Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Oni Goroshi de Masamichi Kawabe

Titre : Oni Goroshi

Auteur : Masamichi Kawabe

Éditeur vf : Meian

Année de parution vf : Depuis 2024

Nombre de tomes vf : 2 (en cours)

Histoire : Je détruirai tout ce que tu es.
Depuis toujours, cette ville est le théâtre d’horreurs… Découvrez la vengeance d’une de ses victimes.
En 1991, dans la ville de Shinjô, département d’E., Shûhei Sakata tue sa fille et son épouse. Cependant, ce n’est qu’une mise en scène, un piège tendu par ceux qu’on appelle les démons. Après quinze ans derrière les barreaux, Shûhei est enfin libéré.
Depuis l’époque Heian, une légende court sur ces terres… « Cette ville est hantée par les démons. » Elle sera désormais le théâtre d’une vengeance sans précédent. Découvrez l’histoire de ces hommes possédés et déchaînés.
Les démons sévissent dans cette ville maudite. Qui se cache derrière ce maelström de folie et de mauvaises intentions ? on but ? Se venger de ces cinq démons.

Mon avis :

 Tome 1

Présenté à grand renfort de pub, par l’éditeur, comme le successeur de Gannibal, Oni Goroshi a comme seul point commun avec son aîné son déchaînement de violence en vu de sauver / venger un être cher, pour le reste on repassera. N’est pas Gannibal qui veut. 

Contrairement à son aîné, Masamichi Kawabe ne s’attaque pas à une légende ancestrale autour de laquelle il élabore une histoire fine et intense. Non, lui, est un plus bourrin et plus actuel. Il a l’idée d’utiliser le théâtre No et la folie mafieuse qu’on voit pas mal pulluler en Asie avec cette incursion de ces officines dans la politique à grande et petite échelle, pour imaginer une histoire de vengeance totalement folle. C’est bien plus direct.

Il faut donc accepter à la lecture d’être dans un titre totalement bourrin et décomplexé, avec une violence crue, et une histoire assez sommaire, pour ne pas dire bien mince côté fondations. Ce n’est pas déplaisant pour autant, on en prend plein les mirettes dès la couverture avec cet effet rouge sang sur le titre qui correspond bien au liquide qui va couler à flot ici. Mais il n’y a en revanche aucune vraisemblance dans ce qu’on va lire de bout en bout et on va totalement enchaîner les WTF, rappelant un peu cette littérature viriliste qu’on a trouvée chez certains autres éditeurs avec Nés pour cogner, Terra Formars, King of Ants et j’en passe. J’avais que j’aurais préféré quelque chose de plus fin comme Sanctuary ou Crying Freeman de Ryoichi Ikegami mais ce n’est pas la même génération, pas la même influence.

Pas de cinéma d’auteur ici, plutôt un cinéma d’action bien violent et pêchu, en inspiration. On suit ainsi un ancien yakuza, qui a été victime d’un guet-apens mené par 5 hommes puissants déguisés avec des masques No, qui ont anéanti sa famille. Accusé du crime et devenu un légume, il purge quand même sa peine depuis 15 ans, quand après avoir été « libéré », il croise par hasard l’un de ses bourreaux, et alors tout lui revient, sa mémoire se réveille, son corps reprend vie (lol vive la vraisemblance...) et une implacable vengeance se met en branle. 

Si on aime ce genre d’histoire WTF, violente et bourrine, il y a un charme certain à suivre cet homme, pardon ce mastodonte légendaire, inarrêtable qui va marcher vers son destin et éliminer tous ceux qu’ils croisent sur son chemin et qui ont un lien avec ce terrible épisode de son passé. On peut être fasciné par la violence qu’il déchaîne et les larmes qu’on sent en lui à chaque fois qu’il fait couler le sang en vengeance de la perte de sa femme et sa fille, dont le souvenir est encore bien vivace. Il y a une forme de poignant ici.

Cependant, j’ai tendance à plutôt retenir, de mon côté, un scénario que je trouve très léger et téléphoné, avec des personnes derrière les masques No assez facilement identifiable et n’apportant pas de surprise. On est un scénario déjà vu de pourriture ayant infiltrés tout le système et de yakuza au grand coeur qui aurait aimé se repentir mais qui doit faire un dernier petit tour vengeur afin de se libérer de son passé et tout laisser « propre » derrière lui. C’est prenant, la mise en scène est percutante, ça déchire bien. Après est-ce que ça vous suffit ? J’aurais aimé un peu plus.

Nouveau titre présenté comme le successeur de Gannibal, Oni Goroshi ne l’est pas vraiment. Je l’ai trouvé bien moins fin et plus bourrin que son aîné, avec un scénario plus téléphoné et moins fin où les surprises sont absentes. Après pour qui aime les histoires de vengeance de mafieux qui vont loin très loin sans se soucier des dégâts, c’est jouissif à lire car c’est violent à souhait. A vous de voir où se situe votre curseur et vos goûts 😉

Tome 2

J’avais été assez critique concernant le premier tome, le trouvant 1/ assez bourrin et 2/ étant un peu déçue après la comparaison forcée faite avec Gannibal. J’ai bien plus apprécié ce tome 2 même si on reste sur un scénario de vengeance WTF assez classique au fond.

Maintenant qu’on a compris les tenants et aboutissants de l’affaire, un peu comme dans Ubel Blatt, on suit la quête de vengeance inarrêtable du héros qui va essayer de faire tomber les têtes du complot les unes après les autres. Mais nous sommes ici dans un contexte moderne, un contexte asiatique d’hommes pourris, de mafieux, qui ont infiltré toute la ville où vie Sakata et ce ne sera pas aussi simple.

J’ai aimé voir l’histoire se complexifier un peu dans ce tome, avec l’arrivée d’une sorte d’homme providentiel qui va venir épauler un héros, sinon bien solitaire. Malgré le contexte très japonais, j’ai aimé sentir une vibes très américaines, très films avec Liam Nelson qui joue les gros bras pour se venger et protéger ceux qu’il aime, je pense que vous voyez lesquels. On va ainsi suivre une journée longue, très longue, où tout va déraper et où on va essayer de tout mettre sur le dos de Sakata. 

Une fois qu’on a accepté le genre totalement foutraque et barré du titre, c’est assez jouissif de suivre cette montée en puissance du gang des porteurs de masques de No. Ils sont tous totalement fous et vont loin, moins alors très loin pour incriminer un ennemi un peu trop gênant, ayant des ramifications partout. On sent que la ville est à feu et à sang, sous le joug de la terreur qu’ils engendrent pour l’incriminer et pousser la police à agir à un autre niveau. Ainsi, on enchaîne les massacres, les explosions, les violences dans tous les sens, envers toutes sortes d’individus. Sakata, n’est tout de même pas en reste car avec son allié, il va imaginer un plan qui sera aussi des plus violents.

La mise en scène de Masamichi Kawabe est vraiment excellente dans le genre. On a du mafieux à gros bras, du serial killer fou, du psychopathe violeur. Côté violence, on a de l’explosion de lieu louche, de la tuerie de masse, du viol, du découpage, des tirs en pagaille et même de l’attaque en voiture, suivi d’une course poursuite dantesque. Y a pas à dire on en prend plein les yeux, c’est violent, dégoulinant et brutal. En revanche, les révélations qui font partie de la mise en scène, si elle la tende, sont à nouveau assez prévisible et on peut regretter cela une fois de plus. Il n’y a pas la claque attendue quand on apprend que la fille de Sakata a survécu ou quand on le voit jouer à Batman & Robin avec son nouvel associé.

Série de vengeance explosive, elle reste avant tout un divertissement brutal, violent et sans concession, mais pas une histoire fine ou profonde. L’auteur reprend des codes connus des films d’action et de violence sans réellement ajouter de choses en plus, c’est assez basique. Heureusement c’est prenant et la mise en scène est explosive, on suit ainsi frénétiquement les aventures de ce Sakata vengeur et de cette élite folle qui se dissimule derrière des masques et d’horribles atrocités pour le faire tomber à leur place. Prenant.

(Merci à Meian pour ces nouveaux frissons)

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?

5 commentaires sur “Oni Goroshi de Masamichi Kawabe

Laisser un commentaire