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Comme les autres de Nojin Yuki

Titre : Comme les autres

Auteur : Nojin Yuki

Éditeur vf : Kana (shojo)

Années de parution vf : 2021-2022

Nombre de tomes vf  : 7 (série terminée)

Résumé : Tsubaki est une jeune fille qui se laisse porter par ses sentiments. Lorsqu’elle tombe sous le charme d’Ibuki, elle lui écrit une lettre où elle déclare vouloir vivre une histoire d’amour heureuse et ordinaire. Elle ignore la surdité de celui qu’elle aime.

Mes avis :

Tome 1

J’ai toujours beaucoup aimé la collection « shojo » de Kana, qui recèle des petites pépites. Ils avaient d’ailleurs lancé leur collection avec Basara à l’époque, un shojo d’aventure dans un monde post-apocalyptique médiéval qui est juste fantastique. Maintenant, leurs histoires sont plus classiques mais restent de qualité en général. Cependant, avec Comme les autres, je crois que c’est la première fois qu’ils abordent la question du handicap. (N’hésitez pas à me démentir si je me trompe ^^)

Nojin Yuki, l’autrice de cette série, avait déjà été introduite en France avec This is not love, thank you, une gentille romance lycéenne en 5 tomes parue chez Soleil il y a 2 ans, que j’avais vraiment bien aimé grâce à la belle écriture des personnages. Au Japon, elle a écrit nombre de séries de 3, 4, 5 volumes qui sont toutes des romances plutôt douces. J’avais été surprise de ne pas la revoir chez nous. J’accueille donc avec grand plaisir sa nouvelle série toujours en cours, Comme les autres comptant 6 tomes à ce jour au Japon.

Avec ce nouveau titre, Kana s’inscrit dans la mouvance actuelle, celle des éditeurs qui proposent des titres grand public avec des personnages diversifiés de par leur sexe, leur genre, leur sexualité, leur origine ethnique mais aussi par leur handicap comme c’est le cas ici. Ça fait plaisir de voir enfin ce genre de personnage mis sous les feux de la rampe et encore plus quand c’est avec sensibilité comme ici.

Notre histoire débute quand la jeune Tsubaki, dont la devise est de vivre selon ce que lui dicte son coeur, ramasse par hasard le pass de transport d’Ibuki. Ayant le coup de foudre pour lui, elle fait tout pour le retrouver mais quand elle y parvient, elle apprend au bout de quelques temps que celui-ci est sourd. Et elle, qui lui a seriné qu’elle voulait une histoire d’amour ordinaire, se voit repoussé par Ibuki. Comment parvenir à lui faire comprendre que son handicap n’est pas un frein pour elle ?

Le premier tome de cette bluette romantique s’est révélé surprenant à plus d’une reprise. J’ai beaucoup aimé la sensibilité mais l’honnêteté dont l’autrice a fait preuve envers ses personnages. Tsubaki et Ibuki ont tous les deux quelque chose qui les rend différent des autres, et même si c’est plus visible pour l’un que pour l’autre, cela aura une grande influence sur leur façon d’appréhender la vie et les autres. Tsubaki a puisé une force dans sa différence et veut tout vivre à fond. Ibuki, lui, s’est plutôt renfermé dans son monde qu’il veut rassurant, se coupant du reste, pensant qu’il ne peut pas être comme les autres, ce que Tsubaki va entreprendre de défaire.

Tsubaki sous ses dehors un peu simplette est surtout une jeune fille pleine d’enthousiasme et profondément gentille. Elle a une grande force de caractère mais est aussi très sensible. Elle va ainsi peu à peu toucher le coeur endurci d’Ibuki mais ce n’est pas simple. En effet, l’autrice nous fait bien comprendre ce qu’est le quotidien de quelqu’un de sourd : les difficultés sociales, les difficultés à communiquer, les moqueries, les moments où on nous laisse à part, etc. On perçoit bien la dureté du monde tel que le vit Ibuki et on comprend du coup combien c’est dur pour lui de s’ouvrir à des gens nouveaux. Cependant Tsubaki ne va pas abandonner et elle va tenter de s’introduire dans son monde, d’abord en essayant de partager sa passion pour la photo, puis en apprenant le langage des signes, mais aussi en discutant avec les amis de celui-ci. Tout est bon pour apprendre à le connaître et le faire sortir de sa coquille.

L’histoire est vraiment très touchante. Là, où je suis un peu plus réservée, c’est concernant l’aspect romantique. Je trouve l’histoire du coup de foudre un peu léger et le reste est à l’avenant. C’est bien léger, bien facile, bien classique. Cela reste mignon mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. L’autrice utilise des ressorts éculés en matière de romances lycéennes avec la rencontre en prenant le train/métro, l’approfondissement de leur relation à la bibliothèque ou lors des sorties de leur club, l’arrivée de la rivale qui est l’ex- du héros, et le meilleur ami qui observe tout ça. Il ne faut pas s’attendre à de l’originalité ici.

Les dessins de la mangaka, eux, tout comme dans son précédent titre chez nous, sont très doux. Il s’en dégage une belle fraicheur. Ils sont pile poil dans la ligne éditoriale de ceux des magazines shojos de la Shueisha, que ce soit le Margaret, le Betsuma ou le Bessatsu. Pour ma part, j’aime beaucoup ce style qu’on retrouve par exemple chez Io Sakisaka (Blue Spring Ride), Nagamu Nanaji (Banale à tout prix), Mika Yamamori (Daytime Shooting Star), etc. C’est parfaitement dans l’air du temps.

Comme les autres est donc une belle bluette lycéenne en devenir avec l’originalité de proposer un héros sourd et donc d’aborder frontalement ce que c’est que de souffrir de ce handicap quand on est lycéen. C’est assez rare chez nous pour le souligner et quand en plus, c’est traité avec justesse et sensibilité, on n’a qu’une envie : poursuivre !

Tome 2

J’avais été plus enthousiasmée par le premier tome de cette saga où le héros est mal entendant. Cependant j’avais lu des chroniques plus nuancées de la part d’amis blogueurs ce que je ne comprenais pas. Je commence à voir pourquoi avec ce deuxième tome malheureusement qui botte un peu à côté.

En effet, l’autrice nous propose dans cette suite, une histoire qui semble totalement oublier la particularité de son héros tant on pourrait la transposer dans n’importe quel cadre lycéen sans même que le héros ait un handicap. C’est dommage.

Cela donne des chapitres assez poussifs, où on voit l’héroïne tenter de se rapprocher d’un garçon qui ne le souhaite pas, en allant voir le meilleur ami de celui-ci qui ne souhaite pas se mêler de tout ça et aimerait qu’on le laisse tranquille, le tout sous le regard d’une ex qui aimerait bien ne pas l’être. Bref, c’est cliché et les valeurs ne sont pas les plus belles que j’ai lu. Je suis assez déçue. Je n’ai rien contre les récits conformistes mais j’attendais plus ici.

Pour autant, l’histoire se lit assez facilement. On a envie de voir comment Tsubaki va finir par se rapprocher du froid et austère Ibuki, parce que forcément ça va arriver. On a envie de voir si ça ne va pas se transformer en carré amoureux entre Tsubaki, Ibuki, Osuke et Hidaka. On a envie d’assister à tous les changements qui vont s’opérer chez eux, rendant certains probablement plus tendres et plus ouverts parce que pour le moment dans l’ensemble ils sont assez fermés.

Le seul personnage ouvert, c’est Tsubaki, qui porte le titre. C’est la seule à se bouger, à tenter de briser leurs murailles respectives, à essayer de comprendre pourquoi ils se sont réfugiés derrière. La surdité d’Ibuki n’explique pas tout, la déception d’Hidaka non plus, ni la nonchalance d’Osuke. C’est donc avec une certaine forme d’ambivalence que je l’ai suivi dans ses efforts, gênée parfois de la voir aussi intrusive, ravie parfois de voir que ça porte ses fruits.

En effet, assister tout doucement à l’ouverture d’Ibuki, qui sort de sa carapace derrière laquelle il s’est réfugié à cause de son handicap mais pas que m’a plu. Le voir s’attendrir sous mes yeux et enfin découvrir tout juste des sentiments amoureux est touchant. Mais que c’est dur d’aimer les personnages de cette série. Je les trouve vraiment hermétiques et compliqués à apprécier, mais cela tient autour de leur écriture que de l’ambiance déprimante, souvent, que l’autrice déploie.

Pourtant, elle fait des efforts pour nous impliquer dans l’histoire. Les dialogues entre Tsubaki et Osuke semblent fait pour nous interpeler. Les échanges épistolaires par téléphone et sur cahier entre Tsubaki et Ibuki interpellent. Mais c’est dur d’oublier cette première partie molle et dérangeante même si après les héros se rapprochent et changent de dynamique. Le triangle/carré amoureux qui se profile avec les complications et drames liés me fatiguent d’avance, alors que moi ce qui m’intéresse c’est le thème de la communication et des échanges avec personne ayant un handicap.

Je déplore d’autant plus ma légère déception sur ce tome, qu’en revanche j’aime beaucoup le coup de crayon de Nojin Yuki, qui me rappelle pas mal celui de Mika Yamamori (Daytime Shooting Star) que je regrette vraiment de ne plus voir publier chez nous. Derrière la beauté froide des visages, on sent bouillir tout plein de choses. Il y a un travail très intéressant sur les regards et j’adore la finesse des traits.

J’avais adoré le premier tome, j’ai eu beaucoup de mal pendant toute la première moitié de ce deuxième tome avant de renouer avec la série sur la fin, le troisième tome sera donc décisif. Car à vouloir faire trop dépressif, ça déprime vraiment le lecteur et celui-ci peine à s’emballer et s’attendrir pour les personnages malgré leurs avancées.

Tome 3

Avec douceur, sensibilité et subtilité, Nojin Yuki continue d’aborder la vie complexe et toute en nuances des personnes mal entendantes et de leur entourage. Alors malgré une narration confuse, on lui pardonne car son récit est très émouvant.

Après avoir traité de la rencontre des personnages dans un premier temps, puis de la confrontation de l’héroïne aux amis et ex-amours de l’objet de son affection, j’ai eu l’impression d’entrer un peu plus en profondeur dans la psychologie des personnages ici. En effet, il est question à la fois de la relation entre Ibuki et Ôsuke et de celle entre Ibuki et son frère aîné, deux personnes clés dans son évolution.

Soyons honnête, la narration de Nojin Yuki pour mettre en scène ces événements n’est pas des plus claire. Elle alterne passé et présent de manière un peu flou parfois. Elle transpose des pensées que se mélangent avec les mots peut-être dits / écrits sans qu’on le sache précisément. Elle passe d’une scène à l’autre de manière un peu abrupte. Elle doit vraiment faire un travail sur la mise en scène de ses propos pour les rendre plus clairs.

En revanche, les émotions elles sont bien retranscrites dans toutes leur complexité. J’ai beaucoup aimé entrer dans la tête d’Ôsuke, ce personnage taciturne abandonné par sa mère, qui porte ce fardeau depuis toujours et a peur de s’impliquer dans une relation pour subir le même rejet. J’ai été très touchée. J’ai aimé que l’autrice mette en scène un personnage aussi taiseux et secret. Cependant, sa dispute avec Ibuki est comme souvent à l’adolescence quelque chose de flou et pas très bien compréhensible avec une bonne part de mauvaise fois, mais cela montre le côté réaliste dont l’autrice sait faire preuve. De la même façon, elle aborde la relation compliquée entre Ibuki et son frère, revenant sur les jeunes années de celui-ci quand il parlait encore. J’ai été frappée par la nuance dont elle a su faire preuve pour raconter le mal être de chacun des personnages mais aussi le pardon qu’ils s’accordent au final, c’était émouvant et réaliste aussi dans la gêne qu’on peut ressentir face au handicap d’un proche, la rancoeur de voir sa vie calquée sur la sienne sans être écouté, mais l’amour et le regret qu’on ressent aussi. Superbe.

Le seul point un peu noir au tableau, c’est encore une fois l’héroïne qui pour moi n’a pas une place très importante dans tout ça. J’ai l’impression qu’elle sert surtout de messagère, de médiatrice entre les personnages et pour l’autrice, mais qu’elle n’a pas de réelle profondeur et qu’elle n’évolue pas beaucoup. Son rôle est très stéréotypé et un peu bateau. Il me manque quelque chose de ce côté-là. La romance avance de manière mécanique et elle se mêle surtout de tout. Au vu de son passé, j’aimerais qu’on lui donne un rôle plus important et qu’on aborde un peu sa maladie à elle aussi.

Comme les autres est donc un shojo surprenant dont la forme encore maladroite donne aussi un certain charme à la lecture. J’aime que l’autrice aborde frontalement certains problèmes dus au handicap, d’autres dus à l’adolescence ou encore la fameuse question du manque de communication. Les personnages masculins sont en cela très réussis, j’aimerais qu’il en soit de même pour l’héroïne ^^!

Tome 4

Je suis très agréablement surprise par l’évolution de la série dans ce tome. Je la trouvais très maladroite les derniers temps et il lui manquait quelque chose dans son développement. Le fait d’enfin s’intéresser à Tsubaki la fait passer à un autre niveau.

Depuis le début, Tsubaki est un peu trop la gentille fille de service qui s’intéresse au beau gosse taiseux et muet. Non ce n’est pas un pléonasme, Ibuki serait un taiseux même s’il parlait ! On s’était donc plus intéressé à ses côtés au handicap de ce dernier, à ses difficultés pour entrer en relation et vivre son handicap au quotidien, mais jamais vraiment à qui elle était, pourtant elle a une histoire très intéressante et potentiellement fort émouvante. Tsubaki a été transplantée du coeur et vit avec le coeur d’un autre. Elle a donc vécu elle aussi des choses très difficiles dont elle ne parle pas derrière son sourire. Ibuki ayant enfin accepté de reconnaître qu’elle l’intéresse, il aimerait bien la percer à jour et nous aussi, car il a bien compris combien son sourire était un masque. Il faut l’arrivée d’une ancienne connaissance à Tsubaki pour enfin commencer à percer le mystère, mais cela va être long et douloureux car la jeune fille refuse d’en parler.

J’ai beaucoup aimé la tendresse de ce tome. Il y a d’abord énormément de belles scènes tendres entre Ibuki et Tsubaki au début où celle-ci essaie de comprendre le jeune homme qui refuse de s’expliquer mais se rapproche physiquement d’elle. Il joue sur l’ambiguïté due à son handicap mais les sentiments sont bien là et le flou savamment entretenu n’est jamais à l’abri d’une poussée de jalousie. C’est charmant tout plein. Leur relation évolue donc joliment en prenant son temps.

Puis, l’autrice corse enfin un peu les choses avec l’arrivée de Shiori, la soeur, d’une ancienne camarade d’hôpital à elle. On comprend alors tout ce qui se cache derrière son sourire et les garçons qui apprécient Tsubaki vont avoir fort à faire pour qu’elle accepte de se livrer et déposer le poids qui pèse sur ses épaules depuis des années. Ibuki se révèle alors dans cette nouvelle dynamique. Il montre combien elle compte pour lui, combien c’est important pour lui de la connaître, de la comprendre, et de pouvoir l’aider. C’est très touchant. En plus, cela touche à quelque chose de dur : la greffe d’organe chez les jeunes. C’est un sujet que j’ai rarement vu dans les mangas et que je suis ravie de découvrir ici de cette façon, avec tant de douceur et de bienveillance dans l’approche. L’autrice ne pousse pas le pathos trop loin, ce qui m’aurait agacée, elle garde beaucoup de justesse pour aborder ce sujet complexe, notamment par rapport aux malades entre eux et leurs familles. Une bien jolie évolution de la série.

A mi-chemin de son histoire, Nojin Yuki offre enfin une belle évolution à son intrigue alors qu’elle tournait un peu en rond. Elle fait prendre toute son ampleur à la relation Ibuki-Tsubaki, creusant ses personnages, dévoilant leur potentiel, le tout avec émotion, subtilité et tendresse. J’aime beaucoup.

(Merci à Kana et Sanctuary pour ces lectures.)

Tome 5

Suite toute classique mais toute douce de la romance qui s’est installée entre Ibuki et Tsubaki. C’est charmant mais un brin déjà vu. Heureusement que le traitement de la surdité du héros et de ses relations aux autres apporte un petit quelque chose en plus.

Je ne peux pas dire que Nojin Yuki ne sait pas écrire de jolies histoires, mais les romances lycéennes, j’en ai déjà lu plus que ma part, alors même si c’est fait avec beaucoup de douceur et de tendresse, je ne vibre plus pour ce genre d’histoire. J’ai apprécié la maladresse touchante des héros qui ressentent leurs premiers émois et font leurs premiers pas dans leur relation toute fraîche. C’était mignon mais cela n’avait rien de transcendant non plus.

Les ressorts scénaristiques choisis de l’absence de mots posés sur leur relation, à l’ex-petite amie qui s’en veut d’avoir quitté Ibuki, en passant par le meilleur ami lui aussi amoureux de la même fille, c’est vu et revu. Alors oui, c’est bien raconté, c’est très doux, ce n’est pas toxique, mais ça ne vole pas très haut non plus.

De la même façon, l’enrobage autour de la maladie de l’héroïne et du handicap du héros ne sont pas hyper développés, ni très utile à l’histoire. On ressasse le fait que la surdité d’Ibuki sert de révélateur au manque d’ouverture des gens autour de lui qui le jugent et le rejettent parfois. On ressasse aussi que Tsubaki s’en veut d’avoir eu son opération alors qu’une de ses amies malade ne l’a pas eu et en est morte. Ce sont des sujets déjà rebattus dont l’autrice s’empare. Certes, elle les met gentiment en scène mais on reste pas mal en surface.

Reste de doux moments qu’on partage avec ces deux adolescents si gentils et si maladroits. On fond devant le dessin très doux et fin de l’autrice où les silences sont si nombreux qu’ils nous poussent à nous concentrer encore plus sur son trait. On est attendri aussi par la jeunesse de ses héros, leurs maladresses, leurs sentiments doux et à fleur de peau. C’est mignon tout plein, comme lorsque Tsubaki s’interroge sur leur relation ou qu’elle a peur de leur premier baiser, tandis qu’Ibuki a peur qu’elle s’ennuie avec un garçon comme lui.

La lecture de Comme les autres est donc à l’aune de ses couvertures, douce et chaleureuse, telle une petite bulle suspendue à cette époque chérie qu’a pu être le lycée, du moins dans la vision très idyllique de l’autrice, malgré les quelques obstacles qu’elle met. C’est mignon, charmant, mais ça manque peut-être de caractère et de relief.

Tome 6

A l’image des sentiments des personnages, j’ai trouvé la lecture et l’écriture, donc, de ce tome particulièrement floue et maladroite, tout se mélangeant comme les héros aux têtes quasi identiques sur la couverture.

J’ai vraiment eu beaucoup de mal avec la valse perpétuelle des sentiments des personnages tout au long de ce tome. J’ai trouvé malsain la façon dont les garçons traitaient Tsubaki, chacun cherchant à se l’accaparer à sa façon et n’acceptant pas de la voir choisir librement ses fréquentations. Je n’ai pas aimé qu’Osuke s’impose en l’embrassant. Je n’ai pas aimé d’Itsuki joue les gros bras puis cherche à lui interdire de voir son ami. Ça ne collait pas du tout avec l’ambiance du reste de la série. Je n’ai pas aimé ce revirement.

De la même façon, j’ai trouvé la description de la vie lycéenne assez malsaine, faite de petites phrases et moqueries visant juste à mettre les autres mal à l’aise pour satisfaire un petit plaisir de divertissement des autres. Je ne vois pas l’intérêt de cela. Ce n’était pas le propos de ce titre et cela lui fait perdre de sa fraîcheur. On se retrouve du coup avec quelque chose de vu et revu qui n’apporte rien. C’est dommage.

J’ai eu l’impression de voir les héros tourner en rond : Osuke pour réaliser / avouer ses sentiments, Tsubaki pour faire le tri et oser se montrer honnête, Itsuki pour asseoir sa position de petit ami (et encore…) et même Nao pour tenter de repartir à zéro, mais c’est pas encore ça. Franchement, j’ai trouvé que tout le monde se compliquait la vie pour pas grand-chose, alors qu’ils sont capables de franchise quand ils le souhaitent et que ça ne les avait pas empêché d’avancer jusqu’à présent.

Plus la série avance, plus je trouve dommage que le handicap du héros qui était la belle originalité de l’histoire soit dilué dans une romance à l’eau de rose à la sauce japonaise où tout est prétexte à mélodrame dans leur lycée. Ce n’était pas ma raison première de lire ce titre et je suis un brin déçue par la tournure que ça prend…

Tome 7 – Fin

Après quelques tomes assez maladroits, j’avais quelques craintes concernant l’arrivée de cette fin, craintes heureusement vite levées par une autrice plus désireuse de parler du handicap de son héros que du mélo adolescent qu’elle avait commencé à mettre en place. Ouf !

Si Comme les autres m’a intéressée à l’origine, c’est justement parce que son héros était sourd et que cela allait impliquer une histoire sensiblement différente des bluettes adolescentes habituelles. Cependant, peut-être pour montrer que son handicap ne l’empêche pas d’être normal, l’autrice avait développé une romance des plus classique avec triangle amoureux de surcroît, ce qui n’avait pas été sans me faire soupirer. Cependant, elle a toujours assez bien traité sa différence et les difficultés que cela occasionnait dans une relation, ce qui a sauvé la série pour moi.

Dans cette dernière ligne droite, outre le fait de clore ce triangle amoureux des plus soporifique et horripilant, Nojin Yuki aborde la sempiternelle question de l’orientation après le lycée et cela prend une toute autre envergure quand l’un des héros est différent comme ici. J’ai apprécié dans un premier temps qu’on se débarrasse assez vite de la question sentimentale qui a été écrite assez maladroitement de bout en bout, avec un héros jaloux et trop entreprenant qui n’écoute pas sa copine, puis trop repentant pour que ça serve de modèle. Bref, ce n’était pas pour moi leur petite histoire. J’étais donc contente de passer à autre chose.

En revanche, la question des études et des craintes des proches pour un enfant différent m’a bien plus plu. J’ai beaucoup aimé suivre les atermoiements des uns et des autres. L’autrice n’en fait pas des caisses comme j’aurais pu le craindre. Elle aborde le sujet avec justesse, exposant les craintes et aspirations de chacun. La mère d’Ibuki a des craintes légitimes et celui-ci a une assurance normale. Du coup, l’équilibre fut bien trouvé. Tsubaki a même été bien plus positive que je ne l’aurais cru. Elle a fait passer Ibuki en premier et non ses petits désirs à elle, apprenant à être elle aussi indépendante dans ses choix d’avenir, ce qui m’a plu. La mangaka nous a même offert dans le chapitre final, le petit bond dans le futur que j’aime tant où on voit ce que sont devenus les personnages et on les découvre heureux dans leur nouvelle vie, chacun ayant suivi son chemin comme les autres. Elle montre ainsi qu’un handicap ne veut pas dire une vie si différente des autres et que rien n’est insurmontable, il suffit d’adaptation et on peut avoir quasi la même chose. J’ai aimé cet esprit !

Bluette adolescente parfois maladroite, parfois touchante, Comme les autres a su démontrer qu’il portait merveilleusement son titre, car ce manga a tôt fait de nous démontrer qu’on peut être comme tout le monde malgré sa différence, du moment que les autres sont bienveillants et qu’ils acceptent les adaptations nécessaires. Si j’ai eu du mal avec la romance, trop niaise pour moi parfois, j’ai en revanche aimé les messages et ce final fut rayonnant. C’est donc une jolie histoire avec la surdité en toile de fond.

B lecture

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