l’absolu si tu aimes ce genre de titres annexe, tu devrais aimer le coeur de sa production ^^

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    1. Si tu veux commencer dans l’univers, je te conseillerai plutôt la trilogie Grisha pour commencer.
      Je ne le savais pas et j’ai commencé par Six of Crows justement et j’ai regretté ensuite vu l’enchainement des choses ^^!

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  2. Je lis juste la conclusion. A ce que j’ai vu en lisant en diagonal, les gens sont partagés
    Comme tu l’as si bien dit, je dois d’abord lire Grisha
    Mais du coup là les couvertures vo et vf sont les mêmes apparemment, alors il rayonne dans ta bibliothèque ? ++

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    1. Oui, certains s’attendaient à plus je pense, pour ma part, ça correspond parfaitement à l’ambiance et au temps de l’histoire, je trouve.
      Effectivement, lis d’abord Grisha !
      Et oui les couvertures sont les mêmes et il brille de mille feux xD

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    1. Ça n’a quand même rien à voir, on est largement au-dessus. J’avais juste probablement trop d’attente côté romance, rythme et épique. Mais franchement, le dévoiement des Saints est très intéressant ^^
      Il faut juste savoir qu’on est dans du Y.A. pur jus.

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  3. Personnellement les 2 tomes m’ont vraiment laissées un gout de trop peu… Je pense que j’avais trop d’attentes et que cela a fortement influencé mon ressentit mitigé face à cette duologie.
    D’un côté, j’ai adoré retrouver l’univers, le système magique, les personnages (ok pas tous hein Nina…) et le style d’intrigue. MAIS, de l’autre je trouvais l’histoire longue, 1/3 du livre ne m’a vraiment pas conquis (la partie avec Nina) et beaucoup de facilités qui reposent sur le fait que « Nikolai avait tout prévu depuis le début »
    Je veux bien qu’il soit très grand stratège, très intelligent etc mais parfois j’ai l’impression qu’on pourrait dire qu’il controle le temps…
    J’ai apprécié ma lecture mais sans plus, j’étais contente de les retrouver car Nikolai, Zoya et David étaient mes favoris de la trilogie Grisha mais je suis restée sur ma faim… Surtout avec le gros teaser de la fin du deuxième tome qui m’a donné l’impression d’avoir lu une pub pour la prochaine saga. Une très bonne pub certes, mais une pub quand même haha. Je crois que 3 étoiles pour la duologie reflète parfaitement mon état d’esprit: j’ai bien aimé, j’ai levé les yeux au ciel pour certaines parties, mais je ne regrette en rien ma lecture

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    1. Je peux parfaitement comprendre tes remarques. J’ai aussi ressenti cette lenteur, ces facilités et ce trop peu, mais ils font partis pour moi de l’écriture de l’autrice et du public visé. Il m’est arrivé de ressentir la même choses dans ses autres titres, pas tous en même temps comme ici, mais quand même.
      Après, le fait de retrouver des personnages que j’aime a forcément aidé à faire passer la pilule. Mais force m’est d’avouer que quelques mois plus tard, je n’ai pas retenu grand-chose de cette lecture même si j’ai passé un très bon moment sur le moment ><

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