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Running Girl, Ma course vers les Paralympiques de Narumi Shigematsu

Titre : Running Girl, Ma course vers les Paralympiques

Auteur : Narumi Shigematsu

Editeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2020

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : Rin, suite à sarcome osseux, a dû être amputée d’une partie de sa jambe droite. Depuis, la lycéenne a bien du mal à retrouver goût à la vie. Mais grâce à sa découverte des lames, des prothèses adaptées aux sportifs, la jeune fille va se fixer un nouvel objectif : participer aux jeux paralympiques de Tokyo !

Mon avis :

Tome 1

Avec les Jeux Olympiques et Paralympiques qui devaient se dérouler cette année à Tokyo, Akata avait trouvé que c’était le bon moment pour sortir ce titre pétulant et plein de pep’s sur une jeune handicapée qui va reprendre goût à la vie grâce à la course. Malheureusement entre temps les JO ont été repoussés, ce qui va peut-être changer la donne pour eux. En attendant, ils avaient eu la bonne idée de commencer à sortir le titre l’an passé en numérique chapitre par chapitre avant de le sortir en relié cette année entre mars et septembre de mémoire et le premier tome est bien parvenu jusqu’à nous avec sa belle couverture très vivante et colorée.

L’histoire met en scène Rin, qui suite à une maladie, a dû se faire amputer d’une partie de la jambe droite. Elle vit très mal sa nouvelle condition qui l’empêche de vivre comme avant. Jusqu’au jour où son docteur décide de prendre les choses en main et lui fait rencontrer un super prothésiste et un groupe d’handicapés faisant de l’athlétisme. Cette rencontre va la changer et lui redonner goût à la vie.

Je ne suis pas une grande fan des récits sur le handicap ou des choses trop difficiles comme ça. J’estime que la vie est assez dure comme ça IRL pour ne pas avoir besoin de retrouver ce genre de thème dans mes lectures qui sont avant tout un moyen de m’évader. Cependant, ici, l’autrice ne verse jamais dans le misérabilisme ou le voyeurisme malsain, du coup j’ai beaucoup apprécié ma lecture. Narumi Shigematsu est une jeune autrice qui sait présenter avec justesse et pourtant lumière le handicap d’une adolescente. Elle sait que tout n’est pas rose et elle nous le fait bien comprendre à travers la dépression vécue par l’héroïne au début et ses crises de larmes quand elle explique tout ce qu’elle a perdu, mais elle ne se complait pas là-dedans. Elle fait évoluer son héroïne, la montre battante et courageuse, prête à affronter de nouveaux défis même si c’est dur. C’est cet esprit-là qui m’a séduite plus que le récit de son handicap.

En effet, on retrouve là-dedans tout ce qui fait le sel des titres sportifs que j’affectionne. Une héroïne prête à se dépasser, à affronter ses peurs, à se frotter à ses limites et ainsi à nous faire vibrer quand elle franchit ce qui était autrefois un mur infranchissable pour elle. La mise en scène de la passion dont elle se prend pour la course est assez magique et touche le lecteur. Elle en parle avec beaucoup de poésie et en même temps avec des mots simples reposant sur des sensations qu’on a tous éprouvées une fois dans notre vie. Ça m’a énormément plu.

De plus, cela se retrouve très bien dans les dessins de la mangaka qui sont plein de douceur et d’énergie à la fois. C’est une jeune autrice, je l’ai déjà dit, on perçoit donc quelques maladresses parfois dans une posture, une expression ou une proportion, mais il se dégage aussi tellement de chaleur et d’affection surtout pour ses personnages qu’on ne peut que tomber sous son charme. Regardez-moi la beauté et la pétulance des couvertures et si vous n’êtes pas convaincu feuilletez et suivez un peu cette charmante héroïne pleine de vie qui rayonne. Narumi Shigematsu a vraiment bien réussi son coup.

Revenons un peu sur le thème du handicap justement. J’ai beaucoup aimé sa représentation pour la mangaka. Elle montre les moignons avec pudeur. Elle explique comment fonctionnent les prothèses, quelles différences il y a entre elles, à quoi elles peuvent ressembler et arrive même avec les fameuses « lames » à les magnifier pour presque en faire des objets d’art ! Parce que comme l’explique l’un des personnages, c’est la formule 1, la Rolls Royce de la prothèse et ça transforme leur porteur en surhommes. J’ai beaucoup aimé ce parti pris qui change des titres qui veulent nous faire pleurnicher sur les handicapés, ici tout est fait jusqu’au dessin pour presque les rendre cool !

Ainsi, j’ai été surprise d’autant adhérer à un titre mettant en avant un sujet pourtant délicat. L’autrice parvient avec un talent certain à nous passionner pour le devenir de cette adolescente amputée qui va se retrouver grâce à la découverte de la course pour handicapés. Alors bien sûr le titre a quelques défauts, la narration va bien vite, il y a pas mal de facilités, tout le monde il est gentil et l’héroïne a un vrai couloir devant elle, mais c’est dans l’esprit des shojos sportifs à la Jeanne et Serge, je trouve, alors ça ne m’a pas gênée. Je suis ravie de pouvoir enfin lire cette série qui en plus sera courte. C’est un bel investissement, à l’image de l’initiative de l’éditeur de reverser 5 % du prix du premier tome à Handisport jusqu’en septembre de cette année.

Tome 2

Comme l’évolution des couvertures le laissait pressentir, nous reprenons sur les chapeaux de roue l’histoire de Rin et de sa course vers les paralympiques pour un tome encore plein de pep’s et de passion.

Je n’avais pas fait attention avant, mais les couvertures des 3 tomes montrent 3 temps de la vie de Rin. Le premier où elle est encore en habits de lycéenne, le deuxième où elle porte une tenue d’entraînement et la dernière où elle est en tenue de compétition. Nous en sommes à la deuxième étape. Ce tome est intégralement consacré à l’entraînement de Rin qui s’est découvert une nouvelle passion et raison de vivre avec la course malgré son handicap.

On retrouve donc une belle ambiance de manga sportif tel qu’on a pu en lire dans des titres aussi variés qu’Hikari no densetsu, Haikyu ou Real avec une héroïne qui a pris goût à son sport et cherche à progresser, non pour battre un record, mais pour elle-même et ceux qui croient en elle. C’est une très belle énergie qui s’en dégage.

Mais l’autrice ne s’arrête pas là. Elle profite pour parler avec beaucoup de lumière et d’espoir du handicap et de son acceptation car on voit une héroïne qui sort du cocon protecteur qu’elle avait trouvé pour s’ouvrir à nouveau au monde extérieur et « normal ». Grâce à cela, elle fait de nouvelles rencontres et retrouve sa joie de vivre aussi bien dans son club protégé que dans le monde extérieur qui lui faisait si peur. Elle parvient à accepter le regard des autres et ce n’était pas simple.

J’ai beaucoup aimé sa rencontre avec Kei, qui n’a rien de simple au début mais qui devient une relation très riche. Elle m’a rappelé bien des rivalités saines lus dans les titres précités et d’autres. En prime, cela permet d’assister à des moments riches sportivement : entraînements, désillusions, esprit combattif,… L’héroïne a du mordant et ne se laisse pas abattre. C’est une très belle leçon de vie.

Enfin, il y a un aspect sérieux sous-jacent dans la série, en lien avec les sports paralympiques pro qui me plaît beaucoup. On parle d’équipement, de sponsor, de recherche, de compétition. Alors c’est assez discret en comparaison de la place occupée par la passion de l’héroïne mais n’empêche c’est très intéressant et ça en dit long. En tout cas, les adultes qui entourent Rin sont vraiment de chouettes personnes et j’espère qu’ils occuperont un peu plus de place dans le prochain et dernier tome, qui naturellement devrait se tourner plus vers la compétition quand on regarde la couverture.

Running Girl poursuit donc sa jolie trajectoire chez moi. C’est une très belle série sur le handicap avec un message vraiment positif et pourtant réaliste même si elle va très vite mais en 3 tomes pas le choix. La passion de l’héroïne nous explose au visage en bouffée de bons sentiments et d’envie de vivre. C’est donc également un très bon titre sportif. J’ai juste hâte d’entrer maintenant vraiment dans la compétition avec tout ce qu’elle implique.

Tome 3

Malgré la crise de la Covid qui ont bouleversé le plan de promo de ce titre centré autour des jeux paralympiques de 2020 qui n’ont pas eu lieu, je referme ce dernier tome avec le sentiment d’avoir lu un très joli titre.

Cet ultime opus, qui conserve les mêmes qualités et les mêmes défauts que précédemment, nous offre une dernière incursion dans l’univers de Rin et de sa lame. Etant désormais fixée sur sa passion pour la course et son envie de participer à de grandes compétitions pour promouvoir le talent de Kazami comme fabriquant de lames, nous assistons aux derniers réglages. Ceux-ci ne sont pas une sinécure. Rin doit tout d’abord apprendre à faire corps avec sa lame pour améliorer son chrono mais également convaincre ses parents d’une lourde dépense.

J’ai aimé retrouvé l’ambiance très positive du titre. J’ai trouvé intéressant d’être plongée dans un quotidien réaliste, notamment avec la question financière qui se pose pour la famille de Rin. C’était également touchant de voir ceux-ci réagir positivement aux changements qui s’étaient opérés chez leur fille puis sa rencontre avec Kazami. L’autrice cherche vraiment à transmettre un beau message sur le handicap, non comme élément réducteur pour la personne qui en souffre, mais plutôt comme porte qui ouvre sur de tous nouveaux horizons.

Ainsi, c’est très enrichissant de suivre les entraînements de Rin, les tâtonnements de Kazami pour améliorer ses prototypes et les rencontres qu’ils font régulièrement dans ce dernier tome, que cela soit une future rivale, un soutien financier de premier ordre ou un jeune patient qui fait penser à l’ancienne Rin. Tout est racontée de manière très dynamique, les pages défilent à toute vitesse tout comme l’héroïne quand elle court. Attention tout de même à ne pas aller trop loin dans la métaphore car par exemple dans les dernière page, cela casse un peu l’élan de la course tant attendue de Rin. Je regrette par contre une nouvelle fois le format court obligeant la mangaka à aller si vite, car tout semble bien facile pour Rin. La fin m’a un peu frustrée également, j’aurais bien suivi un peu plus l’héroïne dans sa carrière sportive car au final nous n’en sommes qu’aux balbutiements.

Cependant je me souviendrai avec ravissement de cette courte série qui sait parler du handicap sans misérabilisme mais avec positivité. Je me rappellerai aussi du trait si particulier, délicat et plein de vie de Narumi Shigematsu, qui donne l’impression de faire voler son héroïne avec sa prothèse. Alors rendez-vous dans sa prochaine série qui sort en novembre chez nous et qui parlera du théâtre No cette fois : A nos fleurs éternelles.

Ma note : 15,5 / 20

©2019 Narumi Shigematsu Kodansha Ltd. / ©2020 Akata

9 commentaires sur “Running Girl, Ma course vers les Paralympiques de Narumi Shigematsu

  1. Ce titre me fait envie depuis qu’Akata a commencé à en faire la pub, mais je pense attendre de voir si ma bibliothèque l’achète parce qu’il me tente plus par curiosité que par réelle envie (tu vois ce que je veux dire ou c’est aussi clair que de la boue ? ^^)

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