Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Le Renard et le petit Tanuki de Mi Tagawa

Titre : Le Renard et le petit Tanuki

Auteur : Mi Tagawa

Editeur vf : Ki-Oon (Kizuna)

Année de parution vf : 2020-2024

Nombre de tomes vf : 7 (série terminée)

Histoire : Il était une fois Senzo, un renard surpuissant craint de tous les animaux, qui semait la terreur sur son passage… à tel point que les dieux, pris d’une vive colère, le plongèrent dans un profond sommeil… 300 ans plus tard, à notre époque, ils décident de l’en sortir… à une condition ! Privé de sa force destructrice, le voilà chargé d’une mission spéciale : élever le petit tanuki Manpachi pour faire de lui un digne serviteur de la déesse du Soleil.
Manpachi a été rejeté par sa famille car il possède des pouvoirs immenses, qu’il a encore du mal à contrôler. Allergique à toute autorité, Senzo refuse de s’embarrasser d’un disciple, aussi mignon soit-il… Sauf qu’au moindre signe de rébellion, il est parcouru d’une douleur insoutenable ! Le voilà bien obligé d’accepter le marché…

Mon avis :

Tome 1

Il y a quelques années, j’avais eu une énorme coup de coeur pour la série Père & fils, peinture poignante des relations entre un père et son fils après la mort de leur épouse / mère. Alors quand j’ai vu que l’autrice récidivait avec une histoire où elle mettait à nouveau la famille au coeur, ce fut impossible de résister !

Je ne connaissais pas Mi Tagawa avant Père & fils, mais maintenant, c’est vraiment une autrice dont j’ai envie de lire chaque oeuvre. Avec Le Renard et le petit Tanuki, elle emprunte aux studios Ghibli un univers folklorique japonais, où cette fois au lieu de suivre des humains, nous allons suivre des animaux dotés de pouvoirs, un peu comme dans Pompoko.

Elle commence ainsi son récit par un premier chapitre extrêmement efficace qui d’emblée donne le ton. Si vous lisez celui-ci, je pense que vous pouvez de suite savoir si la suite va vous plaire ou non, car toutes les bases y sont posées pour le meilleur ! Tel un conte initiatique, nous découvrons un petit tanuki poursuivi par une meute de loups. Alors qu’on se demande pourquoi, l’autrice change de direction et nous emmène à la rencontre de Senzo, un renard surpuissant qui semé la terreur il y a longtemps et qui a été enfermé en punition. Il est l’heure de le libérer, mais la déesse ne compte pas le laisser s’en tirer à si bon compte et y pose une condition spéciale : il doit élever ce petit tanuki, qui est un métamorphe en puissance comme lui ! Ainsi né un improbable duo.

Chaque chapitre ensuite est l’occasion d’en apprendre à la fois plus sur cet univers folklorique qui prend racine dans les mythes et légendes japonais – j’adore ! – et de voir s’approfondir lentement mais sûrement la relation parent-enfant qui se tisse entre Senzo et son tanuki. C’est juste passionnant et adorable, et ça se marie à merveille.

L’autrice a imaginé tout un cadre fantastique qui prend très bien. Pour peu qu’on aime le Japon et sa culture, on a déjà lu / vu des histoires avec ce type de créatures, c’est donc un régal de les retrouver. Mais si on est vierge de toutes influences, c’est aussi un vrai plaisir de le découvrir ici, car c’est vraiment raconté comme un conte pour enfants avec en prime à la fin des chapitres des petites explications sur chaque animal croisé. L’ambiance fantastique est vraiment chouette et l’autrice nous prend vraiment par la main pour nous y plonger progressivement.

Dans chaque chapitre, on en apprend un peu plus sur cet univers. Nous faisons la connaissance de la meute de loups protectrice, de cette femme renard qui adore cuisiner pour son prochain, d’un esprit des logis, d’une drôle de taupe. C’est à chaque fois bon enfant mais quand même avec une note dramatique ou un peu triste, qui fait que c’est moins léger que ce que la couverture annonce, comme c’était déjà le cas dans Père & fils.

L’autrice aime se servir de ce cadre folklorique pour évoquer des thèmes sérieux, celui de l’abandon, de la différence, du deuil, pour les premiers énoncés. La famille est bien sûr au coeur de son histoire, Senzo devenant le père de substitution de ce charmant petit tanuki qu’il doit aider à grandir, en l’aidant à développer et maîtriser ses pouvoirs. C’est une belle relation qui se noue peu à peu entre deux être qui ont été abandonnés par leur famille à cause de leurs capacités. Senzo est d’abord plutôt agressif et réfractaire mais il va petit à petit se laisser attendrir par ce charmant bambin. Et nous lecteurs, nous allons fondre devant ce héros aux dents pointues qui se ramolli devant ce petit tanuki gaffeur. C’est juste a-do-ra-ble !

A nouveau, comme dans Père & fils, Mi Tagawa charme également par ses dessins plein de douceur, qui ici empruntent un peu plus aux cartoons, contexte oblige. Cependant, je trouve le dessin de l’ensemble des animaux vraiment réussi. Ceux-ci sont très beaux. J’adorerais les avoir en peluche >< Je regrette juste qu’elle ne s’attarde pas un peu plus sur la nature dans laquelle ils vivent. On ne voit pas beaucoup celle-ci alors que pour moi, ça devrait être un élément clé bien plus présent. Mais alors que la mangaka sait parfaitement la dessiner, elle préfère s’attarder sur des gros plans de ses personnages dans ses cases. C’est un peu dommage mais c’est vraiment tout ce que je pourrais trouver à redire.

Après Père & fils, Le Renard et le petit Tanuki est à nouveau une belle réussite qui confirme tout le bien que je pensais de cette autrice. Elle a trouvé un filon dans lequel elle est à l’aise et douée : les histoires familiales. Mais le changement de cadre, qui cette fois mélange animaux et contes folkloriques, est vraiment charmant et empêche la redite. C’est une très jolie histoire qui commence ici et je suis déjà sous le charme de la drôle de relation qu’entretiennent le renard Senzo et son petit Tanuki. Comme prévu, je suis touchée en plein coeur.

(Merci à Sanctuary et Ki-Oon pour cette lecture.)

Tome 2

Après un premier tome sympathiquement classique, l’autrice prend ses marques et nous offre une suite tout feu tout flamme où elle étend joliment son univers tout en conservant ses bases éducatives qui nous avaient tant émus.

Je ne m’attendais pas à une telle direction de l’histoire dans ce deuxième tome et j’ai vraiment apprécié d’être ainsi surprise. Mi Tagawa nous embarque en deux temps plus seulement dans l’histoire d’une rencontre entre un renard et un petit tanuki, mais également dans un récit fantastico-politique avec de petites doses de thriller mais dans l’univers des créatures au service des divinités. Surprenant et rafraichissant !

J’ai d’abord trouvé la première moitié particulièrement rythmée et dynamique. En partant à la recherche de Manpachi, la mangaka met en branle tout plein de rouages. Cela permet de faire de multiples rencontres, d’autres sortes de métamorphes, d’autres divinités, mais également de découvrir un univers encore plus riche que ce que l’on avait entraperçu. On a ainsi un aperçu rapide de l’enfance de Senzo, on découvre de nouveaux éléments sur la naissance de Manpachi et tout cela fait sens pour rapprocher ses deux êtres que le destin a mis sur la même route.

C’est bien sûr toujours aussi adorable de les voir évoluer ensemble même si c’est moins le coeur de l’intrigue que précédemment, celle-ci proposant des petites choses en plus. Cependant dès qu’ils sont ensemble, on fond littéralement. Manpachi est tellement doux, gentil et généreux. Il a cette candeur de l’enfance qui ferait fondre le coeur le plus endurci et c’est ce qu’il fait avec Senzo qu’on voit peu à peu se transformer à son contact.

La seconde partie nous entraîne cette fois un peu plus dans l’univers des humains, tel que j’avais pu le voir dans le film Pompoko d’Isao Takahata. L’autrice utilise à fond les codes sur les animaux métamorphes se mélangeant aux humains. On retrouve à la fois des scènes très drôles quand Manpachi et Senzo se transforment pour la première fois et apprennent à appréhender leur corps humain, et d’autres scènes plus sérieuse parce que l’autrice veut faire prendre un tournant plus consistant à son histoire. J’ai trouvé bienvenu qu’elle veuille montrer la politique qui régit les différents clan, la façon dont les métamorphes évoluent dans la société humaine, etc.

Cette seconde partie est vraiment très riche et intrigante. Elle permet de faire encore de nouvelles rencontres, de croiser des personnages ambigus donc prometteur. Elle met également en scène le côté plus sombre de l’univers qu’on avait déjà perçu auparavant avec Senzo mais qui revient par une autre porte ici avec l’assassinat d’un métamorphe. Tous les petits éléments nouveaux qu’on croise depuis le début s’assemblent comme les pièces d’un puzzle dont on ne perçoit pas encore l’ampleur. Ça m’intrigue beaucoup. Je ne pensais pas que l’autrice partirait sur une telle ambiance.

Finalement avec ce deuxième tome, je me suis rendue qu’en prenant un postulat de base assez similaire d’avec sa précédente série : élever un jeune enfant, l’autrice a tout de même réussi à faire quelque chose de totalement neuf. Là où Père et fils parlait de deuil et de médecine, Le renard et le petit tanuki nous parle de ségrégation, de différence, de folklore et de tradition. J’aime énormément la surprise que cela me procure !

Bonus : Les pages de suppléments à la fin du volume que l’autrice a publié sur les réseaux sociaux, sont des petits strips vraiment savoureux, plein d’humour et de douceur. J’adore ce genre d’ajouts, c’est toujours cocasse avec des chutes adorables.

Tome 3

C’est toujours avec beaucoup d’humour et de sensibilité que Mi Tagawa continue de nous conter les charmantes aventures inter-espèces de Senzo le renard et de son charmant petit tanuki.

Ce qui au début se présentait comme le récit d’un renard acariâtre en colère contre le monde entier découvrant ce qu’était la famille au contact d’un petit tanuki orphelin, devient également au fil des chapitres une histoire plus vaste sur le même thème incluant bien d’autres espèces. Ainsi comme l’amusante couvertures, aux teintes toujours aussi douces, de ce tome le suggère, nous allons assister cette fois à une belle histoire impliquant également le clan des chats et celui des loups.

J’ai beaucoup aimé cet élargissement à d’autres animaux, empêchant ainsi l’enfermement avec une histoire uniquement centrée sur Senzo et Manpachi. L’autrice leur permet ainsi de se frotter à d’autres relations que la leur et d’élargir leur panel d’émotions. Ici, ils sont embarqués dans l’histoire d’Hagiri, le loup qui adore les chats, qui cherche à tout prix à retrouver la petite chatte blanche qu’il avait recueillie. Mi Tagawa nous brosse à nouveau le portrait de personnages très sensibles, plein de bonté et d’amour, mais aussi de solitude, qui cherche à combler celle-ci en trouvant la bonne personne. C’est particulièrement touchant et émouvant, et suivre Senzo et Manpachi se mêler de tout ça accentue encore cela.

Nous vivons ainsi une jolie aventure entre urbanité et folklore, dans les rues et les parcs de cette ville. On court de partout. On se bat, on mord, on griffe. On protège, on défend et on sauve. Cela donne une lecture particulièrement dynamique où aventure et émotion sont étroitement entremêlées, où Senzo et Manpachi sont présents mais bien entourés par des loups dont les relations sont également très riches et émouvantes à suivre. Avec des héros, spectateurs de l’aventure humaine de leurs compagnons, la série gagne ainsi en épaisseur et dépasse son stade premier qui aurait pu être un peu répétitif.

Humour, légèreté et émotion sont toujours au rendez-vous du Renard et du Petit Tanuki mais Mi Tagawa commence à brosser un portrait plus complexe, encore plus chaleureux et humain avec un beau panel d’émotion et de relations où les compagnons sont le remède parfait à la solitude et l’entraide la solution à chaque problème. J’aime la lumière et la chaleur de ce titre, tout comme j’en aime l’humour et le ton bon enfant (que l’on retrouve aussi dans les petits strips trop mignons dans les ultimes pages). Vraiment une série touchante.

Tome 4

C’est tellement doux de retrouver Manpachi et Senzo ainsi que leurs amis à chaque tome et pourtant sous des dehors tout mignon, l’autrice ne les épargne vraiment pas.

Dans ce nouveau tome, l’autrice commence à revenir sur le passé de ses personnages, les secrets qu’ils cachent et leurs origines. J’ai beaucoup aimé le mélange de douceur et de noirceur qui en ressort. On se croirait presque en pleine thérapie avec eux mais avec un touche propre à l’autrice qui sublime les relations interespèces.

J’ai adoré plonger progressivement dans les affres des souvenirs de Senzo, la pauvre bête noire de notre histoire, qui a pourtant un coeur d’ange même s’il ne veut pas le reconnaître. La dynamique entre lui et les autres personnages est toujours aussi mignonne. Ce gros bougon au coeur d’or nous touche, alors forcément quand on plonge dans les tristes souvenirs qu’il a du premier Manpachi, on ne peut qu’être désolée pour lui. Cependant, l’autrice ne se contente pas de faire du pathos, elle associe cela à de très beaux moments humains mais également au développement d’un riche folklore.

Le renard et le petit tanuki est ainsi une série à la fois humaine et ésotérique où les deux se mélangent à merveille. J’ai apprécié de voir que la mangaka cherchait à expliquer un peu les origines de son univers, expliquant l’origine des métamorphes et plus particulièrement de ceux qu’on croise. J’ai aimé également qu’elle commence à développer les autres personnages et ne se concentre pas que sur le duo de héros. L’histoire de Koyuki, sur laquelle on commence à lever le voile, mérite ainsi d’être racontée, tout comme la relation terriblement attachante de Tachibana et Mikumo.

Avec un rythme chaloupant, elle conjugue ainsi mythologie de la série et développement plus personnel pour donner une intrigue vraiment prenante à lire où la noirceur monte peu à peu pour exploser dans le dernier quart du tome. Cela donne une lecture assez tranquille dans un premier temps, avec un ton émouvant mais également humoristique, où on sourit des tendres évolutions de chacun, comme on sourit en observant les mécanismes régissant une famille. Mais en belle conteuse qu’elle est, petit à petit elle glisse les indices d’une histoire plus corsée et plus sombre où le mystère est épais entre ce qui se passe dans les cieux et sur Terre.

Mi Tagawa continue de m’enchanter avec cette douce histoire animalière bien plus profonde et riche que le topo de départ pouvait le laisser croire. Elle parvient à trouver le parfait équilibre et le bon mélange entre les différents éléments de son histoire, tout en nous surprenant de temps en temps et nous intrigant avec des mystères fondateurs de l’histoire pour lesquels on n’a que de fins indices, ce qui nous pousse à avoir envie de lire la suite. Mais si cela ne vous suffit pas, peut-être serez-vous touché comme moi par la tendresse qui s’épanouit dans chacun des duos de la série et qui me va droit au coeur, car après tout tout le monde à le droit à l’amour.

Bonus : Les petites histoires annexes muettes sont un très bel exercice de style également entre humour et tendresse, on fond littéralement !

Tome 5

Là où Lonely World du même éditeur, lu juste avant, m’avait laissée sur ma faim niveau émotion, ce fut à l’inverse un véritable tourbillon ici avec cette histoire d’amour et d’amitié animalière sur fond de famille et de folklore japonais. J’adore Mi Tagawa !

Dans sa précédente série, Père et Fils, elle m’avait déjà serré le coeur à chaque tome. C’est reparti pour faire pareil ici avec les aventures de Manpachi et Senzo qui me bouleversent à chaque fois. Les premiers tomes avaient un petit quelque chose d’anecdotique avec ces historiettes qui se suivaient de manière un peu légère. Mais depuis quelque temps, on est entré dans le vif du sujet en évoquant le passé des deux héros et cette pénétration en profondeur dans la mythologie de la série me ravie !

Plonger dans le passé de Senzo est saisissant et rude. L’autrice nous offre dans un premier temps des pages d’affrontement de haut vol entre créatures divines et autres bêtes du folklore japonais. Ça rappelle les grandes heures d’autres séries fantastiques. Cependant, ce sont les émotions qui sont le moteur ici et non la baston, ce qui change tout dans la dynamique d’écriture. Il se dégage une profondeur bien plus importante de ce qui se joue car l’autrice se focalise sur ce que ressentent ses héros dans ce maelstrom de pouvoirs déployés parfois sans le vouloir. Cela amène une toute autre dimension à ce qui se joue et le lecteur s’en émeut d’autant plus.

Depuis le début, on nous présent Senzo comme quelqu’un de mauvais, du moins voici comment certains veulent le voir défini. Mais nous, dans ses actions, ce n’était pas ainsi qu’on le voyait. L’autrice revient au coeur de cette dichotomie dans ce tome en plongeant dans la psyché de celui-ci et en nous révélant son passé. C’est excellent. J’ai adoré remonter le fil de son âme torturée aux côtés de Manpachi. C’était plein d’émotions à fleur de peau, les émotions d’un enfant abandonné qui ne s’est toujours pris que des coups et a toujours vu le verre à moitié plein sans remarquer la gentillesse qu’il y avait parfois aussi à ses côtés. C’est donc un récit très âpre qui nous est ici conté.

Couplé à cette réécriture du passé de Senzo, j’ai beaucoup aimé l’ambiance fantastique de l’ensemble. J’ai aimé la façon dont Mi Tagawa liait folklore japonais avec toutes ces créatures protectrices et esprits vengeurs, mondes entre les vivants et les morts, exorcismes et autres cérémonies, avec une réflexion puissante sur la famille, l’amour et l’amitié. Elle marie très bien tout cela. C’est graphiquement hyper immersif, avec un mélange de noirceur et de douceur surprenant, qui vient nous toucher en plein coeur quand on comprend que c’est exactement ce qui agite ce pauvre Senzo.

On apprend donc énormément de choses dans ce tome qui semble charnière pour la série. Enfin, nous comprenons un peu mieux Senzo, cette créature tellement décriée sans qu’on bien pourquoi avant. Maintenant, on saisit tout ce qu’il a pu vivre et on l’apprécie d’autant plus. Cette célébration de l’amour qu’ils se portent avec Manpachi mais aussi de tout ce que sa famille et ses amis ont fait pour lui dans l’ombre, nous prend à la gorge et nous serre le coeur, dans ce tome consacré certes à l’action mais aussi, et surtout, à l’introspection. Mi Tagawa est vraiment forte pour allier folklore fantastique, combat, émotion et drame. C’est du grand art !

Tome 6

Série qui brille surtout par ses couvertures dans ma mémoire, je découvre à chaque lecture (un peu sporadique, on l’avoue) combien en fait j’aime l’utilisation faite par l’autrice de cet univers folklorique pour y greffer de beaux sentiments humains et familiaux.

Comme le dit elle-même Mi Tagawa, dans ce tome Senro devient enfin un vrai héros ! Personnage bougon et grognon depuis les débuts, réfractaire à à peu près tout du fait de son passé de renard noir mis à l’écart, après tout ce qu’il a vécu, il a enfin compris qu’il avait près de lui une famille aimante et ça le transforme. J’ai adoré voir entrer en action ce nouveau Senzo, qui conserve son caractère de renard à la dent dure mais qui montre aussi plus de douceur et qui part ainsi à l’assaut pour aider les siens.

Ce tome fait donc grandement avancer l’histoire. Celle-ci était encore un peu floue parfois mais elle prend de plus en plus sens. Nous sommes là pour affronter la divinité toxique qui a pris possession du rocher, emblème du camp des gentils. Senzo a longtemps était la porte pour celui-ci mais la lui a refusé, il doit trouver un autre moyen de sortir, et les miasmes qu’il propage transforment tous les renards blancs, les rendant ultra agressifs. La lutte est lancée !

L’autrice réussi la gageure de nous offrir un volume plein d’action, elle que je n’aurais jamais imaginée sur ce type de scène après avoir lu Père et Fils ou avoir vu les couvertures du Renard et du petit Tanuki, comme quoi ^^ En plus, elle offre vraiment des scènes d’action qui en mettent plein les yeux. C’est superbe de voir comment elle associe folklore et lutte acharnée avec ces renards, loups et autres créatures métamorphes aux pouvoirs liés à la nature. J’adore l’utilisation qu’elle y fait des symboles des mythes et légendes japonais, que ce soit les barrières de protection, les terriers magiques, les toris, les incantations, etc.

Nos héros eux se retrouvent totalement embarqués dans ce récit mené à cent à l’heure et c’est un vrai plaisir de les y voir proactif. Senzo a enfin pris la mesure de ce qu’il avait à défendre et fait ce qu’il faut pour cela, changement totalement sous nos yeux, ce qui est un régal. Manpachi devient plus fort également et fait preuve de beaucoup de courage, utilisant à bon escient ses pouvoirs. Il en va de même pour l’ensemble de leurs alliés qu’on prend plaisir à suivre et à voir se battre pour se défaire de ses renards blancs transformés en animaux maléfique par les miasmes de Gyokumen. La bataille finale semble belle et bien engagée !

J’ai pris un vif plaisir dans ce tome bourré d’action et d’émotion où les héros se métamorphosent littéralement sous nos yeux après tout ce qu’ils ont gagné au fil des tomes qui a enrichi leur coeur et leur âme. C’est un vrai beau récit d’apprentissage où les valeurs familiales et amicales réchauffent le coeur et démontrent qu’elles peuvent transformer les gens et les révéler à eux-mêmes. Go go Senzo !

Tome 7 – Fin

Avec douceur et bienveillance, écoute et dialogue, pardon et seconde chance, Mi Tagawa nous conduit sur les chemins de la conclusion de sa douce mais âpre série aux allures enfantines mais bien plus complexe.

Le thème de la famille est vraiment celui qui semble tenir à coeur à l’autrice dans son oeuvre. Père et fils avait déjà été un beau et émouvant développement, c’est encore le cas ici du Renard  et (du) petit Tanuki, avec des figure certes empruntées au folklore japonais mais tout aussi représentatif pour évoquer le sujet de l’abandon, de la colère, de la rumeur, de la seconde chance ou encore de la famille recomposée et de l’amour tout simplement. L’autrice nous aura fait vivre bien des aventures pour conduire à ce dénouement autour de la figure controversée de Senzo que nous avons pourtant appris à aimer et il est l’heure de voir si seconde chance il y aura.

Si j’ai beaucoup aimé le fond de cette saga de bout en bout, je ne peux cependant pas effacer et nier que la narration fut moins réussie, notamment dans ces tomes de conclusion que furent celui-ci et le précédent. A vouloir associer le folklore à son histoire familiale, l’autrice a créé quelque chose de confus parfois. C’est en particulier le cas dans la lutte qui se met en place pour tenter de sauver Senzo et qui implique bien d’autres animaux que nous avions croisés en cours de route. La narration est heurtée, peu fluide, parfois confusante, certaines scènes n’ont pas une grande utilité et sont là pour remplir un espace que j’aurais préféré dévolu au développement des personnages principaux. Bref, c’est de l’action bien maladroite et pas très réussie. L’ensemble donne un résultat confus qui fait un peu passer à côté du message et rend celui-ci plus « facile » que ce que j’aurais aimé.

En effet, c’est mignon et touchant tout plein de voir combien l’évolution de Senzo au contact de « sa famille » formée par Manpachi et Koyuki l’a transformé et a fait de lui, enfin, quelqu’un de complet prêt, à résister à son côté sombre, mais l’ensemble m’a semblé un peu facile et superficiel, dans le sens où le traitement de l’ensemble est bien trop rapide et manque vraiment d’introspection. C’est peut-être parce que la cible de l’autrice est plus jeune mais moi, ça m’a manqué, surtout quand j’ai vu que c’était remplacée par une action maladroitement écrite.

Heureusement, j’ai quand même eu ces petits moments touchants qui font fondre le coeur quand on découvre « le nouveau Senzo » pas si éloigné de l’ancien, toujours aussi maladroit, mais un peu plus expressif vis-à-vis des sentiments que lui inspire sa famille. La conclusion est ainsi un joli petit bonbon, avec un amusant jeu sur les attendus qu’on avait de lui et qui au final ne correspondent pas et l’invite à jouer encore de sa réputation. Tout cela se mélange sous de doux dessins très enrobant qui nous berce et nous réconforte. J’attends maintenant la prochaine série de l’autrice en espérant qu’elle revienne quand même à une simplicité qui lui convient mieux.

Charmante histoire mélangeant folklore et relations familiales et « humaines », cette courte série m’aura bercée de doux sentiments du début à la fin, proposant un joli message autour des laissés pour compte et ceux qui ont une mauvaise réputation parfois à tort. C’était émouvant, c’était tendre et fort joliment dessiné avec des créatures adorables. J’aurais peut-être aimée une narration à l’aune de cela, apportant plus de profondeur dans les développements psychologiques qui sont restés en surface remplacés par une action et un humour mal dosés et maladroitement écrits qui prenaient trop de place. L’autrice est plus efficace et pertinente pour moi dans les histoires plus simples et sans fioriture. J’attends maintenant de voir quelle prochaine oeuvre elle nous fera parvenir.

(Merci à Ki-Oon pour ces lectures.)

Ce diaporama nécessite JavaScript.

© 2019 Mi Tagawa

15 commentaires sur “Le Renard et le petit Tanuki de Mi Tagawa

  1. Je suis content de voir que ce titre t’as plu. J’ai le même ressenti que toi sur les similarités thématiques entre cette nouvelle série et Pere et fils, en particulier concernant la famille.

    Encore un titre que je suivrai avec grand plaisir. Par contre Père et fils j’avais pu tout enchaîner, là l’attente ça être difficile !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire