Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Kingdom de Yasuhisa Hara

Titre : Kingdom

Auteur : Yasuhisa Hara

Traduction : Rémi Buquet

Éditeur vf : Meian

Année de parution vf :  Depuis 2018

Nombre de tomes vf : 69 (en cours)

Résumé : Lors de la période des Royaumes combattants de la Chine ancienne (475-221 avant J.-C.), Shin et Hyô sont orphelins de guerre dans le royaume de Qin. Ils rêvent d’un jour où ils pourront eux-aussi faire leurs preuves sur le champs de bataille. Cependant, un jour, Hyô est emmené au palais par un ministre. Hyô parvient à revenir au village, à peine vivant. Shin rencontre alors un jeune garçon qui ressemble beaucoup à Hyô, Ei Sei. Pour l’instant il est le roi de Qin, plus tard, il deviendra l’empereur Shi Huangdi.

Mon avis :

Tome 1

On ne présente plus le projet fou de Meian, seul éditeur français à avoir eu le courage de se lancer dans l’aventure Kingdom. Il faut dire qu’avec ses plus de 60 tomes publiés au Japon depuis 2006, cette vaste fresque toujours en cours avait de quoi impressionner malgré la ferveur de fans. Mais Meian l’a fait et merci à eux !

Je n’avais pas pris le coche à sa sortie, justement impressionnée par la longueur de la série et me demandant si l’éditeur aurait les reins assez solides. Avec une parution française qui a désormais presque rattrapé celle des japonais grâce à un ingénieux système d’abonnement et de box, je suis rassurée. 

L’aventure Kingdom a donc débuté en 2006 au Japon et se poursuit encore à ce jour avec 67 tomes de sortis pour l’instant. Cette vaste fresque de Fantasy historique se devait d’être de qualité pour avoir un tel succès lui permettant d’aller si loin. Cela m’a effectivement frappée dès les premiers chapitres. On se retrouve dans une très belle réinterprétation de l’Histoire chinoise du temps où le pays était divisé entre différentes clans et où dans chaque royaume tout était permis pour s’emparer du trône ! De la Fantasy historique épique comme j’aime m’attendait donc !

Mais ce premier tome prend le temps. Tout en nous présentant les arcanes de ce qui fera probablement la richesse à venir de la série, on découvre le héros de l’histoire : Shin et son meilleur ami, esclave de ferme comme lui, Hyou. Ceux-ci s’entraînent durement chaque jour pour devenir de grands guerriers et ainsi se libérer de leur condition. Dans un schéma de désir d’ascension sociale et de lutte contre l’injustice et la tyrannie, nos héros vous nous embarquer dans une aventure qui va vite les dépasser.

J’ai d’emblée beaucoup aimé le trait très riche de Yasuhisa Hara qui peut à la fois proposer une grande variété de visages d’époque, avec à la fois du sérieux et de la caricature, et des paysages fouillés, presque réalistes qui impactes vraiment, tout comme les combats qu’il orchestre tel un metteur en scène de cinéma d’action avec une violence frappante. Impossible de passer à côté de l’impact de son dessin. 

J’ai également d’emblée aimé l’histoire avec sa dynamique double, de complot politique avec les ministres du roi qui se tirent dans les pattes pour être celui qui manipulera le souverain en place et avoir le vrai pouvoir, et de désir d’ascension pour un héros parti de rien mais travailleur. C’est archi prenant et l’adhésion du lecteur est facilement donné à un tel personnage. 

Le premier tome est riche, le premier tome est rude, le premier tome accroche. J’avais peur de ne pas m’y retrouver avec tous ces noms et ces factions, mais pour l’instant ça va. J’avais peur de tomber sur quelque chose de trop caricatural, mais pour l’histoire je trouve ça tellement impactant dans sa violence crue que je suis scotchée. Je n’ai qu’une envie, continuer de suivre les aventures de Shin et de celui qu’il protège désormais.

Les débuts d’un voyage épique totalement prenant avec une belle appropriation de la culture chinoise, de ses mythes et son histoire, sous un trait réaliste efficace qui ne manque pas d’impact. Je comprends pourquoi Kingdom a conquis un aussi large lectorat !

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Renard littéraire, Vibration littéraire, J’ai lu tu as lu, Gwen, Vous ?

Tome 2

Après des débuts tout feu tout flamme, l’intrigue se pose ici pour mieux se développer mais n’en est pas moins intense et continuer à accrocher à merveille les lecteurs de Fantasy historique comme moi !

Je me demandais quel rythme allait adopter l’auteur : une course-poursuite permanente mais avec le reste d’une action tuant la politique ou une couse de fond avec des accélérations soudaines pour marquer les grands moments et ainsi laisser la possibilité à l’histoire de s’approfondir. C’est le second que l’auteur a choisi et je l’en remercie.

Avec un trait toujours aussi réaliste et détaillé mais des visages parfois un peu caricaturaux et une expression intense des émotions et de l’action, Yasuhisa Hara nous conduit vers un tome qui développe à merveille les enjeux de la série. On enchaîne combat contre un poursuivant, découverte et recherche d’alliés, le tout sans pause et pourtant avec un rythme moins stressant et plus posé que précédemment.

J’ai apprécié les découvertes politiques et humaines de ce tome. Notre héros et son maître sont rejoint par des hommes hauts en couleur et imposants qui nous en apprennent plus sur les méandres de la politique chinoise telle qu’imaginée ici, reprenant sûrement de grands moments et légendes de celle-ci pour de vraie. Cela donne un sentiment de réaliste et de solidité très appréciable. Shin est un peu relégué au rôle de gamin insupportable qui saute de partout, ça le remet à sa place et laisse à la complexité de l’histoire politique la place de se développer. Il ne pouvait pas devenir central dès le début, il fallait une phase d’apprentissage.

Ainsi, j’ai aimé voir se développer l’entourage de Sei et la figure royale de ce dernier même dans l’exil. Il en impose. Sa recherche d’alliés est bien vue et nous permet de vite bouger et voyager plutôt que de rester statique sans but. A défaut d’être originale, l’idée nous permet d’aller à la rencontre d’une autre culture, ce qui est toujours enrichissant, surtout avec un folklore aussi magnifiquement dessiné qu’ici. Rien que les masques et les paysages, j’adore ! Ils sont hyper riches en détails et me font rêver.

Tome de pause de pour développer l’histoire, il y réussit à merveille et propose ainsi de voir une intrigue de plus en plus riche et dense avec de nouveaux personnages qui remettent en perspective les premiers héros un peu trop rapidement portés aux nues. C’est malin, c’est prenant et tellement bien dessiné !

Tome 3

Toujours aucun temps mort, c’est fou comme la série avance vite ! Je pensais qu’avec sa longueur incroyable au Japon l’auteur prenait plus le temps mais je m’étais bien trompée et j’en suis ravie. L’appel de l’aventure fonctionne à merveille sur moi !

A peine un nouvel allié trouvé que nos héros repartent directement à l’assaut. C’est la dynamique de la série. Toujours plus loin, toujours plus haut. Politique, batailles et vengeance se mélangent superbement ici pour un récit passionnant à lire où tout se passe très vite malgré une sensation d’histoire qui prend le temps de se déployer.

Ainsi, j’ai apprécié de faire connaissance avec le peuple de la Montagne et son gouvernant dont j’avais vite deviné l’identité. La thématique du racisme et de l’ostracisation d’un peuple avec eux est très bien rendue, rappelant dans un sens les Centaures de Ryo Sumiyoshi avec ce peuple trahi qui va se réfugier dans la montagne. J’aime la façon dont histoire et légende se mélangent ici, ça donne une belle épaisseur au titre.

L’auteur parvient cependant à ménager des plages d’humour et de détente grâce au héros, qui à défaut de prendre du galon où de devenir un guerrier intéressant, joue un peu les mascottes de la troupe et se fait sans arrêt remarquer, parfois pour ses bourdes, plus souvent par ses rares traits de génie. J’aime bien au final que tout ne lui tombe pas dans le bec et que ce soit plutôt le Roi qui lui volent la vedette.

En effet, celui-ci est une vraie petite tête pensante et c’est fascinant de suivre ses plans pour récupérer son trône et plus encore. Il a une vision à long terme mais sait aussi déjouer les pièges présents de ses anciens ministres, ce qui le rend impressionnant et passionnant à suivre. Il a su convaincre avec force ses nouveaux alliés de le rejoindre. Il imagine un plan astucieux pour s’introduire dans la capitale. Il ose affronter en face à face direct ses ennemis. C’est LA figure à suivre pour le moment.

Titre de plus en plus épique, Kingdom surprend par son héros qui ne l’est pas vraiment en ce moment mais encore plus par l’efficacité de son récit qui va droit au but et de s’étire pas. Je pensais voir le Roi tergiverser pendant longtemps, se chercher plein d’alliés, alors l’attaque frontale de ce tome m’a surprise et scotchée. J’aime quand un auteur sait me prendre à contre-pied.

Tome 4

On croit avoir cerné le titre, avoir un peu tout vu de ce qu’il peut nous proposer, et là-dessus l’auteur nous offre une belle surprise ou plutôt une surprise cinglante et sanglante !

Partir déjà, à ce stade-là de l’histoire, à l’attaque de la capitale, du palais et du roi qui a remplacé Sei, c’est quelque chose ! Vivre les combats au plus prêts comme on le fait grâce au regard de Yasuhisa Hara, c’est encore passer à un autre niveau. J’ai beaucoup aimé le côté très immersif de ce tome qui m’a permise de vibrer auprès de nos héros et de leur entreprise dantesque.

Le mangaka découpe, classiquement mais astucieusement, sa narration en deux morceaux. Nous suivons d’un côté le Roi qui s’attaque de plein fouet à l’armée face à lui menée par un solide général. Il a avec lui le peuple des montagne, sa chef et son propre général, ainsi qu’une armé en soutien qui attend. De l’autre, il y a une petite troupe qui s’introduit en douce dans le palais et suit un chemin secret et tortueux pour atteindre le Roi usurpateur de l’intérieur. Bien sûr, des embûches les attendent en chemin.

L’auteur ne révolutionne pas le genre mais il use à merveille des codes classiques de ce type de récit et pond une histoire intense et passionnante à lire où bien qu’on sache que les héros n’ont rien à craindre, on tremble quand même pour eux face à la menace sourde et brutale qu’ils affrontent. Et puis, on se rappelle la mort de Hyou et on se dit que peut-être tout est possible. Alors quand ils se retrouvent face à de grosses brutes, ça fait mal. J’ai apprécié que l’auteur caractérise chacun différemment : l’un est un épéiste, l’autre un cavalier, le dernier une bête de foire. Chacun correspond aussi à un lieu différent : couloir caché, grande place ou salle du trône. Cela rend l’histoire fort dynamique à lire.

Il n’hésite pas non plus à nous proposer de nombreux instants de bravoure. Il y a ceux, devenus évidents, de Shin et Sei. C’est même presque un peu trop dans le cas du premier, tellement c’est surréaliste. Mais il y a aussi ceux de leurs soutiens et autant, Shôbunkun, on le connaissait déjà, autant j’ai apprécié de voir mis en lumière des membres du Peuple de la Montagne, car ils gagnent à être connus. En plus, c’est très intense avec une mise en scène particulièrement brutale et violence qui surprend à plus d’une reprise. Quand l’auteur décide de trancher dans le vif, il le fait sérieusement et ça fait mal. J’en ai ressenti certains frissons jusque de l’autre côté du livre. Excellent !

Kingdom est donc de ces fresques épiques qui savent gérer leur suspense, leur montée en pression et en parallèle nous faire nous enthousiasmer pour certains personnages dont quelques uns un peu imprévus. J’aime cette surprise. J’aime cette intensité. Je n’ai qu’une envie, poursuivre et voir si oui et comment nos héros vont renverser la vapeur.

Tome 5

Ce qui était pourtant palpitant et plein d’ampleur, n’était en fait qu’un prologue, voici ce que nous apprend ce tome aussi surprenant qu’ubuesque.

Surprenant car il offre à la fois, la fois de l’introduction de la série avec la fin du coup d’état du frère de Sei, et également la transition vers l’amorce de la suite. Si la première partie fut éclatante, la seconde m’a un peu moins plu, faute à un rythme plus pesant, mais normal aussi quand on commence quelque chose de nouveau et qu’on veut poser les bases.

C’est cependant dans l’action et les retournements de situations que le mangaka est le meilleur. Ainsi le final entre les deux frères fut vraiment prenant. Avec une efficacité implacable, il nous relie les deux fils de l’intrigue avec d’un côté un enchaînement de combats saisissants dans la salle du trône et un Shin qui est bien monté en puissance, et de l’autre un Sei confronté à son pire ami-ennemi qu’il va devoir convaincre pour en faire un potentiel allié. Si, encore une fois, c’est un peu trop facile pour Shin dans le sens où il ne devrait pas avoir déjà un tel rôle si vite, j’ai apprécié ce sentiment de débandade qui s’empare de l’élite à laquelle il s’attaque. C’était jouissif. Si la résolution pour Sei est également un peu facile, elle est pleine de potentiel entre deux hommes forts ambitieux. Et ainsi tout est bien qui finit bien.

Mais du coup, ce fut tellement intense que la suite, un brin trop bavarde, manque forcément de punch. On repart un peu de zéro avec Shin pour héros qui repart à l’assaut de son rêve : devenir le plus grand des généraux. Pour se faire, il faut en passer par la base, et avec un sentiment de me retrouver dans Mulan, me voilà à suivre ses péripéties pour se faire enrôler, puis intégrer dans une petite escouade et partir à la guerre. C’est présenté de manière didactique et progressive, avec un Shin, ressort comique comme au début. L’auteur présente bien les manoeuvres entreprises par le Roi qui vient de récupérer son trône et les raisons de tout cela. On découvre aussi de loin le nouvel antagoniste mais tout ceci n’est que la première pierre de l’édifice, et même si c’est nécessaire, ce n’est pas le plus passionnant.

Oeuvre qui brille surtout par ses combats et ses complots, Kingdom achève ici sa présentation avant de repartir de plus belle. Si le final de cette belle introduction fut plus que convaincant avec ses nombreux retournements de situation, j’ai trouvé la suite plus classique et moins entraînante pour le moment. Mais les promesses sont là pour une suite plus vaste et épique encore. J’attends !

Tome 6

Même si je reconnais le talent de l’auteur pour mettre en scène de façon épique des batailles dantesques en prenant celles-ci petits bouts par petits bouts pour mettre en avant certains personnages, je ne suis pas la mieux à même d’en parler car ce n’est malheureusement pas ce que je préfère dans Kingdom et que j’ai trouvé ça un peu ronflant par rapport aux premiers tomes plus nerveux à mon goût.

En effet, je ne peux pas dire que ce soit une lecture ennuyeuse. Impossible avec toute cette peur, ces frissons, cette hémoglobine. En revanche, force m’est de reconnaître que c’est aussi très classique. L’auteur ne sort pas vraiment du lot, à part dans les dernières pages et encore, quant à la mise en scène de bataille. Il s’amuse à faire des focus sur de petites unités afin de faire vivre celle-ci de l’intérêt et nous fait suivre les mouvements des troupes, participer aux combats de très près, mais tout semble trop bien calibré, presque facile et prévisible.

On se retrouve encore avec une énième mise en avant de Shin. Je sais que c’est le héros de l’histoire mais j’aimerais que tout ne tourne pas autour de lui, ou au moins qu’on nous montre bien que c’est un gamin, pas un génie, car ça casse le réalisme de l’oeuvre. Je préférerais le voir s’échiner à devenir plus fort, plus malin, plus apte à remplir le rôle qu’il se rêve. Ici, on le porte trop aux nues et c’est irréaliste. Heureusement qu’il n’est pas le seul et qu’un autre génie fait son apparition pour contrebalancer et heureusement bis qu’on voit quelques vétérans sur la fin. Cela donne d’emblée plus d’épaisseur et de crédibilité à ce qu’il se passe.

Autrement, j’ai aimé ce tableau d’une guerre sale, poussière, sanglante et injuste où la piétaille compte peu, où les généraux restent protégés derrière, où les manoeuvres de troupes sont bien belles sur le papier mais plus complexe en réalité. L’auteur rend tout cela très lisible malgré le bazar de la guerre. Son recours à différents plans de bataille est une bonne idée, cela simplifie la compréhension et rend la lecture dynamique. D’ailleurs cela change vite sur le champ de bataille et on n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est le gros point fort du volume. Ça et la violence de cette représentation guerrière où certes la stratégie compte mais avant tout le courage et les coups de folie. Le final en est l’illustration parfaite, avec des scènes brutales et impactantes comme le mangaka sait en écrire.

Amateurs de guerre épique sale, sanglante et brutale où de gros bataillons s’en prennent plein la poire, où les petits n’ont que peut d’espoir mais luttent tout de même, vous devriez vibrer ici. Amateurs d’éléments plus politique et de complot, ce n’est pas pour tout de suite qu’on va y retourner. Il va falloir patienter. Je croise juste les doigts pour que Yasuhisa Hara complique un peu la tâche à son héros, il s’en sortira que plus grandi !

Tome 7

Il suffit d’un tome plus incarné pour que tout bascule ! Le tome précédent nous plongeait dans la bataille mais un peu trop au sens large pour moi, suivre des figures bien déterminées a totalement changé la donne ici.

Les personnages le disent eux-mêmes, la guerre, c’est une histoire de général et ici dès l’arrivée de ces derniers, ça change tout. L’intensité est plus forte, la rage de vaincre également et les scènes impactent plus ! Je me demandais ce qu’Ouki faisait en couverture, j’ai vite eu ma réponse et merci à lui d’être venu s’incruster. Il fait clairement partie de mes personnages préférés de la série avec son côté tellement imposant et imprévisible aussi. Il fait encore le show ici pour notre plus grand plaisir.

Yasuhisa Hara a vraiment un superbe sens de la mise en scène pour faire bouger ces groupes de soldats et varier les lieux de combats aussi. C’est très prenant de voir comment il orchestre l’arrivée de grand nom pour nous mettre un coup de pression et faire monter la tension d’un coup, sans oublier les petits troupiers vus précédemment qu’il va aussi mettre en valeur pour nous faire adhérer à ce qu’il se passe et nous impliquer dans l’action. C’est très finement pensé et parfaitement incarné par la rencontre entre Shin et Ouki qui offre tellement de promesses quant à la suite.

J’ai adoré sentir le souffle de la bataille ici et être aux premières lignes pour voir des hommes aussi doués s’affronter, d’abord sur le terrain de l’esprit puis en duel brut et brutal. C’est également ce que j’attends de ce titre, de la force brute mais également de la stratégie et de la technique, sans parler d’une petite touche d’histoire, ici savamment incarnée par le passé du Général de Wei. Il faut de l’émotion aussi et pas que de la politique et du sang. Les dernières pages l’illustrent à merveille avec ce rapide retour au château où on retrouve Sei dans une position inattendue, vu sous un angle qu’on attendait peut-être pas à ce stade. Moi, j’ai eu l’impression de plonger vraiment de plus en plus dans cette dimension très « historique » du décor chinois de l’histoire et j’aime ça.

Avec ce mélange de combats percutants, de duels au sommet entre général, ce nouveau tome fait passer le précédent comme un tour de chauffe inabouti mais préparant bien le terrain à cette suite hautement plus intense. J’adore ce mélange de bataille brute, violente, percutante et d’histoires d’hommes, de grands hommes charismatiques, qui donnent des scènes vraiment marquantes.

Tome 8

Moi, c’est vraiment les intrigues de palais qui me font le plus palpiter, il n’y a pas photo. J’aime les grandes batailles, je ne dis pas le contraire, mais il se dégage quelque chose de bien plus tendu, je trouve, quand on doit courir dans les couloirs du palais en proie à tous les danger !

Quel bonheur de retourner dans cet univers fait de sombre passé, de présent tortueux, de craintes dans tous les recoins. C’est tendu, c’est oppressant, c’est effrayant et c’est triste également. J’ai été émue par le récit d’un des épisodes clés de l’enfance de Sei qui l’ont conduit ici. Alors que je croyais voir se dessiner une histoire d’amour romantique, c’est une histoire d’amour au sens bien plus large que j’ai rencontrée. Celle d’une rencontre entre une âme blessée et une âme qui lui a redonné vie et courage. C’était puissant !

Quel bonheur de voir l’histoire se recentrer sur Sei, ce jeune héros tellement fascinant, du moins pour moi qui aime les personnages à l’intelligence aussi bien développée que la sienne. Ce fut dur et terrifiant de découvrir l’enfance qu’il a vécue mais jouissif d’assister au moment charnière qui va le transformer en celui qu’on connaît, ce garçon au courage indéfectible. C’est l’un de ces épisodes d’une vie ! Et le choix d’une femme comme héroïne m’a plu dans ce titre pour l’instant assez viril. Yasuhisa Hara commence à leur offrir une jolie partie, rappelant un peu ce que Samura a pu faire dans L’Habitant de l’infini, avec des femmes puissantes et émouvantes, chamboulant les héros à plus d’un niveau.

Ainsi, je ne serais pas surprise si un certain personnage, terriblement charismatique qui vient d’apparaître et qui est porté aux nues dans la seconde partie de ce tome, était également une femme dissimulée. Il y a en tout cas du Togashi dans cette mise en scène fourbe et tonitruante à la fois où un(e) jeune héro(ïne)s vient accélérer l’intrigue et faire monter brutalement la tension avec une belle mise en danger du Roi. Il est juste dommage qu’on retrouve encore et toujours Shin sur le devant de la scène également. J’aimerais bien assister à d’autres dynamiques parfois pour changer un peu.

Enfin, je n’en parle pas assez, mais Yasuhisa Hara a vraiment un trait saisissant qui évolue sans cesse. Il sait tantôt être sérieux, tantôt être drôle. Il sait montrer avec force et impact la profondeur des traumatismes et noirceurs de ses personnages. J’ai beaucoup aimé la mise en scène de l’évolution de Sei dans ce sens. Il a peut-être quelques tics concernant certains types de personnages mais cela permet d’authentifier d’autant plus vite qui est qui et qui a quel rôle, ce qui est diablement efficace.

Je suis ravie de ce virage vers à nouveau un peu plus de complots politiques. J’aime les intrigues de palais. J’aime les focus sur le personnage de Sei. Cela me fascine plus que les champs de bataille car c’est tellement plus insidieux et plein de tension. La construction de ce tome fut parfaite entre souvenirs définissant le héros et mise en danger percutante. J’ai hâte de voir comment ils vont s’en sortir.

Tome 9

Dans ce genre de titres, certains aiment les batailles, moi ce que je préfère ce sont les intrigues de palais avec leurs conspirations, leurs trahisons et leurs surprises à foison. J’ai été gâtée ici dans un tome qui offre une belle révélation sur un personnage attendu !

Avec sa couverture cinglante et pleine de souffle, Yasuhisa Hara a directement annoncé la couleur : Shin et Kyoukai vont entrer en action et cela va faire mal ! Ce retour brutal dans le palais de Sei est magnifiquement géré par un auteur inspiré qui pioche allègrement dans cette histoire chinoise remplie de tentatives d’assassinat dans les méandres des couleurs de ces palais tentaculaires. Cela offre une belle richesse de mise en scène qu’il a su parfaitement exploiter.

Le retour du duo Shin – Sei fonctionne toujours aussi bien. C’est un classique avec un roi / prince et un roturier mais c’est efficace et si cela permet de souligner la modernité de Sei, je dis oui oui oui. Le retour des intrigues de palais avec un nouveau haut fonctionnaire tentant de se débarrasser du Roi pour s’accaparer le pouvoir, le tout avec envoi de pléthore d’assassins, ça fonctionne aussi très bien surtout dans un contexte aussi fragile qu’ici où Sei vient juste de prendre le pouvoir et n’a pas encore consolidé ses bases. Cela pousse forcément le lecteur à imaginer tout le travail politique qu’il lui reste à édifier et c’est très tentant.

Ajoutez à cela des combats presque épiques entre assassins avec un Shin toujours tout feu tout flamme, qui retrouve encore plus de vigueur quand il s’agit de protéger son ami, et qui progresse en direct sous nos yeux et vous comprendrez pourquoi j’ai autant aimé. En plus, ce ne sont pas des assassins lambda en face, c’est Kyoukai, ce jeune troupier qui a combattu avec lui dans son Go lors de la guerre, un personnage charismatique et intriguant extrêmement fort au combat et fin stratège. Cela donne de suite une autre ampleur à leur combat, à leur duel.

J’ai beaucoup aimé l’orchestration de celle-ci qui nous offre à la fois de beaux moments suspendus grâce au style de combat particulier de Kyoukai et des moments plus surprenants, qui nous prennent à contre-pied quand on comprend que malgré son génie celui-ci n’est pas invincible et à un sacré talon d’Achille. C’était original. La découverte de ce personnage est d’ailleurs ce qui m’a offert non pas la plus grande surprise, parce que j’avais deviné son « secret » depuis longtemps, mais une des plus belles expériences du manga jusqu’à présent. Découvrir comment il en était arrivé là m’a remué et j’aime le but qu’il s’est fixé dans la vie, c’est un grand classique mais qui a du sens et qui est prometteur d’autres moments qui seront lourds de sens.

C’est par une belle double alchimie de duos mémorables qu’Hara ramène avec audace nos regard vers Sei et son nouveau statut encore bien fragile. En utilisant un classique du genre : l’attaque d’assassins envoyés par un rival, il nous offre un tome ciselé, percutant et presque poétique à lire où la question des allégeances est centrale et où on découvre que le génie, guerrier ou stratégique, n’attend pas les années. J’ai hâte de poursuivre les aventures de ces jeunes prodiges en devenir !

Tome 10

Nous avons eu droit à l’arc de la conquête du trône, celui de la première bataille, place maintenant à la lutte pour garder le trône et après une tentative d’assassinat déjouée, il y a encore fort à faire !

J’aime vraiment énormément le tournant pris par l’histoire. Ce virage plus stratégique où les héros doivent affronter des menaces internes avant de pouvoir sereinement s’attaquer au rêve de chacun est passionnant. On les voit se construire et bâtir potentiellement quelque chose de fascinant pour la suite.

L’arrivée du chancelier Ryo Fui, celui qui a véritablement le plus de pouvoir à Qin est impressionnant. L’auteur donne l’impression de voir débarquer les fameux soldats de glaise qu’on connaît quand il débarque avec ses alliés. Ils sont imposants, impressionnants et tout ça n’est pas de l’esbroufe, ils ont vraiment des raisons pour le faire. Du coup tout se complique et on se retrouve face à une histoire où ce sont les esprits qui vont chercher à s’imposer plus que les poings, offrant de nouvelles manoeuvres qui laissent pantois. La représentation graphique de cette force politique est magistralement gérée par Yasuhisa Hara. On se sent littéralement collé au sol non aussi par la force et le charisme de cet homme qui pourrait être lambda.

La réponse de Sei et son entourage ne se fait donc pas attendre, il va falloir évoluer, élargir son champ d’action, ses alliances, mûrir et s’endurcir, chacun va mettre la main à la patte. Sei et ses proches conseillers vont travailler au palais et chercher d’autres alliances. Shin part auprès d’un mentor inattendu, enfin pas tellement vu leur rencontre précédente, on pouvait s’en douter. Ten prend une décision radicale qui va l’introduire dans une nasse de vipères. Quant à Kyoukai, elle poursuit sa vengeance mais avec un lieu où retourner ensuite désormais. Tout se met en place pour la suite et c’est prenant à suivre ainsi que fort prometteur.

Le tome se veut donc à la fois plus calme, car il offre une transition et avance des pions, et avec un nouveau type de tension, une tension non plus guerrière mais politique, ce qui est fascinant à voir et à lire. L’auteur introduit et développe cela avec maestria, sachant comment présenter sans chichi les nouveaux hommes forts de l’histoire, de manière simple et marquante, alors que ça commence à faire du monde. L’aventure ne fait que s’enrichir, nous n’en sommes qu’au début.

Kingdom se révèle être aussi une fresque politique en plus d’une fresque guerrière et elle fascine tout autant. Ce fut passionnant de voir cette lutte stratégique dans le palais entre les deux hommes forts du royaume. L’auteur pose les jalons vers une suite toujours plus dense et complexe où les camps vont peiner à se dessiner et nous mettre à mal. J’ai hâte de voir le résultat des apprentissages nouveaux de nos héros !

Tome 11

A peine nos héros partis s’entraîner qu’ils sont déjà soumis à l’épreuve du feu ! C’est ce que prépare ce nouveau tome de transition qui nous présente le pays de Sei très agité par la guerre, une guerre qu’il a voulu mais une guerre qu’il subit également.

Yasuhisa Hara était très doué pour les intrigues de cour, il l’est tout autant pour les intrigues guerrières. Il met en scène ici le placement des pièces du futur puzzle de cette vaste guerre à l’échelle d’un pays aussi immense que la Chine et c’est fascinant et effrayant à la fois. J’ai beaucoup aimé suivre les différents fronts, y découvrir les figures fortes en place, et surtout recevoir en pleine face la surprise d’un front inattendu avec un pays sur le retour. C’était extrêmement bien fait !

En plus, l’auteur associe cela, toujours, à l’ascension des héros qui apprennent leur nouveau rôle, celui qu’ils aimeraient mener une fois adulte : Sei apprend difficilement à régner avec tout ce à quoi il est confronté, Shin lui est propulsé sur le champ de bataille à diriger son groupe de 100 hommes sous la houlette de Ouki, avec Kyoukai qui vient le rejoindre, et Karyo Ten poursuit son apprentissage de la stratégie avec une guerre grandeur nature qui s’offre à lui. C’est bien plus intéressant de suivre nos héros en temps de guerre qu’en temps de paix, cela permettra, j’en suis convaincue, de les voir évoluer bien plus rapidement et réalistement.

Mais le sel de ce tome vient surtout en fait de la découverte d’un pays voisin : Zhao, pays en dormance qui d’un coup se réveille et attaque avec en tête les rancoeurs d’anciennes batailles très violentes et qui, donc, vont tout ravager avec une violence mais aussi un talent incroyables. De nouvelles figures fascinantes apparaissent qui collent des frissons et on découvre également un certain passé de Qin qui met en valeur des personnages connus, une mayonnaise qui prend extrêmement bien et qui nous met l’eau à la bouche pour la suite de cet arc. Entre personnages fous et personnages charismatiques, impossible de ne pas craquer pour cette amorce !

J’ai donc dévoré ce tome une nouvelle fois, passionnée par les nouvelles aventures de nos héros qui se déclenchent et commencent à prendre une belle ampleur. J’avais peur que l’auteur expédie un peu cela comme la dernière fois en ne nous montrant qu’un petit bout de cette vaste guerre. Il semble avoir corrigé le tir et proposer à l’inverse une histoire sur plusieurs front où il cherche au contraire à montrer l’ampleur, la violence et l’horreur de celle-ci, le tout pendant que nos héros font leurs armes. Excellence en perspective !

Tome 12

Comme le dicte un peu Shin sur cette couverture où on le voit l’arme à la main et le sourire aux lèvres, c’est avec entrain et bravoure que nous allons le suivre dans sa première bataille comme chef de bataillon et quelle vivacité !

Je le disais précédemment Yasuhisa Hara est aussi à l’aise dans les complots, les batailles, les préparatifs que les arrières-gardes et ici c’est ce premier volet qu’il met en avant. On en prend plein des yeux. La fougue de Shin étincelle de partout et on se sent happé par son énergie. J’avais déjà aimé les récits de batailles du mangaka précédemment mais là on passe à un tout autre niveau !

En nous plaçant aux côtés du héros, il nous fait vraiment vivre cette bataille contre Zhao de l’intérieur. Sauf que Shin est désormais monté en grade et a sous ses ordres non plus un go de 5 individus mais un bataillon de 100 personnes, et surtout qu’il est désormais directement sous le commandement d’Ouki, ce génie de la guerre ! Cela change tout. Là où précédemment, le récit avait trop centré sur une micro partie, ici les événements qui se jouent ont un rôle essentiel pour la suite de la bataille.

J’ai beaucoup aimé la construction du récit dans ce tome qui est extrêmement maligne. L’auteur fait tout progressivement monter la tension en se servant des différentes strates des armées qui s’affrontent et de la bataille qui se joue. On sent un vrai stratège en lui, ou du moins quelqu’un qui a bien étudié comment se faisait la guerre autrefois, ce qui rend le récit très vif, percutant et immersif. Suivre le bataillon de Shin : Hi Shin (=la flèche), dans la mission de haute importance qu’Ouki lui a confié est ultra prenant. J’ai adoré me coller à leur basque et suivre leur progression vers un final attendu et pourtant qu’on ne croit pas possible.

L’auteur a vraiment su rythmer leur progression avec panache, greffant des éléments humains forts intéressant dans la progression de son héros, qu’on voit se transformer en chef de guerre qui doit traiter à la fois avec l’urgence du moment et la qualité humaine de ses soldats. C’est excellent. Seul petit point négatif peut-être : il brille tellement avec son bataillon d’anonyme, que les autres personnages sont trop en retrait, que ce soit Kyoukai qui en est réduit à sa fonction d’exécutrice, Ouki se motivateur d’homme ou Heiki de soutien indéfectible. L’auteur peine à équilibrer et faire briller tout le monde, mais qu’importe. Même si ce n’est pas réaliste que ce petit jeune emporte la vedette, son énergie est communicative !

Vivre une bataille comme si on y était. Chercher à éliminer le chef ennemi en s’infiltrant. Voilà les ingrédient pour un tome palpitant à lire où on prend plaisir à participer nous aussi en collant aux basques des anonymes attaquant en secret avec Shin. Une nouvelle étape dans l’histoire !

Tome 13

Je pensais vraiment que les batailles n’étaient pas forcément ce que je préférais dans la série, que c’était plus le politique, mais en fait quand la stratégie s’en mêle et que les acteurs jouent sur plusieurs niveaux, plusieurs tableaux et qu’ils nous embarquent au coeur de leurs plans guerriers, c’est passionnant !

Je me suis régalée avec ce nouveau tome en plein dans la bataille entre Qin et Zhao. Ce fut fascinant de suivre les plans d’Ouki, mis en branle par Moubu sous le regard un peu interloqué des généraux de Zhao. Je trouve que l’auteur rend parfaitement lisible des mouvements de troupes à grande échelle, alors que cela n’a rien de facile. Il parvient à alterner à la fois grand et petit mouvement, grande figure et anonyme, soldat et observateur. C’est excellent !

On se passionne vite pour cette guerre qui s’étale sous nos yeux et je le répète, mais je crois que je me régale encore plus quand ce n’est pas Shin qui est le fer de lance ou qui est au coeur, mais quand on suit des groupes d’hommes plus vastes comme ici avec Moubu et ses troupes. J’ai adoré sentir le souffle de bataille à leur côté, me laisser entraîner par leurs poussées dans les rangs, entendre leur rage guerrière retentir. C’est bluffant !

Mais en plus, le mangaka ne s’arrête pas là, il couple cela avec une vraie réflexion sur les manoeuvres militaires et les styles de commandements et d’attaque / défense, fort pertinente. J’ai adoré suivre les attaques / contre-attaques des deux camps, voir les réactions / contre réactions des uns et des autres, entendre leurs conciliabules, voir les réactions de leurs observateurs. Cela crée une vraie connivence avec nous.

En plus, la lecture réserve pas mal de surprise : surprise dans les premiers choix de Qin et Ouki, surprise dans les réponses de Zhao, énorme surprise dans le final de ce tome et l’attaque dantesque qu’il se produit, après déjà des combats rudes et acharnés d’une belle ampleur. Yasuhisa Hara nous gâte vraiment avec ce tome sans répit !

Passionnante et fascinante plongée dans la guerre entre Qin et Zhao, cette plongée au coeur des affrontements m’a permis de découvrir un autre Moubu mais aussi un autre Ouki. J’ai aimé laisser Shin un peu tranquille et découvrir nos généraux à l’oeuvre, et ce jusqu’à la surprise finale qui vient tout balayer d’un coup. Encore du grand art !

Tome 14

Cette guerre n’en finit plus de me passionner et là où une grande mêlée était promise en couverture, c’est également un grand élan de solidarité auquel on assiste avec émotion. Quelle belle évolution !

J’ai souvent pesté de la mise en avant de Shin au détriment des autres. Ici, l’auteur me démontre qu’il est capable de faire les deux : de proposer un combat dantesque à Shin mais également de mettre en avant ses coéquipiers et amis. Je suis fan !

J’ai adoré le combat qui fait suite à l’incursion du général ennemi. Celui-ci a tout d’une figure de l’Apocalypse avec son physique gigantesque, sa force et son habileté démoniaque. Cela donne lieu à des combats extraordinaire où nous aussi on se met à trembler comme des feuilles comme les soldats face à lui tant l’auteur parvient à nous rendre la pression qu’il exerce. Houken est fascinant. Face à lui, on ne pouvait donc qu’exposer des types de la veine de Shin et Kyoukai qui, telles deux têtes brûlées, vont à l’affrontement. J’ai adoré la mise en scène terrifiante de ces combats, avec une vraie mise en danger des héros qui enfin se retrouvent impuissants et ne parviennent pas à sortir de botte secrète. Ça fait du bien de remettre les choses en perspective et de ne pas partir comme à chaque fois sur une victoire surréaliste.

Grâce à cela, le tome est vraiment intense à lire. On suit avec passion les échanges entre Houken et Shin, puis entre Houken et Kyoukai et enfin entre Houken et le bataillon Hi Shin. C’est palpitant ! La guerre est vraiment brute, violente, terrible et cette fois l’auteur nous y plonge sans concession. On avait déjà l’habitude des corps qui volaient, je trouve qu’on franchit une étape ici avec l’ensemble des généraux de Zhao et leur attaque en règle à la suite d’Houken, puis leur poursuite dans les bois. On tremble vraiment pour Shin et son unité, et les pertes qu’il reçoit rend la place de chacun terriblement fragile, ce qui est très bon pour le lecteur, qui doute et a peur ainsi.

Cette représentation de la guerre, qui allie stratégie et force brute, technique et sursaut d’énergie est très bien mise en scène et dessinée par le mangaka, qui se fait et nous fait plaisir ici. Les pages défilent sans qu’on s’en rende compte. On passe d’une ambiance à l’autre (camp, forêt, montagne, nouveau camp), on passe d’un héros à l’autre, d’un général et d’une bataille à l’autre, avec une extrême fluidité. Tout est intense, tout est terrifiant. On se demande qui va en sortir vivant et comment vu le bourbier et la force des adversaires. C’est fascinant.

Tome de lutte acharnée, ce 14e volume fut encore un très grand moment. Lecture où on retient son souffle, lecture où on tremble de partout, l’intensité et la pression de cette guerre ne cessent de grandir pour notre plus grand plaisir et l’auteur semble de plus en plus trouver la formule pour allier grande et petite histoire, grand et petit héros, ce qui rend la chose encore plus palpitante ! On se régale.

Tome 15

Avec ce 15e opus, Yasuhisa Hara propose peut-être l’un des tomes les plus complets que j’ai pu lire dans une série en terme de bataille et d’affrontement. Tout y est, tout y passe et on vibre de plus en plus avec les héros et leurs antagonistes !

Ce combat de chefs, ce combat de stratèges même est extrêmement vivifiant à lire. Il nous passer par toutes les émotions et toutes les situations. Démarrant par un terrible piège, qui entraîne toute une partie de l’armée à la mort assurée, il se poursuit avec révélations sur révélations sur le camp adverse qui avait bien préparé son coup, ce que l’auteur avait fait comprendre à coup de petits indices tout du long. Puis il parachève le travail avec une grosse bataille finale avec duel à la clé entre les 2 figures phares de cette guerre jusqu’à présent. C’est jouissif.

Sans surprise le mangaka gère à merveille son récit et ses différentes phases, nous faisant passer de l’un à l’autre avec une belle fluidité. Que l’on soit sur le champ de bataille, en haut d’une tour de guet ou dans un lointain palais, nous attention est focalisé sur ce combat des chefs. L’auteur alterne zoom et dézoom avec brio pour maintenir notre attention de bout en bout. On est ainsi parfois collés aux basques de Moubu, d’autre fois avec Shin, puis on revient vers Sei, avant de repartir avec Ouki et ses généraux. C’est passionnant, palpitant et jamais on ne se perd dans ces multiples tableaux car tout s’imbrique à merveille.

Alors oui, il faut accepter le côté totalement surréaliste et dantesque de cet affrontement à grande échelle avec de grands guerriers aux faciès ridicules sortant presque de la comédia del’ arte ou d’un livre de contes et légendes hindous avec ce côté figés de leurs expressions ; avec cette force brutale qu’ils ont tous qui tranche tellement dans le vif que c’est impossible d’y croire ; avec ces retournements totalement improbables tellement ils sont énormes. Mais c’est aussi la force du titre, c’est bouillonnant, palpitant et ça colle des frissons de les suivre. Graphiquement l’auteur ne fait pas la demi-mesure non plus. Quand ils se battent, ça tranche de partout et pas que des bras, des troncs, des chevaux aussi, un, deux, trois voire plus à la fois. Il faut avoir le coeur accroché et ne pas avoir peur de la barbaque à tout va ! Mais une fois de plus cela crée un sacré souffle et on ressent parfaitement la violence et le non-retour de cette guerre tant c’est abominable.

Avec ce focus, cette fois sur les grands généraux et les chefs de chaque camp, on tremble et on s’enthousiasme aussi à leur côté, sentant l’énergie et l’urgence monter. Le passage de relais entre Moubu et Ouki est bien assuré, tout comme celui entre Houken et Robuko qui s’annonce dans l’autre camp. Ça promet !

Tome de bataille à tout va, de piège, de stratégies alambiquées et de révélations à faire trembler, nous allons là l’un de mes tomes préférés de la saga tant j’ai été emportée par cette écriture millimétrée de guerre et ses surprises. Voir chaque troupe en danger, voir les plus grands guerriers se mettre en danger, voilà ce qui me fait trembler !

Tome 16

J’avais dit que le tome précédent était peut-être mon préféré de la série jusqu’à présent, c’était avant de lire celui-ci et de découvrir l’état de dévastation dans lequel il allait me laisser.

En lisant la 4e de couverture, je ne voulais pas y croire, j’ai donc lu tout le tome avec espoir, vibrant aux côtés des héros au cours de cette bataille sous le signe du duel de longue date d’Ouki et Houken qui avaient temps à revendiquer, chacun. La tension était palpable et incompressible tant elle occupait tout l’espace. C’était sans compter le génie de la guerre de l’auteur qui s’amuse avec nous comme ces stratèges s’amusent avec leurs plans de bataille à surprendre tout le monde. Excellent !

La mise en scène de ce tome est vraiment de haut niveau. Entre révélation sur l’identité de Kyou et explication de la rage folle d’Ouki, puis duel au sommet entre lui et Houken, avec des coups monstrueux à n’en plus finir, il nous ajoute encore l’arrivée d’un nouveau général incroyable. N’en jetez plus ! C’est une vraie maestria pour scotcher le lecteur et le faire vibrer, que ce soit avec ce duel imposant qui n’en finit pas, avec l’enthousiasme, la crainte puis l’euphorie guerrière à nouveau des troupes, la révélation d’une nouvelle génération montante ou un passage de flambeau poignant.

J’ai vraiment adoré cet arc guerrier de bout en bout et j’ai eu l’impression de finir en apothéose ici, avec un auteur sachant offrir un grand final à un personnage phare de sa saga. C’est magique la façon dont la passation entre Ouki et Shin se fait lors de ce moment à cheval plein de symbolique qu’on a l’impression de vivre en étant nous-même ce jeune héros. L’émotion ne peut que nous emporter. Il faut dire qu’il y a eu un sacré travail fait en amont sur la figure charismatique et humaine d’Ouki, puis sur la figure de chef de bataillon de Shin qui a gagné de manière assez folle en maturité. Impossible donc de ne pas être saisi par cette transmission d’une génération à l’autre qui se fait. C’est magique.

L’auteur nous fait ainsi bien comprendre l’ensemble des enjeux de cette guerre et j’ai aimé avoir la surprise de découvrir une autre guerre dans la guerre et des objectifs bien différents de ceux que j’avais imaginés, ce qui relance l’histoire tout autrement et permet de ne pas rester focalisé sur du combat pur et dur. On nous promet une suite encore plus tendues avec des tensions diplomatiques incroyables entre les différents états mais aussi une volonté hégémonique pluriel et un désir de vengeance vibrant sûrement chez Qin. J’en frissonne d’avance !

Ai-je trouvé un seul défaut à ce tome ? Non, je l’avoue. J’ai vibré comme jamais face à l’orchestration de la fin de ce conflit qui a su me procurer émotion et surprise. C’est un travail d’orfèvre qui parachève tout un travail au préalable sur les personnages avant de lancer la suite avec panache et fureur. J’ai hâte de replonger dans les flammes avec eux !

Tome 17

Que la nouvelle ère commence ! Voilà ce que nous dit cette couverture si pleine d’espoir où l’on retrouve notre trio du début de l’histoire bien gaillards et prêts pour de nouveaux défis. Ceux-ci débutent vaillamment dans ce tome d’introduction / transition qui souffre forcément de passer après le sommet du dernier.

Petit temps calme avant de repartir en guerre, Yasuhisa Hara nous fait le plaisir de venir placer ces nouvelles pièces sur l’échiquier dans ce tome, après la perte de sacrées pièces dans les tomes précédents. Il renouvelle donc son histoire et ses personnages non sans surprise, le temps de préparer le virage qui s’annonce entre la perte d’Ouki et les années qui séparent Sei de sa majorité.

Tome très diplomatique et politique, il fut fort réussi en cela dans un premier temps, avant de faire un peu retomber le souffle ensuite quand il se met à suivre à nouveau Shin, non dans les champs de bataille tout feu tout flamme de ces derniers temps, mais dans des champs bien plus routiniers où on découvre un autre aspect de la guerre bien plus sale et plan plan.

J’ai beaucoup aimé la bataille d’esprit que se livre, avec surprise, Riboku et Ryo Fui, le chancelier de Qin. C’était un très joli moment où l’auteur a su nous montrer qu’on pouvait avoir une scène à couper au couteau en dehors du front. Les deux sont de vraies stratèges aussi à la cour et cet échange pour préfigurer de l’état du monde (pardon de la Chine) dans les années à venir était lumineux. L’auteur avance ainsi précautionneusement ses nouveaux pions et place vraiment Riboku au centre du jeu, ce qui est assez fascinant bien que classique. 

De la même façon, ce retour vers de la politique pure après une bataille intense est un peu le propre de la série, de même que de montrer les difficultés rencontrées par Sei pour régner. C’est un passage obligé mais il s’en sort très bien et j’aime assez voir la réalité du pouvoir ainsi, avec un jeune monarque sur la sellette et des puissants qui tentent d’en profiter de tous les côtés. D’ailleurs le virage pris nous emmenant dans les coulisses de ce pouvoir, en passant par le harem, s’annonce fort prometteur. C’était un pan qu’on n’avait pas encore exploité ici et qui est pourtant, potentiellement, riche en intrigues en tout genre.

Reste notre cher Shin qu’on ne perd jamais de vu et qu’on va suivre toujours à la poursuite de son rêve mais de manière peut-être encore plus concrète. Si ça fait plaisir de le faire ressembler de plus en plus à un vrai chef et de ne pas le voir renier ses origines, j’avoue que ces petites échauffourées pour le faire monter en grade à la sueur de son front, ne me passionne pas dans l’absolu. C’est utile mais pas passionnant à lire. J’hésite d’ailleurs à trouver ça intéressant ou facile d’utiliser la nouvelle génération des anciens généraux pour montrer la génération montante à ses côtés qui serait de potentiels rivaux.

Intrigue solide mais bien classique et moins flamboyante, on se plaît à retrouver des intrigues purement politique et à affronter d’autres géants. La rencontre Ryo Fui – Riboku a su tenir toutes ses promesses. L’arrivée du harem et sa chef dans l’équation en prête de nouvelles. Quant à Shin, c’est plaisant de suivre son parcours et de le voir évoluer, grandir. Mais l’ensemble souffre de passer après le summum du précédent et on s’ennuie aussi un peu parfois en comparaison.

Tome 18

Sans temps mort, l’histoire repart de plus belle entre intrigues de cour, impliquant cette fois le harem, et combats sur les champs de bataille face à un nouvel ennemi : Wei, qui permettent à de jeunes officiers de briller. Une découverte toujours aussi effervescente !

L’auteur se lance dans de l’inédit avec ce tome avec l’introduction de la Reine-mère et du harem qu’elle gouverne, un nouvel aspect de cette saga qui est est certes classique mais pourtant passionnant. J’ai toujours aimé me glisser dans les ambiances capiteuses de ce genre de lieu et, ici, avec la figure de la mère de Sei, une femme rendue folle par ce qu’elle a vécu, nous avons une candidate de choix. Ce fut donc palpitant de suivre les complots qu’elle tente d’orchestrer et de voir tout le monde tomber dans ses filets mais lutter également, souvent à armes égales pour la défier et lui faire concurrence. Une vaste toile complexe se dessine ainsi entre elle, Sei et Ryo Fui, son ancien et actuel amant, chacun sachant de quoi l’autre est capable. Cette nouvelle forme de lutte offre de belles promesses d’intrigues, trahisons et pièges en tout genre, une lutte larvée et acharnée, qui aura assurément un fort retentissement au sommet de l’Etat. Comme quoi, la politique aussi peut se révéler tout aussi passionnante à suivre que la guerre et ses batailles.

Cependant Yasuhisa Hara a senti qu’un tome entier consacré à ce nouvel élément serait peut-être de trop, il a donc judicieusement entrecoupé ceci, justement, d’un retour sur les champs de bataille. Excellente idée. Comme promis la dernière fois, c’est une nouvelle génération montante qui mène la danse. Quel plaisir d’aller à la rencontre de ces nouvelles figures, issues de familles connues en plus. Ainsi a-t-on un membre de la famille d’Ouki : Ouhon, et un de Moubu : son fils Mouten. Deux jeunes hommes de l’âge de Shin à peu près, avec des personnalités affirmées et radicalement différentes, qui se posent en rivaux de ce dernier pour atteindre son rêve de devenir le plus grand général sous les cieux. Une dynamique classique mais toujours efficace.

J’ai adoré les voir se tirer la bourre pour être le chef de l’unité qui se fera le plus remarquée. Si Ouhon a un côté hautain et arrogant, Mouten, lui, est un peu cabotin, ce qui nous le rend d’emblée sympathique, mais les deux sont surtout très forts et efficaces. Nul doute qu’ils feront d’excellents rivaux pour Shin afin de le faire progresser. C’est déjà le cas d’ailleurs et c’est fort intéressant de suivre un nouveau type de guerre pour voir cela en oeuvre : le siège d’une ville. Les scènes de batailles et d’horreur de la guerre sont toujours aussi bien rendues sous la plume âpre, vive et violente de l’auteur, qui n’oublie pas son humanité cependant, incarnée une nouvelle fois par un Shin toujours aussi fonceur et tonitruant, mais également toujours fidèle à ses valeurs. La guerre n’est pas un plaisir pour lui mais une nécessité, donc il dit non aux exactions et je remercie aussi le mangaka de penser à cela. Il ne cache pas la tragique vérité mais tente de lutter contre.

Nouveau tome de transition riche et foisonnant, ce nouveau virage incluant le harem et sa chef dans la politique du royaume, ainsi que la rencontre avec des figures montantes de la nouvelle génération de généraux en pleine bataille, ont rendu la lecture vraiment vivifiante. La série est toujours pleine de souffle, même lorsqu’elle est en pleine transition avant le lancement de son nouvel arc. Cet affrontement contre Wei et ses distensions internes sont passionnantes !

Tome 19

Exit le palais, place au champ de bataille et uniquement le champ de bataille. L’auteur brille pour y raconter ce qu’il s’y passe mais à force d’ajouter de nouveaux visages charismatiques, on se perd un peu parfois dans toute cette effervescence.

J’avais bien aimé la dynamique partagée du précédent tome entre ascension de la nouvelle génération sur le terrain et complot de cour en arrière-garde. Avec le focus uniquement sur la guerre dans ce tome, on perd cela. Mais la dynamique vient également de l’ascension éclair que connaît Shin, aux côtés de ses nouveaux collègues officiers de la même génération que lui. Et si cela manque encore d’épique, nul doute que cela viendra.

Ce tome est un concentré de manoueuvres militaires. En découvrant leur nouvel ennemi, les soldats de Qin découvrent aussi ses figures et ses méthodes. Ces dernières nous changent entre général qui joue les assassins et grand général qui se cache derrière un moins dangereux pour camoufler ses intentions. La guerre prend ainsi un tout autre tournant que l’auteur se plaît et s’amuser à nous présenter avec une mise en scène toujours variée où rien ne se répète.

J’ai beaucoup aimé suivre l’avancée de Shin et ses « amis » dans cette mêlée. Ce fut une surprise d’assister à l’ascension éclair qui lui est réservée, à nouveau grâce à une rencontre fortuite. Mais l’auteur sait en jouer et apporte ainsi un nouveau souffle en le nommant commandant de 1000 hommes. Cela permet au lecteur de pouvoir participer à la nouvelle guerre en cours sous un nouvel angle après les précédents qu’on a déjà connu. Cependant, tout n’est pas rose et la façon dont Yasuhisa Hara décrit tous les mouvements impliquant Shin en devient presque un peu brouillon à l’image de son unité à force de partir dans tous les sens.

De même, je trouve sympathique de découvrir de nouvelles figures ennemies puissantes et de nouveaux alliés de haut calibre également, mais cette profusion de nom d’un coup donne le vertige et on s’y perd parfois. Cela empêche aussi, pour le moment, le sentiment d’adhésion à ceux-ci qu’on avait pu ressentir avant pour d’autres hommes qui avaient été à leur place et avaient bénéficié d’une exposition plus longue avec des effets plus qualitatifs. Là, j’ai frôlé l’overdose de noms et figures charismatiques derrière lesquelles je ne mettais rien d’autre. Dommage.

La mise en scène des batailles est pourtant toujours aussi efficace et on est scotché à notre écran, pardon à notre livre, devant les enjeux poussés par des ennemis dantesques face à nos héros tellement désorganisés. Une mise en scène d’un déséquilibre voulu qui ne peut qu’induire passion et attentes de surprises et renversements, forcément. L’auteur sait donc toujours y faire. Cependant, je ne vibre pas pour le moment comme dans l’arc précédent, cela reste plus timide et fouillis.

Arc ambitieux voulant nous présenter une nouvelle génération, l’auteur nous noie un peu sous les noms et les figures, et ce même s’il couple cela de batailles à chaque différentes, qui ont de belles qualités pour rendre le récit addictif. Autant j’ai adoré suivre les manoeuvres de ce petit monde, autant je me suis parfois perdue entre eux. J’ai besoin de plus de concision et surtout plus de focus.

Tome 20

De retour sur les champs de bataille aux côtés de Shin, nous allons à la découverte d’une nouvelle génération fort prometteuse se frottant encore à des stratèges méconnus. Cela fait des étincelles !

Je suis assez ébahie par la capacité de Yasuhisa Hara à se renouveler ainsi de manière incessante. Il ajoute encore et encore de nouveaux personnages terriblement forts et pourtant chacun se distingue de l’autre avec un caractère, des manières et des capacités différentes. C’est assez incroyable à voir. Cette identité propre qu’il confère à chaque adversaire se mettant sur le chemin ed Qin et de Shin, en l’occurrence, est également ce qui crée l’envie de toujours lire le chapitre suivant car on sait qu’on sera bien servi.

Ce tome nous invite une nouvelle fois à nous pencher sur la stratégie sur les champs de bataille. Si cela met assez bien en lumière les failles de notre héros, ce qui participe pour moi à mon manque d’engouement à son égard comparé à ceux qui l’entourent ou qu’ils croisent, cela permet aussi de nous éclairer sur de nouveaux visages fascinants de deux côtés de la frontière. J’ai beaucoup aimé ce petit général stratège de Wei du haut de sa tour d’ivoire qui symbolise tellement une vision très limité et à la fois fascinante de faire la guerre. Mais je lui ai encore préféré les deux compagnons de Shin : Mouten et Ouhon, qui eux, ont ce qu’il manque à Shin : l’intelligence et la finesse de la guerre. Notre héros, lui, n’a que sa fougue et son grand coeur suscitant l’adhésion de ses troupes, mais il lui manque vraiment la science de la guerre et cela m’embête de plus en plus car cela le limite. Je préfère de loin les figures plus fines de ses concurrents. Mais l’auteur parvient tout de même à nous emporter grâce aux qualités que je décrivais plus haut.

Le mélange se fait donc assez bien entre celui qui fonce tête baissée et ceux qui réfléchissent avant. Cela donne des batailles à la fois stratégiques et flamboyantes qui emportent le lecteur dans leurs grands mouvements grâce au souffle que cela confère et il faut dire que le mangaka sait très bien dessiner et orchestrer cela. Avec ce regard à la fois omniscient et au coeur de la bataille qu’il nous offre, on est partout. C’est fascinant d’entendre les commentaires de ceux derrière et de se mêler également à ceux qui plongent dans la mêlée. Les deux sont passionnants ! Cette guerre contre Wei, même si elle n’égale pas celle menée par Ouki dans l’arc précédent, reste incroyable à suivre car elle permet l’émergence de nouveaux grands personnages de partout et nul doute que cela va continuer puisqu’on était censé nous parler Kanki, cet ancien brigand devenu général, et qu’on le voit peu. On y reviendra donc certainement et ça promet.

Je me régale donc avec ces tomes nous plongeant dans une nouvelle guerre d’où émergent de nouvelles têtes, de nouvelles stratégies, de nouvelles armes et de nouveaux questionnements. Je me passionne à voir Shin gravir les échelons de l’échelle des généraux mais j’aime encore plus suivre ses interactions avec de grands noms des deux côtés de la frontière. C’est vif, violent et percutant mais pas sans finesse. Une excellente série guerrière !

Tome 21

A chaque nouveau tome, j’ai l’impression de découvrir de nouvelles façons de faire la guerre et avec celui-ci qui est riche en face à face, c’est un vrai régal !

Le tome s’ouvre avec Shin et son unité s’en prenant à Rinko, mais nous suivons ensuite tour à tour d’autres chefs et même des généraux dans des situations tout aussi tendues et délicates, qui sont du coup fascinantes à découvrir pour les lecteurs. Il faut dire que les personnages intervenant ont aussi un sacré charisme et un passé de guerriers et/ou stratège assez conséquent qui n’est pas pour rien dans cela.

La stratégie et les affrontements sont donc partout. Ils pleuvent et ruissellent sur nous sans pause avec une efficacité rare pour nous faire frissonner et nous emballer. On sent le souffle de la bataille et l’énergie mise par les intervenants. Shin est encore au coeur d’un âpre et entêtant combat, qui permet de le voir à nouveau se transcender dans un duel au sommet. C’est un peu toujours le même schéma avec lui mais ça reste efficace. C’est ensuite au tour d’Ousen, membre de la famille d’Ouki, d’entrer en jeu et de nous offrir une nouvelle vision d’un général avec son aura de stratège à la fois violent, imposant et prudent, près à se retirer quand il n’est pas sûr de gagner et qu’importe les provocations des autres. Avec lui, c’est une guerre de stratégie d’un nouvel ordre avec cette utilisation originale et efficace des engins de défense et fortification pour se protéger lui-même. Enfin, on découvre dans les dernières pages le vieux sage Mougou, qui lui ressemble un peu, et qui a tout préparé pour se retrouver face à Renpa. Ce dernier a l’aura d’un Ouki mais en plus sauvage encore et leur duel à eux deux, fait de chausse-trappe et piège dans un montagne transformée en labyrinthe mortel, est excellent !

La tragédie n’est également jamais loin dans ce tome. On ne peut que trembler et trembler encore pour nos héros qui affrontent des forces incommensurables et particulièrement malignes aussi. Les pièges et contre-pièges s’enchaînent, de même que les duels et batailles. Shin a eu très chaud pour sa peau face à Rinko ; Heki également, qui est tombé dans un piège ; sans parler de Mougou qu’on a cru piégé un temps. Mais ma principale inquiétude se porte sur Kyoukai, qui semble payer le prix de toutes ces luttes, et adorant ce personnage, je croise fort fort les doigts pour qu’un miracle ait lieu pour elle aussi comme ce fut le cas pour bien d’autres. Shin ne peut pas voir son unité survivre sans elle, je m’y refuse ><

Telle une tragédie grecque, cette guerre interminable prend des proportions de plus en plus folle au fil des chapitres et nous scotche devant elle, nous sentant happé par les affrontements de ces généraux et stratèges hors pair. L’auteur enrichit sans cesse sa science guerrière et son vaste panel de personnages charismatiques. C’est puissant, c’est effrayant, c’est excitant. J’adore découvrir la guerre à travers leurs yeux !

Tome 22

Avec une couverture qui faisait de ce tome l’un de ceux que j’attendais le plus, j’ai été très surprise encore une fois par la tournure de cette guerre et des aventures de Shin.

A l’image de cette pluie battante en couverture, les coups et surprises pleuvent dans ce tome. Avec d’un côté un nouveau duel au sommet pour Shin qui lui permettra de grandir, schéma habituel désormais pour lui et pour nous, et de l’autre deux vieux généraux qui prennent conscience de la nature de leur engagement et de leur statut, Yasuhisa Hara n’a pas chômé.

La lecture se fait à nouveau à un rythme effréné malgré une narration qui temporise pas mal entre les 2-3 grands duels du tome. On sent à nouveau la force de l’engagement de chacun mais aussi un peu l’absurdité de ce qui se joue et le drame sous-jacent de ces affrontements entre des gens qui n’en ont peut-être pas tant envie que cela au final. Cela donne un sentiment étrange, une plénitude dans les relations crées au sein des groupes et un certain apaisement que chacun va connaître envers lui-même sous le roulis du sang qui coule.

J’ai beaucoup aimé le dernier duel de Shin et sa chorégraphie incertaine jusqu’au bout avec une vraie mise en danger su héros par un adversaire inspiré et jusqu’au-boutiste dans son don de lui-même pour son chef, celui qui lui a offert une destinée. Cela faisait un bel écho avec le don que Kyoukai fait à Shin et son unité dans ce tome. Tout comme Rinko, celle-ci a été sauvée par Shin en quelque sorte et renaît avec cette bataille sanglante.

C’est parfaitement mis en scène grâce à cette belle présence graphique de la pluie où l’auteur s’amuse à jouer des volutes et autres arabesques entre elle et le sang qui coule de partout. Cela ajoute superbement à la mélancolie du moment et à l’atmosphère mi-éthérée mi-terre à terre du moment. Une très belle inspiration inattendue ici et presque poétique.

Cela nous accompagne ainsi à merveille vers la rencontre entre les deux dieux de cette guerre, les deux anciens qui sont confrontés ainsi à leur légende et à ceux qu’ils souhaitent en faire désormais. Si l’aspect stratégique du plan fourbe de Mougou m’a plu ; si j’ai été emportée par le souffle guerrier brûlant de chez brûlant de son adversaire Renpa, c’est la dimension psychologique de cette rencontre qui m’a le plus marqué. J’ai beaucoup aimé ce discours sur les générations qui changent, sur la perte de repère pour les anciens, sur le drame d’être le dernier survivant, mais aussi sur la beauté de découvrir de nouveaux talents. C’était puissant.

Tome guerrier et psychologique à la fois, celui-ci offre un nouveau tournant dans la destinée de Shin, à la fois avec cette victoire, presque à la Pyrrhus, qu’il remporte mais également avec cette nouvelle rencontre décisive à laquelle il assiste. Entre lui et Kyoukai, nous avons été servis chez les jeunes et la préparation de cette nouvelle génération sous le regard bienveillant et envieux de leurs prédécesseurs est superbe.

Tome 23

Une fille qui part, une fille qui revient. A croire dans cette série que suivre deux filles badass en même temps, c’est trop. Mais on leur pardonne car quand elles sont là, elles assurent vraiment le spectacle !

Hara n’en finit pas dans cette fable guerrière et conquérante de faire bouger et évoluer son héros. Il offre ici une conclusion épique à l’affrontement entre Qin et Wei, avant de relancer aussi sec les combats avec un Shin, obligé désormais de faire ses preuves puisqu’il a été promu commandant d’une unité de 1000 hommes !

J’ai aimé chacun des moments, pour des raisons différente. Le final de la guerre qui se conclut par le face à face de deux légendes se veut à nouveau sensationnel avec un Shin qui se retrouve encore mêlé à tout ça, pour gagner en reconnaissance. C’est un peu le moto récurrent de la série mais ça rend toujours aussi bien. On sent vraiment de plus en plus le basculement des générations déjà entamé avec la disparition d’Ouki et ça se poursuit ici fort joliment. En prime, nous avons droit pour faire la césure à un retour du politique qui offre comme à chaque fois une respiration nécessaire.

Mais c’est la seconde partie qui donne vraiment sa couleur au tome. Shin a été promu mais il a perdu Kyoukai et diriger 1000 hommes dans les batailles, ce n’est pas si simple. Depuis le début, je peste un peu parce que Shin s’en sort toujours et a tous les honneurs alors qu’il est juste hyper bourrin et ne réfléchit que très peu… J’ai été ravie de le voir enfin en difficulté et que l’auteur pointe ses défaillances, permettant ainsi de remettre un peu d’ordre dans cela. Bon, je savais que ça ne durerait pas, mais je trouvais nécessaire qu’on dise bien que ce n’était pas et ne serait jamais un stratège, donc pas le genre de général qu’on a croisé jusqu’à présent, mais qu’il était plutôt un meneur d’hommes, sachant bien choisir ces derniers.

Et en parlant de ceux-ci, la couverture nous spoilait, elle signe le grand retour de Karyo Ten, maintenant qu’elle étudie la stratégie depuis plus d’un an, elle va être très utile à Shin. Nouvelle facilité scénaristique que de montrer un personnage qui subit une telle transformation physique et psychique en un an à peine, mais on pardonne, car cela permet de refonder un duo qu’on adore et de relancer la machine avec un souffle nouveau. On sent toute cette nouvelle génération en marche, de Shin qui est les jambes, en passant par Ten la tête et Mouten / Ouhon les bras, sans oublier El Sei le coeur. Et tout cela dans quel but ? L’unification de la Chine.

Celle-ci est de plus en plus en marche et ce volet se mélange allègrement avec les batailles que mènent Shin et ses troupes. J’ai aimé lé voir perdre puis regagner confiance et le fait que l’auteur passe vite à autre chose, nous montrant les conséquences de ces batailles sur le plan humain et politique, préparant la suite, avec de nouveaux visages, de nouveaux territoires, de nouvelles tensions et le retour parfois d’anciennes. Il y a de bien jolies promesses pour les prochains tomes.

Tome de transition fort plaisant à lire, avec ce 23e volume, Yasuhisa Hara met un terme à une guerre qui aura été à nouveau très importante dans la construction du héros de cette histoire, tout en relançant la saga en mettant en avant la nouvelle génération et son rêve pour rester dans les mémoires comme leurs prédécesseurs. La route est encore longue et les premières embûches sont déjà là à nous attendre. Personnellement, je me régale !

Tome 24

Après des tomes et des tomes de batailles, place non pas à une pause, mais à une suite de planifications toutes plus méticuleuses les unes que les autres pour nous préparer quelque chose de grandiose qui va nous souffler.

Voici un tome où on a bougé sans arrêt. A chaque fois, qu’on pouvait croire qu’un point allait se fixer, l’intrigue repartait de plus belle et nous entraînait dans une nouvelle direction. Hara est vraiment très doué pour nous entraîner sur de multiples fausses pistes et c’est fascinant. Pour autant, ce n’est pas si faux que ça, c’est juste qu’on n’a peut-être pas encore les clés de l’ensemble et c’est justement ce que j’apprécie.

J’ai aimé me laisser surprendre et entraîner pour le rythme de la nouvelle unité de Shin. Cela démarre avec les Yan qui vont se retrouver face à Zhao, ce qui nous permet de revoir Riboku et Houken. Puis cela se poursuit avec Chu pour un échauffourée qui est l’occasion de découvrir de futurs rivaux de Shin de la même génération que lui et aussi hauts en couleurs. Ça ne s’arrête pas et on fait une pause par le palais où El Sei doit lutter contre Ryo Fui et son alliance avec le harem, en faisant un choix des plus osés. Enfin cela repart su côté de Shin avec la découverte de Jo, un état informateur indépendant, qui le pousse à une découverte encore plus grosse. Tout est conçu pour aller crescendo avec en fil rouge la politique, la politique et la politique. J’ai adoré !

Ça m’a surprise de voir un El Sei aussi mûr et mature. On ne l’avait pas vu à l’oeuvre depuis un moment. Il fait bien écho à Shin, qui malgré son caractère emporté, a bien grandi lui aussi et s’équilibre bien avec Karyo Ten, qui a décidément bien trouvé sa place dans son unité. Le trio des débuts a bien changé tout en restant fidèle à ses ambitions et le lecteur ne peut qu’être attendri par cela. La grande nouvelle finale va aussi dans ce sens. Mais cette respiration sera probablement de courte durée.

On sent bien que quelque chose d’ampleur se prépare et Riboku devient de plus en plus le fil rouge de tout cela, LE grand méchant / rival à abattre, celui qui ambitionne le même rêve que Sei mais peut-être pour lui-même. Il me fascine beaucoup et je me demande quelles surprises il me réserve encore car je vois mal celle assez simple qui se dessine être la seule et l’aboutissement de toutes ces manoeuvres auxquelles on a pu assister au fil du tome.

Ça y est, une stratégie à large vue se déploie. Le temps des petites batailles à un contre un semble être terminée. Place à une guerre de plus large obédience. Normal pour une série donc l’un des héros ambitionne l’unification de toute la Chine. En attendant, cela donne un tome étrange qui fourmille d’incidents et rencontres divers ainsi que d’évolutions pour nos héros. C’est vif et prenant, j’ai beaucoup aimé encore une fois !

Tome 25

La capacité de Hara à nous surprendre, même 25 tomes après avoir commencé est toujours intacte, et j’avais beau m’attendre à une surprise, je ne l’imaginais pas de cette taille.

Dans le tome précédent, nous avions suivi les manoeuvres de Riboku pour mijoter quelque chose contre El Sei, ainsi que le redressement de l’unité de Shin, maintenant dotée d’une vraie stratège, en la personne ne Karyo Ten, alors jamais je n’aurais pu imaginer une telle accélération dans l’histoire. Je pensais naïvement retrouver Riboku, donc Zhao, et Chu, les petits derniers, alliés pour lancer une nouvelle offense contre Qin. J’étais loin d’imaginer un conflit de l’ampleur de celui qui allait éclater ici.

J’ai été scotchée de voir l’auteur accélérer autant son récit et lancer une offensive d’une telle ampleur à ce stade de son histoire. Il reste tout de même plus de 40 tomes et la série est encore en cours, alors je me demande ce qu’elle va pouvoir raconter si déjà on assiste à un conflit aussi vaste. Et pourtant c’est bel et bien le cas.

Ainsi, j’ai adoré suivre les coups de semonce à répétition qu’on fait les annonces de l’entrée en guerre des différents pays encerclant Qin. J’ai trouvé la mise en scène de Yasuhisa Hara impeccable. Sobre et percutante, avec à chaque fois un énorme effet de surprise. C’était puissant de voir la rapidité d’action de leurs adversaires et la réponse souvent démunie au début des troupes de Qin. Il y a un très joli jeu entre la capitale et les provinces qui se met en place, avec peu à peu la réapparition des figures fortes de l’histoire qui reviennent pour soutenir leur pays lors de ce drame.

La dramatisation du tournant de l’histoire est parfaite. L’auteur joue à merveille sur les échelles. Il y a la peur et la sidération au sommet. L’horreur et la terrible frayeur sur le terrain par les populations victimes et les troupes décimées. Mais aussi le courage qui malgré tout va saisir certains qui vont se reprendre et chercher à lutter contre l’invraisemblable. Cette nouvelle guerre en mode David contre Goliath a vraiment quelque chose de biblique dans son écriture et sa mise en scène, ce qui claque et assoit le lecteur.

Maintenant, c’est avant tout un tome de grandes manoeuvres où les pions de l’échiquier se placent et avancent vite. La première vraie grande bataille s’organise tout juste et éclatera dans le prochain tome, mettant tout le monde en action : Tou, Duke Hyou, Moubu, Ousen, Kanki, Mougou et bien sûr Shin pour Qin, face à Kousou Ryu, Keisha, Ri Haku, Mangoku et Riboku pour Zhao, Kanmei, Ribunkun et Shunshinkun pour Chu, Go Houmei pour Han (dont on a croisé le stratège de grand-père), Seikai pour Han (un nouveau à découvrir) et Ordo pour Yan (idem). Ça va envoyer du bois !

Tome des surprises, jamais je n’aurais envisagé un conflit d’une telle ampleur à ce stade de l’histoire, j’ai été comme les hommes et femmes de Qin, sidérée et scotchée. J’ai adoré voir la vitesse folle d’action des antagonistes et la réponse totalement imprévisible de Qin, qui répond par une manoeuvre bien osée. Cela augure une suite dantesque et biblique à l’image de cette vaste fresque historique !

tome 26

Comme prévu, la série monte et monte en puissance maintenant que ce conflit biblique a été déclaré et Hara s’amuse comme un petit fou à nous faire passer d’un champ de bataille à l’autre avec force et vivacité. Un régal !

J’ai ainsi adoré suivre l’attaque de la coalition à la porte de Qin, c’était vif, tranchant, sanglant et percutant. L’auteur avec la science de la mise en scène qu’on lui connaît, nous a permis de suivre de nombreuses sous batailles au sein de la vaste qui se joue sous nos yeux, rendant le conflit plus humain malgré sa taille démentielle et nous permettant mieux de le comprendre aussi. C’est du coup très explosif et percutant à lire. On n’a pas le temps de s’ennuyer, ça ferraille de partout et on suit de nombreux personnages connus qu’on a apprécié autrefois, qu’ils soient de l’ancienne ou la nouvelle génération, de Qin ou des pays voisin, c’est un vaste et épique champ de bataille.

Le récit se découpe en trois parties, chacune aussi passionnante et bluffante l’une que l’autre. Elles sont à couper le souffle. J’ai adoré suivre Shin et Duke Hyou dans la première, avec une sacrée surprise de la part de leur adversaire, auquel Shin répond bien joliment. Ce duel de généraux instinctifs est plein de surprise et de fougue. J’ai apprécié de voir trois figures de meneurs d’hommes très distincts et pourtant possédant le même souffle guerrier. J’étais comme scotchée derrière mon livre face à ces manoeuvres, conre-manoeuvres, surprises et répliques.

Vint ensuite le tour de Kanki et Go Houmei, j’ai beaucoup aimé leur duel à distance sur fond d’engin de siège. C’est encore une autre façon de faire la guerre, d’autres personnalités de généraux et d’autres batailles, avec à nouveau plein de surprises. Kanki a vraiment un charisme de fou et ça fait plaisir d’avoir un tel lieu que cette porte gigantesque comme clé de la guerre. J’aime qu’on n’ait pas seulement des affrontements à pied ou à cheval à terre, mais aussi dans cette immense muraille à franchir, qui correspond bien à l’esprit chinois. On n’est probablement pas au bout de nos surprises.

Enfin, gros morceau final, l’affrontement du gros des armées sur le champ de bataille face à la porte justement avec tellement de grands noms. C’est plaisant d’être ici face à quelque chose de démentiel que Riboku et son collègue de Chu observe de loin, pendant que nous, nous allons nous mêler à la bataille. On y suit anciennes et nouvelles générations qui vont s’en donner à coeur joie, comprenant l’intérêt de couper la tête des troupes. L’auteur fait preuve d’un superbe dynamisme en utilisant les jeunes commandants de l’âge de Shin des deux côtés, puis en refaisant basculer l’intrigue du côté des vétérants. Les premiers ont audace, souffle et promesse, avec des armes incroyables, de sacrées bottes, mais aussi une défense incroyable et un grand sens de la loyauté et une grande confiance dans leurs troupes. J’ai adoré. Les anciens, eux, sont fascinants de puissance à l’image de Tou, très justement à l’affiche de ce tome. Quel duel il nous offre !

Tome peut-être encore plus palpitant que le précédent. Il offre tout ce qu’on attend d’une bataille d’une telle ampleur : des combats variés, de nombreuses têtes d’affiche, une belle mise en scène et un souffle épique incroyable avec toutes les surprises qui l’émaillent. J’ai adoré ! Vive Tou, vive Ouki, vive Qin !

Tome 27

Après des tomes brûlants et plein de souffle, légère pose ici, tandis que les adversaires de Qin entrent dans une guerre d’usure pour mieux les faire tomber. Est-ce que ce sera la clé de la victoire ?

J’ai vibré et lu en apné pendant deux tomes, la respiration offert ici m’a fait du bien. Alors oui, ce fut moins intense mais pas moins passionnant. Entre combats et moments de stratégie, cette guerre continue à prendre une tournure inattendue aussi bien dans le fond que dans la forme. Je trouve que l’auteur va bien vite en besogne et il me surprend à réussir à faire des moments aussi épiques qui semblent long mais sont très bref en terme de pagination quand on voit la longueur de la série. Quant aux surprises, elles sont au rendez-vous de chaque côté de la ligne de front.

J’ai adoré le rôle des femmes dans ce tome. Karyo Ten qui pénètre dans les rangs ennemis pour mettre en ordre les troupes de Shin et insuffler le courage nécessaire à ce dernier pour qu’il fasse un grand mouvement, c’était excellent. La découverte de Karin, nouvelle générale impressionnante du camp ennemi, était aussi un moment très intense et je rêve qu’elle ait un grand rôle par la suite, tant ça me plaît de retrouver une femme dans une telle posture.

Mais c’est une guerre d’usure qui s’installe et passé un premier moment assez intense entre Shin et Mangoku où de vieilles querelles sont exposées et réglées, mettant en lumière les atrocités de la guerre, la suite est au final plus calme. L’auteur pose bien les enjeux, les forces et les failles, de l’enlisement qui a lieu. Cela temporise bien la lecture pour nous lecteurs et ça casse un peu le rythme, mais cela permet aussi d’introduire, en face, des personnages charismatiques, qui en ont dans le ciboulot. Reste à voir comment cela va se concrétiser mais les affrontements annoncés promettent déjà, que ce soit dans la pleine, sur les ailes ou autour de la porte. Il y a de quoi craindre une nouvelle hécatombe car la coalition est très bien préparée. Cela incitera peut-être un certain personnage, que l’auteur aime bien nous faire croiser, à revenir.

Tome plus calme et moins explosif, il n’en est pas moins tendu à lire et offre encore une fois une vision très complète de la guerre, avec un retour sur ses atrocités, mais aussi une exploitation de ce qu’elle défend. Les personnages brillent comme jamais, anciens et nouveaux. J’ai été heureuse ici de voir les femmes à l’honneur et j’ai hâte de voir cela se poursuivre avec la puissante Karin et les alliées très utiles de Shin. Après cette guerre d’usure, je suis prête pour son final explosif !

Tome 28

Chaque tome indique maintenant en couverture quelle grande figure guerrière sera à l’honneur dans le tome, une manoeuvre simple mais terriblement efficace en ces temps de guerre dantesque !

Hara est sur tous les fronts et nous aussi. Il brille à faire basculer le regard de ses lecteurs d’un champ à l’autre de cette vaste bataille. Et en indiquant en couverture qui brillera, il permet de nous mettre un focus en fil rouge de lecture plus que bienvenu pour s’y retrouver. C’est efficace, brillant et terriblement prenant.

Nous sommes nous aussi au coeur de la bataille depuis quelques tomes et impossible d’en décrocher. J’apprécie vraiment de voir autant de grands généraux rassemblés ici. Pour une fois, ce n’est pas Shin le fil conducteur et même s’il brille dans ce qu’il entreprend, c’est sur les autres qu’on se concentre et ceux-ci méritent vraiment leur réputation et ceux des deux côtés du champ de bataille ! C’est un régal d’assister à tant d’ingéniosité, de bravoure et de tactiques militaires. On se régale aussi bien dans les plaines, les montagnes que sur les murs de la forteresse. On prend autant de plaisir au coeur de la mêlée que sur les lointaines hauteurs à observer et prévoir. C’est hyper complet.

Dans ce tome, nous assistons aussi bien à la préparation de quelque chose de grand dans les pleines avec Moubu et Tou face à Kanmei et Karin, qu’à une bataille d’intellect fulgurante sur les murailles de Kankoku. Et la figure emblématique de sa défense, c’est le tellement pas conventionnel : Kanki, qui me fascine depuis sa première apparition. J’aime les rebelles, les réfractaires, les astucieux et il regroupe toutes ces qualités à un point très poussé. C’est donc un régal de le suivre.

Par un astucieux jeu de présent / flashback, l’auteur nous plonge au coeur de sa stratégie de défense / attaque pour réduire à néant les ambitions de la coalition face à la porte de Kankoku. C’est malin, osé et totalement improbable. C’est donc grandiose à suivre et haletant aussi, car il nous plonge au coeur d’une mêlée non prévue pour cela avec un sens tactique que les autres ne peuvent que lui envier et une force brute terriblement explosive qui laisse sur place. Deux qualités qu’on voit peu ensemble et qui se complètent pourtant à merveille.

Alors que c’était désespéré, j’ai donc adoré le voir partir avec fougue prendre la tête de Seikai, le général Han. Ça en dit long sur cette bataille où chaque moment désespéré se retourne en fait contre l’agresseur au profit du défenseur, qui ose tout. Simple, efficace, palpitant et remarquable. Impossible alors d’oublier les charges menées et l’énergie qui y est mise. Les gens à l’arrière entendront parler de ces moments de bravoures et n’oublieront pas non plus tout ce qu’ils ont fait pour les défendre.

Arc dantesque qui continue d’être incroyablement porté par ses généraux, Qin face à la coalition est tout ce qu’on attend d’une saga s’intitulant Kingdom, une lutte acharnée pour la protection et l’unification d’un royaume avec un grand nombre de figures prêtent à tout pour leurs ambitions. C’est incroyable à lire !

Tome 29

Avec la terrible Karin en couverture, je m’attendais à ce que ce soit elle qui vole la vedette à nos généraux et j’ai eu la surprise de voir un personnage bien plus discret, bien plus décrié aussi en quelque sorte, marquer les esprits et j’en fus ravie pour lui tant il m’a coupé le souffle. Cet arc se lit décidément sous apnée !

Passé un rapide petit coup d’oeil dans le rétro pour nous montrer où en sont chaque partie de ce vaste conflit, Hara se concentre sur le général Moubu, lui qui est longtemps resté dans l’ombre, qu’on a également sous-estimé et mal aimé dans son pays et qui attend depuis le début, a enfin l’occasion de briller en suivant les plans du stratège de Ryo Fui resté à la capitale et c’est une franche réussite.

Dans ce tome, on a énormément tremblé avec lui, dans une poussée qui a entraîné toute son armée et celles à côté avec lui. C’était LE grand mouvement du jour et même de la guerre depuis ses débuts et l’auteur l’orchestre à merveille, ne nous perdant jamais malgré la multitude de personnages à suivre désormais, entre ceux qu’on connaît et ceux qu’on croise. Pourtant tout est fluide, prenant, grâce à des champs – contre champs, des zooms et dézooms parfaitement orchestrés qui montrent l’ampleur de ce qui a lieu, les zones concernées qui bougent et les acteurs que cela impliquent. C’est passionnant !

Le feu s’empare de nous également et on se prend à croire que tout est possible pour Qin. J’attends le retour de bâton mais pour le moment, c’est passionnant de voir l’outsider tenir la dragée haute à l’agresseur titanesque en nouveau David contre Goliath. Que ce soit Ousen, qui prend magistralement à contrepied son adversaire avant de disparaître. Ô comme j’ai hâte de découvrir plus ce personnage, ou Tou et ses jeunes commandants qui fascine toujours autant de fougue face à la sagace Karin et ses propres jeunes commandants de la nouvelle génération. Mais c’est Moubu qui va envahir la scène.

Très vite, on sent qu’on est face à un de ces grands moments. Moubu pousse et pousse dans un superbe combat désespéré et déséquilibré face à une légende, alors que lui a encore la sienne à construire et on assiste en direct à la fondation de la sienne. C’est magique. On sent toute la force, l’abnégation et le mental qu’il y met. Il ne renonce jamais même quand il ploie, comme le roseau. Il se redresse et surprend alors par son énergie et sa force. Je l’ai trouvé incroyable et Hara orchestre ce moment à merveille avec des distracteurs de partout pour bien nous faire trembler et hésiter. Jusqu’au dernier moment on aura eu peur pour ce grand homme et la destinée de la bataille, mais le final aura été à la hauteur.

Et alors, pourquoi mettre Karin en couverture ? Parce qu’elle nous réserve une sacrée surprise dans les dernières pages qui risquent de tout bouleverser dans le prochain tome. C’est génial ! Et quel bonheur de voir un personnage féminin place sur le même plan que ses congénères hommes. Je ne l’aurais pas cru au début de la série et je suis ravie de m’être trompée car celle-ci est un général d’une intelligence rare qu’il est beau de suivre.

Nouveau sommet dans la série, ce 29e tome met en lumière les qualités d’un homme souvent oublié et qui est un grand personnage de la future histoire de Chine : Moubu. Hara écrit des légendes au cours de cette bataille, c’est incroyable d’y assister aux premières loges. On est soufflé, époustouflé, souvent scotché et abasourdie devant tant de force, d’intelligence, d’abnégation et de mental. Une pépite !

Tome 30

Même quand on croit avoir tout vu, la surprise est encore au rendez-vous dans Kingdom grâce au génial sens du rebondissement de Hara qui nous entraîne toujours là où on ne l’attend pas.

Après avoir fait un gros point de fixation sur la porte de Kankoku pendant plusieurs tomes, la présentant comme la clé du conflit, il bouscule tout ici, en nous faisant prendre conscience de la fragilité et perméabilité de sa position au final. Un coup de maître ! Ainsi en le déferlement de Karin et le coup de poker de Riboku, voilà la guerre totalement relancée. Qin qui commençait à être en position de force après tous ces exploits se voient à nouveau en danger. Décidément l’auteur ne nous laisse jamais reprendre notre souffle dans cet arc !

On avait quitté le précédent tome avec le sentiment d’un gros morceau accompli après la victoire impressionnante de Moubu. On pouvait croire que c’était plié, mais absolument pas. Les surprises n’en finissent plus dans ce tome. Il y a d’abord l’intervention de la terrible Karin, une générale décidément très maligne, à surveiller pour plus tard encore. Puis, c’est au tour de Riboku de se révéler, lui, qui est resté dans l’ombre depuis le début, mais les victoires à répétition des généraux, décidément inspirés, de Qin, l’y obligent. On tremble ainsi une fois de plus pour leur pays.

J’ai beaucoup aimé la mise en scène de ce nouveau coup de théâtre qui, comme au début de l’invasion, part du palais et nous fait bien ressentir l’effroi de ces derniers qui ne sont pas sur le front. Ils ont à la fois un décalage d’information et le recul pour voir ce qui échappe à ceux qui ont le nez dans le guidon de la guerre. Mais le revers, c’est qu’ils tremblent deux fois plus et ici il y a de quoi. L’initiative de Riboku, bien que logique, est totalement imprévisible et surprend tout le monde. Elle met une grande claque à Qin qui l’avait sous-estimé et pousse ainsi cette élite bien au chaud à trembler comme jamais, mais aussi à se remettre en question.

Grâce à cette intervention surprise, El Sei va pouvoir lui aussi briller, enfin, et ne pas se contenter d’être un pantouflard. Ça m’avait manqué de le voir dans cette position. J’avais adoré le voir se lancer à la conquête de son royaume, mais il s’était ensuite retrouvé embourbé dans les intrigues de palais. Là, il reprend un nouveau souffle et peut-être va-t-il enfin y gagner la carrure de son ancêtre qui avait su inspirer les Six Grands Généraux.

En un tome, Yasuhisa Hara fait totalement basculer son récit. Il transforme cette guerre de position en guerre mobile terriblement rapide et dévastatrice, telle une flèche franchissant tous les obstacles du camp ennemi. C’est vif, percutant et terrifiant, mais ô combien jouissif à suivre. J’ai adoré ce changement de paradigme et la façon dont ça bouscule les personnages obligés de se réorganiser. Le feu de la guerre n’a pas fini de brûler !

Tome 31

Après nous avoir tenu en haleine à la porte de Kankoku, Yasuhisa Hara repart de plus belle en délocalisant son histoire plus près de la Capitale. La tension est à son comble, la panique pourrait l’être aussi, mais nous nous retrouvons à nouveau avec un tome où les hommes et les femmes comme les lecteurs sont galvanisés. Quel talent !

Pour ne pas changer, c’est un pur bonheur de repartir à l’aventure de la conquête de ce royaume aux côtés de Shin, Ten et Sei cette fois. Le plaisir que je prends à chaque fois à replonger dans cet univers est immense car dès les premières pages, l’auteur sait me happer et me maintenir dans son monde. Ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut dire qu’à chaque phase de son histoire, il se réinvente. Avec lui, on découvre toutes les facettes de la guerre, de la politique et de la stratégie. Et alors qu’on pourrait croire avoir déjà vécu une situation, elle se révèle toute autre quand on s’en approche. C’est vraiment impressionnant.

Cette fois, nos héros sont confrontés à une guerre de plus en plus imminente et proche de la capitale. Pas le choix, il faut réagir. L’auteur montre bien combien la situation peu sembler désespérée et combien il suffit d’un rien, mais un rien majestueux, pour relancer la machine. Car comme l’indique la couverture, Sei va venir mouiller la chemise et cela va tout changer. De harangue de la foule, en choix stratégique, jusqu’à un combat au plus près, le roi de Qin ne se ménage pas et c’est ce qui fera pencher la balance de son côté. C’est fantastique de retrouver ce personnage sur le devant de la scène, lui qui avait été laissé trop longtemps en arrière-plan. Il manque encore un peu de force et de dramaturgie à mon goût, j’ai trouvé sa harangue bien menée mais je n’ai pas senti autant que souhaité l’embrasement qu’elle devrait susciter. Cependant il est très bien placer pour évoluer.

A ses côtés, on prend plaisir à retrouver l’autre morceau du trio des débuts, à savoir Shin et Ten. Ceux-ci seront une fois de plus les éléments clés de la bataille qui se joue. Seuls officiers connus au début, c’est sur eux que tout repose et par la suite, l’auteur oriente le récit vers eux, montrant encore la force d’analyse de Ten et la fougue guerrière de Shin. Classique, un peu redondant, mais efficace pour emporter le lecteur et le coller encore une fois au coeur de l’action. Action, il y aura en effet dans ce nouveau siège qui se dessine et se lance sous nos yeux, mais un siège différent de ceux qu’on a connus, avec une autre stratégie, une autre géographie et d’autres acteurs. C’est donc un tout nouveau moment.

J’ai encore une fois adoré le sens de la mise en scène guerrière du mangaka qui m’a totalement embarqué dans son récit. J’ai aimé suivre les menés de Riboku et ses alliés, découvrir ou redécouvrir des hommes et femmes inquiétants à ses côtés, voir ses terribles plans lancés et suivre de près ses inquiétudes et interrogations sur ce qui se passe. Les réactions en face des habitants et soldats défendant Sai valent le coup d’oeil même si on est un peu trop focus sur Shin pour le moment. On a cependant droit à de belles passes, attaque – défense, avec une mise en scène des attaques des murailles lors d’un siège particulièrement efficaces et prenantes, pour ne pas dire sanglantes. Ça taille dans le lard, ça casse des membres, ça brise des échelles, ça envoie des flèches, ça éclabousse de sang. On est vraiment dans la bataille.

Pour autant l’humain n’est pas oublié et encore la puissance de galvanisation de Sei, l’intelligence fine de Ten pour placer ses officiers et soldats, le désir de revanche des anciens de Duke Hyou ou encore le besoin de protéger les autres de Shin, on vit de grands moments parfaitement intégrés à la bataille qui se joue. Je suis maintenant curieuse de voir ce que la présence de Sei quand elle sera découverte chez ses rivaux changera pour eux !

Nouveau tome de haute volée comme tous ceux qui ont suivi les débuts de ce terrible affrontement avec la coalition, déplacer l’intrigue plus près de la Capitale fait encore monter la tension et les combats n’en sont que plus marquants et importants. J’ai pris plaisir à suivre les stratégies mises en place qui m’ont fait vivre un tout nouveau siège comme si c’était le premier. J’ai aimé replonger au coeur de la bataille avec Shin, même si ce n’est pas le guerrier qui me prend le plus aux tripes. Et je suis curieuse de voir comment tout va se goupiller avec l’arrière et l’avant. J’ai hâte, j’ai hâte.

Tome 32

Avec un tome encore très intense, construit en deux temps, Yasuhisa Hara nous fait vivre les affres de la vie de siège entre désespoir et espoir de manière magistrale. 

Il avait commencé à nous embarquer dans cette nouvelle phase du conflit contre la coalition dans le précédent tome. C’était déjà quelque chose d’intense mais alors l’espoir était partout. Il nous fait vivre désormais l’éreintement au fil des jours qui passe quand l’assiégé est en sous-effectif par rapport à l’assiégeant et quand celui-ci entreprend une guerre psychologique rongeant les corps et les esprits. J’ai beaucoup aimé la façon dont il imagine la contre-attaque de Qin à l’aide son roi, pierre angulaire de la stratégie ici. C’est fou comme une présence particulière, des mots, des actes peuvent galvaniser un peuple comme ça. Il montre combien un monarque est un personnage unique dans le coeur de son peuple.

Le siège, lui, en est donc plus intense. On sent la tension monter et surtout la défaite de Qin semble de plus en plus inéluctable malgré leur belle résistance car le plan de Riboku semble implacable. C’est triste mais on assiste à une lutte totalement déséquilibrée où on se plaît à voir combien elle met à mal nos héros et leur peuple malgré toute l’ardeur qu’ils y mettent. L’auteur nous fait sentir leur feu mais aussi leur fatigue peu à peu et il met tout cela parfaitement en rythme pour le rendre passionnant et nous amener jusqu’au point de bascule, le double point de bascule en fait, qui va totalement nous surprendre.

Roi de la surprise militaire, le mangaka n’en finit plus de nous surprendre. Il nous saisit dans un premier temps en annonçant d’emblée que ce sera une journée historique qui verra la fin de cette guerre, puis il met ensuite en scène ce qui l’y conduira, enchaînant alors les surprises pour nous faire douter jusqu’au bout de la destinée de cette bataille. On assiste ainsi tour à tour à une victoire à l’usure, puis à l’arrivée inattendue de renforts qui envoient du lourd et enfin à un duel au sommet façon David contre Goliath, qui a toujours l’art de nous séduire. C’est très intense et magnifiquement dessiné surtout avec son lot de petits twists à l’intérieur de chaque gros renversement qui viennent renforcer notre fougue et notre fascination pour ce moment charnière.

Pas de doute, Kingdom n’en a pas fini de nous éblouir. Même quand tout semble perdu, l’espoir est toujours là et l’auteur nous réserve alors peut-être ses plus belles surprises. Il est superbe quand il décrit un peuple presque à genou qui continue de se battre. Il l’est tout autant quand il le fait se relever en lui donnant de l’espoir. Magique !

Tome 33

Avec l’arrivée inattendue du peuple des montagnes, voici l’heure de conclure l’arc le plus long de la série jusqu’à présent et si l’auteur a l’art de faire monter une tension insoutenable, il a aussi celui de faire retomber bien rapidement celle-ci sur un exploit !

Cet arc de la coalition nous tient en haleine depuis un moment. Il nous a fait vivre des moments grandioses, rencontrer et perdre de grands personnages, vivre une guerre intense sur tous les fronts et il aura grandement participé à l’ascension de Shin qui n’en finit plus de monter de plus en plus haut. Logique alors de le voir se terminer sur un ultime duel de ce dernier. Je l’ai souvent dit, ce n’est pas mon personnage préféré et l’auteur a beau faire un beau travail autour de lui, il ne me passionne pas. Du coup, bien que conçue pour être une apothéose, j’avoue ne pas avoir été particulièrement surprise et touchée par ce duel…

J’ai en fait eu le sentiment d’un soufflet qui retombait un peu brusquement avec la fin de ce conflit pourtant dantesque jusqu’à présent, comme si l’auteur avait eu l’impression d’être allé trop loin et de se retrouver coincé avec quelque chose qui le dépasse. Il a donc eu besoin de faire table rase avant de repartir sur quelque chose de nouveau et il l’a fait de manière un peu cavalière en sabrant tout pour mieux se relancer. Le duel entre Shin et Houken a ainsi beau l’air intense et plein de sens, il n’en demeure pas moins un expédiant pour clore un chapitre important sur un moment épique et ainsi ne pas décevoir le lecteur. J’ai aimé voir la passe d’arme car elle est très bien mise en scène. J’ai aimé ce déséquilibre biblique de David contre Goliath et toute la mémoire qu’il y a derrière mais c’est une conclusion qui m’a tout de même frustrée.

La suite sert donc à faire retomber toute cette tension guerrière brûlante. L’auteur y prend son temps. Il adresse les remerciements nécessaires, fait le tour des troupes, montre ce qu’a gagné du côté de Qin et perdu du côté de la coalition. Il octroie aussi les récompenses, mettant en valeur encore une fois ces hommes et femmes (merci Yotanwa et Ten !) qui nous ont fait vibrer. Puis il amorce un temps de paix basé sur la reconstruction. J’ai trouvé intéressant de pouvoir aussi vivre ces moments plus calmes et pas juste ceux plein de la passion de la guerre. C’est bon aussi de pouvoir montrer l’après, cela permet de consolider les liens avec le peuple, avec les généraux et leur roi, etc. Cela permet également de suivre l’évolution des hommes comme Shin en dehors du champ de bataille et d’assister à leur ascension en tant que meneur d’hommes et de voir comment ils gagnent le respect des nouveaux l’ayant rejoint, ici des hommes de Duke Hyou. C’est un calme qui fait du bien.

Mais surtout cette transition est l’occasion de repartir du côté de Kyoukai qu’on avait un peu laissée de côté avec sa quête de vengeance. Quel plaisir de la retrouver, surtout au moment où celle-ci touche à sa fin. C’est un autre monde qui se dévoile à nouveau avec elle, un monde mystique, fait de traditions et de mystères et surtout de beaucoup de violence, rappelant ainsi un peu ce que représente et penser être Houken, le grand adversaire désigné de Shin désormais. Les deux côtés du tome s’équilibre ainsi avec cette ouverture sur le duel de ceux-ci et la fermeture sur celui de Kyoukai et son ennemi.

En replongeant dans sa quête, on redécouvre totalement la société d’où elle vient et c’est un bonheur pour les yeux d’assister une nouvelle fois à la science de la mise en scène de l’auteur qui ici nous régale avec cet ultime affrontement et sa chorégraphie meurtrière basée sur la danse et le souffle. Ce ballet sanglant improvisé est majestueux et hypnotique. On y voit toute la grâce et la science guerrière de notre héroïne mais aussi la puissance de ce peuple à endoctriner ces jeunes sous un prétexte mystique. C’est fascinant et l’auteur sait faire durer le plaisir en plus, la faisant danser, danser, nous faisant croire plusieurs fois qu’on arrive au bout pour relancer, bref rythmant ce moment tel un génie. Hypnotique je disais !

Pas besoin de le redire mais avec ce tome de transition de haute volée, l’auteur démontre encore une fois comme il tient bien son univers. Bien que proposant une fin un peu rapide et abrupte d’un arc majeur, il temporise par de beaux et importants moments dans la construction de son héros et son futur, tout en nous emmenant vers de nouveaux horizons d’une vengeance primitive qui hypnotise dans sa mise en oeuvre. C’est beau, c’est prenant, c’est intense, c’est Kingdom !

Tome 34

Enchaîner après un aussi long et grand moment que la guerre de coalition n’a rien de simple et pourtant l’auteur s’en tire à merveille redonnant leur voix à des personnages un peu laissé de côté au cours de ces événements pour se concentrer sur l’aspect guerrier. Alors entre vengeance et nouvelle donne, ce tome fut encore parcouru de rebondissements passionnants !

Découpé en deux parties, le volume s’ouvre tout d’abord sur la suite de cette quête de vengeance menée par Kyoukai. Vécue un peu comme un épisode annexe à l’histoire, puisqu’elle nous plonge dans un autre monde, une autre dynamique, une autre ambiance, il revêt au final une grande importance car elle apportera un nouveau souffle à un personnage qui, j’en suis sûre, deviendra crutial à l’avenir de Qin au vu de sa nouvelle ambition.

L’épisode de sa veangence aura donc été un moment mystique, fascinant et effrayant à la fois, où on a vraiment redécouvert Kyoukai. Assister à sa métamorphose en direct fut un moment très intense et bouleversant, car comme elle dit, elle va tordre le coup à un ordre établi qui caractérise son peuple mais aussi tous ceux portés par ce même mysticisme comme Houken. C’est excellent ! La mise en scène de Yasuhisa Hara est une fois de plus à couper le souffle avec une superbe dramaturgie reposant sur le souffle, la danse, les arts guerriers et surtout la nouvelle âme pleine d’espoir de notre héroïne qui se lâche totalement ici et se redécouvre un coeur et donc un but à la vie. C’est beau de la voir se réaliser et se défaire de ce carcan qui lui était imposé depuis toujours pour devenir une femme libre avec de nouvelles convictions ! Que le monde se tienne prêt, la nouvelle Kyoukai est là !

Puis après ce moment intense, entrecoupé ensuite avec de jolies retrouvailles plus légères pour décanter tout cela, on repart à l’aventure mais des aventures politiques auxquelles on n’avait pas eu droit depuis un moment et qui m’ont surprises. Cassant le rythme préalablement établi depuis si longtemps, elles me semblaient un peu mollassonnes après la fougue brûlante des champs de batailles, c’était bien me tromper et finalement j’ai tout autant adorer suivre cette montée en tension à la cour de Sei où l’auteur nous montre qu’il est également doué pour manier le verbe et la trahison.

Après les affrontements armés, place donc aux affrontements mouchetés et à ce jeu Ryo Fui est excellent. J’ai adoré suivre ses plans pour manipuler tout le monde et reprendre la main sur Sei qui a gagné en influence depuis sa sortie face à la coalition. C’était passionnant d’assister à ces magouilles dans et hors le palais pour revenir sur le devant de la scène. Mais surtout, ce fut l’occasion de revoir et réapprendre à découvrir le demi-frère de Sei : Sei Kyou, détesté dans le début de la série, il est l’image même de la rédemption positive et réussie, motivée par de nouvelles convictions et une métamorphose. J’adore ce que l’auteur a fait de ce personnage que je trouve terriblement attachant.

Vengeance réussie, nouvelles promesses d’avenir, troubles dans les cours impériales, trahisons et magouilles, ça ne chaume pas dans ce tome qui sous prétexte d’un faux rythme plus sembler plus faible après la fureur des tomes de la coalition. Pourtant, l’intelligence de son écriture impressionne tout autant et s’il est moins remarquable dans sa mise en scène graphique que d’autres, il tranche par l’habileté qu’il met à redistribuer les cartes et à nous tromper. L’avenir s’annonce encore plein de surprises !

Tome 35

Pfiuuu que d’événements dans ce tome ! Rébellion, mort importante, reprise de la guerre aux frontières, nouveaux généraux… C’était passionnant !

En entâmant ce tome, je ne m’attendais pas à une telle destinée, mais qu’est-ce que j’ai aimé l’intense, mais un peu trop bref, épisode de la révolte de Tonryû menée par un pion de Ryo Fui qui cherche à faire porter le chapeau à Sei Kyou. Cela a permis une superbe écriture de ce personnage, l’une des plus belles depuis le début de la série. J’admire vraiment l’idée, bien que classique, de faire évoluer cet ennemi du roi en soutien de poids comprenant et partageant son idéau d’unification de la Chine. Ce fut superbe et le flambeau fut parfaitement transmis à sa femme Rui, le tout arpès une séparation déchirante, mise en scène avec une très belle dramaturgie.

Mais en plus, cette révolte fut l’occasion de retrouver Shin et son unité deux ans plus tard et de voir ce qu’ils sont devenus après ce léger bond dans le temps pourtant essentiel pour offrir là aussi une belle évolution. Bien que de moindre importance car souvent oublié, j’ai aimé voir Shin retrouver Heki devenu général. Shin en impose carrément maintenant et sa troupe est vraiment de plus en plus solide avec la stratégie de Ten et le bras armé intelligent de Kyoukai, qui elle aussi poursuit son but et est sur la bonne voie. Ils sont impressionnant. Shin en paraît même grandi avec une carrure de plus en plus proche de celle de son mentor, dont il manie maintenant l’arme, du moins une similaire pour se montrer à la hauteur. C’est aussi une bien jolie écriture de l’évolution qu’il a connu et une mise en scène percutante pour nous le prouver par les actes et pas seulement par les mots. Cela fait un très joli pendant à la rébellion qui a ouvert la saga. La boucle est bouclée !

Mais alors que déjà nous avions vécu de nombreuses riches émotions et que nous nous doutions que ce n’était que le début de l’affrontement opposant Sei et Ryo Fui, l’auteur ne s’arrête pas là, il accélère même. La révolte de Tonryû fut rondement menée, un peu trop même au fut de sa rapidité, mais la brutalité que cela imposait lui allait bien aussi. Place maintenant à de nouveaux affrontements, tout aussi percutant et sûrement riche pour la suite : ceux contre les forces de Wei sur le front dirigé par Tou. Présenté dans les ultimes chapitres, l’immersion est pourtant immédiate et intense. On retrouve le fascinant Tou et vont s’y adjoindre Shin et Ouhon pour l’épauler dans ses combats pour garder la frontière et pourquoi conquérir quelques terres. Mais face à eux, l’auteur nous oppose, classiquement maintenant pour lui, d’ancienne gloires qui ont combattu Ouki et ses camarades et ils en imposent ! La série repart donc de plus belle avec un nouveau point de tension mettant en scène de nouvelles figures terrifiantes des deux côtés qui vont permettre à la nouvelle génération de briller et se construire réputation et expérience. Cela promet !

Passant d’un moment intense à l’autre, l’auteur associe pourtant des événements qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, mais qui permettent de découvrir le nouveau Shin et il fait rêver. L’auteur a su donner un charisme fou à son héros et c’est un bonheur de le voir gravir les échelons et acquérir l’expérience qui lui manque pour grandir encore et toujours. Réalisée en bonne compagnie cette ascension fascine et percute, notamment avec un Tou et un Ouhon de chaque côté du héros. J’ai hâte de replonger au coeur de la bataille avec eux !

Tome 36

Nous voilà reparti au coeur de la mêlée ! Avec la guerre opposant Qin à Wei, Yasuhisa Hara nous replonge dans les intenses moments guerriers qui lui sont si chers où il aime tant faire briller la bravoure de ses héros. Et nous, on adore !

Avec cette nouvelle guerre, l’auteur nous offre sur un plateau ses jeunes héros, seconds couteaux dans les précédentes guerres, qui viennent ici prendre leur place sur le devant de la scène maintenant que la voie est libre. C’est extrêmement prenant et enthousiasmant d’assister à l’érection de cette relève et de voir ainsi des caractères et des légendes se former non pas dans la génération en-dessous d’Ouki, mais dans celle encore d’après. Vive la jeunesse !

L’auteur orchestre encore cela de main de maître avec une tension à couper au couteau mais également explosive selon les moments. Il nous emmène d’un bout à l’autre du front pendant que nous suivons le plan imaginé par Ouhon qui divise l’armée en 4 troupes distinctes avec des lieux et stratégies différents même si leur but final est le même. C’est très dynamique et prenant à lire, surtout qu’il laisse le temps à chacun de vraiment vivre de sacrées aventures avant de tourner son regard ailleurs ou d’y revenir. On sent qu’il maîtrise à merveille sa narration tout comme la construction de ses personnages qui ne vivent pas qu’une suite de victoires mais subissent également des revers qui les feront grandir.

Ce fut ainsi très intense de suivre dans un premier temps la troupe de Shin qui va se retrouver confronté à un général qui est tout ce qu’il aimerait être plus tard (en dehors peut-être de son goût surhumain pour la chair féminine lol) et qui lui offre un vrai défi. Le lecteur, lui, voit encore le chemin qu’il lui reste à parcourir et apprécie de le voir remis un peu à sa place. Inédit, malgré les nombreux tomes remplis de batailles qu’on a eu, nous assistons aussi à une double prise d’otages et un échange de prisonniers qui aurait pu bien plus mal tourner. C’était sympa car jamais vu mais pas super bien exploité non plus. J’ai trouvé cela un peu léger et juste présent pour clarifier certains sentiments et interrogations du camp de Shin.

Sur un schéma assez similaire, nous allons ensuite suivre Ouhon qui subira lui aussi un revers face à un guerrier qui est également la représentation du guerrier qu’il aimerait être : un dieu de la lance. Tout comme le duel de Shin, celui d’Ouhon fut particulièrement intense et superbement mis en scène avec des échanges brûlant et ça fait du bien de voir cet orgueilleux remis à sa place. On voit que l’auteur prend le parti d’offrir de vrais obstacles qui font sens à ses jeunes héros pour les faire mûrir un peu plus vite et que cette bataille leur serve. Il en profite aussi pour approfondir ceux-ci et avec le talent classique qu’on lui connaît, il leur offre une belle évolution et donne un solide background dramatique à leurs adversaires prédestinés. Des liens se tissent et s’approfondissent ainsi, nos jeunes guerriers gagnent en carrure, expérience et renommée, le tout sous le regard vigilant d’un Tou, sorte de mentor bienveillant qui veille sur eux et les guide pour ensuite pour les utiliser à plus grande échelle dans le futur. Que c’est bien pensé !

Sans surprise, Yasuhisa Hara continue de nous offrir, comme à chaque fois, une guerre comme on n’en a jamais connu. C’est enrichissant de voir nos héros grandir et évoluer sous sa houlette grâce à des combats intenses face à des adversaires prédestinés pour eux, tout en s’affirmant et gagnant leurs galons pour la suite. C’est extrêmement bien pensé et très prenant à lire comme toujours. Vraiment, je me régale.

Tome 37

Jamais, jamais de pause ! Alors que le tome s’ouvre en pleine guerre contre Wei et qu’on assiste à un flamboyant changement de générations, la suite relance l’intrigue dans une autre direction suprenante et pourtant terriblement logique qui nous rappelle des souvenirs.

L’auteur se fait et nous fait plaisir dans un premier temps avec ce qui a définitivement fait la réputation de la série : une suite de combats acharnés où nos héros désormais bien connus affrontent en face des généraux terrifiant qui vont les pousser dans leurs retranchements. Comme il avait déjà su le faire, le mangaka met ainsi en scène la montée en puissance de la nouvelle génération, à savoir Shin, Ouhon et Kyoukai pour cette fois. Chacun aura son moment de bravoure, son duel ou son affrontement dont il sortira vainqueur mais parfois avec un lourd tribu à payer. Ce sera cependant à chaque fois bruyant, violent et sanglant mais avec des moments qui font sens pour chacun. Ainsi Ouhon se retrouve face à un lancier de légende qu’il vainc à la suite d’un duel épique où elle doit démontrer toute sa science de cette arme. Kyoukai, elle, est face à un stratège qui se joue d’elle à merveille, mais elle perce de manière magistrale leur résistance jusqu’à leur QG et c’est un moment épique ! Quant à Shin, électron libre définitivement, il en vient à tuer le mauvais homme mais quand même l’un des généraux clés du camp en face. Ça lui va bien aussi.

Voilà donc une nouvelle guerre rondement menée avec de nouveau moment épique dont pour ma part je retiendrai surtout la transformation d’Ouhon que je trouvais bien antipathique jusqu’à présent et à qui il manquait son moment par rapport aux autres de cette nouvelle génération. C’est chose faite désormais. Je regrette en revanche d’avoir si peu vu Tou au final et d’avoir eu le sentiment d’une guerre contre un état subalterne donc d’une sorte de marche-pied pour la suite.

Cette suite, l’auteur l’enchaîne direct sans faire de pause. Tandis que les mois et années passent et que suite à cette victoire, Qin fonde une cité pour contrôler le secteur, à la cour cela continue de s’agiter. Il faut dire que le couronnement d’El Sei est proche. Mais la surprise ne vient pas de là où on l’attend et c’est là toute la science de l’auteur. Il nous offre ainsi un démarrage tonitruant vers un nouvel arc plus politique où une guerre civile sera au coeur de celui-ci. Je confesse avoir été totalement prise de court comme Sei face à l’annonce de la menace qui s’est dévoilée dans les ultimes pages. Je ne m’attendais absolument pas au retour de ce personnage, ni au choix qu’elle fait en le défiant et en cherchant à fonder son propre état et sa propre dynastie dans un bout éloigné de Qin. Effet réussi !

Sans vouloir trop en dévoiler, ce nouveau tome de Kingdom a su me surprendre avec efficacité. Si je regrette les arcs un peu courts comme celui de la guerre contre Wei, j’aime l’esprit qu’on y trouve, à savoir préparer le terrain pour bâtir les moments épiques de la future génération. Celle-ci aura fort à faire avec les états voisins mais également avec celui qui se forme en son sein telle une vipère qui attaque dès les dernières pages ici. L’auteur n’en a pas fini de nous surprendre et nous faire nous enflammer.

Tome 38

Quand tout se complexifie ! Après des guerres contre les pays voisins, retour à une bonne guerre intestine avec les rivalités entre Sei et sa mère ainsi que Ryo Fui. La tension est à son comble.

Après la surprise du retour de la mère de Sei sur le devant de la scène et son annonce de la création d’un état indépendant au sein même de Qin, forcément ça ne pouvait que déménager dans ce tome. Pourtant, je dois dire que bien qu’aimant les intrigues politiques, les complots et trahisons, ce fut loin d’être mon tome préféré. Il est intéressant, il bouge, il relance l’intrigue sur une nouvelle piste inattendue, mais en même temps la narration est un peu plus lourde que d’habitude, trop fournie et freine donc le plaisir qu’on peut prendre à lire. En tout cas, je l’ai ressenti comme ça.

J’ai quand même apprécié de suivre les plans fourbes de la mère de Sei mais assez franc dans leurs intentions surtout quand on connaît son parcours, ce que l’auteur prend plaisir à nous montrer. Ça ne me la rend pas plus sympathique mais j’ai aimé voir par quoi elle était passée, même s’il manque encore selon moins des étapes pour tout expliquer et comprendre. J’ai surtout apprécié ces vastes mouvements géopolitiques que cela impliquait dans et hors des frontières de Qin, avec au milieu un Sei dont c’est l’heure d’être couronné (cf la couverture), mais ça fait beaucoup de politique et finalement, je crois que je préfère les batailles dans cette série ^^!

J’ai suivi avec curiosité la façon dont chacun avançait ses pions, faisait trébucher ceux des autres, les manipulait pour avancer les siens, etc. Les plans, contre-plans, plans dans les plans que l’auteur imagine sont prenants et dynamiques à suivre. Ils nous réservent aussi quelques belles surprises, notamment dans les dernières pages comme toujours. Ils nous offrent aussi un Qin en danger depuis l’intérieur et affaibli pour les voisins, donc potentiellement une cible, ce qui pourrait procurer de nouveaux affrontements comme j’aime avec un peu de chance. Et surtout, on retrouve un Sei assez magistral au-dessus de tout ça qui se révèle totalement. La couverture n’a pas menti. C’est beau de voir comme il a grandi.

Cerise sur le gâteau, ce n’est pas le seul dont on suit l’ascension et bien qu’on ne les voit que brièvement dans ce tome, on apprécie de voir ce que deviennent Shin, Ouhon, Kyoukai et les autres à la frontière, avec les honneurs et promotions qu’ils ont mérité suite à leurs derniers exploits, mais également les nouveaux mouvements qu’ils font et les nouveaux costumes qu’ils revêtent. C’est prometteur tout ça.

Avec des mouvements d’hommes et de femmes assez classiques, l’auteur tisse une toile politique de plus en plus complexe à l’intérieur de Qin qui vient apporter une nouvelle dimension à cette histoire déjà riche. Petite pause dans les guerres de conquêtes et d’unification de la Chine, le temps d’une guerre intestine pleine de surprises et de trahison qui va passionner les amateurs du genre. Avec une narration, plus légère comme c’est le cas habituellement, cela passionnera encore plus l’ensemble des lecteurs car malgré le plaisir de ces turpitudes, c’est un peu lourd à lire cette fois.

Tome 39

Avec son pouvoir dramatique évident, cette guerre civile de Qin prend le pouvoir pour venir écrire de nouvelles destinées et une fois de plus, c’est une figure qui se détache : celle de Sei. Quel homme, quel roi !

Tandis que le tome précédent m’avait un peu pesée avec sa narration trop lourde à mon goût, j’ai trouvé celui-ci bien plus agréable et équilibré grâce à un jeu astucieux de balancier entre ce qui se passe dans la ville du couronnement avec Sei et ce qu’il se passe sur le terrain à Kanyou où les insurgés se livrent à de terribles combats et exaction.

Quel honheur de retrouver le trio du début mais sur un champ de bataille totalement différent des précédentes révoltes. Sei est à la manoeuvre pour de vrai, lui qui n’a jamais été autant au pouvoir. Son couronnement n’est que la représentation formelle de la puissance et l’habileté qu’il a gagnées depuis le siège de Sai. Là, il assure vraiment et c’est incroyable à voir. Trahisons et retournements s’enchaînent donc et on assiste à un vrai jeu de dupe où les âmes se dévoilent de manière toujours aussi complexe. J’ai beaucoup aimé ce duel entre Sei et Ryo Fui où au final la Reine mère ne joue qu’un rôle sulbalterne.

Sur le terrain, c’est Shin et son unité qu’on retrouve à la manoeuvre, réalisant tout ce que l’auteur a mis en place depuis le début avec cette relation essentielle entre lui et Sei. Ne pouvant faire réellement confiance qu’à lui, c’était évident que Shin, avec la puissance qu’il a lui aussi nouvellement acquise, se retrouverait à la pointe de l’attaque avec Ten et Kyoukai. C’est assez classique mais la série est construite la-dessus et c’est chouette aussi de voir cette nouvelle génération émerger ainsi avec ce duo Roi-futur Général.

Les luttes de pouvoir sont bien sûr au rendez-vous et elles ne déçoivent pas. Quelles soient sous la forme d’échanges larvés à la cour ou d’échanges plus virils sur les champs de bataille. On a ainsi deux lieux inédits avec ses attaques à You et surtout Kanyou. Le combat de Shin est inédit également, il doit rattraper ses adversaires et empêcher la disparition de la famille de Sei, une donnée essentielle pour cet orphelin pour qui la famille biologique est un concept abstrait, mais celle de coeur, le centre de sa vie et de sa carrière. Une émotion brûlante s’empare donc de lui et de nous.

Nouveau tome à la flamboyance toute particulière, cette attaque de Kanyou par Ryo Fui nous percutera comme elle percutera les habitants de Qin, mais l’auteur a une réponse toute trouvée, préparée de longue date qui prend corps et coeur ici avec ce superbe duo que sont Shin et Sei, deux garçons qui se sont construits à la force de leurs bras, leur tête et leur coeur. C’est intense, c’est brûlant, c’est la naissance d’une nouvelle ère politique !

Tome 40

Il aura fallu 10 ans à son auteur pour enfin clôturer ici cette première vaste et intense partie et seulement 5 petits mois pour que je la dévore tant elle était passionnante ! Merci Yasuhisa Hara !

Avec une couverture en mode « Goodbye tout le monde ! », l’auteur donne le là, chacun jouera son rôle et ce sera aussi bien la fin que le début d’une époque. Comme prévu, c’est Sei qui entame les hostilités, ce personnage qui, bien qu’assez discret dans la série au final, aura su petit à petit se bâtir la carrure nécessaire à l’accomplissement de son rêve brille ici de mille feux dans le discours qu’il fait pour expliquer son projet et emporter l’enthousiasme de tout. C’est lui qui fera pencher la balance !

Cette balance, on en avait besoin car la bataille de Kanyou était loin d’être gagnée. Le mangaka nous offre avec elle une guerre éclair mais non moins sanglante et violente où on aura rarement vu des sentiments aussi à vif car on perce en plein dans l’intimité du roi en entrant chez lui, dans son harem et en menaçant sa famille. J’ai aimé ce sentiment d’être sur le vif et sur le qui vive. J’ai été touchée par cette envolée aux côtés mêmes des potentielles victimes, face aux bourreaux mais également aux sauveurs. C’était inquiétant et intense à la fois et j’ai trouvé avec Kou, You et Rei pendant toute leur escapade, puis ensuite avec Shin lors de sa mission de sauvetage et encore ensuite avec Ten qui était au coeur de le grande bataille. C’est à nouveau très bien écrit.

La bataille est brève mais intense devant les murailles. Elle sera révélatrice car elle mettra en lumière de nouvelles forces au cours de ce moment clé. Emporté par le rêve de Sei et la personnalité de celui-ci, il se gagne un sacré allié, un guerrier et un stratège hors pair, que j’ai adoré voir mis en scène tel le fer de lance de cette bataille. Ce fut magistral, épique. Je regrette peut-être en même temps la briéveté de tout ça, l’auteur m’ayant habitué un temps à des guerre plus longues, plus usantes. Ici, on est sur le principe de la guerre éclair, ça fonctionne, c’est percutant, violent, on a quand même de la stratégie mais cela manque de moment épique tout de même.

La suite est en ceci peut-être plus intéressante encore car elle revient sur le travail que l’auteur fait depuis le début sur la caractérisation de ses personnages. La révolte matée, il est l’heure de payer et c’est fascinant d’y assister. On voit la figure de monarque de Sei veut offrir à ceux qui le regardent. Ce sera un roi fort et impitoyable qui ne se laissera pas marcher sur les pieds. Il m’a fait un temps trembler mais j’ai été soulagée au final de le retrouver et de voir que tout ce qu’il avait vécu avait vraiment eu un impact sur lui. C’était très beau et intense d’assister à cette justice royale de façade et celle en coulisses plus humaines, grâce à une mise en scène judicieuse reposant sur tout le passé et le parcours de Sei subliment rappelé, avec émotion, ombres et lumière, par l’auteur. Je le répète, je n’ai jamais été attachée à sa mère mais je reconnais que son histoire me touche.

Je n’y croyais plus mais voici la fin de la première époque de Kingdom telle qu’imaginée par Yasuhisa Hara. Ouf ! Ce fut intense, ce fut épique, ce fut violent, ce fut sanglant mais ce fut aussi lumineux, émouvant et enthousiasmant. On a envie de voir le rêve porté par Sei se réaliser et ce tome écarte enfin l’un de ses obstacles majeurs, la voie est libre désormais. Il y aura certainement d’autres épreuves mais on a hâte de les voir et pour le moment le chemin emprunté fut semé de belles embûches passionnantes à découvrir. La suite ne peut qu’être tout aussi intéressante. On a hâte !

Tome 41

Retour au charbon ! Après avoir conclu magistralement la première époque de sa série fleuve, Yasuhisa Hara ne se perd pas un circonvolution et repart directement le nez dans le guidon dans les batailles menant au prochain autre grand moment de la série. J’ai hâte !

Ryo Fui écarté, le rêve de El Sei est à portée de main, du moins sur le papier, la réalité est plus compliquée. L’auteur nous expose avec simplicité mais impact le plus de celui-ci et surtout son rétro-planning et là, on réalise l’ampleur que cela avoir. C’est un plan dantesque, à l’envergure folle et aux besoins tout aussi important, dans lequel notre Roi et ses proches vont se lancer sans y regarder de plus près !

On ne tergiverse pas, on ne perd pas de temps, on avance. L’auteur nous montre bien combien cela va être court et long à la fois, compliqué et simple. Les ressources seront énormes mais les hommes devront être simples : il leur faudra tout donner pour leur roi. Shin est de ceux-là et s’embarque directement dans le rêve de Sei au cours d’une jolie séquence émotion.

Ainsi, c’est sans surprise que je l’ai vu repartir aux charbons, sur l’un des fronts, aux côtés de ses amis futurs généraux de la même génération, avec pour but : devenir l’un des 6 grands généraux que Sei veut réinstaurer. Les enjeux sont simples : sortir du lot pour se faire remarquer et obtenir rapidement ce poste convoité. Mais la méthode va être plus compliquée.

La complication porte un nom dans ce tome : Kanki, que Shin va rejoindre sur les ordres de ce dernier pour lutter à ses côtés. Je suis fascinée par cet homme depuis le début. Ancien hors la loi, il dirige maintenant une troupe d’hommes ou de mercenaires / bandits plutôt d’une main de fer dans un gant de velours. Il est à l’opposé total de Shin, ce qui offre une belle tension narrative et permet de discuter sur les méthodes de guerre et ce qui peut être acceptable ou nom. Mais  en plus, étant résolument très intelligent, cela questionne sur ses réelles intentions, sur ce que ce masque cache et c’est d’emblée passionnant.

La guerre, ensuite, elle, n’est qu’accessoire à mes yeux. Certes, elle a lui dans un cadre assez inédit avec de grands stratèges qui s’amusent à se tendre des pièges les uns aux autres, mais elle est surtout là pour nous éclairer sur Kanki : ses méthodes, ses ambitions, et cela me fascine. J’ai beaucoup aimé la dynamique induite par ce double mouvement : mouvement des troupes en terrain hasardeux, réponse surprenante et surprise de Kanki et ses hommes. Le duel s’annonce passionnant entre lui et l’ennemi bien connu qu’il affronte.

La première époque terminée, la série se relance fort joliment avec un tome qui ne perd pas de temps à relancer la machine. Présentation du vaste plan d’El Sei, nouveau poste pour Shin, nouvelle ambition et surtout nouveau duo détonnant avec un général d’expérience, le lecteur ne s’ennuie pas malgré la transition que constitue ce volume. C’est tout l’art de Yasuhisa Hara.

Tome 42

Héroïsme, bravoure, audace, voilà les mots qui ont rythmé ce tome bouillonnant d’action !

Avec Shin qui a rejoint les troupes de Kanki, je m’attendais à des aventures enlevées et surprenantes, je fus survie ! Rien ne se passe comme on l’a connu avec cet homme et ses troupes qui sont d’anciens mercenaires et brigants qui ont bien gardé leurs habitudes disruptives. C’est assez jouissif à lire tant la surprise peut venir de partout. Face à eux, Zhao est à la hauteur également avec des chefs de guerre sans concession à l’esprit affuté. Le combat est tendu et vif à suivre !

J’ai beaucoup aimé me plonger dans les différents lieux incarnants ces affrontements. Il y a d’abord eu la forêt et ses multiples pièges qui offre la possibilité d’une action rebondissante et cruelle. Puis il y a eu la rivière imprenable et cette stratégie enlevée imaginée par Karyo Ten. Et enfin, la coline de tous les dangers où de nouveaux meneurs d’hommes se révèlent, ne jouant jamais les jeux qu’on attendait. Rien ne se passe comme prévu. Rien n’est tel qu’on l’a connu et cela correspond à merveille à la personnalité anti-conventionnelle de Kanki, c’est donc fort bien joué par le mangaka !

En plus, il profite de cet anti-conformisme pour mettre en valeur des qualités essentielles à ce type de série : le courage, la bravoure et le sens du devoir, faisant ainsi briller des figures parfois peu vues jusqu’à présent. Ainsi j’ai adoré suivre l’épopée d’En, le premier lieutenant qu’a eu Shin, sous la houlette de Karyo Ten qui dépasse son maître lors de cette traversée épique d’une rivière infranchissable. L’auteur nous a vraiment percuté par leur sentiment d’urgence, de peur et leur courage que nul ne peut rompre. C’était magique ! J’aurais plus à reduire sur l’utilisation faite de Kyoukai encore une fois. J’ai trouvé cela à la fois maladroit et inconscient + redondant et je regrette un peu ce choix pour le moment.

En revanche, tout reste à faire dans cet affrontement. Aucun camp n’a réellement pris l’avantage. C’est une belle guerre d’usure et de stratégie avec des roublards des deux côtés. Les hommes de Kanki fascinent par leur non-conformisme. Au passage, j’ai aimé que l’un d’eux soit une femme, même si elle rappelle Karin. J’ai apprécié également de retrouver le terrible Keisha, qui semble avoir gagné en charisme et carrure. Tout cela est fort prometteur !

Un tome où l’on sent vraiment la rage de vaincre de nos héros. Suivre Hi Shin au milieu de bandits a quelque chose de jouissif, tout comme de le voir galérer, patauger, pour mieux se relever à l’aide de sentiments qui les honnorent tous et qui permettent de vrais moments héroïques qui resteront en mémoire. Chapeau à En et Karyo Ten dans ce tome !

Tome 43

Après deux – trois tomes pour se relancer, voilà Kingdom bien reparti et Shin en passe d’accomplir encore un grand exploit aux côtés du surprenant Kanki, qui n’a décidément rien d’un général traditionnel.

Ce nouvel arc est définitivement sous le signe de la surprise. Avec un Général comme Kanki, rien ne se passe comm prévu et c’est justement ce que j’adore en ce moment dans la série. Rien n’est prévisible, tout n’est que surprise. Cela donne un sacré rythme à la lecture et un sentiment d’urgence tout du long.

L’auteur a en plus l’astuce de contrebalacer cela avec une mise en abyme des ennemis que nos héros sont en train de combattre. Il leur offre un vrai background, intéressant et touchant en prime. On découvre une ancienne société, faite de tradition, qui a autrefois connu le pire et s’est relevée grâce aux figures actuelles. Elle leur voue donc un culte, ce qui sera moteur d’une énergie folle sur le terrain. On entre ainsi avec eux dans un nouveau schéma de guerre, qu’on peut rapprocher de celui d’El Sei quand il a défendu la dernière porte avant la capitale : l’attachement à son seigneur et roi.

Les combats sont ainsi d’une belle intensité entre les troupes de Kanki et leurs mouvements surprises, et les troupes de Kisui et leur inébranlable dévouement à leur chef. Cela donne des rencontres explosives où tout peu arriver et où on ne peut rien prévoir. J’adore cette incertitude et cette flamme. Cela correspond à merveille au caractère tout feu tout flamme de Shin qui se retrouve pris en plein milieu et grandit en direct sous nos yeux au contact de ce conflit et de la rencontre des grands hommes et femmes qu’il fait.

Mais ceux qui fascinent dans ce tome, cette fois ce ne sont pas les troupiers, mais les grands hommes. Le sens de la guerre de Kanki est terrible, il use les nerfs de ses adversaires comme personne. La force stratégique de Keisha est fascinante également, même quand on croit que tout est perdu et qu’il a tout gâché, il parvient à redresser la barre. Il a décidément pris une sacrée envergure. Quant à Kisui, sa façon de réunir les hommes autour de lui change totalement la donne. Tout combiné, cela donne une tome à cent à l’heure avec un final où tout n’arrête pas de se renverser et où la fougue et la foi emportent tout. Magistral !

Décidément gravir une montagne, c’est toute une épopée. Yasuhisa Hara nous le démontre avec talent ici, le temps d’un tome très dense guerrièrement. J’ai été fascinée dans un premier temps par les choix stratégiques de Kanki, avant d’être emportée par les manouevres de Zhao. Le mangaka manie aussi bien l’épée que l’esprit dans une aventure humaine passionnante et déchirante, tant chaque camp mériterait de gagner !

Tome 44

Yasuhisa Hara franchit un cap dans ce tome, un cap terrible mais un cap nécessaire pour arrêter un peu d’idéaliser la guerre.

C’est vrai que depuis le début de la série. Celle-ci a beau être violente, elle met surtout en scène des guerriers se battant entre eux et pas forcément la réalité de la guerre dans son ensemble. L’auteur corrige cela ici mais d’une manière vraiment grossière et brutale qui peut laisser perplexe, surtout après une entame de tome sur un ton résolument différent.

L’auteur s’ingénue en fait à nous montrer de manière percutante et sans concession ce qui fera de quelqu’un grand général ou pas. Kanki et Shin sont en lisse pour le même poste dans le plan d’El Sei pour unifier la Chine. L’auteur entreprend donc de commencer à les départager et il ne fait pas dans la dentelle.

On a d’un côté un Shin, qui galvanise les troupes, qui réalise des exploits et qui est fidèle à des valeurs de guerre « propre » en quelque sorte. Et de l’autre, Kanki, lui, est un voyou, une crapule, prête à tout et même aux pires exactions pour faire réagir son adversaire et le faire tomber dans ses filets. C’est horrible. Cet homme choque. Il va à l’encondre de l’idéal des Généraux rencontrés jusqu’à présent. C’est bien parce que cela change et apporte un peu de réalisme, alors qu’on était un peu dans un récit assez lisse jusqu’à présent, mais cette façon de ramener d’un bloc les exactions de la guerre est brutale.

J’ai beaucoup aimé la prise de charisme de Shin dans ce tome. Les premiers chapitres sont épiques quand il part à l’assault de la montagne quasi seul, épaulé par sa troupe. Il sait trouver les mots pour les galvaniser juste en leur demander de regarder et suivre son dos. Il est magistral et se transcende dans son duel. Kyoukai, elle, est fidèle à elle-même et agit dans l’ombre mais il se passe quelque chose entre eux. Ce quelque chose va se poursuivre et les réunir quand ils découvriront le terrible plan de Kanki. Ils font vraiment la paire et ils donnent envie aux lecteurs de les encourager dans leurs idéaux tellement loin de la guerre sale qu’on connaît mais tellement plus encourageant.

Alors oublions un peu la véracité et faisons nous plaisir à suivre plutôt ces jeunes idéalistes dont la fougue nous touche et nous émeut, à l’image d’une Kyoukai qui avait noué quelque chose avec cette grand-mère croisée rapidement. Montrer l’horreur de la guerre, c’est nécessaire. Contrebalancer avec des idéaux plus nobles et une autre façon d’envisager celle-ci, c’est mieux.

Avec ce tome, le mangaka s’engage encore une fois sur une nouvelle voie, celle pré-tracée par El Sei, celle d’une nouvelle génération différente de ses aînées, meilleure, plus raisonnée. On a envie de les encourager et les soutenir comme le fond déjà les troupes de Shin, prototype de ce futur pays qu’ils construisent. Ils seront la lumière dans les ténèbres et c’est maintenant que ça commence !

Tome 45

Yasuhisa Hara mène toujours son récit d’une main de maître. Terminant son premier volet offensif, il nous dévoile désormais une défense de haut vol en s’appuyant sur une diplomatie aussi vive qu’habile. Un régal pour les yeux et de jolis noeuds de cerveau.

Alors que ce premier conflit de la nouvelle ère prend fin, Shin a découvert ce qu’était la guerre façon Kanki, une « guerre d’adultes » comme dit ce dernier, et c’est tout ce qu’il ne veut pas. Bref et intense ce premier moment aura eu pour but d’éclaircir les ambitions et les moyens à se donner de notre héros et de ses troupes, que son rêve ne reste pas hypothétique mais soit confronté à la réalité. La leçon fut rude et Kanki m’a autant fasciné que révolté par sa façon de faire, rappelant les guerrillas qu’on a pu connaître au Vietnam ou dans le Pacifique où tous les coups étaient permis, tandis que Shin et ses amis, représentent plutôt un volet héroïque avec des idéaux en mode samouraïs de l’éternel et autres mousquetaires pour rester plus proche de nous. Deux conceptions différentes qui n’ont pas été départagée ici.

El Sei aussi va désormais se frotter à la réalité. Lui aussi a de grands idéaux qu’il claironne facilement mais qui pourraient passer pour présomptueux. J’ai donc apprécié qu’en mode Les Trois Royaumes, l’un de ses plus proches conseillers le pousse à exposer le contenu de son plan et de ses ambitions de manière plus concrète afin de convaincre l’un de ses adversaires de peut-être se rallier. Le moment est surréaliste, pas crédible pour un sou. La teneur des propos de Sei est archi condensée et édulcorée pour aller droit à l’essentiel. Mais cela passe car l’émotion, l’ambition, l’intensité et l’étendue de ce qu’il souhaite réaliser nous percute et percute son interlocuteur. C’est l’un des grands tournants de l’histoire.

L’auteur met ainsi face à face sur le même niveau guerre et diplomatie, montrant l’importance des deux, et cette incarnation de ces deux facettes chez des personnages comme Sei ou Riboku a quelque chose de fascinant. Cela donne le sentiment d’être face à des monstres, préparant probablement leur futur face à face dantesque un jour sur les champs de bataille et champs diplomatiques. Le revers, c’est tout de même qu’à lire, c’est moins vif, plus laborieux aussi. Une bonne bataille cela transcende plus que de longs échanges de mots, en tout cas pour moi. Et j’ai trouvé certains échangent ici un peu creux, un peu surjoués, cela m’a donc moins passionnée que les phases précédentes, même si je reconnais leur importance pour la construction du récit.

Quand la diplomatie vient en soutien de la guerre, notre mangaka ambitionne vraiment une histoire totale dans cette vaste saga guerrière qui a pour but l’unification plus ou moins pacifiste de la Chine. En confrontant chacun de ses héros à la réalité, guerre totale pour Shin, diplomatie de haut vol pour Sei, il les fait grandir et affiner leur propre ambition. C’est ainsi que se construira leur destin !

Tome 46

Décidément en matière de guerres, batailles et autres, Hara est l’auteur le plus complet que je connaisse. Il nous prépare ici une guerre d’une terrible ampleur face à Zhao et j’en salive d’avance !

Pour autant, la lecture de ce tome n’est pas la meilleure que j’ai faite dans la série. Comme il y a énormément d’explications techniques et stratégiques, de surplace et de piétinements aussi pour tout préparer, cela manque de feu pour moi. J’ai pris plaisir à tout voir se mettre en place mais c’est dans le feu de l’action et la fougue de la bataille que je me sens quand même le mieux.

J’ai cependant apprécié l’esprit de roublardise de Shouheikun qui propose un plan de folie à Sei pour mettre en branle son grand projet d’unité de la Chine. C’était gonflé ! De la même façon, Shôbunkun ne mâche pas ses mots et ses efforts pour en faire de même sur le plan juridique. Qui est donc un pays plein de surprises ces derniers temps et d’une audace !

J’ai apprécié de voir l’auteur nous proposer encore quelque chose de totalement inédit. Après avoir suivi l’enrolement des nouvelles troupes de Shin, on se lance directement dans une nouvelle guerre d’ampleur où lui et ses camarades de la nouvelle génération vont être sous les ordres d’Ousen, Kanki et Yotanwa mais de façon assez libre car on compte sur leur fougue et leur grain de folie pour tout changer. C’est très prometteur.

Et justement on en reste un peu là dans ce tome. On nous fait miroiter la suite. On place des pions, on avance, on prépare, on place les premiers jalons mais ça n’explose pas encore. Après, c’est largement suffisant pour susciter l’intérêt et faire peu à peu monter la tension, notamment avec les espions et contre-espions de chaque camp et les surprises de l’ensemble des pays. Mais j’ai plus eu un tome de préparation que de passage à l’action et c’est dans ce dernier que je m’épanouie comme lectrice.

Préparatifs à la grande guerre contre Zhao et Riboku, ce tome est une vaste stratégie à lui tout seul. Il prépare la nouvelle génération et la nouvelle troupe de Shin dans un premier temps. Nous fait saliver avec un plan de folie et des généraux incroyables ensuite. Puis fait monter une énorme tension autour de Riboku et de Zhao dans les dernières pages. Si les promesses sont tenues, ce sera du lourd et Shin devra se montrer à la hauteur de sa nouvelle arme !

Tome 47

C’était annoncé, cela se confirme : nous sommes en proie à une guerre des esprits et bon sang que c’est jouissif de suivre ainsi deux grands stratèges tels que Riboku et Ousen.

Nous avions déjà assisté à des guerres où la stratégie était au premier plan mais ici au vu des enjeux engagés cela prend une toute autre ampleur et surtout cela ne touche pas juste une bataille mais un vaste plan de conquête tellement dantesque.

Je suis fan de la mise en avant d’Ousen qui avait été bien trop discret lors de l’arc de la porte de Kanyou. Ici, il donne libre court à son talent et c’est une excellente surprise. Avec son regard fou, il est d’une intelligence rare et nous pond de nouveaux plans à tout bout de champ, ce qui est jouissif à suivre. Ainsi dans ce tome avons-nous déjà l’attaque d’une ville par des troupes qu’on n’attendait pas, un renversement total de stratégie, une course en avant, une nouvelle prise de ville inattendue et un exode imprévisible. C’est excellent !

La surprise est donc partout mais en même temps nous avons un auteur qui prend soin de ses troupes et de ses guerriers. Il prend ainsi le temps de réellement bâtir la troupe de Shin avec ses nouvelles recrues, ainsi que de renforcer des liens déjà préétablis avec les gens de la montagne ou encore des tensions avec Kanki et sa façon tellement contraire à la sienne de faire la guerre. Tout est en pousse.

Il n’oublie pas non plus de nous offrir les moments épiques qu’on attend d’un tel titre. Ainsi quand Shin et Yotanwa partent à l’assaut d’une ville, ils ne font pas les choses à moitié et j’ai apprécié de voir nos nouveaux archers mis subtilement en avant. Puis quand Ousen part établir un nouveau plan, l’auteur nous l’offre sur un plateau avec son air mystique de stratège de génie. Enfin, quand les troupes repartent en avant, on sent le souffle de l’urgence et l’envie d’en découdre. Tout va vite mais le souffle est là.

Reste qu’on n’a pas eu de duel frontal avec Riboku. Nous nous contentons d’un affrontement de loin entre leurs deux intelligences : celle de Riboku et celle d’Ousen, mais sous le regard de leurs rivaux des autres royaumes, c’est fort savoureux, car ces derniers observent avant d’entrer en scène à leur tour. La guerre totale est proche.

Une guerre de stratégie qui enfle, qui engle. Des surprises qui montent, qui montent. Des personnages toujours aussi charismatiques rejoints par de nouveaux. Des bleusailles face à leur baptême guerrier. Un tome qui ne se lit pas mais se dévore, sauf qu’il vaut mieux avoir la suite sous la main pour ne pas mourir d’impatience et suivre les folles stratégies d’Ousen, ce général aussi fou que fascinant.

Tome 48

La guerre enfin belle et bien lancée avec ses batailles et autres mouvements, je m’attendais à en prendre plein les mirettes, mais l’auteur semble encore en garder sous le coude et offre plutôt quelque chose d’assez lisse pour le moment.

Sans parler de déjà vu parce que les stratégies d’Ousen sont originales, je dois avouer qu’il m’a manqué quelque chose quand les batailles se sont enfin engagées dans ce tome. Etrangement, au final, j’ai préféré tout le travail de préparation préalable où l’on suit les plans retorses de ce général pas comme les autres. C’était plus culotté et ingénieux que ce qui va suivre.

Ainsi, cela m’a beaucoup plu d’assister à une guerre qui joue à fond sur l’aspect psychologique. Le plan imaginé par Ousen pour faire craquer la cité de Gyou est très bien pensé. A défaut d’être impénétrable, l’ayant deviné, il claque quand on le voit se mettre en place. C’est un peu la même chose ensuite, on n’a pas réellement d’effet de surprise à chaque fois mais cela brille d’un certain éclat. C’est à nouveau le cas lorsque Mouten est mis en avant dans un duel totalement désiquilibré sur le papier mais réservant de belles surprises. C’est également le cas avec Ouhon dans les dernières pages dont l’égocentrisme va payer.

Cependant, le hic, c’est qu’à chaque fois, cela se devinait, ce qui enlevait quand même pas mal de son charisme aux événements. En plus, une certaine fougue, un feu intérieur a manqué avec ces deux rivaux de Shin. Ils ne sont pas encore à la hauteur de ce dernier et du peuple de la montagne par exemple et cela se sent. Il y a certes eu un léger vent de panique chez Mouten, et un beau courage dans la stratégie adoptée de chien et de la souris, mais ce n’est pas encore tout à fait ça. C’est encore plus flagrant chez Ouhon où on sent combien c’est inégal et encore juste une façade. Les deux, bien que présents depuis longtemps, manquent encore de corps dans tout ça.

Le lecteur avide de batailles et mouvements stratégique sera comblé dans ce tome où l’intelligence d’Ousen est à son comble et parfaitement exposé par l’auteur, qui réhausse cela de conflits internes à Zhao. Ce sont de grands classiques toujours efficaces. Mais le lecteur avide de plus, attend encore le moment de bravoure qui emportera tout.

Bonne première lancée dans la partie plus batailleuse de cette guerre d’ampleur opposant Qin à Zhao. On passe un bon moment grâce au plan tordu d’Ousen et aux premiers instants de bravoure de Mouten et Ouhon, mais on est aussi en droit d’en attendre plus au vu de ce que la série a su montrer autrefois.

Tome 49

Nous sommes décidément en plein coeur du nerf de la guerre, en pleine furie, en pleine mêlée, en pleine bataille et cela donne une sacrée dimension à l’histoire qu’on est en train de lire après avoir surtout suivi des petite guerre en représailles d’attaques extérieures. Là, c’est Qin qui attaque et donne tout ! On n’est plus en défense.

Yasuhisa Hara a choisi de donner une autre dimension à sa série et cela se ressent dès les couvertures où les batailles, avec de véritables marées humaines, font rage ! Depuis le début, chaque personne importante autour de Shin a eu droit à SON moment pour briller et nous faire réaliser son importance. C’est au tour de Mouten, dans ce tome, lui qui brille par son excentricité et sa nonchalence depuis le début, il va devoir endosser un sacré costume !

J’aime beaucoup la façon dont depuis quelques tomes l’auteur construit le futur de sa série en faisant monter et monter la nouvelle génération. Après quelques brèves pages sur le courageux Ouhon à la lance d’acier, c’est Mouten qui aura droit à son quart d’heure de gloire bien mérité. Resté un peu dans l’ombre du personnage qu’il est créé depuis le début, on ne l’avais pas vraiment vu briller sur les champs de bataille. Il est l’heure !

Le mangaka nous concocte ici un premier jour de bataille face aux troupes de Riboku juste dantesque. Il y en a sur tous les fronts, tous les lieux et c’est Ousen qui chapeaute ça de loin en mode éminence grise, un peu comme ces rois lointain d’autrefois, dirigeant les fronts depuis l’arrière. Il peut avoir pour ça confiance en ces trois mousquetaires : Yotanwa qui se retrouve confronté à des hommes aussi sauvages que les siens (effrayant !) ; Ouhon qui trouve un adversaire à la hauteur de sa lance ; Shin toujours tout feu tout flamme, vrai électron libre ; et Mouten qui va se retrouver malgré lui à devoir gérer une bataille qui le dépasse. Chacun va être face à un sacré défi.

J’ai aimé les voir chacun gravir leur propre montagne au cours de cette guerre. J’ai aimé la surprise bestiale réservée à Yotanwa. J’ai apprécié, mais peut-être de manière plus blasée, les péripéties d’Ouhon, qui manque encore de carrure et dont le personnage est inachevé, je trouve. Mais clairement, c’est du côté de Mouten que tout se passe. L’auteur nous surprend avec un geste inattendu de l’armée ennemie qui vient complètement changer la donne et pousse notre jeune génération dans ses derniers retranchements si elle ne veut pas que tout se casse la figure. C’était épique.

L’auteur nous fait vraiment vivre cela comme si on était au coeur de la mêlée. C’est hyper immersif. On voit le danger venir de partout. On a du mal à voir ce qui se joue tant on est immergée dans l’action et que celle-ci a une ampleur dingue. J’ai adoré être comme ça, limite caméra à l’épaule, à vivre aussi intensément ces moments dramatiques comme si j’y étais. Nos jeunes héros sont en proie à de terribles décisions et l’auteur nous en fait parfaitement sentir le poids et l’importance crutiale à ce stade. Il montre combien dans des guerres de cette ampleur, on peut semblé perdu, noyé sous la tâche, mais comment chaque participe à la victoire ou défaite finale. C’est excellent !

Nouveau tome brillant nous plongeant au coeur de l’action et ici au coeur des batailles, ce nouveau tome de Kingdom est terriblement immersif et permet de vivre une grande bataille sur de multiples fronts comme si on y était. Avec une stratégie un peu en retrait, on se retrouve plutôt au coeur d’une mêlée indigeste où il faut savoir tirer des lignes de force pour s’en sortir. Chapeau à la nouvelle génération pour ça !

Tome 50

Tome jumeau du précédent, Hara nous plogne vraiment en plein coeur de son conflit sur des terrains d’opération presque étouffant tant la violence et la percussion des coups nous coupe le souffle. Que c’est bon !

Après un tome mettant à l’honneur Mouten qui gagne ainsi ses galons, ce qu’il méritait amplement au vu de ce qu’il avait accompli, il fallait une réponse de ses jeunes rivaux. Nous allons donc assister à la réponse du berger à la bergère avec les entrées percutantes d’Ouhon et Shin dans cette nouvelle bataille d’ampleur.

Mais avant d’en arriver là, tout au long de cette lecture, Hara nous fait faire de temps en temps un petit tour d’horizon de ce que chacun accomplit ou subit. Certains sont au coeur d’explois, tandis que d’autres subissent des revers, mais chacun souffre et l’auteur rend très bien cela. Il écrit en effet la guerre comme si nous y étions. Nous sommes plongés au plus près de celle-ci, en son coeur, au milieu des trouffions qui combattent et donnent tout. Cette vision à hauteur d’homme me plaît énormément. C’est terriblement immersif et surtout très humain. On se rend mieux compte de l’ampleur et de l’impact de tel moment sur ceux y ayant participé et on enjolive moins ceux-ci même si la bravoure reste l’un des éléments clés !

Ainsi Ouhon et Shin vont redresser la tête et se lancer enfin dans la mêlée, montrant eux aussi les prouesses qu’ils sont capables d’accomplir. Si pendant ce temps-là on laisse un peu Heki et Yotanwa en retrait face à leurs difficultés, ces deux jeunes commandants eux affrontent les leurs de face. J’ai aimé, même si ça m’a surprise et déstabilisée, qu’on nous montre un Ouhon plus proactif, plus instinctif, plus humain aussi. Mais c’est clairement Shin qui va vite tirer la couverture à lui une fois de plus, grâce à un mangaka qui souhaite le faire briller.

A la surprise de tous, nous allons nous retrouver avec une situation inédite : Shin en position de stratège dans une bataille en forme de duel entre lui et un général adverse qui fonctionne à l’instinct comme lui. C’est surprenant et inattendu de voir Shin ainsi, lui qui a toujours été présenté un peu comme le gros bras sans cervelle que seul l’instinct et le courage guide. Ça fait du bien du coup de nous le montrer sous un autre jour pour rendre possible le rêve de le voir Général. Enfin son instinct est utile en bataille et pas juste son courage et ses décisions à l’emporte pièce. Alors c’est encore un bébé stratège, on le sent très mal à l’aise dans le rôle, mais la transition et finement menée par l’auteur pour le faire évoluer vers quelque chose de plus. Un savant mélange de fougue, d’instinct et d’enseignements passés auprès des grands hommes qu’il a cotoyés, offre un tableau enthousiasmant.

Nouveau tome plongeant le lecteur comme s’il y était dans cette bataille d’ampleur titanesque qui se joue, je n’ai pas boudé mon plaisir à suivre les différents fronts, les différents acteurs dans leurs coups d’éclat mais aussi dans leurs galères. C’est hyper immersif et impact. On ressent l’étouffement mais aussi le feu de la bataille. Et cerise sur le gâteau, on nous réserve une belle surprise avec Shin. Que je regrette de ne pas avoir la suite sous la main pour enchaîner !

Tome 51

Quelle reprise ! Je reviens quelques semaines après avoir laissé Shin, Ouhon, Heiki et Yotanwa aux prises avec les multiples assauts de la guerre totale contre Zhao et je suis à nouveau soufflée par l’échiquier mis en place par Yasuhisa Hara.

Quelle densité dans ce tome ! L’auteur fait le tour des différents champs de bataille et nous plonge en plein coeur de leurs dilemmes, des dilemmes souvent bien terre à terre mais cruciaux ! On enchaîne ainsi batailles et coups de stratégie géniaux dans le feu de l’action et préoccupations majeures concernant l’organisation et le ravitaillement nous faisant réaliser les contigences réelles de ce type d’action qui ne se limite pas aux coups d’éclat qu’on est habitués à voir. Ça remet les pieds sur terre.

J’ai autant adoré la première et la dernière parties très guerrières que celle plus réflexives au début. A chaque fois, j’étais prise au coeur de l’action et pleine d’incertitude même si dans un coin de ma tête je me dis que forcément ça ne peut que bien tourner au final pour nos héros. Mais en attendant les turpitudes sont là et parfaitement décrite pour l’auteur. On suit avec une passion fébrile les affrontements de Shin and Co où les trouvailles géniales de dernières minutes sur le terrain sont de plus en plus nombreuses. Ses fulgurances frappent et marquent, et la mise en scène d’Hara accentue cela avec des coups de génie chez lui aussi comme ce panorama sur un champ de bataille rempli de sang avec juste Kyoukai qui surnage. Magique !

Les individualités aussi bien que le collectif brillent ici. Notre nouvelle génération se fait remarquer mais les anciens sont toujours là. Après Mouten et Ouhon, ce sont donc au tour de Shin et Kyoukai. Mais sur un autre terrain Heki, avec l’aide de Yotanwa et ses troupes, ravivent le feu en nous. Shin est face à une force brute. Heki face à l’horreur de la faim. Chacun est au pied du mur et c’est parfaitement décri. On ressent leur soif d’en découdre. On ressent aussi la faim qui les ronge et la peur face à l’encerclement qu’ils subissent face à des hommes terrifiants en face. Mais ce qu’il y a de chouette, pour nous lecteurs, c’est que dans cette adversité des hommes et des femmes se lèvent toujours pour redresser la situation. Ici, ce sont Heki et Yotanwa d’un côté, Shin et Ouhon de l’autre, mais en face ça ne se laisse pas faire et les mêlés sont rudes de bout en bout. Dur dur d’imaginer une victoire au milieu de tout ça !

La guerre, la guerre comme si on y était. Kingdom a souvent mis en avant des individualités, des coups d’éclat. Cette fois, c’est le pouvoir de résister dans l’adversité alors que le surnombre et la faim tenaille que l’auteur célèbre. Alliant héros de premier plan et seconds couteaux face à des adversaires inédits, il continue de nous passionner et nous tenir en haleine, parvenant même à glisser de mignonnes séquences émotions entre Shin et Kyoukai, alors que le sang et le marasme coule à flot. Kingdom c’est vraiment LA série pour mettre en scène la guerre, la grande !

Tome 52

Baroud d’honneur ? C’est sur ce schéma que le mangaka nous offre encore un tome des plus surprenant et surtout des plus tendus depuis le début de la série, un tome à lire sous apnée !

Pourquoi une telle tension ? Parce que comme le promettait la couverture, le terrain de bataille d’Heki et Yotanwa déjà bien tendu se tend encore, tandis que celui de Shin et Ouhon trouve des complications leur permettant à nouveau de briller de mille feu, une dynamique qui fonctionne décidément très bien et permet au lecteur de prendre son pied des deux côtés pour des raisons différentes.

J’ai autant aimé le champ de bataille de nos jeunôts que celui de Yotanwa mais il faut avouer que ce dernier avait quand même un panache tout particulier qui a fait un peu défaut à Shin et Ouhon pour qui on répète le même schéma. A nouveau ils se retrouvent comme dernière solution, dernier rempart, sauveur inattendu, vainqueur surprise d’un grand nom, on a déjà vu ça plein de fois dans la série, surtout pour Shin. Je ne peux pas dire que je m’en lasse mais parfois l’émotion est moindre.

A l’inverse, du côté de Yotanwa, je suis habituée à la voir toujours survoler les batailles et la voir confrontée à un stratège qui parvient à déjouer ses plans et prévoir à l’avance ce qu’elle compte faire, la mettant ainsi en grand danger, cela a quelque chose de jouissif. En plus, le mangaka orchestre parfaitement cela dirigeant d’abord l’attention vers Heki et ses troupes, où on retrouve les frère et soeur Katari et Kitari qui vivent un moment d’une rare émotion. Face à eux, la barbarie et la puissance du groupe qu’ils affrontent est terrible et fait ressugir le pire en nous. Alors forcément quand Yotanwa et ses troupes interviennent, ils font figures de héros vengereurs mais rien ne se passe comme prévu et la tension se crée. J’ai eu l’impression pendant tous ces derniers chapitres d’être un détendeur qu’on viendrait sans cesse tourner et tourner pour faire monter la pression. Terrible ! J’en suis donc ressortie lessivée mais avec le sentiment d’avoir assisté à quelque chose de grand et jouissif mettant terriblement bien en avant la relation entre la Reine et ses hommes, notamment Bajio. ❤

Meilleur tome jusqu’à présent sur le peuple des montagnes, Yasuhisa Hara y défonce encore tout, proposant de nouveaux instants de génie où l’horreur de la guerre permet d’assiter à la métamorphose de certains. Parfois prévisible, parfois plus surprenant, le mangaka nous offre sur un plateau encore de très grands moments où le génie se le partage au sacrifice. Longue vie au peuple des montagnes !

Tome 53

Ronger son frein, c’est la belle leçon que nous enseigne ce nouveau tome de l’épique lutte contre Zhao sur les fronts des Peuples de la montagne et de Shin x Ouhon, chacun en proie à des difficultés qu’on croit insurmontable.

C’est la première fois dans la série qu’une bataille, un affrontement prend autant de tomes. Nous sommes vraiment dans le noeud de la guerre annoncée depuis le début. C’est aussi la première fois que je sens autant nos personnages livrés à eux-mêmes, pour le meilleur et pour le pire. Cela offre à la fois une souplesse propice à tous les exploits mais aussi une pression énorme face à cette espèce d’abandon.

Heureusement Yasuhisa Hara nous rassure d’entrée de jeu avec la conclusion épique de la bataille de Yotanwa qui fait partie de celles qui m’auront faite le plus trembler dans l’ensemble de la série, tant ce fut âpre et rude comme combat du début à la fin, avec une réelle crainte de la perte brutale d’un personnage phare de la série. Le mangaka a très bien su se jouer des particularités de cette cheffe de guerre pour mettre en scène la rudesse mais aussi la fidélité et l’engouement des peuples qui la suivent. C’était étouffant, effrayant et fantastique, avec un double retournement final assez spectaculaire démontrant le génie de cette cheffe hors du commun, prête à tous les sacrifices, même le sien, pour la survie et victoire de son peuple. Incroyable !

Puis par la suite, il nous ramène aux considérations plus basiques de cette guerre : son enlisement, le manque de vivre, la lassitude, l’attente et surtout le manque de directive. Comme les personnages, on se retrouve à ronger notre frein, à se demander ce qu’il va bien pouvoir se passer, quand est-ce que leur chef va passer à l’action et donner des ordres, que faire en attendant. C’est difficile, on ne sait que faire, on ronge notre frein. Des secrets ressortent alors, permettant de mieux comprendre un certain personnage, même si ça sort un peu beaucoup de nulle part et ressemble à de l’info dumping juste pour lui donner un background plus consistant, mais on accepte un peu faute de mieux, car on n’a hâte que d’une chose de les voir passer en action et surtout d’entendre enfin les ordres de ce grand stratège. Alors en attendant, on est plus que ravie de voir la jeune génération prendre les devants et trouver les mots pour avancer.

Tome de tous les contrastes, il m’aura séduite et tenue en haleine jusqu’au bout avec le débouché de la bataille tellement rude de Yotanwa et Heki, célébrant enfin ces personnages qui le mérite. Mais en même temps, il m’aura énormément fait ronger mon frein, avec un autre front en roue libre, qui avance de manière classique, sans ce trait de génie qui envoie tout bouler et transporte. L’attente est rude, comme sur le champ de bataille, en attendant la révélation de certains personnages qui, assurément, métamorphoseront encore l’histoire.

Tome 54

Je parlais de ronger son frein dans le tome précédent, c’est encore plus le cas avec le flux et reflux que nous vivons aux côtés de Shin et Ouhon dans ce tome qui nous plonge littéralement dans la vie de leurs troupes.

J’ai déjà vécu des guerres et batailles immersives mais celles-ci se posent parmi celles où j’ai le plus eu la sensation de saigner et transpirer aux côtés des soldats, coincée moi aussi dans la mêlée. Hara fait vraiment vivre cette longue bataille d’endurance comme si on y était, confusion et peur comprise. C’est du coup tellement prenant et ce même quand on se retrouve dans un tome de transition comme celui-ci où l’auteur place ses pions, faisant sombrer les soldats avant de les galvaniser mais toujours en gardant la pression sous contrôle.

Ce contrôle on le perçoit dans les menées des troupes. On suit de loin, comme Ousen, ce qui se passe entre Shin Ouhon et leurs adversaires grâce à un double niveau de narration dans et hors de la mêlée. Dans la mêlée on souffre avec eux. Hors, on cherche des failles pour les quelques jours qui restent et c’est là que la tension monte mais sans jamais éclater. Pourtant, il y aurait des raisons et c’est savamment planifié par l’auteur. Il met l’un de ses gradés en danger au cours d’une passe d’arme et d’une prise en chasse toute en pression orchestrée par l’élite de l’armée adversaire. Ce sont des pages glaçantes et terrifiantes où on ressent vraiment ce danger qui guête le héros et ses proches comme si on y était.

Mais tout est sous contrôle et on assite avec jubilation au plan réussi d’Ousen, manipulant ces jeunes pousses que sont Ouhon et Shin. On se passionne pour le devenir de chacun, pour leurs décisions, pour leurs rapports à leurs troupes et pour le devenir de celles-ci. Quelque chose naît entre eux et nous. Cette guerre est en train de les transcender et on y assite en direct, ressortant de tout ce sang et cette fange, de toutes ces privations, de la peur et de la faim. Alors oui, il ne se passe pas grand-chose au final dans ce tome, on patauge et cherche avec eux. Ça ne brille pas mais bon sang que ça prend aux tripes !

Tome de transition plongeant en plein coeur du quotidien d’une troupe en pleine guerre dans un champ de bataille confus et sanglant où la menace vient de partout, celui-ci fascine par sa maîtrise du maintien de la tension sous contrôle avant l’explosion de celle-ci. L’auteur nous offre des moments brillants avec ces chefs et leurs troupes, Ouhon version dramatique, Shin version espoir. Je n’ai aucune envie de décrocher !

Tome 55

J’aime l’ambiance guerrière de la série et son contact au plus près des fantassins et autres guerriers, mais j’avoue que ça fait quand même deux tomes que je ronge mon frein en attendant qu’il se passe quelque chose d’important et je commence à me lasser.

Ce tome est presque le jumeau du précédent, avec Shin qui continue à tenir sa ligne et qu’on suit au plus près. L’auteur fait monter et monter la tension ou plutôt maintien celle-ci en attendant qu’elle explose, mais en attendant rien de réellement surprenant se passe. Tout ce à quoi on assiste relève de procédés narratifs déjà largement usés dans la série, faisant perdre un peu de leurs impacts à ces moments qui auraient dû être forts.

On est plongé dans la guerre. On est plongé dans la mêlé. On avance quasiment à l’aveugle nous aussi, dans ce climat de sang qui colle à la peau et de faim qui tiraille l’estomac. Les hommes et femmes de Qin luttent vaille que vaille et c’est ce courage à tout épreuve que salue ce tome qui, au final, fait plus briller les petites gens que les officiers dont on a vu et revu les exploits. Ceux qu’on gardera en mémoire, c’est l’officier de Shin : Sousha, qui est allé périr en sauvant un petit nouveau qu’il jugeait prometteur ; ou le proche de Mouten, qui lors d’un coup surprise de l’ennemi, va se sacrifier pour le futur de celui qu’il suit avec amour depuis sa naissance. Ce sont deux quasi anonyme dans l’ensemble de cette histoire, mais ce sont eux qu’on retient ici pour leur bravoure.

Le reste du tome est fait d’échange de coups d’épée désespérés. De moments où on attend plus rien où on continue. Et bien sûr de coups du sort lancés par un Shin inépuisable et une Kyoukai qui l’entraîne dans son sillon. Sauf qu’on a déjà vu et revu cela, donc ça nous semble presque normal. Ainsi, je me suis peu à peu désintéressée d’eux et j’ai passé mon temps à patienter qu’il se passe quelque chose de plus important pour faire pencher cette balance qui est depuis bien trop longtemps à l’équilibre. J’ai besoin qu’on nous secoue, qu’on nous réveille.

Enième tome de pause où on attend que la situation évolue significativement, l’auteur continue de nous prendre aux tripes mais il ressort un peu trop les mêmes schémas pour cela. Heureusement que quelques émouvants seconds couteaux viennent nous apporter le petit truc qu’il manque : l’émotion du sacrifice juste, car pour le reste ça fait trop longtemps qu’on attend maintenant. On a besoin de bouleversement !

Tome 56

Que cette bataille n’en finit pas ! A chaque fois qu’on a l’impression de se rapprocher un peu de la fin, un nouveau bataillon, une nouvelle aile, un nouveau plan est découvert et alors qu’on pourrait ressentir de la lassitude, notre enthousiasme repart en fait de plus belle !

Tel un chef d’orchestre, l’auteur, dont le pendant littéraire est Ousen dans cette guerre, tire admirablement les ficelles, plaçant finement ses pions, déplaçant également sa caméra d’un champ à l’autre, en délaissant certains pour mieux y revenir, et bâtissant sans cesse une symphonie guerrière de plus en plus puissante et stressante à l’ampleur inégalée.

On adhère ou pas à ce schéma qui se fait quand même un peu répétitif, faisant perdre parfois l’intensité qu’on devrait ressentir face à certaines pertes. C’est le cas ici avec la mort d’un certain antagoniste dont c’est plus la posture et la vue en hauteur de ce qui se passe qui frappe, que le côté épique de sa mort mise en scène par Hara, qui tombe un peu à plat, je trouve. De la même façon, on s’attend tellement à ce que Shin et Ouhon se transcendent qu’il n’y a plus de surprise quand ça a lieu. C’est bon, on sait, on connaît. Et je ne parle pas de l’arrivée providentielle, enfin pas pour Qin, d’Houken qui fait quand même très cheveu sur la soupe, en mode : « c’est magique, tais-toi ! ». L’auteur manque un peu de finesse sur ce tome.

En attendant, nous voici face à un tome où chaque camp passe à l’action sous l’impulsion de leurs généraux qui se dévoilent enfin et se font face. Alors ça fait très prophétique tout ça, très posé aussi, très rencontre entre deux génies qui se toisent et croient tout connaître mais ça en impose et nous aussi on a envie de voir ce qu’ils ont en tête, ce qu’ils mijotent, jusqu’où ils ont vu / prévu, et bien sûr qui va l’emporter. La tension est à son comble lors de la préparation de leur rencontre savamment orchestrée puis lors de ces brefs instants, et ça repart ensuite aussi sec, grâce à l’excellente maîtrise du tempo de Hara, qui balaye les champs de bataille à tour de rôle pour embraser tout ça. Chacun ainsi fait sa part, que ce soit Ousen et Riboku, ou ceux sous leurs ordres. On notera de nouvelles figures avec Gyou et Shiryô qui sont un mélange saisissant de Tou et Karin avec un grain de folie en plus !

Enfin, on sent qu’on commence à se sortir de cette longue bataille avec ce nouveau tome très tense qui continue de nous plonger en plein coeur des affrontements. Le plaisir pris à voir les généraux se rencontrer embrase l’histoire et relance les combats tout azimut. Enfin des morts significatives ont lieu, enfin des avancées crutiales aussi. Hara nous enflamme vraiment et ne nous donne qu’une hâte, voir enfin le dénouement de ce moment charnière pour Qin et Zhao dont les hommes ont des visions si différentes sur la destinée de la Chine.

Tome 57

Allez l’auteur nous demande un dernier effort, un dernier effort pour voir qui tombera en premier entre Riboku et Ousen ! Et alors qu’on pensait avoir compris la dynamique de ce tome, une surprise (pas si surprenante pour les petits malins qui ont suivi) vient dynamiter tout cela dans les dernières pages. Encore à couper le souffle !

C’est à un vrai duel de volonté auquel nous assistons dans la première moitié du tome. Aussi bien Ousen que Riboku se retrouvent pris en tenaille et chacun résiste vaille que vaille alors que sa vie est en danger. L’auteur nous plonge encore une fois en plein coeur de le bataille, au ras du sol, avec les troupes de chaque côté. Le résultat totalement incertain fait monter la pression comme jamais et les petites phrases sybilines dont il nous gâte n’arrangent rien. C’est tendu, tendu. Un vrai bonheur je l’avoue car c’est aussi pour ça qu’on lit Kingdom, pour sentir cette fougue, cette passion mais également cette peur.

J’ai encore une fois été soufflée par les capacités d’orchestration des maneouvres militaires de l’auteur qui jamais n’oublie personne. Cela peut faire des tomes et des tomes qu’on n’a pas vu certaines troupes, lui, il y pense encore et les fait arriver à point nommer. Sensationnel ! Ainsi nos jeunes pousses brillent-elles encore dans ce duel qui n’en finit pas où nos grands généraux sont menacés au plus près par des troupes d’élites et leurs interventions sont cruciale. Brillant encore plus des mille feux de la guerre sous le pinceau d’Hara.

Mais c’est somme toute assez classique malgré tout quand on connaît le mangaka et malgré le feu de la bataille il manquait encore quelque chose, ce qui était étrange. Ce manque a été comblé, plutôt brutalement, dans les dernières pages. Alors que dans chaque camp, nos héros étaient déjà bien en danger malgré des progressions diverses, THE antagoniste est apparu, celui que l’auteur sort toujours de son chapeau au bon moment. Je vais être honnête, j’ai pesté d’abord devant ce tour de passe passe bien pratique et très deus ex machina, mais vu tout ce qu’il apporte ensuite émotionnellement, je remercie quand même l’auteur.

Car avec l’arrivée de CE fameux personnage, les pages prennent alors une autre dimension. On en vient presque à oublier la guerre qui a lieu entre Ousen et Riboku pour se concentrer sur les duels que provoque ce personnage et c’est dantesque. Kyoukai entre la première dans la danse et nous offre une représentation à couper le souffle, où la brutalité des coups qu’elle reçoit et le courage qu’elle met dans sa réponse, engageant totalement sa vie, sont incroyables. J’ai tremblé pour elle derrière les pages de mon livre. Puis, l’arrivée prévisible de Shin qui prend la relève est magistrale elle aussi, totalement WTF quand on connaît sa condition physique mais dans du pur nekketsu à la japonaise avec ce dépassement de soi qui permet de tout transcender !

Je me serais bien passée en revanche de tout le blabla métaphysique abscon dont on nous a affublé. Je pense qu’Hara gagnerait à assécher tout cela et à aller à l’essentiel. Pas besoin de blabla, leurs échanges et coups parlent d’eux-même grâce à son dessin toujours aussi brûlant et sa mise en scène percutante.

Tome que je voyais comme celui des derniers efforts avant la désignation du vainqueur, il se révèle en fait comme une lourde surprise, produisant des pages d’une rare intensité, malgré les facilités de l’auteur, qui pour réveiller le lecteur après cette guerre ronronnante, lui offre LES duels qu’il attendait et qui auront une incidence majeur sur la vision de cet instant. Impossible de lâcher, j’enchaîne avec le suivant !

Tome 58

Que voilà un tome qui tient merveilleusement bien les promesses de sa couverture ! Avec flamboyance, Hara nous sert sur un plateau l’un si ce n’est le duel le plus maquant de la série.

Il faut accepter que nous sommes dans un manga plein de nekketsu, cette force qui pousse les jeunes hommes et femmes à aller au-delà d’eux-même dans les combats qu’ils mènent, sans cela on ne peut apprécier pleinement la lecture de ce tome et on trouvera ses ressorts grossiers et rocambolesques. Mais si on accepte, on sera pris par le feu des destins en train de se jouer et cela fonctionnera à 200% !

Pour ma part, ayant baigné dans le nekketsu depuis toujours, cela n’a pu que fonctionner avec moi. Comme un SanGoku se battant contre Freezer et se relevant sans cesse avant d’obtenir les pouvoirs du Super Saiyan, je me suis retrouvé face à un Shin qui assène ses vérités sur le monde à Houken le busshin, tout en se relevant après chaque coup. C’est littéralement David vs Goliath ici, jusque dans la mise en scène, mais c’est justement ce qui donne toute la force à ce moment. On a d’un côté le frêle et blessé Shin face à l’immense, barraqué et expérimenté Houken, dont la foi semble inébranlable et qui semble l’avoir métamorphosé en créature dépassant le stade de l’humanité. Pourtant l’auteur nous ramène sur terre avec brio.

J’ai été soufflée par la puissance de sa mise en scène. C’était à couper le souffle de voir ce héros se relever sans cesse malgré la violence et le déséquilibre des forces. C’était brûlant de le voir asséner à son tour des coups bien pensés et bien placés, déstabilisant son adversaire et le faisant trembler dans ses fondements. Là où je trouvais le discours méta assez abscon dans le précédent tome, il prend totalement sens ici, opposant l’égoïste et l’individualité de Houken, face au sens de la camaraderie et à l’amour de Shin. Ce sont de beaux messages qui trouveront un sacré dénouement jusqu’à la façon pour Shin de se sortir de tout cela. L’auteur avait tout bien pensé.

Après cette montée en puissance où le souffle en vient à nous être coupé. Nous le retrouvons avec d’autant plus de force qu’un drame terrible nous tombe dessus et encore une fois l’auteur joue avec nos émotions dans cet arc. Après m’avoir fait trembler pour le destin de Yotanwa dans l’embuscade dans la forêt, pour Kyoukai lors de son duel au sommet avec Houken, c’est au tour de Shin profondément marqué par le duel venant de se jouer. A nouveau, l’auteur tombe certe un peu dans la facilité avec une réponse magique que je trouve très très tirée par les cheveux et facile, mais l’émotion est là car entre Shin et la personne ne sauvant quelque chose s’est nouée depuis le début qui se concrétise ici et montre des liens indéfectibles très puissants. Emotion garantie.

L’auteur aurait pu s’arrêter là, on avait quand même eu une sacrée dose d’émotion et il avait bien montré la figure centrale qu’est Shin dans l’histoire, tout ce qu’il a construit et bati avec ses amis, ses rencontres et son unité, mais non il ne s’arrête pas en si bon chemin. J’ai été surprise de retrouver une certaine forme de calme en allant retrouver le nouveau champ de bataille qu’est la ville de Gyou où nous attend Kanki et son siège. Donc pas de temps mort, à peine une bataille (de 15 jours quand même !) finie, qu’on repart à l’aventure de l’autre côté. Mais ô génie, ce n’est pas tant pour montrer ce lieu ou Kanki que pour revenir au problème majeur de cette campagne qu’on avait un peu occulté : le rationnement. Hâte de voir ce que ce retour très terre à terre à la réalité va donner, même si c’est bien moins flamboyant que les moments qu’on vient de vivre.

Tome hyper attendu depuis que j’avais vu la couverture, il aura pleinement tenu ses promesses sur LE moment mis en scène promis. Certes l’auteur en fait des caisses comme dans tout bon shonen nekketsu, certes les facilités et tours de chapeau pleuvent, mais l’intensité et l’émotion sont là. Cette confrontation de deux façons de voir la vie, miroir du conflit opposant deux pays aux visions différentes de la gourvernance, fut l’une des meilleures que j’ai pu lire après celle du tome précédent avec Kyoukai. Intensité, don ultime de soi, amitié, tout était là !

Tome 59

Après trois tomes au sommet et encore plus immergés jusqu’au coup dans le sang de la bataille, l’auteur nous fait la surprise de poser, temporiser et repartir sur une intrigue plus politique. Une dynamique déjà connue chez lui mais qui fonctionne toujours aussi bien !

J’avoue avoir d’abord été surprise car le tome démarrait sur une suite de bataille des plus cruelles avec la sempiternelle question du ravitaillement dans cette guerre sans fin. Et avoir la prise de la ville clé de Gyou, je m’attendais au moins à un sujet ou une confrontation avec Riboku. C’est là qu’intervient tout le talent de l’auteur, celui de ne pas toujours nous servir ce qu’on attend, que ce soit pour la solution posée au ravitaillement – Quel joli tour de passe passe rusé ! – ou le revirement côté Zhao qui bouleverse tout le jeu posé jusqu’à présent !

Ainsi après la bataille sur les champs et face aux armées, place donc aux batailles dans les palais. Tandis que c’est l’heure des récompenses et du repos chez Qin, c’est plus douloureux et agité chez Zhao. J’ai aimé suivre ce temps de repos, même si le fait de quitter aussi brutalement la tension des terrains armés ne s’est pas fait sans mal. Mais voir la concrétisation du rêve de nos amis, leur ascension, leur joie également après la bataille, ça ne se mesure pas. L’auteur en plus joue à merveille avec nous, rythmant ce moment entre humour et émotion, pitreries et moments sérieux. Du changement s’annonce cependant et on entre dans une nouvelle phase que j’ai hâte de découvrir.

Il faut toutefois que c’est Zhao qui va assurer le spectacle dans la seconde moitié du volume. En reprenant ce qu’il nous a fait vivre à Qin lors de la lutte fratricide pour le trône mais en comprimant les événements en quelques chapitres, l’auteur envoie du lourd. Arrestation arbitraire, monarque tyranique fou, assassinat, retour de l’espoir, coup d’état et fuite de l’héritier le plus légitime, division du royaume, tout y est pour nous faire vibrer et nous retourner le cerveau. On s’enflamme avec les partisants de Riboku au coeur de tous ces mouvements, tour à tour victimes, acteurs et rebelles. Zhao va mal mais que c’est bon pour nous raconter les soubresauts de l’histoire de chacun des royaumes et pas seulement leurs affrontements.

On passe donc en l’espace d’un tome d’une guerre totale où la victoire et parasitée par la faim qui ronge les troupes, à une colonisation actée, de nouveaux généraux nommés et surtout une guerre remise au second plan face aux agitations politiques et dynastiques du pays voisin. Quel scénariste brillant ce Yasuhisa Hara pour arriver à faire rentrer tout cela en un petit tome !

Tome 60

Une nouvelle dizaine s’ouvre dans la saga Kingdom et une nouvelle guerre débute. Hara est assez incroyable dans sa capacité à renouveler sans cesse les terrains d’action dans cette série fleuve !

Il est aussi assez incroyable dans sa capacité à invoquer des personnages déjà croisés précédemment pour les réutiliser des années plus tard et leur donner une nouvelle envergure. Ainsi à chaque croisement de personnages, je ne peux m’empêcher de noter les nouvelles têtes, toutes plus folles et charismatiques que les autres, afin d’imaginer leur rôle futur.

Cependant cette guerre qui démarre, le fait de manière assez classique et ce tome, bien que riche, ne brille pas du même éclat que les précédents. Nous sommes sur quelque chose de plus conventionnel et déjà vu dans la série, sans le petit truc en plus pour nous embraser pour le moment. Il y a bien des manoeuvres politiques à gogo, avec notamment un nouvel allié surprenant pour Qin dans son duel avec les pays voisins, mais c’est un peu fade par rapport à l’envol connu dans les tomes précédents.

Cela se sent d’ailleurs avec le choix des personnages mis en avant, quasi que des seconds couteaux malgré tout. Ce sont Tou et Moubu, avec Mouki comme stratège qui affrontent les troupes de Chu avec des petits nouveaux à leur tête, vite rejoint par Go Houmei pour Wei. Le tome se contente surtout de mettre en scène les arrivées des uns et des autres et les premiers mouvements de troupes, choses assez classiques où on se perd vite ici avec la multitude des troupes en jeu et le peu de visages connus. Ce n’est pas désagréable mais c’est vu et revu, et sans énergie forte pour nous emporter. A la limite, je pense que j’ai plus vibré lors des premières pages que cloturent le drame se jouant à Zhao avec un Riboku voyant son chateau de cartes s’effondrer.

Hara nous offre ici un tome d’attente, un tome où on ronge notre frein avant d’aller retrouver Shin et consort sur le champ de bataille. Il tente de faire passer la pilule avec un nouveau champ de bataille où féraillent Tou et Moubu mais on sent que le feu n’y est pas malgré l’alliance d’ampleur qui est passée. Alors attention, ça reste une très bonne lecture, car la guerre à la sauce Kingdom c’est toujours prenant à lire, mais l’auteur ne parvient pas à nous emporter et se contente de réciter ses classiques.

Tome 61

Avec le talent qu’on lui connaît Hara se plaît encore une fois à faire tourner son récit sur la roue des destinées dans un tome à la fois énergique et déchirant.

La lecture démarre assez classiquement ici, en mettant le lecteur face à un nouvel affrontement de Qin pour étendre son territoire et réaliser le grand rêve de son monarque. Merci aux éditeurs de nous fournir cartes et résumés pour nous aider à suivre et à nous repérer dans tout cela, car au bout de 61 tomes, dur dur de suivre. Mais grâce à cela, on plonge ensuite dans la mêlée avec toutes les cartes en main et on se régale de l’affrontement brutal de Moubu d’un côté et plus fin de Tou de de l’autre. Deux hommes qu’on a aimé voir grandir et atteindre de tel sommet.

Une nouvelle ville est ainsi prise, l’occasion de rencontrer de nouvelles figures et de découvrir leur destinée tragique comme aime en présenter l’auteur afin de leur donner l’envergure qu’on attend d’eux. C’est une trahison, de leur monarque et de leur peuple, qui a transformé ces hommes plein d’idéaux et c’est déchirant. Mais pour Qin, pas de sentimentalisme dans le plan mis en branle, et on prend plaisir à voir leur nouvelle alliance avec Wei aussi efficace. Le duo Tou-Gou Houmei étant des plus surprenants. Hara nous montre encore une autre façon de faire la guerre et une autre facette de celle-ci avec les alliances contre nature entre deux anciens ennemis et le besoin de faire des concessions pour avancer.

Cette implacabilité, nous la retrouvons ensuite dans la seconde partie assez inattendue de ce tome. Toujours dans les mouvements de troupes de Qin dans leur guerre colonisatrice, Shin est à la traine par rapport à ces deux amis promus généraux en même temps que lui. Pourquoi ? Parce que contrairement à eux, il n’a pas comblé les lourdes pertes vécus dernièrement face à Zhao et il n’a pas recruté de figure de proue. A la place, il se traîne des soldats au mental fort mais qui manque de chef pour les diriger, situation notamment portée par une Kyoukai qui ne se remet pas encore du sacrifice accompli pour sauver Shin. C’est alors qu’une ancienne protégée de celle-ci surgit.

J’ai beaucoup aimé ce focus sur Shin et ce retour sur la mythologie entourant le peuple de Kyoukai et leurs « pouvoirs ». L’auteur fait comprendre à merveille qu’on n’obtient rien sans rien, mais que parfois l’être humain va trop loin et qu’il est très dur de revenir. Ainsi, on a d’un côté une Kyoukai qui a peut-être trop donnée pour Shin et risque de le payer, et de l’autre une Kyourei qui a perdu l’esprit après l’épreuve qui l’a transformée en Shiyû. C’est déchirant de suivre le destin de chacune, mais autant celui de Kyoukai dégage une forme de romantisme touchant, autant celui de Kyourei révolte par son absurdité. Et de là peut-pn découvrir une proposition de réflexion sur les enfants-soldats d’un côté et le lavage de cerveau sous prétexte religieux de l’autre. Cela demande maturation.

Tome à nouveau prenant et brûlant, Hara y fait refaire un tour à ses troupes et surtout ses lecteurs, entraînant ceux-ci dans une nouvelle guerre, de nouveaux enjeux, de nouvelles figures, mais n’oubliant pas non plus les fondements de son récit comme l’illustre ce focus sur Kyoukai et sa tribu. C’est puissant, déchirant et plein de réflexion sur notre humanité, nos croyances, nos idéaux…

Tome 62

Comme on pouvait le pressentir cette narration en pas de côté de Hara était un joli feu de paille, loin d’être inutile, avant d’orienter son récit vers une nouvelle évolution faite pour nous souffler.

Revenir sur les moeurs du peuple de Kyoukai était intéressant. J’ai aimé découvrir Kyourei et l’horrible épreuve qu’elle a traversé pour devenir Shiyû. C’était poignant d’y assister et encore plus avec cette belle mise en relief de sa relation fusionnelle avec son âme soeur qu’elle a dû éliminer. Avec elles, Hara fait quelque chose de classique mais de follement efficace : il dénonce un système abject avec une émotion pure et sincère. Et voilà comment, il ajoute une nouvelle figure à l’unité Hi Shin qui en avait besoin.

Mais ce n’est pas fini, d’autres petites séquences nous attendent dans ce tome de transition pour continuer à faire évoluer le récit. On revient ainsi enfin frontalement sur les sentiments de Kyoukai pour Shin. C’est totalement saugrenu et en même temps évident et pas inutile, car on arrête de tourner autour du pot et qu’on clarifie les choses. Bon après la façon dont c’est fait est aussi bateau pour ne pas dire trop humoristique pour l’émotion que cela aurait dû susciter. Je regrette qu’on évacue cela aussi facilement, mais l’auteur semble gêné avec ce type de sentiment et préfère toujours faire un trait d’humour à la place. C’est aussi le cas quand il évoque le mariage et la paternité d’Ouhon dans ce tome.

Heureusement, il est plus sérieux quand il s’agit du destin de son royaume et il détaille ici avec force la dernière décision cruciale prise par Sei : réinstaurer les Six grands généraux. Pas qu’on soit surpris, c’était un peu écrit dans l’ADN de la série. Les figures choisies sont aussi assez évidentes tout comme la surprise qu’il nous réserve qui permet de conserver un suspens et une porte pour l’évolution de notre héros. Mais ça reste jouissif de voir une telle stratégie adoptée et de savoir qu’on va suivre des hommes et femme (vive Yotanwa !) qui pourront attaquer quand et où ils le souhaitent, ce qui va encore accélérer et tendre cette guerre. C’était nécessaire à l’heure où les fronts se multipliaient et perdaient ainsi un peu en intensité, donnant le sentiment de s’embourber. Décidément cette resucée est bienvenue.

Après un épisode intense et long face à Zhao, la transition se poursuit avec un roi qui consolide toutes ses bases et prolonge même ses sphères d’influence malgré de sacrés risques. Il reprend les rênes de la guerre tout en disposant ses pièces, montrant bien l’évolution de chacun et le rôle qu’il pourra être amené à jouer. Il nous prépare vraiment un conflit de grande ampleur. On trépigne.

Tome 63

Quel tome plein de souffrance ! J’ai rarement autant peiné avec les personnages de Kingdom !

Sans mauvais jeu de mots, ce fut une lecture vraiment éprouvante. Aux côtés de Kanki, comme c’était prévisible, nous menons une guerre des plus âpres et des plus sales. La violence est de mise partout et nos héros ont fort à faire pour avancer, surtout avec un Grand général aussi taiseux et mystérieux quant à ses plans. On avance donc dans le brouillard.

Comme à chaque offensive, Hara se livre à un exercice de style, celui de proposer quelque chose d’inédit dans le format de la guerre qu’il choisit. C’est encore une fois réussi ! Nous suivons d’un côté Shin qui tente de rattraper la défaite d’Ouhon et de s’emparer d’une falaise imprenable. Et de l’autre, c’est un des généraux de Kanki, celui à l’oeil tatoué dont nous allons suivre les exactions mais également la torture et ce fut terrible. Ce rappel que la guerre c’est sale, violent, intente, difficile est nécessaire mais éprouvant.

J’ai donc réellement vécu cette lecture en immersion à leurs côtés et j’ai souffert avec eux. J’ai trouvé Hara très malin de nous plonger ainsi dans l’incertitude et de nous amener au plus près de la vie de ces combattants ignorant tout des plans de leur grand chef mais devant quand même lutter et avancer. J’ai été soufflée par le courage et l’entêtement des troupes de Shin et le bel hommage que l’auteur rend ainsi aux fantassins, ces parents pauvres de la guerre parce qu’ils sont issus du peuple et n’ont pas le prestige des cavaliers. C’était beau et intense de les voir ainsi grimper au mental et à la force de leurs bras. Le combat qui lui fait suite est tout aussi intense, imprévisible et violent au point d’en être étouffant. Je regrette juste que l’auteur nous ressorte encore une fois ce modèle du David contre Goliath avec l’affrontement de Shin. Mais j’ai aimé ce retour aux sources pour lui avec l’utilisation de son épée avec son style bien à lui et la convergence avec tout ce qu’il a appris depuis. C’était émouvant d’une certaine façon.

Mais ce qui m’a peut-être le plus marqué ici, c’est l’irruption de la froide violence inqualifiable de la torture subie par l’homme de Kanki. Avec lui, j’aurais pu m’attendre à ce que ça arrive, car la violence appelle la violence, et les atrocités que lui-même commet ici sont inqualifiables, mais c’était quand même rude. L’auteur nous plonge dans des réalités terribles de la guerre et il ne nous épargne pas. On ne suit pas en direct ce qu’il subit, mais on en voit clairement les effets et ils vaut mieux avoir le coeur bien accroché au vu de ce que les corps subissent. Cela montre combien chaque camp est près à tout ici. Ils sont vraiment engagés dans une guerre des plus âpres.

Tome fort rude à lire, il recoupe une réalité de la guerre encore peu montrée par l’auteur de par sa violence physique et morale. Cela choque mais ne suprend pas quand on voit le général en face mais c’est douloureux. Hara n’hésite pas à se renouveler sans cesse dans ses propositions quitte à explorer les côtés les plus sombres et entre torture, falaises imprenables et colosse martial à la garde impénétrable, on a eu notre lot ici !

Tome 64

Sale guerre ! Passant du feu de l’action au froid du jugement, Hara nous indique la couleur en couverture. Ce nouveau tome fait mal mais est nécessaire pour arrêter d’idéaliser la guerre.

On savait qu’avec Kanki, ce ne serait pas une guerre pleine d’idéaux et de belles valeurs, mais une guerre sale, violente, réelle en quelque sorte. Mais le savoir et le voir sont deux choses différentes. Depuis deux tomes, j’ai rarement lu quelque chose d’aussi insoutenable dans Kingdom et pourtant cela fait 17 ans que l’auteur compose cette saga en s’appuyant sur les chroniques de l’époque.

Avec Kanki place donc à une guerre de stratégie des plus meurtrières, une guerre qui va mêler plan brillant, guerre de l’information et la désinformation surtout et violence innommable sortant du cadre des accords la régissant et surtout des volontés de leur souverain El Sei. Kanki ne fait pas dans la dentelle et il est bien dur de voir ce que cache son regard impénétrable, regrette-t-il, s’y sent-il obligé ou est-il juste une psychopathe ? Personne ne le sait.

Le lecteur se prend donc de plein fouet cette violence. Il est d’abord esbaudi par la hardiesse du plan du Grand Général qui s’appuie sur ses connaissances historiques pour un tour de force inattendu. Ça, ça a de la gueule même si ça a dû nécessiter de gros sacrifices ! Puis il est estomaqué et révolté par les crimes de guerre sciemment exécuté par les bras de l’armée de Kanki sous le commandement de ce dernier. On comprend que ces tueries de masse de prisonniers sont en partie dues au déséquilibre des forces et au risque de poudrière qu’il y a encore, mais une telle violence laisse des traces et l’auteur nous le fait bien comprendre. J’ai beaucoup aimé la façon à la fois émotionnelle et rationnelle dont il traite le sujet. Il entend les voix de chaque côté. Il voit également les traumatismes des deux camps. Ah, l’horreur de ce qui est arrive à Raido ! Mais il voit plus loin et imagine les conséquences de ce drame qui rappelle bien notre histoire actuelle malheureusement. Ce fut donc particulièrement douloureux à lire.

Et j’imagine que ce fut aussi douloureux à écrire car l’auteur suit scrupuleusement les chroniques de l’époque quant au plan d’unification d’El Sei et ce n’est pas facile. Heureusement, il y a aussi quelques instants de bravoure au milieu de cette horreur. L’affrontement final en mode kamikaze contre le général adverse, l’arrivée d’El Sei sur place, ses retrouvailles avec Shin au milieu de ce charnier, ça claque. Ce sont des moments marquants parfaitement mis en scène pour poser le cadre et préparer la suite. Une suite qui s’annonce d’une rare violence entre les déviances du pouvoir adverse, le peuple de Zhao chauffé à blanc par ce qui vient de se passer et le retour d’un grand général chez eux pour affronter Qin. Les dernières pages sont pleines de promesses d’une froide vengeance et d’une terrible résistances.

Avec l’impression que ce n’est pas possible, que ça se joue ailleurs qu’à Zhao, avec une autre armée que celle de Qin, on ressort assez assommé de la lecture de cette nouvelle phase terriblement violente de la guerre. On savait que ce serait douloureux. On savait que Kanki était impitoyable et imprévisible. Mais le voir en image, c’est autre chose. Bravo à Hara d’avoir osé aller jusque là sans faire de sensationnalisme et en condamnant ce qui devait l’être pour nous faire comprendre les mécanismes des guerres de conquête. C’est rude mais nécessaire.

Tome 65

Comme prévu après cette phase bien douloureuse, l’auteur nous renvoie sur un autre front, faisant à nouveau tourner sa carte. Et c’est une lecture intense qui nous attend avec cette guerre de stratège contre stratège qui s’annonce. Du haut vol !

L’épisode Kanki est terminé, il est temps de se reconcentrer sur la guerre contre Zhao là où on l’avait laissé. Les conséquences sont là avec la terreur qu’ils ont semé, mais en face ils aiguisent leurs armes et le retour de Riboku aux manettes est un grand symbole en plus d’être un risque de taille. Hara nous prépare ici une nouvelle bataille d’ampleur sur un plan des plus terribles.

La force de ce tome est de suivre en parallèle ce qu’a prévu Riboku et ce qu’il a mis en place, avec les mouvements des troupes de Qin qui les font tomber inéluctablement dans le piège. Certains sont éclairés sur la question et semble se préparer à cette surprise. D’autres sont totalement ignorants et foncent tête baissée. Cela n’empêche pas la lecture d’être passionnante, voire même fascinante, car c’est une course contre la montre sans avoir tous les éléments. On sait qu’un piège est tendu mais exactement la forme qu’il va prendre. On devine qu’en face certains se doutent mais jusqu’à quel point et comment comptent-ils répondre ?

Nous avons donc un tome de stratège contre stratège où on suit les avancée de Qin sur le territoire de Zhao. Les batailles sont lourdes et douloureuses, pesantes même cette fois à cause de l’esprit de vengeance et revanche qui animent ceux à Zhao dont la famille a été massacrée par Kanki, ce qui est compréhensible. Nous sommes donc à nouveau dans un nouveau type de de guerre. Et on sent une usure un peu dans chaque camp avec en prime cette menace qui plane pour Qin. C’est cependant prenant des voir prendre des villes par sièges, avancer à travers le pays tandis que les mois défilent, rejoindre de nouvelles troupes et retrouver des camarades, échanger sur les plans à venir, rebondir lors des déconfiture. Bref faire la guerre à grande échelle et sur un temps plus important que d’habitude où on a le nez dans le bataille qui se joue et c’est tout. Là, notre regard s’élargit, notre vue se dégage, on prend de la hauteur et j’aime assez.

Ce n’est pas pourtant un tome facile. C’est un tome pesant même. Il y a d’abord la façon dont les autres armées de Qin absorbent et font avec les conséquences des agissements de Kanki. Shin met bien les points sur les i concernant la question. Il y a aussi une forme d’usure qu’on sent même à la lecture. La guerre est longue, elle est coûteuse, elle fait changer les plans et elle est dangereuse. Cependant le mystère de ce qui attend nos héros dans le Nord de Zhao où ils ont déplacé le coeur de leurs affrontements est vivifiant. Ça donne envie de vite vite se retrouver confronté au plan de Riboku pour voir de quoi il en retourne car pour l’instant on ronge bien notre frein.

Nouvelle phase très stratégique dans la guerre de Qin face à Zhao, ce tome fut une lecture dense et pesante après l’horreur des précédents. Relançant la guerre mais selon les plans d’un Riboku très secret, il fait peser une grande tension sur cette lecture, multipliée en plus par les conséquences des horreurs de Kanki. Quelle guerre longue et douloureuse mais prenante et pleine de surprises et rebondissements !

Tome 66

Plonger en pleine mêlée ! Comme le suggérait la couverture voici le programme de cette lecture et ce fut aussi stressant qu’étouffant. J’ai rarement autant transpiré à leurs côtés.

Le piège de Riboku est lancé. Il se referme enfin sur nos héros et la bataille est lancée. Voici un moment comme on en a rarement lu dans la saga. On est habitué à des moments stressants, surtout avec Riboku mais son plan cette fois est une vraie maestria, rappelant en plus vaste et plus long encore ce qu’il avait fait contre Ouki. Et on le refermant sur nos héros, c’est une pagaille sans nom que se dévoile sous nos yeux.

Même en sachant qu’il avait préparé quelque chose, on reste soufflé devant l’ampleur du plan du général de Zhao. C’est ainsi la proposition parfaite pour que nos héros brillent à nouveau dans une situation qui se veut désespérée et c’est le cas. Mais contrairement à d’habitude cela prend plus de temps, ce qui est assez jouissif. On suit une bataille où Zhao a le double de force de Qin en plus du terrain qui leur est favorable. C’est inattendu. Kanki ne répond pas et c’est à nos généraux de prendre le relais et de faire quelque chose. Un souffle brûlant et étouffant brûle alors.

On a déjà été au coeur des batailles mais rarement en pleine mêlée désordonnée et désespérée comme ici. C’était bluffant de sentir à ce point leur dénuement, leur recherche de solution sans en trouver et la violence du choc qu’ils subissaient. C’est pourquoi quand un trait de génie vient, de Shin bien sûr, c’est esbouriffant ! J’ai adoré me coller à ses basques, traverser l’armée adverse à ses côtés, le sentir porter de l’aide aux troupes de son ami Mouten. Shin apporte vraiment de l’humanité ici. Certes il fait la guerre, il suit une stratégie, il cherche à contrecarrer Riboku, mais il n’oublie pas pour autant ses hommes et ses amis. Tout se rejoint.

Ce fut donc encore plus prenant que d’habitude d’être au coeur de la mêlée avec eux, perdu, désespéré parfois, mais sentant revenir l’espoir dès que quelques figures comme Shin ou Kyoukai agissait. Les pertes furent lourdes, les blessures aussi, mais le feu et le courage de ces hommes et femmes magnifiques. J’ai aimé voir ces seconds couteaux prendre par au feu de la bataille et se hisser au sommet, préparant de futures nominations s’ils survivent. J’ai aimé l’esprit des combats : percer l’armée adverse pour sortir de ce piège mais pas tout seul, ensemble. Alors oui, c’est un duel de stratège des plus complexes avec deux modèles très différents : plein de réflexion et de prudence chez Riboku, plus spontané et imprévisible chez Kanki, mais que de promesses !

Lecture étouffante et effrayante où on croit que tout est perdu dans les premières pages, ce fut bluffant de voir peu à peu les héros renverser la vapeur dans cette mêlée et ce marasme. La lutte contre l’adversité et pour l’amitié est un beau moteur qui fait des étincelles ici. Généraux aussi bien qu’officier nous font une bien belle démonstration de courage et d’abnégation !

Tome 67

Tandis que ça fait 18 ans pour l’auteur et 6 ans pour nous que Kingdom a débuté, c’est un réel plaisir d’y retourner comme à chaque fois. Surtout avec un tome qui allie piège à rebondissement et passé percutant.

Quel bonheur de repartir dans le monde de cette Chine médiévale revisitée aux côtés du terrible Kanki, probablement le grand général le plus fou de l’histoire de Qin. Pris au piège par Riboku, alors que Shin s’en est sortie par une imprévisible percée, lui semble plus mal en point. C’était sans compter sans son esprit à tout épreuve, capable d’inventer les plans les plus fous !

J’ai une fois de plus adoré la dynamique mise en branle par l’auteur pour nous faire vivre cette guerre et continuer de nous surprendre par une manoeuvre inattendue et inédite, parfaitement à l’image de son instigateur. C’était intense de suivre Kanki, d’assister à sa formation, son plan, la façon dont il se joue de Riboku, qui perd ainsi beaucoup de sa superbe, ce qui permet à d’autres anonymes de briller par leur sacrifice pour la grande cause. La bataille, sa tension, ses incertitudes, sa violence, tout est parfaitement rendu. Et en plus, l’auteur ne s’arrête pas là !

Depuis le début, Kanki est l’un des personnages les plus mystérieux de la série de par sa folie. Alors qu’est-ce que j’ai aimé croiser le clan qui le connaît le mieux et qui va nous offrir sur un plateau des débuts de révélations sur lui. On le découvre jeune, en colère, toujours aussi charismatique, qui va totalement transformer et monter un clan à partir de quasiment rien, juste des bras cassés. C’est excellent ! Et surprise encore quand on découvre la réalité derrière les masques dans le présent après la nouvelle prise de Shin et les dégâts à réparer. J’ai adoré cette modernité avant l’heure et ces secrets dévoilés qui en appellent encore tant d’autres, car on touche à peine à ce qui constitue Kanki et ça donne très envie de creuser plus !

L‘auteur parvient donc à être aussi talentueux dans les batailles que dans les révélations dans ce tome. Offrant la part belle aux géants de ses armées, il fait briller le génie fou de Kanki et nous décrit une trajectoire de revanche guerrière assez spectaculaire qui nous éblouit. Sans casser le rythme à aucun moment, grande et petite bataille avancent, grande et petite histoire aussi. On se délecte des révélations faites et on attend avec impatience les prochaines.

Tome 68

Comme je suis contente de pouvoir enchaîner ces tomes grâce à la nouvelle fournée de Meia, tant elles forment un tout autour du mystérieux personnages de Kanki et résonne du parallèle entre lui et Riboku.

En effet, les deux généraux ne pourraient pas être plus différents et pourtant leur génie militaire, leurs surprises et leurs rapports à leurs plus proches semblent se répondre par écho. Les voir s’affronter d’abord à distance puis en face à face prend donc tout son sens et est jouissif. J’ai adoré les surprises dont l’auteur émaille ce tome, le tout à un rythme effreiné qui laisse peu le temps de reprendre son souffle.

Stratégiquement, c’est encore excellent. Je le dis à chaque fois mais l’auteur me surprend toujours pas sa capacité sans démontrée à renouveler les phases d’action et de stratégie des guerres et batailles qu’il met en scène. Cette fois, on a quand même droit à du contournement de siège de haut vol, suivi d’une mêlée chaotique d’une intensité folle et malgré tout, tout reste lisible et en plus, on a du développement de personnages à l’intérieur ! C’est assez fou.

J’ai donc adoré voir Kanki passer à l’action, voir Riboku lui répondre, voir les pièges se tendre, suivre les réponses de chacun et ses invectives. Il y avait une tension à couper au couteau, des surprises à n’en plus finir, des interventions des lieutenants de chacun pour protéger son chef au dernier moment, ce qui rendait impossible de lacher le tome. A chaque tournant de page, on pouvait se demander ce qui allait arriver, qui allait déchoir, etc. Et ce que j’ai particulièrement aimé, c’est la place donnée justement aux relations entre nos généraux et leurs proches, on voit tout l’engouement que chacun a suscité, alors qu’ils sont diamétralement opposés sur le papier, mais dans le font, ce sont tous deux des meneurs d’hommes charismatiques. Ça donne lieu, bien sûr, à des scènes hyper intenses, le combat est rude et sans pitié, ça tombe des deux côtés et c’est assez imprévisible. C’est vraiment l’une de mes mêlées préférées de l’histoire de la série !

Nouvelle surprise que cette rencontre au sommet entre deux stratèges fous et imprévisibles. C’est jouissif de voir les manoeuvres de chacun et scotchant de les voir face à face dans un duel d’une intensité rare. L’auteur parvient encore et toujours à nous surprendre et joue si bien sur les seconds couteaux pour soutenir et réveiller l’histoire à chaque instant ici. Une merveille guerrière !

Tome 69

Quel déchirement mais quel déchirement ce tome ! Et en même temps, comment cela aurait pu finir autrement mais que ce fut rude vu l’attachement qui nous avait gagné en quelques tomes à peine.

Le combat entre Riboku et Kanki fait rage. Yasuhisa Hara nous offre une mêlée mortelle entre eux des plus belles et intenses mais terriblement rude. Ce sont des personnalités, deux idéaux, deux façons de faire la guerre et de voir le monde qui s’affrontent. On sent d’emblée que ça ne peut que mal finir car impossible de sortir d’un tel piège qu’on a senti se resserrer autour de nous tout du long. Ettoufant et bluffant !

Qu’est-ce que j’ai aimé l’intensité de ce final dont j’ai vite vu venir le tournant et la fin ! Kanki a vraiment été le genre de personnage que j’ai admirer détester, car à l’inverse de Riboku, encore bien trop lisse pour le moment, il avait une réelle aspérité que l’auteur avait réussi à creuser depuis quelque temps pour en faire tellement plus que « le décapiteur », surnom qu’on lui avait donné. Alors forcément quand on le voit au bout de son projet, perdu, et qu’on voit le soutien qu’il suscite chez ses généraux qui vont si loin pour lui, jusqu’au bout, comment ne pas succomber. Ce fut mon cas. Kanki m’a totalement conquise dans ces derniers mètres et a révélé au grand jour, à l’inverse, le côté creux et superficiel de Riboku, qui comme il le dit n’a que des paroles creuses.

Ce dernier acte désespéré, montre une armée en plein repli, une armée défaite et pourtant une armée qui a su tout montrer et qui restera dans nos mémoires, avec tant d’hommes et de femmes exceptionnels, tant de destins marquants. C’était poignant de voir l’auteur nous montrer ce qu’il se passe quand ça tourne mal et qu’on doit fuir, survivre. Leur désespoir, leur résignateur, leur peur pour leurs camarades laissés derrière, tout nous a pénétré et la scène où Shin retrouve les siens est juste parfaite. Le passage de relais entre les générations, bien que devenant un peu trop récurrente, est également un très beau symbole, surtout ici au vu du projet de Kanki et des hommes et femmes qu’il a rassemblé. Ce fut extrêmement bien pensé avec un dernier sacrifice poignant, tellement bien vu (Ah, Naki !).

La mise en scène de ce moment tragique qui nous conduit pourtant vers l’un des sommets de la série fut assez sobre. Il y a un échange fort. Il y a des scènes puissantes et inoubliables, mais on n’est pas dans la surenchère de violence, juste dans la guerre la plus crue. Et la dernière image qu’on aura de notre général, qui le représente si bien, restera longtemps gravée dans ma mémoire.

Forcément après un tel sommet, la suite en est un peu plus fade, plus convenue. Il faut réfléchir à cette défaite et repartir sur de nouvelles bases. Quand une voie est sans issue, il faut en trouver une autre. C’est ce que propose la seconde partie de ce tome où le souffle retombe mais où l’auteur relance l’intrigue dans une direction intelligente où la guerre seule n’est pas le point de mire. J’ai aimé qu’on vienne nous parler de philosophie de gouvernement et qu’on nous propose ainsi de rencontrer de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. La relance est actée.

Tome peut-être parmi les plus intenses et remarquables de la série, il marque un tournant avec un nouveau bouleversement majeur parfaitement mis en scène ici pour nous saisir et rester ancré en nous. Je craignais cette association, mais Kanki a énormément apporté à l’histoire et l’auteur a parfaitement su gérer ce personnage atypique, offrant à la fois violence et barbarie, mais aussi réflexion philosophique sur notre monde et les violences de tous types qu’on est prêts à accepter. Après une telle intensité, il va falloir que la suie soit à la hauteur !

7 commentaires sur “Kingdom de Yasuhisa Hara

    1. Merci et encore j’essaie de ne pas me jeter trop vite sur la suite 😆
      L’avantage de l’abonnement pour l’éditeur, selon moi, c’est de la trésorerie visible et rapide sans désistement (genre les retours de libraires), donc ça aide à voir venir. Et comme la série avait déjà sa petite notoriété… Après on la trouve aussi dans les librairies maintenant 😉

      J’aime

Laisser un commentaire