Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Sounds of Life d’Amu

Titre : Sounds of Life

Auteur : Amu

Traduction : Aline Kukor

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf :  Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 11 (en cours)

Résumé : Depuis la rentrée et le départ de ses aînées pour l’université, Takezô est devenu le seul membre du club de koto. Passionné par cet instrument, il refuse de laisser le club disparaître faute de nouvelles recrues. Mais sa salle est déjà envahie de délinquants, et aucun de ses camarades ne semble s’intéresser à une activité musicale aussi traditionnelle… jusqu’au jour où Chika, un élève à la mauvaise réputation, demande à s’inscrire.

Mon avis :

Tome 1

L’an passé, Akata, petit éditeur depuis des années, s’est rapproché d’un mastodonte du marché : Albin Michel, grâce aux éditions Leduc avec qui ils travaillent en sinergie. Qu’est-ce que ça change pour eux ? Cela leur ouvre la porte et leur offre les moyens de sortir des séries emblématiques au Japon, comme ce sera le cas bientôt avec Le Clan Poe de Moto Hagio, mais aussi des séries fleuves avec adaptation animée à succès, comme c’est le cas ici pour Sounds of Life.

Série toujours en cours au Japon, celle-ci y compte déjà près de 30 tomes là-bas. Chez nous, l’éditeur français propose d’emblée ses 2 premiers tomes pour la lancer, puis un tome chaque mois pendant quelques temps afin de bien cimenter le lancement. Une riche idée, permise, je pense, grâce aux nouveaux moyens de l’éditeur et on en est les premiers à en bénéficier pour découvrir ce shonen musical vraiment prometteur.

Quelle promesse ai-je trouvée ici ? Celle d‘un groupe de lycéens un peu bancal qui va se réunir autour d’une passion commune : le koto, ou plutôt autour d’un but commun sauver le club de leur lycée. Est-ce vraiment le koto qui va les cimenter ? Oui, mais c’est surtout un prétexte pour mettre en scène des lycéens avec leurs propres galères qui dans la relation qu’ils vont tisser grâce à ce biais vont faire naître une belle amitié. Et j’adore ce genre d’histoire justement !

J’ai donc pris un grand plaisir, dans ce premier tome particulièrement efficace, où Amu, avec une esthétique très shojoisante (normal pour une autrice venant de ce milieu avant d’arriver au shonen), nous emmène à la découverte de ces lycéens haut en couleur. Il y a Chika, le gars tout feu tout flamme aux allures de délinquants dont tout le monde a peur mais qui cherche à se racheter une conduite en apprenant à jouer du koto car son grand-père était luthier. Je suis totalement tombée sous le charme de ce héros au grand coeur qui s’emballe un peu trop facilement et dont le meilleur ami, Tetsuki, est souvent là pour lui filer un coup de main à sa façon. La façon de l’autrice d’aborder avec lui les loubards pour montrer leur grand coeur derrière est super efficace et marche à fond sur moi, les séquences émotions m’arrachant presque à chaque fois une petite larme. Il y a Takezo, dit « la princesse », dernier membre du club qui tente de le faire revivre mais qui se fait marcher sur les pieds par à peu près tout le monde, cependant sa passion est intacte et il lutte pour s’affirmer. Ils sont rejoint ensuite par une vraie princesse, Hozuki, qui vient d’une grande famille de musiciens mais qui est une peste sous son jolie visage. Elle va leur en faire baver. Enfin, comme il faut maintenir le club à flot, ils acceptent les trois amis foufou de Chika : Kota, Saneyasu et Michitaka, qui sont un peu le cliché du trio suivant le héros charismatique.

Le titre fonctionne à merveille car l’autrice sait mettre en scène et profiter de cette synergie entre des personnages venant d’horizons très différents pour monter un club. Cela rappelle un peu les premiers temps de titres que Chihayafuru, I’ll ou Haikyu, où il suffit d’un héros ou une héroïne pleine de passion pour motiver les autres et les entraîner. C’est donc un grand classique mais mis en scène efficacement ici, sous un trait beau et fin, plein de promesses où déjà dès les premières notes jouées par la virtuose Hozuki, on sent tout le potentiel de ces futurs moments musicaux. Mais le talent de l’autrice est de situer cela dans un lycée où la question de la réputation est centrale. Elle apporte ainsi une profondeur supplémentaire à son oeuvre avec le rôle que les adultes vont y jouer. D’habitude on ne voit que les ados mais là les adultes ont leur place aussi, du grand-père qui redonne un cadre, aux luthiers qui accompagnent, en passant par le directeur, soutien de l’ombre et le directeur adjoint, sorte de pourriture qui au contraire veut tout gâcher. Cela promet de belles tensions narratives.

En surfant sur cette vague des titres « à passion », sportif ou autre, Akata nous offre ici de rencontrer un groupe de jeunes en construction qui vont se fédérer autour d’un art traditionnel que j’ai déjà hâte de voir développer et mis en scène, car ces premières pages sont ultra prometteuses. On y retrouve un beau et doux dessin, de l’humour, de l’émotion, de la profondeur et un joli jeu de faux semblant sur les apparences et les ravages d’une mauvaise réputation. Sounds of Life s’annonce d’emblée passionnant et je vais être contente de pouvoir le suivre à un rythme si rapproché pour commencer.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : L’Apprenti Otaku, Les voyages de Ly, Vous ?

Tome 2

C’est avec émotion qu’Amu creuse les idées qu’elle avait commencé à suggérer dans ses premiers chapitres et nous offre ici une oeuvre profondément humaine où la lutte contre les préjugés à travers la musique est un superbe moteur.

Je pense que j’ai encore plus aimé ce tome que le précédent. Le premier mettait en place, très joliment, mais rapidement aussi les enjeux de la série avec la relation poignante entre Chika et son grand-père disparu, comme source d’une future passion et de bien des rencontres. On passe à la vitesse supérieure dans ce tome où les membres du club de Koto se voient lancer un défi par le directeur adjoint du lycée qui ne souhaite qu’une chose, leur disparition, car il ne les voit que comme des voyous qui ruinent la réputation de son établissement.

Le double discours de l’autrice sur les apparences, les rumeurs, la réputation d’un côté et la création d’un groupe d’amis portés par les mêmes valeurs de l’autre est très enthousiasmant. On prend vraiment plaisir à voir ces 6 jeunes tellement différents se réunir autour d’un but commun et ce malgré les difficultés. C’est jouissif de les voir travailler aussi dur pour arriver à démontrer à un adulte qu’ils ne sont pas les déchets qu’il voit en eux. Un thème classique mais particulièrement efficace, surtout que l’autrice y adjoint d’autres thèmes forts comme les problèmes de communication, le poids de l’héritage familial, l’inné et l’acquis, etc. C’est très prenant à suivre.

J’ai beaucoup aimé les dynamiques de groupe de ce tome. C’était d’abord amusant de suivre la relation chien-chat de Chika et Hozuki qui ne peuvent s’empêcher de se chamailler et de tirer à balles réelles sur l’autre. Cependant leur passion commune pour le koto est belle à voir également et on sent vraiment que quelque chose se passe entre eux quand Hozuki réalise le son que Chika peut tirer de l’instrument et tout ce qu’il a vécu pour en arriver là. Cette relation est vraiment LE moteur de la série, de même que celle passée entre Chika et son grand-père. J’ai aussi apprécié que l’autrice revienne sur le président du club, ce lycéen effacé et un peu fade qui pourtant est toujours là. C’est intéressant de le voir tenter de s’affirmer et surmonter sa timidité. Les amis de Chika, que je pensais un peu inutiles à l’histoire, apportent une belle fraîcheur au groupe. Ils sont toujours là pour Chika et font de leur mieux. Je pense que l’autrice leur donnera au fur et à mesure plus de place, mais pour le moment ils créent une belle dynamique de groupe avec leur amitié à toute épreuve.

Ce fut donc vraiment plaisant de les voir travailler leur koto pour répondre au défi qu’on leur a lancé. On découvre ainsi, nous lecteurs, que ce n’est pas une pratique simple. Il existe des instruments avec différents nombres de cordes. Il est nécessaire d’avoir des protections que sur certains doigts. Cela se joue à genou, ce qui n’est pas facile et il faut savoir accorder tout ça et connaître sans faute les numéros des cordes pour suivre les partitions. Pas simple quand on est débutant. L’autrice montre aussi combien c’est un vrai métier d’enseigner la musique et qu’il ne suffit pas d’être bon musicien pour y parvenir. Ce n’est pas simple d’expliquer certains concepts qui peuvent nous sembler innés comme le fait de jouer ensemble en s’écoutant. Voir tout cela rend la lecture fraîche et passionnante.

J’ai ainsi pris encore plus de plaisir à lire ce deuxième tome sorti en même temps que le premier. J’ai aimé voir le groupe s’ouvrir et de former petit à petit autour d’un but commun et bientôt d’une passion commune. Encore une fois, le trait de l’autrice m’a totalement emportée, de même que les valeurs qu’elle porte comme cette lutte contre les préjugés. Une très belle série en devenir qui devrait me faire vivre de grands moments comme ses aînées.

Tome 3

Série toujours aussi sympathique, elle souffre cependant d’un traitement fort classique et prévisible pour peu qu’on a déjà lu ce genre de titre et l’autrice malheureusement n’en profite pas pour rendre son récit ou ses personnages plus denses, à l’exception toujours des mêmes, dommage.

Là où un titre comme Chihayafuru, sur une passion traditionnelle comme le karuta, m’avait vraiment emportée dès les premiers tomes grâce à la façon dont l’autrice écrivait ses personnages et insufflait de la vie à leur histoire, Sounds of life reste un peu plat. Je ne suis pas très fan des mécanismes choisis pour balancer l’histoire. Je trouve que c’est vu et reçu et un peu agaçant pour ne pas dire. En effet, l’arrivée d’un nouveau membre cherchant à semer la zizanie n’a rien d’intéressant à mes yeux en l’état, c’est même plutôt le contraire. Du coup, je suis partagée concernant ce tome.

Je pensais vibrer lors de leur passage sur scène, ce fut à peine le cas. A l’exception de une ou deux cases, j’ai trouvé cela un peu facile et manquant d’impact, contrairement à un Blue Giant où on sent les notes se répercuter jusqu’à nous. La représentation de la force de cette musique n’est pas encore au niveau. Elle a besoin d’être twistée avec les sentiments à fleur de peau de nos héros pour nous toucher et cela ne se produit qu’avec Chika et Hozuki en des occasions bien particulières qui touchent à leur famille et aux absents de celles-ci.

J’ai adoré les passages où on revient sur l’attachement de Chika à son grand-père et combien il a pu lui en faire baver. J’ai été touchée par le passé d’Hozuki expliquant sa situation actuelle. Ce rappel de l’utilisation que certains parents font de leurs enfants au détriment de leur relation parent-enfant justement était puissant, même si un peu rapide. J’ai aimé alors entendre le cri du coeur d’Hozuki dans son instrument et sa représentation. C’est le moment le plus du tome ! De la même façon que j’ai été émue lorsque j’ai découvert ce que son grand-père avait légué à Chika.

Cependant, le reste est un peu plat. Pour l’instant la sauce ne prend pas vraiment à mes yeux avec les autres membres. L’introduction de leur méchant prof responsable, bonjour le cliché !, est tombé à plat. Leur ambition de participer à un concours national me semble un peu excessif et rapide à ce stade. Bref, l’autrice manque de subtilité dans l’amorce de son récit et comme j’ai en tête d’autres titres plus fins ou plus puissants, la comparaison est rude.

Pour autant, la lecture se fait sans plaisir ni déplaisir. La narration est fluide, les dessins beaux et fins, l’histoire avance d’un bon pas. C’est cliché mais les sentiments sont là. Certains aimeront assister à cette petite vie de lycéen lambda avec les passages obligés du genre. Ils pourront apprécier, en quelque sorte, la revanche du club sur l’administration et certains adultes. Ils aimeront aussi peut-être les petites interactions entre Chika et Hozuki faisant avancer la possibilité d’une future relation entre eux, ce qu’on est plusieurs à attendre. Classique mais agréable.

J’aurais aimé pour ma part quelque chose de fin dense, plus complexe, plus fin aussi avec des émotions qui me prennent plus aux tripes ou au moins une camaraderie plus franche. Dans ce tome, c’est un peu la douche froide parfois. Heureusement que l’autrice excelle quand il s’agit de parler des passés dysfonctionnels de ces deux héros. C’est là la plus grande source d’intérêt et d’émotion de l’oeuvre. Espérons que cela augmente et prenne encore plus de place dans les prochains tomes pour ne pas avoir de sentiment de lassitude.

Tome 4

Je ne sais pas ce qu’il se passe entre cette série et moi. Sur le papier, elle a tout pour me plaire avec ces jeunes d’horizons divers qui se prennent de passion pour la musique, mais dans les faits il ne se passe plus rien entre elle et moi depuis quelques temps déjà…

Je trouve pourtant très sympathique de voir la méchante de service finalement les rejoindre dans le club et s’assagir un peu. Je l’avais deviner mais ça apporte une nouvelle dynamique et c’est bien aussi d’avoir un personnage moins lisse que d’autres. J’aime aussi que le passé des autres et pas seulement de Chika se dessine, mais peut-être est-ce justement parce qu’on n’en est encore qu’à l’esquisse de l’esquisse que ça ne fonctionne pas avec moi. A force d’en garder sous le pied, l’émotion ne vient pas et c’est un peu plat.

En fait, nous sommes surtout ici avec un tome de transition. Un nouveau membre les a rejoints. Il leur faut une nouvelle gageure qui se voit leur être proposée par une fan d’Hozuki. Mais que ce soit le défi, les répétitions, tout, me semble un peu plat. L’auteur se contente d’enfiler les perles ou plutôt les clichés de la vie lycéenne de ses héros sans grand relief. Je n’ai rien contre le classicisme mais ici ça manque d’âme. Il n’y a pas la nostalgie de certains auteurs, ou encore le vague à l’âme, la douceur, l’entrain, etc, rien de tout ça. Nos héros suivent juste leur petite routine.

Alors on a des promesses autour du passé familial d’Hozuki, pourquoi pas. On nous parle aussi des déceptions de Takezo, ok. Mais ça en reste un peu trop là et c’est tout, il manque la suite, la situation problème, l’envol. Amu nous avait pourtant très bien amorcé la série avec une séquence émotion très forte autour de Chika et son grand-père. Cela ne s’est pas reproduit depuis et ça me manque. Il n’y a ni la force de la représentation graphique de la musique du koto, ni l’émotion qui devrait nous emporter autour de leurs histoires. Quelque chose cloche.

J’aimerais vraiment aimer cette série qui reprend énormément de tropes que j’aime : passion, musique, club, vie lycéenne, problèmes familiaux, mais le traitement fait par l’autrice est trop lisse pour moi en comparaison à d’autres titres du genre. Impossible de ne pas comparer et cela se fait au détriment de Sounds of life qui est gentil mais un peu plat. J’attends plus !

Tome 5

Après un début plein d’émotion, la suite avait peiné à me convaincre, se révélant poussive et un peu fade, j’ai donc été ravie d’avoir la surprise ici de retrouver cette émotion grâce de vrais développements des personnages et de leur relationnel. Enfin !

La constitution du groupe de joueurs de koto du lycée Tokise a un peu plombé la série. J’ai passé plusieurs tomes à suivre leurs aventures sans que ça me passionne vraiment. C’était dommage alors que j’avais adoré les débuts grâce au récit de la relation entre Chika et son grand-père ou encore grâce à ce qui naissait entre lui et Hozuki, la petite génie du koto. J’avais donc hâte de retrouver cela et enfin ce fut le cas !

Celui par qui le miracle est arrivé, c’est Tazeko et pourtant, je n’aurais pas parié sur lui. Avec son caractère affable, celui-ci se laissait trop marcher sur les pieds et était bien fade. C’était donc quitte ou double en mettant le focus sur lui, mais Amu est y parfaitement arrivée ! La mangaka a fait un très joli travail sur lui, montrant à la fois son attachement profond au koto et à son club, mais également son caractère qui le pousse à faire sans cesse des compromis car il n’aime pas les conflits, ce qui est tout à son honneur. Ce qui peut paraître comme une faiblesse est juste la manifestation d’une trop grande gentillesse, alors même si ça m’a chagrinée, j’ai aimé le voir se rebiffer un peu et apprendre à se défendre. C’était touchant de le voir relever la tête, de le voir oser affronter ses démons : son frère, son référent, pour sauver son club. D’ailleurs ses parents ne s’y trompent pas et saluent son courage, ce qui offre une jolie séquence émotion.

L’autrice m’a ainsi enfin réconciliée avec le club, montrant tous les liens qui sont en train de se tisser entre eux. La petite Hiro a été l’autre surprise du tome. Bien que je savais qu’elle ferait office de trublion lors de son ajout, je ne me doutais qu’elle offrirait le pendant parfait à Takezo et qu’ils formeraient un tel duo. J’ai vraiment aimé la voir venir l’aider, l’épauler, lui forçant parfois un peu la main. Il a besoin d’une telle femme dans sa vie. Ils forment ainsi le second duo détonnant du club avec Chika et Hozuki, qui continuent à me faire miroiter tellement plus dans les brefs cases où on les voit interagir. Il y a une évidence entre eux que j’espère voir exploitée par l’autrice d’ici sous peu ><

Le groupe prend donc forme et j’aime ça. Certes, musicalement, le titre ne passe toujours pas. Je peine à être scotchée devant les interprétations musicales qui ont lieu. Je sais que nos héros ne sont pas au point et qu’ils répètent beaucoup, ce qui fait qu’on ne peut pas encore les montrer avec un niveau de dingue qui nous surprendrait. Mais cette fois, on va quand même voir un groupe à la renommée nationale jouer et j’ai trouvé ça plus agressif qu’impactant musicalement. Je n’ai pas du tout aimé… Seul le petit moment magique entre Hozuki et Chika quand celui s’inspire d’elle a remué quelque chose en moi, mais c’était bien léger, je dois dire. C’est donc bien plus les mouvements au sein du groupe que leur musique qui me touche et me passionne pour le moment.

D’ailleurs la nouvelle percée à la fin du tome tient aussi toutes ses promesses avec le questionnement autour du problème qui coince et bloque, que personne n’arrive à résoudre, expliquer et solutionner, et la victime, c’est le pauvre Kota, lui qui est si lumineux habituellement. Il m’a vraiment fait mal au coeur tant l’autrice a bien mis en scène son désarroi face à ce blocage et l’incapacité des autres à lui venir en aide, ce qui crispe tout le monde. J’aime qu’on nous montre un groupe soudé mais qui a aussi ses difficultés, ce qui le fera grandir. Un classique toujours efficace.

Dépassant enfin le stade de la constitution du groupe, l’autrice peut revenir aux fondamentaux : le travail des relations entre les personnages et c’est là qu’elle réussit le mieux. J’ai donc été ravie de voir des focus sur la trop grande affabilité de Takezo ou encore les problèmes de rythme du pauvre Kota, le tout dans une ambiance de camaraderie qui réchauffe le coeur car ça fait plaisir les voir tous travailler ensemble pour s’entraider et avancer. Voilà ce que j’attendais de ce titre et je l’ai enfin !

Tome 6

Avec ce changement de couverture bienvenue, l’autrice nous une évolution de ton qui l’est tout autant, fini les débuts hasardeux, place à la lutte et au travail acharnés pour se faire sa place en compétition. J’aime déjà !

Non pas que je n’aimais pas les précédentes couvertures, mais elles étaient un peu trop calme et reflétait une histoire qui peinait à m’emporter. Là, on sent la passion de la jeunesse, la chaleur d’une belle amitié, bref tout ce qui fait un chouette groupe de copains à suivre et moi j’adore ça !

Amu évite chaque écueil de ce type d’oeuvre dans ce tome. Elle ouvre par un événement assez casse gueule avec la fuite de Kota après s’être rendu compte qu’il était un boulet pour les autres, mais elle transforme cela en élément fondateur pour le groupe, lui conférant une très belle émotion et dynamique. Voici le groupe de koto lancé, en phase, soudé avec enfin un prof qui lui donne des conseils utiles. Cela les métamorphose, enfin j’ai un peu l’ambiance que j’aime tant dans Chihayafuru et son club de karuta.

C’est donc avec un plaisir renouvelé que j’ai assisté aux dernières évolutions de chacun des personnages et surtout des personnages entre eux, car c’est savoureux de voir les indices de petites romances qui se mettent en place avec les filles du club. C’est touchant aussi de voir cette amitié qui soude chacun et les réminiscences de leur passé commun qui les a amenés jusque là. Ils y gagnent en esprit combatif et en confiance en eux pour leur club, ce qui rend aussi les moments où ils jouent bien plus puissants.

C’est donc logiquement avec grand plaisir que je les ai suivi pour leur première compétition où on les sent à la fois concentré, tout feu tout flamme et réaliste mais pas au point de fuir le combat. Cependant, c’est la rencontre avec Osuke, du club de Meiryo qui m’a le plus marquée ici. J’ai adoré découvrir ce personnage qui, certes n’échappe pas à de nombreux passages obligés de ce type d’histoire, mais confère une émotion douce-amère qui prend aux tripes. J’ai beaucoup aimé ce personnage différent, qui nous fait découvrir un rapport à la musique complexe, à l’image de son âme tourmentée, lui ancien enfant malade moquée qui a eu tellement de mal à trouver sa place et qui se sert de son talent à souder les autres pour combler ses manques et incertitudes. C’est très joliment écrit, comme cela avait été le cas pour les autres personnages développés ainsi précédemment.

La puissance d’Amu est dans son écriture des personnages et de leurs relations entre eux et pas tellement de la musique au final. C’est donc plus la fable et la flamme humaine qu’elle propose dans sa série qui me touche en plein coeur et me fait chavirer à chaque fois. Avec ce groupe qui s’est définitivement bien trouvé, nous allons maintenant aller vers des compétitions et de nouvelles rencontres qui s’annoncent émouvantes et parfois bouleversantes. J’adore d’avance !

Tome 7

Décidément la série a vraiment pris son envol et nous gratifie désormais de tomes avec des séquences magiques autour de cette alliance musique-amitié que j’aime tant !

J’ai longtemps été sceptique, je pensais même ne pas continuer la série un temps, car je me voyais mal continuer sur plus de 20 tomes pour une histoire que je trouvais moyenne. J’ai totalement changé d’avis. Avec la réunion réussi des membres de notre club de Koto tout a changé et c’est désormais une belle réussite qui parvient à m’émouvoir à chaque tome avec les nouveaux obstacles qu’ils parviennent à surmonter.

Cette fois, place à la compétition et alors, classiquement, alors qu’ils vont monter sur scène, un incident se produit qui va venir compliquer les choses. Amu a vraiment réussi à trouver comment twister et pulser son histoire. Ce ne sont jamais de grands drames mais juste de petits anicroches qui viennent challenger nos musiciens et les pousser à se dépasser et se révéler à eux-mêmes. C’est splendide ! Cette fois, on a vraiment peur pour eux sur scène, mais l’osmose qu’ils ont si durement travailler va leur permettre de surmonter cet obstacle et de se transcender en direct, ce qui est incroyable à voir !

J’ai longtemps, aussi, été sceptique quant aux dessins de la mangaka, trouvant qu’ils manquaient d’impact. Je reviens sur ce que j’ai dit avec ce tome, car quand leurs sentiments et leur musique se rejoignent, il se passe vraiment quelque chose. Les dessins dépassent le cadre des pages et les notes qu’ils portent viennent jusqu’à nous pour nous percuter en plein coeur. C’est une très belle réussite ! Je suis sous le charme.

A côté, en plus, l’autrice apporte plein de petites touches savoureuses, de leurs rivaux qui ont tous un je ne sais quoi d’attachant comme dans les équipes adverses des mangas sportifs, en passant par leurs encadrants. C’est en effet, cette fois, au tour de leur prof responsable M Takinami de voir son passé se révéler et quel passé ! Il a un potentiel de dingue comme personnage pour le futur du club et je croise vraiment les doigts pour que ce qu’on apprend sur lui ait un impact sur le futur. Et que dire de ces petites touches de romances entre Chika et Hozuki ! C’est tellement mimi. Je fonds.

Après un début un peu fébrile, la série n’en finit plus de se perfectionner pour mêler avec brio sentiments adolescents et musique transcendée par ceux-ci. L’autrice nous offre de superbes moments lors des compétitions de nos héros mais également en coulisses, lieux de toutes les avancées. Je suis sous le charme.

Tome 8

Quand l’adolescence s’en mêle ! J’ai peiné à accrocher à ce shonen d’aventure collective au lycée mais quand les émotions des uns et des autres s’en mêlent, y a pas à dire, je suis captivée !

Avec un tournoi qui se termine un peu en eau de boudin, nos héros auraient pu être déprimés. C’était sans compter tout ce qu’ils avaient accompli et les premiers compliments reçu par leur prof référent ! Les voilà boostés à bloc. On aurait pu alors s’attendre à une suite axée sur les répétitions, entraînements et nouvelles prestations à préparer. Que nenni ! Ce sont les hormones qui prennent le dessus.

J’ai d’abord eu quelques craintes quand j’ai vu le tournant romantique de ce tome. Et puis, au final, j’ai trouvé cela très malin d’ancrer encore un peu plus la série dans son cadre quotidien avec émotions qui peuvent toucher tout un chacun. Amu est assez juste dans ce qu’elle propose. Certes, elle reprend des clichés éculés du genre pour le presque baiser par accident, le faux triangle amoureux ou le passé qui nous hante, mais elle le fait avec sincérité et cela donne un résultat des plus honnêtes.

Cela m’a donc amusée de voir nos héros freinés sur leur lancé par ce type de rebondissements inattendus alors qu’ils venaient d’être reconnus par leurs pairs. Heureusement que M Takinama ni chôme pas, lui. C’est la révélation de ces derniers chapitres. J’adore voir comment il les prend enfin en charge, entre compliment, aide savamment distillé et conseils à bon escient. C’est une véritable métamorphose et un adulte comme on en voit peu dans ce genre de série, avec des conseils justes et honnêtes, en positifs comme négatifs. J’adore ! Petit coup de coeur lors de son échange avec Hiro.

Après un très beau mais douloureux concours, nos héros sont lancés et restent sur la bonne voie. Amour, passion et entraînement vont maintenant se mêler dans une série de plus en plus adolescente mais qui assume joliment cette teinte, le tout sous couvert d’un prof référent enfin pro-actif. Le club et la série ont de beaux jours devant eux. Comme quoi, un diesel ça a du bon, rien ne sert de courir 😉

Tome 9

Un nouvel arc commence et c’est l’autrice qui régale. Comme dans un shonen sportif, on enchaîne phases de compétition et d’entraînement en observant nos héros grandir.

La série me laissait un peu sceptique au début mais plus les tomes passent, plus elle me convainc ces derniers temps. C’est à nouveau le cas avec cet arc centré sur Hozuki et sa famille, qui s’annonce plus sombre. Certes l’autrice reprend de grosses ficelles bien classiques. Elle ne fait pas non plus dans la finesse question personnage et relation, mais ça fonctionne et c’est ce qu’on lui demande.

Place donc à l’entraînement de nos héros en vue du concours national. Première étape réaliser le fossé technique avec les autres et chercher ce qui les démarquera : leur énergie, leur amour et leur capacité à des transmettre des émotions, mais aussi un morceau aux arrangements originaux signés de leur Prof sur une compo d’Hozuki. Superbe ! On retrouve cette ambiance de club sportif où chacun se soutient et se dépasse, et c’est ce que j’aime ici.

J’ai pris plaisir à ce que le focus soit porté sur Hozuki, personnage complexe qui m’intéresse depuis le début. J’aime son côté fragile porté par ses relations compliquée avec sa mère. J’aime son côté forte tête porté par un caractère bien trempé qui peut la faire passer de douce à froide et implacable. Petit bonus du tome : le feu qui allume l’étincelle est une rivale à elle très proche de sa mère, le parfait antagoniste qu’on va aimer détester. Ça fonctionne très bien, elle est détestable !

Mais derrière ce tableau d’une rivalité sororale qui se dessine, il y a aussi un club qui a besoin de travailler et va le faire, car si c’est chouette de les voir transporter les gens quand ils jouent à l’occasion, cela manquait un peu de crédibilité. Je trouve donc normal de les voir travailler leurs bases et ramer pour cela. J’aime. Surtout quand c’est tendu avec la prof et que ça provoque des situations d’échanges piquants. Surtout quand cela permet de voir des personnages se dépasser comme Chika, qui vraiment aimé cet art et s’y investi à fond. C’est beau de voir des jeune aussi passionnés !

Sur le fond, voici un tome au scénario classique, presque déjà vu, et sans grande finesse, mais qui lors de la lecture provoque une réelle émotion, celle de jeunes qui s’investissent à fond dans leur club et se soutiennent les uns les autres dans les difficultés de la vie. C’est beau, c’est touchant, c’est émouvant. Et tant pis si je trouve ça un peu caricatural.

Tome 10

Avec cette superbe couverture poético-introspective, Sounds of life continue sa plongée dans les affres de la vie par le prisme de la musique et bon sang que c’est réussi !

Après avoir découvert les membres du club et leur professeur sur plusieurs tomes, jusqu’à ce qu’ils forment un groupe soudé, regardant dans la même direction pour atteindre le même objectif, Amu repart à la conquête et à la rencontre d’un nouveau personnage cabossé par la vie : leur nouvelle professeure Akira.

Si comme à chaque fois, la mise en scène est un brin caricaturale et mélodramatique, rappelant bien les soap qui passent à la télé, on ne peut nier que l’émotion est également bien présente. Avec une efficacité implacable, l’autrice nous montre comment la place de la musique dans une famille peut être perçue différemment et donner des résultats totalement différent. Elle nous croque des portraits poignants, tour à tour lumineux et torturé, amusant et émouvant, avec toujours de sacrées destinées. Ici, c’est Akira et sa famille qui sont sur le devant de la scène. J’ai adoré découvrir sur histoire si triste et en même temps tellement prometteuse dans une trajectoire de sortie de l’ombre pour découvrir la lumière.

Avec elle, nous découvrons encore une fois l’envers du décor du milieu du koto : une ancienne génération rigide, une nouvelle plus souple et ouverte, mais une première qui finit bien trop souvent par l’emporter malheureusement à cause des aléas de la vie. Sa relation avec son frère était superbe et je trouve ce dernier personnage d’ailleurs fort intéressant dans ses choix de vie. Mais le parcours d’Akira est également là pour se percuter et se confronter à celui d’Hozuki et il en ressort une grande scène où chacune se met à nue et montre ses traumas : une mère qui ne la considère pas pour l’une, une quête de reconnaissance inassouvie pour l’autre. C’était poignant.

Ce tome dit énormément de choses sur le rapport des musiciens à leur musique. Il y a ceux qui sont des génies, qui s’en passionne mais ont des facilités et peuvent tout en faire, même la prendre pour un jeu, même la détourner pour se faire plaisir. Et il y a ceux qui doivent bosser, bosser et bosser encore juste pour surnager. C’est un milieu impitoyable. Mais il n’y a pas qu’un côté sombre et des sentiments d’infériorité ou de jalousie, il y a aussi la beauté de l’entraide, la joie des progrès, et le club de Koto du lycée est là pour nous apporter ce souffle de vent frais. J’ai adoré voir l’évolution de nos lycéens face aux demandes intransigeantes de leur professeure. La façon dont ils luttent, relèvent la tête, s’entraînent d’arrache-pied et s’aident sans cesse les uns les autres sans jugement. C’est un magnifique tome pour cela. Chika est encore une fois bluffant, Hozuki émouvante et que dire de la révélation vécue par Akira.

Amu bâtit vraiment de tome en tome une saga humaine des plus touchantes et bouleversantes où elle montre la puissance de la passion mais aussi la force de l’amitié et le travail mais aussi l’apaisement que procure la musique. C’est puissant, émouvant et cela fait réfléchir sur notre rapport à l’art, à une passion et plus profondément à nous même, nos relations, nos désirs dans la vie, etc. C’est une série à l’habillage narratif très classique mais aux thèmes extrêmement riches et joliment exploités. Chapeau !

Tome 11

Quelle lecture vraiment de plus en plus inspirante ! J’avais tellement peur au début d’avoir du sous-Chihayafuru et la série a vraiment su gagner en maturité et profondeur depuis quelque temps, me ravissant et me rassurant aussi quant à sa longueur et sa capacité à me passionner.

J’aime énormément l’arc actuel avec la préparation du concours et l’arrivée de cette nouvelle prof dans le groupe. C’est plein de vie, plein de passion, mais aussi de remise en question et de lutte contre les préjugés, avec un vent de jeunesse qui touche adolescents comme adultes. Je ne pensais pas dire ça au début mais j’adore !

Je me sens moi aussi prise par la passion que leur koto leur transmet. L’autrice réussit enfin à me faire vibrer quant ils jouent et pas seulement Chika. Les autres aussi désormais ont suffisamment de choses à nous transmettre pour notre pénétrer et c’est superbe à voir en image. La scène où Hozuki et Akira jouent est magique ! Mais plus que cela, il y a une vraie réflexion sur la musique, sa transmission, sa passion, ce qu’elle nous communique qui me parle et me touche. J’aime voir le sérieux de nos adolescents. J’aime les voir réfléchir à ce qu’ils veulent transmettre à travers elle. J’aime les voir trouver leur place grâce à elle et il en va de même pour les adultes. Après un Monsieur Takinami qui a retrouvé sa passion, c’est au tour d’AKira de sortir de la grisaille et d’oser se rebeller pour ce groupe auquel finalement elle s’est attachée. Superbe !

C’est vraiment ça la force du titre, la formation de ce groupe et tous les sentiments qu’ils nous communiquent. Ça donne envie de faire partie d’un tel groupe. C’est enthousiasmant et touchant de les voir aussi pris par leur passion mais attentif aux autres. On sent enfin de manière palpable leur amitié. Ils sont tous devenus très proche et ça les a transformés, à l’image de Chika qui sait désormais sourire ou Hozuki qui ose se confier sur sa situation familiale. On a même des petites pointes de romances qui arrivent de loin et qui prêtent à sourire. J’aime énormément cette ambiance et la chaleur humaine qu’elle communique.

J’ai ainsi pris un grand plaisir à suivre les avancées de ce joli club dans ce tome de préparation avant le concours. J’ai aimé les voir se soutenir les uns les autres et grandir ensemble. J’ai aimé voir les adultes les protéger et les prendre sous leurs ailes. J’ai aimé les voir tous travailler ensemble vers un but commun. C’est un très bel esprit de groupe, de club, d’amitié qui me touche en plein coeur. Sounds of life est vraiment une série qui porte bien son nom et qui se bonifie au fil des tomes, des épreuves et des apprentissages de la vie de ses héros. On approche de plus en plus de la série doudou quasi coup de coeur. ❤

PS/ Par contre quelle idée de donner une colorimétrie aussi lumineuse sur la couverture, on en vient à ne presque plus voir Chika tant il est tout clair, tout pâle…

6 commentaires sur “Sounds of Life d’Amu

  1. Ado, j’aurais adoré ce manga et sa belle mise en avant de l’amitié, d’un instrument peu connu en Occident et une belle réflexion sur les apparences, les rumeurs… Quant à la synergie entre les personnages, elle a l’air de parfaitement fonctionner !

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  2. Comme tu m’as déjà lu, et que si ma mémoire ne me fait pas défaut à cause de la fatigue, on en a déjà parlé, je ne suis pas étonné de voir que tu es conquise, et de toute façon je sais que tu es une personne de goût, donc je n’avais pas de doute là-dessus !

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