Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Doga of the Great Arch de Takeda Toryumon

Titre : Badducks

Auteur : Takeda Toryumon

Traduction : David Le Quéré

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Années de parution vf :  2023-2024

Nombre de tomes vf : 4 (série terminée)

Résumé : Le road trip fantastique d’un noble cyborg et d’une as du système D !
Yote, rejeton de la noblesse, est aussi éduqué qu’ignorant des réalités du monde. Son premier voyage en dehors de son domaine tourne court quand il est poignardé pour son argent dans les bas-fonds de Leoure, la cité du désert. Sauvé par une bricoleuse de génie, il se retrouve dans un corps de cyborg lui permettant de survivre… un an ou deux. L’équipement est si rustique que Yote a besoin d’assistance pour tout, de l’entretien au déplacement !
Peu importe, pour lui, c’est une chance de reprendre de zéro, loin de son château et de son étroite existence. Mais, pour ça, il lui faut d’abord retrouver son humanité, et seules les sirènes, réputées dotées de magie, ont une chance de pouvoir l’aider… Le jeune aristocrate propose une petite fortune à Doga, orpheline aussi forte que débrouillarde, pour qu’elle l’assiste dans sa recherche de ces fabuleuses créatures. Elle accepte, prête à braver tous les dangers pour découvrir le monde !

Mon avis :

Tome 1

Ayant bien accroché avec la série ayant fait découvrir l’autrice, j’étais toute joie de voir Ki-Oon poursuivre l’aventure et nous proposer à nouveau en avant première sa nouvelle histoire aux allures aussi pop et pulp que la précédente mais dans un univers aux allures de western cybernétique cette fois ! Toryumon Takeda et moi sommes faites pour nous entendre !

L’autrice a en effet une verve à laquelle j’aime répondre et dans laquelle j’aime me fondre. Ses univers à la Mad Max me parlent à chaque fois et je la trouve très percutante aussi bien dans ses inspirations que ses mises en scène. Cette nouvelle série, débutée en 2022, est à nouveau une collaboration avec Ki-Oon et elle y reprend les mêmes gimmicks que précédemment, à savoir un duo improbable et un road trip, mais elle y ajoute cette fois une quête et flirte un peu plus avec les frontières entre les genres, mélangeant allègrement thèmes de SF et décor de fantasy avec un zeste de western et de grands espaces. On aime !

Paraissant sur internet, sur le site de prépublication Web Action, la série démarre à peine avec ses 2 volumes reliés, pourtant elle pose d’entrée des bases qui m’ont énormément séduites. Après une introduction sommaire et rapide où on voit nos héros en danger dans le désert, petit rétropédalage et retour en arrière pour nous présenter leur rencontre et comprendre comment ils en sont arrivés là. L’histoire se déroule dans un monde désertique où un jeune noble qui en a marre de ne pas pouvoir être « libre » part en voyage, mais au cours de son séjour dans une ville du désert à l’ombre d’une arche, il se fait attaquer dans un coupe-gorge, et au moment où il va mourir, une cybernéticienne passe par là et réalise son voeu : lui donner un corps pour qu’il puisse être libre.

Cette thématique de la liberté va nourrir toute l’oeuvre. L’autrice nous montre à travers ces personnages et les lieux visités tout un panel d’entraves à la liberté mais également de puissants désirs émancipateurs. Yote, par exemple, est l’archétype du noble naïf qui vit dans sa bulle paradisiaque et pourtant il n’est pas heureux et ne se sent pas libre. Il cherche donc à la fuir et à éprouver une vraie liberté de mouvements. A l’inverse, Doga, qui va l’aider dans sa quête, est une jeune fille sans attache qui peut sembler libre mais qui est coincée dans sa ville de naissance sans perspective. Yote, en lui demander de l’accompagner jusqu’à la mer, va ainsi lui ouvrir des portes inattendues.

J’ai ainsi beaucoup aimé le décor mêlant fantasy et steampunk que nous propose l’autrice. On y sent bien le côté mortifère avec ses noblesses qui ne vit que dans un décor en carton, ou ce peuple enfermé dans les traditions et sous le joug de lois que les dépassent. La ville de Doga est un magnifique exemple de prison à ciel ouvert, où les lois empêchent les gens de vivre librement. L’arche étant classée, ils n’ont pas le droit de s’en approcher ou d’aller dans certains quartiers, pas le droit de profiter de ses richesses, ce qui les pousse à une vie de misère et de danger. Ils sont coincés là, dans cette routine, dans ce marasme. Alors forcément, quelqu’un comme Yote avec ses rêves, c’est une bouffée d’air frais !

La dynamique qui se met en place entre lui et Doga est classique. On a une baroudeuse orpheline d’un côté, un noble naïf de l’autre. Le décalage de leurs interactions est amusant. On en plus des physiques assez atypiques, ce que je salue. Doga n’est pas filiforme et a de vraies formes. Merci à l’autrice ! Yote est un cyborg un peu raté avec des yeux qui partent dans des coins opposés ou des membres qui se coincent dans des positions improbables. Forcément on sent que leur périple ne sera pas de tout repos entre leurs limites physiques et leur méconnaissance respective du monde qu’ils vont tenter de parcourir. C’est une quête un peu surréaliste et improbable, pour ne pas dire vaine, dans laquelle ils se lancent, aucun n’ayant vu l’océan, tous les deux cherchant un mythe non prouvé, mais c’est la beauté du geste qui compte. Il faut chercher la liberté !

Les dessins de l’autrice en plus se prêtent à merveille à ce décor avec leur filtre un peu rude, leur trait un peu crayonneux et brouillon. Elle a une patte qui se remarque et me séduit personnellement, aussi bien dans les physiques atypiques des personnages loin des credo habituels que dans les décors de cette ville multiples où se côtoient pauvreté et richesse, belles gare moderne steampunk et souk à la mode de Tunis avec mines cachées sous les maisons pauvres. C’est vraiment riche et surprenant.

Titre plein d’un bel enthousiasme positif, d’emblée Doga m’a séduite par sa quête de liberté dans un monde qui pourrait être oppressif, mais dont les limites sont là pour mieux nous montrer la force que les héros déploient pour être libres. C’est motivant ! Si vous aimez comme moi les décors très marqués par la pop culture, le mélange des genres et les pattes graphiques assumés mais atypiques car loin du côté lisse des titres mainstream, venez vous embarquer dans cette quête infernale aux côtés de notre noble cyborg et sa guide orpheline débrouillarde, l’aventure est garantie !

(Merci à Kioon de me permettre de continuer à suivre l’autrice)

Ce diaporama nécessite JavaScript.

7 commentaires sur “Doga of the Great Arch de Takeda Toryumon

      1. 😆 Effectivement c’est plus raccord avec le reste de ton billet maintenant ^^

        Je ne sais pas si ça peut me plaire, je ne l’ajoute pas à ma liste pour l’instant, mais peut-être que tu sauras me convaincre quand tu auras lu toute la série 😉

        Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire