Livres - Classique

Les histoires de fantômes d’Edith Wharton

Titre : Kerfol et autres histoires de fantômes

Auteur : Edith Wharton

Éditeur vf : Le Livre de Poche

Année de parution vf : 2011

Nombre de pages : 251

Histoire : Les fantômes whartoniens se glissent dans ces interstices de silence oppressant, minéral ou granitique, dans « ce trou, béant, surgi soudain dans notre expérience ». Ils n’effraient plus, comme les fantômes anciens, par leurs apparitions spectaculaires et leur attirail gothique, mais par leur passage secret et discret, le frôlement furtif de leur « immense absence » et de leur palpable présence, en bas de l’escalier, derrière la porte de la bibliothèque, ou bien à l’autre bout de la table – si près qu’on pourrait presque les toucher.

Mon avis :

Edith Wharton est une autrice américaine du tournant du XIXe et du XXe siècle que j’affectionne depuis longtemps. J’ai lu cette année l’un de ses romans les plus célèbres : Le temps de l’innocence, où sa plume m’avait fait forte impression. C’est donc avec grand plaisir que je la découvre cette fois dans un autre format : les nouvelles, grâce à ce recueil d’histoires dites de « fantômes », dans lesquelles elle se livre à un joli exercice de style, en ajoutant à ses tableaux habituels de la bonne société une touche de fantastique.

Au cours de ces cinq nouvelles, écrites à des moments assez différents de la vie de l’autrice entre 1910 et 1935, sachant qu’elle meurt 2 ans plus tard, nous découvrons la palette d’expressions dont elle est capable. Sans vous mentir, j’ai moins aimé ses histoires les plus anciennes, ce sont celles qui sont parus les plus récemment qui m’ont le plus plu, parce que ça plume est alors beaucoup plus légère et incisive. Pour autant, il y a toujours beaucoup d’humour, un peu grinçant parfois, chez elle et j’en raffole. C’est une autrice que je trouve encore très contemporaine dans sa façon qu’elle a de parler de la bonne société mais également du couple. Et ici dans ces 5 nouvelles, le couple est l’un des thèmes récurrents, avec les apparitions de fantômes plus ou moins vengeurs, les trahisons et le deuil. 

Pour mettre tout cela en contexte, cette édition française a eu la bonne idée d’ajouter une préface et des annexes très intéressantes où l’on apprend des choses sur le travail d’Edith Wharton, ses références et la place de ce type d’écrit dans la littérature, ainsi que sur sa vie et ses amitiés. C’est parfait pour accompagner ces textes.

Voici d’ailleurs mon avis sur chaque de ces nouvelles :

La première histoire, Kerfol (1916) se déroule en Bretagne. Elle rappelle bien des histoires fantastiques lues, où un homme tombe sur un lieu atypique, qui a connu autrefois des événements étranges, qui sont racontés ici. J’ai aimé que le récit se passe dans un passé lointain, pendant la Renaissance. L’histoire de la vie conjugale de cette femme et la mort mystérieuse de son mari ainsi que le procès qui en a découlé m’ont happée. C’est un récit simple prenant pied dans la réalité et qui dérape merveilleusement bien.

J’ai bien moins aimé la deuxième histoire : Les yeux (1910). Elle a un style plus lourd et l’histoire est moins prenante. Suivre un type qui s’est réuni avec ses copains et raconte, de façon théâtrale, comment quand il était jeune il était parfois hanté par une paire d’yeux à certains moments clés de sa vie, n’est pas passionnant. La description de ces fameux yeux censés lui faire peur ne m’a pas impressionnée du tout, un raté, même si j’ai bien aimé l’humour de l’autrice par moment quand le héros se prête à l’auto-dérision.

Avec la troisième histoire : Ensorcelé (1925), j’ai retrouvé la plume que j’aime simple et incisive qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’histoire qu’elle raconte. Ici, nous sommes en Amérique profonde, à la campagne, avec une femme qui fait appel aux amis de son mari ainsi qu’au diacre pour exorciser celui-ci puisqu’il rencontre une jeune défunte certains soirs. Une belle histoire sur le deuil mais aussi sur la vie en province et la vie conjugale d’alors faites de bien des aléas.

La quatrième histoire : Le miroir (1935), est une autre belle histoire émouvante de femmes. Cette fois, c’est le récit à la fois d’une escroquerie et d’un grand amour, le tout autour d’une vieille femme qui ne supporte pas de vieillir. Beaucoup de thèmes se mélangent ici : deuil, amour, vieillesse, maladie et c’est très joliment croqué dans une Amérique bourgeoise contemporaine à la publication du récit.

Enfin avec  la cinquième histoire : Après Coup / Plus Tard (1910), comme avec son autre texte plus ancien, j’ai eu un peu plus de mal avec la plume de l’autrice que j’ai trouvé trop engoncée. Mais l’histoire en elle-même est très intéressante car elle dénonce à la fois une femme victime d’un mari qui a escroqué une autre famille et la vengeance du fantôme de la victime. A nouveau la vie domestique et les aléas d’une famille riche qui travaille dans les affaires sont très bien croqués.

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Titre : Le triomphe de la nuit, volume 1

Auteur : Edith Wharton

Éditeur vf : Joelle Losfeld

Année de parution vf : 2001

Nombre de pages : 183

HistoireLe Triomphe de la nuit (vol. 1) et Grain de grenade (vol. 2) forment l’intégrale des histoires de fantômes de Edith Wharton. Introspectifs, subtils, à la fois fiévreux et glaçants, les textes fantastiques d’Edith Wharton ne cèdent rien à ceux de Henry James ou de Walter De La Mare et le souffle du Tour d’écrou est tout entier dans ces textes superbement écrits, infiniment insidieux.
Longtemps considérée comme une élève douée de Henry James, Edith Wharton passe aujourd’hui pour l’un des écrivains majeurs de la littérature américaine moderne. Née en 1862 à New York, installée en France en 1902, extrêmement cultivée, elle est l’auteur d’une oeuvre abondante dont on citera Ethan Frome, un classique, ou Le Temps de l’innocence.

Mon avis :

Dans ce nouveau recueil de nouvelles fantastiques, les fantômes sont aussi, comme dans celui du dessus, les habitants légitimes des vieilles maisons européennes sans que personne ne s’en étonne, ce qui rend la peur presque banale et l’angoisse acceptable. Ces vieilles demeures sont plus qu’hantées, elles sont possédées et habitées non plus par les hommes qui y résident mais plutôt par les fantômes qui l’occupent, ce qui fait prendre tout son sens au titre du recueil : Le triomphe de la nuit.

Cependant, comme nous retrouvons plusieurs nouvelles dont je viens de vous parler : Les yeux, Plus tard et Kerfol, je ne vais vous présenter que celles encore inédites.

La cloche de la femme de chambre (1902), est la première nouvelle de ce recueil et elle me fait complètement revenir sur ce que j’ai dit au-dessus. Non, la plume d’Edith Wharton n’est pas moins bonne dans ces années-là ou alors c’était la traduction qui avait un souci précédemment… Bref, je me suis régalée. L’ambiance est top. On est plongée dans une vieille bâtisse pleine de mystères avec des propriétaires non moins étranges. L’héroïne s’y retrouve propulsée femme de chambre, face à une pièce qui a l’air hantée par la femme qu’elle a remplacée. On frissonne tout du long de cette trentaine de pages. Même la fin, ouverte, semble tomber juste. Chapeau !

Le triomphe de la nuit (1914) est la dernière nouvelle du recueil et elle reprend un peu le même schéma que d’autres. A savoir, un jeune héros qui se retrouve dans une demeure où il se passe de drôle de choses. J’ai aimé suivre ça avec lui et m’interroger, essayer de rassembler les éléments jusqu’à la chute finale. La touche de fantastique arrive assez tardivement, je trouve, mais elle est glaçante avec cette apparition qui est le double d’un des personnages. La maison est un personnage à part entière de l’histoire avec son côté labyrinthique bien stressant. Bref, encore une très bonne nouvelle de la part de l’autrice, qui décidément à une belle plume même dans ses années là. Comme quoi, tout dépend de la nouvelle ou bien de la traduction…

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Pour conclure sur ces 2 recueils : Edith Wharton reste une autrice dont j’aime énormément la plume mais également les thèmes et les ambiances qu’elle développe dans ces récits. Pour l’instant, je trouve que ce format court lui convient mieux que le long des romans. Il me faudra en lire quelques autres en plus du Temps de l’innocence pour voir s’ils me donnent tort ou non.

Ma note : 15 / 20

4 commentaires sur “Les histoires de fantômes d’Edith Wharton

  1. bonjour, comment vas tu? je ne connais pas du tout mais comme j’aime lire des nouvelles, ton article me fait envie. je prends note pour voir si on a ces livres à la médiathèque pour les lire quand j’aurai fini ma saga actuelle. passe un bon mardi et à bientôt!

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    1. Merci pour ton passage, je vais bien merci et je profite justement de mes vacances pour faire de telles découvertes.
      Ravie en tout cas de te donner envie. C’est vrai que les nouvelles sont un format très agréables à lire et elles permettent de découvrir bien des auteurs ^^
      J’espère que tu pourras les trouver 😉

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