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Les Promeneuses de l’Apocalypse de Saitoh Sakae

Titre : Les Promeneuses de l’Apocalypse

Auteur :  Saitoh Sakae

Éditeur vf : Doki Doki

Année de parution vf : Depuis 2022

Nombre de tomes vf  : 5 (en cours)

Résumé : Elles visitent les endroits les plus célèbres du Japon avec leur moto tout terrain. Admirer le mont Fuji depuis Hakone, pêcher sur le pont de la baie de Yokohama, sans oublier d’aller au Tokyo Big Sight. Voilà le voyage qui attend nos deux jeunes filles à moto. Hélas, le monde s’est effondré…

Mon avis :

Tome 1

FAIRE DU TOURISME À L’ÈRE D’UN JAPON POST-CATASTROPHE NATURELLE

Une surprise inattendue, voici les premiers mots qui me viennent après avoir refermé ce titre dont je n’attendais rien si ce n’est un voyage contemplatif et qui m’a offert bien plus ! 

Quand j’ai vu débarquer Les promeneuses de l’apocalypse, c’est-à-dire un titre où on se ballade dans un Japon détruit après une catastrophe naturelle (ou pas ?), j’ai de suite pensé à des titres comme Aria ou Escale à Yokohama, et je pensais donc avoir une lecture assez tranquille et reposante. Mais dès les premières pages, ce sont plutôt 7 Seeds et Coppelion auxquels j’ai pensé, voire Dragon Head ou A journey beyond heavenmême, tant les paysages de ce Japon ravagé furent saisissants. 

Sakae Saito nous plonge directement dans le bain sans avertissement aucun. On se retrouve à bord d’une moto à accompagner une jeune adolescente : Airi et son androïde : Yôko, qui parcourent le pays en suivant les traces de la soeur aînée de la première, qui autrefois avoir un compte instagram où elle avait posté les photos de son périple. A leurs côtés, nous nous mettons donc dans ses traces mais dans un Japon qui a bien changé.

L’ambiance se veut donc résolument mélancolique et paradoxalement pleine d’allant, ce qui fait bizarre. Airi est une jeune fille très enthousiaste qui est ravie de parcourir le Japon sur sa moto. L’ambiance se veut donc résolument mélancolique et paradoxalement pleine d’allant, ce qui fait bizarre. Airi est une jeune fille très enthousiaste qui est ravie de parcourir le Japon sur sa moto électrique à l’aide de sa comparse Yôko et même quand elle tombe sur quelque chose de triste, elle tourne rapidement la page et avance. On les suit donc à la découverte de ces nouveaux paysages, à la recherche de nourriture et en train de prendre plaisir d’un rien, comme de nager avec les manchots ou de découvrir une nouvelle route.

Cependant le mystère est complet pour savoir ce qu’il s’est passé. Après tout la jeune fille dont elles suivent les traces est présentée comme la soeur aînée d’Airi, donc cela n’a pas dû se passer il y a bien longtemps et pourtant on ne sait rien. On sait juste que celui-ci a un certain temps habité dans une sorte de bunker dont on lui avait déconseillé de sortir et qu’elle doit faire désormais avec un environnement bousculé et hostile parfois entre manque de nourriture, recherche d’eau potable et radiations.

J’ai adoré cette ambiance faite de mystères et d’exploration. Cela m’a fortement rappelé plusieurs récits post-apocalyptiques que j’ai tant aimé comme 7Seeds mais la peur en moins, car on n’est pas confronté à de drôle de créatures mettant en jeu notre survie. On visite juste des paysages ravagés où on tente de retrouver ce qu’ils étaient avant. Les rencontres faites sont souvent tristes et mélancoliques mais jamais aussi rudes et sombres que dans les oeuvres précitées, on garde toujours le sourire et l’espoir ici.

Il y aurait après à dire encore une fois sur ce besoin des japonais d’affubler leurs héroïnes adolescentes d’un costume d’écolière même dans ce genre de situation et de paysage, mais c’est bien moins gênant que dans Coppelion  car il n’y a pas de cadrage maladroit sur elle dirons-nous. Cependant je m’interroge sur ce besoin dans certains magazines à destination d’un public masculin… Je ne suis pas non plus une grande fan du charadesign des personnages que je trouve fort simple et bien trop proche de ce trait « animable » et lisse que je n’aime pas trop. Il n’y a pas de personnalité qui ressorte ici.

Une belle surprise pour un récit qui me rappelle énormément de titres référencés « post-apocalypse ». On est ici dans un singulier mélange de doux titre contemplatif et de titre plus nerveux et inquiétant sur un Japon bouleversé par une catastrophe, le tout sans qu’on sache laquelle et comment. Les bribes données suscitent la curiosité et il est plaisant de suivre le caractère entraînant de l’héroïne et son androïde sur les routes au milieu de ces paysages connus et différents à la fois. Un beau début de voyage.

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Floriane, Vous ?

Tome 2

La jolie découverte passée dans le tome 1 se poursuit ici, peut-être, de manière plus tranquille avec un voyage qui continue et permet de jolies sensations sur fond de paysages détruits et chamboulés provoquant toujours une belle émotion.

Le schéma de conduite de la série a été donné et se répète sans surprise ici. Nos deux héroïnes poursuivent leur chemin dans ce Japon ravagé, croisant bien peu de vie sur leur chemin, mais étant toujours à la recherche de sensation ce qu’elles trouvent.

Avec un faux rythme parfois déstabilisant, la tranquillité de leur road-trip se voit régulièrement brisé par des événements inattendus, avec des animaux sauvages, une radio clandestine, une tempête inattendue, un drôle de rêve et une attaque sortie des meilleurs films d’horreur. Il existe donc sans qu’on s’y attende une forme de tension narrative qui vient booster la lecture.

Pour autant, leur voyage est toujours en mode « j’observe les paysages que ma soeur a connus et qui ont changé ». C’est donc assez vain et tranquille de ce côté-là. Elles sont charmées de ce qu’elles voient, mais l’autrice s’attarde peut-être moins sur la description de ces lieux et ceux-ci, à part Shibuya, sont peut-être moins emblématiques. On est plus sur le récit d’une ambiance cette fois avec la peur de la nature qui reprend ses droits.

J’ai cependant particulièrement aimé le message de cette radio où quelqu’un a transmis ses aspirations à une IA pour qu’elles traversent le temps. J’ai aussi été scotchée par le chapitre de l’attaque des rats qui était bien stressant. Et un mystère s’ajoute avec les rêves de Yôko qui lui décrivent les lieux. Est-ce un rêve ou un souvenir ? Qui est-elle au final ? J’espère que derrière tout ce voyage qui nous transmet son calme et ses émotions charmantes, il y aura quand même quelques réponses.

Suite toute tranquille où Sakae Saito détaille son concept, ce nouveau tome continue de nous faire voyager paisiblement dans ce Japon inconnu où les animaux ont pris possession d’Akihabara, où la nature peu venir les perturber fortement à Kisarazu et où elles vont vivre une aventure terrifiante avec des rats à Umihotaru. C’est simple mais ça fonctionne. L’autrice introduit de petits éléments de tension dont j’espère voir la concrétisation, car juste un long voyage sans réponse serait quand même un peu frustrant à mes yeux, même si j’en saisis le concept ^^!

Tome 3

Il y a certaines lectures qui font un bien fou dès qu’on a un petit coup de mou, car elles sont fraiches, dépaysantes, reposantes. C’est le cas à chaque tome avec nos promeneuses !

Chaque rencontre et retrouvaille avec elle est non seulement l’occasion de repartir sur les routes de ce Japon métamorphosé suite à une catastrophe, mais également celle de découvrir leur monde autrement. Maintenant que nous avons bien compris le concept et fait quelques rencontres, on peut poursuivre le développement de celle-ci.

Découpé en deux grandes parties, ce tome nous offre d’abord d’évoquer la santé des humains et des robots dans ce contexte bien particulier, avec le lieu où les filles vont se rendre pour se faire ausculter, soigner ou réparer. Puis dans un second temps, nous allons vivre la passion de Yoko pour la moto et la vitesse à l’aide d’un circuit automobile où elle va pouvoir lui donner libre cours. Deux ambiances très différentes.

J’ai eu l’impression avec l’arrivée du premier que nous aurions peut-être un petit virage SF plus affirmé et quelques révélations. Ce fut raté, dommage, et ça m’a laissé sur ma faim. J’ai ainsi préféré la seconde partie où sans qu’il y ait de but particulier, c’est jouissif de sentir la vitesse faire décoller l’héroïne, la mangaka représentant très bien les sensations de vitesse en pleine course.

De Tsukuba, en passant par Kasumigaura et le Mobility Resort Motegi, Sakae Saito nous a encore fait voyager avec originalité dans ce troisième tome des Promeneuses de l’apocalypse qui porte si bien son nom. Si une SF plus conséquente me manque un peu, j’apprécie aussi la détente originale que ces différents tableaux japonais m’offrent en sortant de leur cadre habituel. Un concept qui s’étire assez facilement grâce à un duo heureusement choisi.

Tome 4

A venir

Tome 5

C’est toujours un plaisir de retrouver nos arpenteuses d’un Japon détruit et encore plus quand cela change de nos habitudes et que de belles rencontres sont au programmes.

Depuis le début, il y a un charme tranquille et presque suranné à suivre notre duo sur les routes défoncées du Japon, tandis que Yoko suit les traces de sa soeur disparue. C’est sympa, paisible, plein de nostalgie avec ce gimmick de la photo ou du post insta de la soeur aînée qu’on suit. Cela permet aussi de parler de paysages autrement et de présenter un post-apo feel good qui change de ceux en général plus aventureux et politiques que les auteurs nous proposent habituellement.

Dans ce tome cependant, on rompt un peu la monotonie. Yoko tombe subitement malade et doit être soignée. Heureusement, un garçon passe par là et lui vient en aide, l’occasion de faire une pause dans la station thermale où il habite et de faire connaissance.

J’ai beaucoup aimé cette petite pause dans le récit comme l’autrice sait en ménager, notamment à cause de la nature de celui qui leur vient en aide. Eight est un personnage vraiment intéressant de part son lien à ce qui l’a enchaîné à cette source thermale et le lien qu’il va quand même, malgré tout, tisser avec nos jeunes filles, ce qui va amener un tiraillement de loyauté intéressant lui aussi. Nous sommes vraiment, comme chez Becky Chambers (en romans) dans de la SF positive qui réfléchit au futur de notre humanité avec douceur mais intelligence. Ça fait du bien. Les questions transhumanistes qui sont posées me plaisent même si ici on reste assez en surface et qu’on n’a pas le temps de trop creuser.

Ce tome en tout cas avait une jolie dynamique entre mission de sauvetage, guérison, découverte du lieu et son habitant, repos dans les sources, petits mystères et perturbations finales humaine et naturelle qui viennent mettre un coup de stress. On alterne les moments tranquilles et ceux où on est plus curieux, pour terminer avec de l’explosif avant de dire au revoir à ce havre de paix pour repartir à l’aventure. C’est un schéma que l’autrice maîtrise bien et qui est efficace. En tout cas, même après 5 tomes, je ne décroche pas.

Jolie pause rafraîchissante dans un lieu bien connu des Japonais : les sources chaudes, ce tome continue d’explorer notre rapport au transhumanisme et aux paysages détruits à travers les thèmes de la reconstruction et des liens qui entravent dont on voudrait se libérer. C’est doux, c’est reposant mais ça fait réfléchir aussi. Parfois j’aimerais que l’autrice se pause encore un peu plus pour approfondir ses réflexions mais c’est déjà de la bonne SF positive à la Escale à Yokohama et en manga, ça me va très bien !

(Merci à Doki Doki et Sanctuary pour ces lectures)

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6 commentaires sur “Les Promeneuses de l’Apocalypse de Saitoh Sakae

  1. L’annonce du titre m’avait intriguée mais il y a tellement de sorties que je n’ai pas forcément cherché à aller plus loin alors que ce mélange mystère/exploration a tout pour me plaire. Et je t’avoue que je suis assez sensible au charadesign des personnages mais je vois ce que tu veux dire pour le côté lisse…
    Quant aux costumes d’écolière, et même en adorant la culture japonais, il est difficile de faire l’impasse sur une relation malsaine aux filles mineures même si heureusement ici, il ne semble pas y avoir de cadrage et scènes problématiques.

    Aimé par 1 personne

    1. Je m’interroge quand même sérieusement sur le psyché des japonais parfois lol
      Effectivement, c’est un mélange assez savoureux et c’est dommage que ce genre de titres plus calme et reposant ait tendance à passer à la trappe alors qu’ils font vraiment du bien quand on les lit.
      La grosse librairie Mollat, par chez moi, avait justement fait une mise en avant de ces titres contemplatifs, dépaysants et reposants la dernière fois que j’y suis allée. Ça m’a fait plaisir ^-^

      Aimé par 1 personne

  2. Elle serait pas mieux en short et débardeur plutôt qu’en tenue d’écolière ? ^^’
    C’est vraiment un truc que j’ai du mal à comprendre parfois, et c’st dommage parce que ce titre a l’air bien intéressant.

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