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Called Game de Kaneyoshi Izumi

Titre : Called Game

Auteur : Kaneyoshi Izumi

Editeur vf : Kazé (shojo)

Année de parution vf :  Depuis 2020

Nombre de tomes vf  : 8 (encours)

Histoire : Alna, jeune princesse, a été promise au roi du pays voisin. Par mesure de sécurité, son père lui conseille d’échanger son identité avec celle de sa servante Camilla. Présentée au château comme sa garde du corps, elle découvre une cour déchirée par les intrigues et cinq autres prétendantes prêtes à tout pour accéder au trône. Entre romances, alliances et complots, Alna devra se plier aux jeux du pouvoir pour survivre !

Mon avis :

Tome 1

Ayant déjà lu avec un certain plaisir l’ensemble des titres de l’autrice disponibles en France (La fleur millénaire, Seiho Men’s School et 100% Doubt!!), je pouvais qu’être attirée par le nouveau shojo signé Kaneyoshi Izumi surtout quand il fleure bon le roman de chevalerie revisité.

La mangaka a un style bien à elle que l’on reconnait d’emblée aussi bien dans sa narration légère et sérieuse à la fois que dans son trait très lisse, rond et un peu froid, où les personnages aiment bien prendre la pose. La narration coule de source et les pages s’enchainent sans qu’on y prête attention nous prenant petit à petit au piège, tout comme son héroïne.

Kaneyoshi Izumi a déjà su montrer qu’elle aimait les héroïnes fortes. Dans son précédent titre chez nous, La fleur millénaire, nous étions déjà dans un univers d’inspiration médiéval, mais asiatique, où l’héroïne devait se battre pour survivre. Il en est de même ici avec peut-être un cran de plus, même. Alna est une jeune princesse, la 10e de sa famille, qui a été promise à une petite famille noble. Sauf que du jour au lendemain, le mystérieux nouveau roi du royaume voisin qui menace le sien la réclame pour femme. Elle n’a d’autre choix que d’y aller. Mais elle ne compte pas se laisser faire et échange sa place avec sa dame de compagnie, se faisant passer pour la chevaleresse de celle-ci.

J’ai beaucoup aimé le décor de cette nouvelle saga tout droit inspiré de l’histoire des Tudors et de leur roi Henry VIII avec ses femmes successives. Notre héroïne se retrouve plongé dans un monde de vipères où les complots en sous-main sont légions pour éliminer les reines qui ont été sélectionnées par le roi mais pas encore validée par l’Eglise qui a la main mise sur tout dans ce royaume. Alna, rebaptisée très vite Violette, doit donc tracer son chemin au milieu de ses intrigues en apprenant à connaître ses adversaires et en défendant la position de sa suivante qui a pris sa place. Nous assistons à un beau jeu de dupes, astucieux et rusé qui met en lumière toute l’intelligence de l’héroïne.

Cependant pour l’instant, le reste est bien flou. Nous commençons à peine à comprendre les rouages de ce royaume plus gouverné par l’Eglise que par son roi que l’on entraperçoit à peine. Au passage, je trouve ça nul de la part de l’autrice de ne pas donner de vrai nom aux différents États, ça ne fait pas très sérieux. Bref, revenons à l’Eglise qui fait des ravages, faisant vivre un vrai enfer à la population par sa pudibonderie extrême et au roi qui semble laisser faire. J’espère qu’on en apprendra plus sur lui par la suite et qu’on le verra se rebeller un peu parce que c’est assez fade et convenu de ce côté-là et hormis l’introduction qui promet une sorte d’histoire à la Henry VIII/Barbe Bleu, c’est un peu léger.

Heureusement, l’autrice sait meubler. En attendant de développer sur univers et son décor, elle commence déjà à mettre en scène les différents personnages. Ainsi le duo Princesse-Suivante se lie vite avec l’une des candidates qui leur apprend les rouages de la Cour, elles sont également épaulés par les rejetons d’une famille de nobliaux assez amusants dans le contrepied qu’ils offrent. Alna/Violette, elle, trouve sa nemesis dans le jeune chevalier qui semble être l’ami du roi et qui fait ressortir le pire d’elle. Cela donne des échanges vifs et dynamiques qui font défiler les pages à toute vitesse, sur un ton mélangeant humour, légèreté et sérieux tout de même car on sent que ce n’est qu’un artifice pour cacher une réalité plus sombre, réalité qui finit par nous rattraper.

Les dessins de l’autrice me plaisent toujours autant. Ils sont reconnaissables entre mille, ce que j’apprécie toujours chez une autrice. Je pourrais juste lui reprocher de faire toujours les mêmes figures. Ainsi Eddy ressemble comme deux gouttes d’eau à l’un des héros de Seiho Men’s School et le chevalier à la langue de vipère est presque la copie de l’amoureux de l’héroïne de La fleur millénaire… Mais surtout mon problème est que pour le moment le roi et son ami semble quasi identique hormis leur tenue quand je les vois ensemble… Alors certes, c’est chouette de voir de beaux paysages, des costumes soignés et variés et de beaux personnages mais ça manque un peu de prise de risque. Tout est beau et lisse.

Called Game propose de vivre une nouvelle aventure, différente de celle des précédents titres de la mangaka mais un peu dans le prolongement de La fleur millénaire tout de même. J’ai aimé cette introduction qui fut sympathique et riche en promesses avec une inspiration historique qui me plait parce que j’aime cet épisode de l’Histoire anglaise. Je reste cependant sur ma faim, l’ensemble étant lisse et convenu. Je manque d’émotions fortes pour le moment. Pour la suite, il va falloir s’armer de patience, au Japon il n’y a que 4 tomes pour le moment…

Tome 2

Ça y est le deuxième tome tout aussi inspiré que le premier vient de sortir. Cette belle fresque flirtant allègrement avec l’Histoire anglaise continue à me séduire et à proposer une aventure non moins fascinante.

Kaneyoshi Izumi a trouvé la bonne formule dans ce titre pour entraîner ses lecteurs dans les méandres d’une histoire politique qui ressemble à s’y méprendre à celle du roi Henri VIII et de ses 6 femmes. Ce deuxième tome est toujours aussi énergique que le premier si ce n’est plus vu que l’on y plonge tête la première dans les histoires de la cour. C’est passionnant et très bien mis en scène.

Violette est déçue de ne pas avoir pu sauver Lizzie. Elle se méfie donc comme jamais des autres reines, en particulier d’Anne. Pour cela, elle essaie de se rapprocher de Catherine, la première reine, veuve du précédent roi, mais ce n’est pas aussi simple. Les intrigues sont donc foison pour se placer dans ce méandre. La petite nouveauté, c’est que l’on voit brièvement l’autre côté du rideau avec la difficulté pour le roi de maintenir un équilibre entre les différentes puissances représentées par les reines, lui qui n’a pas autant de pouvoir qu’il aimerait. L’autrice ajoute donc des personnages secondaires qui complotent également dans son dos. C’est complexe mais passionnant.

Cependant, l’autrice tord également le coup à l’Histoire anglaise, mélangeant les noms et les situations, on ne peut donc pas forcément deviner à l’avance ce qu’il va se passer. C’est chouette. J’avoue que ça m’aurait embêter de connaître d’avance l’histoire, là au moins il y a des éléments de surprise.

Au passage, je trouve bien joué que Violette conserve son identité de femme et ne se travestisse pas en homme chevalier. Ça ouvre une porte intéressante, notamment de part sa relation au mystérieux Arthur mais aussi à Edward Hughes. Ces derniers ont le beau rôle dans ce tome. Edward montre qu’il incarne à merveille les valeurs du chevalier d’antan. Arthur, qui était bien mystérieux, se révèle (sans surprise pour ma part) mais l’autrice lui offre une personnalité haute en couleur qui me plaît.

Entre complots et intrigues à la cour, royauté en difficulté, enlèvement et sauvetage, ce tome fut vraiment une lecture dynamique. Cependant, il ne constitue encore pour moi qu’une introduction. Je n’ai pas eu l’impression d’être totalement entrée dans l’histoire. Je ne suis pas déçue pour autant. Je pense juste que si la parution était moins lente, l’immersion y gagnerait, mais vu que c’est aussi très lent au Japon, je ne peux pas le reprocher à Kazé 😉

Tome 3

Décidément Kaneyoshi Izumi me surprend un peu plus à chaque tome. C’est une belle réussite ! J’avais le souvenir de séries précédentes sympa mais pas non plus transcendantes. Ici, je trouve la trame bien plus dense et fouillée, l’ambiance plus mature, et ça me plaît beaucoup.

Le tome s’ouvre par le récit du passé d’Arthur, un personnage hautement énigmatique jusqu’à présent. Surfant toujours sur des éléments phares de l’Histoire anglaise et notamment celle de la naissance de la dynastie des Tudor, l’autrice nous concocte un très beau drame en trois actes.

Nous découvrons d’abord l’enfance d’Arthur entre mère surprotectrice et grand demi-frère cajoleur. Il y fait la rencontre avec un homme déterminant pour son futur, un « barbare » du Nord, qui lui apprendra le vrai sens de la vie. Superbe duo qui certes reprend pas mal de clichés des romans de chevaleries et de fantasy mais qui m’a beaucoup plu. Il se dégage une vraie authenticité de leur relation et Arthur prend une toute autre carrure.

Vient ensuite la terrible période de l’adolescence où ses illusions s’effondre face à une réalité bien cruelle. On est alors dans un très beau conte cruel où Arthur va faire sa mue de la pire des façons. Mais il va sortir vraiment grandi de tout ça et va utiliser à bon escient les leçons qu’il avait déjà reçues.

Puis nous retournons dans le présent où nous le revoyons à travers les yeux de Violette qui vient de découvrir qui il était. Le contraste entre ce que l’on vient d’apprendre et la vision de notre héroïne est saisissante et amusante. Le ton volontiers humoristique de l’autrice semble décalé ici mais il allège bien atmosphère un peu pesante jusqu’à présent et surtout c’est un joli pied de nez à ces fameuses apparences trompeuses dont se jouent les deux héros. Du coup, j’aime de plus en plus ce qui se dessine entre eux.

La politique tient toujours la dragée haute et c’est passionnant de voir se dessiner en coulisses les premiers signes du drame qui va arriver dans les dernières pages. Nous sommes tellement pris par la nouvelle « mission » de Violette qu’on pourrait ignorer ces signes ou les trouver ridicules, ce serait une lourde erreur, tout comme celle qu’elle commet.

Tranquillement, l’autrice continue à développer un récit aux bases solides, qui emprunte juste ce qu’il faut de la tragique Histoire anglaise pour imaginer un récit corsé où les trahisons font mal et où il est terriblement dur d’accorder sa confiance. C’est passionnant !

Tome 4

Y a pas à dire, je suis de plus en plus surprise à chaque tome par la qualité de cette série, qui bien que classique est extrêmement bien écrite.

Après un tome 3 sur le passé d’Arthur, on repart en pleine action dans cette suite haute en couleur. La « reine » Alna a disparu, il faut donc partir à sa recherche pour la ramener. C’est notre trio de choc qui s’y colle : Violette, Edward et Arthur. Le temps de trois chapitres parfaitement rythmés, ils mettent en scène cette course poursuite dans une ville portuaire libre, utilisant tous les codes du genre à la perfection !

Le trio fonctionne à merveille. Edward tient un peu la chandelle au duo Violette – Arthur qui a un charme certain. Arthur est le roi inattendu qu’on connait bien, drôle, imprévisible, fine lame et charmeur. J’adore le voir évoluer et séduire tout le monde pour mieux les manipuler, se montrant tantôt charmeur, tantôt implacable. C’est un homme à double facette vraiment marquant. Violette, elle, est plus nature mais elle commence à perdre sa naïveté à son contact et ça fait vraiment du bien de la voir s’endurcir.

Dans l’aventure qui nous occupe, tout se mêle, les intrigues de cour entre les prétendantes et la politique du jeune roi qui veut asseoir son pouvoir face aux anciennes familles qui se croient tout permis. C’est la lutte de la nouveauté face à la tradition. Je trouve fascinant la façon dont l’autrice entremêle l’ensemble des intrigues. Lire en parallèle du récit principal tout ce que mijote l’une des prétendantes clés est captivant. Elle appuie là où ça fait mal et manipule les sentiments de ses adversaires comme personne. J’aime beaucoup cette odeur de souffre que cela dégage.

Je n’ai ainsi pas vu passer ma lecture. L’histoire avance d’un bon pas et l’autrice renforce les relations préétablies avec brio. L’ambiance d’intrigues est toujours aussi bien ficelée et prend une belle ampleur avec une méchante de plus en plus fascinante et pernicieuse, mais qui se voit elle-même dotée dans les ultimes pages d’une adversaire non moins retorse, ça promet pour la suite !

Tome 5

Kaneyoshi Izumi tient vraiment les rênes de son histoire de mains de maître, car après une petite virée à l’étranger pour établir de nouvelles bases commerciales, on revient vite aux petits complots du palais et c’est toujours aussi passionnant.

La petite escapade à Fradol n’était qu’une parenthèse, nécessaire cependant à la conclusion de l’histoire d’Alna/Camilla, et l’autrice c’en est très bien sortie, mêlant histoire personnelle et politique. Les premiers chapitres du volume sont ainsi consacrés à Camilla afin de la découvrir tout en lui disant au revoir, ce qui permet d’affermir la volonté de Violette dans ce qu’elle entreprend et de montrer toute la complexité du rôle que Camilla a dû tenir. Mais ce n’est pas la partie que j’ai préféré.

En effet, moi, ce que j’aime ce sont les intrigues de cour et là j’ai à nouveau été gâtée. Nous découvrons une nouvelle reine potentielle : Christina, la soeur d’Anne, qui a été mariée trop tôt, a perdu son mari, et compte bien profiter de son statut de veuve pour s’amuser enfin. Sa famille commandant aux armées, Arthur demande à Violette d’en faire une alliée. Sauf que derrière son visage d’ange et son côté évaporée, Christina n’est pas seulement une femme à homme, c’est aussi quelqu’un de très intelligent, rusé et blessé, ce qui est peut-être le pire.

J’ai beaucoup aimé la nouvelle dynamique lancée avec cette histoire. Violette se retrouve sans candidate à protéger. Elle a donc un nouveau statut encore flou et ce qu’elle manigance pour le Roi encore caché est étrange. Forcément les reines qui ne sont pas bêtes sentent quelque chose de louche. Une nouvelle rivalité va donc naître alors que ces nouvelles « menaces » éclosent et ce sont les plus intelligentes qui vont monter aux créneaux : Anne, Christina et Violette. Ce combat de femmes à fleuret mouchetés est assez fascinants. Les hommes se tiennent encore loin pour le moment mais jusqu’à quand ?

Après tout, le Prince et son frère le Roi sont tout de même au coeur de tout ça. La relation entre Violette et le Roi prend d’ailleurs une tournure de plus en plus intéressante à défaut d’être aussi profonde que je le voudrais puisque les circonstances l’en empêchent. Mais Violette cherche tout de même à l’aider dans son ascension au pouvoir car elle aimerait vraiment le voir régner et moi aussi. Quant au Prince Kay, nous découvrons une nouvelle facette de lui qui risque de le propulser au premier rang dans le prochain tome. J’ai hâte de voir ça.

Mélangeant intrigues de cour, combats de chats entre les femmes de l’entourage du Roi, volonté d’émancipation politique de celui-ci, ce riche s’est à nouveau révélé riche en surprise et en aventures courtisanes. Ce fut un vrai bonheur à lire.

Tome 6

Cette inspiration de l’histoire d’Henry VIII d’Angleterre est vraiment très forte. J’aime de plus en plus la façon dont l’autrice tord et détricote cette histoire pour la mettre à sa sauce et nous pondre une série sombre et dramatique à souhait.

Alors que les camps sont tous en train de fourbir leurs armes et de passer la seconde, l’autrice nous offre un pas de côté dans ce tome pour revenir sur l’étrange Christina, la seule candidate qui avait vraiment l’air d’une évaporée et dont on ne comprenait pas le jeu. Récit dramatique et déchirant en perspective qui remue bien les boyaux.

A chaque fois que l’autrice s’amuse à développer un personnage, elle consacre un long tome à son passé. Cela avait été le cas pour Arthur, c’est à nouveau le cas pour Christina. Inspirée de l’aînée des soeurs Boleyn, celle-ci connaît elle aussi une destinée tragique. Amoureuse de Kay, elle est au début le joyaux de sa famille, dont inaccessible pour lui. Mais un jour son père l’offre au nouveau roi, Henry, qui n’en fait qu’une bouchée. Elle en sort brisée.

J’ai été déchirée par l’histoire poignante mais tellement banale malheureusement de Christina. L’autrice la narre avec beaucoup d’émotion, de la noirceur mais aussi parfois des touches de légèreté pour alléger l’atmosphère pensante. Elle montre ainsi en parallèle comment Arthur est monté sur le trône et comment Anne est devenue une telle stratège. C’est très riche. Inspirée bien sûr de l’histoire anglaise, le lecteur connaisseur détachera et devinera rapidement certains rebondissements, mais qu’importe, on ne boude pas son plaisir.

J’ai beaucoup aimé le récit du destin de cette femme, de ses débuts de femme éduquée jusqu’à sa chute et son second souffle grâce à Dereham, un époux certes beaucoup plus vieux qu’elle, mais un beau chevalier servant à contre-courant qui m’a émue et surprise. Mais c’est surtout le rattachement ensuite à l’histoire présente et au bal que compte donner le roi Arthur où Christina compte enfin jouer son rôle qui m’a semblé prometteur pour la suite. La belle endormie a été réveillée grâce aux plans machiavéliques du roi et ça va saigner !

Malgré un rythme particulièrement lent, je raccroche avec plaisir à chaque tome à cette histoire d’intrigues politiques dans les couloirs du château d’un roi qui rappelle un certain roi anglais. C’est parfois amusant, souvent passionnant, plus rarement glaçant et ici les trois sont réunis dont un tome célébrant un personnage fort discret jusqu’à présent qui, je l’espère, saura défier et se venger de son destin. Une belle épopée !

Tome 7

Les jeux du trône du pays de E se poursuivent et les fils s’entortillent de plus en plus, laissant les personnages sur le carreau plus d’une fois, ce qui ne les empêche pas de se relever.

De retour dans son château Arthur doit à nouveau faire face aux nombreux tours et manipulations de ses prétendantes et notamment d’Anne, la principale. Mais il est décidé à y faire face et l’affronte avec Violette à ses côtés.

C’est on ne peut plus classique mais cela reste accrocheur et surtout amusant de voir ce prince / roi montrer les dents et affronter les pseudo complots de l’histoire, qui avouons-le ne volent pas très haut. C’est joliment mis en scène cette fois au cours d’un bal. Je ne vais pas mentir, j’ai trouvé ça bien léger et surtout je commence à me lasser et trouver ça répétitif. Ça n’a pas les tensions d’un Roi du requiem des roses mais ça reste sympathique.

Du coup, je m’attache plus aux relations qui se définissent et redéfinissent sans cesse dans la série. Ici, le renforcement des liens entre Arthur et Violette est émouvant. On sent que ce sont deux forts caractères, deux personnages solides sur leurs bases et pas du tout un truc mielleux et romantique. De même, les prises de bec de Kay et Catherine sont intéressantes aussi, c’est un modèle typique de lovers to ennemis to lovers que j’affectionne, même si oui l’autrice répète et répète encore ce schéma depuis plusieurs volumes.

Enfin, j’ai été contente de voir la scène se déplacer vers les champs de bataille sur les dernières pages car c’est aussi dans ses fonctions de leader, plus que de monarque cherchant une reine, qu’Arthur m’intéresse. J’espère donc qu’on aura vraiment quelque chose à se mettre sous la dent en matière de conflits avec les pays voisins et pas juste de jolis cartes et grands mots comme pour le moment.

Sympathique shojo d’aventure à décor historique, Called Game a le malheur déjà de sortir très lentement mais en plus de voir son intrigue s’embourber et se répéter un peu ses derniers temps. Alors ça reste plaisant à lire car l’autrice sait y faire pour imaginer des relations avec des tensions tendres et/ou amusantes, mais on reste bien trop en surface sur tous les plans pour que ce soit vraiment une lecture marquante. On est à fond dans les clichés du genre et je ne sais pas si ça va me plaire longtemps ou si on ne va pas vite tomber juste dans le divertissement.

Tome 8

Quelle frustration que la lente parution de cette série qui pourtant se bonifie au fur et à mesure qu’elle devient plus politique et mélange mieux les éléments romantiques et complotistes. Frustrant, frustrant.

A l’heure où la Romantasy est tellement à la mode, Called Game en serait un très bel échanson. Avec son histoire s’appuyant sur une Histoire d’Angleterre revisitée et déplacée dans un autre univers, elle nous régale. Cependant 8 tomes en près de 4 ans, c’est fort peu pour du manga et cela s’en ressent aussi bien dans la narration que dans la lecture. Il y a des tomes passionnants comme celui-ci et d’autres qui sont clairement dans le creux de la vague, rendant la finalité un peu plus floue. C’est dommage de ne pas avoir un rythme plus élevé et une tension plus forte.

Je n’ai cependant pas boudé mon plaisir ici malgré un scénario des plus classiques. J’ai trouvé que l’autrice dosait bien romance, action, politique et humour. Elle fait bien monter la tension et la pression autour du jeune roi et donne un beau rôle progressivement à Violette, tout en incluant Ed dans le jeu comme troisième côté de ce triangle amoureux et politique. Les jeux d’influence se dessinent bien et elle nous questionne joliment à la fois sur la solitude du pouvoir et l’envie de rester dans les mémoires quel que soit son rôle.

La mangaka met joliment en danger Ed et Violette dans ce tome, créant une tension qui va bien nourrir l’ensemble du tome, s’appuyant sur les dynamiques passées pour les amener sur un nouveau terrain et leur donner une autre dimension. J’ai beaucoup aimé leur rapprochement, leur complicité, la présence que cela offre à Violette et ses interrogations sur son devenir de femme et même juste d’être humain. Nous ne sommes pas juste dans un récit romantique où l’héroïne se demande avec qui elle va finir, non. Nous sommes dans une quête identitaire d’une femme qui a laissé son nom pour en prendre un autre et qui ne peut être avec celui qu’elle aime, et donc qui a peur d’être oubliée, effacée. C’est poignant et c’est un thème rarement mis en avant.

Le travail de l’autrice sur la dimension politique de l’oeuvre et d’ailleurs fort intéressante, a fortiori dans ce tome. Elle montre bien toute la fébrilité d’un souverain monté sur le trône sans légitimité assise suffisamment. Pas de soutien égal beaucoup de problème, et égal aussi tout à construire. C’est ce à quoi on assiste. J’ai aimé voir Arthur se chercher un bras droit et trouver une réponse originale, construite de toute part par lui, qui vient battre en brèche certaines idées préconçues. C’est vraiment un souvenir original et cela offre un récit différent des autres sur ce créneau peut-être plus mature, malgré l’humour jamais bien loin de l’autrice pour dédramatiser tout ça.

Triangle amoureux assumé, mise en danger complexe, recherche de soi et de sécurité, royaume fragilisé par le manque de soutien du souverain, voici les ingrédients de cette lecture palpitante qui souffre juste d’un rythme de parution beaucoup trop lent. J’ai adoré les questions autour de la mémoire et de la trace qu’on laisse ici. J’aime que l’autrice bouscule les codes de la romance pour offrir un titre plus politique que bien d’autre avec un vrai travail émancipateur autour des figurines féminine et souverainiste. C’est original et percutant, avec une réelle dimension psychologique bien plus profonde que chez les autres.

 

© 2018 Kaneyoshi IZUMI

8 commentaires sur “Called Game de Kaneyoshi Izumi

  1. J’ai beaucoup aime ce premier tome aussi ! J’ai hâte de pouvoir la suite, surtout que le sujet est Creuse, mais la mangaka ne se contente pas d’en faire des potiches, y a un réel enjeu entre toutes ces femmes ! Elle n’y va pas par quatre chemins 😱
    Je suis d’accord pour les noms des royaumes 😂

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  2. Celui-ci me tente énormément ! Avec cette mangaka on sait qu’elle peut développer des univers et des personnages 😍
    En tout cas, une fois encore ton avis va me faire dépenser des sous, merci 😝

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    1. Exactement, c’est vraiment sympa et il y a une belle petite pointe de noirceur. Bon, c’est encore un peu lisse à mon goût. Je trouve Le Requiem du roi des roses plus sombre par exemple, mais je me doute que vu le magazine jap où c’est publié, elle ne peut pas trop se lâcher non plus, et c’est déjà pas mal !

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