Titre : Port d’âmes
Auteur : Lionel Davoust
Éditeur poche : Folio SF
Année de parution poche : 2017
Nombre de pages : 672
Histoire : Rhuys ap Kaledán est un héritier déchu.
Tout juste libéré de la servitude et des galères, il rejoint la cité franche d’Aniagrad, où tout se vend et tout s’achète, pour reconquérir l’honneur de sa famille. L’occasion lui en est rapidement donnée : Edelcar Menziel, un ancien ami de son père, lui propose de travailler sur la conversion dranique, un procédé perdu depuis des siècles qui permettrait de réaliser des machines magiques. Résolu à tracer son chemin dans la haute société de la ville, le jeune homme s’investit de tout son cœur dans le projet.
Mais bientôt, coincé entre des intrigues politiques et son amour pour une mystérieuse jeune femme qui vend des fragments de son âme pour survivre, Rhuys découvre que le passé recèle des secrets bien sombres et tortueux. Aux prises avec l’ambition, la duplicité et le mensonge, il devra se montrer plus rusé que ses ennemis s’il veut atteindre son but sans perdre son âme.
Mon avis :
Je continue mes découvertes d’auteurs français de fantasy avec la plume de Lionel Davoust dans ce titre évocateur qu’est Port d’âmes. Si j’ai aimé le style et l’univers de l’auteur, je reste un peu sur ma faim quant à l’histoire que j’imaginais emprunter d’autres chemins.
Avec Port d’âmes, nous embarquons dans l’histoire de Rhuys, jeune noble déchu, qui vient de sortir de 8 ans d’esclavage à bord d’un bateau. Il débarque donc dans le port d’Aniagrad, une cité qui renferme bien des secrets. Très vite, j’ai compris que contrairement à ce que je croyais, ce ne serait pas le récit d’un jeune noble qui allait reconquérir son titre et sa place à la force de ses bras pour retourner en conquérant sur ses terres. Non, Port d’âmes est un récit bien plus fin et intimiste dans lequel on s’attache aux manigances des différentes puissances présentes dans la ville d’Aniagrad autour d’une science/magie légendaire, et Rhyus ne sera qu’un rouage là-dedans.
Donc contrairement à ce que j’attendais, nous ne sommes avec un récit épique, un récit d’ampleur et ça m’a vraiment manqué mais c’est aussi ma faute puisque c’est moi qui m’attendais à ça alors qu’on ne me l’avait pas promis. Du coup, face à ce récit dans une ville sale, oppressante et dérangeante, je me suis sentie assez vite mal à l’aise. J’ai trouvé le parcours de Rhuys fort longuet, seule la fin où l’auteur révèle des pans du mystérieux passé de la ville et de cet univers m’a vraiment accrochée et fait tourner les pages plus vite. Pour le reste, on suit les manoeuvres de Rhuys pour s’en sortir tandis qu’il joue double jeu entre la puissante Administration de la ville et le Cartel entre les griffes duquel il est tombé. C’est très très long pour peu de choses au final.
Heureusement, au milieu de tout ça, nous avons un héros très intéressant. C’est d’abord un tout jeune homme qui a dû grandir trop vite et qui n’a jamais pu couper vraiment le cordon avec sa famille. Il idéalise son père mais la vie va vite lui apprendre à nuancer sa vision du monde et du passé. J’ai beaucoup aimé le voir ouvrir les yeux sur les complexités et les noirceurs de son univers, tout en conservant sa part de douce naïveté. Celle-ci est incarnée par le très beau et tragique personnage de la Vendeuse d’âme qu’on découvrira au fil des pages et qui est le personnage le plus intéressant de l’histoire pour moi, même si son histoire est un peu en marge.
J’ai trouvé que Lionel Davoust avait un talent certain pour mêler une histoire digne d’un thriller (Rhuys, le Cartel et l’Administration) et celle bien plus tragique de cette poétesse perdue. Les deux pans de l’histoire se rejoignent à merveille dans la morale à la fin de l’histoire que je ne révèlerai pas ici bien sûr. Par contre, du coup, j’ai bien senti qu’on était dans un roman qui apportait en quelque sorte la dernière pierre à un édifice bien plus vaste et je suis donc assez frustrée de ne pas l’avoir su avant et de ne pas avoir pu lire (en poche aussi) les autres titres écrits par l’auteur qui se passent dans cet univers. Celui-ci avec son mélange d’univers portuaire, mafieux et surtout sa touche orientale est vraiment très réussi. Il apporte une vraie touche d’exotisme bienvenue où le drame n’est jamais bien loin se drapant de son mystère.
Si je n’avais pas eu des attentes aussi éloignées de ce que proposait le récit, si celui-ci avait été un peu plus rythmé et si j’avais pu découvrir l’ampleur de cet univers plus tôt, je pense que je l’aurais bien plus apprécié et que ma note ne serait pas aussi mitigée, c’est dommage.