Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Die Wergelder d’Hiroaki Samura

Titre : Die Wergelder

Auteur : Hiroaki Samura

Traduction : Ryoko Akiyama

Éditeur vf : Pika (seinen)

Année de parution vf : Depuis 2024

Nombre de tomes vf : 2 (en cours)

Histoire : Quel est le lien entre un mystérieux assassinat perpétré dans un quartier chaud en Chine, un vol de billets de banque commis au sein même d’un clan de yakuzas et des coups de feu meurtriers échangés sur une île perdue au large du Japon ? Seul dénominateur commun connu : un déchaînement implacable de violence provoqué par trois femmes à la beauté meurtrière…

Mon avis :

 Tome 1

J’ai toujours été fan du cinéma très vif et punchy, décomplexé même, de Tarantino et j’ai ressenti dans cette nouvelle série d’Hiroaki Samura, la même verve éclatante et le même éclat graphique, du coup je me suis régalée avec ce divertissement qui va à 100 à l’heure !

Hiroaki Samura, c’est l’auteur du génialissime Habitant de l’infini qui m’avait mis une claque quand je l’avais découvert il y a quelques années. Il a eu ensuite, chez nous, une seconde vie à l’aide d’histoires courtes plus ou moins intéressantes selon les volumes et est revenu, il y a quelques années, avec le surprenant Born to be on Air sur une journaliste radio. C’est vraiment un touche à tout ! Avec l’exposition qui lui était consacrée à Angoulême, c’était l’occasion de nous sortir sa dernière série en cours, qui compte 7 tomes actuellement au Japon : Die Wergelder.

Un peu comme Tsutomu Takahashi qui nous a fait son délire nazi dans NeuN, j’ai l’impression d’un auteur qui avait envie de nous faire son petit délire autour de la figure des yakuza et de la mafia en général et pour ça, il envoie du lourd ! Die Wergelder est une histoire totalement décomplexée, à ne pas mettre entre toutes les mains, car il y est question de prostitution, de sado-masochisme, de torture et tout simplement d’une violence explosive. Le tout s’insère apparemment dans un scénario de vengeance prenant place entre la Russie, l’Allemagne et le Japon, avec une femme, pouvant rappeler La Mariée de Tarantino. Explosif, je disais !

La lecture a donc clairement un joli côté série B parfaitement assumé où ça dégomme, ça choque et ça claque. Il faut avoir le coeur bien accroché et ne pas être trop sainte nitouche. Il faut accepter le délire de l’auteur pour y plonger pleinement et mettre les mains dans le cambouis. Nous ne sommes pas, pour le moment, dans une histoire hyper bien ficelée et dramatique, reposant sur un fond historique, comme L’habitant de l’infini. C’est beaucoup plus libre ici, mais cela reprend et dénonce les quartiers chauds à la japonaise, la main mise de la mafia sur l’industrie de la prostitution, de la drogue et j’en passe.

Ce fut avant tout une expérience graphique pour moi. J’ai adoré suivre les combats qu’orchestre le maître et qui rappelle ô combien, à mes yeux, le cinéma chinois avec cette esthétique combattante tranchante et virevoltante. J’ai adoré l’ensemble des scènes proposées, qui sont brutales à souhait, mais avec une sacrée esthétique, notamment avec les ongles si particulier de notre femme en quête de vengeance. C’est rude mais incroyablement beau graphiquement parlant, avec ce crayonné bien propre à l’auteur, ces lignes de vitesse décisives et ses fins cheveux virevoltants en même temps que les tissus et autres armes tranchantes qu’on lui connaît bien. Si on aimait le mangaka à ses débuts, on prend un vif plaisir à retrouver ces traits ici.

Je reconnais après que l’histoire n’est pas des plus claires pour l’instant et que je me laisse surtout porter par un esthétisme, une ambiance, mais que je n’ai pas bien compris tous les tenants et aboutissants. J’ai d’abord découvert sous couverture une première protagoniste, apparemment l’héroïne, celle en quête de vengeance après ce qu’une organisation lui aurait fait subir autrefois dans son pays. Puis j’ai basculé sans prévenir dans le monde et les affaires de yakuzas qui vont embarquer un autre duo de femmes dans leurs histoires, sur une île un peu particulière, leur faisant croiser le chemin de notre dame vengeresse. Mais le pourquoi du comment de tout ça, je n’en sais fichtrement rien. Est-ce que ça me dérange pour le moment ? Non, mais j’attends de voir la suite.

Petite expérience WTF bien calibrée, Die Wergelder nous offre une lecture en mode série B où Hiroaki Samura semble rendre hommage au cinéma de Tarantino, tant je trouve de points communs entre celui-ci et Kill Bill. C’est tout aussi trash, violent, barré et improbable, mais également tout aussi virtuose dans la mise en scène et la beauté des scènes de combats. Ayant adoré l’Habitant de l’infini en partie pour cela, je suis ravie de retrouver l’auteur dans ses oeuvres.

Tome 2

Après un début explosif mais un peu flou, je suis contente d’avoir persévéré car cela prend bien plus sens ici et que je retrouve ainsi la plume terrible de l’auteur !

Si j’avais tant aimé l’Habitant de l’infini, ce n’était pas seulement pour le trait dingue de l’auteur mais aussi pour la profondeur de son histoire et son drame. Je commence à retrouver cela par petite touche dans ce deuxième volet de Die Wergelder.

Après nous avoir plongés en plein combat sans trop comprendre ce qu’il se passait, l’auteur se pose et prend le temps cette fois, tranquillement, insidieusement, de nous raconter ce que cachait ce déchaînement de violence et de figures de fou ! La série se transforme ainsi peu à peu en thriller associant complot véreux, manipulation et exploitation d’une population et recherche scientifique. Ça reste très mystérieux mais c’est très encourageant et prenant aussi.

A l’aide d’une narration en spirale vraiment bien fichue pour susciter notre curiosité et avec l’aide de personnages charismatiques portant celle-ci, Samura va peu à peu dessiner le plan général de sa série avec des femmes, trahies et maltraitées par une vaste organisation, qui vont entreprendre de percer celle-ci à jour pour l’arrêter, la dénoncer. Bien sûr, cela va faire aussi mal que ce qu’elles ont subi et les premiers pas se dessinent ici. On découvre ce qu’a subi Nami. Attention, c’est cru et plein de trigger warning. On la voit ensuite faire équipe avec Shinobu pour se lancer à la conquête de la vérité et là aussi l’auteur ne fait pas dans la dentelle !

Maîtrisant mieux la noirceur de son récit qu’il nous balance moins à la figure que précédemment, cela reste tout de même un récit à ne pas mettre entre toutes les mains comme nous en averti l’éditeur au verso de son tome. Cette plongée dans les vices de notre société et ce qu’il y a de pire de l’âme humaine, nous emmène dans des tréfonds bien sombre qu’on n’a pas trop envie de gratter. Ça donne ainsi une lecture à la fois malaisante et prenante car on a envie de percer ces secrets pour mieux les dénoncer. Les histoires de traites humaines, de viols et prostitution de l’histoire bien que très dures sont passionnantes car basculent sur une histoire de lieux avec des particularités encore bien mystérieuses qu’on souhaite percer à jour pour comprendre ce trafic. Samura nous a vraiment inventé une histoire qui mixe à merveille son goût pour la violence mais également pour les récits tortueux où l’âme humaine est terriblement mise à mal.

Moins bourrin que le tome 1, cette suite commence à dévoiler ce que cachait ce déchaînement de violence et aussi bien dans la forme (duo, puis trio de femmes partant en quête de vérité) que dans le fond (traite humaine mafieuse sur une base scientifique étrange) je me suis retrouvée passionnée par ce que je lisais. J’aime vraiment énormément la narration et les dessins de l’auteur, son traitement de la violence et son déchaînement. Rien n’est jamais vraiment gratuit avec lui !

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4 commentaires sur “Die Wergelder d’Hiroaki Samura

  1. Je me serais arrêtée sur la couverture, que je trouve vraiment sympa, mais j’avoue que les histoires de mafias ne m’attirent pas du tout. Et là ça me semble trop violent pour moi (j’aime bien les films de Tarentino, mais je n’ai jamais pu finir Kill Bill…). Ouf, ma WL ne va pas encore grimper ^^

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