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Le Voleur d’estampes de Camille Moulin-Dupré

Titre : Le Voleur d’estampes

Auteur : Camille Moulin-Dupré

Editeur vf : Glénat (seinen)

Année de parution : 2016-2019

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Japon, fin du XIXe siècle. Dans une société en crise, le Voleur mène une double vie. Le jour, il œuvre dans le restaurant portuaire de son père. La nuit, il dévalise la colline aux palais. Ce qui le guide : le frisson de l’aventure, la sensation de liberté, le sentiment que le monde lui appartient.
Jusqu’au jour où il cambriole le gouverneur. Jusqu’au jour où sa fille découvre son visage. Entre l’héritière, promise à un destin qu’elle refuse, et le Voleur, piqué dans son orgueil, se noue alors un étrange chassé-croisé…
Inclassable, poétique et artistique, Le Voleur d’estampes saura vous inviter au voyage dans une histoire dessinée et racontée comme un recueil d’estampes japonaises…

Mon avis :

Tome 1

Aimant et lisant des mangas depuis plus de 25 ans, il est normal que j’aie fini par m’intéresser également à la culture japonaise. Alors quand j’ai vu Le voleur d’estampes dans les propositions de lectures gratuites offertes par Glénat ce mois-ci, j’ai été intriguée.

Cette réalisation est l’oeuvre de Camille Moulin-Dupré, un artiste iconoclaste, qui était alors en résidence d’artiste à Angoulême pour produire ce titre, mais qui a aussi été graphiste internet et directeur artistique dans le milieu du jeu vidéo. Il livre une oeuvre très personnelle, qu’on ne retrouve pas ailleurs, pour le meilleur et pour le pire.

Dans ce projet qui se décline en 2 tomes, nous suivons l’histoire d’un jeune voleur façon Arsène Lupin dans le Japon de la fin XIXe, en pleine ouverture et modernisation. Pour montrer ce moment de transition, il a fait le choix de raconter son intrigue comme s’il avait pris des tableaux, des estampes et juste collé dessus une histoire pour les faire parler. Le résultat est à la fois étrange et poétique et ne m’a pas totalement conquise

En effet, ce qui frappe d’abord, c’est ce dessin très statique, très linéaire même dans les décors, en opposition à la fluidité voulue pour les corps. Je ne suis pas non plus très fan du style « estampe » qui ne correspond pas à mes codes esthétiques, mais ça c’est personnel. L’ensemble quand même manque de liant et donne une sensation très étrange à la lecture. C’est notamment dû à l’absence d’ombre et à la réalisation, j’imagine, entièrement numérique. Cela rend le titre assez froid… Ce format est donc contraignant mais parfois se glissent des compositions qui en jouent et sont alors très réussies. C’est le cas lors de plusieurs doubles pages que je vous ai mises plus bas pour illustrer mes propos. Pour finir sur l’aspect graphique, pour les lecteurs au format numérique, il est indispensable de lire le titre en format doubles pages sous peine de rater beaucoup de choses.

L’intrigue, elle, est double. On suit à la fois le voleur qui a donné son nom au titre et la fille d’un colonel, nouvellement arrivée en ville. Tous deux aspirent à sortir du carcan que leur a imposé la société. On a l’impression avec eux d’être comme dans un vieux conte où tout à coup un peu de modernité se serait insérée. Ainsi on y découvre à la fois des instants du quotidien du Japon d’autrefois, aussi du côté du peuple, des privilégiés que d’une femme. On les suit au bain, pendant les repas, fumant de l’opium et évoquant l’épineuse question du mariage des femmes. Mais il y a également tout un discours plus moderne sur l’oppression du peuple par cette élite enrichie. Ça fait un peu les pauvres vs les riches, la tradition vs la modernité. Un discours simpliste mais efficace et qui se prête bien à l’époque prise pour cadre. Sauf que même si l’histoire gagne en intensité au fil de la lecture, j’ai eu l’impression d’être extérieure au récit pendant la majeure partie du temps. C’est dommage parce qu’en même temps, l’ambiance poétique et presque philosophique du titre que l’on ressent parfois est encourageante.

Je ressors donc contente d’avoir fait une découverte graphique et stylistique mais déçue du point de vue du récit en tant que lectrice.

Ma note : 13 / 20

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6 commentaires sur “Le Voleur d’estampes de Camille Moulin-Dupré

    1. Salut, merci pour ton passage. Effectivement, ce n’est jamais facile d’avoir un avis un peu à contre-courant mais ça ne lui enlève aucunement sa légitimité. Alors ravie de voir moi aussi que je ne suis pas seule ^^
      A bientôt !

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