Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Veil de Kotteri

Titre : Veil

Auteur : Kotteri

Éditeur vf : Noeve Grafx

Années de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes : 4 (en cours)

Histoire : Ce premier volume, entièrement en couleur, est construit comme une représentation de petits moments de vie entre les deux protagonistes, interrompus par de sublimes illustrations offrant comme un sentiment de rêverie. L’homme est un officier de police, la femme est aveugle ou du moins n’ouvre jamais les yeux. Les noms, les lieux, l’époque n’ont pas d’importance, car notre plaisir consiste à simplement les regarder se rapprocher l’un de l’autre à travers les chapitres.

Mon avis :

Tome 1

Comme une bonne partie de la toile accroc aux mangas, j’ai craqué face à Veil, ce très bel objet livre (et coffret ici) que propose en ce moment Noeve Grafx, nouvel éditeur sur la scène manga (hors artbooks qu’ils proposaient déjà) et qui ferait un très beau cadeau de Noël pour ceux qui chercherait quelque chose à offrir à un amateur de beaux livres.

Une fois n’est pas coutume, je vais d’abord m’attarder sur cet objet. J’ai pour ma part craqué pour le coffret réunissant les deux premiers tomes de cette série en cours (si on peut l’appeler ainsi…) et j’ai eu la belle surprise de recevoir un objet top qualité. Le coffret est très beau, doux, solide, avec un beau vernis sélectif et un côté très arty qui correspond bien à l’oeuvre. Quand on l’ouvre, les tomes sont tout aussi beaux, avec une jaquette texturée et un papier au grammage épais. Toutes les pages sont en couleur. L’éditeur a ajouté un bandeau, pour une fois utile, et qui n’est pas juste du marketing un peu ridicule. Il a même poussé jusqu’à conserver les petits reçus qu’on trouve dans les mangas japonais et qui ici permettent de collecter des points pour une future surprise. Enfin, bonus ultime, nous avons de jolis petites cartes sur les personnages dans chaque tome et une troisième bonus pour ceux ayant pris le coffret. C’est vraiment sublime et on sent très bien tout le soin apporté par l’éditeur.

Ce soin correspond vraiment à l’objet que nous avons entre les mains. Veil est, comme dit l’éditeur, une curiosité entre le livre d’art et le récit tranche de vie. Nous suivons le temps de chapitres assez courts, entrecoupés de croquis, monologues et autres très beaux dessins de l’auteur, le rapprochement entre deux personnages qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre au début : une jeune fille de bonne famille aveugle et un jeune policier piquant. Dans autant de scénettes que peuvent en contenir les tomes, nous suivons leur rapprochement avec humour et poésie, ainsi qu’une pointe de mélancolie. C’est vraiment sublime.

Tout est fort simple. Il ne se passe pas grand-chose, juste des petits moments de vie, où l’on voit les deux héros, qui n’ont pas de nom dans les chapitres, s’échanger des piques et autres marques d’affection tout en apprenant à se connaître. C’est vraiment très doux et terriblement touchant, mais aussi fort amusant. J’ai beaucoup aimé le ton choisi par l’auteur, un peu pince sans rire, qui m’a rappelé un certain humour British.

Par son format et son ambiance, Veil n’a pas été sans me rappeler Papa Told Me de Nanae Haruno où l’on suivait aussi les gentilles mais truculentes aventures d’une petite fille et de son père célibataire. C’est la même ambiance gentiment moqueuse mais terriblement tendre que l’on retrouve ici, avec un duo à la fois amis, parents-enfants et couple, assez étrange mais attachant.

Les deux héros dégagent une vrai alchimie et une certaine sensualité entre eux, puisque beaucoup de choses passent par le toucher pour cette jeune femme aveugle. C’est assez fascinant et le côté très « mode » du dessin renforce ce trait. J’ai beaucoup aimé le travail sur les silhouettes fait par l’auteur, mais également celui sur son choix de cadrages et la mise en scène de ceux-ci. C’est à la fois très contemporain et très moderne, dans le sens art de la première moitié du XXe siècle. En tant qu’amatrice de beaux dessins, je n’ai pu qu’être charmée par son travail.

Ajoutez à cela une ambiance froide et mystérieuse, un brin soviétique, qui désarme complètement et surprend par son originalité et vous comprendrez mon coup de coeur.

Je me doutais bien que j’aimerais Veil après en avoir entendu parler, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point. Tout m’a plu, des dessins, au concept, aux personnages et à leur petite vie. C’est vraiment sublime et charmant à suivre. Noeve Grafx a frappé un grand coup ici ! (Seul petit défaut, une reliure un peu rigide pour mes petites mains, ce qui fait mal lors de la lecture ><).

Tome 2

La suite des aventures, si l’on peut dire, de nos deux héros est tout aussi belle et sublime pour les yeux. Avis aux amateurs de beaux sentiments, de belles mise en page et de dessins à tomber par terre, ce titre est pour vous !

Les taquineries auxquelles se livrent nos deux tourtereaux se poursuivent, m’amusent et me touchent toujours autant. C’est charmant. On ressent de plus en plus leur attachement l’un pour l’autre à travers un petit geste, une parole ou un regard. Ils sont de plus en plus complices. Et la mise en scène de l’auteur est magique. Il y a notamment un chapitre vers le milieu qui se passe de nuit et qui est magique. Il m’a donné des frissons !

J’aime beaucoup l’approfondissement tout en nuances de leur relation et ça ne fait absolument pas répétitif contrairement à ce que je craignais. Au contraire, l’auteur ajoute peu à peu de petites touches qui ne font qu’enrichir l’histoire, les personnages et leur relation.

J’ai également beaucoup aimé la façon dont on parle de handicap dans ce tome, en mettant plutôt en avant les sens gagnés par l’héroïne et le charme que lui procure ses petites manies. C’est magique et parfois très sensuel. Je suis fan.

Graphiquement, c’est toujours aussi sublime. J’ai encore une fois beaucoup aimé le côté très « mode » du titre dans ce tome, notamment avec la petite galerie de croquis des tenus de l’héroïne qui faisaient très couture. Et en plus, ce n’est pas totalement gratuit, l’auteur explique bien le rapport de la jeune aveugle aux étoffes du fait de son handicap. Mais vraiment ce côté « mode » me parle beaucoup et me rappelle par certains côtés ce qu’avait pu faire Ai Yazawa sur Gokinjo ou Paradise Kiss, on retrouve d’ailleurs un je ne sais quoi de similaire parfois dans le trait.

Après deux tomes aussi excellents où je me suis beaucoup attachée à ce charmant petit couple, j’ai été ravie d’apprendre que l’auteur allait poursuivre et publier un troisième tome que Noeve Grafx va nous proposer l’an prochain si tout va bien. J’ai hâte ! Et je suis curieuse de lire d’autres titres de cette qualité, j’avais vraiment l’impression de me retrouver devant un excellent josei, alors que ce n’est pas le cas et que l’auteur vient du fanzinat en plus, il y a vraiment de vraie pépites à trouver dans ce milieu !

Tome 3

Nouvelle petit parenthèse enchantée un an plus tard grâce à nos retrouvailles avec le sublime et poétique Veil dans une édition collector encore de toute beauté, l’éditeur nous gâte !

Malgré un prix un peu prohibitif, j’ai cédé aux sirènes de ce collector si qualitatif avec son coffret effet velours reprenant le motif de la couverture du tome, agrémenté d’une carte supplémentaire, d’une charmante lettre signée de l’autrice et surtout de 5 illustrations tirées à part sur un très beau papier, que je meurs d’envie d’encadrer. Le reste du tome est tout aussi qualitatif avec son côté artbook vivant où histoires et illustrations se côtoient sur un superbe papier bien épais la plupart du temps et une impression aux couleurs chatoyante. C’est superbe !

Kotteri nous offre une nouvelle plongée poétique dans l’étrange relation qui les nouent elle et lui, mais cette fois l’étrangeté un peu maladroite des débuts laisse place à une familiarité qui fait chaud au coeur. Tout au long de ma lecture, j’avais l’impression d’être dans une sorte de bonus illustré de mes romances préférées avec des scènes ajoutées. C’était jouissif et j’ai adoré cette sensation de retrouver mes scènes que j’adore en roman illustrée ici sous un trait si magnifique. Car l’autrice est fan de mode est cela s’en ressent énormément dans l’esthétique et la mise en scène que ce soit dans les histoires où les planches purement d’illustrations qui flirtent parfois également avec le croquis. Ça donne envie d’encadrer chaque page !

Du côté d’Elle et Lui, nous avons donc une relation de plus en plus complice et charmante, donc de plus en plus tactile, le touché jouant un rôle essentiel avec une héroïne aveugle, mais ce n’est jamais gratuit et j’aime le sens profond que cela implique à chaque fois. Le besoin de se connaître sous toutes les coutures est prégnant dans cette nouvelle partie, tout comme le besoin de prendre soin de l’être aimé. C’est donc archi mignon. Mais il y a aussi une bonne dose de taquinerie douce et charmante comme dans certains petits couples et c’est fort amusant. J’adore leur dynamique, elle très légère et coquine, lui parfois un peu plus sérieux mais souvent charmeur-bourru et taquin, répondant avec plaisir à celle-ci. C’est charmant !

Chaque chapitre bien qu’un peu plus long qu’avant est trop court tant on aimerait suivre encore plus le quotidien de cet adorable duo. Cependant Kotteri maîtrise à merveille son rythme narratif et a un très bon sens de la chute avec un humour cocasse doux et chaleureux, qui confère une ambiance toute particulière au titre. Peut-être certains trouverons cela anecdotique, moi, ça me parle totalement ces brefs instants de leur quotidien, qui tel des polaroids viennent nous montrer des aperçus de leur vie à 2. Ça me rappelle un peu Papa told me dans l’esprit, le ton et l’ambiance arty-retro et j’avais beaucoup aimé ce titre, je suis donc ravie de retrouver cela.

Ce 3e volume est donc à nouveau un coup de coeur et je ne peux que saluer le travail fabuleux que fait l’éditeur français pour offrir un vrai contenu qualitatif à ses lecteurs, même si cela peut paraitre anecdotique à certain. On est cependant totalement dans l’esprit du livre et le désir de l’autrice de proposer un bel écrin pour cette histoire atypique qui tient presque du livre d’art à conter.

Tome 4

Chaque nouveau tome est un régal pour les yeux, des retrouvailles qui donnent un plaisir infini et une variation sur un même thème qui pourtant touche à chaque fois en plein coeur ! Quel bonheur de retrouver Elle et Lui.

Veil est vraiment un projet singulier. Entre artbook et manga comme le dit honnêtement l’éditeur, mais sans tromperie cette fois, comme j’ai pu avoir la déception sur Steam Rêverie in Amber où j’ai cherché l’histoire. Ici, on suit toujours des petits instantanés, de plus en plus longs j’ai l’impression, de la vie de cette Elle et ce Lui anonyme et pourtant si marquant.

On prend plaisir à les retrouver à chaque tome pour des instants volés où on les voit se rapprocher lentement et souvent avec maladresse, avec ce désir de plus en plus fort de monopoliser l’autre, de toucher l’autre. C’est puissant. Il n’y a pas besoin d’avoir énormément de pages, énormément de situations pour le comprendre. C’est la force de Kotteri qui avec une belle économie nous fait ressentir énormément de choses et comprendre tout ce qui peut se cacher dans l’âme de ses personnages, derrière leur sourire, leurs lunettes ou leurs yeux fermés.

Une fois de plus, le travail sur la gestuelle, la mise en scène est frappant. On sent que l’autrice prend vraiment son temps pour les choisir et nous impacter d’autant plus. Ainsi, les petits encarts où l’on a juste ses illustrations pures, telles des shootings de mode ou de magazines, sont de tendres respirations très classes également. De la même façon, les petites pages en style yonkama ajoutent une charmante touche d’humour toute mignonne qui a su me toucher avec tendresse.

J’ai aimé chaque petit chapitre dans ce tome, où j’ai pu voir tour à tour sa gêne à Elle mais aussi sa possessivité et ses petits tours pour le monopoliser avec son côté diablotin. Mais également les pages où on assiste à la grande tendresse que Lui a pour Elle et tout ce qu’il fait pour résister à la tentation. Il y a notamment une scène où la tension était vibrante à travers les pages. Cependant ce sont dans leurs petits riens du quotidien qu’on voit à quel point ils sont proches comme cette superbe scène dans la salle de bain, ou ce charmant découpage très tactile autour des mains. C’est simple mais si puissant !

Oui, chaque lecture de Veil a un côté éphémère, qui ne paie pas de mine et pourtant c’est un pur bonheur à chaque fois. Je régale mes yeux avec les compositions de l’autrice et l’ensemble de mes sens et mon petit coeur avec les tableaux du quotidien d’Elle et Lui qu’elle nous conte avec amour et tendresse. C’est doux, plein de charme et très sensuel et charnel également. Une vraie réussite dont je ne me rassasie pas.

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© 2019 KOTTERI

24 commentaires sur “Veil de Kotteri

  1. Un bandeau utile, ça change…
    Le coffret est dans ma wish list de Noël et plus j’en entends parler, plus il me fait envie. La relation entre les deux personnages a l’air très belle et bien amenée et l’humour devrait me plaire. Bref, ton avis me rend impatiente de découvrir cette histoire !

    Aimé par 2 personnes

  2. Bon, j’ai compris : j’avais déjà très envie de le lire, mais je sens que je vais acheter le coffret 😅
    En tout cas ton avis est clair et assez enthousiaste, je peux me pencher sur Veil les yeux fermés car je sais déjà qu’il va me plaire ❤

    Aimé par 1 personne

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