Livres - Science-Fiction

Cantos d’Hypérion de Dan Simmons

Titre : Cantos d’Hypérion : Hypérion et Endymion

Auteur : Dan Simmons

Éditeur : Robert Laffont (grand format) / Pocket imaginaire (poche)

Années de parution : 1991-1998 / 2014-2016

Nombre de tomes  : 4 (série terminée)

Histoire : Au 28° siècle, sur la planète Hypérion, les dangers s’amoncellent. Celui de la guerre avec l’approche de la flottes des Extros en perpétuel conflit avec l’Hégémonie. Celui du gritche, figure mythologique et meurtrière que révère l’Eglise des Templiers. Celui de l’ouverture des Tombeaux du Temps qui dérivent de l’avenir vers le passé à la rencontre d’une imprévisible catastrophe.
Dans l’espoir de sauver Hypérion et d’accomplir leurs destins suspendus, sept pèlerins se dirigent ensemble vers le sanctuaire du gritche. Il y a le père Lenar Hoyt, prêtre catholique, qui a vu l’enfer ; le colonel Kassad, dit le Boucher de Bressia, à la recherche d’un rêve ; Martin Silenus, le poète, qui a connu la Vieille Terre et perdu les mots ; Brawne Lamia, la belle détective, qui a aimé un John Keats synthétique : le Consul qui a régné sur Hypérion ; Sol Weintraub, l’érudit, dont la fille perd des années ; et le templier Het Masteen, qui garde ses secrets.
Autant d’énigmes, autant d’histoires, qu’ils choisissent de conter avant d’affronter les labyrinthes d’Hypérion. Autant de styles différents.

Mon avis :

Tome 1

Hypérion fait partie de ces titres avec lesquels j’ai découvert la SF au collège aux côtés de Fondation d’Asimov, Dune d’Herbert et La nuit des temps de Barjavel. Il revêt donc une place toute particulière dans ma mémoire et ma bibliothèque personnelle de SF mais je n’avais jamais osé le relire de peur de ne pas aimer autant ou de découvrir qe mes souvenirs s’étaient galvaudés avec le temps. Mais l’an passé, j’ai décidé de petit à petit relire, à raison d’un tome par moi, les titres cultes de ma bibliothèque. Ayant terminé, La roue du temps il y a peu, que j’ai beaucoup aimé relire, j’étais rassurée. Il ne me restait plus qu’à me lancer, chose faite désormais. Et verdict ? Je pense que j’ai encore plus aimé qu’autrefois !

Lors de ma première lecture, il devait me manquer beaucoup de codes de lectures, car la plume et l’univers imaginés par Dan Simmons sont très riches, et adolescent, on ne peut pas tout connaître. Ma relecture fut donc encore meilleure que je ne le pensais. J’avais en plus encore en mémoire plusieurs éléments de l’intrigue que je me suis plu à retrouver au fil des pages. Cette redécouverte fut donc un moment magique pour moi.

Dan Simmons est un auteur protéiforme, qui a écrit aussi bien de la SF, de l’horreur, du fantastique que du policier. Tout cela se retrouve dans Hypérion, cette saga publiée originellement en 4 tomes (2 consacrés à Hypérion et 2 consacrés à Endymion, sa suite), mais que j’ai découvert dans sa version découpée par Pocket à l’époque.

Dans ce texte, l’auteur s’amuse avec les mots, les ambiances, les tons, les personnages, pour proposer une vaste fresque dont on ne découvre les clés qu’au fur et à mesure de l’aventure vécue par les personnages. C’est jouissif ! Surtout qu’il ne prend pas les lecteurs pour des imbéciles et qu’il développe donc un univers riche et fourni mais aussi complexe en maniant de bons vieux termes de Hard SF. Il a reçu pour cela le prix Hugo du meilleur roman 1990 et le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 1990.

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Replaçons un peu l’histoire…

Dans cette fresque, Dan Simmons se place au XXVIIIe siècle, dans un univers où l’humanité a essaimé aux quatre coins des galaxies. L’Hégémonie, confédération qui gère les planètes colonisées par l’Homme, est en proie aux menaces des Extros, un groupe d’humains rebelles pourvu d’une vaste flotte. Le lieu de toutes les tensions est la planète Hypérion, dans laquelle repose les mystérieux Tombeaux du Temps, qui, bloqués dans un espace-temps différent qui va à rebours, sont sur le point de s’ouvrir et de libérer le terrible Gritche, un géant recouvert de piquants métalliques, qui est perçu par beaucoup comme un dieu sanguinaire venu pour faire expier aux humains leurs péchés.

Dans l’espoir de sauver l’humanité, la Présidente de l’Hégémonie, décide d’envoyer sept pèlerins sur Hypérion pour qu’ils y rencontrent le Gritche et empêchent l’ouverture des Tombeaux du Temps. Il y a le père Lenar Hoyt, le colonel Kassad, le poète Martin Silenus, la détective Brawne Lamia, le Consul, l’universitaire Sol Weintraub, et le templier Het Masteen. Mais la légende dit que sur les sept pèlerins, six seront sacrifiés au Gritche, tandis que le dernier survivant, l’Élu, verra son vœu exaucé. Avec des motivations et des origines très différentes, les sept hommes et femmes vont d’abord tenter mieux se connaître en se racontant tour à tour un épisode de leur vie expliquant ce qui les lie à Hypérion.

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Tout ceci peut paraître très complexe mais quand on suit le récit de Dan Simmons tout coule de source, tout se dévoile au fil du récit de chacun des sept pèlerins et tout apparaît limpide (ou presque) à la fin de ce premier tome. On a découvert qui était chacun des héros, j’y reviendrai. On a découvert quelles étaient les puissances qui entraient en action. On a découvert une partie des enjeux derrière. Et on a compris dans quel univers on se trouvait. C’est assez fabuleux quand on voit la richesse de celui-ci et des éléments qui le composent. Dan Simmons est vraiment un grand conteur.

Et quand je dis grand conteur, je n’exagère pas. A chaque récit d’un pèlerin, il adopte un style différent. Ainsi, avec le père Lenar Hoyt, tel un roman picaresque horrifique, on découvre un prêtre catholique, qui a vu l’enfer. Avec le colonel Kassad, dit le Boucher de Bressia, on a droit à un récit onirique et fantastique digne d’un Roméo et Juliette science-fictionnesque où le héros est à la recherche d’un rêve, comme dans Blade Runner. Pour Martin Silenus, qui a connu la Vieille Terre et perdu les mots, nous sommes en plein drame personnel mais mâtiné de poésie tel celui dont il porte la mémoire. Plus évident, avec la belle détective Brawne Lamia, qui a aimé un John Keats synthétique, c’est le polar qui est à l’honneur. Le Consul qui a régné sur Hypérion, nous propose lui un récit politique et romantique dramatique. Sol Weintraub, l’érudit, dont la fille perd des années, m’a donné l’impression d’être en train de relire Benjamin Button. Enfin, le Gritch, lui, est une créature, certes métallique, mais qui pourrait tout droit provenir de l’imagination de Lovecraft, tant elle est effrayante. Vous l’aurez compris, Dan Simmons se fait plaisir et s’amuse à jouer avec les styles et les ambiances. Il n’est pas auteur de SF, d’horreur, de fantastique et de policier pour rien.

Pour ma part, j’ai adoré ce jeu. J’ai eu l’impression de lire plein de récits dans le récit. En plus, à chaque fois l’auteur se débrouille pour apporter de nouvelle révélation sur l’univers qui entoure ses pèlerins et faire ainsi découvrir au lecteur dans quel vaste histoire il se trouve. C’est passionnant ! J’ai aimé chacun de ces récits de vie dramatiques. J’ai aimé chacune des ambiances. J’y ai retrouvé des influences allant de la tragédie grecque à la mythologie égyptienne, en passant par des auteurs comme K. Dick, Frank Herbert, Agatha Christie ou Francis Scott Fitzgerald et j’en oublie certainement tout plein !

Cependant ce premier tome assez long, plus de 600 pages très denses aussi bien en histoire de vie qu’en aventure et construction de l’intrigue principale ainsi qu’en exposition de l’univers, n’est qu’un point de départ. L’aventure est à peine lancée. On a juste assisté au voyage des futurs héros et à l’explication de leur présence ici. Tout reste encore à faire mais c’est déjà passionnant et on ne voit pas le temps passer. La narration est fluide. Le récit est rythmé. La plume est accessible malgré les termes techniques et les concepts scientifiques utilisés. Pas besoin de glossaire ou notes en bas de page pour se faire comprendre ici, avec un grand auteur comme lui, on comprend tout grâce au sens général de ce qu’il écrit et c’est génial. C’est ce genre de SF que j’aime personnellement !

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Ainsi ma relecture d’Hypérion confirme parfaitement le statut culte que j’attribuais à cette saga depuis sa première lecture dans mon adolescence. C’est terriblement inventif tout en utilisant à merveille de grands classiques universels. C’est dense mais entraînant. Les personnages sont extrêmement bien construits tout comme leur histoire et celle plus vaste dans laquelle ils s’inscrivent. L’ambiance est travaillée et nous entraîne petit à petit de plus en plus dans cet horrible drame qui s’écrit sous nos yeux. Les propos philosophiques poussent le lecteur à réfléchir à tout un tas de notion : amour romantique, foi, évolution de l’homme, amour filial, passion pour son métier ou son art, ambitions carriéristes, limites entre le réel et le rêve, etc. C’est extrêmement riche et l’auteur transmet ça avec beaucoup de finesse et de facilité. Fascinant et génial !

Ma note : 18 / 20

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Tome 2 : La Chute d’Hypérion

A nouveau une lecture magistrale qui me conforte dans mon sentiment qu’Hypérion est vraiment une saga à porter dans le panthéon de mes lectures de SF !

Après un premier tome très introductif, qui présentait avec beaucoup d’originalité et un talent d’écriture certain, les différents personnages de cette dramatique histoire, le second nous surprend à nouveau en se renouvelant totalement. Cette fois, place à une intrigue dont le focus s’oriente bien plus vers l’Hégémonie et le Techno Centre.

En effet, Dan Simmons choisit de nous prendre à contre-pied. Après le final de son tome 1, nous étions en droit de nous attendre à ce qu’on se concentre sur les événements se passant à Hypérion avec le Gritch, mais finalement celui-ci n’a lui qu’en arrière-plan, servant de décor à un drame bien plus vaste qui se joue devant nous et concerne bien plus que les 7 pèlerins envoyés en sacrifice. L’intrigue prend alors une forme bien politique et militaire où l’on suit les différentes avancées et reculades de Gladstone, la cheffe de l’Hégémonie, qui n’est pas au bout de ses surprises. J’ai beaucoup aimé ce changement de perspective inattendu et ce qu’il offrait puisqu’on assiste à un vrai jeu de dupes entre elles et les autres personnalités politiques influentes de l’Hégémonie, ainsi qu’avec le fameux Techno Centre, institution derrière bien des événements qui se produisent depuis le début.

D’ailleurs pour symboliser ce changement de paradigme, l’auteur change de narrateur, et à la place d’entendre la voix des sept pèlerins, c’est la voix d’un cybride caché de Keats qu’on entend cette fois et qui va jouer les spectateurs privilégiés de toute cette histoire, allant avec nous de surprise en surprise. Sans vous en révéler trop, j’ai trouvé le récit merveilleusement construit, passant d’une ambiance différente à l’autre avec grande facilité, enchaînant les revirements soudains et surprenants, nous emmenant toujours plus loin dans les méandres complexes et secrets de cette histoire qui est loin de ne toucher qu’à la SF. En effet, Dan Simmons offre un récit bien plus philosophique qu’autre chose, poussant à la réflexion sur notre rapport à l’humanité, au temps, aux sentiments, etc.

Ainsi c’est une lente tragédie, assez inattendue qui se noue sous nos yeux, où les personnages ne vont pas forcément jouer le rôle qu’on attend d’eux. L’auteur est souvent cruel envers ses personnages qu’il n’épargne pas. Le pèlerinage étant en quelque sorte une extension à petit échelle de ce qui se joue en dehors et des sacrifices qui y ont lieu. On perd énormément d’êtres chers. La guerre ravage bien des coins de l’Hégémonie. Le choix final pour s’en sortir n’a rien de facile ou de gentil, il est brutal, cruel, mais nécessaire, et la réponse à toute cette énigme autour des Tombeaux du temps m’a soufflée, alors même que je me rappelais encore d’éléments datant pourtant de ma première lecture.

J’ai ainsi vécu cette lecture en en ressentant toute l’urgence, urgence des drames qui se jouaient à l’échelle d’Hypérion mais également à l’échelle de l’Hégémonie et à l’échelle bien plus humaine des personnages. Ce fut une redécouverte magistrale !

Ma note : 18 / 20

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Tome 3 : Endymion

Alors qu’on aurait pu croire la saga terminée à la fin de la Chute d’Hypérion, Dan Simmons s’offre et nous offre le plaisir de replonger dans son univers avec une suite se déroulant des centaines d’années plus tard : Endymion.

Endymion raconte l’histoire de Raul Endymion, engagé par Martin Silenus pour retrouver Enée : la messie, fille de Brawn Lamia et du cybride (IA dans un corps humain) de John Keats. Il devra la défendre contre les catholiques et les IA, devenus tout-puissants…

J’ai de suite été ravie de replonger dans cet univers si complexe. J’ai trouvé l’idée de l’auteur de nous faire découvrir l’évolution de ce monde très intéressante, ça permettait de voir les conséquences des actes qui avaient eu lieu dans la première saga. Il propose ainsi un récit sombre, où comme dans un certain Star Wars, les idéaux d’autrefois n’ont pas pris la forme attendue et se sont révélés assez décevant dans leur mise en place pour accoucher de l’inverse de ce qu’ils auraient souhaité.

Au cours de ce nouveau premier tome, Endymion formant un second diptyque dans la saga des Cantos d’Hypérion, l’auteur nous dévoile donc l’évolution du Rex, devenu la Pax et de cette opposition entre Eglise et Science, représentée par le TechnoCentre et ses IA. C’est passionnant et fascinant. Dan Simmons a une imagination folle et il expose des idées toutes plus folles les unes que les autres, faisant fonctionner son imagination à fond et la nôtre aussi.

Pour mettre tout cela en scène sans que cela soit trop aride, il invente un bel enrobage, qui tout en étant différent du précédent (le Pèlerinage des 7) en est la suite directe. Il s’agit de suivre la quête d’Endymion, protecteur d’Enée, fille d’une des pèlerins, et qui incarne un futur Messie rédempteur et redresseur de torts. Cette quête est la base même de toute l’histoire, c’est autour d’elle que seront enchâssés tous les éléments que l’auteur souhaite développer pour montrer l’évolution scientifique, politique et spirituelles de ce riche univers.

Cette quête démarre sur les chapeaux de roue avec la découverte d’un nouveau héros classique mais très charismatique, qui nous est présenté grâce à une narration d’emblée marquante. On retrouve les éléments phare de la précédente saga avec les tombeaux d’Hypérion et leurs mystères, le Gritch et quelques autres figures connues. C’est une première partie qui permet de bien replonger dans l’univers si ça fait un moment qu’on a lu les précédents. Puis, la nouvelle Messie et son protecteur sont pris en chasse par les nouveaux hommes forts de la Galaxie et s’ensuit alors une course-poursuite qui dure sur l’ensemble du tome et réserve bien des surprises.

D’un point de vue personnel, si j’ai aimé ce que cette course-poursuite offre comme variété au niveau des mondes et entités rencontrés, j’ai également ressenti un vrai coup de mou vers le milieu qui m’a freinée dans ma lecture. C’était passionnant de voir le trio Messie, Protecteur, IA reproduire le voyage de Dorothy dans le Magicien d’Oz à travers toutes sortes de planètes très différentes qu’ils visitent de manière un peu mystique grâce aux pouvoirs encore non compris et maîtrisés d’Enée, le tout en suivant un certain fleuve dont on avait entendu parlé dans le premier diptyque. Mais pendant quelques temps, j’ai eu l’impression d’un enchaînement de mondes surprenants qui n’étaient là que pour que l’auteur se fasse plaisir et sans en voir l’intérêt pour l’intrigue à proprement parler. Car ce qui est demandé à Endymion est colossal et qu’on final très peu de choses aboutissent dans ce premier tome…

Mais c’était oublier le génie qu’est Dan Simmons. Ainsi dans la dernière partie, il fait intervenir un nouveau personnage, Némès, qui bouleverse tout et redonne un gros coup de fouet à l’intrigue, la faisant avancer à grand pas, ajoutant de la tension et du mystère avec tout plein d’interrogation sur son rôle, son origine, son but. C’est vraiment passionnant et extrêmement bien mis en scène. On retrouve alors le talent de conteur de l’auteur dans les dernières pages avec ce rythme bien plus soutenu que précédemment et on referme le tome avec une certaine frustration.

Endymion propose donc de reprendre l’univers d’Hypérion de manière à la fois familière et bien différente. C’est à nouveau une quête insensée qui s’offre à nous où on se demande comment les héros font réussir à achever tout ça. Le mélange space opera et planet opera est vraiment prenant et l’auteur équilibre bien les deux dimensions dans un univers à nouveau très complexe où politique, religion et sciences s’entremêlent, s’attirent et se rejettent. Les nouvelles données insufflées au fil des pages fascinent, tout comme l’imagination dont fait preuve l’auteur dans ses décors. J’ai très hâte de découvrir la conclusion de tout ça !

Ma note : 17,5 / 20

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Tome 4 : L’éveil d’Endymion

La relecture du cycle des Cantos était quelque chose qui me tenait vraiment à coeur mais que je craignais également. Je suis ravie de dire que l’expérience fut concluante et que, comme autrefois, j’ai eu un immense coup de coeur pour cette saga qui se termine en apothéose.

Le seul point noir que j’ai trouvé à ce copieux derniers opus, c’est la multitude de noms et de personnages croisés qui font parfois perdre la tête et qui m’ont donné envie de sauter certains paragraphes trop lourds à lire. Pour le reste, l’écriture de Dan Simmons est fantastique ! Bien moins rigide que lors des premiers tomes où il se sentait obligé de partager son récit pour jouer sur les différents styles d’écriture qu’il maîtrise, ici tout se mélange à merveille et nous emporte pour un dernier voyage épique et philosophique.

Avec sa plume hyper accrocheuse comme j’en ai rarement lu, surtout en SF où des concepts bien compliqués sont abordés, j’ai pris un réel plaisir à lire tout ce que Simmons avait à nous raconter. Le top du top, vraiment ! Cette saga est définitivement dans mon Top 5 des meilleurs ouvrages de SF jamais écrits / lus.

Dans ce tome, d’entrée de jeu nous avons un rythme soutenu avec un mélange science-fiction, de thriller politique, d’intrigue amoureuse, et de réflexions philosophiques qui se marient très bien pour tisser une toile complexe et passionnante. Cette fois, l’auteur alterne le récit des intrigues politiques des religieux et des IA avec celui de la quête-aventure d’Enée et Endymion pour réaliser leur destinée. C’est palpitant. L’ensemble des parties s’équilibrent très bien et on progresse d’un bon pas vers un final qui laisse sur les fesses après plusieurs révélations assené au fil des parties.

Cet ultime volume contient beaucoup de concepts scientifiques fascinants sur le voyage dans l’espace et le temps, la vie éternelle, les IA, le transhumanisme, la vie autre, la guerre, l’évolution des planètes et écosystème, les croyances etc. C’est vraiment extrêmement riche et parfaitement intelligible, ce dont j’avais un peu peur. L’auteur se répète, notamment pour les concepts philosophiques et scientifiques un peu complexe, ce qui permet de lentement les assimiler. Il m’a surtout fascinée avec l’ensemble des mondes croisés et la façon dont on y vivait. Il prenait à chaque fois le temps de développer et cela les rendait encore plus réels. Magique !

Dans les différents temps de l’histoire, j’ai vraiment apprécié de suivre les héros, Enée et Endymion, qui affrontent leur destinée telle qu’elle nous avait été promise et que je voyais mal se réaliser dans son entièreté dans le premier tome de ce nouveau diptyque.

Dans la première partie, ils sont séparés, ce qui n’est pas un mal. Cela permet de suivre dans un premier temps Endymion seul, dont le voyage est plus mouvementé que celui avec Enée, que j’avais trouvé un peu plan plan. Du coup, j’ai préféré. Puis, lors de ses retrouvailles, leur relation prend une toute autre tournure et si, j’ai souvent levé au ciel devant les multiples questionnements un peu agaçant de Raul, j’ai beaucoup aimé la nouvelle maturité et aura d’Enée, et ce jusqu’à la fin. Elle endosse, malgré elle, le costume du messie, mais un messie qui ne repose pas sur des croyances religieuses, l’auteur y est très attaché, ce que l’athée que je suis adore !

Nous la suivons donc, avec Endymion, dans son périple pour ouvrir les yeux au monde, que dis-je à l’univers, sur ce qu’on leur cache sur le fonctionnement de celui-ci. Pour cela, elle croise énormément de gens dont j’ai eu du mal à me rappeler à part ceux proche d’elle. Mais surtout, on voit peu à peu se dessiner un plan éblouissant qui va mener à un final époustouflant où on prend une grosse claque derrière la tête sur les vérités de notre univers, mais également sur les modes de gouvernances et les croyances. Il y aurait énormément de choses à dire de ce côté-là.

L’auteur nous y avait d’ailleurs peu à peu préparer tout au long de son récit avec une vision de l’intérieur de ce que mijotaient la papauté et les IA du TechnoCentre. Une plongée fascinante dans la noirceur de l’humanité et de ce qu’elle a conçu bien malgré elle, que j’ai beaucoup aimé. Le personnage d’Albedo me restera longtemps en mémoire.

Je ne peux pas terminer cette chronique sans vous parler de la narration de cette oeuvre que j’ai trouvé particulièrement intelligente. Ce diptyque consacré à Enée s’ouvre sur la voix d’Endymion, alors prisonnier, et c’est son récit depuis sa cellule que l’on suit. L’auteur nous fait vraiment vivre cet enfermement et fait communiquer le lecteur et son narrateur à travers des questions pertinentes qui trouvent leur réponse ici à travers un bouleversement fort astucieux. Il en va de même pour les liens qu’il fait avec la saga d’origine sur Hypérion. J’ai trouvé cela assez fort ! Il n’y a que les ultimes pages que j’ai trouvé un brin trop faciles et évidentes malheureusement, mais tellement dans l’air du temps à l’époque (coucou Asimov que je vais bientôt relire 😉 )

Ainsi se conclut ma superbe relecture de cette grande oeuvre, qui n’a vraiment pas grand-chose à jeter. L’univers et les idées développées par l’auteur sont juste fascinantes et sa facilité à nous les communiquer suscite vraiment ma plus grande admiration. Si vous êtes fan de science-fiction, vous devez lire Hypérion et sa suite Endymion !

Ma note : 19 / 20

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8 commentaires sur “Cantos d’Hypérion de Dan Simmons

  1. Mon cher et tendre (totalement fan de Dan Simmons) me tanne depuis presque dix ans pour que je lise Hyperion… Jusqu’à peu, hormis Orwell, Frank Herbert et Orson Scott Card, je n’avais quasiment rien lu en SF.
    Ton avis donne envie en tout cas même si justement le style très dense de Simmons me fait un peu peur (je l’ai essentiellement lu en thriller/fantastique).

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