Livres - Fantasy / Fantastique

Le Dieu Oiseau d’Aurélie Wellenstein

Titre : Le Dieu Oiseau

Auteur : Aurélie Wellenstein

Editeur : Scrinéo (grand format) / Pocket imaginaire (poche)

Année de parution : 2018 (grand format) / 2020 (poche)

Nombre de pages  : 344

Histoire : Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l’île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d’orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d’avenir est de participer à la compétition de « l’homme-oiseau », afin de renverser l’équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l’esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l’île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?

Mon avis :

J’ai découvert Aurélie Wellenstein cette année avec Le roi des fauves, une épopée qui m’avait fascinée par sa noirceur et marquée par son final bien sombre. Alors forcément, je ne pouvais que continuer à explorer sa bibliographie. Le dieu oiseau, qui promettait également un beau moment de Dark Fantasy, était tout trouvé.

Dans un univers tribal ancien, l’autrice nous plonge dans un Hunger Games empli de magie ancestrale avec un héros esclave sous le joug du fils du chef de son royaume. Le titre s’ouvre de manière très sanglante avec le banquet des vainqueurs d’une épreuve des dieux, banquet où ils massacrent et dévorent les membres des tribus vaincues. Le héros assiste à tout cela. Nous le retrouvons dix ans plus tard, suivant des yeux l’entraînement de son maître qui souhaite à son tour participer à cette compétition, tout comme lui, sauf que simple esclave diminué aux yeux de tous, il n’a rien du champion attendu.

L’univers que nous propose Aurélie Wellenstein est vraiment très sombre. On le sent dès les premières pages et cela ne nous quitte pas. J’ai souvent eu le coeur au bord des lèvres durant ma lecture et je me suis demandée jusqu’où elle allait nous emmener. Ainsi, même si les personnages sont jeunes, ce n’est pas du tout un titre pour la jeunesse dans la veine d’Hunger Games malgré la filiation que l’on sent avec cette compétition pour laquelle il faut choisir de jeunes élus représentant chacun une tribu avant de s’affronter pour le titre. Ici, la noirceur est bien plus profonde que celle présente dans la saga désormais culte. En un tome, on parle de viol, de cannibalisme, de meurtre, de massacre, de mutilation, de syndrome de Stockholm, etc. C’est extrêmement rude et cru. La plume de l’autrice le rend de façon âpre mais sans en faire trop. Elle donne parfois des détails de ces exactions mais toujours en sachant s’arrêter au bon moment pour que cela reste à la limite du supportable. Ainsi, elle n’a jamais franchi ma limite personnelle qui m’aurait fait sauter ces passages. Bravo à elle. En cela et en bien des points, elle m’a rappelé 7 Seeds de Yumi Tamura, le meilleur survival que j’ai pu lire.

L’histoire, en plus, est menée de main de maître en suivant le parcours d’un anti-héros falot qui n’a rien de particulièrement attachant en dehors de son passé tragique au début. Faolan est attachant parce que c’est une victime qui cherche à s’en sortir, mais tout ce qu’il a subi l’a rendu faible et c’est parfois assez agaçant de le suivre du coup. Il se secoue pour avancer, il a le courage de participer à une compétition où il part perdant, mais à chaque fois il ne fait des progrès dans ses plans que grâce à un coup du destin, alors ça ne le forge pas vraiment en héros. Les maltraitances qu’il a subies l’ont également tordu en quelque sorte. Il est sombre, pessimiste, à la limite de la folie. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé cela car cela me change de mes habitudes avec un héros lumineux et attachant.

L’intrigue est à l’aune de ce héros, elle commence de manière sombre et le reste. C’est dur de bout en bout, mais c’est extrêmement prenant. Il y a d’abord la fascination qu’on peut ressentir pour un univers tribal qu’on ne connait pas et dont on cherche à comprendre le fonctionnement après en avoir découvert des bribes très barbares. Le lieu qui nous est décrit est sale, rude, désespéré. Les personnages que l’on rencontre le sont tout autant. Seul l’espoir de devenir le prochain vainqueur apporte un peu d’espoir. La compétition est au coeur de tout. On en découvre d’abord les prémices avec l’entraînement des participants, puis les sélections avec des épreuves plus rudes les unes que les autres, et enfin la finale sur l’île qui se révèle encore plus cruelle. Pour le lecteur, c’est dur mais c’est aussi palpitant de suivre ça. On a l’impression de se retrouver dans un mélange de Spartacus et de Lost, mais à la sauce tribale.

Le seul défaut que je verrais dans ce récit, c’est qu’en dehors du héros et de son tortionnaire, qui ont une relation très particulière mais très forte, tous les autres personnages sont assez transparents. Certes l’autrice en développe brièvement certains pour des alliances ou mésalliances avec Faolan mais on les oublie vite, car c’est lui le plus marquant. Enfin lui et la compétition à laquelle il participe, qui est un personnage clé ici car ce qu’il vit est tragique et ça le ronge, le transforme. J’ai vraiment été frappée par ce personnage et son destin. J’aurais juste aimé avoir d’autres personnages aussi forts autour de lui. Peut-être l’étaient-ils mais on ne m’a pas laissé la chance de le découvrir.

Le final est un peu abrupt, lui, mais rien n’est laissé en suspens pour l’essentiel. L’aventure menée est complète avec la morale que chacun en retirera. Pour ma part, j’ai aimé le ton et les choix faits par l’autrice qui n’ont rien de simples ou de convenus. C’est vraiment une découverte et une expérience à faire. J’ai adoré !

Ma note : 17 / 20

21 commentaires sur “Le Dieu Oiseau d’Aurélie Wellenstein

    1. Je pensais aussi, avant de découvrir en direct l’univers d’Aurélie Wellenstein, que ce serait trop dur pour moi et que je n’aimerais pas mais finalement j’adore !
      Je ne peux que te conseiller d’essayer de lire celui dont le résumé te tente le plus, sachant qu’à chaque fois ce n’est pas bien long et ça se lit donc très vite 😉

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    1. Je n’ai pas lu Mers mortes mais le résumé me semble assez éloigné en terme d’enjeux et d’ambiances des 2 autres titres que j’ai lu de l’autrice, celui-ci et Le roi des Fauves, donc je pense que tu peux peut-être plus accrocher à ceux-ci 😉

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  1. C’est le livre qui me faisait le plus en vie de l’auteure mais après ma lecture plus que mitigée avec Le Roi des fauves, j’ai un peu peur de retourner vers cette auteure. Surtout si les personnages secondaires, comme dans Le Roi des fauves, sont assez inconsistants…

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    1. Je peux comprendre, si tu as déjà été refroidie par ton autre lecture d’elle…
      Est-ce que c’est seulement cette historie de personnages qui te dérange ou autre chose ?
      Parce que personnellement, je pense que si j’aime autant ses titres, c’est surtout grâce aux ambiances, qui sont des acteurs majeurs de l’histoire pour moi.

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      1. Son style ne m’a pas vraiment transporté et j’ai eu l’impression d’avoir une longue introduction et que l’histoire s’arrêtait quand ça devenait vraiment intéressant. J’aurais aimé en découvrir davantage sur le Roi des fauves et sur sa communauté.

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      2. Je comprends mieux. Je ne l’ai pas ressenti ainsi, parce que je n’ai pas vu l’histoire sous cet angle, mais maintenant que tu en parles, je comprends qu’on puisse le voir ainsi.
        Ici, on n’est pas du tout dans la mène démarche au niveau de la narration mais peut-être que le final te frustrerait aussi du coup ><

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  2. Je suis contente de savoir que le style d’Aurélie Wellenstein te convient et même que tu en redemandes ^^ ! Mon préféré reste Le Roi des Fauves, mais j’avais bien aimé celui-ci aussi (d’ailleurs, l’auteure m’a confié qu’elle le considérait comme son petit frère lol). Est-ce que tu comptes lire Mers mortes aussi ? Il est très différent des autres, mais le message véhiculé m’a prise aux tripes (il faut dire que la cause animale me touche tout particulièrement 😉).

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    1. Merci. J’aime les petites infos en coulisses donc ça me plaît d’apprendre cette sorte de filiation entre Le roi des fauves et Le dieu oiseau.
      Je compte effectivement lire Mers Mortes un jour, quand il sera dispo en poche, même si j’ai quelques appréhensions au vu des critiques…

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