Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Kageki Shojo !! de Kumiko Saiki

 

Titre : Kageki Shojo !!

Auteur : Kumiko Saiki

Éditeur vf : Noeve Grafx

Année de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes : tome 0 + 2 (en cours)

Histoire : L’académie Kôka Kageki, dédiée à la comédie musicale, est sélective, prestigieuse et exigeante. Elle n’admet que des jeunes femmes qu’elle forme à jouer des rôles féminins ou masculins.
Ai Narada, ancienne idol désabusée, intègre cette prestigieuse école et y fait la connaissance de Sarasa Watanabe, adolescente enjouée et surmotivée, qui rêve d’incarner un jour la fameuse Lady Oscar…

Mon avis :

Tome 0

Enfant, j’étais fan de titres comme Laura ou la passion du théâtre (Glass no Kamen), Lady Oscar ou encore les Attaquantes, que des titres qui ont inspiré ce charmant shojo dont Noeve nous propose aujourd’hui la préquelle avant de nous offrir la série l’année prochaine. Avant d’apprendre la licence, je m’étais fait offrir la version anglaise il y a un an, il était donc temps de le sortir pour voir si j’allais investir dans l’édition française.

Kageki Shojo !! est une licence bien connue au Japon mais aussi Outre-Atlantique. Ce shojo de 12 tomes + 1 préquelle a en fait fait l’objet d’une adaptation en anime qui a eu un certain succès. Pour sa version papier, il a eu des débuts mouvementés car après la publication d’une quinzaine de chapitre que nous allons découvrir ici, l’autrice a dû changer de magazine pour reprendre la publication de la suite. D’où ce « préquel » fort copieux proposé ici.

Je n’ai pas vu l’anime, mais j’ai trouvé les premiers chapitres du manga plein d’allant. Kumiko Saiki, la mangaka, propose une oeuvre qui fleure bon la nostalgie pour le lecteur de plus de 30 ans. En effet, Kageki Shojo !! relate comment une ancienne idol, qui a peur des hommes, va entrer dans une école de comédie musicale pour filles. Narata y rencontrera Sarasa, une autodidacte, au charme magnétique, bref une futur star. Mais la relation entre les deux filles que tout oppose, l’une étant inexpressive et l’autre totalement excentrique, ne sera pas de tout repos. Les influences du titre sont donc claires. On retrouve du Glass no Kamen et du Creamy dans le côté idol / théâtre de la série. On retrouve quelque chose faisant penser aux Attaquantes dans les relations de sororité de ces futures stars. Et l’une d’elle, cerise sur le gâteau, est fan de Lady Oscar !

La narration ultra pêchue et dynamique de la mangaka entraîne rapidement le lecteur dans cet univers méconnu d’une école de futures jeunes artistes féminines. Les premiers chapitres sont l’occasion de découvrir le fonctionnement, les fondements et les objectifs de cette école. C’est un univers qui me plaît. J’aime l’idée de voir des jeunes filles s’entraîner pour atteindre leur rêve et suivre des cours aussi variés que du chant, du théâtre, de la danse. On se croirait dans un Un, dos, tres exclusivement féminin lol C’est drôle, fun, léger et un peu loufoque, notamment grâce à Sarasa, qui est vraiment haute en couleur et surtout pleine d’enthousiasme. A ses côtés, on entre en sautant de plein pied dans cette école où les relations entre nouvelles et aînées sont fondamentales pour avancer et se soutenir.

Mais sous cette légèreté se cachent des thèmes plus complexes que nous allons peu à peu découvrir au fil de la seconde partie, quand l’autrice creusera ses personnages principaux mais aussi ceux qui gravitent autour d’elles. Ainsi la peur maladie de Narata envers les hommes est fondée. Elle a vécu un traumatisme qui l’explique, tout comme il explique sa grande froideur envers les autres. Avec elle, nous découvrons aussi brièvement en quoi consiste la carrière d’idol et ce qu’on attend d’elles. Tandis qu’avec Sarasa, c’est une autre branche du monde du spectacle dont on entend parler : ce théâtre japonais ancien entièrement masculin, qui repousse donc les tentatives des femmes pour s’y intégrer. Elle a donc dû trouver un palliatif. Quant à leur camarade Yamada, c’est la pression du physique de rêve qu’on attend de la part des artistes, qu’elle illustre.

Cependant, l’autrice fait en sorte, à chaque fois, d’offrir une chance d’évoluer à ses héroïnes. Ainsi Narata et Sarasa, après bien des difficultés et tension, vont peu à peu s’épanouir dans cet environnement et se rapprocher, ce qui aidera la première avec ses phobies. Quant à Yamada, grâce à l’aide d’un professeur, elle apprendra à s’aimer en se découvrant d’autres qualités. Ainsi sous ce discours critique, il y aussi des rayons de lumières et cela fonctionne très bien. 

La seule faiblesse du titre, c’est qu’à vouloir jouer sur autant de tableaux et à proposer un duo d’héroïnes aussi caricatural dans son opposition, il passe pour quelque chose d’assez lisse, consensuel et prévisible. C’est un produit parfaitement calibré pour plaire, à qui il manque les aspérités nécessaires à une grande oeuvre. Ici, on est juste sur du divertissement pour adolescents, un divertissement certes bien fait, mais qui manque d’une réelle profondeur ou d’un ton propre.

Les dessins sont un peu dans cette lignée. Ils sont plaisant mais vus et revus dans leur genre. Ils me rappellent notamment ceux d’Akane Ogura, qui commence par hasard a été publiée chez le même éditeur. Ce sont des dessins parfaitement calibrés pour être adaptés en animé grâce à leur simplicité. Ils sont aussi très dynamique et respirent la douceur. L’autrice est aussi douée pour représenter des personnages irradiant de bonheur que d’autres monolithiques et très mal dans leur peau. Mais ils ont un côté cartoon qui empêche de vraiment les prendre au sérieux.

Kageki Shojo !! fut donc une lecture sympathique sur un thème pas encore trop vu en France mais qui pourtant rappelle des lectures et visionnages passés. Même si cela manque de personnalité, tout est très bien fait et même la dispersion de l’autrice ne nuit pas au fil de l’intrigue. On se plaît à suivre et à avoir envie de soutenir ces futures jeunes stars. On aime les voir s’entraîner, on aime les voir se soutenir et grandir, et on aimera les voir briller sur les planches.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Anneso, Vous ?

Tome 1

Il y a un an, je découvrais ce shojo bruyant et enthousiasmant peuplé d’héroïnes souhaitant devenir des actrice de Terazuka, ces comédies musicales japonaises où les femmes jouent tous les rôles. J’avais trouvé l’ensemble fort sympathique mais manquant un peu de personnalité.

Après un énorme tome 0 préquelle à l’histoire, celle-ci démarre dans ce tome 1 au format plus classique où l’on retrouve désormais nos héroïnes dans leur quotidien de lycéenne de l’école Kôka et je préfère largement. Entre passion pour les anciens acteurs, pour les rôles phares de leur art, discussion sur les profs et les cours, mais aussi bien sûr les garçons et développement de leurs amitiés, c’est mignon tout plein et extrêmement chaleureux.

On s’amuse de voir nos héroïnes aux caractères si différents former un groupe tellement harmonieux au final, soudé par leur passion commune. Que ce soit dans leur quotidien d’adolescentes ou dans celui de futures stars, je trouve celles-ci rayonnantes. Alors non, il n’y a pas de grands thèmes sociaux ici, on partage juste les joies et les peines de celles-ci mais c’est lumineux. La bonne humeur les entoure et les fait rayonner. On s’amuse de leurs chamailleries et de leurs maladresses de filles de leur âge et on prend plaisir à suivre leur énergie débordante.

J’ai cependant apprécié de voir aussi en filigrane les adultes se greffer à leur histoire, que ce soit leurs professeurs ou leurs proches. Avec eux, nous avons ainsi des références quant à cet art auquel elles souhaitent apporter leur pierre. On en apprend plus sur ses fondamentaux, ses origines, ses manifestations, ses pièces et grands rôles. C’est un volet culturel qui me plaît et que je mets en parallèle du Rakugo dont l’héroïne parle et auquel elle aurait aimé participer mais comme c’est réservé aux hommes…

La série est d’ailleurs bourrée de références de pop culture. Elle s’amuse bien sûr avec Lady Oscar que Sarasa aimerait bien incarner, mais elle évoque aussi à tour de bras Laura ou la passion du théâtreun autre dessin animé culte de mon enfance. Alors je ne peux que sourire devant les jeux de mots toujours savoureux autour de ces séries et je parie qu’il y en a d’autres que je loupe.

Kageki Shojo reste donc avant tout une oeuvre de divertissement légère qui nous fait prendre plaisir à suivre ces jeunes héroïnes fan de grand spectacle comme nous. Ne cherchez pas trop de profondeur ou de thèmes de société, ce n’est pas le sujet, et laissez-vous juste porter par leur enthousiasme, leur générosité et leur jeunesse. C’est une vraie bouffée d’air frais !

Tome 2

La série gagne en intensité et signe ici son meilleur tome à ce jour grâce à un émouvant retour sur le passé de Sarasa.

J’avoue que même si je trouve la série sympathique, je la trouvais aussi assez légère et anecdotique depuis le début. Il aura fallu ce tome pour que j’accroche vraiment et j’ai peur que l’ascenseur émotionnel redescende dès le prochain. Car en effet, ça ne tient pas à grand-chose. Si j’ai adoré ce tome, c’est parce qu’il revient sur la genèse de la passion de Sarasa pour le théâtre avec le kabuki, un art réservé aux hommes malheureusement comme le rakugo, le Japon étant friand d’arts bien misogynes et n’ayant pas évolué dans ses traditions… Or, comme c’est quand même bien spécifique, je ne suis pas sûre de retrouver cela dans les prochains tomes…

Cependant, je n’ai pas boudé mon plaisir à retourner dans la ville natale de Sarasa aux côtés d’Ai pour les vacances. On y croise son ami d’enfance Akiya et avec lui on découvre son passé. Replonger dans son enfance, la voir évoluer toute petite, entendre parler de ses origines compliquées, et voir la jalousie et l’envie qu’elle suscitait chez Akiya fut parfaitement mené par l’autrice. Celle-ci nous fait sentir x1000 la passion et l’énergie de cette petite fille mais aussi ses facilités bien visibles par ceux qui sont témoins de ses prestations. On comprend alors la jalousie et parfois le ressentiment du jeune Akiya qui, lui, subit cette orientation vers le théâtre dans un premier temps.

Avec subtilité mais force l’autrice traite des questions d’héritage, du poids de la transmission, ainsi que de la famille au sens plus large et des pressions que les parents issus de ce milieu ressentent eux-mêmes et transmettent à leurs enfants. Il serait peut-être temps que le Japon se modernise un peu, car on a quand même bien l’impression qu’ils vivent dans un temps qui devrait être révolu. C’est bien beau les traditions, quand il s’agit de transmettre un art, un spectacle vivant, des textes, des histoires, mais là quand ça touche à ce point les individus et leur famille, ce n’est plus possible.

En tout cas, cette parenthèse dans le passé de Sarasa nous a permis de voir les origines de sa passion, et non ce n’est pas la revue Kôka qui l’intéressait mais bien le kabuki. C’était mignon et passionnant de la voir danser et jouer toute petite sur ces vastes scènes et la voir si naturellement douée. On a aussi croisé de grandes figures que j’espère bien revoir à l’avenir comme le père et le grand-père biologique de celle-ci, ainsi que son ami d’enfance. On a bien plongé aussi au coeur de son histoire familiale et ce fut touchant de voir son attachement à ses grands-parents qui l’ont élevée. Il y a eu énormément de choses dans ce tome la concernant.

Maintenant, nous allons repartir vers l’école et retrouver ses camarades, est-ce que cela tiendra le choc de la comparaison avec ce moment de grâce ? J’ai un peu peur. Car clairement, l’émotion ressentie ici tient vraiment à la situation particulière de l’héroïne et au focus sur elle. La solution serait-elle de se concentrer ensuite tour à tour sur d’autres histoires individuelles ? Ou juste de trouver un meilleur équilibre entre la légèreté voulue dans la série, son humour, et l’émotion qu’on a besoin de ressentir ?

Très beau volume de flashback sur une héroïne qui vaut le coup d’être connu, Kumiko Saiki nous offre ainsi un portrait juste et âpre des milieux du spectacle vivant japonais avec ses étoiles et ses zones d’ombre. J’ai aimé ce discours critique et l’émotion ressentie aussi face au destin achoppé de Sarasa. J’espère juste que ce n’était pas un oneshot et que ça se reproduira.

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21 commentaires sur “Kageki Shojo !! de Kumiko Saiki

    1. Avec grand plaisir ! J’avoue que le concept me séduisait mais la mise en oeuvre l’a moins fait. Vu les références, je m’attendais à autre chose, mais je pense que le titre a tout pour séduire un certain type de lecteurs qui aiment les titres légers et un peu parodiques avec quand même un peu de fond ^^
      A voir sur la suite ce que ça donnera 😉

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  1. Bonjour j’ai lu votre article (qui est très bon d’ailleurs) et j’avoue que le manga m’intéresse mais j’ai une petite question. Voilà je me suis mis au manga et aux animés depuis un plus d’un an à peine (mieux vaut tard que jamais comme on dit, ça a été un gros coup de coeur d’ailleurs ^^), je voulais donc savoir si il n’était pas trop référencé et si ça gênait ou pas pour la lecture.

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    1. Ce n’est pas facile de répondre pour moi qui baigne dedans depuis toujours, mais je pense qu’on peut quand même bien s’amuser avec cette lecture même si on n’en saisi pas tous les clins d’œil car l’histoire est quand même portée surtout par l’envie de l’héroïne de devenir actrice 😉
      Bonne future découverte !

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      1. D’accord tant mieux j’avais peur d’être trop perdu, même si je connais quelques références citées dans l’article comme « La rose de Versailles » (mais que de nom c’est tout).
        Merci pour la réponse et de m’avoir aiguillé ! ^^

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  2. Je viendrais te demander remboursement dans ce cas là 😉
    Plus sérieusement je verrai bien si j’aime ou pas, tu m’as déjà bien aidé ça viendra surtout de mon ressenti personnel.
    En vrai j’hesite encore un peu parce que j’attends aussi de voir les retours à propos du premier tome de la série « principale » qui vient de sortir récemment.

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