Livres - Classique

Brûlant secret de Stefan Zweig

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Titre : Brûlant secret

Auteur : Stefan Zweig

Editeur vf : Le Livre de Poche (Libretti)

Année de parution : 1911

Nombre de pages : 108

Histoire : Comment le désir et la passion, enracinés au fond de chaque être, peuvent le révéler à lui-même et bouleverser son destin : tel est le secret que tentent de percer les quatre récits qui composent ce volume. L’éveil de la jalousie chez un garçon de douze ans, qui a innocemment rapproché sa mère et le jeune vacancier oisif dont l’amitié l’emplissait de fierté ; la dérive nocturne d’un homme qui découvre au contact des voyous et des prostituées une part inconnue de lui-même ; le mystère d’une jeune femme qui se donne sans vouloir révéler son identité; la rivalité de deux sœurs, l’une religieuse et l’autre courtisane : dans des situations très diverses, l’auteur de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme explore avec audace des sentiments troubles et fascinants, témoignant d’une absolue maîtrise de son art de romancier.

Mon avis :

Je poursuis ma découverte de l’oeuvre de Stefan Zweig et en particulier de ses nouvelles, format que j’affectionne tout particulièrement chez lui, puisqu’il en est devenu maître. Après Le Joueur d’échecs, Les deux soeurs, La confusion des sentiments et Lettre d’une inconnue où l’amour tenait souvent une place centrale, place à Brûlant secret où l’auteur change son fusil d’épaule pour mon plus grand plaisir.

Brûlant Secret est une nouvelle qui a sa propre histoire. Elle est d’abord parue comme quatrième nouvelle du recueil Erstes Erlebnis (Première expérience en français) en 1911. Puis, elle paraît seule deux ans plus tard et trouve très rapidement son public et reçoit un bon accueil critique ainsi qu’une certaine reconnaissance d’autres auteurs dont Hermann Hesse. Mais le recueil est interdit par les nazis. En France le récit paraît en 1938, traduit par Alzir Hella, aux éditions Grasset dans un recueil portant le même titre et comprenant aussi Conte crépusculaire, La Nuit fantastique et Les Deux jumelles (réédité en 1986) donc dans une version différente que celle d’origine.
La nouvelle a aussi été adaptée au cinéma par Andrew Birkin en 1989 sous le titre de Burning Secret et obtint le prix du jury jeune du festival de Bruxelles la même année et le prix spécial du jury pour David Eberts au Festival de Venise.

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En quoi cette nouvelle est-elle différente de celles que j’ai lu précédemment ? Tout simplement parce qu’au lieu de parler d’amour, elle parle plutôt de séduction mais du point de vue d’un enfant qui assiste à une tentative de séduction et en est indirectement la victime, ce qui change tout.

J’ai encore une fois adoré la simplicité de la plume de Zweig qui m’a permis de me glisser totalement dans la peau de cet enfant de 12 ans (je crois) qui assiste ici aux émois de sa mère sans les comprendre. Partis en vacances tous les deux pendant que son père travaille, il assiste aux tentatives de séduction plus ou moins réussies d’un tombeur de ces dames qui a pris sa mère dans ses filets.

C’est fascinant de voir cela à travers le regard de cet enfant. L’auteur décortique tout le plan de drague de l’homme adulte à travers le regard d’un jeune garçon qui ne saisit pas tout mais trouve cela de plus en plus étrange au fil des pages. D’abord lui-même séduit, il devient rapidement celui qui gêne et donc l’élément jaloux du trio, car se joue ici à la fois le regard qu’un enfant pose sur l’un de ses parents quand il éprouve des sentiments ou du désir, mais aussi le regard qu’il sent retourné sur lui et qui lui offre en miroir celui d’un enfant gênant alors qu’il se voyait à l’aube de l’âge adulte. Fascinant.

J’ai adoré ce double jeu qui s’installe et la façon dont il est raconté crument à hauteur d’enfant avec ses sensations, ses sentiments, ses mots. Si on se rappelle de son enfance, on se reconnait dans la séduction ressentie dans un premier temps quand un adulte s’intéressait à nous, on s’en rappelle le plaisir, puis la déception quand on se voit écarté sous prétexte qu’on est « enfant », alors qu’à l’intérieur de soi, on sent bien que l’on grandit et que nos hormones bouillonnent. Le héros est à ce tendre âge charnière que l’auteur croque déjà à merveille à l’époque.

La nouvelle est alors un superbe jeu de dupe et de chausse-trappe parfaitement mis en scène par l’auteur au point qu’on a l’impression de voir une pièce de théâtre se dérouler sous nos yeux. J’ai adoré.

Zweig nous propose ainsi encore une fois une variation sur l’amour mais une variation surprenante où son regard ne se pose pas tant sur le sentiment amoureux lui-même que sur le regard qu’un enfant porte sur lui et sur les conséquences de ce dernier sur les adultes. Fascinant et perturbant.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : En tournant les pages, Vous ?

TB lecture

6 commentaires sur “Brûlant secret de Stefan Zweig

  1. Je lis beaucoup d’assez bons avis sur cet auteur et le tien confirme mon envie de le découvrir mais j’ai vraiment peur que le format utilisé handicape ma lecture. Je ne suis vraiment pas adepte, ni fanatique de nouvelles. Il faudrait que je tente avec celui-ci qui semble simple d’accès et efficace malgré sa courte durée.

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    1. Après Zweig a aussi écrit des textes plus longs mais essentiellement des biographies je crois, j’en ai d’ailleurs pris une pour les vacances. On verra si l’envie me prend de la lire. Mais en tout cas, oui, je trouve que ce titre est une bonne porte d’entrée, rapide et efficace ☺️

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