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Nausicaä de la vallée du vent d’Hayao Miyazaki

Titre : Nausicaä de la vallée du vent

Auteur : Hayao Miyazaki

Éditeur vf : Glénat

Année de parution vf : 2000

Nombre de tomes : 7 (série terminée)

Histoire : Depuis la Guerre des 7 jours de Feu, il y a mille ans, la Terre est recouverte d’une immense forêt toxique habitée par des animaux et des insectes géants qui obligent les hommes à vivre reclus. Ce monde mystérieux est un frein à l’expansion des royaumes qui souhaitent élargir leur territoire et se livrent à des guerres féroces. La princesse Nausicaä, fille du roi Jill, vit dans la pacifique « vallée du vent » et a le pouvoir de communiquer avec tous les êtres vivants. Intriguée depuis toujours par cette forêt dont elle est la première à comprendre les vertus bénéfiques pour l’écosystème, Nausicaä décide de s’engager pour sauver le monde, incarnant ainsi le messie annoncé de longue date par les oracles.

Mon avis :

Tome 1

Attention chef d’oeuvre ! Je connais le film de Miyazaki depuis des années et je l’adore, mais je n’avais jamais osé franchir le cap et lire le manga. J’avoue que les dessins un peu vieillots et leur teinte sepia me refroidissait. Mais en écoutant un podcast dessus sur France Culture (lien), j’ai découvert que le manga était bien plus riche que le film et j’ai donc décidé de sauter le pas, surtout que je viens de faire de même avec Akira le mois passé et que j’ai adoré (mes chroniques).

Qu’est-ce que Nausicaä ? Avant d’être le film d’animation qu’on connait des studios Ghibli, c’était un manga en 7 tomes, paru dès 1982 dans le magazine Animage au Japon. On y suit les aventures la princesse Nausicaä, fille du roi Jill, qui vit dans la pacifique « vallée du vent » et a le pouvoir de communiquer avec tous les êtres vivants. Depuis la Guerre des 7 jours de Feu, il y a mille ans, la Terre est recouverte d’une immense forêt toxique habitée par des animaux et des insectes géants qui obligent les hommes à vivre reclus. Ce monde mystérieux est un frein à l’expansion des royaumes qui souhaitent élargir leur territoire et se livrent à des guerres féroces. Intriguée depuis toujours par cette forêt dont elle est la première à comprendre les vertus bénéfiques pour l’écosystème, Nausicaä décide de s’engager pour sauver le monde, incarnant ainsi le messie annoncé de longue date par les oracles.

Nausicaä est donc une vaste fresque fantastique, presque post-apocalyptique, dans laquelle une jeune fille pacifique va devoir se battre pour faire comprendre leurs erreurs aux grands de son monde. Pour cela, Miyazaki a inventé un univers foisonnant, tout à fait crédible, où l’on sent clairement sa passion pour la nature et l’écologie. Il montre une terre qui a été dévastée par l’industrie, où une forêt qui semble toxique est en fait là pour les aider à purger ce mal, mais où des hommes qui n’ont toujours pas compris leurs erreurs passées veulent recommencer. C’est tout simplement fascinant. Il a inventé tout un univers peuplé de créatures fantastiques qui émerveillent et font frissonner à la fois. Les décors sont également entêtants et plein de mystères. Il y en a toute une variété d’ailleurs et ce dès ce premier tome : forêt, vallée, grotte souterraine, paysages désertiques, paysages aériens, etc. C’est passionnant.

Le mangaka a également conçu toute une mythologie autour de son histoire, inventant une vraie Histoire à son monde, fait d’anciens pays ou anciennes civilisations avec leurs artéfacts encore présents à l’époque de l’héroïne. Certains sont étudiés et recherchés car source de mystère. D’autres ont été transformés pour être encore utilisé de nos jours. Ils sont également à l’origine de bien des conflits entre les différentes puissances, ce que l’ont découvre à peine ici. On sent que c’est vraiment un univers très riche et complexe où il y aura énormément de choses à découvrir.

Dans ce premier tome, nous faisons la rencontre de l’héroïne, qui est celle qui pourra faire le lien entre ces deux univers qui s’affrontent. Elle est différente des autres, elle a des pouvoirs et une sensibilité hors du commun. Avec elle, nous découvrons également émerveillé cet univers et les créatures qui l’habitent ainsi que les différents royaumes qui se le partagent. L’histoire est légèrement différente du film d’animation et ce très rapidement. Le premier tome correspond grosso-modo à la première heure du film, que j’ai revu pour l’occasion. On sent que dans le manga, elle va prendre une toute autre ampleur et va être bien plus riche du point de vue de la mythologie. Il y a pour le moment pas mal d’éléments à assimiler, c’est donc une lecture dense mais quel bonheur de s’y immerger.

L’élément qui m’avait freiné depuis longtemps, les dessins, ne sont en fait pas du tout un frein au plaisir qu’on prend à découvrir cette histoire. Certes, ils sont datés et le fait qu’ils ne soient pas en noir et blanc mais en marron peut perturber. Cependant, ils portent en eux une vraie poésie. Miyazaki découpe également très bien ses planches et sait jouer avec les points de vue pour rendre sa lecture plus vive ou au contraire plus calme et contemplative quand c’est nécessaire.

La nouvelle édition de Glénat, sortie en 2009 et 2011, est vraiment plaisante. La reliure est surprenante puisqu’elle contient à l’intérieur des textes imprimés directement dessus (j’ai cru au début que les pages s’y étaient collées, mais non). La lecture est vraiment confortable grâce au grand format qui permet de voir tous les détails des dessins et ceux-ci en ont besoin tant les planches en foisonnent parfois. La traduction est agréable, fluide avec des notes discrètes quand cela est nécessaire. C’est vraiment une excellente surprise malgré le prix un peu élevé (10.95€ pour 130 pages…), cependant pour ce prix nous avons également au début un poster recto verso.

En conclusion : Ce premier tome fut une excellente découverte. J’ai adoré être plongée de plein pied dans cet univers dépaysant, riche et complexe. Les aspirations écologique et pacifique de l’auteur m’ont touchée. J’aime beaucoup son héroïne et j’ai été surprise d’autant aimer les dessins. C’est un grand coup de coeur ❤️

Tome 2

Miyazaki enfonce le clou avec ce deuxième tome de Nausicaä de la vallée du vent. On y découvre un monde de plus en plus complexe où le désir de paix de l’héroïne est bien malmené par les envies belliqueuses des différentes forces que l’on rencontre.

En effet, la force du mangaka est de peu à peu nous entraîner dans un univers peuplés de nombreux royaumes qui cherchent tous à agrandir leur territoire aux détriments du voisin, mais aussi à prendre le contrôle des forces qui les entourent. On découvre ainsi les Dorks, les maîtres-vers, mais aussi le frère cadet du roi qui tous ont des ambitions expansionnistes. Ils cherchent également à s’approprier les mystérieux pouvoirs des ômus et de la Mer de la décomposition, mettant tout le monde en danger. Mais pour nous lecteurs, c’est un vrai régal à lire. Il y a énormément d’action et pas mal de révélations dans ce tome, aussi bien sur le passé de ce monde que sur sa composition actuelle. L’auteur place ces pions pour nous acheminer lentement vers une guerre inéluctable dont comme Nausicaä nous ne voulons pas.

Ainsi avec cette suite, Miyazaki continue à montrer tout son talent de narrateur. En reprenant exactement les bases qu’il avait posées (personnages, créatures, peuples, thèmes), il creuse de plus en plus son histoire, donnant vraiment corps à celle-ci en la dotant d’une mythologie de plus en plus sérieuse et d’antagonistes de plus en plus concrets. C’est fascinant et passionnant à suivre.

Tome 3

Je ne sais pas si c’est à cause du contexte dans lequel je l’ai lu mais j’ai trouvé ce tome plus faible que les précédents. La narration se densifie et en même temps l’histoire se concentre sur une direction bien précise qui n’est pas forcément ma préférée : la guerre contre les Dorks et les manigances de la famille de Kushina pour se débarrasser d’elle. Ça reste raconté de manière fort intelligente, avec énormément de détails qui rendent l’histoire vraiment immersive, mais j’ai également eu un sentiment assez brouillon, fouilli qui m’a accompagnée tout au long du tome et qui m’a gênée.

Heureusement, on continue à voir Nausicaä dans son rôle clé de trait d’union entre les hommes et la nature, voire d’interprète de cette dernière et ça c’est fascinant. Encore plus que dans le film, on sent toute la complexité de celle-ci qui n’est ni bonne ni mauvaise, malgré le rôle qu’on veut lui faire jouer. Commence également à se dessiner, ce qui sera sûrement un pôle important par la suite, ces sortes de machines golems qui peuvent prendre vie et faire la guerre avec un grand pouvoir dévastateur. Miyazaki nous embarque vraiment de plus en plus au coeur de celle-ci, quand tout est crade, sale, désespéré et qu’on ne sait plus trop où aller. C’est fort, ça prend à la gorge et c’est triste également à voir.

Tome 4

Mon dieu, mon dieu, quel tome ! Alors qu’à cause de mes lectures espacées, je pensais avoir du mal à replonger dans l’histoire, celle-ci m’a totalement happée ! Il se passe quelque chose d’assez fou dans ce tome avec une brusque montée en puissance de la nature contre les humains qui fait froid dans le dos.

Ici, Miyazaki fait la part belle à la nature sous toutes ses formes. Insectes et autres créatures se lancent dans la Grande marrée, migrants et éclosant tous d’un coup, ce qui forcément effraie les hommes, qui ont des réactions très diverses. J’ai beaucoup aimé la façon dont cette peur brusque et omniprésente se manifeste. On ressent très bien l’angoisse qui prend soudainement les gens à la gorge et les oblige à changer de plan. Surtout qu’au même moment, l’ensemble des puissances est en plein conflit meurtrier.

L’arbitraire de la situation est balayée par une force plus grande, celle d’une nature en colère (?), d’une nature qui elle aussi à peur face à ce qui se passe (?). Il reste quand même énormément de question face à ce qui se passe sous nos yeux. Et si on peut saluer l’intelligence de l’auteur pour faire se rejoindre des fils assez inattendu, l’ensemble reste quand même assez flou et nécessitera probablement une relecture pour mieux saisir et retenir la chaine des événements.

Dans ce tome, j’ai également beaucoup aimé l’humanité dont le mangaka fait preuve envers ses personnages, montrant aussi bien leurs qualités que leurs failles. J’ai été ravie de la brève mise en avant de Kushana, qui révèle en tragique passé et un attachant très beau à sa mère. J’ai également aimé le sacrifice et l’habileté de son coéquipier. On voit moins Nausicaa dans la première partie pour laisser la place aux seconds couteaux et c’est appréciable. Ça permet de revoir Yupa et ses compagnons de voyage ainsi que les amis de Nausicaa de la Vallée du vent. Cependant quand cette dernière réapparait, on ne peut nier que l’histoire prend une toute autre dimension, Nausicaa dégageant un charisme tel qu’elle brille de mille feux au milieu de se désastre annoncé. Une fois de plus, elle fait preuve d’un héroïsme et d’un sang-froid incroyable, se mettant à portée de tous et essayant de comprendre chacun. Même si ça lui donne un côté un peu trop lisse, j’aime beaucoup ce personnage.

Après un tome 3 un peu plus faible, la saga reprend du poil de la bête de la plus belle des façons dans ce nouvel opus passionnant, qui marque un tournant dans l’histoire et nous conduit brusquement dans la seconde partie de la série.

Tome 5

Encore un tome époustouflant ! Décidément quel artiste ce Miyazaki. Il est aussi doué en manga qu’au cinéma. Je suis ébahi par le monde et l’aventure qu’il nous offre. C’est sombre, c’est désespéré et en même temps terriblement humain.

Dans ce nouveau tome, encore une fois, toutes les forces convergent vers un même lieu, un même destin. La nature dit stop aux violences dont les hommes l’accablent et Nausicaä commence à percer leur secret et à comprendre que le fungus n’est pas contre les omus et les autres insectes mais que tous ensemble cherchent à assainir la terre et la purifier de l’homme. C’est un très beau sentiment mais c’est terrible dans la forme que cela prend, car Miyazaki ne nous épargne rien de l’horreur des populations prises au piège. Elles ont droit à la guerre et ces atrocités d’un côté, et à la mort due aux miasmes et insectes de l’autre. Quel terrible destinée !

Et c’est au milieu de tout ça que nos personnages naviguent à vue. Nausacaä mène sa quête solitairement, plus proche de que jamais de la nature et s’éloignant des hommes. Ses amis qu’elle a croisé au fil de ses aventures se rejoignent et tentent de s’en sortir mais tombent entre les mains de l’Empereur sorti de sa stase. Ce dernier est une figure complètement folle, encore plus que son jeune frère. Il est l’emblème des erreurs des hommes, en utilisant de façon aussi extrême les sciences et ressources à sa disposition. Les créatures qui le suivent sont effrayantes de même que celle encore endormie. Il fait peur. Du coup, le fait que Miyazaki lui oppose Kushana tempère un peu cela, car cette femme est décidément aussi dure que le roc. C’est pour moi le personnage emblématique de la saga avec l’héroïne.

Ce tome est donc encore une fois un petit bijou à lire même si c’est également une lecture dense et pesante. En tout cas, l’auteur continue à me tenir en haleine mais je sens que je vais souffrir aussi.

Tome 6

Avant-dernier tome de cette saga culte. Miyazaki commence donc à rassembler les fils de son histoire, ce qui donne une lecture assez dense avec de multiples intrigues.

J’aime toujours autant le message délivré sur la nature et le rapport que les hommes entretiennent avec elle. C’est magique de voir ce que cette vague d’ômus a fait au final, et le but de la Mer de la décomposition. La tonalité doucement tragique donnée par l’auteur est magique à voir avec l’emblématique Nausicaä en fer de lance. Quand on assiste à son destin, on ne peut être que soufflé. Cela donne également un côté très mystique à l’oeuvre qui prend de plus en plus de place, ce n’est pas pour rien qu’on nous parle de prophétie depuis le premier tome et le voyage mystique qu’entreprend l’héroïne ne fait que renforcer cela. Ici, tous les éléments se mettent en place : le retour de Nausicaä, les liens qu’elle veut tisser entre les peuples, la façon dont elle intervient dans la bataille. On est en pleine épopée.

En même temps, il y a plein d’autres petits détails plus discrets mais tout aussi séduisants, comme le thème de la renaissance qui est très présent ici entre la petite fille qui prend la relève de Nausicaä dans la Vallée du vent, ou encore la naissance de l’enfant de Kui. L’auteur veut nous montrer que malgré les atrocités des hommes l’espoir perdure. De la même façon, la rédemption est aussi au coeur de ce tome et de cette saga, notamment avec le frère de l’Empereur qui trouve enfin la paix. Miyazaki est vraiment un conteur né pour mettre en scène tout cela d’une façon aussi harmonieuse et pleine de sentiments.

Pour conclure, ce nouveau tome n’est peut-être pas mon préféré de la saga, ce n’est pas celui qui m’a le plus emportée, parce qu’il est plus raisonné que les autres, après tout, normal à 1 tome de la fin. Mais le mangaka montre encore avec quel talent il met en scène une histoire aussi complexe et pleine de valeurs importantes.

Tome 7

Contrairement à ce qu’annonce la couverture de cet ultime opus, pour moi, la guerre est derrière nous. Les deux pays qui s’affrontaient doivent maintenant laisser place à quelque chose de bien plus vaste avec le retour sur Terre de ce Dieu Guerrier autrefois craint et vaincu.

Dans ce dernier tome, Miyazaki peut enfin montrer toute l’ampleur du monde et de la mythologie qu’il a imaginé. Nous savions que nous étions dans un monde autrefois très urbanisé, qui a sombré à cause de cela, nous en avons maintenant la preuve indiscutable avec cette résurgence du passé. Pour autant, Miyazaki n’est pas un va-t-en guerre, il nous présente donc un Dieu Guerrier nouveau né qui va s’attacher à Nausicaä comme à une mère et qui va donc s’emparer petit à petit de ses idées pour laisser la violence avec laquelle il a été conçue de côté. C’est beau et tragique à voir.

On voit les conséquences de la folie des hommes du passé, mais également des hommes présents qui ont voulu jouer les apprentis sorciers et ça fait peur ! Ce pauvre Dieu Guerrier m’a vraiment fait mal au coeur. En le voyant s’éveiller à la conscience au fil des pages, on le voit également s’étioler pour disparaitre. C’est un crève coeur. Et au milieu de tout ça, Nausicaä, figure messianique, survole pour apporter partout sa bonne parole afin que la paix l’emporte pour qu’enfin les hommes vivent en symbiose avec cette nature qu’ils ont tant malmenée. La compréhension qu’on en vient à avoir de celle-ci nous apprend également quelque chose de terrible sur les dernières expériences de l’homme, qui a été bien trop loin, peut-être jusqu’à un point de non-retour ? L’auteur nous laisse libre de l’interpréter ici.

Mais ce dernier tome aura vraiment eu un souffle épique magique empli non de la violence de la guerre mais du tragique espoir d’une paix réparatrice. Kushana, Yupa, Chikuku et bien d’autres personnages croisés par Nausicaä, tels des apôtres, sont donc également les chantres de celle-ci et font fortes impressions, surtout les 2 premiers. Le mangaka ne nous épargne pas non plus les lecteurs avec des sacrifices qui font très mal. C’est vraiment une histoire très biblique que nous avons là et qui s’achève pour mettre fin à cette ère de violence. Les ultimes pages sont heureusement pleine d’un doux espoir et nous réchauffent après cette longue ère crépusculaire et tragique.

Nausicaä aura montré que c’était une grande oeuvre humaniste et écologiste. Miyazaki a parfaitement mis en scène ce bref moment de la vie de ces peuples, alors que c’était un peu la chronique d’une mort annoncée. Il a maitrisé son récit de main de maitre de bout en bout. C’est pour moi, un complément indispensable au film qui ne pousse pas la réflexion jusqu’au bout comme ici faute d’espace. Il faut lire les manga pour mieux saisir toute la complexité de l’histoire qu’il a voulu raconter !

Ma note : 17 / 20

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12 commentaires sur “Nausicaä de la vallée du vent d’Hayao Miyazaki

      1. Le plus dur c’est de le trouver en bon état, et de faire attention qu’ensuite ceux qui l’empruntent ne l’abiment pas… si on arrive à avoir l’intégrale, on va être en stress à la bibliothèque 😁

        Aimé par 1 personne

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