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Miroirs de Kaiu Shirai et Posuka Demizu

Titre : Miroirs

Auteurs :  Kaiu Shirai et Posuka Demizu

Traduction : Sylvain Chollet

Éditeur vf : Kazé

Année de parution vf : 2022

Nombre de pages  : 143

Résumé : Kaiu Shirai et Posuka Demizu, le talentueux duo de The Promised Neverland, nous livre un recueil de trois histoires inspirées de la vie et de la philosophie de Gabrielle Chanel, la créatrice de la prestigieuse marque de luxe au parcours singulier !
Un ouvrage élégant mêlant le noir et le blanc à la couleur, complété de pages d’interview dévoilant les coulisses de ce projet atypique à travers de nombreuses anecdotes !

Mon avis :

Découvert avec le titre désormais culte The Promised Neverland, le duo Kaiu Shirai et Posuka Demizu revient ici avec clairement ce qui est une oeuvre de commande pour promouvoir une grande marque du luxe française. On déplorera le moindre recul et aspect critique mais on saluera la belle image que cela donne de Chanel et de la mode française.

Pour qui s’intéresse un peu à la mode, Coco Chanel est une figure emblématique, elle qui est à l’origine de la petite robe noire, de la fin des corsets enfermant les femmes et de bien d’autres révolutions. Issue d’un milieu modeste, elle a su grâce à des relations et aux hasards de la vie se tracer un chemin rayonnant dans ce milieu hyper compétitif et sélectif qu’est la haute couture. Elle a cependant pas mal de zones d’ombre, dont la pire étant qu’elle a collaboré pendant la Seconde Guerre Mondiale et je regrette un peu que cela soit totalement occulté ici, même si je comprends bien que le projet était de promouvoir sa marque et non sa personne. Mais je trouvais à le souligner car dans l’interview en fin de tome, les auteurs semblent laisser entendre qu’elle avait surtout des détracteurs jaloux de son talent alors qu’il y en a également qui le sont à cause des fautes qu’elle a commises.

Pour revenir au projet, celui se présente sous la forme d’un petit objet qui a un je ne sais quoi de luxueux rappelant LE parfum emblématique de la marque : N°5. L’éditeur français l’a pour cela mis sous plastique, ce que l’on peut interroger, et nous a offert un volume dans un reliure plus rigide qu’habituellement, soutenant des pages sur papier glacées, qui comportent pour beaucoup de la couleur, soit entièrement, soit par touche. C’est vraiment un petit objet à part, dans lequel les auteurs ont en plus glissé des pages montrant leur processus créatif, lui-même détaillé dans l’interview qui clôture le tome. C’est assez joli.

Je dois avouer que contrairement à la plupart, je pense, je ne suis pas une inconditionnelle du duo. J’ai trouvé The Promised Neverland légèrement surfait. Le début était très bien fichu, avec une intrigue prenante et qui se tenait, mais la suite m’a plus semblé relever de l’improvisation et je n’ai pas du tout accrocher à la fin. J’étais donc partagée à l’annonce de cette sortie mais je dois reconnaître que Kaiu Shirai et Posuka Demizu s’en sortent très bien avec des histoires certes anecdotiques mais joliment dessinées et avec des messages toujours intéressants qu’on soit ou non d’accord avec eux.

Chaque histoire, elles sont trois, met en scène un personnage représentant une des facettes de la marque. Il y a dans la première une petite fille qui grandit un peu seule avec son imaginaire tant sa mère, célibataire, doit travailler à côté. Cela rappelle l’enfance de Gabrielle (Coco Chanel). Dans la deuxième, l’héroïne est un vrai caméléon qui voit dans la mode l’opportunité de pouvoir exprimer la multiplicité de ses facettes, sans contrainte. Enfin, la dernière nous offre comme un héros un garçon mal dans sa peau à cause de son apparence atypique, plus petit et chétif que la norme, qui va briser un plafond de verre avec un ami au cours d’une après-midi shopping.

Dans chacune de ces histoires, la mode devient un élément émancipateur et je dois avouer que j’aime assez ce message. Cependant, il est à contraster car jamais les auteurs ne parlent des ravages de celle-ci, de son addiction, ses diktats, les moqueries qu’on peut subir en étant différent. On est un peu au pays des bisounours, mais je le répète, étant donné que c’est une oeuvre de commande à but promotionnel, cela n’a rien de surprenant. Il faut juste le savoir.

J’ai pour ma part apprécié chacune des histoires car j’y ai tout le temps retrouvé quelque chose dans lequel je me retrouvais. Voir cette petite fille bien solitaire s’évader dans ses lectures dans des univers imaginaires où elle porterait de belles robes m’a rappelé mon enfance, les robes en moins. Merci le cliché ! La deuxième histoire m’a encore plus parlé avec les aspirations de l’héroïne à montrer à travers ses looks toute la richesse de sa personnalité pour ne pas être enfermée dans les attentes des autres, mais avec tout de même un désir d’être reconnue pour ce qu’elle est intrinsèquement. C’était touchant et on est beaucoup à pouvoir s’y reconnaître. Enfin, la dernière m’a plus gênée car si j’aime le discours de ce garçon qui veut pouvoir trouver des vêtements qui lui vont aussi malgré son physique différent et qui veut briser les lignes entre garçons et filles, je trouve que c’est fait bien maladroitement, trop rapidement et caricaturalement avec un discours sur les femmes qui seraient plus libres que les hommes dans nos sociétés, qui m’a beaucoup fait tousser…

Cependant, ce joli petit objet fait ce pour quoi il a été conçu : il nous offre une belle image de la mode et de la marque Chanel qu’on retrouve en filigrane à travers son célèbre parfum N°5, qui est présent dans chaque histoire. Les auteurs mettent bien en avant les qualités qu’on peut trouver dans la mode pour s’affirmer, s’évader, se chercher et se faire accepter. Les dessins sont forts jolis également même s’ils n’impressionnent pas une fois qu’on connaît le style de Posuka Demizu. Elle a déjà proposé des choses moins policée et plus vertigineuse, ici c’est assez sage contrairement à ce qu’elle semble dire en interview. Il ne faut pas non plus trop se sur-vendre… Aimant la mode, j’ai cependant pris plaisir à découvrir cette oeuvre atypique qui a des faux airs d’Alice au pays des merveilles ou Perfect Blue de Satoshi Kon. J’aurais peut-être aimé un regard un peu plus critique et moins vendu…

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Floriane,… Vous ?

7 commentaires sur “Miroirs de Kaiu Shirai et Posuka Demizu

  1. J’ignorais qu’elle avait collaboré pendant la guerre… Mais si c’est un manga a but promotionnel, je peux comprendre qu’ils ai préféré passez ça sous silence pour se concentrer sur la marque et le rêve de mode. Mais en effet, une petite notion des zones d’ombre n’aurait pas été de trop. Les illustrations ont l’air très sympathiques cela dit 🙂

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  2. Merci pour ton avis parce que j’avais mis le manga dans ma wish list d’abord pour l’objet livre. Or, le fait que ce soit une œuvre de commande à but promotionnel me gêne (on est bien assez envahi de marketing comme ça) et « l’oubli » des zones d’ombre me semble très problématique. Quant au discours sur les femmes qui seraient plus libres que les hommes dans nos sociétés, c’est rédhibitoire, du moins pour un achat. Du coup, je vais me contenter d’un éventuel emprunt…

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    1. Avec plaisir. Je trouve l’objet intéressant mais il faut, je pense, avoir tout cela en tête avant et je crains que beaucoup de lecteurs ne l’aient pas malheureusement… Du coup, je comprends très bien ton choix 😉

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  3. Alors écoute, je vais te dire… Je ne l’ai pas pris, mais je pense que c’est un je ne l’ai pas pris pour le moment. Je ne voulais pas dépasser les 200 euros lors de ma précédente commande et donc j’ai enlevé certains tomes qui pour moi n’étaient pas indispensable de suite. Mais en aucun cas je ne remet en cause la qualité de ce titre qui me semble au minimum esthétiquement très joli.

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    1. Et je te comprends, l’ayant pris également et n’ayant pas fondamentalement passé un mauvais moment. C’est juste que je trouve nécessaire d’avoir un recul critique face à ce genre d’ouvrage de commande qui reste un bel objet mais face auquel il ne faut pas être dupe ^^’
      Je lirai donc ton avis avec curiosité quand tu auras acheté et lu le livre 😉

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