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Bride Stories de Kaoru Mori

L’une des plus belles séries de bande-dessinées graphiquement parlant !

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Titre : Bride Stories

Auteur : Kaoru Mori

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2011

Nombre de tomes vf : 14 (en cours)

Résumé du tome 1 : La vie d’Amir, 20 ans, est bouleversée le jour où elle est envoyée dans le clan voisin pour y être mariée. Elle y rencontre Karluk, son futur époux… un garçon de huit ans son cadet ! Autre village, autres mœurs… La jeune fille, chasseuse accomplie, découvre une existence différente, entre l’aïeule acariâtre, une ribambelle d’enfants et Smith, l’explorateur anglais venu étudier leurs traditions.
Mais avant même que le jeune couple ait eu le temps de se faire à sa nouvelle vie, le couperet tombe : pour conclure une alliance plus avantageuse avec un puissant voisin, le clan d’Amir décide de récupérer la jeune femme coûte que coûte…

Mes avis :

Tome 1
Très jolie découverte. Je m’attendais à une sorte de recueil d’histoires sur le thème des femmes mariées, des anecdotes, etc. Mais pas du tout, on suit les aventures d’une jeune fille de 20 ans très sympathique, dans sa nouvelle famille d’adoption. Le tout est très frais et les dessins magnifiques.

Tome 2
Encore un superbe volume, qui confirme tout le bien que je pensais à la lecture du 1e. L’auteur passe à merveille des scènes de la vie quotidienne à des scènes d’action plus enlevée, le tout sans jamais nous ennuyer. Les personnages se dévoilent et sont de plus en plus touchants. Vivement la suite.

Tome 3
Une nouvelle surprise, voilà ce que je me suis dit en lisant ce volume. On ne suit plus notre jeune couple mais M.Smith et les rencontres qu’il fait sont déterminantes. L’auteur notre brosse avec tendresse et tac le portrait d’une société complexe. Dommage que M.Smith ne soit pas plus téméraire…

Tome 4
L’auteur a encore su se renouveler dans ce tome. On retrouve d’abord avec plaisir la famille de Pariya, qui devient un personnage de plus en plus touchant de par sa maladresse. Puis, on découvre ces fantastiques jumelles, qui sont d’une fraîcheur irréelle. J’ai adoré suivre leurs aventures pour se trouver des fiancés. C’était très drôle et palpitant parfois. Les dessins eux sont toujours sublimes!

Tome 5
Je quitte avec tristesse les jumelles. J’ai adoré leur enthousiasme, leur joie de vivre et leur énergie. Les moments avec elles étaient magiques que ce soit le banquet, la séparation d’avec leur famille ou l’accueil dans leur nouvelle famille. J’aurais aimé les suivre encore. Du coup, le retour avec Amin et Karluk a été rude. Je n’ai pas replongé direct dans leur histoire et j’ai trouvé ça mou.

Tome 6
Tome sensationnel ! Beaucoup d’action, d’émotion ici. La lecture est haletante. Je n’ai pas pu lâcher mon tome avant la dernière page. Kaoru Mori est aussi douée pour les scènes de la vie quotidienne que pour celle de bataille. Les passes d’armes sont un régal pour les yeux! Les frères d’Amir sont vraiment des personnages très intéressants et j’ai été ravie de retourner de ce côté-là de l’histoire.

Tome 7

Avec ce tome, j’ai eu l’impression de lire un hors-série de l’histoire. En effet, on n’y voit pas le moins du monde Amir et Karluk, même pas un petit clin d’oeil, rien, et en plus il introduit des personnages et un univers complètement inédit. Ce changement se ressent dès la couverture avec un personnage très longiligne et filiforme ce qui détonne de la part de Kaoru Mori. L’histoire se déroule dans un univers assez clôt où l’on suit Anis, une jeune femme comme sait si bien les peindre l’auteur. Elle est vive, fraiche, très amoureuse, très simple, voire naïve mais je l’ai adoré de suite. Malgré son extrême minceur, je l’ai aussi trouvé très belle, parce qu’elle change tout le temps d’expression. J’ai beaucoup aimé son histoire, celle de cette femme qui vit dans un vase clôt et va peu à peu s’ouvrir, se faire des amies et surtout UNE amie très chère. Cela donne lieu à de belles scènes entre femmes, qui parfois sont tout de même ambigües. En effet, la tradition de « la soeur conjointe » dont il est question ici, est une sorte de mariage entre femmes, alors que cela soit platonique ou non, j’ai trouvé ça assez bizarre et j’ai même été un peu mal à l’aise, en particulier à cause du choix fait par Anis à la fin… Mais leur histoire est tout de même belle et touchante, parce qu’elle est empreinte d’une sorte de douce tristesse à cause de la dureté de leur vie. Par contre, j’ai trouvé les scènes qui se passent au hammam magnifiques, pleines de formes et de rondeurs, de douceur et de gaité. Cela donne l’image d’un monde féminin très vivant et chaleureux. Maintenant, direction le prochain tome où j’espère retrouver Amir ^^

Tome 8

Quel plaisir de retrouver cette série ! Le premier chapitre revient encore une fois sur le ménage trois qui s’est formé autour d’Anis, Shirin et le mari de la première. Je ne suis pas fan du tout de cette partie de l’histoire mais on ressent vraiment bien l’attachement de chacun. La suite du tome nous fait revenir auprès d’Amir et c’est l’occasion de retrouver la vie du petit village qui doit aider la famille de Pariya à se reconstruire après qu’elle ait tout perdu. J’ai adoré suivre les aventures de Pariya, elle est tellement drôle et touchante. Elle est vraiment d’une timidité maladive mais en même temps elle ne peut s’empêcher d’être honnête. Elle vit mal cette ambiguïté d’autant plus à l’approche de son mariage. C’est très mignon de la voir s’agiter dans tous les sens pour grandir et mûrir afin de plaire à son futur mari mais j’ai l’impression que celui-ci préfèrera la voir au naturel ^^ En attendant, on retrouve le monde des femmes autour de la confection du trousseau de mariage, mais on les voit aussi aider les hommes dans la reconstruction. A côté de ça, on continue à suivre l’évolution du couple Amir-Karluk qui sont de plus en plus complices. J’aime la façon dont ils s’acceptent pleinement tout en continuant à vouloir progresser pour plaire encore plus à l’autre. Les scènes de vie quotidienne, tout comme celle de chasse, sont toujours aussi belles, c’est un régal pour les yeux. J’ai notamment beaucoup aimé la courte séquence avec les gazelles qui montre la virtuosité de Kaoru Mori quand elle dessine des animaux. Quel bonheur cette série !

Tome 9

Je suis toujours aussi fan de cette série ! Les dessins sont une fois de plus superbes et le mot est faible et en plus il y a tout plein d’émotions. Dans ce tome, on continue à s’intéresser de façon drôle, touchante et bienveillante aux fiançailles de Pariya et Umar, mais l’auteur en profite aussi pour glisser des petits passages sur les autres personnages qu’on a rencontrés. Ainsi on a droit à des strips humoristiques en 4 cases et un court chapitre hors-série où on suit plusieurs groupes sur 5 pages. C’est toujours aussi bien fait et on les retrouve avec grand plaisir. Mais revenons au couple principal de ce tome, avec eux c’est encore l’occasion d’en apprendre plus sur la culture nomade asiatique. J’ai beaucoup aimé voir Pariya interagir avec les filles de son âge, mais aussi la suivre tandis qu’elle aide son père au travail ou lors de sa petite virée avec son fiancée. On découvre plein de choses sur leurs us et coutumes le tout enrobé dans de charmantes histoires parce que le petit couple c’est bien trouvé il faut le dire. Chacun est atypique à sa façon et c’est en ça qu’ils se correspondent bien comme l’a compris le père d’Umar. J’adore leur maladresse, leurs sentiments balbutiants et leur fraicheur. J’ai vraiment passé, encore, un superbe moment !

Tome 10

Déjà 7 ans que cette série a commencé en français et c’est toujours un vrai plaisir de la retrouver à chaque tome. En plus, cette fois Kaoro Mori ouvre sur une partie consacrée à la chasse et ça fait partie de ce qu’elle sait dessiner de mieux. Ces scènes d’action sont saisissantes, les animaux y sont plus vrais que nature et on peut passer de longues minutes rien qu’à admirer la beauté des planches ! Du côté de l’histoire, j’ai été ravie de retrouver Karluk parti dans la famille d’Amir pour essayer de « devenir un homme ». C’est touchant de voir ce petit bout d’homme apprendre la vie rude des nomades pour pouvoir se montrer à la hauteur de sa femme. J’ai beaucoup aimé ses interactions avec les frères d’Amir ainsi que la force de caractère dont il fait preuve. En plus, cela se termine par une scène toute mignonne entre lui et Amir où ils ouvrent mutuellement leur coeur. Adorable !

Du coup, j’ai eu d’autant plus de mal à couper le cordon et à repasser avec Smith ensuite. Je dois dire que depuis qu’il a quitté les jumelles, j’ai du mal avec ses pérégrinations. Ici, heureusement j’ai été aidée par la présence du guide que je trouve très savoureux. J’aime vraiment son caractère haut en couleur et j’ai beaucoup ri de sa crise de coupage de fourrure de dromadaire. Ensuite, on découvre enfin une grande ville avec eux et alors que je pensais que l’histoire prendrait un autre tournant, on se retrouve avec un personnage qu’on n’avait plus vu depuis 7 tomes et dont je ne me rappelais plus personnellement. Alors certes, il y a du potentiel dans cette histoire mais vu la mollesse de Smith, je crains le pire. J’ai vraiment du mal avec ce personnage au fil du temps qui passe. Il aurait dû rester un observateur selon moi…

Tome 11

Ce que je craignais arriva malheureusement… un tome presque entièrement consacré à Smith… Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas une grande fan de son personnage et cela vient se confirmer ici. Ce n’est pas un méchant garçon, mais ce n’est pas le pan de l’histoire qui m’intéresse le plus malheureusement. Alors quand on lui consacre tout un volume, je trouve le temps long. Attention, je ne dis pas que c’est mauvais, juste que ce n’est pas à la hauteur des excellents tomes où il n’est pas au coeur de l’histoire.

Ici heureusement, il n’est pas tout seul et c’est ce qui sauvera en grande partie cet opus pour moi. En effet, celle qui est le moteur de l’histoire, c’est la belle Talas, qui sur un coup de tête ou plutôt un coup de coeur est partie rejoindre Smith à Ankara. J’ai été très surprise par la force de caractère de cette femme si douce et posée en temps normal. Ce n’est pas chose aisée dans son milieu que d’oser prendre une telle décision mais c’est beau à voir pour nous lecteur occidental du XXIe siècle. C’est dans Talas que je retrouve vraiment la patte de Kaori Mori, cette autrice qui aime inventer des personnages féminins qui vivent dans un carcan étroit pour mieux les en faire sortir mais par leurs propres moyens, et ici Talas en est l’archétype. Ce qui est dommage, c’est que ce soit pour ce falot de Smith, qui certes gagne un peu d’envergure mais n’est toujours pas à la hauteur face à nombre de personnages masculins dans la série (tout âge confondu…).

Après Kaori Mori ne se contente pas de raconter l’histoire de cette romance ici, elle en profite également pour évoquer la façon dont les occidentaux pouvaient voyager, ce qu’il croisait en route, la façon dont il se procurait ce dont ils avaient besoin et tout un tas d’autres informations comme on en trouve dans Isabella Bird. Elle en profite aussi lors de petites histoires annexes pour nous parler de l’évolution de la photographie ou encore de la façon dont les rumeurs se propagent dans ces contrées. C’est fort amusant et on lit ça avec un doux sourire. Alors oui, c’est anecdotique mais avec le talent de l’autrice ça enchante aussi. D’ailleurs ai-je besoin de préciser que les planches sont toujours aussi belles et poétique ? C’est vraiment avec l’ambiance ce qui me plait le plus ici et me convainc d’acheter chaque tome, même quand je sais que ça va être sur un personnage qui ne me passionne pas comme ici. Allez, rendez-vous au tome 12 avec un petit retour vers Karluk et les autres, j’espère.

Tome 12

Moi qui souhaitais revoir un peu certains personnages, j’ai été écouté avec ce tome choral que nous propose Kaoru Mori et qui rompt un peu avec ce à quoi elle nous avait habitués, donnant l’impression de lire une suite de nouvelles autour du même thème.

C’est tout d’abord toujours un ravissement de retrouver les ambiances et les dessins de la mangaka. Il y en a peu qui peuvent se targuer d’avoir un aussi beau coup de crayon. Les planches fourmillent encore de détails. Elles passent d’un coin de l’Asie à l’autre nous offrant mille nuances sur les peuplades qui y vivent. C’est magique !

Mais surtout, ce fut un vrai plaisir de recroiser les hommes et les femmes rencontrés par Smith au cours de ses pérégrinations. Ainsi, j’ai aimé chaque petite incartade auprès des uns et des autres. Les deux premiers chapitres sur le temps libre occupé différemment par chacun est un modèle du genre. Je me suis terriblement amusée à y revoir les jumelles et leurs maris. J’ai été touchée par cette chère Parya qui cherche des amis avec qui passer le temps. J’ai trouvée trop mignonne les deux femmes-soeurs ne s’ennuient jamais l’une avec l’autre et j’ai apprécié de voir Karluk chercher le moyen de grandir auprès des frères d’Amir. C’étaient d’excellents chapitres !

La suite est tout aussi belle et adorable, que ce soit le court chapitre autour du chat Samoussa ou le très beau sur la chevelure de cette femme mariée. Ils offrent une belle transition avant de repartir sur les routes avec Smith.

Je ne suis pas fan de ce dernier, je l’avoue, mais j’aime beaucoup l’oeuvre qu’il s’est mis en tête d’accomplir. Ainsi, j’apprécie vraiment de le voir repartir et refaire le chemin inverse pour prendre en photo ce qu’il estime important et qui nécessiterait une publication pour que plus de monde les découvre. L’épisode avec le pèlerin est très parlant en ce sens.

Mais avec Smith, c’est aussi l’occasion de recroiser les personnages d’avant, telles que Shirin et Anis, qui elles n’ont plus ne sont pas mes personnages préférées, et qui pourtant ici offrent une très belle histoire tout d’abord en accueillant Talas auprès d’elles, puis en faisant preuve d’une grande ouverture d’esprit, d’une curiosité foisonnante et d’un coeur immense. J’aime l’entreprise dans laquelle elles veulent se lancer et ce que cela dit pour les femmes de leur monde.

Le ton très féministe de l’histoire m’a une nouvelle fois énormément plu parce que Kaoru Mori n’en fait jamais trop. Elle n’est pas dans l’agressivité mais au contraire dans une grande douceur. Elle fait passer plein de messages sur l’indépendance des femmes, leur force de caractère et l’égalité homme-femme sans que l’on se sente oppressé, car elle le présente avec doigté dans le fil de son récit. C’est très subtilement mené.

C’est donc une nouvelle fois avec un grand sourire que j’ai refermé ce tome, même si je continue à ressentir la frustration de ne pas voir assez mes personnages préférés, à peine croisés encore une fois. Il me tarde que l’autrice, à l’aide de Smith, aille les revoir et nous conte de nouvelles belles histoires sur eux avec son si beau coup de crayon.

Tome 13

Avec ce tome qui aurait pu signifier la fin de la série, l’autrice met un terme au voyage d’étude de Smith, un voyage riche en découvertes et en rencontres, mais ce n’est pas la fin pour nous qui nous sommes attachés à tous ces couples. Heureusement !

Comme à plusieurs reprise, Kaoru Mori coupe son histoire en deux temps bien différents ici. Elle nous fait d’abord retrouver les deux couples formés de jumeaux, des couples que j’affectionne énormément grâce à leur fraicheur, leur candeur et leur énergie. Ils accueillent Smith et ses compagnons dans leur nouvelle demeure en construction, alors qu’ils sont eux-mêmes encore trop frais dans leur rôle de jeunes couples.

L’occasion pour le lecteur de découvrir une fois de plus les us et coutumes de ces régions. Des coutumes où les femmes préparent le repas en cuisine sous la supervision de leurs aînées, tandis que les hommes se prélassent dans la pièce à vivre. Cela pourrait avoir le don de m’agacer si ce n’est que ce serait un anachronisme de ma part, et qu’en plus, ici, Kaoru Mori montre tout de même la bonne entente et l’entraide qu’il y a dans chacun des couples avec des garçons qui mettent la main à la pâte à leur façon. Ce sont donc des pages aussi bien instructives qu’appétissantes.

Mais le temps fort arriva ensuite lorsque les femmes, celles de Sam et Sami et celle de Smith se rencontrent. C’est un moment de pure magie féminine comme seule sait en écrire et dessiner Kaoru Mori. Les caractères radicalement différents des 3 femmes se mélangent à merveille lors d’un moment aquatique hors du temps où elles dépassent leurs différences pour s’unir dans la plus pure tradition d’une nature enchanteresque. Merveilleux !

Il est cependant bien vite temps de quitter ce petit cocon et de reprendre la route. Une étape bien plus douloureuse nous attend alors. La cruelle réalité de l’époque nous rattrape. J’ai toujours aimé la facilité dont la mangaka s’emparait des contextes historiques, elle le prouve encore ici, en évoquant les ravages de l’expansionnisme russe à l’aube du XXe siècle. Peuple sous pression, peuple révolté, tout cela est explosif et Smith se retrouve pris entre deux feux alors qu’il cherche à retrouver ses tous premiers amis : Amir et Karluk.

Le renoncement dont il va devoir faire preuve est parfaitement mis en scène. L’autrice nous fait bien comprendre le danger de la situation et surtout elle montre l’évolution de son personnage qui a appris à écouter les autochtones pour ne pas foncer inutilement dans le danger. Le trio qu’il forme avec Ali et Nikolovski m’a émue. L’autrice écrit ici une très belle relation masculine entre trois hommes de contrées et de cultures totalement différentes mais que leur humanité relie.

La réalité les rattrape donc et entre menaces et poursuite de son chemin, le choix est vite fait. Il n’empêche que cela permet de nous livrer des scènes d’une rare tension dans la série. La menace russe fait vraiment peur et l’autrice exprime très bien à mot couvert les ravages de cette volonté d’expansion qui va écraser un peuple sans chercher à dialoguer, échanger avec lui. C’est terrible.

Les au revoir avec Smith et Talas qui se sont écoulés sur plusieurs tomes vont donc être un peu triste. Ils n’auront pas eu l’occasion de revoir Amir et Karluk. Ce sont quelques pages assez âpres auxquelles nous assistons même si Smith a beaucoup appris de ce voyage, fait de belles rencontres et trouvé l’amour de sa vie. Elle-même quitte tout ce qu’elle connaissait, n’emportant que ce qui est le plus cher à son coeur. Kaoru Mori nous décrit cela avec une économie de mots et de cases saisissantes quand on voit l’émotion qu’elle parvient tout de même à transmettre.

Alors non ce n’est pas mon tome préféré, elle est trop sombre à sa façon pour ça, mais oui c’est une très belle conclusion tout en émotion au parcours de Smith, une conclusion dans laquelle l’autrice ne verse pas dans le sentimentalisme ou la facilité. Elle exploite à merveille son cadre historique, s’y tenant, ne cédant pas à la veine actuelle de tout lisser. Elle reste fidèle et c’est ce que j’aime chez elle.

Tome 14

Nouvelle merveille signée Kaoru Mori ! On peut vraiment dire que j’attends chaque tome avec le même bonheur et que je le dévore avec la même félicité, tant c’est un plaisir de plonger dans la découverte de ces sociétés de l’Asie centrale au cours du XIXe siècle.

Ayant laissé Smith repartir et poursuivre sa route, Kaoru Mori se recentre désormais sur Karluk, Amir et la famille de cette dernière, tandis que la tension monte entre les clans des steppes et des villes et la Russie impérialiste voisine qui ne rêve que d’une chose, s’emparer de leurs terres. Avec un mélange de géopolitique et de découverte culturelle, l’autrice nous entraîne à nouveau dans une riche aventure pleine de surprise.

Comme l’envisage la couverture, c’est du côté des frères d’Amir qu’on va se tourner et plus particulièrement de celui qui a pris la tête du clan et qui va se retrouver au centre des négociations pour tenter de renforcer les alliances entre les différents camps en prévision d’une guerre qui approche. D’Azher nous ne connaissions que le visage de grand frère qu’il arborait pour Amir, nous allons découvrir celui du chef de clan ici, et ce, avec une pointe d’amusement car l’autrice nous réserve une jolie surprise.

Bien que probablement très romancé, puisqu’on retrouve ici certains mécanismes des romances historiques que j’aime tant, la mangaka nous entraîne dans une trépidante course à cheval pour déterminer qui va et peut épouser Azher pour cimenter les relations entre les clas des steppes, défi lancé par le clan rival. L’autrice met cela en scène avec beaucoup de fougue et de vaillance, nous emmenant à la rencontre d’un nouveau clan, de nouvelles figures, de nouveaux hommes et femmes mais aussi de nouveaux compagnons à quatre pattes : les chevaux téké et c’est splendide !

Tout coule de source sous la plume de l’autrice. Les scènes s’enchaînent. Petites et grandes discussions se mêlent avec un plaisir évident malgré la menace qui gronde. On plonge dans ce bain de culture avec délice et ce n’est jamais dépourvu d’humour et d’émotion. On s’amuse de voir comment les aînés traitent la famille d’Amir. On sourit de la réaction de ces derniers où chacun est tellement différent. La course est un vrai délice à suivre, belle, rythmée, avec des enjeux et une mise en scène pleine de rebondissements jusqu’au bout, mais également avec une profondeur inattendue, tant comme dit Amir « la façon dont on chevauche en dit long sur l’individu ». Ce fut donc palpitant à lire !

J’ai adoré découvrir la personnalité à la fois réservée, fonceuse et réfléchie d’Azher, qui se retrouve comme en miroir dans sa fiancée Jahan-Bikeh. Celle-ci est vraiment le prototype de femme forte que je prends plaisir à découvrir ici dans ces terres rudes. J’ai tout autant apprécié les duos qui se sont formés avec ses frères ou cousins (je ne sais plus), que ce soit le petit jeune qui se laisse séduire par une jeune fille bien effrontée me rappelant les jumelles des tomes précédents, ou le plus âgé et sérieux qui choisit une femme qui a été maltraitée et à qui il souhaite offrir sa protection et une meilleure vie, montrant à quel point c’est une belle personne.

En soit, c’est donc un tome très centré sur les relations entre clan, un tome un peu à part où le temps s’arrête le temps de conclure une alliance, qui bien sûr à l’époque ne peut être qu’un mariage (ou plusieurs ici en l’occurrence), mais encore une fois Kaoru Mori nous fait vibrer en faisant cela. C’est beau, c’est riche, c’est émouvant. Les personnages sont parfaitement définis. La course de chevaux est incroyable. C’est drôle en plus de voir le piquant qui se met direct entre Azher et Jahan-Bikeh, cela augure d’une suite tout autant enlevée entre eux. Alors oui, tout est très romancé, les apports culturels sont moindres ici, l’autrice étire peut-être un peu trop son titre également, mais quel bonheur de plonger dans cette merveille à chaque fois !

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