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Le 3e Gédéon de Taro Nogizaka

Titre : Le 3e Gédéon

Auteurs : Taro Nogizaka sous la supervision de Satoshi Yamanaka

Editeur vf : Glénat (Seinen)

Années de parution vf : Depuis 2017

Nombre de tomes vf : 4 (en cours)

Résumé du tome 1 : À la veille de la Révolution, Gédéon rêve de représenter le Tiers-État aux états généraux pour sauver la France de la misère. Georges, duc de Loire, n’aspire quant à lui qu’à détruire l’ordre établi. Quel avenir la rencontre de ces deux hommes apportera-t-elle à la France ?

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Mon avis :

Tome 1

Au début, je n’avais pas forcément envie de tester cette série, la faute à une couverture qui de loin me faisait penser à du global manga (ces imitations françaises que je n’aime pas du tout). Mais en me penchant dessus après en avoir entendu parler en bien, j’ai réalisé qu’il était réalisé par le mangaka de la Tour fantôme qui avait été une surprise et franche réussite pour moi. J’ai retrouvé dans ce premier tome des éléments de son précédent titre, notamment le côté assez déjanté de l’histoire et de certains personnages ainsi que le traitement bien cru de la violence aussi bien physique que psychologique, ce qui fait de cette histoire un titre à ne pas mettre entre toutes les mains.

Tout d’abord, pour en revenir à l’histoire, celle-ci se déroule en France, quelques mois avant les débuts de la Révolution française. On retrouve tous les poncifs du genre avec une méchante noblesse et un pauvre peuple aux aboies pendant que certains de ses membres, des bourgeois ou pas, veulent réformer la société. L’auteur en plus peuple son récit de figures hautement connues comme Robespierre et Saint-Just et caricature la société d’alors avec le fameux prêtre pédophile abusant de son autorité et de son pouvoir. C’est classique, c’est bateau et ce n’est pas ce qui m’a intéressé dans le titre, surtout que l’éditeur nous prend parfois pour de vrais ignares quand on voit qu’il met en note ce qu’était un Duc sous l’Ancien Régime…

Non, ce qui m’a plu et amusé dans ce titre, c’est la folie du mystérieux Duc de Loire qui semble vouloir faire tout brûler, tout exploser, tout péter et qui ressemble à  méprendre aux héros de cape et d’épée qu’on connait bien comme le Capitaine Fracasse. On découvre celui-ci au détour de l’emprisonnement de son ami d’enfance, qui est un agitateur qui prêche pour une nouvelle société. Gédéon vit seul avec sa fille, il écrit des romans érotiques pour vivre, mais souhaiterait se faire élire député pour siéger aux Etats Généraux. Il a connu la noblesse et la richesse, mais également la pauvreté. C’est à travers ses yeux qu’on découvre le royaume de France d’alors et c’est le genre de personnage un peu agaçant qui prêche toujours « la bonne parole » parce qu’il veut rester dans le droit chemin. A côté de lui, le Duc de Loire, est un excentrique. C’est un noble qui veut mettre un terme à la société telle qu’elle existe mais qui procède de façon tellement violente et irrationnelle qu’on se demande ce que ça cache.

Pour le moment, l’histoire est encore assez peu développée au final. Nous n’avons eu que quelques exemples de la vie d’alors entre l’arrestation de Gédéon parce que c’est un agitateur, la condamnation d’un prêtre pédophile qui abusait de son pouvoir, la rencontre des « amis » de Loire et une controverse sur la peine de mort, le déménagement du village de Gédéon sur les terres de Loire pour aider Gédéon à se faire élire et enfin la capture de celui-ci par un mystérieux ennemi de Loire. J’ai encore du mal à voir où tout cela va nous emmener mais je suis intriguée par la folie de Loire et rien que pour ça, j’ai envie de continuer.

Tome 2

Voici un nouveau tome très dynamique, bourré d’action et de réflexions. Je n’ai pas vu passer le temps à la lecture de ce nouveau tome.

On démarre sur les chapeaux de roue avec la torture de Gédéon et le plan pour le secourir mené par Georges. En parallèle, on apprend qui est vraiment Gédéon et je n’avais pas vu venir la révélation, naïve que je suis. Cela remet pas mal de choses en perspective. Taro Nogizaka a été malin. On découvre également comme Georges et Motor se sont rencontrés, ce qui est fort intéressant. Le mangaka tisse de plus en plus sa toile et dévoile ses personnages, créant une panoplie d’hommes et femmes dont le passé est directement liés à leurs convictions et actions présentes.

Par la suite, on repart dans la quête de Gédéon d’obtenir un siège de députés pour changer les choses par la voie légale, tandis que Georges, lui, pense que ça ne marchera pas et embrigade Solange, la fille de Gédéon, dans ses machination. Cela sent le souffre, c’est glauque et violent, et Taro Nogizaka est fantastique dans ce genre d’histoire complètement barrée.

Il fait souffler un vent frais dans cette histoire de cape et d’épée, renouvelant le genre. Après, je ne suis pas toujours d’accord avec ses choix, par exemple, je n’aime pas du tout son portrait de membres de la famille royale qui est trop caricatural et extrême. A l’inverse, j’aime bien la façon dont il montre les ambitions de changements de Gédéon et la voie qu’il emprunte. J’attends maintenant de voir la finalité du plan de Georges, les conséquences de l’élection de Gédéon et la façon dont la famille royale va réagir. Je sens que je vais encore être surprise ^^

Tome 3

J’ai eu beaucoup de mal avec ce nouveau tome. Je suis de suite partie d’un mauvais pied à cause du portrait qui est fait de Marie-Antoinette et de sa famille. C’est beaucoup trop caricatural voire vulgaire parfois. J’avais l’impression de tomber dans une farce tant tout était surjoué et exagéré. J’ai détesté d’autant plus que ce sont des personnages et une époque qui me plaisent énormément. Pourtant le propos de l’auteur n’est pas dénué d’intérêt. Il revient sur les critiques faites à la royauté à la fin XVIIIe et les détourne pour nous montrer qu’au final, on connait bien mal la personnalité du Roi et de la Reine, donc c’est plutôt bien fait.

Si je reviens quand même aux deux personnages principaux, je trouve qu’il n’y a pas vraiment d’évolution de leur côté. Ça reste assez plat. Gédéon poursuit son ascension pour devenir député du tiers état. Il est caricatural au possible lui aussi. Ses discours ne prennent pas avec moi, j’ai du mal à ressentir sa passion. Son retournement de veste pour suivre le Comte d’Artois est trop rapide et mal amené, ça fait girouette. J’ai vraiment du mal avec ce personnage trop braillard et couard pour moi. De son côté, le duc de Loire reste aussi excessif qu’on l’a connu. Il poursuit son plan en cherchant à convertir la fille de Gédéon, mais là aussi il n’y a aucune surprise et je le regrette.

Dans ce tome, on retrouve donc une évolution logique de l’histoire mais cela manque de surprise et tout est trop surjoué pour m’accrocher. Je m’ennuie et je m’agace. J’espère que la suite sera meilleure.

Tome 4

Je continue à avoir beaucoup de mal avec le ton de la série et en même temps j’éprouve une certaine fascination face au récit des débuts de la Révolution vus par un japonais.

Les critiques que j’ai faites dans les précédents tomes sont toujours valables notamment concernant la représentation des personnages historiques à laquelle je n’adhère toujours pas, en particulier la famille royale. J’ai aussi beaucoup de mal avec le ton souvent trop outrancier avec lequel ils sont traités. Mais dans ce tome, je me suis vraiment laissée embarquer par les aventures de Gédéon et Robespierre. J’ai aimé la façon dont ce dernier s’est fait manipuler avec Georges pour se rapprocher du visage qu’on lui donne habituellement. J’ai également trouvé les manipulations de l’entourage du roi intéressantes, de même que leurs répercussions sur l’Histoire qui est en jeu sous nos yeux. Cela donne un vrai souffle épique au récit et les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte.

Je continue donc à laisser sa chance à cette série malgré tous ses défauts ^^!

Ma note : 13 / 20

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