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Blue Flag de Kaito

Titre : Blue Flag

Auteur : Kaito

Éditeur vf : Kurokawa

Années de parution vf : 2019-2021

Nombre de tomes : 8 (série terminée)

Histoire : Au printemps de leur année de Terminale, trois élèves se retrouvent à un carrefour de leur vie. Taichi est dans la même classe que Toma, un ami d’enfance à qui tout réussi et que Futaba, une fille qu’il a du mal à supporter. Un jour, Futaba se confie à lui et lui avoue qu’elle est amoureuse de Toma. Un instantané sensible et saisissant de la jeunesse d’aujourd’hui.. L’auteur dynamise le motif classique du triangle amoureux avec des personnages réalistes et complexes.

Mon avis :

Tome 1

A la base quand j’ai entendu parler de ce titre, j’ai d’emblée été séduite par les couvertures, mais entre la communication maladroite de Kurokawa qui cherche à en faire un shojo (ce qu’il n’est pas) et un feuilletage assez raté en librairie, je ne comptais vraiment pas le lire. Mais voilà, comme souvent les copinautes ont sorti des articles qui m’ont donné envie de lui donner une autre chance et ils ont eu raison.

Alors non, Blue Flag n’est pas un shojo mais un shonen, cependant cette romance contient effectivement des éléments que je retrouve et apprécie dans les shojos que je lis et je pense que c’est pour ça qu’il m’a plu, tout comme me plait Après la pluie de Jun Matsumoto chez Kana.

Ici, c’est l’histoire d’un jeune adolescent, pas très attachant, que nous conte KAITO pour qui c’est son premier gros succès. Taichi est un lycéen, qui dit lui-même qu’il n’a pas d’ami, il est sombre, revêche, un brin antisocial, mais surtout très mal dans sa peau. L’auteur ne fait que l’esquisser rapidement dans ce premier tome et il reste encore bien des choses à apprendre sur lui, je pense. Pour le moment, il existe à la fois par opposition à son ami d’enfance Toma dans la classe duquel il se retrouve, et grâce à l’aide qu’il va fournir à la petite Futaba qui craque pour ce dernier. Je m’attendais donc à tomber sur une comédie romantique comme on en trouve tant, mais le titre s’est vite révélé bien plus fin.

Cela tient tout d’abord aux personnages. Malgré certains aspects un peu caricaturaux de leur personnalité, j’ai trouvé ceux-ci très prometteurs. J’aime le duo formé par Futaba et Taichi, ils m’amusent beaucoup et me touchent. Ils sont très maladroits mais forts sous leurs faiblesses. Futaba n’est pas juste la cruche nigaude et maladroite qu’elle semble être au premier abord. Taichi n’est pas juste le garçon au sale caractère et râleur qu’il montre au début. A eux vient s’ajouter Toma, le prototype du beau gosse populaire doué en sport mais simple et pour qui les amis sont importants. Sauf que lui aussi cache une certaine complexité.

Le trio qui va se former ainsi entre eux, avec Futaba amoureuse de Toma, que Taichi va aider, mais avec un Toma seulement préoccupé par son ami, fonctionne très bien. On vit avec eux de doux moments rappelant peut-être à certains leurs années lycée avec échange de mots pendant les cours, rencontres pendant les pauses, jeux en classe, sorties au ciné et dans les magasins le weekend. Ça fleure bon l’adolescence sans souci.

Sauf que si vous pensez ça, vous vous trompez lourdement. Et sans vouloir en révéler trop, les derniers chapitres verront arriver des révélations qui vont incliner la série dans une toute autre direction, bien moins simple mais bien plus intéressante selon moi. Soyons honnête, j’avais vite vu venir certains tenants et aboutissants, mais je n’ai pas boudé mon plaisir pour autant.

Le seul point noir dans tout ça vient quand même des dessins. Très typés shonen, ils manquent de finesse pour moi. Je les trouve un peu trop simplistes et rapides par moment. Heureusement, l’auteur parvient tout de même à faire passer énormément de choses à travers eux. Il y a beaucoup de tendresse et d’émotion en eux lorsque c’est nécessaire. Les moments drôles sont aussi très bien croqués et l’ambiance lycéenne parfaitement retranscrite.

Blue Flag est donc une vraie surprise pour moi. Je pensais tester ce titre pour confirmer qu’il n’était pas fait pour moi et c’est l’inverse qui s’est produit. Je suis même impatiente de lire la suite et de découvrir quelles surprises il cache encore.

Tome 2

Blue Flag reste une très bonne surprise pour moi au rayon shonen où décidément je ne pensais trouver ce genre d’histoire et je suis ravie de m’être trompée. Mais ce deuxième tome est un poil moins bon. L’auteur y passe trop de temps sur des événements typiques de la vie lycéenne qu’on a vus et revus, et qui ne sont pas particulièrement intéressants, délaissant un peu ce qui m’intéressait le plus, à savoir les sentiments complexes des personnages. Heureusement ceux-ci reviennent dans les dernières pages pour un final qui laissera plus d’un lecteur sous le choc !

J’ai tout de même beaucoup aimé cette lecture. Taichi commence un peu à évoluer. Il cherche à avancer et réparer les erreurs du passé. Il s’interroge aussi sur son avenir, il était temps. J’ai encore un peu de mal avec Futaba, qui est un peu trop cantonnée à son rôle de fille mignonne et timide en progrès. J’attends plus. Par contre, j’ai beaucoup aimé le rôle et les interventions de sa meilleure amie Masumi, qui se pose les bonnes questions sur l’amour non genré. Je reste fan de Toma aussi, même si j’ai eu l’impression de trop le regarder d’un oeil extérieur et que j’aimerais qu’on le suive plus. En fait, je pense qu’il m’intéresserait plus en tant que héros que Taichi ^^! Ses interrogations sur ses sentiments, sur ce qu’il doit faire pour Taichi et même sur son avenir à lui me touchent.

Blue Flag reste donc un joli titre sur l’adolescence, période charnière où on se cherche alors que le poids du monde des adultes est en train de nous rattraper. C’est âpre et doux à la fois. Il y a beaucoup de bons sentiments et en même temps la réalité n’est jamais bien loin. C’est un titre vraiment touchant à qui il ne manqua pas grand-chose pour être un coup de coeur. Par contre, dans ce tome, j’ai eu de gros soucis d’impression qui ont gâché le plaisir de lire plusieurs pages è_é

Tome 3

Au vu de la fin du tome précédent, je ne pouvais qu’attendre celui-ci avec impatience. Les émotions sont au rendez-vous comme promis et comme je m’y attendais également le drame est vite désamorcé, mais très vite il se déplace également vers un autre cadre tout aussi intense en émotion.

Tôma a été blessé dans l’accident du tome précédent et Taichi s’en veut énormément. Du coup, il se comporte en parfait crétin pendant toute la première partie du tome, au point d’en être particulièrement agaçant. J’ai trouvé cette partie moins subtile dans la description des émotions que ce qu’elle a su faire avant. C’était très téléphoné et plein de mélo, c’est dommage.

Heureusement par la suite, l’auteur relance son histoire de la plus jolie des façons avec au final une belle réflexion sur les regrets du héros et les rêves brisés de son ami, ainsi que sur leurs sentiments l’un pour l’autre et de ce que ça les pousse à faire. Il y a vraiment eu de beaux moments entre eux, où on sentait bien leur détresse réciproque même si c’était dans des champs très différents.

L’autre jolie évolution, ici, c’est celle de Futaba, que je n’avais pas vu venir, je l’avoue. Son inquiétude pour Taichi est touchante. Elle la pousse à réfléchir sur ses sentiments et une fois de plus ses échanges avec sa meilleure amie seront la clé de tout. Un très beau moment de lecture, plein d’émotion.

Enfin, les dernières pages amorcent un nouveau pan de l’intrigue qui va encore nous pousser dans nos retranchements avec d’un côté la nouvelle relation de Taichi et Futaba, et de l’autre l’avenir chamboulé de Tôma dont le frère compte bien se mêler pour ne pas le laisser partir à vau l’eau. Ça promet encore bien des drames.

Après trois tome, la série continue à parler d’amour, d’amitié, d’admiration et surtout de confusion des sentiments avec toujours autant de justesse. Je suis scotchée de cette qualité pour un shonen (oui, j’avais des a priori négatifs, j’en suis désolée et je suis la première à reconnaitre que j’avais tort ><).

Tome 4

Mon dieu, quel tome magnifique pour parler de l’adolescence et du passage à l’âge adulte ! Je suis définitivement fan de la série, que ce soit quand l’auteur croque des personnages dans leur quotidien ou bien quand il les fait s’interroger sur eux-même et leur avenir.

Ce nouveau tome oscille entre humour léger et réflexion sérieuse, trouvant un très bel équilibre. Je trouvais au début qu’on était un peu trop sur le registre quotidien de nos ados mais en fait l’auteur instille en douceur des éléments de réflexion importants et marquants. Ainsi on s’interroge sur son identité, sur celui/celle qu’on aimerait devenir, sur ce qu’on voudrait faire plus tard, questions tout sauf facile à l’adolescence. Il est également beaucoup question de sentiments avec la différence entre l’amour et l’admiration, l’amour et l’amitié, l’amour et la reconnaissance quand on nous a aidé. Ça sonne extrêmement juste et ça touche en plein coeur. On se retrouve dans ces adolescents perdus, qui se cherchent et espèrent se trouver. Pour autant l’ambiance n’est jamais morose mais toujours positive et c’est ça qui fait la force de la série.

J’ajouterai aussi par rapport aux autres tomes que j’ai trouvé que l’auteur faisait preuve de belles trouvailles graphiques. En effet, il a un style simple et rondouillard, très shonen habituellement. Mais quand il veut frapper le lecteur lors d’un moment sérieux, son trait se transcende pour quelque chose de beaucoup plus fin et détaillé, proche du seinen, et je trouve cela magnifique. J’aimerais presque le retrouver partout, sauf que ça perdrait de sa force alors.

Tout ça pour dire que ce nouveau tome m’a encore mis une claque. J’ai été touchée par les interrogations de Toma, l’amour de son frère et de ses amis, les remises en question de Futaba, le sens de l’amitié de Taichi et sa surprise finale. C’était une lecture vraiment riche en émotion avec beaucoup de belles phrases appelant à se chérir soi-même et à ne jamais désespérer. Un très beau message.

Tome 5

Quel joli tome ! Il démarrait très classiquement, un peu trop même et je me dis « mouais bof, ce n’est pas aussi bon que d’habitude », sauf que la deuxième partie m’a complètement réveillée et secouée, et je suis ressortie enchantée de cette lecture !

Qu’est-ce qui a bien pu m’endormir au début ? Tout simplement les débuts du charmant petit couple Taichi-Futaba qu’on attendait depuis le début. Au vu de la personnalité de chacun, c’est d’un plan plan ultracosmique voire d’un cul cul stratosphérique. Pas désagréable en soi mais ça ne dégage rien par rapport à ce à quoi la série nous a habitués. C’est juste un couple de deux grands timides qui se cherche.

Heureusement très vite l’auteur décide de mettre en avant un nouveau personnage qu’on a déjà croisé et là, c’est la révélation ! J’ai juste adoré l’intrigue autour de Mami ! C’est qui cette Mami me direz-vous ? Eh bien, c’est la fille qui craquait pour Tôma et qui s’est pris un râteau. Sauf qu’elle s’est bien relevé et que plutôt que de ne rien avoir, elle décide de se rapprocher de notre joyeuse bande pour être amie avec eux, en particulier les garçons avec qui elle s’entend bien et partage sa passion naissante pour les jeux vidéos. Avec elle, l’auteur va dénoncer cette idée reçue qu’un garçon et une fille ne peuvent pas être ami sans arrière-pensée ou ambiguïté. Mami va nous livrer une très belle diatribe très percutante contre cela qui m’a touchée en plein coeur, car je partage à 100% son avis. Elle expose parfaitement tous les fils de cette sale idée qui gâche la vie de bien des gens qui voudrait juste être ami peu importe le sexe de l’autre. Ça frappe juste et fort ! C’est un superbe moment, ce sont de très belles idées et je suis ravie de voir un tel personnage dans ce titre. Après Masumi et son très beau discours sur l’amour non genré, c’est à nouveau un moment de grâce dans le titre. Bravo à l’auteur, c’est excellent de sa part d’oser dire tout cela dans un titre destiné à un jeune public, c’est un très beau discours à transmettre.

Du coup, je ressors de cette lecture avec la banane. J’ai adoré les moments avec Mami et la petite bande. Les moments entre potes étaient vraiment chouette et m’ont aidé à digérer ceux plus soporifiques et gnian gnian autour de la romance du nouveau petit couple. Clairement, c’est discours de bienveillance et d’ouverture que je trouve dans ce titre qui me séduisent et le font sortir du lot !

Tome 6

Blue Flag frappe fort encore une fois dans ce sixième tome ! Rarement shonen sur l’adolescence aura ciblé aussi juste et délivré des messages aussi importants avec une telle justesse, j’en suis la première surprise. Quand j’ai commencé la série, jamais je ne me serais attendu à vivre ça.

Alors que le petit couple Taichi-Futaba est désormais installé, on aurait pu s’attendre à l’installation d’un certain train train, que nenni, comme dans les tomes précédents, l’auteur surprend en abordant frontalement des thèmes qui fâchent.

Il y a d’abord Mami qui enfonce encore une fois le clou sur son choix d’être amie avec des garçons sans aucune arrière pensée amoureuse. J’adore ce personnage, sa fraicheur, sa franchise, ses valeurs et sa façon bruyante mais tellement vraie et viscérale de se faire entendre.

Puis, LE thème central du tome apparait : le questionnement sur l’orientation après le lycée. Que faire ? Travailler ? Étudier ? Mais étudier quoi ? Et où ? Pas simple de ce décider à cet âge-là face à la foultitude de choix qui nous est proposé et parfois avec très peu d’aide d’adulte autour. Du coup, même si c’est vu et revu dans les mangas, j’ai trouvé que les questionnements des héros sonnaient justes. J’ai apprécié de voir une héroïne comme Futaba ne pas forcément faire passer sa relation en premier et un héros comme Taichi prendre sur lui. Mais surtout, j’ai été touchée par le désœuvrement de Tôma.

C’est vraiment ce dernier pour moi le héros de ce titre. Il cumule un peu. Non seulement, il y a la question de son orientation sexuelle, qui va à l’encontre de ce qu’on attend de l’homme japonais, qui le perturbe, mais en plus avec son accident, il a fallu qu’il re-réfléchisse à ce qu’il voulait faire et il n’a pas le soutien qu’il faut chez lui. Alors forcément, le masque craque au bout d’un temps et l’on vit alors l’un des moments clés de la série ! Ça nous explose au visage, c’est brutal, âpre et violent dans sa sobriété. J’ai adoré la mise en scène imaginé par l’auteur qui a lentement amené tout ça au détour de plein de petites scènes tout au long du tome, tout ça pour donner encore plus d’impact à ce moment. Terrible mais magique.

Ainsi dans ce tome, les héros, Taichi et Futaba, deviennent secondaires et les secondaires sont principaux ! Ce sont vraiment Tôma, Masumi et Mami qui ont fait vivre ce tome. Ce sont eux qui nous font vibrer, qui nous peine, qu’on a envie de soutenir. La vie n’est vraiment pas simple quand on n’est pas dans la norme et l’auteur a le courage d’aborder des sujets importants qui doivent être portés à la connaissance de tout adolescent. Oui, on a le droit d’être ami et c’est tout avec ceux de l’autre sexe. Oui, on a le droit d’aimer qui on veut même si la personne du même sexe. Oui, on doit nous accepter comme on est que ce soit la famille ou nos amis, ce n’est pas à nous de changer pour nous adapter.

Une série vraiment porteuse de messages forts, avec des personnages terriblement vrais et attachants, et une très belle mise en scène sous des dehors de shonen romantique banal. Blue Flag est en fait une très grande série qu’on retiendra !

Tome 7

Nouveau tome, nouveau coup de coeur ! Ce tome est un concentré de punchlines qui frappent juste et assoient encore un peu plus l’excellente réputation de la série.

Après la bagarre impliquant Tôma et la déclaration de celui-ci à Taichi dans le tome précédent, il était nécessaire de revenir sur ces événements. Kaito le fait avec une force et une subtilité rare, décortiquant avec justesse les visions et interprétations de chacun. C’est rare de voir un auteur oser donner la parole à toutes sortes d’opinions, même celles qui s’opposent radicalement, sans porter le moindre jugement mais en leur offrant juste un espace et en les confrontant pour nous pousser nous à réfléchir. C’est magique !

Je sais que certains ont trouvé qu’il ne se passait pas grand-chose dans ce tome, mais moi, je pense tout à fait l’inverse. C’est au contraire un moment clé où chacun se retrouve libre de s’exprimer, où des abcès sont crevés, où des doutes sont exprimés, où la parole est libérée ou sur le point de l’être et c’est du coup extrêmement touchant.

L’auteur condense ici l’ensemble des thèmes qu’il avait déjà abordé : la vue genrée du monde et des relations, les notions de coming-out et d’outing, l’importance de l’amitié, la nécessité de communiquer et de laisser la place aux autres pour s’exprimer, les ravages des rumeurs, le harcèlement et ses conséquences, le droit d’être différent et accepté pour autant, etc. C’est extrêmement riche et ce fut impossible pour moi de rester insensible face à cette multiplication de scènes clés.

L’auteur a ouvert la place à tout un tas de personnages qu’on pouvait croire secondaires jusqu’à présent en comparaison du trio de tête mais qui se révèlent essentiels pour leur évolution. On a ainsi droit à un moment très fort où l’ensemble des amis de Tôma font part de leur opinion après sa révélation, un moment riche en expression d’opinions divergentes sur les relations et les gens, qui m’a pris aux tripes. Il y a ensuite le versant Futaba/Masumi/Mami, que j’ai trouvé plus faible parce que je n’accroche pas trop à la passivité de Futaba, en revanche les deux autres m’ont assise également, ensemble et surtout séparément. Les grands absents sont donc Taichi et Tôma, spectateurs de ce qui se passe après en avoir été les acteurs. J’ai été touchée par leur maturité les quelques fois où on les a vus, ils prennent vraiment le temps de laisser décanter les choses. Mais j’attends quand même la confrontation. Celle entre Tôma et son frère, elle, quoi qu’un peu bavarde, était très émouvante, l’autrice mettant très bien en scène la relation particulière de ses deux frères qui se sont retrouvés orphelins trop tôt.

Ajoutez à toutes ces qualités, une mise en scène millimétrée de l’auteur pour qu’elle soit le plus impactante et percutante possible, et vous comprendrez mon coup de coeur ! J’ai eu ici tout ce que j’aimais, une vraie prise de risque graphique mais également une grosse charge émotionnelle et des réflexions pertinente sur la vie, le tout dans la tolérance des opinions diverses de tout un chacun. Superbe !

Tome 8

Il est des séries dont on n’attend rien du tout quand on les commence, voire même qu’on commence un peu à reculons et qui se révèlent être d’immense coup de coeur. Blue Flag en fait partie ! Elle va même plus loin en réussissant à chaque tome à être parfaite pour moi ! Ainsi, elle tient une place toute particulière dans mon coeur.

Malgré tout c’était avec appréhension que j’entamais la lecture de ce dernier tome après le tournant pris depuis le tome 6. L’auteur a toujours su trouver le ton juste pour parler d’amour et d’amitié, entre hommes, entre femmes, entre les sexes, au-delà des sexes, mais traiter des conséquences des derniers chamboulements à plus vaste échelle avait quelque chose d’effrayant pour moi. Cependant il s’en sort encore avec maestria.

Ce dernier tome est encore une fois parfait ! Il démarre avec des conversations toujours aussi intéressantes, riches, et propices à la réflexion, où l’auteur fait vraiment preuve d’un discours non binaire, permettant à chacun de s’exprimer sans jamais teinter son discours de notions comme le bien et le mal. Il dépasse ce cadre là avec une force rare, pour laisser ses personnages s’exprimer librement et c’est libérateur !

J’avais peur de détester la confrontation Toma – Futaba, je l’ai trouvée adorable. J’avais peur d’être mal à l’aise lors de la confrontation Taichi – Toma, elle m’a complètement retournée. L’auteur a à chaque fois su trouver les mots justes, pour dire en gros qu’on est libre de ressentir ce qu’on ressent, qu’on doit certes être prévenant envers les autres mais qu’on n’a pas à passer après, que ce sont aux autres de s’ouvrir aussi et non à nous de nous cacher. C’est superbe !

Alors oui, tout n’est pas facile. Il nous montre également, dans ce microcosme qu’est le lycée, la dureté que la société peu avoir envers ceux qui sortent de la norme, envers ceux qu’on considère également comme « les méchants de l’histoire », mais c’est toujours bien fait, bien expliqué, et jamais ça ne tombe dans le gratuit ou le racoleur. J’ai adoré !

Ce dernier tome sonne juste à tous les niveaux, dans les relations amoureuses qui sont décortiquées et confrontées à la réalité, mais également dans les relations amicales qui sont superbement portées en avant. Il se dégage ainsi une douce sérénité durement acquise mais qui fait un bien fou. J’ai ainsi été très agréablement surprise par les amis de Toma, qui après s’être expliqués le soutiennent à fond.

C’est plus compliqué pour Taichi pour qui la réflexion prend plus de temps mais il est plus intimement touché aussi. Son cheminement m’a beaucoup émue. C’est un très beau personnage, tout comme Futaba, alors que je ne les appréciais pas énormément au début, les trouvant un peu creux. Mais ils sont comme un diesel et prennent le temps avant de s’exprimer pleinement mais quand cela a lieu, c’est extrêmement touchant car leur banalité nous rappelle la nôtre.

Et toute cette puissance émotionnelle ne serait rien sans le trait vraiment puissant de l’auteur qui fixe les regards et les expressions avec une force rare. Quand il se concentre, on sent qu’il est sérieux et que le moment est important et paf on s’arrête figé dans le temps face à ce qu’il met en scène. C’est magique. La mise en page peut sembler classique mais elle est loin de l’être, elle porte en elle un cheminement vraiment réfléchit pour nous impacter au maximum et c’est très réussi. Les derniers chapitres sont un modèle du genre !

Et comme je ne peux pas parler de cette fin sans spoiler, c’est ce que je vais faire à présent, ci-dessous. Pour les curieux ou ceux qui ont fini la série, il suffit de surligner pour lire 😉

J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur amène Taichi à se questionner sur son sens de l’amitié et la frontière entre celle-ci et l’amour, ainsi que sur la notion d’individualité. Aime-t-il Toma uniquement comme ami parce qu’il est un garçon, ne l’aimerait-il pas d’amour si c’était une fille ? Ce sont des questions sous-entendue dont le cheminement m’a remuée. L’explosion de ses sentiments chaotiques, puis la façon dont avec Futaba il va tenter de tirer tout ça au clair, nous emmène dans une course poursuite amicale-amoureuse superbe qui se termine par un moment magique avec Toma au bord de la place. Un moment totalement irréaliste mais qui fait tellement de bien car l’auteur nous fait bien comprendre que le plus important est de chérir ceux qu’on aime, que ce soit de l’amour ou de l’amitié peu importe.

Du coup, j’ai été surprise oui et non par les dernières les dernières pages. Je suis contente que le mangaka ait osé séparer le couple principal, montrant qu’il y a une vie après le lycée et que malgré tous nos bons sentiments la vie peut nous éloigner parce qu’on grandit, change, fait des choix différents. Je fais le pari que dans ce dernier chapitre, c’est Toma que Taichi a finalement choisi et que c’est avec lui qu’il a fini par faire sa vie, comprenant l’importance qu’il avait pour lui. D’ailleurs la façon dont cela est amené est plein de pudeur et de justesse encore une fois. C’est mignon tout plein de suivre le mariage de Futaba a travers ses yeux. Ma seule déception est de découvrir Masumi mariée. Alors ce n’est pas surprenant vu le personnage, mais j’aurais aimé qu’elle brise ce carcan où elle s’était enfermée. Toma et Taichi ont bien réussi eux. D’ailleurs la banalité de leur quotidien que nous montre l’auteur dans les ultimes pages et sur la face cachée de la jaquette est juste tellement beau.

Ainsi, Blue Flag est une grande oeuvre pour moi. Elle représente l’oeuvre dont je n’attendais rien et qui m’a tout donné. Elle représente l’oeuvre qui a su donner la parole à chacun de ses personnages sans jugement ni restriction. Elle représente l’oeuvre qui a su le mieux parler de la complexité de cette frontière entre amour et amitié, entre garçons et filles telle que la société nous l’impose. C’est un titre que tout le monde devrait lire !

22 commentaires sur “Blue Flag de Kaito

    1. C’est ce qui me faisait peur, lisant beaucoup de shojo, on ne peut pas me faire passer un shonen pour un shojo, ça marche pas avec moi, mais ici j’ai su trouver d’autres qualités. Et sans Ly et toi, je serais peut-être passée à côté, merci à vous 😉

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  1. « Blue Flag frappe fort encore une fois dans ce sixième tome ! Rarement shonen sur l’adolescence aura ciblé aussi juste et délivré des messages aussi importants avec une telle justesse, j’en suis la première surprise. Quand j’ai commencé la série, jamais je ne me serais attendu à vivre ça. » +1 !!!!

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  2.  » le questionnement sur l’orientation après le lycée. Que faire ? Travailler ? Étudier ? Mais étudier quoi ? Et où ? Pas simple de ce décider à cet âge-là face à la foultitude de choix qui nous est proposé et parfois avec très peu d’aide d’adulte autour. » +1

    On est d’accord c’est très fort et très bien fait !

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  3. « C’est rare de voir un auteur oser donner la parole à toutes sortes d’opinions, même celles qui s’opposent radicalement, sans porter le moindre jugement mais en leur offrant juste un espace et en les confrontant pour nous pousser nous à réfléchir. C’est magique ! » +1
    Exactement ❤

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  4. Je viens à l’instant de finir Blue Flag. Comme toi, je n’en attendais pas grand chose au début. J’ai adoré la mise en forme des sentiments amour-amitié mais je ne m’attendais pas à être aussi bousculée avec ce tome 8. A l’heure actuelle je suis en larmes, et çà faisait énormément de temps que cela ne m’était pas arrivé. Je sais même plus quoi en pensé xD

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    1. Merci pour ce joli commentaire !
      Tu me donnes envie de relire la série, mais je verse déjà mon quota de larmes chaque jour devant l’anime de Fruits basket alors ça attendra un peu lol
      Parfois, il faut oser aller au-delà de ses préjugés 😉

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