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Origin de Boichi

Titre : Origin

Auteur : Boichi

Editeur vf : Pika (seinen)

Année de parution vf : 2018-2020

Nombre de tomes vf  : 10 (série terminée)

Histoire : Tokyo, 2048. La mégalopole est désormais le nid du terrorisme et du crime. Lorsque la nuit tombe, de mystérieux meurtres y sont perpétrés. C’est l’œuvre d’une poignée d’androïdes aux sombres desseins pour le genre humain. Mais l’un d’entre eux s’oppose au macabre projet. Son nom : Origin.

Mon avis :

Tome 1

Après avoir découvert Boichi dans Dr Stone que j’ai beaucoup apprécié, j’ai eu envie d’en voir plus sur ce dessinateur hors paire. Alors quand j’ai vu que Pika proposait la lecture gratuite du premier tome d’Origin où il était seul aux manettes, j’ai sauté sur l’occasion !

Dans cette courte série prévue en 10 tomes toujours en cours chez nous, Boichi nous propose à nouveau un univers de SF à sa sauce avec robots et tout le toutim dans une ambiance de gangs, de yakuzas assez violente. En effet, la Tokyo de 2048 est devenue le nid du terrorisme et du crime. Lorsque la nuit tombe, de mystérieux meurtres y sont perpétrés. C’est l’œuvre d’une poignée d’androïdes aux sombres desseins pour le genre humain. Mais l’un d’entre eux s’oppose à ce macabre projet. Son nom : Origin.

Même si l’univers est prometteur, que c’est de la science-fiction ce que j’apprécie beaucoup et qu’il y a un vague côté Blade Runner (ma référence !) avec les androïdes et la mégalopole crapuleuse, je n’ai pas trop accroché à cet univers que j’ai trouvé plus classique, déjà vu, par rapport à celui de Dr. Stone.

J’ai un peu cherché le but de cette histoire où le héros dit juste vouloir vivre sa vie tranquille. Est-ce suffisant pour faire vivre l’histoire ? Certes il élimine les autres robots comme lui construits par son père mais quel pourrait être son but au-delà ? Est-ce que venger aussi la mort de son père dont est responsable l’AEE en fera partie ? Sera-ce suffisant ?  Je suis un peu sceptique pour l’instant quant à la fin de tout cela.

Pourtant la narration dynamique m’a directement fait entrer dans l’ambiance de cette nouvelle saga. Le héros-robot est bien représenté, très classe et surtout avec un psyché intéressant. C’est notamment amusant et pertinent surtout de le voir hésiter dans le comportement humain qu’il doit adopter pour se fondre dans la masse. Les chapitres s’enchainent bien. On le suit dans sa volonté de s’adapter et d’être discret tout en trouvant l’endroit le plus profitable pour lui, mais bien sûr ça déraille. Vers où est-ce que ça va l’entraîner ? C’est peut-être la clé de la future réussite du titre que je ne vois pas encore ici car cette interaction humain-robot est clairement ce qui est le plus intéressant ici.

Enfin quand je dis le plus intéressant, je n’oublie pas non plus le trait toujours sublime de Boichi. Les scènes de combat sont très bien mises en scène, on se croirait au cinéma. La finesse des traits des personnages, de leur chevelure notamment, la puissance de leurs muscles, du souffle qu’il dégage, tout ça est impressionnant une fois de plus. Boichi est vraiment spécial pour ça, c’est l’un des rares à me faire ressentir ça avec Takehiko Inoue dans Vagabond et Hiroki Samura dans l’Habitant de l’infini.

Origin fut dont un bon premier tome pour découvrir l’univers, le héros et les possibles enjeux scénaristiques, mais je suis moins emballée par l’imaginaire que dans Dr Stone, je trouve ça plus classique, déjà vu, et donc ce ne sera pas une priorité pour moi de le poursuivre pour l’instant…

Tomes 2 à 8 : A venir

Tome 9

Je n’en ai pas encore parlé ici, mais j’ai poursuivi ma découverte du monde punk d’Origin et j’ai eu la surprise de le voir se développer dans une très belle direction d’un tome à l’autre, avec un héros de plus en plus complexe, des réflexions intéressantes sur la robotique et l’humanité, des combats terriblement intenses et des dessins à couper le souffle.

Après un tome 8 où l’histoire culmine et atteint son point de non retour, le tome 9 avait fort à faire. Il tient toutes ses promesses avec un gros shoot d’émotion au début et une intrigue qui s’achemine vers un beau et intense final.

Après avoir perdu Mlle Hirose, Origin voit apparaitre chez lui des sentiments et son ego qui se construit là-dessus. Il n’est alors que douleur, rage et désespoir, ayant découvert l’amour trop tard. Le voilà ayant en quelque sorte achevé son chemin initiatique pour trouver sa forme parfaite. Un dernier chemin s’offre à lui, un chemin probablement sans retour.

Le tome s’ouvre pour un très beau moment, celui où les émotions d’Origin lui explosent au visage. C’est superbe, poignant et terrifiant à la fois. L’auteur enchaine donc sur un combat à mort entre Kan et lui, ultime duel pour découvrir qui sera le plus fort, le robot qui vient de découvrir son ego ou celui qui en est dépourvu et tient même plutôt du psychopathe avec son amour de la dissection. Boichi pousse vraiment le manichéisme jusqu’au bout le temps d’un duel magnifiquement orchestré dans tous ses rebondissements et hautement symbolique. J’ai été soufflé par son intensité.

Mais l’évolution d’Origin ne s’arrête pas là. Après cela, il s’engage donc dans son dernier combat, celui de la vengeance, vengeance de son père assassiné et de Mlle Hirose disparue trop tôt. La cible de sa vindicte, sa nemesis Ken et les autres robots qui s’étaient échappés. Il doit pour cela booster son corps une dernière fois en utilisant tous les derniers préceptes et les dernières informations récoltés auprès de Kan. Le résultat est encore plus dantesque que tout ce à quoi on avait eu droit avant.

Le souffle de la vengeance se fait donc sentir. Le voilà parti, tel un cowboy solitaire vers sa dernière mission, tandis que l’AEE se plante royalement sur l’endroit où ils se cachent. Franchement, ils ne servent pas à grand-chose dans ce tome et leur dernière annonce tombe un peu à plat (petite déception pour moi). Nous voilà à nouveau à suivre de superbes combats dans lesquels Origin survole ses adversaires grâce à ses dernières améliorations. Mais ce n’est pas là le plus intéressant, c’est dans le message qu’il développe, lui le robot qui a développé un ego et qui cherche à venger les personnes qui lui sont chères. Ses sentiments l’ont rendu plus fort et non plus faible contrairement à ce que certains croyaient.

Je vais tout de même revenir sur les combats de ce tome qui sont encore l’occasion pour Boichi de montrer à la fois tout son talent de dessinateur mais aussi tout son talent de metteur en scène. Un peu comme Yukito Kishiro dans Gunnm, dont l’influence est palpable à peu près partout, le mélange de tech et d’arts martiaux qu’il révèle à nos yeux est à couper le souffle. Son héros et ses attaques virevoltent face à un danger pourtant effrayant. Ses nouvelles capacités sont également très bien imaginées et dopent les combats, les rendant encore plus dantesques à suivre. Seul regret, c’est à chaque fois assez bref quand même comparé au combat face à Gon, mais oui je sais on arrive au boss final et il faut accélérer.

Dans une classique descente aux enfers pour exercer sa vengeance, le héros découvre ce que ça signifie d’être humain dans tous les sens du terme. Il prend une toute nouvelle envergure et ses combats aussi. Le final s’approche et c’est vraiment excellent !

Tome 10

Comme le dit l’auteur lui-même dans son texte sur le rabat de la couverture, il est heureux d’avoir pu ici faire sa première oeuvre de science-fiction. Ce côté novice se ressent énormément dans ce dernier tome, où j’ai eu l’impression qu’il essayait vraiment de placer toutes les influences qu’il aimait sur le thème, au point parfois de créer un discours brouillon et flou. Pour autant, j’ai beaucoup aimé le dynamisme, les rebondissements et la vivacité de cet ultime opus, qui offre une fin classique mais cohérente.

Origin était entré dans sa dernière phase lors du tome précédent, en venant combattre frontalement ses derniers frères et soeur encore en vie, ce que l’auteur a le bon goût de nous rappeler dans les premières pages. Il lui reste désormais à affronter les deux derniers, les plus puissants.

Sans surprise, comme dans le reste de son oeuvre présente, Boichi alterne entre combats époustouflants et réflexion métaphysique sur l’évolution des robots, leur humanité, ce qu’ils font de celle-ci, leur rapport aux hommes, etc. C’est passionnant et surtout très bien mis en scène. Boichi passe de moments ultra vifs et dynamiques, où les coups s’enchaînent dans une maestria graphique, à d’autres bien plus calmes et introspectifs où il tente de nous faire saisir l’évolution de ses personnages et de leur rapport à l’autre. C’est un rythme qui m’a beaucoup plu et a bien su me tenir en haleine.

Les surprises sont au rendez-vous aussi bien dans les combats que dans les thèmes plus philosophiques et science-fictionnesques qui sont développés. On retrouve ainsi le robot Alya, qui a connu une évolution certaine grâce à la méditation tantrique. Est-ce que ça surprend encore quelqu’un de voir le sexe aussi présent dans une oeuvre de Boichi ? Ça m’a autant fait sourire que lever les yeux au ciel, car forcément c’est le personnage féminin hyper sexué qui est ratâché à cette idée, tandis que les hommes ont le droit à des évolutions plus sérieuses… Mais on ne transformera pas Boichi en féministe ou partisan de l’égalité homme-femme comme ça. Bref, les autres : Origin et Ken, y parviennent aussi mais d’une façon bien plus alambiquée que je vous laisse découvrir.

Je dois avouer que j’ai beau aimer la SF, j’ai trouvé les explications balancées tout au long du tome souvent très fumeuses, trop rapidement énoncées et ne reposant parfois sur pas grand-chose, ce qui m’a donné un effet de poudre aux yeux. Il faut dire que je suis plus habituée à lire de la SF sous forme de roman où le développement est tout autre… Ici, j’ai vraiment eu l’impression que l’auteur se faisait plaisir avec plein de concept mais qu’au final rien n’était bien clair. Il faut juste retenir que les robots arrivent, par le biais qu’ils trouvent, au dernier stade de leur évolution ce qui les rend quasi omniscients (…ce qui est bien trop proche d’un état divin pour l’athée que je suis et m’a bien fait tiquer…), reste ensuite à avoir comment utiliser tous ces pouvoirs nouvellement acquis.

On revient alors à la question centrale du lien entre robots et humains. Les concepteurs peuvent-ils faire ce qu’ils veulent ? Les robots sont-ils là pour protéger uniquement leur concepteur ou l’humanité tout entière quitte à devoir faire la police auprès de certains humains ? C’est très asimovien (cf Isaac Asimov, père des lois de la robotique) comme questionnement. Bien que classique et ouverte sur certains points, j’ai aimé la réponse apportée ici.

Ainsi quand on défriche un petit peu dans cette oeuvre qui parfois part dans tous les sens, on tombe sur un récit SF assez classique et bien mené, avec des I.A. au centre du récit, un procédé qui m’a beaucoup plu. C’est le premier titre de Boichi que je lis en entier et j’ai vraiment apprécié ses qualités de metteur en scène et de dessinateur. Il n’a pas l’air satisfait, d’après ses dires, par le rendu de l’univers de SF qu’il voulait développer, moi ça m’a beaucoup plu. Cela restera une jolie série sur les I.A. dont je me rappellerai.

Ma note : 15 / 20

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7 commentaires sur “Origin de Boichi

  1. Bel article, je comprends bien ton ressenti. Et je vais le dire encore une fois mais je pense qu’il suffirait de quelques tomes en plus pour que tu voies la direction dans laquelle va Boichi, et pour que ça te plaise sans doute davantage. Mais je n’essaie pas de t’influencer 😅

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      1. Oui, je ne voudrai pas te faire renoncer à des lectures pour ce titre en particulier. Surtout que quand je survend une série, jai peur que la personne soit déçue.
        Surtout que pour Origin, je dirai que c’est au tome 8 qu’on prend la pleine mesure de la qualité du titre, même si avant c’est déjà super.
        Disons que si les deux derniers tomes sont du niveau du 8, pour moi ce sera une référence du manga de SF.

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  2. graphiquement je ne suis pas attiré par son travail, du moins pas par les couvertures qui dégagent un epeu trop de testosterone à mon goût, du coup je n’ai jamais tenté l’expérience, bien que le premier chapitre de Dr Stone m’ai intrigué

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    1. Je suis tout à fait d’accord avec toi pour les couvertures, c’est ce qui m’a longtemps fait repousser ma découverte de ce mangaka ^^!
      Par contre, je pense que Dr Stone pourrait te plaire, il est plus grand public 😉

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  3. Je voulais absolument découvrir ce titre (pas merci à l’Apprenti Otaku et sa passion pour Boichi ^^), mais bien évidemment j’ai raté le coche pour la lecture du t1 >< et maintenant toi tu écris que c'est pas si bien que ça … Je sais plus quoi penser, c'est terrible lol

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