Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

New Love, New Life ! de Yoko Nemu

Titre : New Love, New Life !

Auteur : Yoko Nemu

Traduction : Misato Raillard

Éditeur vf : Kana (Life – Big)

Année de parution vf : 2022

Nombre de tomes : 3 (série terminée) – A suivre dans First Job, New Life !

Histoire : Pour son premier job, Momoko est embauchée comme graphiste dans une agence de design spécialisée dans le pachinko. Le travail et les heures supplémentaires ne lui font pas peur jusqu’au jour où sa relation avec son petit ami se termine sans même une dispute. Momoko va devoir trouver la volonté de continuer bien qu’il soit difficile d’accorder vie professionnelle et vie personnelle…

Mon avis :

Tome 1

Il y a un peu plus d’un an, Kana lançait sa collection Life avec entre autre First Job New Life, série déjà écrite par Nemu Yoko. Mais celle-ci n’était en fait que le spin-off de New love New life dont je vais maintenant vous parler.

L’autrice, qui a de la bouteille, avoue elle-même qu’après 21 ans de publication de oneshot, c’est sa première sortie en volume relié. C’est dire si le monde de l’édition japonaise est rude et si la persévérance de ses auteurs est grande. C’est avec le même esprit que ses personnages s’engagent dans l’histoire qu’elle va nous décrire.

Sur le même modèle que First Job New Life, que nous avons déjà découvert, nous allons suivre pendant 3 tomes cette fois, une jeune graphiste et illustratrice qui sort de la fac et a son premier boulot un peu sérieux dans une agence de pub spécialisée dans l’univers du Pachinko, ce jeu de hasard japonais qui se joue avec des billes. L’autrice utilise clairement les mêmes ressorts d’une série à l’autre avec peut-être un sentiment de maladresse plus exacerbé ici si on compare avec la fluidité de son spin-off. 

Elle décrit à nouveau le monde impitoyable du travail au Japon où on ne compte pas ses heures, où on se met soi-même la pression pour finir son travail et bien le faire, où on s’investit à fond mais aussi où on peut nouer de belles relations, même si ce dernier point n’est qu’à peine esquissé pour le moment… En effet, comme elle qui a travaillé dur pour arriver là où elle est et qui n’a rien cédé, elle nous présente une héroïne archi bosseuse qui va tout donner et céder, même sa relation amoureuse, pour ce premier boulot auquel elle s’attache malgré elle.

Cependant, malgré une description un peu simpliste et réductrice du monde du travail par cette jeune active, on sent également poindre quelques critiques très actuelles. L’autrice aborde subrepticement le droit à la déconnexion, le besoin d’avoir une vie en dehors du travail et le droit d’avoir un environnement un tant soit peu agréable pour travailler. C’est mince mais bien présent. Ainsi, je me suis vite attachée et amusée des aventures au boulot de notre jeune héroïne. Je l’ai trouvé fraîche, franche et attachanteSon quotidien m’a parlé car il m’a semblé parfaitement réaliste malheureusement avec parfois ces boulots énergivores où on veut en faire trop au détriment de sa propre vie. Bien sûr, on est dans une exagération typiquement japonaise mais certains thèmes sont parfaitement universel.

Le ton voulu par l’autrice, lui, permet au titre d’être vraiment accrocheur. En effet, dès les premières pages, elle présente un lieu de travail totalement caricatural avec un patron acariâtre, un collègue qui se balade en caleçon voire moins et un autre qui se lave les cheveux sur place. Ça se chambre et se taquine souvent mais c’est aussi plein de chaleur humaine car ça se soutient quand il y en a besoin. L’héroïne fait en plus une jolie rencontre sur le toit de l’immeuble avec un employé d’une autre agence travaillant aussi à l’étage avec qui elle va nouer une relation où chacun se serre les coude. C’est donc assez bon enfant et agréable à lire comme titre.

Après, si vous avez déjà lu l’autre oeuvre de l’autrice publiée par Kana, vous trouverez peut-être celle-ci moins aboutie. Cela se sent dans une narration plus maladroite, un dessin moins fin, des situations moins profondes. On comprend pourquoi l’éditeur a fait le choix de commencer par son spin-off. Mais comme je soutiens totalement l’intention de publier de vrais josei chez nous avec des héros et des problématiques adultes et actuelles, je continuerai l’aventure et je vous y encourage aussi. 

En plus, cette fois, l’éditeur nous a entendus en respectant les superbes couvertures pop et onirique de l’autrice, ce qui est bien plus beau que les précédentes. Le dessin de l’autrice toujours inspiré de mangaka comme Yumi Unita (Drôle de père), Chica Umino (Honey to clover, March comes in like a lionet Yuki Kodama (Kids on the slope) me plaît énormément par son expressivité tout en sobriété. 

Le bonheur de voir Kana poursuivre sa collection Life avec une certaine forme de politique d’auteur. J’aime avoir les deux titres que Nemu Yoko se déroulant dans cet univers d’une agence de pub pour pachinko et j’espère qu’on aura ensuite le troisième et dernier sur Mano (Gozen 3-ji no Fukyouwaon), une autre employée, car ce sont des titres actuels pour mettre en lumière le monde du travail à la japonaise avec ses belles valeurs mais aussi ses travers. Une critique intéressante d’un modèle qui doit interpeler et des questions universelles sur ce qu’on attend du travail et de sa vie perso à côté.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : L’Apprenti Otaku, Vous ?

Tome 2

Décidément que c’est agréable de suivre des héros qui sont dans la vie active comme nous, ça change tout et on a droit à des interactions tellement différentes de tous ces shojos lycéens qui pullulent chez nous, pas qu’il n’y en ait pas de bons, mais parfois je me sens tellement déconnectée et lassées des mêmes scènes. Ici au moins, l’âge et le métier des personnages leur donne une toute autre saveur.

On se retrouve pourtant, comme dans beaucoup d’histoires romantiques, avec une héroïne en plein questionnements face au temps qu’elle passe dans les couloirs de son lieu de travail avec son nouvel ami et plus si affinité. C’est mignon tout plein d’avoir ce mélange de phase adulte, avec une Momo bossant dans son agence de pub, et de phase plus adolescente, avec cette Momo en plein émoi. J’adore le mélange des deux que je trouve très rafraîchissant. On a le sérieux avec son boulot et les interactions avec ses collègues et la légèreté avec ces rencontres qui lui mettent des papillons dans le ventre.

Cependant, à vie d’adulte thème sérieux, nous allons donc découvrir que Tagaya n’est pas celui qu’il semble être et qu’il cache un certain secret lourd de conséquence. Spoiler : je pense qu’on aura été beaucoup à le découvrir avant l’heure tant c’était prévisible, mais je trouve intéressant qu’on l’aborde, ça permet de parler de cette société japonaise (et pas que) où les adultes ont des liens de plus en plus distendus et pourtant vivent comme si de rien n’était pour ne pas se prendre la tête avec. C’est triste et moderne à la fois. Ici, cependant cela aura des conséquences sur notre candide Momo.

Mais dans ce tome, c’est plutôt le côté joyeux d’un nouvel amoureux qui rend plus légère qu’on voit. On trouvera adorable cette Momo qui attend chacun de leur rendez-vous impromptu, qui préparera un sac avec des sous-vêtements affriolants au cas où et qui retombera un peu en adolescence à ses côtés. Ça met vraiment du baume au coeur. Et même lui, malgré son secret, je l’ai trouvé adorable et je suis sûre qu’au final c’est un chic type juste malheureux de la situation. J’ai donc hâte de voir le dénouement de tout ça, en espérant qu’il soit aussi juste que jusqu’à présent et un peu plus lumineux quand même.

En nous embarquant dans les coulisses d’une entreprise de création de publicités pour pachinko,  Nemu Yoko m’enchante vraiment. J’aime voir les interactions adultes mais quand même un brin enfantine entre ces collègues, tout comme j’aime voir la naissance de leurs amours sur leur lieu de travail et leurs implications. C’est rafraîchissant et mignon tout plein sans être racoleur comme ont pu l’être les titres de Maji Enjoji, par exemple, qui proposait aussi des personnages adultes. Ici, nous sommes avec un titre bien plus sensible et profond dans ce qu’il propose mais non dénué d’un tendre humour. C’est cette approche que je préfère.

Tome 3 – Fin

Plonger dans le monde l’entreprise à la japonaise aux côtés de jeunes adultes est vraiment quelque chose que j’aime énormément, surtout quand cela est fait avec une patte « josei » comme avec Nemu Yoko. Ce dernier tome des aventures de Momo m’a donc ravie même s’il fut un peu brouillon et précipité dans sa composition.

Depuis le début, j’aime l’ambiance et la narration un peu foutraque de l’autrice, qui correspond si bien à l’univers rocambolesque et fou fou, version bordélique, de cette petite entreprise de fabrication de pub pour pachinko. C’est drôle, rafraîchissant et ça décoiffe.

Cependant, le récit est aussi un peu brouillon et inabouti. J’ai l’impression depuis le début que l’autrice juxtapose plusieurs petites histoires de la vie au boulot et de la vie sentimentale de ses héros sans toujours faire du lien. Elle les accole point. Cela s’est fortement senti dans ce dernier tome où tout va un peu vite.

Momo sort d’une déception après avec découvert que Tagawa était marié. Elle s’est bien adaptée au boulot mais elle ne veut pas non plus sombrer. C’est dur de trouver un équilibre entre les deux avec un boulot aussi demandeur en temps. Nous, lecteur, on assiste en parallèle à ce double crash. L’histoire d’amour prend beaucoup de place. Elle est aussi rocambolesque que son travail et ceux qu’elle y côtoient. Tout est exagéré sous le trait de l’autrice. C’est fun mais parfois un peu trop.

De plus, le tempo est assez rapide. Tout est extrême. Donc on passe d’une grosse déception, un gros malaise à une grosse confrontation en mode mélodramatique. Les effets sont plutôt positifs et j’ai aimé l’histoire derrière avec cet homme que sa femme avait quitté et qui avait du mal à divorcer alors qu’il voulait refaire sa vie. C’est une histoire sensible qu’on voit peu dans les mangas où en général tout est beaucoup plus tranché. Malheureusement, c’est un peu noyé sous les effets de manche de l’autrice.

C’est d’ailleurs le plus grand reproche que je ferai à l’histoire. A force d’être brouillonne, elle se perd un peu dans ce qu’elle veut raconter : ce premier amour, cette nouvelle vie. La romance qui avait bien débuté fini un peu en eau de boudin faute de place pour vraiment être développée, alors que c’est intéressant d’avoir un type divorcé puis une relation à longue distance. Le travail au sein de cette agence manque aussi de développement, on comprend mal l’attachement de Momo quand on voit le boulot que c’est, les horaires et les hurluberlus. Quelque chose de colle pour la lectrice française (peut-être) que je suis. J’aurais aimé plus de pages concrètement pour la voir évoluer. Heureusement, tous ces défauts ont été effacée dans la série spin-off qui propose quelque chose de plus équilibré, avec un tome de plus aussi.

J’ai cependant beaucoup aimé ma découverte de la plume et l’univers de Nemu Yoko qui m’a rappelé ces josei qu’on nous proposait il y a une quinzaine d’année quand George Asakura, Mari Okazaki, Erika Sakurazawa ou Yamaji Ebine étaient encore publiées. C’était certes encore un peu brouillon mais il y avait une belle fougue, une belle énergie et une belle intention dans cette volonté de nous décrire la première expérience professionnelle adulte de l’héroïne et l’amour qu’elle va trouver au travail. Un portrait foutraque mais sincère de la vie dans les bureaux au Japon avec ses défauts et ses qualités. Si vous avez aimé, n’hésitez pas à aller jeter un oeil à sa suite encore plus qualitative : First Job, New Life !, vous devriez vous régaler !

(Merci à Kana et Sanctuary pour ces lectures)

 

 

7 commentaires sur “New Love, New Life ! de Yoko Nemu

  1. Les fameuses rencontres sur le toit 🙂 J’ai l’impression que ça revient très souvent dans les mangas et dramas.
    Le côté caricatural du lieu de travail me plaît bien et j’apprécie, en général, les œuvres abordant la thématique du travail au Japon.

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    1. Oui, c’est assez courant, on est d’accord et du coup, comme je ne l’ai jamais vécu, ça m’a toujours fait envie ^^
      Si tu cherches des titres sur le monde du travail au Japon ceux de l’autrice et surtout Compléments affectifs de Mari Okazaki sont top pour ça !

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  2. Je viens enfin voir ton article grâce à ma notification !
    Les congés quand on a un enfznt, c’est encore plus la folie que le travail, on a fait un planning d’activités pour la semaine, du coup j’avais laissé mon téléphone, chose rare !

    Je te rejoins sur le plaisir se voir cette collection Life s’étoffer, pour le moment il n’y a que a Entre les lignes que je nai pas accroché.

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    1. Vives les notif alors 😉
      Oh mais j’imagine très bien, la folie des vacances avec enfants xD Courage !
      Pauvre Entre les lignes, moi c’est un de mes préférés, je trouve le portrait de cette tante handicapée des relations sociales, fabuleux ><

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  3. Ce titre me plaisait déjà quand tu nous le présentais dans tes bilans et wish list, de par sa couverture pop justement comme tu le soulignes. Et finalement je me dis que cette collection complète doit être très sympa. La dimension humaine a l’air très présente, avec des soucis réalistes et aussi de la bonne humeur. Merci pour cette chronique, je ne le lirais pas maintenant, mais je retiens l’idée ! 😃

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