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Nos c(h)oeurs évanescents de Yuhki Kamatani

 

Titre : Nos c(h)oeurs évanescents

Auteur : Yuhki Kamatani

Éditeur vf : Akata (M)

Années de parution vf : 2020-2022

Nombre de tomes vf : 8 (série terminée)

Histoire : Yukata Aoi est un jeune garçon particulièrement sensible et réservé. Introverti, c’est grâce à la musique et au chant qu’il s’ouvre aux autres. Aussi, en entrant au collège, il souhaite intégrer la chorale. Avec sa voix d’ange très cristalline, il espère même devenir soprano. Mais tandis que la chorale manque de voix masculines, acceptera-t-on qu’il interprète une partie souvent confiée à des femmes ?

Mon avis :

Tome 1

Vraiment découverte grâce à Éclat(s) d’âme il y a 2 ans, je suis désormais fan du trait, des ambiances et des compositions de Yuhki Kamatani. Alors forcément quand on me propose un titre sur la musique avec des couvertures et un chara-design aussi beaux, je ne peux que craquer !

Fini les questions de recherche d’identité sexuelle, place à un héros hypersensible et hyperdoué en chant qui cherche à trouver sa place dans le monde grâce à sa voix magique. Avec ce magnifique titre trouvé par Akata, Nos c(h)oeurs évanescents, nous allons suivre ses premiers pas dans la chorale de son collège où il va se faire des amis après tant d’année difficile à cause de sa trop grande sensibilité aux sons qui l’entourent.

Si je n’ai pas de suite été touchée par l’histoire parce que j’ai trouvé celle-ci un peu longue à démarrer et reposant trop sur la naïveté et la pureté de son héros, mais on en reparlera, j’ai par contre d’emblée été séduite pour le graphisme. Forcément, on retrouve toute la poésie du trait de Yuhki Kamatani dans ce nouveau titre. Ses dessins virevoltent encore une fois à travers les pages de son histoire renforçant les propos qu’elle souhaite faire passer. On ressent très bien toute la sensibilité qu’elle met dans cette histoire grâce à eux. Ils sont rond, doux, purs et enchanteurs, plein de métaphores et emportent le lecteur dans un autre monde, un monde où les sons prennent vie. Magique !

L’histoire fut un peu plus abrupte pour moi. J’ai trouvé de suite le héros super mignon, avec son doux caractère et sa passion pour tous les sons qui l’entourent aussi bien musique que bruits du quotidien. Il parvenait à sublimer tout ce qui l’entourait. Mais en même temps, j’ai eu le sentiment qu’on en faisait un peu trop et ça m’empêchait de rentrer totalement dans l’histoire. A faire trop d’effet, ça ne sonne plus si juste. Pourtant l’histoire est adorable avec ce jeune prodige qui semble se faire ses premiers amis sous nos yeux et enfin vivre sa passion en chantant avec les autres. C’est doux, bon enfant, drôle même parfois. On ressent beaucoup de légèreté, celle de l’enfance qui n’est pas encore tout à fait éteinte dans ces premières années de collègues. C’est simple et plein de fraicheur grâce aux différentes interactions et moments du quotidien que l’on suit.

Du coup, je me demandais un peu où voulait en venir l’autrice parce que je l’imaginais mal s’en tenir là, et j’ai eu les réponses dans la deuxième partie. On sent bien au fil des pages qu’elle glisse de petits indices sur la différence de son héros mais tout ne prend sens qu’à la fin quand on réalise de quoi il souffre. C’est un sujet que je n’ai jamais vraiment vu aborder dans les mangas alors je suis ravie que ce soit le cas ici et qu’en plus ce soit couplé à la musique. L’hypersensibilité n’est pas simple à gérer au quotidien mais touche beaucoup d’individus alors je trouve ça intéressant de le voir ici surtout traité par une telle autrice. Ce sera un sujet dont je suivrai de près le développement en plus de la musique.

Celle-ci est vraiment l’un des thèmes que j’affectionne particulièrement dans la littérature car elle est vecteur d’énormément d’émotions et d’introspection aussi. Dans le cas présent, j’ai trouvé sa représentation magnifiée par les trouvailles graphiques de l’autrice, mais elle ne m’a pas encore faite vraiment vibrer comme dans Nana, Masked Noise ou Blue Giant, car je la trouve trop sage. C’est peut-être dû au fait que nous suivons une jeune chorale, mais j’attends encore d’être emportée. Cependant, j’aime la façon dont elle est abordée, moteur de création de liens et vecteur de guérison voire d’indépendance. Je trouve prometteur de suivre le héros dans sa double voie : chorale et opéra, ça promet quelque chose très riche.

Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur les personnages, encore un brin trop fades en comparaison du héros malgré la présence de plusieurs personnalités notables que je ne demande qu’à voir s’épanouir par la suite, que ce soit le président ou la vice-présidente du club, la brailleuse Takamine, le gentil Tomo, la timide Ise ou même les adultes encadrant. Je suis déjà grandir en moi une grande vague d’amour pour la mère courage d’Aoi, qui sait si bien accepter la particularité de son fils et l’accompagner dans ses passions, ainsi que pour le grand-père de Tomo et son café, qui ne sont pas sans rappeler l’ambiance du précédent titre de l’autrice.

Ainsi, même si ce ne fut pas un coup de coeur immédiat comme pour Éclat(s) d’âme, j’ai beaucoup aimé retrouver la mangaka et son univers graphique. Il faut laisser le temps à sa nouvelle histoire de s’installer et ne pas trop comparer les deux titres qui n’ont pas tout à fait la même vocation, même si on y retrouve le même désir de parler des minorités silencieuses afin de mieux les accepter et les intégrer dans la société pour qu’ils puissent s’y épanouir.

Tome 2

Encore un très joli tome, centré comme l’annonce la couverture sur le personnage d’Akitoshi, le président de la chorale. Revenons un instant sur cette couverture juste superbe et très symbolique où l’on retrouve plein de petits éléments décrivant bien le personnage. Elle m’a fortement rappelé l’univers de Piano no Mori (Piano Forest) que j’aime aussi beaucoup.

Ce sont des sentiments complexes qui sont mis en avant et décris dans ce tome, ceux d’un jeune garçon issu d’une famille comportant plusieurs prodiges, ce que lui-même n’est pas. Il a du mal à vivre en étant « normal » et cherche donc à tout prix à exploiter son potentiel, mais il va trop loin. Il ne sait pas comment faire ou jusqu’où aller. Akitoshi est un personnage vraiment très bien écrit, le genre à fleur de peau qui peut exploser en plein vol et blesser plein de gens autour de lui. Le suivre dans son parcours dans ce tome est un très beau moment, long, lent, compliqué, douloureux parfois aussi, mais très beau et salvateur. Sa relation avec le professeur responsable de la chorale est essentielle, tout part de là. Les deux hommes se ressemblent dans un sens, ils n’ont pas pu faire ce qu’ils voulaient dans la vie faute de talent en quelque sorte, mais ils n’ont pas abandonné pour autant et travaillent d’arrache-pied sauf qu’ils s’y prennent mal. Ce sont deux garçons forts maladroits, notamment dans l’expression de leurs sentiments et ils ont donc besoin d’aide pour s’entendre, se comprendre et faire la paix.

Le groupe est donc essentiel dans ce tome, ce que j’apprécie beaucoup. L’autrice développe une vraie cohésion au sein de cette chorale de collégiens alors qu’ils sont tous différents et qu’il y a des individualités fortes et des divergences. Mais un même sentiment les anime, une même passion, une même envie de chanter pour eux et pour les autres, c’est ce qui les sauve. C’est vraiment extrêmement touchant et même si tous les personnages ne sont pas encore développés et que beaucoup restent encore un peu flou, il n’empêche que c’est un groupe chaleureux dans lequel on aurait envie de s’intégrer car ils acceptent tout le monde du plus talentueux au plus médiocre, ils ne se retournent pas contre celui qui les houspillent mais cherchent à l’aide. C’est une belle mentalité et de belles valeurs à transmettre.

En dehors de cela, on suit notre petite chorale qui avance entre différentes répétitions. Ils cherchent à mieux comprendre le processus pour que leurs performances fonctionnent et gagnent en qualité. On les voit travailler les chansons, s’inscrire à de nouveaux concours, gagner la confiance de leur professeur pour les aider. En parallèle, on assiste aux tout tout premiers pas d’Aoi dans la troupe de l’opéra aux côtés de Machiya, mais ils sont un peu en retrait cette fois vu que l’autrice a fait le choix de mettre Akitoshi en avant, c’est bien aussi de varier les premiers rôles.

C’est graphiquement toujours aussi sublime, toujours plein de métaphores visuelles et avec une composition virevoltante et poétique qui fait voyager aussi bien dans le monde de la musique qu’à l’intérieur des sentiments complexes des personnages. Je suis vraiment fan du style de l’autrice qui me parle énormément.

Ce nouveau tome est donc encore une belle réussite. C’est un très beau titre sur l’enfance et le rapport à l’intime. A chaque tome, on découvre les failles d’un nouveau personnage et son parcours pour avancer tout de même. C’est vraiment très touchant.

Tome 3

Vraiment quelle beauté ce titre ! En dehors de l’histoire, qui me touche beaucoup, c’est surtout l’expérience graphique que je risque de retenir avec ce titre tant le travail de l’autrice est exceptionnel.

Cependant même si j’adore la série, j’ai vécu une drôle d’expérience avec la lecture de ce tome. J’ai à la fois trouvé le développement de l’histoire intéressant et le rythme bancal, ce qui ne devrait pas être le cas au vu du premier point… J’ai du mal à l’expliquer.

L’histoire se partage en deux pôles : la chorale de l’école qui se prépare pour son grand concours avec Monsieur Ota qui leur ouvre de nouveaux horizons et la dépression de Yutaka suite à sa rencontre avec le prodige Vladimir. J’ai beaucoup aimé le premier point. J’ai enfin vraiment eu l’impression d’entendre parler de chant dans cette série. On aborde la technique, les différents types d’enseignement, de chorale, les concours. Avant c’était un peu abstrait, là ça devient réel. A l’inverse, je suis partagée concernant l’intrigue autour de Yutaka. J’ai beaucoup aimé sa rencontre avec Vladimir, ou plutôt j’ai beaucoup aimé découvrir Vladimir, qui a un charisme fou pour son âge. Il est mature, a du répondant et a su tracer son chemin dans la vie. Alors forcément quand il tombe sur Yutaka, qui est bien plus mou et lisse que lui, ça fait des étincelles. J’ai trouvé l’opposition bien amenée et bien menée. Elle est nécessaire pour faire évoluer un héros trop apathique, mais le revers c’est que j’ai eu le sentiment que tout prenait des proportions énormes. Du coup, Yutaka m’a été moins sympathique et m’a agacée dans ce tome.

Pourtant, paradoxalement, je ne suis pas à une contradiction près, le traitement de ses troubles m’a frappée et émue. Cette gêne extrême que les sons représentent pour lui est pour moi le signe de tout autre chose et j’aimerais bien que l’autrice creuse cela. On sent bien qu’il n’est pas bien dans sa peau, dans sa vie. Sa mère fait tout ce qu’elle peut pour lui mais ça ne suffit pas, son malaise est trop grand, trop profond. Pour moi, c’est un héros dépressif que j’ai l’impression de voir. Peut-être que je me trompe mais ce serait vraiment original de voir le sujet traité avec un adolescent.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que graphiquement ce fut encore un enchantement. Je suis frappée par la force des métaphores graphiques de l’autrice qui envahissent la lecture. Ça virevolte à chaque page. Ce n’est pas juste accessoire, ça sert vraiment l’histoire. Ça la rend plus forte, plus puissante. Ça oublie le lecteur à imaginer plein de choses avec ce qu’ils sou-tendent. J’aime beaucoup cette double lecture. Cependant, petite déception, au vu de la couverture je m’attendais à voir plus Ise intervenir dans l’histoire, voire à découvrir son histoire à elle, or elle est juste une observatrice privilégiée dont on entend la voix intérieure. Ça ne m’a pas suffit.

La lecture de ce nouveau tome fut encore un très beau moment, riche en émotions diverses et variées. J’ai adoré le voyage graphique. J’ai été plus partagée en ce qui concerne l’évolution de l’historie et en particulier du héros même si je sais qu’au fond l’autrice a fait les bons choix et qu’elle est cohérente dans ce qu’elle raconte. En tout cas, dur de ne pas être touchée par ce qu’on lit et voit.

Tome 4

Nos c(h)oeurs évanescents est une série qui joue un peu au yoyo pour moi. Il y a des choses que j’adore dedans, notamment la composition graphique terriblement poétique et métaphorique, ou encore le sujet de l’hypersensibilité et de la timidité. Mais je le trouve aussi un peu maladroit et inabouti dans son écriture par moment. Ce tome a encore cet écueil.

Il s’ouvre pourtant de manière superbe avec une première partie autour du personnage d’Ise, de sa timidité, de sa difficulté à communiquer, qui est juste terriblement puissant. Je me suis vraiment retrouvée en elle et les métaphores utilisées par l’autrice pour mettre des mots et des images sur son malaise et ses difficultés sont extrêmement bien trouvées. La mettre en plus en vis-à-vis avec Machiya, qui est son opposée (mais qui a une situation familiale encore plus compliquée, dont j’espère qu’on reparlera), est super bien trouvé. Ensemble, elles vont débloquer la situation et vraiment trouver une solution équilibrée à ce qui pèse à Ise. Ce ne sera pas forcé, pas imposé, mais travaillé à deux et c’est ce qui rend la chose d’autant plus belle, puissante et libératoire. J’ai adoré.

En revanche, je suis plus réservée sur la deuxième partie consacrée à Aoi (le héros mal nommé). On essaie à nouveau de le faire revenir, de résoudre son problème, mais j’ai trouvé le traitement vraiment maladroit. On sent qu’à ce moment de l’histoire, il est nécessaire qu’il revienne vers les autres. On cherche donc un moyen pour cela, mais celui trouvé ne m’a pas convaincue, de même que l’enchaînement des scènes conduisant à ce retour. L’élément déclencheur est mal exploité ou mal mis en avant au choix, et cela tome un moment narratif plutôt faiblard et maladroit, malgré le souffle que l’autrice a cherché à insuffler. C’est vraiment dommage.

Heureusement, le résultat est là et ça fait plaisir de le voir chanter avec tout le monde, prendre confiance, aller de l’avant, se confronter à son rival. Enfin, il prend sa souffrance à bras le corps et la surmonte, apprend à faire avec, à évoluer. En revanche, je n’approuve pas ce qu’il fait à ce dernier (Popov), il le blesse comme lui-même avait été blessé, je sais bien que c’est pour avancer, mais je n’aime pas ça. Popov m’a fait beaucoup de peine avec cette façon destructrice dont il exprime son mal être et sa souffrance. J’espère d’ailleurs qu’on va développer son histoire, qui a l’air tout aussi tragique et douloureuse que les autres.

Ainsi ce tome a démarré de façon vraiment marquante et impactante pour moi, mais il a ensuite basculé vers quelque chose de prévisible et maladroit auquel il manque la finesse trouvée précédemment, pour se terminer sur un moment presque cruel. Alors certes, j’ai moins aimé, mais ça m’a encore une fois remuée, preuve que c’est quand même très bien écrit dans l’ensemble.

Tome 5

J’avais un peu moins aimé le tome précédent que les autres, lui reprochant un héros auquel j’avais toujours autant de mal à adhérer et un tournant prévisible et maladroit. Heureusement, l’autrice est partie dans une autre direction ici, me réconciliant par la même occasion, même si ce n’est pas exempt de défaut.

Le plus gros défaut de ce tome est également sa plus grande qualité : l’introduction de la famille de Yutaka. On rencontre enfin son père et son frère, mais ceux-ci sortent complètement de nulle part et sont vraiment totalement irréalistes. Cela donne une famille improbable et tout sauf réaliste, mais c’est également sa force. Le père de Yutaka est plein d’une douce bonhommie, mettant de la force et de la douceur en même temps dans cette famille, lui apportant la solidité et l’ancrage qu’il lui manquait. Minoru, lui, est un feu follet surprenant mais qui cache une vraie complexité, puisqu’il est le grand frère de Yutaka et qu’il a dû « subir », oui je dis bien subir, la différence de son frère.

Minoru est clairement LE personnage qui porte ce tome sur ses épaules. Il a un petit côté être surnaturel qui me plaît beaucoup et en même temps, il semble cacher un mal être, passé ou présent je ne sais, certain ! J’aime beaucoup les nuances qu’il apporte discrètement à l’histoire. Il va être celui qui va aider et motiver la troupe de Yutaka. Il va être celui qui va conseiller son jeune frère dans ses relations. Il va être celui qui va tenter d’apaiser un Vladimir à la dérive car il grandit et perd sa voix d’enfant. Mais surtout, je vois en lui, le grand frère victime, en quelque sorte, des perturbations qu’un enfant comme Yutaka peut amener au sein d’une famille, et étant moi-même la soeur aînée d’une personne handicapée, forcément ça me parle. Les quelques brèves images où on entrevoit son désarroi face à l’abandon qu’il ressent de sa mère qui s’occupe de son jeune frère alors que lui-même est en situation de détresse, m’ont bouleversée. J’espère donc que ce pan de l’histoire aura aussi droit à son développement et que l’autrice fera quelque chose de cette famille atypique et ne s’en servira pas juste comme d’un décor.

Pour ce qui est de l’histoire principale, elle avance joliment, avec d’un côté le concours qui approche et qu’il faut préparer. Il donne lieu à de jolis moments de travail et de cohésion de groupe qui font chaud au coeur. Et de l’autre des focus toujours aussi intéressants sur les personnages qui composent la chorale. C’est au tour de Tomo, ce grand échalas qu’on a tendance à considérer comme plus mature qu’il ne l’ait en fait. L’habit ne fait pas le moine et il aimerait bien qu’on lui laisse sa place d’enfant, ce qu’il est parfaitement en droit de réclamer. C’est également une belle critique de ses parents qui se déchirent sans penser à leurs enfants. J’espère que l’autrice poussera un peu cela et ne le laissera pas en suspens.

Ainsi ce nouveau tome riche en événements fut vraiment une lecture passionnante. J’ai adoré la nouvelle dynamique apportée par l’arrivée du frère de Yutaka, personnage haut en couleurs mais très intéressant. Graphiquement, c’est toujours aussi ravissant de virtuosité, mais ça manque souvent d’émotion pour moi, le forme prenant le dessus sur le fond dans ces moments-là. J’espère juste que toutes les petites pistes instillées dans ce tome seront exploitées jusqu’au bout ensuite car elles me plaisent beaucoup.

Tome 6

Un récit chorale toujours aussi beau et poignant sur ce difficile moment qu’est la puberté. L’autrice propose vraiment un récit riche en exemple de toutes sortes mais qui garde toujours un message positif et lumineux, plein d’espoir !

Le retour de Popo ainsi que l’arrivée du frère de Yutaka ont vraiment apporté une nouvelle dynamique au récit et ça me plaît beaucoup. L’autrice s’attarde grâce à eux au complexe problème des changements corporels et physiologique dues à la puberté et plus particulièrement à la mue de la voix, élément clé pour des chanteurs comme eux. C’est l’occasion de traiter des complexes et troubles que cela peut occasionner de voir les éléments qui nous constituent changer sans qu’on le désire. Le cheminement n’a rien de simple mais l’autrice propose une jolie voie pour peu à peu apprendre à accepter et/ou appréhender ce nouveau moi. J’ai adoré !

J’ai toujours été fascinée par la figure de Popo/Vladimir et cela se confirme ici. Yutaka, sensé être le héros de cette histoire, est complètement effacé par les autres. Vladimir a un parcours de vie bien plus fort dans ce que l’autrice nous expose, tout comme le frère de Yutaka. Mais ce ne sont pas les seuls, le focus que l’on fait dans ce tome sur Machiya et Mito leur donne également une carrure et une prestance qu’il n’a pas. Je me dis que c’est peut-être parce que Yuhki Kamatani se réserve les derniers tomes pour traiter son personnage, mais en attendant je trouve dommage de voir le héros autant en retrait et si mal traité au final.

Pour revenir à Machiya et Mito, avec elles viennent se posent de nouvelles questions qui m’ont à nouveau émue. Mito est une jeune fille mal dans sa peau, dans son corps. Elle semble être un être en transition, né dans un corps de femme mais désirant peut-être plus un corps d’homme ou certaine particularité de celui-ci. Ce n’est pas très clair, ni pour elle, ni pour nous, mais cela confère une très belle âme à ce personnage dont les atermoiements m’ont touchée.

Pour Machiya, le problème est tout autre et en même pas si différent. Elle s’interroge elle aussi sur son devenir, celle qu’elle aimerait être, mais pas du point de vue de son corps, du point de vue de son être. Vient ainsi avec elle, la question du devenir de chacun car il est dur à cet âge-là de savoir ce qu’on aimerait faire ou être plus tard. Les activités qu’elle fait avec la chorale de l’école et l’Opéra de la ville lui ouvre des opportunités auxquelles elle n’aurait jamais rêvé et c’est tout aussi dur que quand on n’en a pas. On se sent aussi parfois perdu face à tout ça.

La beauté du titre est de montrer que c’est dans le collectif, dans les amis qu’on se fait, la famille qu’on choisit pour nous accompagner et les soutiens que l’on peut trouver partout, qu’on peut trouver la force pour oser être nous-même ou chercher à l’être. C’est particulièrement émouvant et touchant.

Les dessins de Yuhki Kamatani sont toujours aussi beau et poétique, plein de métaphores saisissantes qui virevoltent à chaque page jusqu’à parfois nous engloutir, mais également nous apportant beaucoup de force et de positivité. L’autrice excelle aussi bien à montrer la profonde dépression des personnages que leur moment de révélation où enfin ils se trouvent. C’est magique.

Ce nouveau tome avec le héros encore une fois en retrait m’a encore enchantée. J’ai adoré assister à la renaissance de Vladimir grâce au soutien de Yutaka, son frère et toute la chorale. J’ai aussi été très émue par la recherche du soi futur de Machiya et de Mito. Nos c(h)oeurs évanescents est un titre terriblement émouvant.

Tome 7

Nos c(h)oeurs évanescents continue de me séduire par son graphisme onirique et ses histoires d’adolescents en proie aux changements dus à leur âge, une époque charnière pas facile à passer.

A un tome de la fin, cependant, le propos de l’autrice a beau être clair, son histoire ne l’est pas forcément de bout en bout, elle. Il se dégage quelque chose d’assez brouillon dans les chapitres contant les moments suivant leur défaite au concours de chorale auquel ils ont participé. Un peu comme l’esprit en ébullition de nos collégiens qui cherchent encore leur marque, les chapitres peinent à trouver une ligne claire et nous perdent dans les circonvolutions des interrogations de chacun. C’est perturbant mais intéressant comme fusion entre la forme d’une histoire et ce qu’elle cherche à raconter.

Ainsi, j’ai beaucoup aimé voir les personnages se chercher, que ce soit Machiya qui se sent responsable de la défaite de sa chorale et cherche une nouvelle voie où le chant n’occuperait pas tout, car elle se sent dépassée après y avoir consacré tout son temps ; ou Aoi dont la voix est en train de muer et qui ne souhaite peut-être pas reproduire ce qu’il a vu son frère vivre à son époque ; ou celui-ci justement qui est une ode à la fluidité, prônant de vivre comme on l’entend car il a trop souffert des attentes des autres, c’est ainsi un très beau modèle pour Mito qui se cherche dans son genre justement. Yuhki Kamatani parvient ainsi à travers une simple histoire de chorale à toucher beaucoup de choses l’air de rien, des troubles émotionnels et physiques de l’adolescence, aux questionnements encore plus intime sur son genre et sa sexualité, en passant par l’éternelle question de ce qu’on voudrait faire plus tard. C’est excellent.

Les personnages qu’elle a su imaginer ont donc tous quelque chose de charmant en eux qui touchent profondément le lecteur par les interrogations internes mais également par les relations qu’ils ont établi entre eux. Ainsi, Aoi qui était un peu le feu follet solitaire du groupe, se retrouve bien mieux intégré et ça l’a aidé à grandir et à accepter de ne pas rester un éternel Peter Pan, mais il n’y a pas que lui. Ça fait plaisir de voir la cohésion de ce groupe, l’amitié qui les relie et même les sentiments que leur professeur a désormais développé pour eux, lui, qui se fichait comme d’une guigne de la chorale.

Après, contrairement à sa précédente série chez Akata : Eclat(s) d’âme, je ne peux m’empêcher de trouver celle-ci plus brouillonne et moins impactante. L’autrice en fait trop sur l’expression des drames adolescents. Cela manque donc de fraîcheur et de simplicité. Je sais donc que le titre me marquera moins profondément, mais je retiendrais une belle fable sur l’adolescence desservie par des dessins virevoltants magiques, qui ont vraiment été travaillés exprès pour cette oeuvre, comme le démontre le chapitre bonus que nous en avant en fin de tome, qui est une sorte de premier jet, et qui est bien plus plat de ce côté-là, car les dessins et leur découpage surtout sont on ne peut plus classique et bien loin de la virtuosité de la saga actuelle.

Nos c(h)oeurs évanescents avance donc tranquillement vers sa conclusion avec un héros qui s’est fait un beau groupe d’amis avec les complications que cela implique du fait d’entrer en relation avec d’autres, mais au moins il n’est plus l’éternel Peter Pan des débuts et c’est beau à voir combien la musique leur a apporté à tous !

Tome 8 – Fin

A l’image de cette couverture pleine de gaîté, ce dernier tome de Nos c(h)oeurs évanescents est lumineux !

J’ai été emportée ici dans un tourbillon de bonnes hontes, un tourbillon d’entrain et de bonne humeur pour lutter contre l’adversité et la morosité, parfois, de la vie d’adulte. L’autrice cherche à nous faire retrouver nos sensations de joie enfantine et elle y réussit à merveille avec des chapitres rayonnant de la magie du plaisir de chanter ensemble !

Pourtant, cela s’ouvre sur une note de tristesse avec le départ de Machiya pour les Etats-Unis et son abandon du chant, mais surprenant c’est Popo, LE personnage qui m’aura marquée dans cette série, qui va prendre les choses en main et entraîner tout le monde dans son fol projet pour redonner la joie de vivre à tous. Ce personnage qui gravite autour de tous depuis le début, s’est peu à peu transformé en véritable moteur de l’histoire aux côtés des camarades d’Aoi et je l’ai trouvé particulièrement intéressant. Il est franc, honnête parfois mordant mais toujours fidèle à lui-même et dans cet ultime volume, il réalise son souhait le plus cher : chanter avec tout le monde. Je suis ravie pour lui.

Pour nous lecteurs, c’est une euphorie permanente qui nous guette ici. La beauté des compositions picturales de Yuhki Kamatani est incroyable. Les notes s’échappent des pages, virevoltant comme des pétales de cerisier printaniers emportés par le vent. C’est d’une douceur et d’une poésie ! Et cela coïncide si bien avec le projet de redonner de la joie et de la bonne humeur à cette petite ville et cette chorale englués dans leurs problèmes très terre à terre. Chacun a perdu, l’une un concours, l’autre une bataille pour empêcher la construction d’une usine, et chacun est donc abattu. Mais ce projet de chanter ensemble pour Noël va redonner du peps et de l’envie à tous. La métamorphose est enclenchée !

Assez différente de sa série précédente arrivée chez nous, Eclat(s) d’âme, Nos c(h)oeurs évanescents a pour elle la fraîcheur de la jeunesse, l’entrain des jeunes années et l’émerveillement de la joie d’être ensemble. L’autrice y aura dépeint les portraits de jeunes tous différents les uns des autres, tous un peu mal dans leur peau au début, mais qui auront connu une bien belle évolution et acceptation grâce à leur rencontre au sein de cette chorale. L’autrice semble aimer les trajectoires de vie douce-amère qui trouvent un bel accomplissement dans leurs relations aux autres. Moi, j’ai été charmée par les évolutions de Popo, Aoi et ses camarades, mais aussi des adultes de l’histoire, que ce soit monsieur Ôta ou le frère d’Aoi, et c’est ça que je retiendrai de ce joli titre en plus des compositions merveilleuses que l’autrice nous aura offert tout du long. J’ai donc logiquement hâte de lire Hiraeth, la fin du voyage, son prochain titre chez nous, prévu à la rentrée.

TB lecture

12 commentaires sur “Nos c(h)oeurs évanescents de Yuhki Kamatani

    1. Oui, je suis tout de même bon public par ce genre de titres et l’autrice sait y faire, c’est juste qu’elle avait mis la barre vachement haut avec son manga précédent. Alors même si je suis ravie qu’elle y parle d’hypersensibilité, pour l’instant ça me touche moins qu’Eclat(s) d’âme qui mettait en scène des personnages plus âgés ^^!
      Je croise les doigts pour que ça se calme vite alors, qu’on puisse se ruer dans les librairies !

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  1. Pour ma part, je le préfère à éclat(s) d’âme, enfin sur le premier tome du moins, c’est plus clair, moins brouillon. J’avais trouvé l’autre manga assez nébuleux au début. Là, l’intrigue est plus simple et plus accessible.
    Du coup j’ai envie de relire Eclat(s) d’âme (^-^)

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    1. Ce que tu avais trouvé brouillon (et moi aussi) m’avait marqué, je l’avais aussi trouvé poétique et intriguant. Ici, et je pense que l’âge des personnages jouent, je suis moins embarquée. C’est plus lisible et donc plus lisse à mon goût. J’attends encore la claque et le mal être que j’avais reçue/ressenti avec Eclats d’âme ^^

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    1. Oui, il m’a manqué le petit truc en plus qui remue et marque comme dans Eclat(s) d’âme (je ne peux pas m’empêcher de comparer les deux ><) mais j'en reconnais toutes les qualités 😉

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  2. Pfiou c’était long, mais j’ai réussi à tout lire. la dernière fois je me suis arrêtée au tiers, la preuve que je n’étais vraiment pas encore assez en forme. Et c’était cette semaine.
    Contente que tu aies globalement apprécié
    ++

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  3. j’ai aussi découvert Yuhki Kamatani avec éclat(s) d’âme que j’ai beaucoup aimé.
    Ici le thème de la musique ne m’attirais pas du premier abord mais si le sujet c’est l’hypersensibilité pourquoi pas. En tout cas tu as titillé ma curiosité, j’ai maintenant envie d’en savoir plus sur ce titre.
    En revanche il y a un mot que tu as utilisé dans ta chronique qu m’a fait tiquer. Tu dis « on réalise de quoi il souffre » en faisant allusion à l’hypersensibilité. Dire qu’on souffre d’hypersensibilité c’est comme dire qu’on souffre d’yeux bleus ou de cheveux châtain. C’est pas une maladie, c’est un état. On est hypersensible et on apprends à vivre avec comme on apprend à vivre avec tout un tas d’autres caractéristiques peu commodes. Mais c’est pas une maladie, on ne « souffre » pas d’hypersensibilité, même si parfois ça fait souffrir… tu vois ce que je veux dire 😀 c’était la minute je pinaille sur les mots 😅

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    1. Ravie d’avoir su titiller ta curiosité.
      Et tu fais bien de pinailler sur les mots, tu as raison, c’est juste que ça le fait souffrir et que je ne voyais pas comment tourner les choses autrement, mais j’ai probablement été maladroite ^^!

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