Titre : La Croisière Bleue
Auteur : Laurent Genefort
Éditeur vf : Albin Michel
Année de parution : 2024
Nombre de pages : 344
Histoire : En ce début de XXe siècle où règne l’antigravité, camions, voitures, navires parcourent le ciel. Les majestueux transatlantiques traversent mers et océans puis, une fois la côte atteinte, sont remorqués par des locomotives et se transforment en paquebots transcontinentaux.
En 1923, lorsque l’Agénor appareille et que débute la croisière bleue, la quête de nouveaux gisements de cavorite exacerbe les luttes entre grandes puissances. À bord de l’Agénor, le transcontinental reliant l’Europe aux confins de l’Asie, un meurtre inexplicable a lieu. Gaspard, agent du Deuxième Bureau français, est chargé de l’enquête. Il ne tarde pas à découvrir que la victime est un espion anglais et que les puissances qui se cachent derrière cet assassinat pourraient bien faire couler l’Agénor et, dans son sillage, le monde ancien tout entier.
Mon avis :
Après avoir adoré la découverte de l’univers des Temps Ultramodernes il y a 2 ans, impossible pour moi de résister à un petit rappel ! Et avec sa couverture gigantesque qui nous fait nous sentir tout petit, Didier Graffet, a parfaitement jouer le jeu, nous replonger dans ce steampunk d’influence vernienne à l’époque d’une pseudo Exposition universelle à laquelle on semble participer à chaque page.
Entre temps, je suis allée me frotter à la plume de Laurent Genefort sur son vaste univers, plus sérieux, d’Omale, et je peux affirmer désormais que le monsieur a vraiment de l’imagination et est aussi bien à l’aise sur les formats longs que courts, les space opera que les uchronies, et même plus encore ! Il sait m’embarquer dans ces univers et ses aventures invraisemblables, c’est pourquoi je n’avais aucun doute d’aimer.
Pourtant, j’ai eu la surprise en ouvrant le volume de découvrir un recueil de nouvelles, car oui, je ne voulais rien savoir avant d’avoir le volume entre les mains. Ce fut donc un bonheur de replonger sous forme de petits bonbons à savourer tranquillement, dans cet univers protéiforme, avec des textes de longueurs variables, d’ambiances différentes, voire de natures différentes, montrant la richesse de l’imagination débridée de l’auteur dans ce nouvel univers avec lequel il se plaît à jouer et qu’il pourrait décliner à l’infini.
La croisière bleue est ainsi un ensemble de cinq nouvelles entrecoupées de brefs articles de journaux sur la Cavorite sous forme d’anecdotes et se concluant sur l’essai scientifique fictif de l’auteur sur l’élément à la base de son oeuvre ici présente : la cavorite. Excellent ! Si on aime comme moi les lectures concepts, les univers foisonnants et les fix-up, il est dur de résister à la vivacité de partie de ping pong de celui-ci. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur se fond dans chacun de ces bouts de son univers, que ce soit lors de brèves incursions avec ses petites dépêches autour de la cavorite et ses effets sur nous, ou bien lors de textes plus longs avec ces nouvelles toutes très différentes mais ô combien jouissives et piquantes. Il y a du Verne et du Dickens dans certaines (Le facteur Pégase), du Agatha Christie dans d’autres (La croisière bleue), un petit côté plus moderne et survivaliste dans d’autres rappelant Kim Stanley Robinson (Cinquante hectares sur Mars), voire le sentiment d’être dans un film catastrophe uchronique prenant place au XIXe-XXe (A la poursuite de l’anticavorium). J’ai aussi souvent eu des visuels venant de Les chimères de Vénus, cette BD écrite et dessinée par Ayrole et Jung prenant place dans l’univers du Château des étoiles d’Alex Alice. On sent que les auteurs ont sûrement dû avoir, tous, les mêmes sources d’inspiration.
Laurent Genefort nous montre en tout cas qu’il n’en a pas fini avec ses Temps ultramodernes et qu’il a encore bien des choses à raconter, que ce soit sur la genèse de l’exploitation de la cavorite, son déclin, et la manière dont on pense la remplacer, la compenser. Il montre avec passion notre fascination pour les étoiles et les corps, / objets célestes qu’on y trouve, mais aussi notre tragique obsession pour la colonisation et l’exploitation de tout ce qu’on peut trouver et veut s’approprier. Peu importe les évolutions, notre société reste la même et les crimes d’autrefois sont ceux d’aujourd’hui, même avec des lieux et technologies nouvelles, ainsi que notre propension à vouloir s’asseoir sur les plus faibles. En plus de ce côté désenchanté, j’ai cependant vraiment aimé voir l’histoire se délocaliser à plusieurs reprise et l’univers s’élargir. Il y a un vrai confort à être dans quelque chose de connu juste un brin modifié par l’apport de la cavorite (comme dans Le facteur Pégase ou La croisière bleue), mais c’est quand même bien plus dépaysant d’embarquer pour Mars, Mercure et Venus et y voir ce qui s’y fait avec ces recherches de nouvelles matières premières, ces paysages hostiles, cela offre un tout autre challenge. Même si challenge il y a aussi chez l’auteur quand il n’hésite pas à menacer directement notre planète avec une astéroïde folle.
On ne vogue donc pas tranquillement sur La croisière bleue. Laurent Genefort lâche encore la bride à sa folle imagination pour nous conter à l’aide de petits coups d’oeil dans la lorgnette les tressaillements d’une Terre uchronique à qui la cavorite n’a pas apporté la paix escomptée. De nouvelles histoires pour comprendre toute la richesse de ce monde invoqué et les questionnements à se poser sur les gains ou non de cette nouvelle ressource épuisable pour nous. Une vraie oeuvre qui fait à la fois office de divertissement « pop corn » et de réflexion philosophique bien cachée. Si l’auteur a encore dans le futur des envies de revenez-y, il me trouvera parmi ces lecteurs !
(Merci à Albin Michel Imaginaire et Laurent Genefort d’être retourné dans cet univers !)
> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Le nocher des livres, CélineDanaé, FeyGirl, Gloubik, Jack Barron, Vous ?
Et bien voilà une belle lecture et en plus la couverture invite au voyage ! 😉
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Oh oui la couverture est vraiment à l’aune de l’aventure proposée par l’auteur. C’était également dans le roman qui précède : Les temps ultramodernes, qui vient de sortir en poche mais dont je préfère de loin la version grand format 😉
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Je suis tentée, même si le format nouvelles n’est pas celui que je préfère. Et cette couverture, waw!
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Je me dis aussi souvent que les nouvelles et moi, bof. Et en fait, je découvre de plus en plus que quand c’est bien fait, j’adore !
Alors je pense qu’il ne faut pas resté bloqué sur le format. Après ici, je te recommanderai plus de commencer par le roman si tu ne l’as pas lu 😉
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Comme tu dis parfois ça fonctionne malgré le format, ça dépend vraiment des auteur-ice-s.
J’ai vu après coup que le recueil faisait partie d’une série, j’ai noté aussi le roman du coup 🙂
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Tout à fait.
Et parfait alors 😀
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Oui mais recueil de nouvelles… vraiment pas fan 😢 Sauf quand c’est un fix up, mais j’en lis assez rarement aussi; il y a un côté frustrant pour moi avec les nouvelles…
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Je peux comprendre même si je le déplore ici tellement c’est bien fait pour compléter le roman. Après si jamais tu ne l’as pas lu, c’est vers lui qu’il faut se diriger alors 😉
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ah oui oui le roman m’avait bcp plu ! Et le petit guide sur la cavorite aussi !
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Tu m’en vois ravie alors !
Le petit guide est d’ailleurs compris dans ce recueil 😉
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mon fils a lu le premier tome il y a quelques jours et il a aimé, ça me rend curieuse !
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De quoi lui offrir cette « suite » 😉
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Tellement fan du format nouvelle et comme il est assez rare de trouver autant de qualités dans un recueil, je ne peux que noter ce titre, qui paraît extraordinaire !
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Par contre, attention, il faut, je pense avoir lu le roman avant, sinon je ne garantis pas le même effet xD
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Tu fais bien de préciser 😉
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» Une vraie oeuvre qui fait à la fois office de divertissement « pop corn » et de réflexion philosophique bien cachée. » : tellement vrai !
Et je suis d’accord pour la couverture, qui bénéficie du même illustrateur que le tome 1. Un petit bijou !
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Merci ! Ravie d’avoir su trouver les mots 😉
Si avec une telle couverture les amateurs de steampunk ne craquent pas, je ne comprends pas xD
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Je ne sais pas si j’apprécierais, mais tu me donnes quand même envie de m’y plonger, et clairement, cette couverture est splendide, j’ai tout de suite reconnu le style de Didier Graffet !
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Je ne connaissais pas le monsieur avant ces couvertures mais ça donne envie de voir ce qu’il a illustré d’autres, clairement !
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Il a illustré beaucoup de Fantasy, notamment des bouquins chez Mnémos dans les années 1990 ou les Gemmell chez Bragelonne au début des années 2000. Je l’ai rencontré plusieurs fois, il est adorable !
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❤
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