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Dans le sens du vent : Nord, Nord-Ouest d’Aki Irie

Titre : Dans le sens du vent : Nord, Nord-Ouest

Auteur : Aki Irie

Editeur vf : Soleil (seinen)

Année de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf : 6 (en cours)

Histoire : Kei Miyama, un détective indépendant de 17 ans, vit avec son grand-père français en Islande. Comme les autres hommes de sa famille, il dispose d’un pouvoir atypique. Le sien consiste à pouvoir communiquer avec les appareils électriques e les automobiles. Mais sa vie bascule soudainement lorsqu’un détective japonais en congés sur l’île lui annonce l’assassinat de son oncle et sa tante par le propre frère de Kei. Qui croire ? Convaincu de l’innocence de ce dernier, le jeune détective va mener l’enquête. Régulièrement cité parmi les meilleurs mangas publiés récemment au Japon, Dans le sens du vent – Nord, Nord-Ouest interpelle par son dessin très occidental, ses lignes allongées et ses paysages islandais oniriques.

Mon avis :

Tome 1

Aki Irie et moi, c’est une belle histoire d’amour. J’ai d’abord flashé sur son coup de crayon grâce au Monde de Ran, puis sur la poésie de ses histoires avec l’Ecole bleue. Je ne m’attendais plus forcément à la voir chez nous, surtout avec ce titre assez spécial, alors vous n’imaginez pas ma surprise et mon plaisir à son annonce ! En plus, Soleil a très bien fait les choses et nous livre une très belle édition, format seinen avec papier et jaquette de qualité + pages couleurs. Je suis aux anges !

Finis les petites sorcières et place au beau ténébreux qui est parti vivre en Islande ! Dans le sens du vent, le nouveau titre d’Aki Irie nous embarque comme ses précédents titres dans un tout autre monde, celui des grands espaces, du froid et des mystères de l’Islande cette île trop méconnue. Nous y suivons Kei, un jeune métis, parti vivre avec son grand-père et qui fait des petits boulots, façon Sherlock, pour arrondir ses fins de mois. Sauf que Kei cache un secret, il peut « communiquer » avec les appareils électriques, et si Kei est là, ce n’est pas seulement parce qu’il aime son papi…

J’ai beau être fan de l’autrice, je dois avouer que j’ai trouvé ce titre plus difficile d’accès que les précédents. En effet, elle n’entre dans directement dans le coeur du sujet. Au contraire l’entrée en matière se fait lentement et progressivement de manière assez étrange. On rencontre d’abord le héros, sa drôle de personnalité et son drôle de pouvoir. Avec lui, on s’émerveille devant les paysages, le mode de vie et les mythes de l’Islande. Puis on découvre petit à petit son histoire familiale, qui va être au coeur de l’histoire, et qui est bien plus compliquée qu’on aurait pu croire au premier abord. J’ai beaucoup aimé cette construction atypique du récit mais je pense que ça ne plaira pas à tout le monde. Moi, je me suis sentie embarquée dans ce mystère et j’ai aimé y plonger.

Le trait d’Aki Irie est toujours une merveille pour moi. J’ai passé de longs moments à admirer les superbes décors dans lesquels elle met en place les aventures du héros, que ce soit les paysages ou les détails des intérieurs parce qu’elle prend également grand soin de ceux-ci. J’ai également été charmée par l’ambiance dépaysante et surtout mystérieuse qu’ils instaurent. Ce fut un très beau voyage.

Un voyage qui n’a pas été sans me rappeler celui de John Tarachine dans Goodnight I Love You paru chez Akata, où là encore le voyage était un vecteur parfait pour parler de la famille. Ici aussi, c’est cette dernière qui va se révéler au coeur de tout. Kei est parti vivre chez son grand-père après avoir perdu ses parents. Il a laissé son jeune frère au Japon aux bons soins de son oncle et de sa tante, mais il va devoir un jour y retourner pour résoudre un mystère qui ne va faire qu’en s’épaississant au fil des tomes. J’ai beaucoup aimé les flashbacks sur la relation entre les deux frères. J’ai beaucoup aimé les moments piquants et savoureux entre le petit-fils et son grand-père. Je me suis amusée des rencontres féminines du premier et de sa relation à la gente féminine. L’ensemble donne un mélange vraiment décalé et savoureux, un peu hors du temps, plein d’un doux humour chaleureux comme on en trouve que dans les familles aimantes. Cependant on sent bien que quelque chose cloche également et il va falloir le résoudre. J’ai hâte de voir le tournant que cela prendra dans les prochains tomes !

Sans surprise, j’ai donc eu un gros coup de coeur pour ce titre à l’histoire inattendue. L’ambiance est vraiment dépaysante. Les dessins sont majestueux et plein de poésie. Les personnages sont drôles et touchants. Et les mystères donnent envie de se jeter sur la suite. Cette parution de la part de Soleil Manga est vraiment une très belle surprise qui me va droit au coeur ! ❤

Tome 2

Aki Irie est une autrice que j’adore non seulement pour ses très beaux dessins mais également pour son talent de conteuse et dans ce tome 2, elle en fait une très belle démonstration en s’écartant de la trame narrative qu’elle avait commencé à dessiner à la fin du tome précédent. C’est fort réussi !

Si on aime les mangas tranche de vie, on ne peut qu’être séduit parce que l’autrice propose dans cette série. Alors qu’une intrigue surfant vaguement sur les codes du thriller pointait le bout de son nez la dernière fois, la mangaka nous prend à contrepied ici avec un tome qui tient plus du guide touristique et du pamphlet écolo. Certains n’aimeront peut-être pas ou seront déçus de ne pas avoir ce qu’ils attendaient, moi j’ai adoré cette surprise. Aki Irie y démontre avec une rare facilité qu’un rien peut suffire pour faire une bonne histoire tant est qu’on sait la raconter.

Avec ce tome 2, nous allons donc à la découverte de l’Islande, grâce à l’arrivée de Kiyoshi, l’ami d’enfance de Kei. L’alchimie est immédiate entre les deux. Ils sont chacun un peu dans les nuages mais de manière très différente et se complètent bien. Au gré de leurs pérégrinations en Islande, l’autrice nous montre les beautés de ce pays, certes, mais surtout brosse le portrait d’une belle amitié. J’ai beaucoup aimé la nonchalance avec laquelle chacun vit cette relation parce qu’ils savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre et qu’ils peuvent se montrer au naturel sans que l’autre juge. C’est très apaisant et ça se marie bien au cadre justement.

La mangaka m’a vraiment donné très envie d’aller visiter ce pays, que ce soit la ville Reykjavik et son architecture moderne et chaleureuse à la fois, ou la nature environnante. Celle-ci est vraiment magnifiée sous le crayons de la dessinatrice qui guette la moindre occasion pour nous en montrer les spots les plus marquants. Nous avons donc la chance de découvrir le Cercle d’or autour de Reykjabik avec Gullfoss (la chute d’or), les geysers de Strokkur et le Parc national Thingvellir où une surprise impressionnante attend notre touriste ; ainsi qu’un peu plus tard les sources chaudes Reykjadallir. C’est la nature sauvage, à l’état brut que l’on voit se dessiner sous nos yeux. L’autrice l’accompagne d’un discours pour la protéger et faire en sorte que le tourisme fasse le moins de mal possible car il est aussi nécessaire à l’économie du pays.

Mais ce n’est pas la seule facette que l’on découvre. Ce voyage est aussi l’occasion de parler gastronomie, notamment grâce à la passion du héros pour la viande (qui m’a bien amusée vu que je suis comme lui ><), d’agriculture ou encore d’agronomie. On découvre également le charme des habitants de ce pays qui ont tous l’air très accueillants et chaleureux. Image de l’esprit ou vérité, on ne saura pas. J’aime à croire que c’est la deuxième réponse qui est la bonne.

Pour ma part, j’ai donc adoré ce voyage où en plus nous avons fait de belles rencontres et recroisés des personnages appréciés. J’ai vraiment eu le sentiment d’accompagner moi aussi deux amis. J’ai ri avec eux, j’ai été impressionnée tout comme eux, j’ai été émerveillée moi aussi.

Je trouve donc que ce deuxième tome, même s’il est différent et ne s’engage pas dans la voie attendu, est particulièrement réussi. C’est un nouveau coup de coeur !

Tome 3

Quelle histoire riche, magique et entêtante ! Aki Irie est décidément une reine du polar fantastique !

Dans ce nouveau tome exit les ballades touristiques en Islande, on repart sur les traces du frère de Kei. Intrigue un brin oubliée depuis la fin du tome 1, j’y ai replongée avec d’autant plus de plaisir que l’autrice est une conteuse née. Elle nous transporte tranquillement l’air de rien au fil des pages jusqu’à un récit terriblement sombre auquel on ne s’attend pas.

Le tome s’ouvre sur les doux au revoir de Kei à son meilleur ami. Puis, le héros tente de rejoindre son frère mais une tempête l’en empêche et il doit ensuite travailler sur une nouvelle disparition afin de gagner les sous qu’il n’a plus pour pouvoir se nourrir et repartir sur les routes. On repart alors dans une dynamique connue d’enquête classique où Kei remonte le fil des indices à sa disposition pour retrouver un jeune fugueur. On pense alors à une histoire banale qui servirait de transition et serait anecdotique. Erreur, c’est un nouveau point d’ancrage pour la suite. Chapeau à l’autrice !

Elle se sert de cette enquête pour nous relancer sur le mystère qu’est le frère de Kei et on découvre entre les lignes que s’il est le psychopathe qu’on a découvert dans le premier tome, c’est peut-être parce que lui aussi a un pouvoir incontrôlable, un pouvoir bien plus terrible que celui de son frère. Ainsi sous sa gueule d’ange, c’est un personnage terrifiant qui se dessine peu à peu sous nos yeux à travers les indices et rencontres faites pour son aîné. C’est fascinant.

Les amoureux de l’Islande, eux, seront toujours séduit par l’utilisation faite du cadre de l’histoire. L’autrice sublime encore et toujours les paysages qui servent d’écrin à ses mystères. Elle frappe fort cette fois avec la mise en scène autour des cascades où Kei emmène une certaine demoiselle. Mais Aki Irie ne s’arrête pas là, elle évoque également le cadre de vie qu’est ce pays, en mettant sous les feux des projecteurs la question de l’homosexualité en Islande. On découvre alors un pays bien plus ouvert et tolérant que le Japon (et la France). Un petit détour intéressant à faire.

Trois tomes, trois ambiances et trois coups de coeur. Cette série a vraiment un charme très particulier qui fait mouche chez moi. Je suis vraiment fascinée par cette Islande sauvage mais aussi et surtout par le destin de ces deux frères si particuliers. Je meurs d’envie d’avoir la suite sous la main, mais il va me falloir attendre, le tome 4 étant le dernier sorti au Japon…

Tome 4

Gros coup de coeur encore une fois avec un tome vraiment excellent dans cette série de haute voltige !

L’autrice a vraiment trouvé la formule pour associer romance, enquête presque paranormale et tourisme. C’est passionnant et fascinant, en plus d’être desservi par un trait poétique et enchanteur. C’est ainsi aussi bien un régal pour les yeux, qui en prennent plein les mirettes, que pour le coeur, qui sautille d’excitation et d’émotion.

Ce nouveau tome s’ouvre et se referme sur une belle entracte avec Kei et Lilja, drôle et cocasse, qui m’a beaucoup amusée à chaque fois. Ce sont deux personnages aux antipodes et pourtant totalement raccord aussi étrange que cela puisse paraitre. Ils sont comme l’eau et le feu, et c’est tout feu tout flamme entre eux, alors forcément j’adore ! La mise en scène de l’autrice est pleine de piquant et d’humour, on dirait un vrai petit feu follet, tout comme Lilja. Le dessin de celle-ci est d’ailleurs sublime, d’une sensualité quasi magique. J’adore.

Mais passés ces petits moments savoureux et un brin romantique à la manière d’Aki Irie, nous avons aussi une intrigue plus lourde qui nous attend et qui est au rendez-vous. En effet, le coeur du tome se concentre sur Michitaka et là, les chapitres sont dans une ambiance bien plus tendue. Celle-ci malgré sa gueule d’ange fait vraiment froid dans le dos. On découvre au détour d’une enquête au Japon qu’il a laissé pas mal de meurtres mystérieux dans son sillage, telle la réincarnation d’Edgar, le vampire de Moto Hagio dans Poe Clan. Les influences sont évidentes et parfaitement maîtrisées et retranscrites aussi bien dans le ton, le rythme, l’ambiance que la mise en scène et mise en page. C’est juste sublimement glaçant et j’adore !

On repart donc de plus belle dans une terrible enquête sur qui est vraiment Michitaka. C’est très dur parce que son frère ne le perçoit pas du tout comme ça et qu’il est un peu une victime lui aussi. Il se retrouve à pourchasser une nouvelle fois l’ombre de son frère. La première fois en allant à la recherche d’une potentielle victime. La seconde après que celui-ci se soit à nouveau enfui, ce qui l’achève un peu. C’est triste et tortueux à souhait, avec encore tout plein de non dit et beaucoup d’intériorité. Personnellement j’adore cette ambiance mais je ne suis pas sûre que cela plaise à tout le monde car c’est un peu lent et contemplatif.

Heureusement pour les amateurs d’histoires avec plus de pep’s l’autrice pense également à eux, en distillant des petits moments savoureux et plein d’humour avec les personnages secondaires gravitant autour de Kei. Ainsi quand il tombe malade après tout ça, il se fait soigner par Lilja et sa tante, ce qui est savoureux. Puis faisant une gaffe auprès de celle-ci, on les retrouve tous les deux dans un road-trip touristique cocasse avec le grand-père de Kei. C’est vraiment à lire tant les répliques et les situations font mouche ! Il y a un petit air « shonen des années 80 » avec un humour à la DragonBall ou Ranma 1/2 que j’ai adoré ! Cela contrebalance bien après la noirceur et la sensation d’étouffement ressentie auparavant.

Ainsi avec son ambiance sombre et poétique toujours sublime et ses dessins magiques, l’autrice, qui est une conteuse née, continue de jouer à merveille avec les nuances subtiles de son récit. C’est du grand art !

Tome 5

Je sais que la série est particulière et peut ne pas plaire à tout le monde, mais moi à chaque tome, c’est un vrai coup de coeur ! J’aime tout : l’ambiance, les dessins, le rythme lent et entêtant, le mélange de guide touristique et de polar avec tranche de vie. C’est génial !

Dans ce cinquième tome, qui marque notre rattrapage de la parution japonaise – au passage à un tome par an, l’attente va être longue désormais entre chacun d’entre eux… -, l’autrice s’en donne encore à coeur joie. Après une première partie touristique et culturelle centrée sur Lilja et Kei, Michitaka fait son grand retour pour venir encore une fois nous retourner la tête. Un mélange, décidément, que j’adore !

Le duo Kei – Lilja prend de plus en plus de consistance. Chacun a son petit truc en plus : Kei avec les objets, Lilja avec la nature et les sons qui l’environnent, et c’est juste magique. Les voir aller visiter une vieille terre d’Islande marquée par une éruption volcanique au XVIIIe siècle est un moment splendide, hors du temps, hors de tout. Il y a une vraie découverte culturelle et historique passionnante du pays qui se poursuit. Mais il y a aussi une belle découverte très sensible de ce joli duo au final assez complémentaire sous ses dehors de relation chien-chat assez grinçante. J’adore la sensibilité avec laquelle l’autrice nous le fait comprendre par des instants qui semblent sans importances mais sont au contraire très significatifs. C’est cette ambiance calme, dénuée de tension, mais riche en poésie que j’aime tant.

Il en va de même quand Kei fait connaissance avec Lilja la musicienne-chanteuse. C’est un moment fabuleux, qui n’a rien à envier en terme de composition et de force avec ce que Shinichi Ishizuka propose dans Blue Giant, je trouve. C’est fort, intense, on ressent toute la puissance du son de l’instrument de Lilja et toute sa magie aussi. Elle nous envoûte telle une sorcière des temps moderne et le découpage graphique de l’autrice subjugue le lecteur par sa tendre poésie mystique. Je suis fan !

La suite de l’histoire renoue avec le côté polar de la série. Michitaka débarque et semble décider à rester un peu. Il cherche donc à renouer avec Kei et joue le rôle du petit frère mais jamais nous, nous n’oublions ce qu’il cache derrière sa jolie petite bouille et c’est glaçant. Ainsi, malgré des moments de vie tranquille, où on les voit s’habituer à leur nouvelle vie avec Jacques et ses contraintes de manière assez cocasse, il y a toujours une forme de tension, car on se demande ce que cache ce démon sous sa gueule d’ange. J’adore les références graphiques et d’ambiance que je ressens chez ce personnage qui me rappelle tant certains personnages forts perturbés de Moto Hagio ou Keiko Takemiya (du groupe de l’an 24). C’est puissant.

Du coup, l’autrice contrebalance bien avec un nouveau petit boulot tranquille où Kei doit chercher à confirmer ou infirmer l’adultère d’un mari envers sa femme. C’est simple mais brillamment mené, reprenant tous les codes du détective privé en filature, avec en prime une belle petite dose fantastique due au pouvoir de Kei. J’adore !

Enfin, l’autrice conclut par une petite série de très courts chapitres où l’on suit « les journaux intimes » des personnages secondaires de la série. Anecdotique diront certains, révélateurs et savoureux, je dirais. J’ai adoré la mise en scène très réfléchie derrière chacun d’eux, qui démarrent à chaque fois banalement pour mieux nous embarquer et se conclure par un joli twist. Quel talent chez cette autrice !

Alors oui, c’est frustrant de lire une série se déroulant aussi lentement surtout quand on sait que désormais l’attente sera d’autant plus longue, mais que c’est jouissif de lire un titre aussi bien écrit, bien mis en scène, avec une vraie patte dans les dessins et l’ambiance et une histoire qui sort du lot. Vous aimez découvrir la culture d’autres pays, vous aimez les histoires tranche de vie poétique, vous aimez les polars, ce titre est fait pour vous !

Tome 6

Akie Irie va lentement, elle prend son temps, mais qu’est-ce que c’est bon, qu’est-ce que c’est inspiré, qu’est-ce que c’est apaisant !

Suite des plus surprenante, elle nous emmène dans les confins de sa série, au coeur de son concept entre trip zen et polar nerveux, les deux facettes représentées chacune par un des frères. Le début est saisissant, la surprise totale et le bouleversement complet ! Avec de grosses vibes de Moto Hagio et d’Ophélie de Shakespeare elle vient nous cueillir et nous saisir avec un drame qu’on n’avait pas vu venir et qui nous laisse scotché.

J’ai été frappée dans ce tome par la science de l’autrice pour saisir et se servir de tout ce qu’elle avait mis en place autour de ses personnages. Dans sa détresse, Kei utilise à merveille ses pouvoirs. En voyant la détresse de son neveu, le vieux se sert à merveille de leurs origines pour retour au Japon tenter d’apaiser son deuil criant. Et au coeur de ce mystère, Michitaka est toujours aussi fascinant et hors du temps. Tous les ingrédients étaient déjà présent mais secoué et agité, ils retombent ici pour nous offrir un tome zen et glaçant à la fois.

J’ai beaucoup aimé la dimension « thriller » de l’histoire, qui est venue peu à peu s’ajouter à cette histoire toute tranquille qui tenait du guide touristique. On aurait pu croire que c’était terminé ici mais la fin est trop brutale, trop étrange, pour rester sans réponse et il aura fallu que le héros trouve une forme d’apaisement pour le comprendre et repartir à l’aventure, enquêter sur tout ça. J’ai déjà hâte !

Mais la dimension « zen » est aussi merveilleuse et peut-être encore plus marquante ici. Face à la détresse de ce deuil brutal, le retour aux sources des garçons offre un moment hors du temps apaisant. L’autrice dessine avec émouvant ce calme, cette absence de tension, cette tranquillité de la nature qui vient mettre du baume sur les plaies du coeur. C’est un vide presque émouvant et c’est représenté par des pages pleines de zenitude, apaisante où la nature reprend ses droits, pas besoin de paroles, juste les bruits de celle-ci. Ce retour à une vie simple, magnifiant l’art de vivre à la japonaise, est rempli de belles séquences qui pourrait sembler sans relief si on les vivait mais qui apaise grandement l’âme par leur retour à l’essentiel. Que ce soit une balade à travers champs, un nettoyage de gouttière, une récolte de fruits et légumes ou une cérémonie du thé, tout prend son temps et son sens face à ce coeur meurtri et la rencontre et l’aide d’une étrangère parachève cela. Le héros se recentre et se retrouve. C’est très puissant.

Surprise je l’ai été par ce tome, mais bouleversée aussi, non pas tant bouleversée par LE grand événement de celui-ci, mais par la manière très belle et sobre avec laquelle l’autrice y réagit et tente de soigner son héros. Aki Irie ajoute ici une corde à son arc et vient complexifier son histoire, qui a décidément pris une drôle de tournure depuis l’arrivée de Michitaka, oubliant son aspect touristique pour un thriller zen, ésotérique, en terres étrangères. Vraiment singulier mais tellement puissant dans sa mise en scène dramatique empruntant au théâtre classique. Je suis fan.

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17 commentaires sur “Dans le sens du vent : Nord, Nord-Ouest d’Aki Irie

    1. Si t’as l’occasion, c’est vraiment une autrice à découvrir et si le format « nouvelle » ne te dérange pas si tes lectures, je te recommanderais bien l’Ecole bleue d’elle 😉

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  1. je viens de lire le premier tome et j’ai adoré cette mise en place lente. Avec la fin du premier tome j’avais même peur que le ton change et j’étais hésitante, mais en lisant ton avis sur le tome 2 je suis rassurée, on va garder l’aspect tranche de vie qui m’a beaucoup plus dans le manga. J’ai très hâte de lire cette suite maintenant 🙂
    je ne lis pas de suite tes avis sur les autres tomes pour ne pas me spoiler à l’avance 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Tu fais bien car le spoil fait bien souvent partie de mes critiques ^^’
      Ravie que tu te sois fait prendre au jeu et à cette ambiance tellement particulière. Perso, je me régale à chaque tome !

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