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Springald de Kazuhiro Fujita

Titre : Springald

Auteur : Kazuhiro Fujita

Traduction : Sébastien Ludmann

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Année de parution vf : 2017

Nombre de pages vf : 247

Histoire : Au cœur de Scotland Yard, le Black Museum conserve secrètement les pièces à conviction des enquêtes liées aux pires criminels du pays, dont le mystérieux Jack Talons-à-Ressort…
Londres, 1837. Un monstre aux jambes immenses, à la bouche en feu et aux griffes acérées apparaît la nuit pour déchirer les vêtements d’innocentes jeunes filles avant de s’enfuir en sautant de toit en toit, ne laissant derrière lui que l’écho d’un rire aigu aux accents de folie… Son surnom : Jack Talons-à-Ressort !
Le criminel disparaît de lui-même au bout de six mois… avant de refaire la une des journaux trois ans plus tard. Mais cette fois, pour meurtre ! Ce qui avait des allures de farce a pris un tour macabre : les victimes, toutes des femmes, sont retrouvées éventrées… L’inspecteur James Rockenfield, connu pour ses méthodes d’investigation brutales, s’est juré de mettre la main sur l’insaisissable Jack. Hélas, l’enquête se corse lorsque les indices le mènent aux portes du manoir d’un des nobles les plus fortunés du pays…
Kazuhiro Fujita revisite avec brio le mythe de Jack Talons-à-Ressort, une des légendes urbaines les plus populaires de l’Angleterre du XIXe siècle ! Entre faits réels, dark fantasy et steampunk, laissez-vous entraîner dans l’univers sombre du premier récit de la collection “Black Museum” !

Mon avis :

Après Crescent Moon, Dance with the Monster et Ghost & Lady, je poursuis ma découverte à rebours des titres du « Black Muséum » de Kazuhiro Fujita, avec cette fois le premier texte de l’auteur. Et quelles racines enthousiasmantes !

Même si j’ai aimé Crescent et  Ghost & Lady,il me manquait toujours quelque chose à chaque fois. Je suis surprise de découvrir que c’est lors de la première incursion de l’auteur dans cet univers que l’histoire est la plus fine et la plus complète pour moi. Cette fois pas de revendication féministe ou de grands noms comme Mary Shelley et Florence Nightingale, non l’auteur se plonge plutôt dans les racines du Black Museum avec une vraie affaire, un vrai fait divers ayant secoué l’Angleterre au XIXe : le cas de Jack aux pas rebondissants.

J‘ai beaucoup aimé ce changement d’atmosphère par rapport aux histoires qui suivront. Nous sommes réellement sur une affaire où nous suivons un enquêteur de Scotland Yard. Ainsi l’auteur nous invite réellement dans cette Angleterre victorienne et nous explique vraiment ce qu’est le Black Museum et pourquoi cette affaire de Jack a défrayé la chronique, le tout à l’aide d’encarts explicatifs en fin de chapitre très pertinent. C’est complètement différent des autres où peut-être l’auteur se repose un peu trop sur son concept. Ici, il y a un vrai dialogue entre l’affaire, le musée et la conservatrice, ce que j’ai de loin préféré.

Il faut dire aussi que l’histoire m’a beaucoup plu parce que nous étions dans une ambiance d’enquête à la Sherlock Holmes, avec un enquêteur proactif et un présumé coupable très malin. J’ai aimé retrouver cette ambiance de confrontation entre deux génies mais également de disputes sur fond de lutte des classes. Ça collait parfaitement au cadre. L’auteur en plus rend très bien le décor de cette Angleterre du XIXe à travers le portrait d’un noble oisif qui fait des bêtises parce qu’il s’ennuie, ou encore de ces gens du peuple obligés de travailler en-dessous de leur condition lorsqu’ils souffrent d’un revers de fortune, sans oublier dans l’histoire annexe cette dénonciation de ceux que je vais appeler « les pédophiles – arty », qu’on a trop souvent pardonnés et cachés parce que ce sont des artistes (Lewis Carroll *kof kof*…). C’est donc très réussi.

L’histoire se veut en plus très dynamique, avec cette fois un bon dosage entre action, revendication, morale et écriture des personnages. J’ai trouvé Walter particulièrement intéressant dans sa rédemption de garçon foufou qui réalise ses erreurs et cherche à les corriger. J’ai trouvé qu’il y avait une bonne dynamique entre lui et le détective. Après, je reconnais aussi que l’auteur est assez caricatural dans la représentation qu’il fait des autres moteurs de l’histoire : soubrette, fiancé, ami sous influence, etc. Mais il se dégage quelque chose d’enthousiasmant ici dans cette sorte de lutte contre le mal en mode super-héros barré avant l’heure.

Il faut dire que Fujita a toujours l’art et la manière pour imaginer des situations folles et ici le costume du fameux Jack rebondissant est assez fou. C’est une très belle extrapolation, un brin steampunk, de ce que les inventeurs fous pouvaient créer au XIXe, ici une sorte d’exo-squelette à ressort ! Et avec son masque et son costume, cela donnait à l’ensemble des allures de fantôme de l’opéra gothique juste saisissant. J’ai adoré ! Comme en plus, Fujita dose bien pour une fois son action et ses affrontements, nous sommes face à une mise en scène dynamique mais soignée, qui fait rêver et amuse, tout en mettant des étoiles dans les yeux. J’ai adoré !

Et le bonus émotionnel a été la cerise sur le gâteau. Comment ne pas être touchée par ce noble repentant et ensuite le cri du coeur de cette enfant abusée dans l’histoire bonus où nous croisons la nièce de Walter quelques années plus tard. Je ne sais pas d’où est venue l’idée à l’auteur d’évoquer le cas de ces enfants pris en photo contre leur gré de manière sexualisée, mais j’ai adoré qu’il ose dénoncer cette horrible pratique qu’on célèbre encore trop comme « de l’art ». Beurk !

Avec surprise, mon exploration du Black Museum se termine sur le constat que pour moi, c’est dans la première histoire que l’auteur est le plus juste. J’ai adoré ce mélange d’enquête et de steampunk avec la juste dose d’imagination loufoque dont sait faire preuve l’auteur. C’est barré, percutant et émouvant aussi avec un beau rendu d’un fait divers londonien de l’époque et de riches informations sur ce XIXe et ce Black Museum, ce qui manque un peu dans les histoires suivantes. Parfois les auteurs se bonifient avec le temps. D’autres fois, ils se reposent un peu trop sur leur concept 😉

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7 commentaires sur “Springald de Kazuhiro Fujita

  1. J’aime beaucoup cette couverture, il y a un côté ancien, un peu grimoire je trouve. Et c’est intéressant de ne pas seulement penser au décor de l’époque mais aussi d’inclure les faits de société qui y étaient associés. Ça semble sombre et décalé à la fois, merci pour cette découverte 🙂

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      1. Ah, vraiment ? Pourtant la couverture verte que tu présentes dans ton article colle bien à ce que tu nous présente je trouve, et la collection (d’après ce que je vois sur internet) a l’air pas trop mal. Comme tu dis, ça fait un bel effet d’ensemble. 😉

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  2. J’ai peu de souvenir de Springald. Je me souviens avoir bien aimé tout en trouvant que le manga manquait de consistance par rapport à Moonlight Act qui était en cours à l’époque. En tout cas ton avis très positif me donne envie de me replonger dedans!

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    1. Il faudrait que je retente Moonlight du coup. Je n’avais pas dû trop accrocher à l’époque car je n’avais pas poursuivi mais vu comme j’aime l’auteur désormais ça aura peut-être changé. Le seul hic, si j’aime, trouver les autres tomes 😅

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