Titre : Radium Girls
Auteur : Cy
Editeur vf : Glénat (Karma)
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 136
Histoire : Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.
New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…
La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.
Mon avis :
Cette rentrée littéraire de 2020 est vraiment riche en petites pépites mettant en scène des femmes oubliées de l’Histoire sous la plume d’autres femmes qui ne compte pas se laisser compter !
Radium Girls, c’est un peu le film Les figures de l’ombre version BD et j’avais adoré ce film. Je ne pouvais donc qu’adorer ce titre ! Avec lui, je découvre l’autrice Cy qui avait déjà officié sur Le vrai sexe de la vie, un titre déjà féministe à l’époque. Elle réitère ici en nous narrant l’histoire d’un groupe de travailleuses américaines qui a subi un grave préjudice et que notre Histoire a oublié au fil des ans. Ainsi, un peu comme Pénélope Bagieu et ses Culottées, Cy veut leur rendre hommage.
Radium Girls, c’est l’histoire d’un scandale sanitaire. Dans les années 20, des femmes travaillant dans une usine américaine où on utilise une peinture au radium sont gravement intoxiquées par celle-ci. Cy décide de nous raconter leur combat.
Le récit est fait de manière extrêmement simple et humaine sans le moindre effet de manche dramatique. J’ai trouvé le ton de l’autrice toujours très juste. Elle raconte l’histoire de ces femmes somme toute banales, ces femmes qui cherchaient juste à travailler pour nourrir leur famille et qui vont se retrouver gravement malades et mourir à cause d’un empoisonnement au radium qu’on leur a longtemps caché alors que les pontes de la société étaient au courant.
C’est un vrai scandale ce qui arrive à ces femmes et encore plus le fait qu’on cherche à l’étouffer. J’ai beaucoup aimé qu’on nous le raconte rapidement, en allant à l’essentiel, c’est-à-dire en nous en montrant les conséquences concrètes sur leur quotidien. Puis qu’on s’attache à nous relater le parcours du combattant que ce fut pour elle d’obtenir quelque chose. C’est dur mais réaliste et l’autrice s’appuie clairement sur des éléments concrets et vérifiés.
Pour autant, ce n’est jamais indigeste loin de là. Cy a pris le temps de vraiment planter son décor dans les années 20. Elle retranscrit à merveille l’ambiance de l’époque avec cette jeunesse qui peut enfin déployer ses ailes et s’amuser après le drame que fut la Première Guerre Mondiale. On les voit s’amuser, chanter, danser, s’encanailler. C’est très vivant ! Le groupe des filles est particulièrement attachant. Elles ont toute une forte personnalité et savent se faire entendre. Elles m’ont beaucoup amusée au début. Cependant, je trouve parfois qu’elles se ressemblent un peu trop les unes et les autres, et qu’il n’est pas facile de les différencier.
J’ai beaucoup aimé les choix graphiques de la dessinatrice. Faire une BD entièrement aux crayons de couleur en utilisant en plus un camaïeu tournant autour du vert du radium et du violet, rouge, est juste superbe ! Cela cadre à merveille avec le courant artistique de l’époque : l’art déco, dont on retrouve l’influence flagrante sur les pages ouvrant les chapitres ainsi que dans les corps très géométriques et anguleux des héroïnes. Cela pourra peut-être en freiner certains, j’ai adoré pour ma part, cela donne un vrai charme au titre.
Ainsi, Radium Girls par son message très important sur un scandale sanitaire qu’il est bon de dénoncer et rappeler est un titre d’utilité publique selon moi. De par son esthétique, son intension, son beau mélange entre drame et moment de vie captés sur le vif des années 20, et ses émotions à vif elles aussi, ce fut un coup de coeur pour moi ! Je regrette juste qu’il fut si court au final. J’aurais bien aimé que l’autrice développe un peu plus son histoire. Cependant, je salue vraiment le joli travail autour de ce titre, aussi bien de la part de l’autrice que de l’éditeur qui propose un objet complet et de qualité, avec sa couverture à effet luminescent et son interview fort enrichissante à la fois. Merci Glénat et Cy !
Ma note : 16 / 20
© Glénat Editions 2020
Les crayons de couleurs donnent un cachet vraiment particulier, j’aime beaucoup le peu que je vois dans ton article.
Hop, dans la wishlist !
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Avant même de connaître l’histoire, c’est ce qui m’a séduit aussi 😉
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Avant de voir passer la BD sur les réseaux, je ne connaissais pas ce drame, et je trouve important qu’il soit dénoncé à travers un si album qui semble aussi beau qu’instructif et qui semble mettre en avant des femmes attachantes… Quant au côté anguleux des illustrations, ce n’est pas quelque chose que j’apprécie beaucoup, mais ici, ça semble très bien rendre.
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Idem je ne connaissais pas du tout. L’autrice est passée dans l’émission consacrée à la BD de France culture (ou inter 🤔) pour en parler si ça t’intéresse ^^
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Merci pour l’info !
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J’avais déjà envie de le lire et ta chronique confirme complètement !
Tu l’as acheté en librairie ? Il était en rupture de stock il y a quelques mois…
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Tu m’en vois ravie 😃
Oui, je l’ai trouvé facilement début septembre je crois ^^
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Cette BD me fait tellement envie ! Les planches sont tellement belles, en plus ♡
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C’est clair que c’est l’argument qui fait mouche !
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Très intéressant le sujet ! je prends note et te remercie de cette découverte.
Bonne journée
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Avec grand plaisir, j’espère que tu aimeras si tu te lances ☺️
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Il me fait très envie, car j’aime le coup de crayon de Cy…
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Je ne connaissais pas avant mais c’est vraiment très joli, oui
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Au moment de ma lecture, je ne connaissais pas du tout le sujet. Mais ce qui est sûr c’est que j’avais eu un énorme coup de cœur. C’est un bel objet en plus avec les couleurs et le coup de crayon de Cy ! 💓
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Idem, je ne connaissais pas non plus. Depuis, j’ai écouté une interview très éclairante de l’autrice sur le sujet, mais même sans, ce fut une petite claque comme pour toi !
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