Livres - Science-Fiction

Les étoiles sont légion de Kameron Hurley

Titre : Les étoiles sont légion

Auteur : Kameron Hurley

Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire

Année de parution vf : 2018

Nombre de pages : 408

Histoire : Quelque part aux franges de l’univers, une armada de vaisseaux-mondes organiques, connue sous le nom de Légion, glisse lentement dans le vide sidéral. Depuis des décennies, ses différentes factions se battent pour mettre la main sur la Mokshi, le seul vaisseau capable de quitter l’armada condamnée. La guerrière Zan se réveille sans souvenirs, prisonnière d’un peuple qui prétend être sa famille. On lui assure qu’elle est leur ultime chance de survie, l’unique personne capable de s’emparer de la Mokshi. Pour éviter un massacre, Zan va devoir choisir son camp. Mais comment choisir, quand vous commencez à suspecter que votre mémoire a été volontairement détruite ?

Mon avis :

Je continue mon exploration du catalogue de ce nouveau venu sur la scène imaginaire. Les étoiles sont légion a été présenté à la fois comme un récit féministe (on reviendra là-dessus) et comme de la science-fiction organique, raison pour laquelle j’ai eu envie de le lire tant ça m’intriguait.

J’ai toujours été fascinée par les récits de SF que j’ai pu lire. Ils ont une puissance évocatrice rare qui me permet de complètement m’évader. Les étoiles sont légion n’y échappe pas. C’est un titre qui sort du cadre de ce que je peux lire habituellement, avec lui, je me suis retrouvée dans un monde tellement propre à l’autrice que j’ai moi-même eu beaucoup de mal à me l’imaginer. Je voulais lire quelque chose de différent, j’ai eu quelque chose de différent.

L’histoire se déroule dans un monde totalement inédit pour moi, où on ne parle pas en terme de planètes mais de vaisseaux-mondes. Ces derniers ne vont pas bien, ils sont tous mourants et c’est pour les sauver, ou du moins en sauver au moins un, que nous suivons la quête des héroïnes.

C’est assez simple comme concept de base, une quête pour sauver le monde, mais la mise en oeuvre sort de l’ordinaire. Tout d’abord, et c’est ce qui m’intéressait le plus, nous sommes à bord de vaisseaux totalement organiques. Ce sont en effet des organismes vivants très mystérieux que l’on va apprendre à découvrir au fur et à mesure de la quête de Zan. C’est un univers complètement nouveau pour moi. J’ai été séduite par le concept même s’il m’a plus d’une fois retourné l’estomac. On y explore en effet les méandres mystérieux de ce vaisseau-créature sans rien nous épargner. C’est plein de fluides, de sang, d’excréments, de créatures plus étranges les unes que les autres et l’ensemble donne un mélange assez sale, humide et spongieux, particulièrement dérangeant, mais tellement dépaysant et c’était ce que je cherchais.

L’autre concept qui ne m’a pas laissée de marbre, c’est bien sûr l’absence totale d’homme. En effet, ce récit est 100% féminin si on s’en tient au sexe des personnages. Cependant, j’ai trouvé cela assez maladroit dans l’ensemble. J’ai eu l’impression que l’autrice, en voulant annuler la présence d’homme, avait boosté ses héroïnes à la testostérone et leur avait bien trop de réactions typiquement masculines. Je sais que c’est maladroit de ma part de dire ça, mais j’ai eu du mal à trouver une sensibilité féminine chez elles. Je m’attendais à tomber sur quelque chose de plus proche de l’image que j’ai des Sylvides de Leiji Matsumoto. Du coup, j’ai été assez mal à l’aise avec ce principe qui est pourtant très séduisant sur le papier mais moins dans le rendu.

J’ai tout de même beaucoup aimé la mythologie mise en place, avec ces vaisseaux-mondes mystérieux dont on ne connait pas l’origine mais dont on devine certaines choses au fil des pages. J’ai aimé découvrir comment fonctionnait cette société féminine où les femmes tombent enceintes comme par miracle au moment où leur vaisseau en a besoin et justement accouche de ce dont il a besoin. J’ai aussi apprécié découvrir ce qui se cache sous le premier niveau et derrière le fameux recyclage des personnes dont on n’a pas besoin. J’ai également apprécié d’avoir un monde en guerre perpétuelle autour de la question de la survie de l’espèce.

Cela donne un ton très dur et cruel à l’histoire. Il y a peu d’espoir caché. Tout est assez sombre. La guerre que se livrent les deux forces présentes a l’air sans issue, de même que la quête de nos héroïnes est assez vaine. Ce n’est pas l’enthousiasme qui nous étouffe quand on lit cette histoire et pourtant on ne peut pas s’empêcher de tourner les pages.

Le récit est très addictif, peut-être parce que l’on suit une héroïne amnésique et une autre qui cache bien son jeu et ne nous révèle des éléments qu’au compte-goutte. Du coup, on se surprend à tourner les pages à une vitesse folle alors que l’intrigue, elle, avance assez lentement. Quand on referme le livre, on se rend compte qu’il ne s’est pas passé énormément de choses depuis le moment où on l’a ouvert, mais en même temps, on a découvert tout un monde qui a su nous happer du début à la fin. C’est d’ailleurs ce que je retiendrai de ce roman : un univers, plus qu’une histoire.

Je ne peux donc pas dire que j’ai passé un excellent moment de lecture. Ce furent des moments riches et prenants mais assez durs. J’aime l’imagination et l’audace dont fait preuve l’autrice, mais il m’a clairement manqué une bonne dose d’empathie vis-à-vis des personnages pour adhérer à l’histoire. Je suis donc restée sur ma faim au final. Le titre est dépaysant, il m’a permis de découvrir une autre branche, plus sale, de la SF, mais ça s’arrête là. C’est donc une lecture en demi-teinte pour moi, même si le récit a ses qualités, je n’ai juste pas été touchée comme je l’aurais voulu.

Ma note : 13,5 / 20

11 commentaires sur “Les étoiles sont légion de Kameron Hurley

  1. Cette lecture a aussi été compliquée pour moi. Au bout du compte, on est à mon avis quasiment dans de la fantasy… et même si j’aime la fantasy j’espérais lire de la SF. Sans compter que bien que très sale et violent dans le décor, il m’a manqué de vraies batailles. Et pourtant, comme toi, je l’ai lu rapidement, les pages se tournant très facilement.

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      1. Je vois mieux effectivement ^^ On n’a pas la même définition, pour moi qui dit espace dit SF, donc y a des vaisseaux dans l’espace avec ou sans explication c’est de la SF pour moi 😉
        Mais je comprends ton sentiment.

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  2. Je rejoins albédo sur la particularité de ce livre. Moi j’ai adoré, en totale immersion passé les 100 premières pages, où il m’a fallu m’habituer à cet univers.
    Merci pour ton lien sur ton autre billet 😉

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