Nitocris, princesse d’Egypte de Violaine Vanoyeke

Titre : Nitocris, princesse d’Egypte

Auteur : Violaine Vanoyeke

Éditeur : Le Livre de poche

Année de parution : 2009

Nombre de pages  : 267

Histoire : Dans son nouveau roman, l’auteur de La Pharaonne, spécialiste de l’Antiquité et de l’Égypte ancienne, nous entraîne sous le règne du pharaon Pépi II, sur les pas de sa nièce Nitocris, décidée à élucider le mystère de ses origines. Prise au piège de lourds secrets de famille, unie par un lien étrange à la maléfique Ankhnès, Nitocris parviendra-t-elle à séduire le fils du pharaon dont elle s’est éprise ? La réponse est peut-être gravée sur de mystérieux vases sacrés… Ambitions, complots, amours contrariées : des palais de Memphis aux temples d’Assouan, la fresque grandiose d’une VIe dynastie menacée par les nobles qui convoitent le trône, les Bédouins du Sinaï, les Libyens et les puissants d’Abydos. Une superbe reconstitution d’un monde disparu.

Mon avis :  

Quand j’étais ado, j’ai dévoré tous les romans historiques se passant en Egypte sur lesquels je mettais la main et ceux de Violaine Vanoyeke y ont tenu une place toute particulière avec son enchaînement d’Hatchepsout, Thoutmosis, Nefertiti & Akhenaton, à Toutankhamon que j’ai adoré. Alors forcément quand j’ai vu qu’elle avait écrit sur une princesse égyptienne inconnue de moi : Nitocris, j’ai eu très envie d’y replonger.

L’Egypte et moi, c’est une longue histoire d’amour, cependant à travers les romans historiques, j’ai l’impression un peu de ne connaître toujours que les mêmes époques, les mêmes dynasties. J’ai donc été ravie, ici, de partir dans une période plus reculée, celle de la VIe dynastie, que je connais bien mal en dehors de Teti dont j’avais entendu parler, alors qu’ils vivaient à cette époque fascinante où on construisait encore des pyramides.

Pour nous accompagner dans cette découverte, la romancière et historienne Violaine Vanoyeke a choisi une princesse méconnue : Nitocris, qui aurait été la femme de Mérenrê II, pharaon n’ayant régné qu’une petite année après son père Pépi II. Et pour retranscrire toute cette époque, elle lui adjoint un mystère à résoudre, celui de ses origines. Ainsi entre enquête et quête de soi, l’autrice va nous plonger également dans l’histoire politique de cette époque oubliée.

L’autrice étant historienne, j’ai beaucoup aimé la justesse et les détails du cadre historique dont elle a doté son histoire. Celle-ci est riche de détails sur la politique des pharaons qui se sont récemment succédés. Elle évoque leur passion pour la construction de pyramides, la place de plus en plus grande des vizirs et autre élite dirigeante, les révoltes populaires, les relations compliquées avec les populations conquises, mais aussi la personnalité intransigeante et tyrannique de ces pharaons qui ont une conception des populations conquises et des femmes assez heurtante de nos jours. Nous avons également droit à des détails du quotidien, sur les temples dédiés à leur mort, la préparation et l’hygiène des femmes qui veulent séduire, etc. C’est très riche et donc immersif.

Cependant, cela ne doit pas cacher le reste de l’histoire et celle-ci s’est révélée à la hauteur. Nous suivons donc Nitocris qui a entendu dire qu’elle n’était pas vraiment la fille de son père. Surprise, elle cherche à connaître la vérité et va ainsi pénétrer dans sa tombe avec l’aide de pillards pour aller chercher des écrits qui vont confirmer ou infirmer cela. J’ai beaucoup aimé suivre son enquête, car d’abord c’était celle d’une jeune fille en proie au doute sur elle-même et sa famille, mais également parce que c’était plonger dans les recoins cachés de l’Histoire. L’autrice profite effectivement, comme bien des écrivains, des blancs de l’Histoire pour imaginer un développement qui pourrait narrativement être intéressant, c’est le cas. Elle invente à partir de rien, ce pharaon qui aurait connu deux soeurs aux caractères totalement opposés et nous lecteurs on se ravie de glisser un oeil dans ces coulisses bien mystérieux d’une histoire réécrite depuis.

C’est donc assez plaisant de suivre cette enquête, qui emmène notre héroïne de Memphis et Saqqarah jusqu’à la Première Cataracte le long du Nil. S’y mélange sa quête d’un passé et d’une identité et la conquête d’un statut présent et futur avec son frère Mérenrê qu’elle commence à voir sous un nouveau jour. Cependant, ne vous faites pas d’illusion, il n’est nullement question d’amour ici, jamais, mais juste de politique et de désir. C’est un peu dommage. L’histoire se veut donc romanesque et est plaisante pour cela, mais elle manque aussi cruellement de sentiment restant un peu plate parfois.

Sous la plume de Violaine Vanoyeke qui se veut simple, franche et directe, je ne me suis nullement ennuyée. J’ai beaucoup aimé découvrir les caractéristiques de cette période pharaonique, les personnages remarquables de l’époque, mais aussi l’enquête imaginée ici pour dynamiser le récit et le rendre prenant. L’autrice n’est pas tendre avec ses personnages, elle ne cherche pas à nous les faire aimer mais à nous faire comprendre comment ils vivaient et réfléchissaient à l’époque. C’est ce que j’ai aimé chez elle !

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