Titre : Sounds of Life
Auteur : Amu
Traduction : Aline Kukor
Éditeur vf : Akata (M)
Année de parution vf : Depuis 2023
Nombre de tomes vf : 4 (en cours)
Résumé : Depuis la rentrée et le départ de ses aînées pour l’université, Takezô est devenu le seul membre du club de koto. Passionné par cet instrument, il refuse de laisser le club disparaître faute de nouvelles recrues. Mais sa salle est déjà envahie de délinquants, et aucun de ses camarades ne semble s’intéresser à une activité musicale aussi traditionnelle… jusqu’au jour où Chika, un élève à la mauvaise réputation, demande à s’inscrire.
Mon avis :
Tome 1
L’an passé, Akata, petit éditeur depuis des années, s’est rapproché d’un mastodonte du marché : Albin Michel, grâce aux éditions Leduc avec qui ils travaillent en sinergie. Qu’est-ce que ça change pour eux ? Cela leur ouvre la porte et leur offre les moyens de sortir des séries emblématiques au Japon, comme ce sera le cas bientôt avec Le Clan Poe de Moto Hagio, mais aussi des séries fleuves avec adaptation animée à succès, comme c’est le cas ici pour Sounds of Life.
Série toujours en cours au Japon, celle-ci y compte déjà près de 30 tomes là-bas. Chez nous, l’éditeur français propose d’emblée ses 2 premiers tomes pour la lancer, puis un tome chaque mois pendant quelques temps afin de bien cimenter le lancement. Une riche idée, permise, je pense, grâce aux nouveaux moyens de l’éditeur et on en est les premiers à en bénéficier pour découvrir ce shonen musical vraiment prometteur.
Quelle promesse ai-je trouvée ici ? Celle d‘un groupe de lycéens un peu bancal qui va se réunir autour d’une passion commune : le koto, ou plutôt autour d’un but commun sauver le club de leur lycée. Est-ce vraiment le koto qui va les cimenter ? Oui, mais c’est surtout un prétexte pour mettre en scène des lycéens avec leurs propres galères qui dans la relation qu’ils vont tisser grâce à ce biais vont faire naître une belle amitié. Et j’adore ce genre d’histoire justement !
J’ai donc pris un grand plaisir, dans ce premier tome particulièrement efficace, où Amu, avec une esthétique très shojoisante (normal pour une autrice venant de ce milieu avant d’arriver au shonen), nous emmène à la découverte de ces lycéens haut en couleur. Il y a Chika, le gars tout feu tout flamme aux allures de délinquants dont tout le monde a peur mais qui cherche à se racheter une conduite en apprenant à jouer du koto car son grand-père était luthier. Je suis totalement tombée sous le charme de ce héros au grand coeur qui s’emballe un peu trop facilement et dont le meilleur ami, Tetsuki, est souvent là pour lui filer un coup de main à sa façon. La façon de l’autrice d’aborder avec lui les loubards pour montrer leur grand coeur derrière est super efficace et marche à fond sur moi, les séquences émotions m’arrachant presque à chaque fois une petite larme. Il y a Takezo, dit « la princesse », dernier membre du club qui tente de le faire revivre mais qui se fait marcher sur les pieds par à peu près tout le monde, cependant sa passion est intacte et il lutte pour s’affirmer. Ils sont rejoint ensuite par une vraie princesse, Hozuki, qui vient d’une grande famille de musiciens mais qui est une peste sous son jolie visage. Elle va leur en faire baver. Enfin, comme il faut maintenir le club à flot, ils acceptent les trois amis foufou de Chika : Kota, Saneyasu et Michitaka, qui sont un peu le cliché du trio suivant le héros charismatique.
Le titre fonctionne à merveille car l’autrice sait mettre en scène et profiter de cette synergie entre des personnages venant d’horizons très différents pour monter un club. Cela rappelle un peu les premiers temps de titres que Chihayafuru, I’ll ou Haikyu, où il suffit d’un héros ou une héroïne pleine de passion pour motiver les autres et les entraîner. C’est donc un grand classique mais mis en scène efficacement ici, sous un trait beau et fin, plein de promesses où déjà dès les premières notes jouées par la virtuose Hozuki, on sent tout le potentiel de ces futurs moments musicaux. Mais le talent de l’autrice est de situer cela dans un lycée où la question de la réputation est centrale. Elle apporte ainsi une profondeur supplémentaire à son oeuvre avec le rôle que les adultes vont y jouer. D’habitude on ne voit que les ados mais là les adultes ont leur place aussi, du grand-père qui redonne un cadre, aux luthiers qui accompagnent, en passant par le directeur, soutien de l’ombre et le directeur adjoint, sorte de pourriture qui au contraire veut tout gâcher. Cela promet de belles tensions narratives.
En surfant sur cette vague des titres « à passion », sportif ou autre, Akata nous offre ici de rencontrer un groupe de jeunes en construction qui vont se fédérer autour d’un art traditionnel que j’ai déjà hâte de voir développer et mis en scène, car ces premières pages sont ultra prometteuses. On y retrouve un beau et doux dessin, de l’humour, de l’émotion, de la profondeur et un joli jeu de faux semblant sur les apparences et les ravages d’une mauvaise réputation. Sounds of Life s’annonce d’emblée passionnant et je vais être contente de pouvoir le suivre à un rythme si rapproché pour commencer.
> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : L’Apprenti Otaku, Les voyages de Ly, Vous ?
Tome 2
C’est avec émotion qu’Amu creuse les idées qu’elle avait commencé à suggérer dans ses premiers chapitres et nous offre ici une oeuvre profondément humaine où la lutte contre les préjugés à travers la musique est un superbe moteur.
Je pense que j’ai encore plus aimé ce tome que le précédent. Le premier mettait en place, très joliment, mais rapidement aussi les enjeux de la série avec la relation poignante entre Chika et son grand-père disparu, comme source d’une future passion et de bien des rencontres. On passe à la vitesse supérieure dans ce tome où les membres du club de Koto se voient lancer un défi par le directeur adjoint du lycée qui ne souhaite qu’une chose, leur disparition, car il ne les voit que comme des voyous qui ruinent la réputation de son établissement.
Le double discours de l’autrice sur les apparences, les rumeurs, la réputation d’un côté et la création d’un groupe d’amis portés par les mêmes valeurs de l’autre est très enthousiasmant. On prend vraiment plaisir à voir ces 6 jeunes tellement différents se réunir autour d’un but commun et ce malgré les difficultés. C’est jouissif de les voir travailler aussi dur pour arriver à démontrer à un adulte qu’ils ne sont pas les déchets qu’il voit en eux. Un thème classique mais particulièrement efficace, surtout que l’autrice y adjoint d’autres thèmes forts comme les problèmes de communication, le poids de l’héritage familial, l’inné et l’acquis, etc. C’est très prenant à suivre.
J’ai beaucoup aimé les dynamiques de groupe de ce tome. C’était d’abord amusant de suivre la relation chien-chat de Chika et Hozuki qui ne peuvent s’empêcher de se chamailler et de tirer à balles réelles sur l’autre. Cependant leur passion commune pour le koto est belle à voir également et on sent vraiment que quelque chose se passe entre eux quand Hozuki réalise le son que Chika peut tirer de l’instrument et tout ce qu’il a vécu pour en arriver là. Cette relation est vraiment LE moteur de la série, de même que celle passée entre Chika et son grand-père. J’ai aussi apprécié que l’autrice revienne sur le président du club, ce lycéen effacé et un peu fade qui pourtant est toujours là. C’est intéressant de le voir tenter de s’affirmer et surmonter sa timidité. Les amis de Chika, que je pensais un peu inutiles à l’histoire, apportent une belle fraîcheur au groupe. Ils sont toujours là pour Chika et font de leur mieux. Je pense que l’autrice leur donnera au fur et à mesure plus de place, mais pour le moment ils créent une belle dynamique de groupe avec leur amitié à toute épreuve.
Ce fut donc vraiment plaisant de les voir travailler leur koto pour répondre au défi qu’on leur a lancé. On découvre ainsi, nous lecteurs, que ce n’est pas une pratique simple. Il existe des instruments avec différents nombres de cordes. Il est nécessaire d’avoir des protections que sur certains doigts. Cela se joue à genou, ce qui n’est pas facile et il faut savoir accorder tout ça et connaître sans faute les numéros des cordes pour suivre les partitions. Pas simple quand on est débutant. L’autrice montre aussi combien c’est un vrai métier d’enseigner la musique et qu’il ne suffit pas d’être bon musicien pour y parvenir. Ce n’est pas simple d’expliquer certains concepts qui peuvent nous sembler innés comme le fait de jouer ensemble en s’écoutant. Voir tout cela rend la lecture fraîche et passionnante.
J’ai ainsi pris encore plus de plaisir à lire ce deuxième tome sorti en même temps que le premier. J’ai aimé voir le groupe s’ouvrir et de former petit à petit autour d’un but commun et bientôt d’une passion commune. Encore une fois, le trait de l’autrice m’a totalement emportée, de même que les valeurs qu’elle porte comme cette lutte contre les préjugés. Une très belle série en devenir qui devrait me faire vivre de grands moments comme ses aînées.
Tome 3
Série toujours aussi sympathique, elle souffre cependant d’un traitement fort classique et prévisible pour peu qu’on a déjà lu ce genre de titre et l’autrice malheureusement n’en profite pas pour rendre son récit ou ses personnages plus denses, à l’exception toujours des mêmes, dommage.
Là où un titre comme Chihayafuru, sur une passion traditionnelle comme le karuta, m’avait vraiment emportée dès les premiers tomes grâce à la façon dont l’autrice écrivait ses personnages et insufflait de la vie à leur histoire, Sounds of life reste un peu plat. Je ne suis pas très fan des mécanismes choisis pour balancer l’histoire. Je trouve que c’est vu et reçu et un peu agaçant pour ne pas dire. En effet, l’arrivée d’un nouveau membre cherchant à semer la zizanie n’a rien d’intéressant à mes yeux en l’état, c’est même plutôt le contraire. Du coup, je suis partagée concernant ce tome.
Je pensais vibrer lors de leur passage sur scène, ce fut à peine le cas. A l’exception de une ou deux cases, j’ai trouvé cela un peu facile et manquant d’impact, contrairement à un Blue Giant où on sent les notes se répercuter jusqu’à nous. La représentation de la force de cette musique n’est pas encore au niveau. Elle a besoin d’être twistée avec les sentiments à fleur de peau de nos héros pour nous toucher et cela ne se produit qu’avec Chika et Hozuki en des occasions bien particulières qui touchent à leur famille et aux absents de celles-ci.
J’ai adoré les passages où on revient sur l’attachement de Chika à son grand-père et combien il a pu lui en faire baver. J’ai été touchée par le passé d’Hozuki expliquant sa situation actuelle. Ce rappel de l’utilisation que certains parents font de leurs enfants au détriment de leur relation parent-enfant justement était puissant, même si un peu rapide. J’ai aimé alors entendre le cri du coeur d’Hozuki dans son instrument et sa représentation. C’est le moment le plus du tome ! De la même façon que j’ai été émue lorsque j’ai découvert ce que son grand-père avait légué à Chika.
Cependant, le reste est un peu plat. Pour l’instant la sauce ne prend pas vraiment à mes yeux avec les autres membres. L’introduction de leur méchant prof responsable, bonjour le cliché !, est tombé à plat. Leur ambition de participer à un concours national me semble un peu excessif et rapide à ce stade. Bref, l’autrice manque de subtilité dans l’amorce de son récit et comme j’ai en tête d’autres titres plus fins ou plus puissants, la comparaison est rude.
Pour autant, la lecture se fait sans plaisir ni déplaisir. La narration est fluide, les dessins beaux et fins, l’histoire avance d’un bon pas. C’est cliché mais les sentiments sont là. Certains aimeront assister à cette petite vie de lycéen lambda avec les passages obligés du genre. Ils pourront apprécier, en quelque sorte, la revanche du club sur l’administration et certains adultes. Ils aimeront aussi peut-être les petites interactions entre Chika et Hozuki faisant avancer la possibilité d’une future relation entre eux, ce qu’on est plusieurs à attendre. Classique mais agréable.
J’aurais aimé pour ma part quelque chose de fin dense, plus complexe, plus fin aussi avec des émotions qui me prennent plus aux tripes ou au moins une camaraderie plus franche. Dans ce tome, c’est un peu la douche froide parfois. Heureusement que l’autrice excelle quand il s’agit de parler des passés dysfonctionnels de ces deux héros. C’est là la plus grande source d’intérêt et d’émotion de l’oeuvre. Espérons que cela augmente et prenne encore plus de place dans les prochains tomes pour ne pas avoir de sentiment de lassitude.
Tome 4
Je ne sais pas ce qu’il se passe entre cette série et moi. Sur le papier, elle a tout pour me plaire avec ces jeunes d’horizons divers qui se prennent de passion pour la musique, mais dans les faits il ne se passe plus rien entre elle et moi depuis quelques temps déjà…
Je trouve pourtant très sympathique de voir la méchante de service finalement les rejoindre dans le club et s’assagir un peu. Je l’avais deviner mais ça apporte une nouvelle dynamique et c’est bien aussi d’avoir un personnage moins lisse que d’autres. J’aime aussi que le passé des autres et pas seulement de Chika se dessine, mais peut-être est-ce justement parce qu’on n’en est encore qu’à l’esquisse de l’esquisse que ça ne fonctionne pas avec moi. A force d’en garder sous le pied, l’émotion ne vient pas et c’est un peu plat.
En fait, nous sommes surtout ici avec un tome de transition. Un nouveau membre les a rejoints. Il leur faut une nouvelle gageure qui se voit leur être proposée par une fan d’Hozuki. Mais que ce soit le défi, les répétitions, tout, me semble un peu plat. L’auteur se contente d’enfiler les perles ou plutôt les clichés de la vie lycéenne de ses héros sans grand relief. Je n’ai rien contre le classicisme mais ici ça manque d’âme. Il n’y a pas la nostalgie de certains auteurs, ou encore le vague à l’âme, la douceur, l’entrain, etc, rien de tout ça. Nos héros suivent juste leur petite routine.
Alors on a des promesses autour du passé familial d’Hozuki, pourquoi pas. On nous parle aussi des déceptions de Takezo, ok. Mais ça en reste un peu trop là et c’est tout, il manque la suite, la situation problème, l’envol. Amu nous avait pourtant très bien amorcé la série avec une séquence émotion très forte autour de Chika et son grand-père. Cela ne s’est pas reproduit depuis et ça me manque. Il n’y a ni la force de la représentation graphique de la musique du koto, ni l’émotion qui devrait nous emporter autour de leurs histoires. Quelque chose cloche.
J’aimerais vraiment aimer cette série qui reprend énormément de tropes que j’aime : passion, musique, club, vie lycéenne, problèmes familiaux, mais le traitement fait par l’autrice est trop lisse pour moi en comparaison à d’autres titres du genre. Impossible de ne pas comparer et cela se fait au détriment de Sounds of life qui est gentil mais un peu plat. J’attends plus !
Ado, j’aurais adoré ce manga et sa belle mise en avant de l’amitié, d’un instrument peu connu en Occident et une belle réflexion sur les apparences, les rumeurs… Quant à la synergie entre les personnages, elle a l’air de parfaitement fonctionner !
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Tout a fait, c’est le genre à te mettre du baume au coeur quand tu le lis et ça fait un bien fou.
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Comme tu m’as déjà lu, et que si ma mémoire ne me fait pas défaut à cause de la fatigue, on en a déjà parlé, je ne suis pas étonné de voir que tu es conquise, et de toute façon je sais que tu es une personne de goût, donc je n’avais pas de doute là-dessus !
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Complimente-moi, complimente-moi, je prends !
En tout cas une belle surprise et en plus ça va durer !
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Ca a l’air hyper chou mais plus de 30 tomes je crois que je vais passer mon tour malheureusement.
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Je peux comprendre car c’est pas simple à ranger. Mais j’avoue qu’à l’inverse aimant quand c’est développé, savoir que je vais pouvoir me passionner longtemps pour cette série me ravie 🙂
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