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Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre de Maiko Ogawa

Titre : Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre

Auteur : Maiko Ogawa

Traduction : Marie-Saskia Raynal

Éditeur vf :  Ototo

Année de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf : 12 / 15 (en cours)

Histoire : Kôichi n’a qu’un rêve : reprendre le café de son grand-père une fois ses études terminées. Mais à peine arrivé sur le campus de son nouveau lycée, il est pourchassé et menacé par Ôtori, une drôle d’élève dotée de capacités physiques impressionnantes. Celle-ci prétend être une extraterrestre venue conquérir la Terre… D’abord incrédule, l’attaque soudaine d’une créature inconnue l’oblige à admettre qu’elle ne dit peut-être pas n’importe quoi. Si Kôichi veut sauver les siens, alors il doit promettre. Promettre qu’il conquerra la Terre à ses côtés.

Mon avis :

Tome 1

Quand un nouveau titre de science-fiction sort en France, je suis toujours attirée pour y jeter un coup d’oeil et qu’elle belle surprise que cette nouvelle série d’Ototo, qui surfe sur une vague un peu classique et old school de la SF avec des envahisseurs extraterrestres déjà sur Terre sans qu’on le sache.

Prévue en 15 tomes, les tomes du Jour où j’ai décidé d’envahir la Terre sortent 2 par 2 pour le moment, ce qui est une très bonne initiative vu la longueur. C’est le premier titre de Maiko Ogawa qui sort chez nous en France, mais celle-ci publie des shonens depuis une dizaine d’année au Japon. Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre est à ce jour son titre le plus long.

J’ai de suite été attirée par les très belles couvertures poétiques et mélancoliques de l’autrice, qui n’ont pas été sans me rappeler l’ambiance des années 80-90, avec ses magicals girls ou encore les films de Spielberg. Ambiance que j’ai retrouvé également à la lecture. C’est d’ailleurs un titre assez particulier, entre le tranche de vie et la SF, qui se déroule assez tranquillement, ce qui rend la lecture vraiment plaisante.

Le thème n’est pas sans rappeler ce que Mohiro Kitoh a proposé dans NaruTaru et Bokurano mais de manière bien plus légère ici. C’est donc un thème connu de la SF mais qui est traité ici de manière plus légère et agréable grâce au tranche de vie qui s’y mixe. En effet, on suit une envahisseuse extraterrestre qui sauve un humain en lui donnant son coeur, puis en fait son partenaire pour conquérir la Terre afin de la protéger, mais au final, elle se sent seule et cherche juste quelqu’un avec qui ne plus l’être.

Un peu comme dans NaruTaru et Bokurano le titre est plein d’ambiguïtés, sauf que c’est une SF légère où à l’heure actuelle les envahisseurs sont peu présents. Cependant quand ils apparaissent, à l’image de ce qu’on peut lire dans Kanon chez Akata, ils font mal. Mais dans ce premier tome, ça ne va pas beaucoup plus loin et on ne sait rien de bien concret sur les intentions plus profondes de ceux-ci.

Cette absence d’informations ne m’a pas gênée vu la longueur de la série. J’ai surtout apprécié l’ambiance typiquement japonaise qui se dégage avec le héros, élevé par son grand-père qu’il veut aider et dont il veut reprendre le café, qui forme un duo de choc avec la jeune extraterrestre qui bouleverse sa vie. C’est bourré d’humour léger, mais pas lourd, grâce au décalage entre l’héroïne loufoque et ce garçon plus sérieux. Il y aura juste besoin dans les prochains tomes de creuser un peu plus les autres personnages car c’est assez léger de ce côté-là pour le moment.

Le seul point noir que j’ai noté au titre et qui m’a vraiment perturbée, c’est le décalage entre les dessins et l’âge des personnages. La mangaka propose un trait très simple et enfantin alors que ces héros sont censés être des lycéens. Du coup, en les regardant on dirait de jeunes collégiens qui jouent aux grands, et en même temps en les lisant on sent aussi un manque de maturité par rapport à des jeunes de cet âge qu’on pourrait connaitre dans la vraie vie. C’est assez étrange.

En dehors de cette donnée, j’ai beaucoup aimé le trait typé « animé » de l’autrice qui correspond parfaitement au ton de l’histoire. Le découpage et la narration sont classiques mais dynamiques. J’ai bien aimé le design de l’extraterrestre qu’on a croisé avec son petit côté « mecha ». Et surtout, je l’ai déjà dit mais j’adore la poésie des couvertures et page couleur qui ouvrent le tome.

J’ai donc trouvé ce premier tome vraiment prometteur. C’est une SF qui me plait avec son petit côté old school, classique et pourtant très humain grâce à son beau mix avec des récits plus tranche de vie. Je suivrai le titre avec plaisir.

Tome 2

Lu dans la foulée, grâce à leur sortie en commun, ce deuxième tome confirme tout le bien que je pense de la série. Oui, nous sommes dans un shonen classique mais c’est bien écrit, rigolo et sérieux à la fois.

J’ai toujours du mal avec le décalage entre l’âge des personnages et leur représentation en dessins mais ça se calme ici, notamment parce qu’on est plus pris par l’histoire qui se développe et que du coup ce décalage s’efface.

L’autrice surfe toujours entre ce mélange de SF à l’ancienne et de tranche de vie. C’est très réussi. Elle se sert très bien de l’aspect tranche de vie pour développer les héros, leur relation et leur ajouter des camarades de jeu en quelque sorte avec le jumeau d’Hirose et un nouvel extraterrestre qui n’est pas sans rappeler la mascotte de Vanessa et la magie des rêves.

L’ambiance continue d’ailleurs à surfer sur ce petit côté old school que j’aime tant, aussi bien par l’intermédiaire de clins d’oeil à des mangas des années 80 avec des extraterrestres, que par des références directes aux sentaï (séries de super-héros à la japonaise comme Ultraman, Power Rangers…), ou une ambiance fantastique avec de jeunes héros à la Stranger Things. J’aime beaucoup.

C’est une lecture tranquille, rigolote même, avec le caractère farfelu de l’héroïne qui s’exprime de plus en plus et est complété par Nagi, le jumeau du héros. Mais il y a également un côté sérieux représenté par le héros, son caractère posé, son envie d’aider les autres, mais aussi par l’attachement qui nait entre lui et Otori. Ça change celle-ci.

En plus dans ce tome, on en apprend un peu plus sur les extraterrestres qui sont intéressés par la Terre, leur fonctionnement, celui d’Otori, du « port », etc. Rien de bluffant mais ça reste agréable, prenant même, avec cette héroïne qui devrait être la méchante mais ne l’est pas et qui cache des secrets. L’action est également plus présente, donc on voit que l’autrice prend confiance en elle et développe son univers.

La série tient le bon bout, c’est tranquille, drôle et dynamique à lire en même temps. Une bonne pioche

Tome 3

Cette petite série de SF sur fond de tranche de vie dans un collège japonais a su me séduire à nouveau dans cette suite parue à peine deux mois après la sortie des deux premiers tomes. Je dois dire que le rythme choisi par l’éditeur, 2 tomes tous les 2 mois, est vraiment chouette pour une série de cette longueur.

Avec sa couverture printanière pleine de peps, j’ai trouvé que l’autrice donnait un petit air de Nadia et le secret de l’eau bleue à sa série, mais en lisant ce tome, c’est plutôt à Evangelion que j’ai pensé. Vous vous demanderez peut-être pourquoi je fais un tel rapprochement avec un titre qui a l’air tellement différent. C’est juste que j’y ai trouvé le même bon mélange entre la SF et le quotidien collégien, comme c’était le cas dans les premiers épisodes d’Evangelion. On suit le couple principal dans sa vie de tous les jours avec les interactions que cela occasionne et les sentiments mêlés que cela provoque, et ma foi, c’est fort plaisant. Il s’en dégage une ambiance douce, tranquille et chaleureuse qui me plaît beaucoup.

Alors oui, c’est totalement bon enfant. On voit le héros qui s’interroge sur sa relation avec Nozomi, tandis que sa camarade de classe à lunettes est jalouse de celle-ci et que Nozomi commence elle aussi à se montrer possessive, le tout pendant qu’ils préparent le festival de l’école. C’est vu et revu, mais le ton doux et léger choisit par l’autrice dégage tellement de bonhommie que ça passe tout seul et qu’on en ressort avec le sourire à chaque fois.

Pour autant, nous n’avons pas que des petits instantanés de la vie quotidienne. L’intrigue principale se développe également avec l’arrivée d’une nouvelle élève aux origines extraterrestres, qui va offrir un autre regard sur la situation telle qu’elle est actuellement. Une nouvelle menace va également peser sur eux et les occuper un bon bout de temps, offrant à nouveau, comme précédemment, des scènes de combat très bien mis en scène, qui montrent en plus l’évolution de Koichi, qui décide de prêter main forte à Nozomi. Cela reste cependant un peu léger malgré la promesse d’une rencontre au sommet pour le prochain tome.

Ce tome 3 fut donc encore une lecture très agréable grâce au savant mélange de SF à l’ancienne, avec affrontement de l’affreuse bête extraterrestre, et d’un tranche de vie assumé, léger et chaleureux, un peu comme sait également le faire Rumiko Takahashi dans un titre tel que Lamu, où elle proposait également une relation ambigüe entre ses deux héros comme ici. C’est pour moi une franche réussi.

Tome 4

Après un tome assez léger, l’autrice décide qu’il est temps de complexifier tout ça. Bienvenue dans un tome plus sombre axé sur les histoires de famille. Une grande réussite !

Maiko Ogawa continue, sur des bases classiques, à dérouler son histoire d’extraterrestre qui cherche aussi bien à envahir qu’à protéger la Terre. Cette ambiguïté qui est au coeur de l’histoire depuis le début devient encore plus centrale ici où on en découvre les origines, au point peut-être d’occulter le chapitres d’ouvertures où l’on rencontre la grand mère extraterrestre de la nouvelle camarade de Koichi et Nozomi.

Cette rencontre un peu hors du temps et de l’espace est fort savoureuse mais plus dans l’esprit du tome précédent. Elle sert de transition entre ces deux temps avant que l’on se lance dans une quête des origines bien plus sombre qui va enfin permettre de poser les choses à plat, notamment du côté de Nagi, qui depuis le début cache bien son jeu.

C’est donc sur un air du Petit Prince de Saint-Exupéry, particulièrement bien choisi, que l’autrice décide de nous conter la rencontre il y a 10 ans de Koichi et l’envahisseuse. J’ai adoré ce moment. C’est classique mais parfaitement raconté. On découvre tout d’abord Koichi et Nagi enfants et ce ne sont clairement pas les mêmes. Nagi est bouffé par sa maladie au point d’en être particulièrement cruel envers son frère qui n’y peu rien. Koichi, lui, est déjà terriblement gentil et accepte cette haine et la fait sienne. Il accepte la terrible requête de son frère, ce qui m’a vraiment frappée, mais m’a rappelé ce trait des anciens japonais par exemple qui vont mourir seul dans la montagne quand ils sentent qu’ils dérangent de trop. C’est un peu la même chose ici. Mais cela conduit Koichi a rencontrer notre chère Envahisseuse et alors tout se met en branle.

J’ai beaucoup aimé la façon très poétique et triste avec laquelle leur relation se met en place. Nozomi n’a pas encore de nom. Elle travaille pour atteindre son but, ouvrir le port pour faire plaisir à ses compatriotes, mais elle ne sait pas que ça va tragiquement tourner. J’ai eu l’impression de me retrouver dans Bokurano, cette fois, avec cet art du mensonge à peine dissimulé qui surprend l’héroïne sans qu’elle s’y attende et la pousse à s’affronter elle-même en quelque sorte. Sa rencontre avec Koichi est une petite bouffée d’air frais, c’est lui va la rendre « humaine » en quelque sorte grâce à sa grande gentillesse et bonté. Il est déjà adorable. Mais c’est l’engrenage terrible dans lequel ils vont tomber l’un et l’autre qui va me marquer et dont j’ai beaucoup aimé la mise en scène.

Malgré ce qu’annonçait la couverture, qui joue à fond sur les non-dits, c’est un récit sombre et dramatique qui nous attend ici. Récit dans lequel, l’autrice continue à se montrer très poétique grâce, ici, à un lien manifeste et très bien exploité avec Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Ce mélange d’univers orientaux et occidentaux, d’histoire connue et de conte revisité, me plaisent énormément. Je suis maintenant autant sous le charme des couvertures que de l’histoire.

Tome 5

Après une petite pause un peu plus longue que d’habitude, covid et confinement obligent, voici ce charmant tranche de vie SF de retour.

Je suis la première à saluer l’ambiance atypique de la série depuis ses débuts, mais même en sachant que c’est léger en science-fiction, que c’est très tranche de vie et souvent un peu calme, là ça l’était quand même vraiment trop dans ce tome, qui est presque entièrement fait de remplissage… Et en même temps, le ton totalement décalé m’a par moment fait penser avec ravissement au poétique Aria, alors je suis partagée. Ce ne fut pas une lecture accrocheuse comme lors des premiers tomes mais j’ai quand même passé un joli moment.

A l’approche des vacances, nos héros doivent remonter leurs notes. Quoi de mieux pour cela qu’une petite séance de révisions entre amis ouvrant sur des discussions banales à premières vues mais très significatives pour la suite. De même, on a droit à la petite visite habituelle à la piscine, avec les fameuses blagues sur les maillots, le tout dans une humeur toujours bon enfant. Puis au détour d’une page, on entend parler d’un personnage assez mystérieux, qu’on va petit à petit retrouver en filigrane dans les épisodes suivant. Reprenant des thématiques vues et revues dans les mangas se déroulant au lycée ou au collège, l’autrice déroule sa petite histoire tout tranquillement, approfondissant l’air de rien ses personnages et leur relation, nous préparant à quelque chose qui risque de nous secouer.

J’ai été touchée par les émotions simples des personnages. J’aime toujours la dynamique entre les deux jumeaux, ainsi qu’entre Koichi et Otori. Les personnages d’Ayla et Nagi restent intrigants par tout ce qu’ils cachent encore, l’un et l’autre incarnant de possibles rebondissements pour la suite. Mais c’est surtout la figure du vieux monsieur, vieil extraterrestre qui a vécu bien plus longtemps que tout être humain qui m’a plu dans ce tome. Il introduit un thème cher à la littérature de science-fiction : la longue vie et la mémoire. Simple mais émouvant. Enfin, la petite nouvelle introduit vraiment juste à la fin a l’air terrible et j’espère qu’elle va bien semer la zizanie.

Ainsi même si ce tome est moins prenant que les précédents et plus léger de premier abord, il renferme quand même de jolis moments parfois anecdotiques mais parfois plus profonds qu’ils n’en ont l’air. Le groupe évolue joliment. La SF m’a un peu manqué mais les promesses de chamboulements pour la suite ont compensé dans la dernière ligne droite.

Tome 6

J’étais ressortie un brin déçue de ma lecture du précédent tome que j’avais trouvé en deçà des précédents, avec le sentiment l’autrice faisait du remplissage et délayait son intrigue. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas ici.

Je tiens déjà à souligner la beauté et la fraicheur de la couverture. C’est l’un des points forts de cette saga. L’autrice propose toujours des couvertures très travaillée qui invite au douceur et bonne humeur au voyage. Et alors que je faisais une comparaison avec Aria la dernière fois parce qu’il me semblait retrouver un peu les mêmes ambiances dans les chapitres que je venais de lire, la couverture de ce tome y fait résolument écho.

Cependant dans ce tome 6, ce n’est pas à Aria que j’ai pensé mais à Card Captor Sakura. J’ai retrouvé dans le développement de l’intrigue de Maiko Ogawa les mêmes ressorts que chez ses aînés les Clamp et il y clairement pour moi une grosse inspiration de ce côté-là dans les chapitres ici présents.

Le tome s’ouvre par la fête des sports du lycée de nos amis, un moment très chaleureux, plein de compétition, de rivalité et de non-dits, dont j’ai beaucoup aimé la mise en scène. J’y ai retrouvé l’ambiance écolière de C.C. Sakura. Il faut dire que le chara design aide bien en cela avec des personnages au physique très jeune. On retrouve en plus les mêmes rhétoriques scénaristiques avec la famille qui vient assister à la fête, la rivale de l’héroïne qui craque pour le frère de acolyte. J’ai eu l’impression de revoir Shaolan avec Yukito en Ayra et Ryû. C’était mignon. Et dans la rivalité entre les deux frères, avec l’un qui capte et pas l’autre, j’ai eu l’impression de revoir celle entre Shaolan et Sakura. Frappant.

Malgré tout, même si ça fait un peu copier coller, j’ai passé un très bon moment ici contrairement aux chapitres tout aussi classiques du début du tome précédent, sur le thème de l’été, auxquels je n’avais pas accrochés. C’est probablement parce que cette fois on sent que quelque chose est en germe. Et ce quelque chose, c’est à la fois la tristesse d’Otori qui est sans nouvelle de sa planète et ce que cache Nagi, qui semble de plus en plus sombre. Cette virée en « Dark Nagi » me plaît beaucoup même si elle est vue et revue car elle donne une vraie fonction à un personnage un peu oublié autrement.

C’est d’ailleurs l’objet de la seconde partie du tome, où comme quand une carte se déchaîne dans Sakura, on assiste de la même façon au déchaînement d’un extraterrestre nouvellement arrivé qui se fait en fait manipuler dans l’ombre par une mystérieuse petite fille ressemblant comme deux gouttes d’eau à Otori. Une fois de plus la reprise de l’univers de Sakura, est évident avec cette menace dans l’ombre tandis que celle bien réelle passe à l’attaque. Les combats y sont aussi bien orchestrés et mis en scène, et la multiplicité des personnages ici permet à l’intrigue de se développer sur plusieurs fronts. On a à la fois Koichi qui réalise ses faiblesses et se fait aider par ses amis pour pouvoir attaquer et défendre à son tour, ce que j’ai apprécié ; et d’un autre côté Otori qui découvre qui tire les ficelles et pense naïvement avoir découvert une alliée. C’est très bien menée avec une narration double qui dynamise l’ensemble.

L’histoire ainsi prend un nouveau tournant. On commence à s’intéresser au passé d’Otori, à ses origines et à son devenir. Koichi n’est plus seulement là comme acolyte, il prend également sa part dans les combats et son duo avec Riko fonctionne plutôt bien, de même que l’aide stratégique apportée par Arya. J’ai beaucoup aimé ce trio quand il est entré en action. Nagi, lui, comme prévu, est la figure de l’ombre qui dévoile petit à petit sa noirceur. J’ai vraiment hâte que cela prenne encore plus d’ampleur.

Ainsi après un tome 5 un peu faiblard, pour ne pas dire anecdotique, la série repart de plus belle dans ce tome qui amorce un joli tournant vers une suite plus sombre et complexe. Fidèle à ses influences d’anciens shonen et shojo, c’est l’ambiance et la narration de Card Captor Sakura, que l’on retrouve cette fois et cela fait des miracles ici. Vraiment une très belle surprise !

Tome 7

Après plusieurs mois où la sortie de ce tome et sur suivant fut incertaine, c’est un vrai plaisir de replonger dans cette aventure de SF pour les enfants.

Au programme de ce nouveau tome, pas mal de révélations sur Nozomi et sa planète natale, ainsi que sur la jumelle de cette dernière. Un programme fort alléchant qui m’a énormément ravie. Je me répète mais j’aime beaucoup l’ambiance SF à l’ancienne qui se dégage du titre et cela se retrouve dans ces révélations qui sonnent bon les vieux space opera d’autrefois, avec des civilisations très différentes qui se côtoient mais où l’une a des visées plus expansionnistes et ça finit mal. J’aime beaucoup ce genre d’histoire. Ici, c’est raconté assez succinctement mais ça pose un joli cadre pour l’histoire en cours.

Cela permet en effet un nouveau rapprochement entre Nozomi et Koichi, approfondissant encore leurs liens d’amitié, Koichi ayant beaucoup fait pour la retrouver et l’aider à retrouver ses souvenirs. Ils sont mignons tout plein ces deux-là. Alors certes, ils n’avancent pas vraiment dans l’intrigue autour du Port ici, mais cela resserre leur lien et ça fait chaud au coeur.

Car notre coeur souffre à côté avec Nagi, le jumeau de Koichi, qui est la part sombre de l’histoire. J’aime assez le traitement que l’autrice fait de ce personnage. Sa double personnalité me plait, mais surtout j’aime ce qu’elle développe autour du thème des jumeaux. Nagi souffre d’être la copie dysfonctionnelle de Koichi. Il l’aime autant qu’il le déteste, et cela va engendrer bien des drames dans le passé comme dans le présent, surtout quand quelqu’un en profite pour titiller ses sentiments négatifs.

Maiko Ogawa continue à nous livrer une histoire de qualité, une belle aventure avec de jeunes héros aux personnalités et aux relations bien creusées. Certes l’intrigue principale n’avance pas ici, mais nous avons de beaux développements autour du background et des personnages, ce que j’apprécie beaucoup. Elle offre un bel équilibre entre récit classique de SF dans la veine planet opera et invasion des Aliens qui sont parmi nous, et récit tranche de vie classique pour des collégiens.

Tome 8

L’autrice repart dans un schéma beaucoup plus classique ici tout en se servant des dernières évolutions de son histoire pour pousser celle-ci dans des recoins bien plus sombres.

Retour à l’ambiance Card Captor Sakura dans ce tome, avec l’arrivée d’un nouvel alien traversant le Port. L’autrice joue avec nous, mêlant encore une fois petits moments du quotidiens de nos collégiens ou lycéens (je ne sais plus…) où les sentiments commencent de plus en plus à poindre le bout de leur nez. Amour et jalousie sont au rendez-vous au cours d’une fête à marquer dans les annales.

J’aime toujours autant le ton de l’histoire et la façon dont l’autrice gère son scénario. C’est à la fois mignon et touchant car on a d’adorables scènes de la vie quotidienne comme l’anniversaire du grand-père des jumeaux, les premiers émois de leur grand-frère, les quiproquos suite au don du coeur  d’Otori à Koichi. Mais en parallèle c’est également de plus en plus sombre car des sentiments ambivalents s’emparent aussi d’eux et notamment de Nagi et de la petite soeur d’Otori : Mâya. J’ai toujours autant de mal à cerne celui-ci, certes c’est une forme de jalousie envers son frère qui le pousse à agir mais il est également hyper possessif envers lui. Je ne comprends pas toujours mais j’aime assez. C’est la même chose pour Mâya qui aime autant sa soeur qu’il souhaite sa perte. Les deux font la paire.

Grâce à eux et à ce nouvel alien, nous avons ainsi de nouvelles scènes percutantes où les héros, qui ont approfondi leurs sentiments, cherchent à se protéger et sauver l’un l’autre. C’est très touchant et c’est également différent de d’habitude car les derniers changements qui se sont produits en Koichi ont eu des répercussions inattendues ici.

L’histoire se veut ainsi toujours un bon mélange entre tranche de vie scolaire et campagnarde, et récit psychologique de SF. Chacun passe à l’action mais les résultats restent encore à définir. Hâte de voir ça car à mi-chemin mon intérêt est toujours attisé.

Tome 9

Série de SF à la papa éminemment sympathique, Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre signe pourtant ici l’un de ses tomes les plus faibles. C’est bien de vouloir proposer un tome de transition, c’est parfois nécessaire, mais encore faut-il proposer quelque chose d’intéressant dans ces cas-là et ce n’est pas trop le cas ici.

L’autrice propose en effet de séparer ses héros le temps d’un voyage scolaire, certes. Mais le soucis, c’est que suivre Ayla et Otori à Kyoto n’a rien de passionnant. Les jeunes filles sont mignonnes tout plein, l’autrice joue bien du décalage de la dernière dû à sa condition d’extraterrestre, mais c’est un peu plat. Elle tente bien de relancer la chose avec un garçon plus âgé qui s’intéresser à elle mais ça ne prend pas et il disparaît aussi vite qu’il est apparu. Non, cet épisode filer n’était pas passionnant.

Ce qui nous intéresse et heureusement on y revient sur la fin, ce sont les mystères entourant le jumeau de Koichi, Nagi, dont la part sombre grandit de plus en plus, qu’Otori soit là ou pas. On aime voir celui-ci glisser derrière son grand sourire et profiter de la naïveté de son frère. On aime le voir ourdir des plans même sans trop savoir lesquels. Ainsi quand la révélation tombe sur lui, on ne peut qu’être impatient de voir les répercussions sur la suite car ce tome fut un peu frustrant en terme de SF, vu le peu d’attaques E.T qui ont lieu et leur brièveté. On avait presque l’impression que c’était balancé par-dessus la jambe.

Alors heureusement, j’ai beaucoup de sympathie pour la série, son ambiance à l’ancienne, ses personnages charmants et naïfs et son dessin tout rond. Je lui pardonne ainsi ce tome plus faible que les autres car ce ne fut pas non plus une plaie à lire. Je regrette juste un manque d’exploitation d’un univers que je chéris et j’ai espoir que cela soit corrigé dans les prochains et derniers tomes vu que nous sommes dans le dernier tiers.

Tome 10

Après un tome on ne peut plus moyen mais avec un final plein de potentiel, l’autrice tient ses promesses avec cette fois plusieurs chapitres offrant toute la tension promise.

Les révélations qui étaient venues nous cueillir sur Nagi prennent toute l’ampleur que j’espérais dans ce 10e tome. Maiko Ogawa nous offre le tome rempli d’action et de tension dramatique que j’espérais de tout coeur. En effet, en découvrant ce qui se cache dans le bras de Nagi, tout s’accélère. Celui-ci passe à l’action avec son acolyte, entraînant des réactions en cascade.

Nous assistons ainsi à des personnages dont la vie va être encore un peu plus chamboulée. Koichi prend tout ça très au sérieux et va demandé à être entraîné, tandis que les filles cherchent à percer à jour tout ce qu’on leur cache et tendent un pièce à leur ennemie, permettant à celle-ci de livrer tout ce qu’elle a sur le coeur. Ce sont des développements et enchaînement classique mais ils sont menés tambours battants et notre attachement aux personnages rend ceux-ci prenant. Cependant rien n’est résolu et cela prendra du temps de tout démêler et d’essayer de libérer chacun du poids qui l’accompagne pour tenter de l’aider à se réaliser.

La noirceur de la série va de paire avec ce tournant. L’humour habituel s’est un peu fait la malle et malgré des dessins tout doux et rondouillards, les personnages ont un sacré vécu et lourd sentiment de solitude les habite. Ils forment donc un peu un groupe de bras cassés dont la douleur nous étreint, ce qui donne une teinte très particulièrement et émouvant au récit. Cela se couple avec cette SF un peu rétro qui me rappelle celle des méchas d’autrefois, comme chez Mohiro Kitoh, mais pour des plus jeunes.

Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre propose ainsi une jolie porte d’entrée pour un jeune public désireux d’histoire de robots et d’envahisseurs. Il a une intrigue simple mais prenante, une narration classique mais qui recèle de jolies surprises et les sujets abordés ont juste la pointe de noirceur nécessaire pour que les jeunes lecteurs sentent qu’on ne les prend pas pour des bébés. C’est un joli shonen de SF pour eux qui les amènera peut-être ensuite vers des titres plus complexes et sombres.

Tome 11

Après une petite pause, cela n’a que plus de savoir de replonger dans cet univers de SF d’anticipation qui fleure bon les récits de jeunesse.

J’ai vraiment beaucoup aimé retrouver les rivalités opposant les personnages du Jour où j’ai décidé d’envahir la Terre avec les combats entre les jumeaux Nagi et Koichi, ainsi que les « soeurs » Nozomi et Maya. L’autrice a bien travaillé ces antagonisme et les émotions qui les sous-tendent avec ces jalousies propres aux fratries, même si elles sont transposées dans un univers fantasmé ici. On comprend les souffrances de Nagi, celui qui a toujours été malade face au corps plein de vie de son frère. On comprend la jalousie de Maya face à cette soeur qui est complète par rapport à elle. Les deux, Nagi et Maya, se répondent tout comme Koichi et Nozomi.

Leurs affrontements sont savamment mis en scène dans un récit très pop et punch qui rappelle les vieux récits destinés aux jeunes enfants. On sent à merveille l’influence des mangas et animés pour les plus jeunes dans ce dessin rondouillard, les mascottes toutes mignonnes et autres engins assez cotonneux et rond dans leur aspect général. C’est en plus très dynamique, l’autrice alternant les points de vue mais aussi les méthodes de combat et les entrecoupant de discussions pseudo philosophique de chacun mettant en relief justement ce qui les oppose et fait souffrir. C’est donc hyper agréable à lire.

Après, c’est clairement destiné à un public jeunesse et pour des adultes, ça manque peut-être un peu de matière, de consistance. On est dans des thèmes maintes fois vu et un rythme très rapide qui empêche une écriture de scènes plus percutantes et marquantes. Ici, tout est un peu lisse et prévisible, manquant d’ampleur et tournant uniquement autour de 4-5 individus, c’est un peu léger.

Reste qu’on prend vraiment plaisir à lire cette SF différente de celle à laquelle on peut être habituée. Ça fait plaisir d’avoir un ton plus jeune, un trait et une narration plus pop et peps et une narration plus légère. Maiko Ogawa, comme sur ses couvertures hyper dynamique, continue de nous proposer une histoire entraînante et touchante où le coeur est important mais ne peut pas effacer toutes les noirceurs non plus. Surprenant.

Tome 12

Si l’éditeur avait continué à sortir conjointement les tomes 2 par 2, celui-ci l’aurait été avec le précédent et ils auraient formé ensemble un fort jolie tout, Maiko Ogawa nous offrant ici un très bel affrontement au dénouement tragique poignant.

J’ai beaucoup aimé la première moitié du tome consacré à l’affrontement de Zoki, celui qui s’est emparé du corps de Nagi. C’était poignant et percutant de voir les frères l’un face à l’autre, avec un Nagi envoûté et un Koichi au fait de son pouvoir. Avec une belle aura de classique jeunesse revisité, l’autrice nous a offert un combat sombre, plein de tension, au dénouement percutant qui tranche avec ce qu’on retrouve parfois dans ce type d’oeuvre. Ici, pas de concession, quand un combat a lieu, il y a des dommages, ceux-ci sont bel et bien apparents. Excellent !

La suite est donc plus calme et mélancolique mais non sans force. Les garçons ayant trouvé une forme d’apaisement dans ce duel qui les a opposés et a tiré les choses au clair, on peut passer à la suite. Mais les conséquences sont là visibles et les plaies ne se referment pas comme ça. J’ai aimé sentir l’intrigue glisser peu à peu avec des héros qui grandissent et une population à qui ça va devenir de plus en plus dur de cacher tout ça car elle le voit maintenant.

La perte subie par Koichi est importante, c’est normal que ça le change. J’ai aimé voir l’autrice prendre son temps pour développer cela et accoucher d’un héros qui en a fini avec son apathie pour prendre la menace du Port à bras le corps et proposer une vraie solution bien plus active et percutante qu’avant. J’aime ce changement. En plus, l’autrice continue d’assaisonner son histoire de plein de petits mystères et elle en rajoute autour de Nozomi et d’un passé qu’elle semble avoir oublié où elle n’aurait pas été si seule. Tiens, tiens.

Après un combat déchirant, une belle explosion de pouvoir et un dur retour à la normal entraînant une belle mélancolie, voir nos héros avancer plus vivement vers une résolution à tous ces problèmes que la Terre connaît est assez agréable lorsqu’on sait qu’il ne reste plus que 3 tomes dans ce genre de série. Certes, tout est raconté parfois bien rapidement, avec des solutions tirées par les cheveux et grotesques, mais cela a ainsi la savoir et la fraîcheur de la jeunesse, donnant de l’allant à la série.

Allez, plus que trois petits tomes avant la conclusion de cette charmante série d’aventure à la sauve SF avec nos bambins en herbe qui prennent enfin de bonnes décisions. Ce tome était sombre et poignant à la fois, offrant une belle surprise pour ma part avec un retournement de situation auquel je ne m’attendais pas. Bravo à l’autrice d’avoir osé !

(Merci à Ototo et Sanctuary pour ces lectures)

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5 commentaires sur “Le jour où j’ai décidé d’envahir la Terre de Maiko Ogawa

  1. La série a l’air sympa malgré le décalage entre le dessin et l’âge des protagonistes. Quant au mélange SF et tranche de vie, je ne pense pas l’avoir déjà rencontré… Je trouve le concept intéressant tout comme le côté loufoque de l’héroïne qui doit apporter un certain piquant 🙂

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