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Au-delà de l’apparence de Fumie Akuta

Titre : Au-delà de l’apparence

Auteur : Fumie Akuta

Éditeur vf : Kana (shojo)

Années de parution vf : 2017-2020

Nombre de tomes vf : 9 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Chitose s’est façonné un masque derrière lequel elle a pris l’habitude de se cacher pour être appréciée de tous. Mais sa vie va complètement changer le jour où Itsuki, un bel inconnu, lui vient en aide.
Fascinée par son regard, elle décide de le suivre et se retrouve devant les portes d’une école d’art. Armée de son plus beau sourire, Chitose demande à son sauveur de lui faire visiter les lieux, mais ce dernier voit clair dans son jeu : impossible de lui mentir !

Mes avis :

Tome 1

Sous ces très belles couvertures et le joli coup de crayon de cette nouvelle mangaka se cache une histoire au pitch original mais au déroulé on ne peut plus classique malheureusement. J’ai en effet craqué en voyant les couvertures et en découvrant le dessin à l’intérieur qui est tout aussi beau. J’ai été attirée par l’histoire de Chitose qui s’est construit un vrai masque pour caché ses failles et qui tente maintenant de s’en défaire. J’ai par contre eu plus de mal avec le héros qui l’accompagne et le déroulement de leur histoire.

En effet, Itsuki est le beau gosse par excellence, qui cache un lourd passé ou une situation familiale compliquée, je parie. Il souffre de son apparence et en a marre que les autres ne s’arrêtent que là-dessus, il est donc en recherche d’authenticité. Chitose, elle, a été blessée par les autres par le passé et s’est forgée un masque pour leur plaire désormais et ne plus être en butte à leurs remarques mais entre temps elle s’est perdue. Leur rencontre est donc détonante.

Itsuki n’a pas la langue dans sa poche et il lui fait rapidement comprendre que son attitude n’est pas idéale pour être heureuse et épanouie, mais en faisant cela il se montre en parfait goujat. C’est pourquoi, j’ai eu du mal à comprendre comment elle avait pu si rapidement craquer pour lui sauf si c’est juste pour sa belle gueule et là ça va à l’encontre du message du titre. La relation qui se noue entre eux est dès lors assez bancale, Chitose étant en admiration béate devant lui…

Heureusement au milieu de tout ça, il y a surtout leur rapport cathartique avec l’art qui lui m’intéresse bien plus. J’aime la façon dont ils s’en servent pour exprimer leur moi profond et guérir de leurs plaies. J’aime la façon dont Itsuki amène Chitose à laisser libre court à sa passion cachée et j’aime le milieu de cette école d’art préparatoire et de son petit groupe qui n’est pas sans me rappeler (de loin) celui de Gokinjo.

Au-delà de l’apparence est donc un shojo classique pour ce qui est de la romance mais qui a une petite pointe d’originalité avec le rapport de ses personnages avec l’art. Si l’auteure ne tire pas trop sur le fil, elle pourrait en faire une chouette petite série courte toute fraiche. A suivre.

Tome 2

On se dirige de plus en plus vers une histoire assez classique qui tient plus de la romance lycéenne qu’autre chose mais je continue à apprécier le contexte et l’ambiance de leur école d’art.

Dans ce tome, j’ai trouvé Itsuki moins antipathique. On commence à le découvrir et à briser son masque. Il est trognon quand Chitose le surprend et le prend au dépourvu. J’ai aussi aimé voir cette dernière s’affirmer tout au long du tome. Elle est de plus en plus elle-même avec les autres, même avec ses amies du lycée, ça fait plaisir. J’aime la voir tout donner pour se pousser à changer et affirmer ses goûts. Son amitié avec les filles de l’école d’art est toute mignonne elle aussi.

Enfin, on progresse du côté de la romance et même si j’aime ça, c’est tout de même ce qui les rapproche autour de l’art qui me fait le plus vibrer. C’est pour ça que la tournure que prend leur romance me fait lever les yeux au ciel parfois tant c’est vu et revu. De même, l’arrivée du trublion à la fin du tome n’est pas du tout une surprise. On devine vite quel sera son rôle et qui il est pour certains personnages.

Au-delà des apparences reste un titre sympathique mais qui ne sort pas du lot non plus.

Tome 3

J’ai vraiment passé un très bon moment avec l’arrivée de Yui, frère d’Itsuki, dans ce tome. Bien que court (seulement 158 pages), je l’ai trouvé très dynamique. Yui est plein d’énergie et nous embarque facilement dans ses délires. Il met un grand coup de pied aux fesses de son frère pour le faire avancer et ça fait plaisir. De plus, sous ses airs de prince il révèle un côté très fragile qui me plaît. J’ai aimé apprendre ses motivations pour faire de l’art et j’ai apprécié ses explications quant à sa perte de motivation une fois son objectif atteint. Cela sonnait juste. A côté de ça, j’ai aimé voir Chitose continuer à s’ouvrir au monde, se faire des amis et retrouver un ami perdu. Elle reste fragile mais elle me plaît cette petite. C’est pareil pour son amie Meguro qui sous ses dehors renfrognés cache un coeur en or. Elle est adorable quand elle essaie de se déclarer. Et en parlant de déclaration, je n’avais pas vu venir celle d’Itsuki. J’ai trouvé que tout allait un peu trop vite de ce côté, comme si son armure avait fondu sans que je le remarque juste parce qu’il voit Chitose se rapprocher de son frère. Ça manque un peu de subtilité.

Tome 4

Quel joli tome ! Le dernier m’avait laissé une sensation de trop peu, trop vite, trop facile. Ici, l’auteure corse un peu son propos et enrichie les personnalités de ses personnages.

Si dans un premier temps, j’ai vraiment détesté le comportement d’Itsuki et son attitude vis-à-vis de Chitose, il s’est bien rattrapé ensuite. Je l’ai trouvé très sensible et complexe. J’ai aimé le voir galérer en amour alors qu’il avait toujours l’air si sûr de lui. J’ai aimé le voir commettre des erreurs, lui qui avait l’air si parfait. J’ai aimé le voir fragiliser, lui qui avait l’air de mener la danse. Bref, j’ai beaucoup aimé l’évolution et le travail sur ce personnage.

De même, j’ai trouvé son frère très intéressant et plus complexe qu’à première vue. Tout le questionnement qu’il induit sur la finalité des études, l’épanouissement personnel, la vocation, est très intéressant. Sa relation avec Chitose me plaît beaucoup aussi. Il a un petit côté mentor mais Chitose n’est pas en reste, en plus d’être sa muse, elle l’aide aussi à se trouver. Bien sûr, on sent classiquement qu’il développe des sentiments pour elle et que la relation de celle-ci avec son frère le travaille, mais ce n’est pas grave.

Chitose, par contre, a quelque chose d’agaçant à se laisser porter comme ça. Elle a encore du mal à s’imposer et m’a agacé à ne pas répondre à Itsuki quand il se comportait comme un idiot. Elle manque encore un peu d’aplomb pour moi. Je comprends qu’elle soit perturbée par les paroles d’Itsuki mais c’est aussi à elle de faire l’effort de lui parler dans ces cas-là. La mangaka joue trop sur les clichés des romances lycéennes avec ces quiproquos à n’en plus finir et ça m’a un peu agacée parfois. J’aimerais qu’elle dépasse ça et ce serait parfait.

Tome 5

Le tome parfait pour moi ! Depuis le début, c’est celui que j’ai trouvé le plus équilibré, le plus intéressant et le plus mignon.

Il s’ouvre par la mise en place de la relation Itsuki-Chitose et c’est juste adorable et terriblement touchant de les voir enfin se mettre ensemble. Itsuki ose enfin s’ouvrir à elle et être naturel face à elle, ça le change complètement et je suis sous le charme. J’aime la possessivité dont il fait preuve ainsi que son côté protecteur et boudeur parfois. Chitose, elle, a bien changé aussi. Elle a vraiment pris confiance en elle, elle en a fini avec ses masques. C’est super agréable du coup de les voir ensemble, surtout qu’ils sont en train de construire une relation saine, pleine de confiance, ce qui donne lieu à des moments juste adorables.

Puis, le tome s’intéresse également à l’orientation des héros, ce qui est un pan tout aussi important de leur vie. Du coup, j’ai vraiment trouvé bien que ça occupe autant de place. C’est intéressant de les voir douter, s’interroger, se questionner, comme on a tous fait à un moment donné, et de voir que non il n’y a pas forcément de réponse là de suite, et même que cette réponse peut être multiple. J’ai vraiment trouvé la mangaka très juste ici.

Pour terminer, je serais incomplète si je n’en parlais pas, Yui prend aussi de plus en plus de place. On le voit lui aussi se réveiller, commencer à montrer ses sentiments, douter et ne plus être aussi sûr de lui derrière son masque. J’aime beaucoup ce personnage plein de faille qui ressemble tant à Chitose dans un sens. Son attirance pour celle-ci est évidente tout comme sa bienveillance envers elle mais aussi envers son frère même si c’est plus ambigüe. Fumie Akuta a réussi avec lui à créer un personnage tout en nuances, loin des clichés que son apparence suggère. J’aime beaucoup.

Tome 6

Au bout de 6 tomes passés autour d’une romance, l’autrice arrive encore à me surprendre et à m’embarquer sur un chemin que je ne pensais pas forcément trouver dans ce genre de titre.

En effet, elle revient longuement dans ce tome sur la relation entre les deux frères, leur rivalité mais aussi leur jalousie d’un de l’autre. L’un, Yui, est doué en tout mais semble n’y prendre aucun plaisir. Il envie son frère qui au contraire semble vraiment aimer ce qu’il fait. L’autre, Itsuki, a toujours un peu vécu dans l’ombre de son frère qu’il admire et supporte mal la comparaison. Tous les deux vont tomber amoureux de la même fille et vont enfin grâce à ça, se parler et oser s’affronter de la plus belle des façons, en restant francs et honnêtes. J’aime beaucoup. De plus, on en vient à voir chacun à travers les yeux de Chitose qui nous montre ainsi à nous lecteurs combien ce sont de belles personnes chacun à leur façon. Ils sont là pour l’aider, l’encourager, la comprendre et la faire sortir de sa coquille. C’est touchant.

L’autre aspect original et très intéressant de ce tome, c’est le choix de parler des choix futurs des héros : choix de vie, choix professionnel, choix d’études. On évoque rarement aussi bien ce sujet. Ici, l’autrice est vraiment terre à terre et aborde la peur que cela engendre, les contraintes auxquelles ont doit faire face : finances de la famille, sélections des écoles, etc. C’est dur mais nécessaire. Il faudrait en parler plus souvent et non juste nous présenter ça artificiellement comme c’est souvent le cas, où on a l’impression que les contingences matérielles sont absentes. De plus, ça change de parler d’études plus techniques, plus professionnelles et manuelles avec le monde de l’art et de l’artisanat. Ça m’a un peu rappelé Gokinjo d’Ai Yazawa sur ce point. On voit que c’est une voie difficile à poursuivre et qui nécessite de bien y réfléchir, voire de faire des sacrifices.

Pour finir, j’ai été ravie également qu’on parle plus de dessin et de technique parce que c’était un aspect qui m’avait attirée dans ce titre et que je le trouvais un peu trop en retrait depuis que la romance s’était amorcée. Celle-ci étant désormais belle et bien posée, on peut aussi traiter un peu des sujets de fond et ça fait plaisir.

Dans ce tome, la mangaka choisit donc de creuser un peu plus son univers et de ne pas se contenter d’une banale romance. C’est rafraichissant dans l’univers du shojo manga !

Tome 7

Je confirme encore mon attachement à ce petit shojo classique qui ne paie pas de mine et qui est pourtant plein de jolis enseignements. J’en aime le contexte estudiantin, même si je regrette qu’il ne soit pas plus exploité, car la romance prend de plus en plus le pas sur le reste et c’est dommage.

Dans ce nouveau tome, l’héroïne participe à un concours permettant de montrer qu’elle a bien progressé sous le tutorat de Yui. J’aurais aimé qu’on développe un peu plus cette partie parce que c’est un pan de l’histoire qui m’intéresse vraiment et que je trouve les moments où l’autrice l’aborde très bien mis en scène, comme si c’était du vécu. Malheureusement, je pense que le sujet a surtout été mis en avant pour montrer que Yui avait été un bon prof.

Ensuite, vient sur le tapis le sujet des examens et de l’orientation. Chacun doit faire des choix qui seront importants pour la suite. Mais l’autrice veut montrer qu’on peut conjuguer amour et « carrière » et ça me plait, surtout dans un pays comme le Japon où j’ai parfois l’impression qu’on fait passer la réussite avant tout, c’est donc un discours qui change.

Enfin, la partie la plus intéressante est la dernière, celle où on voit évoluer la relation entre Itsuki et Chitose. Ce dernier se montre un peu trop pressant et la demoiselle panique. La mangaka profite de la situation pour nous parler de la notion de consentement et d’écoute dans les couples. C’est fait avec du doigté et de la sensibilité alors ça m’a plu. Itsuki n’est pas du genre à s’imposer à sa partenaire, au contraire s’il voit que ça ne va pas, il s’arrête et la gêne de celle-ci le dérange vraiment et le pousse à réfléchir. C’est un garçon bien. Son frère aussi puisqu’il sent que ça ne va pas, mais n’étant pas la bonne personne, il leur trouve de l’aide ailleurs. C’est plein de bonnes intentions.

La seule chose qui va m’agacer ici, c’est la déclaration de ce dernier dans les dernières pages. Non, je ne veux pas du retour du triangle amoureux entre l’héroïne et les deux frères, et encore moins l’arrivée d’une quatrième personne pour se mêler à tout ça !

Tome 8

Avant-dernier tome de cette série rondement menée par l’autrice, je trouve. Elle ne s’attarde pas une fois qu’elle a atteint son but et traité le sujet dont elle voulait nous parler, ça me plaît, ça évite les longues divagations de certain(e)s. Pour autant, ça reste une lecture vraiment agréable au cours de laquelle j’ai toujours le sourire mais je dois reconnaitre qu’il lui manque le petit truc en plus.

Dans cet opus, on retrouve nos héros en proie à diverses interrogations par rapport à leur futur : quelles études poursuivre ? Où ? Pour faire quoi plus tard ? C’est assez bien traité. J’ai trouvé intéressant de voir l’héroïne ne pas tout lâcher pour le héros, mais se dire plutôt qu’une relation longue distance pourrait fonctionner. J’ai aussi apprécié de voir le héros en plein questionnement existentiel vis-à-vis de sa passion première. Non, le héros n’est pas un type sûr de lui à qui tout réussi et qui est parfait, lui aussi doute, hésite et n’est pas forcément le meilleur dans son domaine. Pour autant, il reste juste et sensible, il n’est jamais imbuvable contrairement à bien des mecs dans les shojo manga et ça nous change. Je trouve la représentation de ces jeunes adultes vraiment très réussie. La seule chose qui m’a un peu agacée, mais je devine que l’autrice pense que c’est nécessaire pour relancer l’histoire, c’est l’introduction de la jeune binoclarde qui semble craquer pour Itsuki et le frère de ce dernier qui continue à titiller Chitose, pour moi ce n’est pas utile ^^’

Tome 9

Les dernières évolutions du titre ne m’avaient pas entièrement convaincue mais je suis ravie de voir que contrairement à ce que je craignais, le dernier tome répond à toutes mes attentes !

L’autrice avait laissé nos héros en assez mauvaise posture avec des rivaux des deux côtés et un futur incertain aussi bien côté professionnel que sentimental. Elle s’en tire pourtant la tête haute ici dans cet ultime opus grâce à ce qui a fait la force du titre. En effet, elle a décidé de centrer ce tome sur la communication et le soutien de la personne aimée et c’est une franche réussite !

Nous suivons ainsi en parallèle Chitose qui a choisi sa voie et fait tout pour l’atteindre, Itsuki qui continue à se chercher mais à décider d’affronter ses peurs, et enfin leur couple qui est confronté à quelques turbulences. L’ensemble est beau, juste et équilibré, porteur d’un très beau message. J’ai adoré voir Chitose lutter pour son rêve et voir l’autrice ne pas lui mâcher le travail mais montrer qu’au contraire rien n’est acquis, qu’on peut échouer, mais que quand on a le soutien nécessaire on peut parvenir à se relever et continuer à lutter. C’était très beau de la voir dans une telle dynamique. Face à elle, j’ai trouvé Itsuki un peu en retrait, alors qu’au contraire sa lutte était encore plus belle que celle de sa compagne, parce que lui, c’est contre lui-même et le blocage qu’il avait toujours eu qu’il luttait. Du coup, j’ai aimé rencontrer la personne à l’origine de tout, les voir se confronter et surtout admirer Itsuki à pied d’oeuvre.

Enfin, il y a leur couple, la plus grande réussite de l’histoire car c’est rare dans une romance lycéenne publiée en France, d’avoir des personnages aussi matures. Non l’héroïne n’abandonne pas son rêve parce qu’elle ne pourra pas être avec celui qu’elle aime, au contraire. Celui-ci d’ailleurs la soutien à 100%. Il l’épaule de bout en bout et se met même à nu devant elle quand c’est nécessaire, ce qui n’a rien de facile. C’est beau de voir un tel couple. Leur soutien sans faille l’un à l’autre sans pour autant étouffer leur personnalité et leur rêve est un beau message dont plus de mangaka devraient se saisir, parce que j’en ai ras-le-bol des titres où l’un doit se sacrifier pour l’autre (et surprise, c’est souvent la fille !). Ici, on est avec un titre du coup beaucoup plus dans l’air du temps et qui m’a vraiment parlé !

Je conclus donc cette série passée un peu trop inaperçue sur un gros a priori positif. Je l’ai trouvée actuelle de bout en bout avec des personnages humains et avec du caractère. La romance a bien évolué et ne fut pas la seule dynamique du titre. Le cadre de cette école d’art m’a enchantée de bout en bout car elle a permit de traiter très joliment d’un moment charnière pour tous : le passage à l’âge adulte et les choix qu’on doit faire. Vraiment un très beau shojo à lire !

Ma note : 15,5 / 20

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