Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Clevatess de Yuji Iwahara

Titre : Clevatess

Auteur : Yuji Iwahara

Traduction : Jean-Benoît Silvestre

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2022

Nombre de tomes vf : 6 (en cours)

Histoire : Exterminer l’humanité… ou pas ? Pour le roi des démons, la décision repose sur l’avenir d’un enfant !
Le puissant démon Clevatess est dérangé dans son antre par une troupe de héros venue l’éliminer. Voilà un millénaire qu’il n’avait pas fait face à des humains. Ceux-ci s’élancent vaillamment… et sont décimés ! Malgré tout, leurs épées, forgées dans un métal rare, ont égratigné ses cornes… La créature s’interroge. Comment ces insectes insignifiants ont-ils pu développer de telles armes ? Pourquoi veulent-ils sa mort ?
Clevatess part poser la question au monarque commanditaire de l’attaque, détruisant sa capitale par vengeance au passage. Mais cette expédition ne lui apporte aucune réponse, et il envisage l’extermination totale de cette race… C’est alors que dans les ruines du palais, un survivant blessé lui tend un bébé en le suppliant de le sauver. D’abord réfractaire, le démon y voit finalement une opportunité : élever un humain lui permettra de comprendre ses adversaires et, surtout, de déterminer s’ils méritent d’être graciés !

Mon avis :

Tome 1

Quand on me propose une nouvelle série dans un univers de Dark Fantasy, vu mon amour du genre, je ne peux qu’avoir envie de m’y plonger. Quand en plus l’auteur a déjà une certaine réputation de noirceur comme Yuji Iwahara, auteur du Roi des ronces, je me dis que ça ne peut que rendre la chose immersive et spéciale. Ce fut effectivement le cas.

Le mangaka est donc connu sur le sol français, il est arrivé au milieu des années 2000 chez Soleil avec son titre emblématique Le roi des ronces, qui dû rencontrer un certain succès puisque furent ensuite publiés chez différents éditeurs dans la décennie qui suivie : Nekoten chez Asuka, Le monde de Misaki et L’oeil du loup chez Delcourt, Dimension W et Darker than black chez Ki-Oon. Sa production oscille entre histoires mignonnes au premier regard mais riche en regard critique sur notre société et histoires volontairement sombres avec ce même regard. Qu’il soit dans un univers réaliste ou fantastique, l’auteur a donc sa patte, une patte engagée et souvent meurtrie qu’il nous fait partager à travers un dessin très marqué.

C’est ce dessin que j’ai remarqué en premier dans sa nouvelle oeuvre, Clevatess, dont je vais vous parler présentement. En effet, après une couverture et des premières pages en couleur à la colorisation très marquée Yuki Iwahara avec ses grands aplats et ses ombres restreintes, on entre ensuite dans ce que je préfère de lui ses pages en noir et blanc très noires. J’adore son style très sobre, où les ombres grises et autres trames sont très peu présentes. J’adore son style où le noir est très sombre et très présent. Cela donne une touche très américaine, très comics, à ses planches malgré la rondeur de son trait typique des mangas. Il attache également une grande importance aux décors et autres arrières-plans quand ils sont présents qui permettent avec l’ambiance générale une vraie immersion dans ce monde classique de dark fantasy médiévale qu’il propose.

Comme beaucoup de ses contemporains japonais, quand Yuji Iwahara veut se servir de la fantasy comme décor à son histoire, il utilise un monde très classique et bien sûr moyenâgeux, alors que depuis la littérature romanesque nous a montré qu’on pouvait faire de la fantasy à n’importe quelle époque. Passons. Étant moi-même dans un mood fantasy médiévale, entre mes lectures de Seven Deadly Sins et Frieren, cela m’a parfaitement convenu. J’ai d’ailleurs eu un peu l’impression d’être à la croisée des deux, niveau conception de l’histoire.

Le mangaka nous plonge dans une histoire où le narrateur est le roi des démons, une créature proche du lion de foudre qu’on retrouve dans certaines histoires au folklore asiatique. Ce dernier se réveille et souhaite exterminer les humains, sauf qu’il tombe sur un survivant qui le met au défi d’élever un bébé humain pour voir si ce dernier ne peut pas le convaincre qu’on n’est pas tous mauvais.

Alors que le premier chapitre est brutal et nous plonge dans la dévastation avec l’affrontement totalement déséquilibré entre nous et Clevatess, la suite elle n’est pas du même tonneau et se propose donc de faire un peu un pas de côté pour analyser le rapport de ce démon à l’humanité et de l’humanité aux démons. J’ai beaucoup la simplicité avec laquelle ce sombre univers complexe nous était présenté. L’auteur a d’abord imaginé un premier chapitre piquant pour nous accrocher puis a changé de tempo, non sans garder un discours critique tout en nous présentant le petit monde des humains, les différents royaumes et peuples, pendant que Clevatess est confronté à la vie humaine.

Tandis qu’on aurait pu s’attendre à une histoire d’affrontement entre démons et humains, c’est quelque chose de tout autre qui nous est raconté. Sur le mode de ses histoires comme L’enfant et le maudit, Somali, The ancient magus bride, nous sommes plutôt sur la rencontre entre un être fantastique et un enfant humain qui risque de changer complètement sa vision du monde. Ainsi Clevatess va-t-il être confronté, avec humour, aux besoins primaires de l’enfant : le laver, le nourrir, le garder en bonne santé et va-t-il se rendre compte qu’il ne peut faire ça seul et pire qu’il ne peut pas demander à n’importe qui. Il va aussi être confronté, astucieusement, à la noirceur de l’âme humaine, qui parfois n’a rien à envier aux démons, quand il va tomber sur une bande de brigands.

L’auteur manie donc astucieusement certains clichés de la fantasy médiévale avec un héros démon dévastateur, une héroïne virginale, des bandits esclavagistes maltraitant femmes et enfants. Il y ajoute une petite touche d’exotisme rappelant au choix Berserk ou FullMetal Alchemist avec ce chef faisant des expériences pour créer une créature bestiale et démoniaque à son service, qu’il doit ensuite nourrir. Mais au milieu de toute cette noirceur, reste un espoir, les changements qu’on voit doucement s’opérer chez Clevatess au contact de son bébé humain, pour l’instant assez froid et calculateur, on a espoir que des émotions vont naître en lui et le changer. Une dynamique classique mais bien écrite.

Clevatess n’est donc pas le titre qui va révolutionner le genre, cependant l’auteur y met assez de lui pour le rendre singulier. Dans un décor de dark fantasy médiévale assez classique, il nous propose de suivre une de ces histoires où une créature surnaturelle impitoyable risque de s’adoucir au contact d’un jeune humain. Avec son dessin si typique, le mangaka nous ensorcelle vite pour plonger dans cette histoire sombre où la lutte entre humains et démons est permanente et où l’humanité même n’a parfois rien de très bienveillant. L’histoire d’une rencontre ou plutôt de rencontres, qui démarre lentement mais avec une belle profondeur et de belles promesses en prévision. J’ai hâte de poursuivre le voyage.

> N’hésitez pas à lire également les avis de : L’Apprenti Otaku, Les voyages de Ly, Vous ?

Tome 2

Avec sa couverture toujours du plus bel effet entre noirceur et rouge sang, Clevatess donne le ton d’un tome plein d’action où Alicia reçoit une belle mise en avant tandis que l’intrigue se complexifie à l’aide de nombreuses ramifications bienvenues.

Bien que j’aie beaucoup aimé le premier tome, je dois reconnaître avec le recul, qu’il était assez simple et linéaire au final. Yuji Iwahara répare cela avec un deuxième tome extrêmement dense qui nous emmène des tréfonds de la mine, dans les profondeurs d’un lac insondable, sur les routes, puis face à de nouveaux ennemis dévastateurs. C’est passionnant à suivre.

J’aime beaucoup la façon dont l’auteur continue de développer son récit autour de l’observation de l’humanité par le démon Clevatess d’un côté et autour de ce que celle-ci peut faire de plus sombre en se battant l’une contre l’autre sans cesse. Alicia est au coeur de cela. Héroïne sur le papier, elle est surtout pétrie d’un désir de vengeance qu’elle transcende grâce à sa passion pour les épées et l’aide de la veuve et de l’orphelin. Mais l’auteur revient aux bases avec elle ici, rappelant qu’elle est ce qu’elle est grâce à son père lui-même chevalier qui a été occis de la pire des façons.

L’univers de Clevatess est donc sombre et le demeure malgré les quelques lueurs d’espoir glissées de-ci de-là avec le petit bébé d’un côté et le sauvetage de sa nourrice de l’autre. Cependant, on est très vite rattrapé par ce qui représente un conflit d’ampleur entre les humains et la façon dont ceux-ci ont détourné la magie, qu’ils appellent « arts obscurs » afin d’avoir une arme supplémentaire sur les champs de bataille et de juste conquérir et conquérir encore. C’est assez manichéen en soit mais la façon dont cette violence et cette noirceur sont amenées dans l’histoire et gravées dans les pages avec le style trop pop de l’auteur rendent cela passionnant !

Même s’il y a moins de compositions marquantes que dans le premier tome, je me régale du trait très noir de l’auteur, qui puise une belle inspiration dans le bestiaire fantastique à coup de créature marine effrayante, de troll impressionnant et de familier au maître mystérieux. C’est super bien dosé et très bien posé pour relancer à chaque fois le récit dans une nouvelle direction, le tout avec un trait affirmé et marqué.

Le virage que continue à prendre la série, en refocalisant le récit sur les humains et les conflits qui les opposent, permet de vraiment donner une autre ampleur à celle-ci. J’apprécie ce que l’auteur fait pour composer une histoire autour de Clevatess et des humains qui l’accompagnent. Hiden n’est pas juste un bébé mais un héritier avec un gros potentiel de magie. Alicia n’est pas juste une héroïne mais une fille en quête de vengeance. C’est sombre, très sombre, et on en vient presque à se demande si ce n’est pas la créature obscure qui va apporter de la lumière. Surprenant !

Tome 3

Amateur de Dark Fantasy, d’héroïsme et de luttes de pouvoirs, ce tome est fait pour vous. Bien que faisant un certain détour, Yuji Iwahara continue à bâtir ici un univers sombre solide et immersif quoique classique où son dessin fascine par sa noirceur.

Le gros point fort de cette saga par rapport aux autres qui commencent à être assez nombreux sur le marché, c’est la patte graphique de l’auteur. Avec ces aplats de noirs terriblement sombre et ce dessin taillé à la serpe qui donne un petit côté encore plus « brut » à l’histoire, il a su créer une ambiance saisissante.

Pourtant l’histoire, elle, n’est rien que de très classique. Elle emprunte nombre de tropes du genre mais les met en scène avec facilité et fluidité pour rendre l’histoire prenante à lui et l’auteur en plus commence à penser à développer ses personnages dans ce tome où l’aventure fait un certain détour pour mieux travailler la notion de héros. J’aime ainsi quand le classique permet d’avoir de belles histoires profondes et prenantes à lire.

Ce sont nous deux héroïnes qui sont aux premières loges ici. Alicia et la nourrice de Luna sont parties se réfugier en ville le temps que Clevatess règle un peu ses comptes avec Dorel, mais elles ne s’attendaient pas à se faire attaquer à leur tour. Entre bataille de l’armée principale de Boelate sous les ordres de Dorel et attaques en douce des sorciers de cette armée contre nos deux jeunes femmes, on ne s’ennuie pas. Avec elle, c’est la notion de héros qui est questionnée avec une jolie finesse et un certain réalisme. Qu’est-ce qui définit un héros ? Peut-on tout accepter de lui ? Qu’est-ce que le peuple lui doit ou non ? Des questions intéressantes aux réponses nuancées ici dont Alicia s’en sort à merveille, renforçant encore son statut d’héroïne s’il y en avait besoin.

Pour l’amateur de fantasy plus explosive, le tome est aussi fort plaisant pour la quantité et la qualité des combats qu’il affiche. J’ai autant aimé suivre les échauffourées magiques d’Alicia contre les sorciers de Boelate que les attaques plus sanglantes et militaires de Dorel et son armée. L’ensemble est mis en scène avec la belle noirceur qu’on connaît à l’auteur et une variété certaine des attaques. Les phobiques d’insectes trembleront à plusieurs reprises pour Alicia et consorts, tandis que ceux que le sang fait tourner de l’oeil ne seront pas épargné par Dorel. Que ce soit à l’aide de magie ou par le tranchant de l’épée, ça coupe et attaque sec, ce que j’ai beaucoup apprécié ici.

Quant à l’intrigue globale, elle avance tranquillement, elle. Clenn/Clevatess comprend que quelque chose de louche se trame avec Dorel et que ce n’est pas juste un général à la tête d’une puissante armée. Cependant le devenir de tout ça, ce bébé héritier d’un royaume qu’il protège, son propre rôle dans le conflit et peut-être celui d’autres créatures magiques de haut rang, tout cela reste flou et en construction. J’imagine mal la série se finir prochainement vu tous les fils à peine lancés…

Belle série de Dark Fantasy à l’ambiance sombre grâce au trait et au discours sans concession de l’auteur, Clevatess peut même s’offrir le luxe d’un tome qui s’éloigne un peu de l’intrigue principale pour développer la figure héroïque de la jeune Alicia, comparse du terrible Clevatess, elle n’en reste pas moins passionnante à suivre. Combats, magie, complots, réflexions sur la figure du héros, c’est une lecture à nouveau riche qui se fait ici sous couvert de tropes bien connus du genre. Une jolie façon de se démarquer.

Tome 4

Quand on est amateur comme moi de bonnes séries de fantasy sombres, solides et classiques, on n’a pas forcément grand-chose à se mettre sous la dent au rayon manga en dehors de séries terminées comme Ubel Blatt ou à la parution fortement ralentie comme Berserk. C’est donc un vrai bonheur de pouvoir bénéficier du travail de Yuji Iwahara dans Clevatess.

Avec un récit profondément ancré dans les traditions du genre, l’auteur nous emmène encore une fois dans ce tome dans une aventure échevelée qu’on vit presque en apnée tant les combats et les enchaînements sont intenses pour nous emmener à la conclusion de ce premier arc de la série. Mythologie, trahisons, duels et souvenirs sont au programme de ce tome hautement qualitatif où le mangaka nous régale également de la noirceur des trames de ses dessins. C’est splendide !

Je me suis régalée à voir l’intrigue se refermer sur elle-même et revenir à son point de départ : le château que Clevatess avait détruit et le foyer de Luna. On y découvre une sombre machination menée par une créature cachée qui vise à manipuler héros et rois pour les faire aller dans son sens. Clevatess et Alicia vont tenter de lutter contre cela avec leurs petits moyens, ce qui donne lieu à une lutte acharnée. Je me suis amusée du contraste entre les deux. Clevatess qui agit en marge a l’air tout calme et tout tranquille alors qu’il se frotte à la racine du mal et qu’il aurait pu tout perdre avec Luna qui en est l’une des clés. Alicia, elle, plus faible, se démène pourtant contre un adversaire surpuissant qui fut autrefois l’adversaire et le camarade de son père. Tout est parfaitement agencé pour nous faire vibrer.

L’intensité de ce tome fut une merveille. J’ai adoré la gestion de la tension et la narration virevoltante de l’auteur nous faisant passer sans transition d’un lieu de combat à l’autre, d’un personnage à l’autre, d’une révélation à l’autre. Tout était très fluide. Et pourtant, cela a l’air terriblement alambiqué également. Les révélations sur les secrets que cachent cet univers sont encore terriblement floues et on sait juste qu’elles ont à voir avec la réception des Arts obscurs par les humains. On a donc très envie d’aller de plus en plus en avant pour percer ces mystères et y voir plus clair. En attendant la noirceur qui accompagnent ces moments est un délice. J’ai adoré suivre des personnages torturés, des combats acharnés, des mythes qui se voient ébranlés. La mise en scène des combats pour Yuji Iwahara est un petit régal pour les amateurs de dark et high fantasy comme moi. Il y a du Berserk, du Ubel Blatt mais aussi du Fly/Dragon Quest dont cet enchaînement d’attaques à coup d’épées et de masse, et de magie ancestrale. C’est hyper percutant et les noirs très sombres des dessins de l’auteur sont splendides ! C’est un régal pour les yeux.

Amateurs en manque de fantasy classique dans les mangas, si vous souhaitez un retour aux sources, laissez-vous conter la légende de Clevatess, d’Alicia et de Luna. Avec ce tome, Yuji Iwahara nous plonge au coeur du drame du royaume de Hidralt et de ses héros manipulés. C’est sombre, c’est intense, c’est magnifiquement mis en scène. De la grande aventure et encore bien des secrets à percer !

Tome 5

Où quand on découvre que l’aventure découverte jusqu’à présent n’est que la surface émergée de l’iceberg !

Quelle surprise que ce nouveau tome et quel relance de la part de Yuji Iwahara ! J’ai adoré me faire prendre de court comme ici et devoir jongler entre les révélations et différentes ambiances. Ce fut surprenant et ce fut prenant.

On sentait bien qu’un premier arc se cloturait avec la mort de Baldur et la restitution de Luna à sa mère, on pouvait se demander vers quoi allait aller la série. L’auteur y répond avec brio ici, bien que parfois il est failli me perdre et bien que parfois il emprunte un peu trop à une certaine fantasy académique. Mais je ne boude pas mon plaisir loin de là !

J’ai d’abord adoré suivre les tractations complexes entre les trois royaumes qui ont participé et/ou subi la guerre qui vient de se terminer. Ce fut une totale découverte de la géopolitique de l’histoire et je me suis parfois sentie un peu perdue au milieu de tous ces noms, mais en étant attentive, je me suis régalée des tensions entre les trois, de leurs ambitions et caractères différents et surtout de la solution trouvée. L’auteur ne se perd pas lui, il garde le nord et exploite à merveille le chapitre qui vient de se clore.

J’ai donc aimé être surprise de m’embarquer ensuite dans une fantasy d’espionnage et d’académie, avec des héros sous couverture dans la grande école de magie où Baldur a officié en secret et fait ses expériences. Cette infiltration promet toute sorte de rencontres et de rebondissements. Certes, le fond est classique : horribles expériences cachés, drôle de présence de l’Eglise, élèves qui semblent un peu en roue libre et trop puissants, hiérarchie à revoir et racisme envers les pays voisins, etc, mais c’est entraînant et déjà légèrement sombre comme sait le faire la série.

L’auteur pose de nouvelles bases solides pour une suite mélangeant encore plus géo-politique et magie. Alors oui, ce début est un peu léger avec des personnages qui prêtent à sourire à l’Académie, mais la noirceur n’est jamais bien loin. Et les discussions autour de la magie qui se profilent ainsi que les mystères de ce lieu augurent du très bon. J’ai hâte de poursuivre cette exploration.

Tome 6

J’avais quelques appréhensions avec le virage « académie » pris par la série, le couperet est malheureusement tombé ici : j’ai moins aimé et j’ai trouvé cela inutilement compliqué pour combler un certain vide…

C’est vrai que je suis plus habituée à lire de la fantasy en roman et que j’ai toujours trouvé, sauf rares exceptions, que les auteurs d’autres médiums y réussissaient moins bien. Même si c’était classique, je pensais que Yuji Iwahara y réussissait plutôt bien dans sa première partie sombre et aventureuse. C’est moins le cas désormais. En voulant surfer sur la mode des Académies de magie, il tombe dans un The Ancient Magus Bride like qui ne me plaît pas où on suit des étudiants cachant tous un secret et affrontant des créatures sur le campus. Bof.

Pendant une longue partie de ma lecture, je me suis sentie perdue, ne comprenant pas les enjeux de tout cela après un premier arc plus riche et dense, avec de réels enjeux géopolitiques qui avaient pointé le bout de leur nez. J’ai eu l’impression d’un auteur surfant sur la mode, reprenant des topos un peu vides et se faisant plaisir avec des scènes tour à tour classes et mystérieuses, mais assez creuses quand on y regardait de près. Il a fallu les derniers chapitres pour que des éclaircissements commencent à apparaître mais cela ne m’a pas convaincue.

Cette fois la série prend le partie de s’intéresser de manière extrêmement lointaine et détournée au passé de ce monde et notamment aux Quatre démons fondateurs incarnant chacun un des points cardinaux. Mais pourquoi le faire dans le cadre d’une Académie ? C’est totalement saugrenu et inutile, à part pour rassembler en un même lieu des forces vives de différents états, mais j’en vois peu l’intérêt. Ça fait scène de crime un peu forcée à la Agatha Christie. Très peu pour moi.

Alors ça reste heureusement bien beau graphiquement, avec toujours ce noir profond dont je me réjouis. J’ai aussi aimé, en faisant abstraction de la moindre histoire, la façon dont certains élèves sont transformés contre leur gré en animaux et vivent à leurs hauteurs, le tout avec plein d’hallucinations bien anxiogènes. Ça rend très bien graphiquement, apportant une touche horrifique bienvenue. A l’opposé du spectre, même si ça n’apporte rien à ce stade, j’ai été contente d’avoir des nouvelles du charmant petit héritier que nous avons suivi dans le premier arc, et qui est adorable sous le trait de Yuji Iwahara qui dessine à merveille tout ce qui a trait à la magie, donnant un joli cachet aux pages.

Tome un peu de la discorde pour moi. Je pensais que l’auteur allait réussir à éviter les écueils des Académies-like, ce n’est malheureusement pas le cas. Un début trop flou, des explications quant au choix du lieu et de l’intrigue qui peinent à me convaincre. Reste heureusement un univers sombre qui me plaît, ainsi qu’une mise en scène graphique que j’adore. Mais j’attends bien plus de l’auteur, dont une vraie intrigue et réflexion géopolitique par la suite.

(Merci à KiOon pour ces lectures et leur confiance.)

Ce diaporama nécessite JavaScript.

©Yuji Iwahara 2020


11 commentaires sur “Clevatess de Yuji Iwahara

  1. Je t’avoue que pour la dark fantasy, j’aime autant les décors médiévaux alors le classicisme du manga sur ce point me va bien. Quant au principe de départ, je le trouve intéressant, étant fan de ce genre de rencontre entre démon/être surnaturel et enfant depuis ma découverte de L’Enfant et le Maudit que tu cites justement. Et je souris déjà à l’idée de voir un démon devoir s’occuper des besoins primaires d’un bébé, déjà que les humains peuvent être en galère parfois 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. J’ai pas d’a priori et envie particulière tant que le Dark est vraiment Dark et pas gadget, perso.
      Ici le cadre est très chouette dans la façon dont il est retranscrit. Tout m’a plu des décors, aux relations en passant par les thèmes , alors j’espère que ça te plaira aussi si tu tentes 😁

      Aimé par 1 personne

  2. Merci beaucoup pour ton avis très complet. Je ne vais pas te cacher que j’ai demandé le service presse à Ki-oon et je n’ai pas eu de réponse. J’étais curieuse de le découvrir, maintenant je ne pense pas l’acheter, il faudrait que je demander à Monsieur ce qu’il en pense car de base ce serait plus une lecture pour lui.

    Aimé par 1 personne

      1. Ho tu sais quoi ? Je ne suis pas du tout frustré crois moi. Je suis du genre, je demande si c’est non c’est non et si vraiment je veux le lire ben je fais comme tout le monde hein. (Je n’ai plus à prouver ma consommation de manga hein). Mais la non réponse m’agace un peu, là je ne vais pas mentir. ^^ Puis je dois mal m’y prendre, quand je fais une demande tôt, c’est trop tôt, et quand je le fait plus tard, c’est trop tard… mdr. Il y a peu de tomes pour le moment…. pour le moment mdr… au début de one piece il y avait peu de tomes :p Non mais je vais demander à Cyril, c’est vraiment plus son genre de lecture qu’à moi et ma propres wishlist est déjà tellement conséquente.

        Aimé par 1 personne

      2. Tu es plus zen que moi lol
        Après je suis comme toi avec les non réponses et surtout j’aime savoir comment ça fonctionne pour tenter de rentrer dans le cadre et d’y avoir droit aussi ou alors pour me dire non c’est pas pour moi. Quand c’est flou, ça m’agace ^^!
        En tout cas, je vois mal la série être aussi longue que One Piece. Je vois bien un petit 10-15 tomes perso vu le ton et le thème, mais sait-on jamais 😉

        J’aime

  3. Je viens de lire le tome 6, et j’en ai les mêmes reproches : l’explication de la fondation du monde aurait pu se faire ailleurs que dans l’académie ; en plus l’académie multiplie les personnages/démons/régions mais ça reste très confus pour le moment.
    Après, il manque toujours en fin de tome un lexique et une carte du monde pour rappeler les forces en présence et les territoires sur une carte.
    Le tome 7 sera déterminant quand au fait de savoir si je suis ou pas cette série.

    Aimé par 1 personne

    1. Ce n’est donc pas qu’une vue de mon esprit.
      Je croyais que peut-être je projetais un peu trop mes appréhensions après ma déconfiture du virage de The ancient magus bride, justement avec son volet Dark Academia… mais si toi aussi tu le ressens.
      Je n’ai pas compris ce besoin, la série se débrouillait très bien sans T.T

      J’aime

Laisser un commentaire