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Marine Blue d’Ai Yazawa

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Titre : Marine Blue

Auteur : Ai Yazawa

Editeur vf : Delcourt (shojo)

Année de parution vf : 2015

Nb de tomes vf : 4 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Haruka mène une vie paisible au bord de la mer. L’insouciance de sa jeunesse se mêle à la douceur du vent qui, chaque jour, vient caresser son visage. Mais vient le jour où Arikawa, son amour de jeunesse, revient d’un long voyage en Amérique. Pourquoi est-il parti sans rien dire ? Et n’est-il revenu que dans l’unique but de battre Ipei, le cousin de Haruka, dans une compétition de surf ?

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Mes avis :

Tome 1

Toujours pour mes relectures dans le cadre du Challenge Ai Yazawa que je fais avec Les instants volés à la vie, je replonge dans Marine Blue, la dernière série d’Ai Yazawa a avoir été publiée en français. J’attendais cette vieille série de l’autrice depuis longtemps à ce moment-là. Il faut dire que je préfère ses anciennes séries aux dernières. J’ai été donc ravie de la voir enfin arriver en français, surtout avec des couvertures aussi magnifiques.

Marine Blue est la première longue série de l’autrice qui jusqu’alors n’avait publié essentiellement que des oneshots à la fin des années 80 en dehors d’une série en 2 tomes. Avec ses 4 tomes, c’est donc la première fois qu’elle avait l’occasion de prendre son temps pour développer son récit et quel récit ! Certes celui-ci repose sur une classique romance lycéenne pourrait-on dire mais comme toujours avec Yazawa, comme on le découvrira, c’est bien plus que ça.

J’ai de suite aimé le dessin un peu old school avec les looks qui vont avec, qui rappelle énormément les années 80 telles que je les aime. J’avais l’impression de me retrouver dans un titre d’Adachi ou dans Kimagure Orange Road (Max & Compagnie). J’ai aimé le découpage des pages simple mais dynamique et toujours aussi riche en émotions. Émotions superbement rendues par des dessins très doux. Certes, ils sont un peu vieillots et on est loin des dessins tout en longueur et ultra lookés de Nana ou même de Gokinjo, mais il n’empêche que moi, je les aime beaucoup. Ils dégagent une douceur et une chaleur qu’elle a un peu perdu en cours de route…

Au niveau de l’histoire, on est dans une romance on ne peut plus classique mais très bien faite. Chaque personnage du trio de tête est bien travaillé. Haruka et Arikawa se ressemblent énormément par bien des côtés, mais Haruka est un peu trop passive à mon goût. J’adore la fraîcheur du personnage d’Ippei qui, même s’il tente sa chance, sait bien que ses sentiments sont voués à l’échec et n’insiste pas. Arikawa est très sympathique lui aussi, c’est un personnage un peu solaire, qui attire tout le monde par sa jovialité et sa fraicheur de vivre. Quant aux personnages secondaires, j’espère qu’on verra un peu plus les parents qui me plaisent déjà, notamment le père d’Ippei, ancien surfeur lui aussi. En ce qui concerne les lycéens, ce sont des archétypes – ils me rappellent d’autres personnages de l’auteur qu’on retrouvera dans ses séries postérieures -, mais ils ne demandent qu’à être développés et connaissant Ai Yazawa, ils le seront prochainement.

La narration est ultra efficace. Entre mystère et douce mélancolie, les pages se tournent sur l’histoire de la belle mais timide Haruka qui peine à avouer ses sentiments au beau Arikawa. Elle se met d’elle-même plein de bâtons dans les roues parce qu’elle fait trop attention aux autres, et celui-ci a trop peur de la brusquer pour vraiment agir. Ippei, le cousin d’Haruka, vient vite jouer les troubles fête, évoquant pour nous la question tabou de l’amour entre cousin et cousine, qui ne l’est pas tant que ça au Japon. Puis vient la meilleure amie d’Haruka qui réveille de vieilles blessures. C’est du ultra déjà vu mais la mélancolie qui se dégagent de ces scènes rend celles-ci poignantes malgré leur côté désuet et trop dramatique. C’est comme voir épisode de  « drama » (soap asiatique) se dérouler sous nos yeux.

Pour cadre, l’autrice a choisi une ambiance bord de mer assez dépaysante et en même temps familière. L’histoire se passe dans une petite ville paisible où on aimerait tous vivre. Les décors sont superbement choisis, donnant une ambiance mélancolique, tendre et fraîche à la fois, comme dans un petit coin de paradis désuet.

Marine Blue est donc une romance classique mais avec des personnages touchants et des sentiments bien dosés, le tout dans une ambiance douce et fraîche à la fois. Une réussite !

Tome 2

Mon avis sur le tome 2 ne sera pas aussi dithyrambique que pour le tome 1 malheureusement.

En effet, on sent déjà un certain essoufflement de l’histoire et une impression de tourner en rond se dégage très vite chez les personnages. Haruka et Tôru m’ont énormément agacée ici. Ils sont beaucoup trop mous, abandonnent trop facilement, bref ils sont chiants. Haruka en plus pleurniche tout le temps, je ne le supporte plus. Ils se compliquent inutilement la vie et ça ne me touche pas du tout comme ça a pu être le cas dans Gokinjo ou Je ne suis pas un ange, de l’autrice. On sent clairement l’oeuvre de jeunesse mal maîtrisée ici.

Heureusement, les personnages secondaires sont plus agréables à suivre. Ippei est un fonceur, il a vraiment du caractère et ne se laisse pas abattre. Je l’adore. C’est LE personnage à suivre dans l’histoire. Rika, l’ancienne amie d’Haruka, est super elle aussi, dans le genre bonne copine mais lucide et qui sait te dire tes vérités, un joli rôle. Même Tomoyo malgré sa naïveté est bien plus agréable à suivre qu’Haruka, parce qu’au moins, elle est sincère et honnête. Elle ne se complique pas la vie et suit ses envies. Du coup, heureusement qu’Ai Yazawa a la bonne idée de leur donner à tous un vrai rôle dans l’histoire parce que sinon je m’ennuierais ferme…

Je suis assez déçue pour l’évolution ultra classique et beaucoup trop mélodramatique de l’histoire. L’accident qui se produit dans ce tome pollue toute la lecture. C’est dommage parce qu’Ai Yazawa sait raconter de belles histoires, tenir son lecteur en haleine et faire palpiter son coeur, notamment avec la passion des garçons pour le surf, seul élément que je sauve ici avec les personnages secondaires.

Tome 3

Après un sacré passage à vide dans le deuxième tome à cause d’un trop plein de mélodrame, même si ce nouvel opus s’ouvre sur un passage plein de dramaturgie, j’y ai quand même retrouvé par la suite ce que j’aime chez l’autrice : un beau groupe d’amis et une belle peinture de la passion adolescente !

L’histoire reste toujours aussi fleur bleue dans ce tome mais au moins, il y a un léger mieux. Il faut dire qu’enfin la romance Haruka-Tôru est en retrait et ce n’est pas plus mal.

J’ai retrouvé énormément d’éléments en germe pour les prochaines séries de l’autrice dans ce tome, que ce soit dans les tics de narration, dans les postures des personnages, dans ce qui les caractérise ou dans l’émotion qui transpire de leur fougue adolescente. C’est un bon prélude à Je ne suis pas un ange notamment. J’en prends pour exemple le passage sur les loubards qui est un modèle du genre !

En attendant, c’est encore une fois les personnages autres que le couple principal qui animent ce tome. L’histoire de Rika m’a pris aux tripes. J’adore cette fille ! Son amour intemporel pour Sahara, ancien champion de foot qui a dû tout abandonner et a viré chef d’une bande de bozoku, m’a chavirée. C’est plein de passion, de fougue et en même temps c’est beau et mature. Elle a vécu bien des choses, elle était aussi fragile qu’Haruka, mais elle s’est endurcie et est devenue un très beau personnage : une femme forte et fragile à la fois. Ainsi, j’ai trouvé l’histoire de Ruka particulièrement touchante et j’aurais presque aimé qu’elle soit encore plus développée car cela va quand même un peu vite faute de place.

Quant à Ippei, ce tome se concentre sur les conséquences de son accident. Ai Yazawa nous montre combien il est dur de renoncer à son rêve, de se reconstruire et d’en trouver un autre. C’est joliment fait et ça donne un joli cachet à la série. Du coup, j’y ai retrouvé certains sensations perçues lors de mes autres lectures de l’autrice où souvent les héros vivent également des drames les éloignant un temps ou définitivement de leur rêve. J’ai vraiment beaucoup apprécié ce passage où Ippei part en vrille et se rapproche d’un garçon qu’il admirait au collège qui va l’aider à se reprendre en main avec tous ses autres amis. Je suis ravie de cette évolution.

Mais j’ai surtout trouvé très agréable qu’on se recentre sur le surf et l’amitié, cela donne lieu à de très jolis passages. L’idée d’Ippei d’être un sorte de coach sportif pour son ancien rival, Tôru, est touchante, ainsi que le fait qu’il lui fabrique sa planche. Cela lui redonne un but et un rôle dans l’histoire, surtout qu’il a quand même plus de caractère que Tôru que je trouve totalement effacé, encore plus qu’Haruka… Dans cette série le couple principal fait vraiment peine à voir…

Par contre, l’arrivée du rival qui est une ancienne connaissance est un ressort un peu trop classique à mon goût et surtout pas très très bien amené, trop rapidement, trop brusquement comme souvent dans la série à cause de son format. Ce n’est pas très fin non plus dans les propos que cela sou-tend sur la force de l’amitié. C’est mignon mais ça ne casse pas trois pattes à un canard… Je m’attendais à mieux quand même.

Dans l’ensemble, cependant j’ai plutôt apprécié ce tome qui reprend du poil de la bête. L’autrice a pas mal de bonnes idées et de belles intentions, mais elle est encore jeune dans l’exercice et a du mal à les développer dans ce format plus long que celui auquel elle est habituée mais toujours pas assez par rapport à ce qu’elle souhaite raconter. Cela manque d’épaisseur.

Tome 4

C’est avec des dessins tout doux et plein de chaleur que l’on quitte le joli univers bien tendre (et un peu trop mélodramatique) de Marine Blue. [ Petit aparté : je me demande de quel matériel a bénéficié Delcourt pour les couvertures parce que ça pixelise de partout… ]

Dans cet ultime volume, l’histoire principale n’occupe que la moitié de la place. Elle est cependant complétée par deux histoires annexes essentielles qui poursuivent et complètent l’histoire à merveille avec beaucoup d’émotion, peut-être plus que ce qui les précède…

Dernier tome oblige, l’autrice se recentre sur le couple principal et fait malheureusement retomber sa série dans la romance à l’eau de rose. J’ai beau être fleur bleue, la docilité des deux héros Tôru et Haruka fait que ce ne fut pas facile de retomber dans le mélodrame qui les caractérise.

Et bien que je m’y attendais un peu, mais je suis quand même déçue de voir le surf repasser au second-plan alors que c’était pour moi la vraie plus value du titre avec la belle amitié qui en découlait. C’est vraiment le côté sport et amitié qui m’a plu dans le titre, mais ces deux côtés ont quasiment disparu dans ce tome. Quel dommage ! Pourtant il y avait un vrai potentiel, et surtout ça nous aurait épargné les sempiternels gémissements et larmes d’Haruka.

Il y a quelques idées concernant le couple développées par l’autrice qui me hérissent le poil. Certes, c’est parce que le titre date des années 90, mais quand même. Elle présente uniquement Haruka comme une supportrice de Tôru, comme si la vie de celle-ci ne pouvait tourner qu’autour de lui. Par exemple, elle ne gagne en maturité et autonomie qu’en miroir de celui-ci. Je trouve ça triste. C’est aussi un élément qui m’avait dérangée dans certaines de ses séries postérieures…

Cependant pour les fans du couple, on aura une conclusion on ne peut plus satisfaisante, notamment grâce au chapitre supplémentaire, mais c’est très convenu, donc sans surprise et presque sans saveur tant c’est lisse comme les personnages. Oui, j’aime les personnages doux et gentils, ça fait du bien, mais ici ils manquent quand même cruellement de relief…

Par contre, Ai Yazawa nous offre le plaisir d’introduire des personnages dont on parlait depuis un moment mais qu’on n’avait pas encore vus et qui ont su apporter un vrai quelque chose à l’histoire : les parents d’Haruka, la mère d’Ippei et le frère de Tôru. Ils m’ont bien plu chacun à leur façon. Les parents d’Haruka révèlent leur propre passé amoureux pas si éloigné de celui de leur fille. Le frère aurait mérité d’être plus présent dans la série car il semble avoir une belle relation avec Tôru (il me rappelle un peu le mentor d’Akira dans Je ne suis pas un ange). L’histoire de la mère d’Ippei, elle, m’a bouleversée. J’ai vu en elle les prémices de Junko de Nana. D’ailleurs tant qu’on y est, Haruka elle ressemble à Haruko de Je ne suis pas un ange et Sahara x Ippei à Akira ^^

Marine Blue est donc une série qui se sera révélée inaboutie, une vraie série de jeunesse. Quel dommage vu le potentiel qu’avait l’histoire avec ce groupe d’amis tellement chaleureux et enthousiaste. Heureusement, le tout dernier chapitre est vraiment très joli, triste et touchant à souhait. Il raconte un pan de l’histoire essentiel que je suis ravie de découvrir et qui me marquera plus que les chapitres qui l’auront précédée. Cependant, maintenant que j’en ai fait le tour, dans ses séries de jeunesse, je peux dire que j’ai une nette préférence pour : Je ne suis pas un ange et Gokinjo, qui sont bien plus originales et abouties.

B lecture

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