Livres - Classique

Amok ou le fou de Malaisie de Stefan Zweig

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Titre : Amok ou le fou de Malaisie

Auteur : Stefan Zweig

Editeur vf : Le Livre de Poche

Année de parution : 1922

Nombre de pages : 128

Histoire : Stefan Zweig nous plonge dans l’enfer de la passion,  » l’enfer au fond duquel se tord, brûlé, mais éclairé par les flammes de l’abîme, l’être essentiel, la vie cachée « , écrivait Romain Rolland dans sa préface enthousiaste à la première édition française.
Un jeune médecin raconte comment, dans la jungle malaise, sa vie a basculé en quelques instants, comment une jeune femme jusque-là inconnue a déchaîné en lui l’amour et la folie.

Mon avis :

Je poursuis ma découverte de l’oeuvre de Stefan Zweig et en particulier de ses nouvelles, format que j’affectionne tout particulièrement chez lui, puisqu’il en est devenu maître. Après Le Joueur d’échecs, Les deux soeurs, La confusion des sentiments, Lettre d’une inconnue et Brûlant Secret la semaine dernière, place cette fois à l’une de ses plus célèbres nouvelles : Amok ou le fou de Malaisie.

Comme souvent, après avoir été publiée seule dans un grand quotidien viennois le 4 juin 1922, celle nouvelle fut reprise la même année en tête d’un recueil auquel elle donna son nom avec pour sous titre « Nouvelles d’une passion ». Le recueil comprenait quatre autres nouvelles : La Femme et le Paysage, La Nuit fantastique, Lettre d’une inconnue et La Ruelle au clair de lune. L’auteur ayant recherché dans cette démarche à faire comme Balzac, dont il s’inspirait, en créant des cycles, sortes de variations autour d’un même thème : ici la passion.
En France, la nouvelle traduite en 1927, fut intégrée un recueil où seule la Lettre d’une inconnue a été conservée avec Amok.
La nouvelle a été adaptée à plusieurs reprises au cinéma : en 1927 par Koté Mardjanichvili, en 1934 par Fedor Ozep, en 1944 par Antonio Momplet, en 1982 par Ben Barka et en 1992 par Joël Farges.

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Comme dans toutes ses nouvelles, j’ai été soufflée par la qualité d’écriture de l’auteur viennois. Sa plume est vive, acérée et tellement poétique et évocatrice. Ici, il nous plonge rapidement dans les affres de la passion qui peuvent conduire un homme à la folie en un rien de temps. Pour cela, il s’inspire de voyages qu’il avait lui-même fait en Asie et en particulier en Malaisie. Cependant, cette passion et surtout cette folie sortent tellement de nulle part que pour une fois, le texte ne m’a pas du tout parlé…

Au-delà de la plume de l’auteur qui m’a encore ravie dans la façon dont elle exprime les sentiments brouillons de ce héros, je n’ai pas été sensible au destin de cet homme. Je n’ai pas compris son brusque basculement dans une sorte de tourbillon de folie suite à la rencontre de cette femme blanche éduquée, la première qu’il faisait depuis longtemps. Ce sont un homme arrogant et une femme hautaine qui n’ont que peu de consistance autrement. Je sais que c’est le sujet de la nouvelle, mais j’ai trouvé totalement incohérent de le voir tout lâcher pour la suivre et tenter de l’aider / la soigner à l’encontre même de ce qu’elle souhaitait elle-même. L’auteur décrit bien ses sentiments mais ceux-ci n’ont aucune logique pour moi et j’y suis restée totalement hermétique, surtout que pour moi cette femme est tellement peu incarnée qu’elle revêt quasiment du fantasme.

En revanche, j’ai trouvé fort que l’auteur se serve de cette nouvelle pour également aborder un sujet dramatique pour les femmes de cette époque-là : l’avortement et les tragédies que cela occasionnait. Il le fait crument et sans chichi, osant dénoncer ce qui pousse les femmes à s’y résoudre et l’horreur des méthodes de l’époque. C’est épouvantable et saisissant.

Le récit, lui, qui se fait sous forme de souvenirs racontés à un inconnu sur un bateau, n’a pas été sans me rappeler Le joueur d’échec qu’il écrira plus tard. Il semble fourbir ses armes ici avant son grand oeuvre.

Ainsi malgré des qualités d’écriture évidentes, où l’auteur capture bien la folie et la soudaineté de la passion qui s’empare de son héros et le pousse à commettre bien des folies, son récit ne m’a pas parlé du tout. Je n’ai ressenti que de l’agacement envers ce héros égocentrique. En revanche, j’ai beaucoup aimé que cette nouvelle soit prétexte à parler d’une des tragédies intimes de l’époque : les avortements clandestins. Zweig est et restera un auteur à lire pour moi.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Horizon des mots, Clem’s Library, Livresque 78, Vous ?

Lecture Moyenne

8 commentaires sur “Amok ou le fou de Malaisie de Stefan Zweig

  1. Dommage pour cette nouvelle. La première fois que je l’ai lue, je n’ai pas tellement accroché. Mais à ma seconde lecture, j’ai été bien plus convaincue. Peut-être que justement, cette femme est plus un fantasme pour cet homme qui veut la sauver et « l’obtenir » qu’une femme à part entière ?

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