Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Drifting Dragons de Taku Kuwabara

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Titre : Drifting Dragons

Auteur : Taku Kuwabara

Éditeur vf : Pika (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf  : 15 (en cours)

Résumé : Autrefois, nombreux furent les aventuriers à se mettre en quête des dragons légendaires qui se dissimulent dans les cieux… aujourd’hui, le Quin Zaza est l’un des rares dirigeables dragonniers encore en activité.
Chacun a ses raisons d’embarquer et de poursuivre les dragons qui sillonnent les mers de nuages : pour l’argent, pour fuir ou pour les denrées que ces créatures offrent !
Mais à chaque voyage, c’est la vie de tout l’équipage qui est en danger, entre tempêtes effroyables, attaques de pirates de l’air ou traques de dragons hostiles…

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Mes avis :

Tome 1

Lors de sa sortie l’an passé, la série avait couler pas mal d’encre entre ceux séduits par les beaux dessins de celle-ci et ses promesses d’aventure, et ceux déçu par cette espèce de revisite de la chasse aux baleines. Le titre partageait. Pour ma part, le dernier argument m’avait plutôt refroidie et je n’avais pas trop envie de découvrir un titre où les dragons n’étaient perçus que comme de la viande… Cependant, j’ai lu des avis disant que le titre évoluait joliment passé les premiers tomes, j’ai donc voulu lui donner sa chance.

La série de Taku Kuwabara est donc arrivée chez nous en mars 2020 précédée d’une jolie réputation. Seinen prépublié depuis 2016 dans le  magazine Good Afternoon de Kodansha, il a également eu droit à une adaptation animée sur Netflix et compte actuellement 10 tomes au Japon. C’est la première série à succès de son auteur qui avait débuté quelques années plus tôt seulement mais qui a déjà un solide coup de crayon !

Avec Drifting Dragons nous sommes entraînés dans un monde où les dragons font partie intégrante de la vie des habitants et où ils sont chassés à bord de vaisseaux volants pour leur chair mais également leur huile, leur peau et tout ce qu’ils peuvent fournir. Cet univers est dans la ligne droite de ce que l’on peut trouver dans nombre d’histoires de Fantasy et a même un côté classique parfaitement assumé dans des dessins proches de ce que peut faire un Alan Lee sur le Seigneur des anneaux ou un Miyazaki sur Nausicaä. Mais la comparaison s’arrête là.

Comme l’avaient annoncé ses détracteurs, le titre est en effet une vaste allégorie de la chasse à la baleine, qui a eu tant de succès autrefois et dont on nous parlait déjà dans Moby Dick, chasse qui a été de nouveau autorisée au Japon à des fins commerciales en 2019. C’est un élément qui peut définitivement mettre le lecteur très mal à l’aise car en effet, les dragons ne sont perçus que comme des proies ou un danger à éliminer et que la lutte est à la fois brutale et sanglante, avec l’un des héros qui a un comportement assez dérangeant à ce niveau-là.

Cependant, l’intention de l’auteur ne semble pas de déranger sciemment son lecteur et de le titiller pour le mettre mal à l’aise. Non, il semble juste chercher à décrire le fonctionnement d’une société fantaisiste dont le mode de vie pour survivre implique la chasse aux dragons. Alors certes, le biais d’être sur un dirigeable les chassant implique une vision brute de cela mais ce n’est pas non plus exacerbé exprès pour provoquer, loin de là.

Le titre est au contraire une vaste tranche de vie qui montre comment évoluent les membres du dirigeable, quelle est leur vie à bord, comment ils interagissent entre eux, ce qu’ils font quand ils ne chassent pas, comment se déroule une chasse, etc. Le premier tome est une vaste introduction à tout ça avec peut-être un focus un poil trop important sur la chasse et la cuisine de viande de dragon qui y fait suite, mais j’ai espoir qu’on nous montre ensuite autre chose.

Là où j’ai été plus dérangée, parce que ça allait à l’encontre de mes convictions, c’est par la joie que prend le héros, Mika, a participer à ces chasses et à sauter sur chaque proie pour la tuer, la dépecer et en manger un bout. Je trouve ça vraiment perturbant… Heureusement que c’est contrebalancé par les attitudes bien plus mesurées et raisonnables des autres membres de l’équipage, qui eux semblent juste faire leur boulot.

L‘univers est cependant assez survolé pour le moment mais mérite d’être développé tant les dessins de Taku Kuwabara sont sublimes quand il est question de mettre en scène ces paysages aériens peuplés de nuages, dirigeables et créatures volantes. Il invite vraiment à l’évasion dans ce monde encore sauvage et artisanal où cependant pointe une touche de steampunk surprenante. J’aime beaucoup ce mélange et l’étrangeté qu’elle procure.

Ainsi, même si ce ne fut pas un coup de coeur et que ça mérite encore d’être creusé et développé dans la bonne direction, ma lecture de Drifting Dragons a su titiller ma curiosité sans trop me rebuter. J’ai été enchantée par la poésie des dessins. J’ai été charmée par la lenteur du rythme de cet étrange tranche de vie. J’espère juste que l’auteur s’insistera pas trop sur la folie carnassière de son héros et nous embarquera vers des aventures plus vastes dans cet univers encore méconnu.

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les voyages de Ly, Light and smell, Dokushosan’yo, La pomme qui rougit, Songe d’une nuit d’été, Esprit Otaku, Gohan, Parlons manga, …

Tome 2

Après un premier tome intéressant sur bien des points, notamment graphiques, mais perturbant au plus haut point par son héros et cette mise en avant sans remise en question de la chasse aux dragons, il me fallait bien un tome supplémentaire pour me faire une opinion.

Alors que dans le premier tome, nous enchaînions les chapitres, telles des petites histoires de chasse qui se répétaient à chaque dragon croisé, l’auteur a décidé de se poser avec son équipage dans ce deuxième tome, ce qui permet enfin de tirer quelques premières conclusions.

Tout d’abord, en ayant face à nous une histoire qui s’étalait enfin sur plusieurs chapitres, cela nous a permis de mieux faire connaissance avec les membres de l’équipage, leur personnalité, leurs aspirations. Bien sûr ce n’est qu’un début, encore une fois, tout n’est qu’à peine esquissé avec la plupart, on leur donne juste une ou deux caractéristiques histoire de les différencier, mais c’est une bonne piste pour une prochaine exploration. Cela développe en plus un bel esprit de camaraderie, entre soutien et blague, qui fait chaud au coeur et qui montre bien que c’est plus qu’un simple équipage voué à tuer tout ce qui bouge.

En se posant dans cette ville portuaire, l’auteur développe aussi un peu la civilisation à laquelle ils appartiennent. On découvre ainsi une société entre artisanat et révolution industrielle, où se côtoient des peuples qui produisent des oeuvres d’art à base de peau de dragons, et d’autres qui construisent des machines volantes. Une civilisation encore pauvre pour qui l’attaque d’un dragon peut être à la fois source de profit quand on parvient à le tuer à temps, mais surtout la plupart du temps source de ruine quand il détruit tout sur son passage.

On en vient ainsi à comprendre la philosophie de l’auteur qui n’est pas de montrer une chasse – plaisir, mais plutôt une chasse nécessaire, un peu comme nos chasseurs à nous qui régulent la faune sauvage. Sauf qu’en nous ayant présenté cela du point de vue de Mika, le fou de viande de dragons, au début ça a un peu tout faussé et c’est dommage. Dans ce tome, quand on voit la folie et rage destructrice d’un énorme dragon et les conséquences pour la population, on comprend mieux la nécessite du travail de l’équipage qu’on suit. En plus, les dragons de cet univers sont présentés comme bien trop sauvages pour pouvoir faire autre chose. On n’est pas du tout dans le paradigme de certains titres de Fantasy (que j’affectionne au passage) où le dragon est une créature intelligente avec laquelle on peut communiquer et raisonner.

Ainsi avec cette histoire qui court sur l’ensemble du tome, l’auteur a commencé à lever les réticences que je pouvais avoir. Certes, j’ai toujours autant de mal avec Mika, malgré les tentatives du mangaka de le mettre en duo avec Takita pour créer une nouvelle dynamique, et je lui préfère l’ensemble de ses camarades, mais je trouve le développement de l’univers vraiment intéressant. C’est une fantasy classique, au rythme assez lent mais entêtant, avec le développement de belles relations humaines sur fond de camaraderie, le tout desservi par un dessin que je trouve particulièrement séduisant.

Tome 3

Je poursuis ma découverte avec ce troisième tome encore une fois très différent des précédents. L’auteur semble vouloir nous faire vivre des sensations différentes à chaque tome et c’est assez plaisant.

Ici, en plus avec l’aventure qu’il met en scène autour de la jeune Takita, il nous interroge sur notre rapport à la chasse et au fait de manger de la viande, ce qu’il n’avait pas fait jusqu’à présent. Il n’y a pas de réponse facile quand on n’est pas végétarien, végétalien ou végan et j’ai trouvé ici que l’auteur proposait une belle réflexion montrant l’attachement qu’on peut avoir pour des animaux tout en sachant parfaitement qu’on va en tuer pour les manger et se nourrir.

Utiliser le personnage de Takita pour cela est judicieux, c’est la petite dernière du vaisseau, donc celle qui a le moins côtoyer les dragons. Elle est encore fraiche et cela s’en ressent dans la relation qu’elle tisse avec le petit du dragon qu’elle vient d’abattre. C’est mignon tout plein et en même temps on sent bien que ça la déchire car elle est consciente du métier qu’elle fait.

Pour l’accompagner dans cette aventure et cette réflexion, j’ai aimé découvrir un nouveau peuple, qui n’a pas été sans me rappeler ceux qu’on croise dans Nausicaä de Miyazaki. Ce sont des gens chaleureux, avec leurs traditions et près de la nature. Il offre une belle variété au titre comme cela avait été le cas de la ville dans le tome précédent.

Cet univers qui se développe, on le retrouve aussi dans les pages consacrées aux dragons au début et à la fin. On voit comment ils se déplacent, on découvre comment ils sont constitués à l’intérieur et on les voit interagir entre eux, ce qui nous amène à nous poser mille questions dans les ultimes pages. J’aime beaucoup. En plus, il y a une petite touche « légendaire » fort savoureuse.

Avec ce tome qui peut sembler un peu décroché du reste, Taku Kuwabara continue de me convaincre qu’il offre là une belle série de qualité et il me prouve qu’il est aussi capable de réflexion autour de la question centrale de son titre qui met tant de gens mal à l’aise.

Tome 4

En suivant toujours le même schéma, ce nouveau tome nous propose encore une nouvelle vision de l’univers de Drifting Dragons, l’auteur complexifiant encore notre rapport à celui-ci. Quelle richesse !

Dans le tome 1, on découvrait nos dragonniers fans de chasse. Dans le tome 2, on découvrait la dangerosité mais aussi l’utilité des dragons pour les villes. Dans le tome 3, on plongeait dans une analyse de la culture dragon. Dans ce quatrième tome assez logiquement nous allons à la rencontre d’un fou de dragons, mais pas fou de sa nourriture comme Mika, fou des créatures pour la beauté et les mystères qu’elles recèlent.

Ce gosse de riche, propriétaire d’un dirigeable d’exploration et de recherche, est un peu notre représentant à nous lecteurs. Je pense que beaucoup d’entre nous sommes venus à lire cette série par fascination pour cette créature mythologique qu’est le dragon. C’est d’ailleurs pour ça que les débuts de la série, où il était un peu trop réduit juste à un animal qu’on chasse, sont souvent mal passés. Mais justement ici, l’auteur renverse la table et nous offre le vision d’un vrai fan comme nous.

En faisant cela, l’auteur continue de répondre à une demande de complexification de son univers afin que celui-ci sorte de cet apparent binarisme des débuts. C’est très réussi. Avec la figure de Monsieur Bruno, nous découvrons l’amour qu’on peut porter à ses créatures mais aussi le regard lucide qu’il faut avoir. En effet, Bruno est un passionné, il les étudie sous toutes les coutures à bord de son fascinant vaisseau, mais pour autant il garde aussi à l’esprit la dangerosité dont parfois ses créatures font preuve et il comprend donc pourquoi on les chasse. Avec lui, on apprend également le versant « moderne » de cette chasse, les dragons étant délogés des nouvelles routes commerciales qu’ils gênent par leur présence. C’est une belle fable critique de notre propre monde que le mangaka offre donc dans cette histoire.

Pour mettre en scène cette nouvelle aventure, j’ai aimé que Taku Kuwabara choisisse la belle Vanabelle comme figure de proue. C’est un personnage qui a l’air très froid au premier abord mais pour qui son entourage compte beaucoup. Elle a la tête sur les épaules et une solide réflexion. Elle ne s’en laisse pas compter non plus. C’est donc une adversaire à la mesure du fantasque Monsieur Bruno.

Ensemble, ils nous offrent une nouvelle aventure passionnante, toujours aussi riche pour découvrir le monde complexe et plein de nuances dans lequel ils évoluent. On passe de choses très terre à terre, comme la propreté des matelots, le difficile entretient d’un vaisseau et son coût, l’astuciosité dont il faut faire preuve en cuisine pour varier les plaisirs avec le peu qu’on a, à des choses plus sérieuses et importantes comme les raisons du comportement de certains dragons. C’est passionnant !

Bien sûr, c’est toujours porté par les dessins sublimes de l’auteur. J’ai été soufflée par la beauté et presque la magie du vaisseau de Monsieur Bruno qui est un cabinet de curiosité géant en l’honneur des dragons. Cela va des échantillons de ceux-ci, à de nombreuses photos d’eux ou encore à de superbes dessins et peintures, le tout dans un cadre presque Art Nouveau. Sublime !

S’il en fallait, ce nouveau tome continue de me confirmer que cette série est faite pour moi. Entre ses beaux dessins, ses réflexions profondes sur nos relations complexes avec les dragons, et ses belles relations humaines, je n’ai plus aucune crainte !

Tome 5

Totalement libérée de mes appréhensions du début, j’apprécie vraiment de plonger et replonger à chaque tome dans les aventures si humaines de nos chasseurs de dragons.

Ce tome se présente comme l’introduction d’un nouvel arc consacré au passé de Mika, le personnage phare un peu de la série depuis le début, celui qui me faisait pas mal tiquer au début, et qui a toujours parfois un je ne sais quoi qui me dérange. Du coup, ça tombe bien !

L’auteur conclut d’abord son aventure précédente avec un repas convivial mélangeant les deux équipes : celle des chasseurs et celle des observateurs, remettant ainsi en perspective leur relation aux dragons. Les premiers ont bien plus de respect qu’on ne le croit pour leur proie. Ils sont tout aussi respectueux que les seconds mais montrent leur admiration autrement. Ça me plaît.

Nous allons retrouver la même finesse dans la seconde histoire où nous découvrons le mentor de Mika. Le temps de quelques jours à terre dans une grande ville où ils viennent chercher leur prime, ils tombent sur Cujo, celui qui a tout appris à Mika. Avec lui, vient le thème des anciens contre les nouveaux, de la traditions contre la modernité, thème éculé s’il en est, mais qui reste tout de même touchant ici, grâce à la figure de Cujo justement. Ce vieux loup de mer est ultra attachant par son côté hors système à l’ancienne, forcément ça donne envie de se mettre de son côté. On découvre avec lui, grâce à une utilisation de flashbacks classiques mais bien vue, le Mika jeunot avant qu’il ne soit celui qu’on connait et il est déjà fascinant.

Par contre, ce tome n’est en quelque sorte qu’une longue mise en bouche avec sa suite de scènes du quotidien. Il faut donc aimer le tranche de vie pour aimer ce genre d’intrigue. Ça tombe bien c’est mon cas et comme maintenant je suis rassurée sur la propension de l’auteur à produire des discours nuancés et intelligent, je suis forcément dans de bonnes dispositions. Drifting Dragons est définitivement un titre par lequel il faut se laisser apprivoiser.

Tome 6

Suite du récit du passé de Mika et de son mentor Cujo, dans une aventure très humaine et donc poignante.

Depuis le début, Drifting Dragons n’en finit pas de me surprendre. Son format tranche de vie où tour à tour il met en scène un des membres de son équipage dans une histoire toujours émouvante, me plait. Cela n’a rien d’extraordinaire mais servi par une juste capture des émotions et de très très beaux dessins, ça fait son petit effet.

Ici, on revient sur Mika, ce personnage un peu insaisissable qu’on aurait vite fait de résumer à un fana de chasse aux dragons et de viande de dragons. Mais en découvrant son passé auprès de celui qui lui a tout appris, on découvre bien sûr un personnage avec bien plus de nuances et c’est ce que j’apprécie dans la série. Ainsi, j’ai beaucoup aimé cette aventure sur fond de transmission entre un élève et son mentor, mais aussi de peur de vieillir et de difficile transition vers autre chose une fois qu’on a pris de l’âge ou que la vie nous y oblige. Pas facile de laisser échapper son rêve et de devoir en trouver un autre.

Plein d’autres sous-thèmes très intéressants se greffent à l’histoire principale comme la question de la parentalité quand on est le seul parent, la conciliation entre sa passion et être parent, la transmission d’une passion, la perte de celle-ci, apprendre à se réinventer, etc. J’ai également adoré tout ce qui a tourné autour du pilotage. Ce sont des moments qui me bluffe à chaque fois quand on voit des pilotes accomplir l’impossible. Cela se couple en plus à merveille ici avec le plaisir de réaliser un défi en survivant aux pires conditions ou en terminant un travail inachevé. J’adore !

Alors oui, la série tient beaucoup du tranche de vie mais de l’excellent tranche de vie avec des personnages forts, charismatiques et un auteur qui maîtrise parfaitement le rythme de son histoire, son ambiance et les thèmes universels qu’il souhaite développer sans jamais la moindre lourdeur. Une pure merveille à chaque fois.

Tome 7

Après des tomes riches en émotions autour du passé de Mika, place à une petite coupure avant une nouvelle histoire face à des rivaux abatteurs et non chasseurs de dragons qui s’annonce intense.

Drifting Dragons est par essence un titre tranche de vie et il ne l’a jamais autant été qu’ici, mais j’ai adoré. Cela permet de découvrir des moments de la vie à bord du dragonnier et des personnages parfois un peu en retrait ou du moins pas encore travaillés par l’autrice. Cela peu sembler anecdotique de premier abord mais ce n’est pas le cas. Cela permet de voir les liens qui unissent les personnages, de voir en quoi consiste leur vie à bord entre deux chasses et ce qui les a amenés là.

Pour ma part, j’ai adoré la science de la mise en scène de l’autrice lors du chapitre centré sur la mécanicienne de la salle des machines. C’est un chapitre qu’on devrait donner à étudier à chaque jeune mangaka pour qu’il apprenne comment utiliser un personnage très secondaire pour balayer l’ensemble de la vie à bord et faire le lien entre un moment anecdotique et ce qui représentera le prochain arc de la série, comme un mouvement de caméra balayant circulairement la scène. Magique !

Mais les autres histoires du tome ne sont pas en reste, comme l’entraînement au tir de Takita qui se fait aider par Soraya, qui permet de découvrir ici le triste passé de ce gosse des rues. C’est un chapitre tendre et plein d’humour sur la camaraderie entre les membres du Quin Zaza. On apprend également qui est à la tête du dragonnier et comment on en est arrivé là. C’est une histoire à nouveau inattendue autour de ce cher Lee, qu’on prenait juste pour le comptable du vaisseau que personne n’avait deviné aussi bon au jeu. Autour de lui, l’autrice dessine une vaste fresque familiale, qui nous amène à découvrir un nouveau comptoir commercial fascinant.

Ainsi entre petites histoires drôles et chaleureuses de la vie à bord et découverte des membres de l’équipage, le titre avance lentement mais sûrement et continue à nous faire découvrir le beau monde dans lequel il évolue. J’adore ce voyage !

Tome 8

Pour les amateurs de lecture ultra narrative, Drifting Dragons peut être un titre un peu ennuyeux, mais pour les amateurs de tranches de vie, d’émotions et de beaux dessins, c’est juste un régal. Ce nouveau tome le démontre une fois de plus.

Les membres du Quin Zaza partent à nouveau en chasse, dans cette nouvelle aventure, mais ils sont cette fois sur les traces d’un dragon légendaire, le Tian Shan, et ils ne sont pas les seuls. En effet, petite nouveauté, nos héros sont cette fois en concurrence avec l’équipage d’un autre vaisseau, mais un vaisseau qui n’a pas du tout la même philosophie de la chasse aux dragons qu’eux puisque ce sont des abatteurs et que pour eux seul compte que le dragon soit mort.

Ce nouveau biais permet à l’auteur d’aborder encore un nouvel aspect de la chasse. Il met face à face d’un côté ceux qui ne tuent que pour être efficace, sans penser à la bête en face et sur ordre des autorités, et de l’autre ceux qui ont noué une sorte de lien un peu plus mystique avec les bêtes et semblent respecter l’animal dont ensuite ils vont consommer la viande et vendre les parties avec une forme de respect. C’est quelque chose de très ancestral, qui me met limite un peu mal à l’aise personnellement car cela semble justifier la chasse sous le prétexte du « nous on respecte l’animal », alors que la finalité est la même. Je suis un peu perplexe à titre personnel.

Cependant, cela donne lieu à une belle course-poursuite dans un lieu insolite, au milieu d’une forêt de montagne, à l’intérieur d’une grotte, puis dans un cimetière de dragon, où les prouesses technique des pilotes vont être mis en lumière, ce qui est assez chouette de ce côté-là. J’ai remarqué qu’au fil des tomes, l’auteur aimait mettre en avant chacun des membres de l’équipage et le talent dont il fait preuve. Ce sont des valeurs que j’apprécie. De plus, on assiste à un joli travail d’équipe entre les membres du Quin Zaza, des duos évidents et complémentaires se dessinent s’appuyant sur ce qu’ils ont vécu auparavant, ce qui est vivifiant.

En face, nous sommes plus pour le moment avec des professionnels qui ne réfléchissent pas beaucoup avant d’effectuer leur boulot. Ils sont plutôt froids, méthodiques et obéissants. C’est un peu caricatural et j’espère que l’auteur va faire évoluer tout ça. Mais pour le moment, ça donne lieu à de belles confrontations d’idées et l’émotion est au rendez-vous forcément.

Graphiquement toujours rien à redire, c’est parfait pour moi. J’adore toujours autant ce sentiment d’être dans une sorte d’ambiance à la steampunk dans des dessins qui une aura à l’ancienne. Les cases où le pilotage devient plus ardu rend hommage à merveille aux prouesses des pilotes. Les dragons me font toujours autant rêver malgré la férocité qu’on ressent chez eux. J’adore l’émotion que nous fait ressentir Taku Kuwabara à chaque page.

Drifting Dragons n’est peut-être pas le titre le plus accessible du catalogue de Pika malgré ses beaux dessins, mais il est l’un de ceux qui me fait le plus vibrer à chaque lecture. L’aventure est simple, elle est humaine et pleine de failles, mais touchante et nous pousse toujours à réfléchir plus sur notre rapport à l’autre et aux animaux. Une belle réussite.

Tome 9

Alors qu’un sentiment de douce routine s’installe à la lecture des aventures des membres du Quin Zaza, l’auteur continue pourtant de renouveler sans cesse son approche pour rendre son histoire de plus en plus subtile et savoureuse.

Dans ce tome, la chasse aux dragons se fait concrètement plutôt discrète. En effet, c’est plutôt les conséquences de celle-ci qui sont mises en avant, après que le Quin Zaza ait été durement endommagé. L’auteur nous propose donc de nous embarquer dans la cruelle réalité qui fait suite : trouver comment réparer. Alors que cela aurait pu ressembler à un drame à la Dickens, nous nous retrouvons plutôt dans une espèce d’histoire à la Jules Verne ultra positive et inventive où chaque membre prouve son amour à ce vaisseau et au mode de vie qu’il leur procure.

J’ai beaucoup aimé ce changement de paradigme avec les héros à terre. C’était distrayant de suivre les chefs du vaisseau chercher des solutions tandis que l’équipage profitait de bons moments, que ce soit au bar ou en rencontrant des compatriotes. Cela a donné une teinte vraiment chaleureuse au récit, sans pour autant oublier la dure réalité. En effet, ce n’est pas facile de trouver des fonds et c’est une vraie entreprise qui est menée pour cela avec son lot de rebondissements.

Le dernier d’entre eux permet de recroiser l’utopiste Bruno que j’avais beaucoup apprécier. Avec lui, nous reparlons passions pour les dragons, mais aussi passion pour le pilotage et les inventions tournant autour des vaisseaux. L’alliance est ici toute trouvée et ce mécénat tombe à pic. Nous enchaînons ainsi nouvelle aventure avec les dragons et découverte d’une ville inédite, une ville – usine.

L’univers de Drifting Dragons est toujours aussi fascinant sous le trait de Taku Kuwabara dès lors qu’il s’agit de découvrir un nouveau lieu. Ce fut donc une nouvelle aventure enrichissante, pleine de chaleur humaine et de jolis moments de vie qui changeaient de d’habitude.

Tome 10

Dire que je ne voulais pas commencer la série à cause de son aura un peu trop carnassière dirons-nous… Quelle erreur j’aurais fait ! A chaque tome, j’en prends plein les mirettes. C’est un excellent tranche de vie gastronomique sur fond de chasse aux dragons mais pas que.

Taku Kuwabara parvient depuis 10 tomes à nous passionner pour la vie de ces chasseurs de dragons à bord de leur vaisseau à travers les différentes rencontres animalières et humaines qu’ils font et ce n’est pas ce tome qui va me contredire.

Il est l’heure de fêter l’inauguration du nouveau vaisseau de Bruno qui les aide avec les réparations du Quin Zaza. Moment drôle et loufoque où nos chasseurs se sont mis sur leur 31 à leur façon et occasion parfaite pour un concours de cuisine de dragon entre un cuisinier gastro et celui du Quin Zaza. Ça dépote et c’est savoureux ! On en sort la bave aux lèvres avec une très belle leçon de vie sur le fait de ne pas juger un livre à sa couverture et de ne pas se montrer pédant et hautain.

Après cette transition amusante, le mangaka nous embarque dans une aventure assez inattendue : la découverte des origines de Vannie. Celle-ci est un peu la madone du vaisseau depuis le début et derrière ses airs revêche, elle cache une femme au grand coeur, mais elle est restée très secrète. Quelle surprise nous avons en découvrant qui elle est vraiment ! Cela jette nous héros à ses trousses puisqu’elle est partie retrouver ses terres d’origines. L’occasion également de découvrir un membre de l’équipage méconnu : Oken, un baroudeur joueur d’une sorte de cithare/guitare.

La série continue donc de mêler aventure et tranche de vie tout en découvrant les différents membres de l’équipage. Les dragons sont également toujours au rendez-vous avec cette fois une espèce qu’on n’avait pas encore croisée qui a un côté bien délétère. La chasse est donc ouverte pour Mika ! Moments grandioses et découverte d’une nouvelle cité nous attend, quelque chose qui réussit plutôt bien à la saga et que les lecteurs, comme moi, adorent !

Avec ses dessins toujours aussi superbes, la série tient encore et toujours ses promesses. Ce tome de transition nous embarque dans une nouvelle histoire centrée cette fois sur Vannie où l’on part une nouvelle fois à l’aventure et à la découverte de l’autre. C’est superbe !

Tome 11

Quel tome fantastique ! Avec sa vibes à la Nausicaä, j’ai vécu un grand moment d’aventure et un grand moment de camaraderie, tout ce que j’aime dans cette série !

En nous dévoilant le passé et les origines de Vanabelle, Taku Kuwabara faisait basculer son récit dans une nouvelle dimension, une dimension plus politique mais toujours terriblement belle et humaine. En partant à la rescousse de ce pays qui n’avait pas voulu d’elle, nous belle entraînait avec elle tout son équipage dans une aventure de vaste ampleur fort dangereuse à la symbolique très forte.

J’avais beaucoup d’attentes suite à cela et elles ont été pleinement satisfaites ce qui est assez rare pour le souligner. En l’espace d’à peine un tome, le mangaka nous offre à la fois une aventure épique où l’on a vachement peur des dragons que l’on en vient à affronter, et une aventure humaine où on retrace ce qu’a vécu Vanabelle pour conduire à la décision qu’elle risque de prendre.

Tout est réussi, de la chasse aux dragons à la reconquête du trône. L’auteur joue sur les ambiances et les tableaux, proposant une chasse en plusieurs temps et plusieurs lieux pour varier les plaisirs et les émotions. Il met superbement bien en valeur Vanabelle et son attachement ambigu à son pays d’origine et sa famille. L’émotion est palpable. Il met également très bien en valeur ses nouveaux compagnons qui ont le même courage qu’elle quand il s’agit de partir combattre les dragons. Ainsi, Giraud, tout comme Mika et elle, auront leurs moments de bravoure.

Mais ce qui m’a fait fondre dans ce tome, c’est l’humanité qui se cache derrière chacune des actions menées, que ce soit des sentiments un peu lâches de personnes venant chercher une disparue pour mener la reconquête à leur place parce qu’ils ont besoin d’un porte-drapeau ; ou que ce soit au contraire des sentiments très nobles et un attachement certain de nos héros envers leurs amis. Les deux m’ont fait vibrer. J’ai adoré la mise en avant de la belle relation Vanabelle-Mika lors d’un moment héroïque de premier ordre, tout comme j’ai adoré quand Giraud se porte au secours de ses camarades sans penser à lui-même, ou que Vanabelle pénètre fleur au fusil dans la capitale pour protéger ses souvenirs d’autrefois. C’est sublime !

Comme je le disais plus haut, il y a vraiment une grosse inspiration de Nausicaä ici que ce soit dans cette lutte des hommes contre les créatures, dans les intrigues politiques ou dans les costumes ou les décors, et ça me met des étoiles plein les yeux. J’ai adoré, même si c’était assez léger, retrouver tout cela le temps d’un tome car Nausicaä est un titre emblématique pour moi sur la non-violence et que j’ai l’espoir qu’on s’en inspire ici.

Avec ce tome et le précédent, l’auteur nous charme en nous faisant découvrir le passé et l’identité de Vanabelle. Il nous offre une belle aventure humaine, pleine de camaraderie mais aussi de chasse et de complications politiques où les souvenirs passés et créés viennent forger le caractère et le destin de ses héros. C’était émouvant et sublime à voir.

Tome 12

Tel un récit d’aventures d’autrefois, Taku Kuwabara continue de nous raconter le destin de chacun des membres de son petit vaisseau chasseur de dragon. Avec émotion, on découvre le grand final de celui de Vanabelle et de son royaume, pour mieux repartir ensuite vers ce qui fait l’essence de la série : le vol à bord du Quin Zaza.

Avec toujours le même charme, je prends un grand plaisir à retrouver les dessins du mangaka pour repartir à l’aventure dans cet univers peuplé de dragons. J’adore son travail sur les ambiances, les décors, les costumes et cette fois comme on n’est pas à bord du vaisseau mais sur la Terre ferme, il s’en donne à coeur joie. Mais ce n’est pas le seul atout de cette série, celle-ci est également pleine d’émotion.

Le récit du passé de Vanabelle et du destin qu’elle fuyait m’avait déjà touchée. J’ai beaucoup aimé la pirouette trouvée ici par l’auteur pour faire entendre ce qu’elle avait vraiment au fond de son coeur. C’est doux, âpre et plein de poésie et de mélancolie à l’a fois. Vanabelle est vraiment un beau personnage, sensible, qui pense trop souvent aux autres avant elle. Ce fut donc un très joli moment quand tous ses camarades se sont réunis pour lui faire entendre raison et qu’elle a eu droit à une visite surprise de son passé. La solution trouvée par l’auteur permet également une jolie interrogation sur la gouvernance des royaumes. C’est classique mais parlant et évocateur et cela correspond si bien à la philosophie de l’oeuvre car on y retrouve le même esprit libertaire qu’à bord du Quin Zaza.

On repart donc ensuite pour de nouvelle aventure et ce n’est pas sans émotion qu’on tourne le dos à ce pan de l’histoire pour retrouver le quotidien qu’on connaît. Hop un petit plat succulent à base d’oeuf de dragon, un joli moment chaleureux autour d’une table et c’est reparti. L’auteur maîtrise à la perfection cette narration fait d’un rien qui veut tout dire. Emotion et tendresse sont partout et nous serrent le coeur.

J’ai trouvé intéressant et amusant de repartir alors du côté du restant de l’équipage, de voir ce qu’il était devenu. L’auteur nous offre un chapitre truculent sur ce qu’ils font en attendant, c’est en général un pan d’ellipse scénaristique qu’on ne voit pas et Taku Kuawabara, lui, s’en sert avec amour pour refaire le lien. C’est très bien trouvé ! Ce fut ainsi amusant de suivre une petite aventure rocambolesque à terre sur un jour où nos héros cherchent à gagner de l’argent autrement qu’en chassant le dragon. C’est un joli révélateur de personnalité et une histoire charmante un brin cocasse. Mais le coeur maintenant, c’est le Quin Zaza et on est ravi de le retrouver alors qu’il est toujours en proie aux réparations et que la mécanicienne en chef peine encore à trouver la solution. Là aussi, avec un chapitre qui ne paie pas de mine et une jolie petite relation d’admiration – amour qui se met en place, on voit celle-ci chercher et trouver enfin la solution qu’on attendait. On est prêt maintenant pour que l’intrigue reparte !

Entre conclusion et pause, ce nouveau tome pourtant ravit le lecteur tant on continue d’y retrouver l’essence même de la série : l’aventure, la quête mais aussi l’émotion et la chaleur humaine de cette famille de coeur qui s’est constituée autour de ce vaisseau extraordinaire. Avec des petits riens, l’auteur en dit long. Avec des dessins sublimes, il nous emporte dans des univers fantastique. Avec émotion, il nous touche en plein coeur.

Tome 13

Les amateurs de chasse aux dragons seront heureux de retrouver ici ce qui fait l’essence même de cette série. Après deux arcs assez chargés, place à de l’aventure avec un grand A !

Drifting dragons c’est avent tout une histoire humaine, l’histoire d’un groupe : l’équipage du Quin Zaza. Après un petit crochet par Vania avec l’histoire de cette dernière, on revient donc aux sources de l’histoire : la vie de l’équipage. Et pour cela, quoi de mieux qu’une petite aventure pour doter le vaisseau d’un autre coeur / réacteur ?

J’ai beaucoup aimé ce retour aux sources de la série avec une inspiration directe des grands récits d’aventure pour adolescents comme Robinson Crusoé et associé, avec une petite touche d’intrigue comme dans les histoires de « concours de courage » que les Japonais aime bien se lancer dans les lieux abandonnés. C’est plein d’entrain, frissonnant à souhait et à nouveau avec une jolie émotion.

Retrouver nos héros dans un cadre aussi paradisiaque que ces eaux turquoises fut surprenant et reposant au début, mais je n’ai pas été surprise que ça ne dure pas et qu’on parte ensuite à l’aventure pour trouver le Quin Zaza premier du nom. Celui-ci a tenu toutes ses promesses avec un Croco très ému en retrouvant son premier vaisseau et les souvenirs qui vont avec. Nous, on s’est régalé à l’explorer et la petite surprise qui nous y attendait était parfaite pour nous remettre le pied à l’étrier.

De la même façon, le retour au bercail avec leur trouvaille et la rencontre avec un Bruno qui a dû se frotter à des adversaires de taille dans sa quête d’une meilleure compréhension des dragons, fut parfait pour relancer l’intrigue. On sait désormais que nos héros ne seront pas les seuls à chasser le dragon et que d’autres, ne partageant pas exactement les mêmes idéaux et valeurs, sont sur leur chemin. L’auteur nous embarque ainsi dans une nouvelle dimension prometteuse : la question de l’ouverture des routes aériennes et des compagnies commerciales. Une belle métaphore de notre monde lorsque les voies maritimes et + se sont ouvertes.

Aventure, émotion et prémices de réflexions furent dans les ingrédients de la réussite de ce tome de transition qui relance avec brio t facilité la série après une pause plus sombre pour développer l’un de ses personnages phare. J’avais aimé cela mais j’adore aussi l’aventure toute simple où on a le pied au plancher et la tête dans les nuages comme ici !

Tome 14

Après bien des tomes de tergiversations et réparations, le Quin Zaza repart à la chasse et quel monstre ils affrontent ! Cela donne un nouveau tome d’anthologie !

Grâce à ses réparations, c’est un nouveau Quin Zaza que nous découvrons et que nos héros doivent aussi apprendre à mater, rien de telle qu’une nouvelle aventure pour cela et donc une nouvelle chasse. Pour cela, Taku Kuwabara nous a concocté un double adversaire de taille, permettant à nouveau de creuser les questions qui émaillent la série depuis ses débuts !

Le monstre face à l’équipage, c’est le Typhon, un dragon majestueux et terrifiant qui depuis des décennies luttent contre tous les vaisseaux dans les ciels orageux. Objet de culte et de frayeur, celui-ci détient des pouvoirs qui vont obliger notre équipage à tout donner ! Face à eux, l’équipage de l’Abatteur et la figure de ce chasseur borgne qu’on a en couverture, qu’on connaît bien et qui a sa revanche à prendre sur Typhon. Tous les coups sont permis pour lui qui a un compte à régler.

De ce mélange va naître un tome puissant et sensible où vont se confronter deux idéaux : celui de l’abattage et de la vengeance sans pitié des uns, et la chasse plus raisonnée des autres qui ne souhaitent pas un monde sans dragon mais juste une coexistence plus sûre les deux espèces, ce qui les oblige à tuer ceux qui sont des dangers pour l’homme comme Typhon. C’est sur cette ligne de crête qu’avance délicatement l’auteur avec un certain brio, je trouve.

J’ai donc trouvé ce tome sensible et douloureux à la fois, avec une représentation juste des violences de la chasse et des dommages que peut occasionner ce travail, un membre du Quin Zaza en fera les frais, tout comme le soldat de l’Abatteur. Mais en même temps, il y a eu une belle fascination pour ces métiers tellement dangereux, avec l’habileté du pilotage et des manoeuvres du nouveau Quin Zaza, mais également l’orchestration adroite des différents mouvements lorsque la chasse est lancée. Chapeau à tous ces professionnels ! Le dragon, lui-même, fascine malgré sa violence. Sa rage est à la fois irraisonnée et justifiée, on peut le comprendre et ses manifestations avec la foudre sont spectaculaires. C’est en plus une créature qui fait preuve d’intelligence, ce qui en dit long sur son espèce et accentue notre fascination pour lui. J’ai donc fini des étoiles plein les yeux et le coeur battant à tourner vite vite les pages !

Spectaculaire, voici le mot qui me vient à la fin de cet épisode de chasse sous tension que l’on vient de vivre. Emouvant aussi, j’ai envie de dire, car il ne faut pas enlever la dimension humaine de ce moment, les drames passés et présent vécus face au Typhon et les blessures reçues. Fascinant également dans sa démonstration de pilotage, de combat face à une créature intelligente qu’on ne peut qu’admirer malgré sa rage meurtrière. Un grand tome donc dans cette histoire de chasse et de survie, mais aussi de dialogue et d’échange.

Tome 15

C’est incroyable comme en racontant presque des banalités cette série parvient à me passionner et me toucher comme peu réussissent à le faire avec un tel matériaux de base. Cette fantasy positive fait terriblement bien écho à la SF positive de Becky Chambers (pour les romans) ou Hitoshi Ashinano (pour les mangas).

Ce tome est pourtant assez classique en soi, on clôt la dernière chasse aux dragons avec des scènes quasi tranche de vie pour l’équipage où il s’agit de panser ses plaies, de dépecer et manger le dragon capturé, mais derrière cela cache toujours beaucoup d’émotion. Il y a la douleur sourde de voir ce cher Gibbs, toujours là pour aider les autres, gravement blessé. Il y a les retrouvailles âpres et poignantes de Giraud et son père. Il y a l’opposition tendue entre les deux équipages de dragonniers aux valeurs tellement différentes. Tout cela crée une lecture émouvante mais également pleine de tensions à résoudre. Un fort beau moment.

J’aime toujours autant la simplicité, la force tranquille avec laquelle Kuwabara met en scène tout cela lors de moments qui semblent anecdotiques mais qui en disent long. Ainsi la discussion entre Takita et la membre de l’autre vaisseau est éclairante, tout comme l’échange musclé de Giraud avec son père ou la bagarre générale qui suit. Tous sont à fleur de peau mais ce n’est pas pour rien et on le comprend fort bien, ensuite, grâce aux flashbacks fournis. Un procédé qui me faisait un peu peur à ce stade avant de le découvrir et d’y plonger avec bonheur. Celui sur Giraud, bien que court, est éclairant quant à son arrivée sur le Quin Zaza et ses raisons d’en vouloir à son père, personnage fort rocambolesque, qui est du genre à pousser son fils non nageur dans la piscine pour qu’il apprenne. Mais c’est celui que Gibbs qui sort du lot et sur lequel je vais revenir.

Je trouve assez fantastique, la facilité de l’auteur de développer ainsi au fil des tomes et des événements la psychologie et le background des membres de l’équipage à des moments qu’on n’attend pas et dans des directions qu’on n’attend pas non plus. Ici, certes Gibbs a subi une lourde perte, mais je ne pensais pas que ce serait l’occasion de revenir sur un lointain événement fondateur pour lui : la rencontre d’une troupe de jeunes déserteurs dans la forêt qu’il a désespérément tenté d’aider sans réussir. Alors qu’on ne les connaissait pas, qu’on les rencontre très brièvement, c’est pourtant un moment déchirant grâce à la science de l’émotion de l’auteur. Chapeau ! Il éclaire ainsi ce rôle de grand frère qu’il a endossé à bord du Quin Zaza et sa relation si particulière avec Takita. C’est magnifique !

Simplicité et émotion sont les mots d’ordre de ce nouveau tome où l’on retrouve une nouvelle fois l’équipage de notre dragonnier chéri après une lutte après qui aura laissé des traces. Entre discussions houleuses sur la philosophie de la chasse, retrouvailles familiales agitées et retour en arrière émouvant pour comprendre l’importance et le rôle de l’un des piliers du vaisseau, ce fut une lecture riche et touchante, qui a su à nouveau me surprendre. Je ne m’en lasse pas !

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18 commentaires sur “Drifting Dragons de Taku Kuwabara

  1. Contente de voir que le titre évolue positivement au niveau du rapport à la chasse parce que dans le premier tome, les humains semblent bien plus dangereux que les dragons (il me semble qu’à un moment, il est même dit que ces derniers n’attaquent pas souvent). Du coup, passer d’une chasse sanglante et prédatrice défendue par Mika à une chasse nécessaire semble rendre le titre moins malsain et bien plus attrayant, d’autant que les illustrations sont vraiment sublimes.

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  2. Je suis toujours hésitant pour débuter ce manga, j’avais lu la préview gratuite qui m’avais un peu rebuté niveau histoire (mais aussi pour son dessin, les persos m’ont parues trop lisses). Mais à force d’entendre de lire des avis comme le tiens, ma curiosité me titille^^
    Belle avis en tout cas!

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    1. Merci, ravie de t’intriguer alors, je trouve que la série mérite vraiment qu’on lui laisse sa chance pour peu qu’on aime ce genre d’ambiance un peu tranche de vie et que la chasse ne nous rebute pas au plus haut point, car cela a beau s’améliorer, c’est quand même au coeur de l’intrigue ^^!

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      1. Mais de rien! La chasse c’est un sujet complexe, je me demande comment il est traité, en tout cas j’ai feuilleté le tome 5 en librairie aujourd’hui et certaines pages sont très belles^^

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      2. Je viens de terminer la lecture du tome 4, dont j’ai ajouté la critique, l’auteur ajoute encore de nouvelles nuances très intéressantes à son propos. C’est vraiment un titre qui va bien plus loin que juste des gens se faisant plaisir en chassant comme on aurait pu le croire au début. Je te le recommande chaleureusement.
        Et oui, les dessins sont sublimes !

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  3. (Déconseillé de lire avant de lire le tome 8)
    Tome 8 : Ce n’est pas seulement les animaux qu’ils ne respectent les autres m’as tu vu, mais même une autre équipe, même le principe même de la chasse. Du coup ils se targuent d’efficacité, mais n’hésitent pas à mettre en danger d’autres êtres humains pour gagner. Tss tss.

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