Livres - BD / Illustrations

Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido

Titre : Les Indes fourbes

Auteurs : Alain Ayroles et Juanjo Guarnido

Editeur vf : Delcourt

Année de parution : 2019

Nombre de pages  : 160

Histoire : Fripouille sympathique, don Pablos de Ségovie fait le récit de ses aventures picaresques dans cette Amérique qu’on appelait encore les Indes au siècle d’or. Tour à tour misérable et richissime, adoré et conspué, ses tribulations le mèneront des bas-fonds aux palais, des pics de la Cordillère aux méandres de l’Amazone, jusqu’à ce lieu mythique du Nouveau Monde : l’Eldorado !

Mon avis :

Découverts respectivement dans de Cape de Crocs et Blacksad Ayroles et Guarnido sont deux auteurs/dessinateurs de BD dont j’ai de suite reconnu le talent. Alors quand j’ai vu leurs deux noms associés dans un projet aussi fou qu’inventer la suite d’un roman picaresque du XVIIe, j’ai de suite su qu’il me fallait découvrir ce titre !

Les Indes Fourbes se présente d’abord sous la forme d‘un très bel objet : bande dessinée grand format avec plus de pages que d’habitude (160 contre une cinquantaine en temps normal) avec un signet et une couverture ainsi qu’une page de titre travaillées à l’ancienne. Les auteurs et leur éditeur ont vu les choses en grand pour ce récit surprenant.

Surprenant il n’est car il se veut la suite de L’Histoire de la vie de l’aventurier nommé Don Pablo de Ségovie, qu’on connait sous le titre d’El Buscón, écrit par Francisco de Quevedo y Villegas et paru en 1626, dont il reprend pas mal d’éléments d’après ce que j’ai pu lire à droite à gauche. Surprenant, il l’est aussi par sa scène d’ouverture qui rappelle un célèbre tableau de Vélasquez, Les Ménines. Et surprenant il l’est encore plus dans la construction de son histoire en trois actes.

Dans cette aventure définitivement picaresque, nous suivons un aventurier Pablos, pauvre hère originaire de Ségovie, qui est parti dans le Nouveau Monde pour tenter de faire fortune mais à qui il n’arrive que des mésaventures. Après bien des péripéties, il se retrouve entre les mains du Commandant local qui tente de le faire parler car il pense qu’il a trouvé l’El Dorado, cette cité en or mythique source de toutes les convoitises à l’époque. Mais Pablos a autre chose à raconter avant et nous voilà parti dans le récit de sa vie et de ses aventures, sauf que les apparences peuvent être bien trompeuses.

Les deux auteurs, à la réputation établie, se sont bien amusés des lecteurs au cours de cette lecture. Ils nous baladent tout d’abord dans le Nouveau Monde à la poursuite du rêve de grandeur de Pablos, mais les aventures qu’il va vivre et nous conter vont aller bien au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer. On est alors propulsé dans une aventure d’un autre temps et d’un autre lieu avec tous les marqueurs que l’on connait parfaitement utilisés. La narration est fluide, l’aventure entraînante malgré les nombreux revers du héros, et surtout dépaysante. On se laisse totalement emporter dans ce qu’il nous raconte malgré les va-et-vient avec le présent et son enfance.

Pourtant Pablos n’est vraiment pas le genre de héros que j’aime. Il est trop roublard et trop baratineur pour moi. On retrouve un peu en lui la grandiloquence des personnages de De Cape de Crocs que je n’avais pas du tout aimé. Mais son récit est tellement bien mis en scène et les nombreux personnages qu’il croise tellement hors normes pour nous lecteurs du XXIe siècle que ce fut impossible pour moi de ne pas aimer suivre ce qu’il racontait. Un récit très riche en rebondissements.

Il faut avouer que la science graphique de Guarnido y est pour beaucoup. Tout ce qu’il touche est vraiment splendide et dans ce titre il se fait vraiment plaisir. Les paysages croisés, et ils sont nombreux, sont à tomber par terre. Ils ont une vraie profondeur et une richesse colorimétrique rare. Je me suis vraiment régalée. Je pense que j’ai passé plus de temps à admirer les planches qu’à lire le récit au final tant celles-ci recèlent de mille et un détails à explorer. C’est magique !

L’histoire m’a beaucoup plu mais surtout par l’ingéniosité qu’elle renferme. L’aventure qu’elle raconte, si on la prend au premier degré, n’est pas de celles que je préfère. Elle est un peu trop vue, trop terre à terre et surtout fort longue. C’est donc vraiment l’alliance du travail de ces deux génies qui m’a plu et emportée.

Les Indes Fourbes fut une découverte vraiment étonnante. Tout d’abord un très bel objet, puis une histoire surprenante menée de main de maître où les auteurs se jouent de tout le monde, personnages et lecteurs inclus, le tout avec des dessins vraiment sublimes qui dépaysent totalement celui qui les admirera.

Ma note : 17 / 20

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© 2019 Editions Delcourt

16 commentaires sur “Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido

    1. Je ne sais que te dire si ce n’est que le cape et l’épée ne font pas tout. On est plus sur de l’aventure et de la fourberie.
      Pour te donner une idée peut-être, je n’ai pas aimé De cape et de croc alors que j’ai aimé Les indes fourbes 😉

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  1. Je l’ai lu et j’ai été fasciné par la gradation des fourberies qui deviennent de réelles machinations. Le personnage est effectivement un peu trop vicieux et baratineur, et j’ai énormément culpabilisé car tout en étant réticentes face à ses actions, j’en voulais plus afin de savoir ce qu’il pouvait encore inventer derrière. Il y a également une grande violence dans ce livre qui nous rappelle bien tout ce dont l’homme a été capable – dans le mauvais sens – et pas seulement en Amérique.

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, c’est fascinant de voir tout ce que le héros met en place sous nos yeux. On ne peut s’empêcher de se demander jusqu’où il va aller. Et oui, ça montre bien la violence de l’époque, je trouve aussi, ça rajoute à la qualité du titre.

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  2. Déjà tentée par cet ouvrage autant par le fond que la forme, ton avis me convainc que je vais l’adorer.
    À voir, mais je pense que la grandiloquence de Pablos si elle rappelle vraiment celle dans de De Cape de Crocs va me plaire. J’aime cet aspect théâtral…

    Aimé par 1 personne

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