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Last Quarter d’Ai Yazawa

Titre : Last Quarter

Auteur : Ai Yazawa

Editeur vf : Delcourt

Année de parution vf : 2007 – 2008

Nombre de tomes : 3 (série terminée)

Histoire : Mizuki, lycéenne diaphane, tombe sous le charme d’Adam, un étrange musicien anglais, et décide de tout quitter pour le suivre. Or, en pleine nuit, elle est victime d’un accident de voiture sur leur lieu de rendez-vous à Shibuya… Parallèlement, Hotaru, une petite fille encore à l’école primaire est hospitalisée après avoir été renversée elle aussi, tandis qu’elle cherchait son chat… !

Mon avis :

Tome 1

En poursuivant mon marathon de relectures dans le cadre du Challenge Ai Yazawa que je fais avec Les instants volés à la vie, j’ai eu envie après ma plongée dans les univers plutôt lycéens de l’autrice, de me lancer dans son titre le plus étrange : Last Quarter, une histoire fantastique, qui fut malheureusement celle qui m’a laissée le moins bon souvenir…

Celle-ci n’est composée que de 3 petits tomes, ça fait bizarre après les pavés que furent Gokinjo et Je ne suis pas un ange. Écrite à la fin des années 90, la série est celle qui précède tout juste Nana et qui fait suite à Gokinjo mais elle tranche singulièrement avec celles-ci avec son ambiance fantastique et romantique presque gothique dans les plus purs sens des termes.

Dans le premier tome, le récit se partage en deux parties.

D’abord nous faisons la connaissance de Mizuki et Adam. La première a perdu sa mère, que son père trompait, et ce dernier s’est remarié avec sa maîtresse avec qui il avait eu une fille. N’en pouvant plus de cette situation, elle saute sur l’occasion de sa rencontre avec Adam, musicien de rue anglais, pour fuir le domicile paternel. Adam, lui, est un musicien pro qui est venu au Japon après avoir perdu sa fiancée morte de maladie. Tous deux sont deux âmes blessées qui se sont bien trouvées. L’autrice reste cependant assez floue et vague sur leur relation, les montrant au final assez peu. On a ainsi du mal à saisir la profondeur si soudaine et rapide des sentiments de Mizuki, qui voit peut-être en Adam une bouée de sauvetage, tout comme lui voit en elle l’image de sa fiancée défunte.

Avec Mizuki on retrouve le fameux thème de la famille dysfonctionnelle si chère à Ai Yazawa, et avec Adam la figure de l’artiste maudit qu’on retrouvera plus tard avec Ren, notamment. C’est sombre et dramatique à souhait.

La seconde partie met en scène un groupe de jeunes enfants qui vont à l’école primaire. Ils vont jouer les détectives pour comprendre qui est la mystérieuse femme fantôme que l’un d’eux arrive à voir.

En effet, suite à un accident de la route Hotaru a été à l’hôpital. Alors qu’elle était dans le coma, elle croise dans ses rêves une jeune fille. Bien éveillée, elle recroise celle-ci dans une maison abandonnée du coin, mais elle est la seule à la voir ce qui inquiète ses amis. Sauf que confronté à l’évidence de sa présence, ils finissent par la croire et décide de chercher qui elle est.

C’est un récit plus franc et chaleureux que le précédent. Les héros sont lumineux et plein de bienveillance. Le quatuor qui se forme est propice à de beaux triangles amoureux entremêlés que je vois vite se dessiner. Hotaru est adorable, petite et douce comme elle est. J’aime assez sa copine Sae, pour qui elle compte beaucoup. Chez les garçons, Tetsu me fait penser à un peu à Tsutomu de Gokinjo, il est ultra nature et simple. A l’inverse Masaki, son meilleur ami, est plus réfléchi, fourbe et complexe. C’est amusant de les voir évoluer ensemble.

L’histoire n’en est cependant qu’au tout tout début. L’enquête démarre à peine. L’ambiance est la clé de cette histoire, le fantastique étant parfaitement intégré avec un côté légende urbaine appuyé qui me plaît énormément.

Je reste cependant sur ma faim avec une histoire qui pour le moment m’émeut bien moins que les autres de l’autrice. En revanche, les dessins sont vraiment superbes avec un travail toujours aussi fou sur les tenues des personnages, mais également sur les expressions de chacun (j’adore les visages poupins des héros) et sur les décors dont l’aspect photographique peut surprendre mais me séduit vraiment ici car ça apporte la touche singulière parfaite à cette ambiance de légende urbaine.

Ainsi, même si ça reste le titre que j’aime le moins chez l’autrice, il n’en reste pas moins très qualitatif !

Tome 2

On prend les mêmes et on recommence. Ai Yazawa poursuit à merveille son récit mystérieux et étrange dans un deuxième tome très bavard mais au développement juste parfait !

Nos quatre jeunes héros sont sur la piste d’Eve. L’intrigue sera donc consacrée à 99% à l’enquête qu’ils mènent mais celle-ci va les amener dans des voies inattendues, qui montrent que l’autrice sait parfaitement mener sa barque.

Si j’ai trouvé le tome un peu trop bavard, ce qui rend la lecture malaisée car certaines planches sont trop chargées, en revanche je me suis régalée à suivre l’enquête de nos petits et les développements des personnages. Tout se marie très bien. L’autrice forme peu à peu des duos charmants entre nos enquêteurs. Tatsu se sentant de plus en plus attiré par Hotaru qu’il a envie de protéger, heureusement celle-ci est plus forte que ça, sinon ça m’aurait agacée… Masaki, lui, se tourne de plus en plus vers Sae qui est gênée car c’est le crush de sa meilleure amie. Tout cela est classique mais étrangement frais ici car les personnages sont justes adorables !

En plus, Ai Yazawa n’est pas un perdreau de l’année, elle sait donc transcender ce classicisme pour proposer des intrigues bien plus fouillées. Ainsi avec Hotaru on aborde avec force la question du deuil, et avec Masaki le délitement familial. C’est très bien joué de sa part ! Ainsi, les petites histoires romantiques sous fond de triangles amoureux passent d’autant mieux.

Cependant ce qui m’a le plus fascinée, c’est l’enquête. Celle-ci avance à la fois par à coups surprenants à la suite des découvertes qu’ils font et à la fois de manière totalement logique quand on est plongé dedans. C’est extrêmement fluide, bien pensé et cela coule de source. On pourra me dire que c’est totalement surréaliste de voir des enfants faire tout ce qu’ils font mais j’ai envie de dire qu’au point où on en est avec cette histoire de fantôme, on n’est pas à ça près. Et au contraire, cela donne une teinte Club des Cinq vraiment savoureuse !

En plus, l’enquête est passionnante parce qu’elle entremêle passé, présent, réalité, imaginaire et le doute est partout ! On ne sait pas si ce que raconte Eve est juste. Cela s’entrechoque avec les découvertes de nos petits héros en culottes courtes. Du coup, on doute énormément, on s’interroge, on réfléchit. Et en même temps, on est complètement pris par la détresse de chacun des personnages de cette histoire, qui est triste pour Eve, qui a mal pour sa soeur, qui est fébrile de ne pas savoir… J’ai adoré !

L’ambiance fantastique est encore top, une fois de plus. Elle est peut-être moins brutale, plus subtile mais non moins inquiétante surtout avec les fragilités qui pointent peu à peu chez Eve, cela la rend encore plus étrange et perturbante, je trouve.

Ainsi, encore une fois, même si ce n’est pas mon récit préféré de l’autrice parce qu’il me manque le petit truc en plus pour vraiment me sentir émue par les héros, j’adore le travail qu’Ai Yazawa fait sur l’appropriation des codes de la légende urbaine. C’est brillant !

Tome 3

Avec son rythme ultra rapide et son ambiance très mélancolique et dramatique ce dernier tome de Last Quarter comme prévu m’a laissée assez perplexe…

J’ai trouvé l’ambiance générale de l’histoire très belle, sombre et mélancolique comme j’aime. Le traitement des questions de l’abandon et du suicide est poignant. Mais j’ai trouvé l’ensemble un peu trop superficiel. L’autrice se lance dans de longue diatribes un brin moralisante pour au final accoucher d’une souris.

J’ai eu beaucoup de mal avec les personnages masculins adultes dans l’histoire. Le traitement d’Adam laisse à désirer pour moi, son suicide étant tour à tour considéré comme un acte faible et égoïste, puis beau et romantique… Il a également tour à tour l’aura de quelqu’un de néfaste puis de poétique car très amoureux de sa fiancée… Tomoki, l’ex de Mizuki, lui, l’a trompée à n’en plus finir mais parce qu’il a beaucoup de peine et se sent responsable de ce qui s’est passé, tout le monde semble oublier son égoïsme et lui pardonner… Décidément parfois la morale d’Ai Yazawa est étrange, ou du moins, ce n’est pas du tout la mienne. Du coup, ces deux points ont vraiment plombé mon appréciation de la fin de l’histoire.

En plus, malgré une ambiance bien travaillé et un travail sur la retranscription d’une légende urbaine d’un côté et d’une enquête de l’autre, tout se précipite trop ici. On a une envolée tragique que j’ai trouvé surjouée au début, puis une précipitation vers le drame ensuite qui manquait de finesse pour une résolution au final un peu trop simple. J’ai donc eu le sentiment de quelque chose d’assez bancal alors qu’avant c’était bien plus réussi. J’en viens donc à me demander si on a laissé le temps à l’autrice de vraiment développer son histoire. Mais en même temps, à d’autres moments elle est trop bavarde ce qui lui fait perdre un espace qu’elle aurait pu utiliser autrement…

Tout cela pourrait vous faire penser que je n’ai pas aimé ma lecture, or j’ai passé un joli moment. J’ai vraiment été touchée par la façon dont les jeunes héros s’étaient emparés de cette histoire pour la vivre à fond. Ce sont de beaux personnages dont le groupe est vraiment chaleureux. Ils se chambrent, se soutiennent et surtout s’apprécient beaucoup. Mais ici aussi il y a un petit goût d’inachevé entre eux dans les dernières pages…

J’ai donc aimé le voyage entre réalité et fantastique. La légende urbaine racontée par l’autrice est parfaitement travaillée avec un joli jeu de miroir et un récit aux multiples niveaux de profondeurs. L’intention est louable, c’est l’exécution qui fut un peu bancale, manquant de finesse, de justesse et de temps dans cet ultime volume, ce qui continue à me faire dire que c’est l’oeuvre la plus faible de l’autrice à mon goût ^^!

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17 commentaires sur “Last Quarter d’Ai Yazawa

  1. Sans le tome trois, je pense que j’aurais sauté sur la série, mais la conclusion de cette courte série risque de m’agacer (rien que le coup de suicide présenté comme, entre autres, romantique),,. Je reste néanmoins très intriguée par l’enquête et le jeu entre réalité et fantastique ! Du coup, à voir si ma médiathèque propose la série parce qu’avec seulement trois tomes, ça peut valoir le coup de tenter…

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      1. Hum… je ne suis pas trop d’accord, je trouve que Delcourt n’exploite pas bien du tout son fond de catalogue, surtout depuis qu’il est avec Tonkam, et qu’il laisse mourir plein de beaux titres V.V

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      1. Je ne pourrais te dire, c’est vrai qu’avant d’attaquer Nana récemment je ne connaissais que l’animé ! C’est un « format » dans lequel j’ai hâte de la découvrir.

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  2. J’ai un super bon souvenir de cette lecture, j’avais beaucoup aimé les enfants qui faisaient très « Club des Cinq » comme tu le dis mais c’est surtout toute cette atmosphère mélancolique et mélodieuse qui m’avait plu.

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      1. Mes avis sur Babelio ? Oh j’y vais plus depuis un bail, ils doivent dater de mes débuts dans la rédaction d’avis (et ils doivent pas être brillants 😂)

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