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Isabella Bird : Femme exploratrice de Taiga Sassa

Titre : Isabella Bird : Femme exploratrice

Auteur : Taiga Sassa

Éditeur vf : Ki-Oon (Kizuna)

Années de parution vf : Depuis 2017

Nombre de tomes : 10 (en cours)

Histoire : A la fin du XIXe siècle, le Japon s’ouvre au monde et s’occidentalise à marche forcée. Mais le pays reste un vrai mystère pour la plupart des Européens, ce qui en fait une destination de choix pour la célèbre exploratrice anglaise Isabella Bird ! Malgré son jeune âge, elle est déjà connue pour ses écrits sur les terres les plus sauvages. Isabella ne choisit jamais les chemins les plus faciles et, cette fois encore, elle étonne son entourage par son objectif incongru : Ezo, le territoire des Aïnous, une terre encore quasi inexplorée aux confins de l’archipel…
Le voyage s’annonce long et difficile, mais rien n’arrête la pétillante jeune femme ! Accompagnée de son guide-interprète, le stoïque M. Ito, la jeune femme parcourt un pays en plein bouleversement. Dans ses lettres quotidiennes à sa soeur, elle narre avec sincérité et force détails la suite de chocs culturels qu’elle expérimente. Elle veut tout voir, tout essayer, quitte à endurer chaleur, fatigue, maladie ainsi que les sarcasmes de ses pairs ! Lancez-vous à la découverte d’un Japon traditionnel désormais disparu à travers les yeux de l’intrépide Isabella Bird ! Basé sur les écrits réels de l’aventurière, Isabella Bird, femme exploratrice est un récit passionnant sur la rencontre de deux mondes, dessiné avec un rare souci du détail par Taiga Sassa, nouveau talent prometteur !

Mes avis :

Tome 1

Ki-Oon continue de surfer sur la vague de Bride Stories avec ce nouveau titre un peu comme il l’avait fait avec Arte et Reine d’Egypte et comme sur ces deux titres, c’est sympa mais il manque le petit plus. L’histoire est agréable à suivre, on apprend plein de choses. C’est beau et bien dessiné. Il y a du rythme mais on ne s’attache pas vraiment à l’héroïne ce qui est fort dommage.

Dans cette histoire, on suit les aventures d’une jeune femme britannique au Japon. Cette exploratrice veut écrire un livre sur le Japon authentique, celui qui existait avant l’ouverture à l’Occident, elle part donc à la recherche de ce qui fait le coeur de la tradition japonaise. C’est un sujet qui m’intéresse, moi qui aime beaucoup cette culture traditionnelle. J’ai donc appris pas mal de choses et j’aime avoir la vision d’une Européenne vue et corrigée par un Japonais. Cependant il faut quand même dire qu’on tombe parfois un peu dans le catalogue. Heureusement que je suis bon public.

Ça donne un récit qui manque un peu de rythme, où les points culturels s’enchaînent avec peu de liant. Le mangaka oublie un peu de proposer une vraie trame narrative autre que le voyage de son héroïne et ça se ressent dans ses débuts de chapitres ultra répétitif. J’espère qu’il va parvenir à s’affranchir de cela par la suite pour donner corps à un vrai récit dense et construit et pas juste des petites anecdotes sur la vie au Japon autrefois.

Parce que du coup, je ne me suis pas du tout attachée à son héroïne, Isabella, qui passe son temps à rougir et à être surprise. C’est bon, on a compris qu’elle venait d’une toute autre culture, ce n’est peut-être pas nécessaire d’insister là-dessus à chaque fois. De plus, on n’a pas l’occasion de creuser son personnage. Elle est très lisse et on ne sait pas grand-chose de son passé ou de sa psychologie. De même, l’interprète qui l’accompagne est un cliché ambulant. C’est le beau gosse ténébreux et mystérieux, un brin baroudeur et taiseux. Il n’apporte fondamentalement pas grand-chose au récit. Vous l’aurez compris les personnages sont le gros moins de ce titre.

Par contre, au niveau des dessins, j’ai été ravie. C’est prévis, maîtrisé et ça fourmille de détails au niveau des décors, objets et costumes. Pour autant, je ne suis pas époustouflée comme devant Bride Stories. Les personnages et leurs visage et expressions sont réussis mais très classiques. Il n’y a pas le génie de Kaoru Mori, ça reste juste sympathique.

Isabella Bird est une jolie découverte. C’est un titre sympathique mais qui ne m’emballe pas faute d’une vraie trame narrative. On reste pour l’instant trop en surface avec un mangaka qui a trouvé un filon qu’il essaie d’exploiter mais où il manque la petite touche personnelle, le petit plus qui m’emballerait.

Tome 2

Même si je continue à penser que ça doit être très cliché pour les japonais, j’ai passé un bon moment de lecture. J’ai aimé continuer à suivre les aventures de notre chère exploratrice sur des routes de moins en moins empruntées. C’est intéressant de découvrir le Japon profond à travers son regard et celui de son guide, que ce soit les guides de voyages version japonais, les sources d’eau chaude mixtes, ou bien la misère et la maladie dans le rural profond. C’est un portrait sans fard qui nous est fait de ce Japon bien loin de celui qu’on connaît de nos jours. J’ai aimé chacune des rencontres faites par Isabella. J’ai aussi apprécié le développement progressif de sa relation avec son guide, chacun s’ouvrant un peu plus à l’autre, et prenant sur lui pour aller au-delà de ses préjugés. Je me demande juste sur combien de tomes leur histoire va s’étirer et si l’auteur ne va pas finir par s’essouffler en nous présentant ces brefs portraits du Japon d’autrefois.

Tome 3

L’essoufflement n’est pas pour de suite apparemment. Taiga Sassa nous embarque encore dans une nouvelle direction dans ce tome. Nous terminons la première partie du voyage dans les profondeurs d’un Japon miséreux malgré tout le travail effectué par sa population, pour rejoindre des bourgades plus peuplées et donc plus propres et proches des goûts européens. C’est assez triste de voir cette opposition aussi franche mais à l’image du guide-palefrenier qui les accompagnait qui avait le goût du travail bien fait, la mangaka montre la force et l’abnégation de son peuple.

Après je ne suis pas triste de quitter un peu cette misère pour retrouver la civilisation parce que c’est l’occasion de voir d’autres facettes du pays au XIXe siècle. J’ai bien aimé la ville spécialisée dans les bonbons, c’était l’occasion de revenir sur l’un des clichés de la gastronomie japonaise. J’ai également frissonné avec Isabella lors de leur descente le long d’une rivière toute sauf tranquille et j’ai apprécié le discours sur les croyances populaires.

Dans la dernière partie enfin, l’intrigue est relancée dans une toute autre direction avec leur retour à la civilisation et l’arrivée d’un nouveau personnage, le botaniste Charles Maries. Avec ce dernier, ça annonce une histoire plus compliqué que le simple voyage qui nous était promis et avec le premier, ça met bien en avant les relations compliquées entre Orient et Occident. J’aime.

Tome 4

J’ai encore pris beaucoup de plaisir à lire ce nouveau tome des aventures d’Isabella et Ito, dans lequel j’ai eu l’impression qu’ils avaient pris un vrai coup de jeune. Ça a fait souffler un vent de fraîcheur sur cette lecture où l’on continue à découvrir de nouveaux pans du Japon mais également le passé de nos héros.

On revient ainsi sur la relation entre Ito et Charles Maries à travers un flashback nécessaire qui permet aussi de voir le côté négatif que peuvent avoir les étrangers dans un nouveau pays. Il n’y a pas toujours des voyageurs candides et toujours ravis de leurs découvertes comme Isabella, il peut aussi y avoir de vrais pourritures arrogantes comme Charles Maries. On apprend également qu’Isabella a de sérieux problèmes de santé, ou bien ça m’avait échappé… Ce qui la rend un peu moins gamine à mes yeux et lui donne une nouvelle profondeur sous ses dehors toujours enjouées. Le duo s’approfondit donc.

Du côté des découvertes sur notre cher pays au soleil levant, cette fois, on parle de botanique, de travail et de la position de certaines femmes japonaises, de l’occidentalisation dans les villes ou encore des différentes médecines dans ce pays. Ce sont encore des sujets intéressants traités non de manière approfondie mais sérieuse tout du moins, avec des points de vue qui font réfléchir. L’occidentalisation, par exemple, est un mal nécessaire qui a ses bons et ses mauvais côtés, mais rien n’est blanc ni noir.

Tome 5

Ce tome marque une petite déception pour moi. Je ne suis pas une grande fan de la série mais je prends tout de même plaisir à suivre les aventures japonaises d’Isabella depuis les débuts. Or ici, l’auteur décide de nous faire la surprise de revenir longuement sur le passé de notre aventurière pour nous faire comprendre comment elle l’était devenue. Malheureusement, ce fut trop pour moi. Je me suis ennuyée à la lecture de ces chapitres. J’ai trouvé que c’était trop larmoyant et mélodramatique. J’ai trouvé ça vain et creux tant tout était téléphoné. Bref, c’était mauvais. Après, je n’enlève pas ces qualités de narrateur et de dessinateur au mangaka mais ce choix narratif là était particulièrement maladroit et grossier. Du coup, on ne passe que très peu de temps au Japon dans ce tome. On découvre juste rapidement une très tradition liée aux nuisibles qu’on ne creuse pas beaucoup. Et à la fin du tome, on repart sur les craintes d’Ito concernant la suite du voyage pour Isabella à cause de sa santé, ce qui le pousse dans aux dernières extrémités. Je reconnais que ça coulait un peu de source, que je sentais que ça allait arriver mais ça ne me passionne pas des masses, je préférais quand on les voyait juste voyager et qu’on apprenait des choses sur les traditions japonaises…

Tome 6

Suite des pérégrinations d’Isabella et le niveau remonte cette fois même si la mangaka reste pas mal dans son format un lieu = une nouvelle aventure = une nouvelle observation pour le carnet de voyage de l’héroïne, mais peu de développement de celle-ci.

Avec sa couverture tout feu tout flamme, Taiga Sassa annonçait déjà la couleur. La première partie de ce tome est consacrée à la rencontre d’un nouveau personnage, un médecin cette fois, et à une nouvelle aventure culturelle typique : la lutte contre le feu à la japonaise. L’occasion de parler de la différence entre occident et orient. J’ai beaucoup aimé les réflexions sur la médecine et la façon d’utiliser les savoirs de chacun selon ce qu’on traite. Cela m’a également beaucoup intéressée de découvrir la façon différente qu’avaient les japonais pour lutter contre le feu aussi à cause de leurs particularités.

Dans le côté informatif, l’aventure suivante où l’héroïne découvre comment les japonais fabriquaient le fameux papier Japon dont la qualité n’est plus à vanter auprès des bibliophiles avertis, est particulièrement enrichissante et complète bien ce que certains auront déjà lu dans La petite faiseuse de livres 😉

Enfin, dernier passage ultra touchant, celui de la rencontre d’une veuve de fraîche date. L’occasion de découvrir les étapes d’un enterrement au Japon autrefois. J’ai beaucoup aimé tout ce que j’ai appris et qui différait tellement de nous. C’est une toute autre conception. Mais surtout j’ai été extrêmement touchée par cette pauvre femme qui vit sa douleur de manière tellement intérieure qu’on ne peut qu’être ému. L’écho que cela trouve avec les deuils vécus par l’héroïne est bien amené. C’était vraiment super de voir autant de femmes fortes mises en avant dans ce tome !

Cependant le gros bémol vient du fil rouge, celui-ci n’avance quasiment pas. L’héroïne a très peu avancé dans son voyage. On n’en apprend quasiment pas sur elle et la situation entre elle et Ito n’est pas du tout réglée. On reste dans un statu quo dont je ne suis pas très fan.

Alors oui, j’aime apprendre plein de choses sur le Japon d’autrefois, ça m’enrichit vraiment et c’est passionnant parce que c’est raconté de façon totalement fluide avec les histoires contées. Mais j’ai aussi besoin que ce ne soit pas juste épisodiques et que cela s’inscrive dans quelque chose de plus vaste et dense qu’actuellement. Là, c’est un peu léger donc oubliable.

Tome 7

Isabella Bird est une série à la narration classique et au thème imposant un récit un peu formaté mais qui me plaît surprenamment de plus en plus au fil des tomes car je m’attache vraiment au duo de héros.

Avec son mélange de chapitres thématiques et de chapitres reprenant le fils rouge de l’intrigue, la lecture de cette suite est toujours aussi passionnante. J’ai à nouveau appris plein de choses diverses et variées sur le Japon d’autrefois : comment on divorçait, quelle était la place des femmes divorcées, le rapport des Japonais à la viande, la place des enfants dans la cellule familiale, la médecine naturelle et les massages traditionnels, l’importance de la correspondance et l’alphabétisation de la population. C’est toujours aussi enrichissant.

De plus, l’autrice n’oublie pas d’enrichir la relation entre Ito – Isabella, continuant à l’approfondir notamment parce qu’Ito a désormais bien confiance en elle et est prêt à l’aider en tout. Isabella de son côté a très bien compris combien elle avait besoin de lui et elle est prête à beaucoup de choses pour le garder près d’elle. Une belle complicité éclate à nos yeux dans sa simplicité et son naturel, qui prend tout son sens lorsque les problèmes de dos de l’héroïne refond surface.

J’aime la façon dont l’autrice recycle ses anciens thèmes, montrant qu’elle ne les a pas oubliés. De la même façon, on revoit d’anciennes connaissances qui les aident et soutiennent, c’est beau.  On retrouve également la question de Mr Maries dans ce tome et avec lui on s’achemine peut-être vers la dernière partie de l’histoire, car de lui dépend la fin de leur périple avec la visite de l’île d’Hokkaido.

Ainsi avec sa narration simple mais efficace, l’autrice raconte à un rythme qui évolue au fil de l’histoire, les belles aventures humaines et ethnologiques d’Isabella et Ito, mettant en avant des valeurs qui me touchent. C’est vraiment une réussite.

Tome 8

Après des débuts un peu en demi-teinte, je me plais vraiment de plus en plus à lire cette série façon guide de voyage sur le Japon d’autrefois. Taiga Sassa a un talent tout particulier pour nous faire retrouver les saveurs d’antan.

Tandis que l’héroïne poursuit ses pérégrinations dans un Japon du XIXe méconnu, nous la suivons les yeux grands ouverts, toujours prêts à faire de nouvelles découvertes. Cette fois, ce sont de nouveaux us et coutumes qui s’offrent à nous autour de l’épineuse question du mariage. Si vous pensiez tout connaître des mariages à la japonaise après en avoir vu dans des séries contemporaines, vous serez comme moi surpris par les subtilités et variations qu’ils pouvaient revêtir autrefois.

J’ai ainsi aimé découvrir la recette et la raison derrière les dents noires des femmes mariées. J’ai apprécié de découvrir le déroulement de la cérémonie, le rôle des voisins et autres badauds, mais aussi de la famille et du père. La coutume du « vol de la mariée » m’était totalement inconnue et ce fut une grande découverte. Après tout ce qui sous-tend ces traditions tellement éloignées des nôtres en lien avec la réputation de la famille ou encore le respect des anciens m’a parlé, ça correspond tellement à ce qu’on voit et connaît encore des japonais actuels, que je ne suis pas surprise de le voir enraciner dans leur histoire et avec une place encore plus forte alors.

En tout cas, Taiga Sassa nous raconte cela avec beaucoup d’entrain, grâce à une héroïne empreinte comme toujours d’une vive curiosité et qui forme de plus en plus un duo inséparable avec son traducteur. On aime. Il est d’ailleurs appréciable de la voir plus nuancée qu’aux débuts et ainsi plus pleinement dans son rôle d’observatrice qui doit regarder sans juger.

Passé cet épisode, la voilà qui reprend la route. L’autrice alterne alors chapitres courts anecdotiques mais savoureux avec de vraies avancée dans leur voyage. On assiste ainsi à des petits épisodes de leur vie en voyage, avec par exemple le récit de la façon dont ils se préparent le matin, ou encore d’une passion ancienne d’Isabella pour les spectacles de saltimbanques avec des toupies. Et on voit également Isabella avancer dans son périple dans un Japon où la nature a encore pleinement ses droits et peut ainsi totalement changer la face du programme prévu. Cela n’a rien de surprenant en soi mais ça claque toujours bien à l’écran ou entre les pages quand on assiste à une rivière en furie par exemple.

Le récit du voyage de cette aventurière est ainsi toujours une réussite. Il nous dépayse et nous cultive en même temps. Que ce soit sur les routes ou lors de ses étapes, on apprend énormément de choses sur le Japon d’autrefois grâce à diverses anecdotes. Il y en a pour tous les goûts et c’est savoureux.

Tome 9

C’est toujours avec une belle curiosité que j’entame la lecture d’un nouveau tome des aventures d’Isabella Bird, ce tome ne me fera pas démentir cela. A travers ses pérégrinations dans le Japon rural et ancien du XIXe siècle, notre aventurière nous passionne et noue émeut.

A chacune de ses aventures, de nouvelles péripéties se greffent à son voyage. C’est à nouveau le cas alors qu’elle tente d’atteinte Hakodate où elle doit retrouver le Pr Hepburn qui doit la soulager de ses problèmes de dos. Sur le chemin, alors qu’elle croit avoir vécu le pire, de nouvelles calamités s’abattent sur elle. Mais ce que j’apprécie dans la série, c’est que ça ne l’arrête jamais et c’est que c’est à chaque fois l’occasion de nouvelles observations, notamment sur ce peuple japonais qu’elle trouve si courageux.

Bien sûr le texte a un je ne sais que hagiographique vis-à-vis des japonais d’autrefois. L’autrice ne leur trouve presque que des qualités. Elle vente leur courage, leur abnégation, leur esprit d’initiative et les montre aussi aidant les étrangers quand ils le peuvent, ce qui interroge quand on voit la façon dont les étrangers sont actuellement considérés au Japon… Mais on ne peut pas lui reprocher de cacher tous les défauts de ses congénères puisqu’elle parle aussi de l’épineuse question de la fois chrétienne là-bas, ainsi que des horreurs de la guerre.

Isabella Bird nous fait également faire de nouvelles découvertes. On passe un temps avec elle dans un village coupé du monde et on voit combien l’industrie du bois y est importante mais aussi l’énergie déployée par l’ensemble de la population en cas de catastrophe et leur superstition qui peut les pousser à avancer de plusieurs mois une célébration pour repousser une mauvaise passe. On en apprend également plus sur les moyens de transport fluviaux de l’époque lorsqu’elle doit traverser un golf sur un vieux bateau avec roue à aube. Enfin, il est question de la position stratégique détenue par l’île d’Hokkaido dans les conflits hégémoniques entre la Russie et l’Angleterre à cette époque. On n’en finit pas d’apprendre avec notre héroïne.

Cependant plus que tout ce qu’on apprend, c’est aussi l’émotion qui ressort de ce titre qui est importante. J’ai à nouveau apprécié de voir à l’oeuvre la belle relation entre Isabella et Ito, son guide, celui-ci lui venant en aide à de multiples reprises. De la même façon, j’aime suivre une héroïne qui a le coeur sur la main et qui est capable de mettre ses connaissances et ses biens au service des gens dans le besoin. J’ai même apprécié, et ce n’était pas gagné, le court paragraphe sur l’importance de la foi pour elle et le jeune homme qu’elle croise, ainsi que l’acceptation tacite d’Ito qui, comme moi, voit pourtant les religions d’un mauvais oeil. C’est finement écrit.

Isabella Bird fut ainsi à nouveau une belle et riche lecture. Je continue à apprécier de suivre les pérégrinations de notre aventurière, inspirée pour cela par Darwin comme on le découvre, ce qui enrichit encore son voyage. C’est passionnant de voir toutes les embûches qui parsèment son chemin et qu’elle surmonte quand même, sans faille, tout en poursuivant sa mission et en nous instruisant par la même occasion. Vraiment un récit de voyage à mettre entre toutes les mains des amoureux du Japon.

Tome 10

Changement de ton et de dynamique dans ce tome qui rompt la routine en confrontant enfin Ito à ce qu’il fuit depuis le premier tome et en permettant à Isabella de voir ses horizons s’ouvrir encore un peu plus, rendant la lecture toujours aussi passionnante.

Depuis le début de la série, nous suivons quasi exclusivement le duo dans leurs pérégrinations dans le Japon d’autrefois et c’est une suite de petits chapitres illustrant les rencontres et découvertes faites au fil du chemin. Mais ici, la teneur est différente et à l’heure où l’héroïne va s’engager dans l’ultime chapitre de son voyage, le plus dangereux, cette pause bien que corsée fait un bien fou. J’aime quand on ne s’encroûte pas et qu’on me propose aussi de nouvelles dynamiques et surtout de nouvelles pistes de réflexions comme ici, c’est vivifiant.

Pour cela, il m’a cependant fallu faire face à un personnage des plus détestables, et ce peu importe son parcours et son vécu, cela n’excuse rien. Il s’agit bien sûr du patron d’Ito : Charles Maries, qui lui-même travaille pour la société anglaise Veitch qui importe toutes sortes de graines et boutures de plantes pour les amener en Angleterre et enrichir ceux qui sont déjà les plus fortunés… J’ai détesté ce personnage que j’ai trouvé particulièrement égoïste et injuste envers Ito mais également envers tous les autres. Il ne voit que son petit désir à lui et non tout ce qu’il ravage autour. Certes, il est passionné par les plantes et la nature. Certes, il apporte un regard neuf et révolutionnaire sur la culture au Japon, mais cela n’excuse rien.

Heureusement, c’est plus dans sa confrontation avec la belle Isabella que je me suis retrouvée, car cette rencontre ne pouvait que souligner encore un peu plus la belle âme de celle-ci et sa façon tellement plus humaine de considérer son prochain, tel un égal et non quelqu’un à soumettre. Deux visions du monde s’opposent ici, c’est donc très riche. L’autrice rend leurs échanges à la fois percutants et violents, pour ne pas dire effrayants. Elle en fait d’ailleurs peut-être un peu trop sur le côté sombre de Charles Maries et son acolyte, appuyant trop caricaturalement le trait à mon goût. Mais de ces échanges quelque chose va naître chez Isabella qui lui permettra encore de grandir comme ethnologue.

Enfin, nous arrivons ainsi petit à petit à la dernière étape de son voyage, probablement l’une des plus fascinantes car l’une des plus méconnues et l’autrice ménage son suspense jusqu’au bout, ajoutant des complications aux complications que rencontre déjà naturellement Isabella. En effet, l’affaire Ito étant réglée (avec astuce au passage ;)), elle compte se rendre désormais près du mythique peuple Aïnous, mais elle trouvera sur sa route, un jeune esprit aussi brillant que le sien qui a le même projet. Une course va-t-elle avoir lieu entre eux ? Ont-ils les mêmes ambitions et mêmes approches ? J’ai hâte de découvrir ce prochain chapitre de son aventure après cette petit pause.

Retour à la civilisation réussie dans ce tome qui démontre que ce n’est pas parce qu’on se revendique plus « civilisé » qu’on l’est. L’autrice nous montre ô combien le voyage d’Isabella ne fut pas un long fleuve tranquille et pas seulement à cause du pays où elle se trouve et de ses habitants. Sa confrontation avec une autre vision de la vie en la personne de Charles Maries, l’autre maître d’Ito, fut à la fois révoltante et éclairante. Une bonne préparation avant la dernière grande étape de l’héroïne que je suis très impatiente de suivre.

7 commentaires sur “Isabella Bird : Femme exploratrice de Taiga Sassa

  1. « L’occidentalisation, par exemple, est un mal nécessaire qui a ses bons et ses mauvais côtés, mais rien n’est blanc ni noir. »
    Exactement, un peu comme pour tout.
    Non, je ne crois pas qu’on avait évoqué cela chez Isabella, au contraire on s’imagine qu’en décidant de vouloir voyager ainsi et longtemps on a une certaine ouverture d’esprit (enfin pas tout le monde) et une santé au top.
    D’après LA et le blog je n’ai pas lu le 3, soit je n’étais pas en état de dire qqch soit je l’ai vraiment zappé o_O.

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