Wayward Pines de Blake Crouch

Titre : Wayward Pines

Auteur : Blake Crouch

Traduction : Patrick Imbert

Éditeur vf : Gallmeister (Totem)

Date de parution vf : 2015 (1e édition) ; 2024 (cette réédition)

Nombre de tomes vf  : 3 (série terminée)

Histoire : Lorsque Ethan Burke se réveille, il ne sait plus qui il est ni où il se trouve. Mais les souvenirs lui reviennent peu a peu : agent des Services secrets des Etats-Unis, il est venu a Wayward Pines, petite bourgade tranquille du fin fond de l’Idaho, enquêter sur la disparition de deux de ses collègues, quand il a eu un accident de voiture aux abords de la ville. Mais alors, pourquoi l’hôpital ne veut pas le laisser sortir, alors que ses blessures sont superficielles ? Pourquoi le shérif, franchement hostile, refuse-t-il de lui rendre son portefeuille et ses affaires ? Pourquoi ne parvient-il pas a joindre sa famille a Seattle ? Il y a quelque chose de bizarre a Wayward Pines. Et de dangereux…

Mon avis :  

Phénomène littéraire de ces dernières semaines, comme avec Blackwater à l’époque, j’ai eu envie de tester et j’ai eu la chance de trouver Isabelle pour m’accompagner et le faire rapidement avec moi. Malheureusement, je n’ai pas ressenti le même plaisir et la même surprise qu’avec son aîné et mon expérience s’est plus rapprochée de celle que j’avais vécue avec Swan Song, une lecture efficace mais pas faite pour moi.

Je faisais pourtant confiance au roman. En effet, j’ai souvent entendu parler en bien de son adaptation TV qui me tentait depuis belle lurette. J’ai aussi beaucoup aimé un précédent roman de SF de l’auteur : Récursion. Alors pourquoi est-ce que cela ne l’a pas fait ? Peut-être parce que cette lecture arrive un peu trop tard pour moi et m’a fait le sentiment d’un vaste écho à des titres déjà lus où l’effet de surprise avait déjà fonctionné, privant ainsi Wayward pines de celui-ci.

Il faut en effet savoir que ce roman repose avant tout sur ses effets de surprise, l’histoire démarrant dans le brouillard le plus total avec un héros anonyme qui se réveille dans une ville méconnue sans trop savoir ce qu’il fait là et surtout sans repère pour l’aider à comprendre et à en sortir. Blake Crouch m’avait ainsi totalement alpaguée dès les premières pages avec son ambiance fort mystérieuse et opaque, déstabilisante même tant il nous met dans les pas de ce héros perdu, et ce, malgré une plume qui manque un peu de modernité avec le caractère poussif de plusieurs phrases et surtout la définition de son héros « très viril ». Mais j’ai beaucoup aimé ce côté mystérieux.

Le souci, c’est ce que bien vite, et je vais essayer de ne rien vous dévoiler pour le moment, j’ai senti venir plusieurs tournants de l’histoire, car j’avais déjà lu des textes avec la même ambiance mystérieuse et de huis clos. Comme l’auteur en plus ne développe pas plus que ça, au final, la ville au cela se déroule, cela donne une lecture assez pauvre quand on a deviné les effets de manche à venir, ou quand on ne les a pas devinés, quand ils en rappellent d’autres, leur faisant perdre de leur puissance. La lecture est au milieu une suite de pistes sans issues, de répétitions, de croisement avec des personnages qui ont un faible impact sur ce qui se joue, on s’ennuie un peu. Il m’a fallu attendre les 100 dernières pages pour vraiment avoir un sentiment d’urgence qui m’a pris à la gorge avec quelques pages bien senties et nerveuses où même si je n’étais pas surprise, au moins, j’étais prise par ce qui se passait et j’avais l’impression d’avoir quelque chose de vivant entre les mains. Cette accélération bienvenue enchaînant révélation sur révélation et transformant joliment l’univers ouvre des portes intéressantes enfin pour la suite, ne réduisant plus l’intrigue à un simple sombre complot où le héros aurait été pris malgré lui.

Je pense que si j’avais été plus réceptive à ses mystères, j’aurais plus apprécié ma lecture, mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Je n’ai pu ainsi m’empêcher de noter le manque d’écriture des personnages et de l’univers invoqué pendant les 2/3 de ma lecture. Tout comme j’ai eu beaucoup de mal avec le côté très « masculin », à l’ancienne, de cette histoire, où on est à fond dans le cliché du héros, héros de sa famille, époux qui veut tout faire pour sauver femme et enfant, qui a un trauma parce que « c’est un homme », etc. Il y a vraiment pas mal de manque.

Après, je reconnais que ça peut être un vrai page turner, un divertissement efficace et une lecture où on a envie de percer les mystères du lieu avec le héros pour confirmer ou infirmer nos théories. SPOILER Dommage que cela ait tant ressemblé à The Promised Neverland ou L’Attaque des Titans que j’ai lu entre temps et à d’autres dystopies comme Divergente et The Truman Show, pour le côté coincé dans une cité entre quatre murs, monde extérieur hostile et mensonge d’état. En revanche, je trouve l’aspect SF très intéressant avec sa manière dont la société a dévié, a essayé de se préserver, a inventé des technologies, se retrouve maintenant dans un cul de sac, etc. J’ai aimé aussi le côté un peu horrifique, qui rappelle à nouveau des dystopies comme Je suis une légende, La Route ou Le Labyrinthe, avec ces créatures qui peuplent désormais la Terre et les menaces. Cela a donné lieu à des scènes bien stressantes et flippantes et ça promet pour la suite.

Je ressors donc encore une fois mitigée de la découverte d’une lecture « phénomène » T.T. Je m’attendais à un récit qui allait me scotcher, me faire frissonner, me passionner et j’ai trouvé l’ensemble, comme ma compagne de lecture, assez tiède. Pour moi, l’auteur survole un peu trop son propos, n’assoit pas assez l’écriture de ses personnages, pour me alpaguer. Ma lecture de ce titre est arrivée trop tard, après trop de titres lui ressemblant, pour me surprendre et cela a tué l’effet de surprise. Seul le démarrage et l’ultime dernier quart m’ont vraiment intéressée et fait un peu frissonner. Pour autant, je trouve l’univers intéressant, cette histoire de complot en huis clos n’est juste peut-être pas faite pour moi. Du coup, j’hésite beaucoup à poursuivre…

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Isabelle, YodaBor et Marie (pour la comparaison avec la série TV), Carolivre, Vous ?