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Autour d’elles de Shino Torino

Titre : Autour d’elles

Auteur : Shino Torino

Editeur vf : Akata (L)

Années de parution vf :  2020-2021

Nombre de tomes vf  : 6 (série terminée)

Histoire : A la faculté, Michiru et Maya étaient en couple. Mais la vie les a séparées… Cinq ans après la disparition de Michiru, la jeune femme refait son apparition. Elle est depuis devenue mère célibataire. Les deux femmes, toujours attachées l’une à l’autre, décident de vivre à nouveau ensemble. Mais pas question de redevenir « concubines » : elles veulent rester de simples colocatrices… Commence alors un nouveau quotidien pour Maya, Michiru et Yûta, son fils, entre vie professionnelle, affective et éducation.

Mon avis :

Tome 1

Quand l’éditeur qui sort souvent tes mangas au féminin préférés se propose de sortir un nouveau titre issu du magazine japonais Feel Young, qui a notamment publié Mari Okazaki que tu vénères, impossible de passer à côté. Il te faut ce titre !

Datant déjà de 2010, Autour d’elles est un titre terminé en 6 tomes de Shino Torino qui a depuis plusieurs titres intéressants à son actif qui ont fait parler sur les réseaux sociaux pour leurs côtés très LGBT+. Dans la même veine, Autour d’elles met en scène deux femmes qui ont été en couple autrefois et qui se retrouvent à nouveau colocataires des années plus tard après que l’une d’elle ait eu un fils. Mais comment vivre à nouveau ensemble sans être un couple, tout en se comportant un peu comme tel en élevant ce petit garçon ? Pas simple pour tout le monde de trouver sa place.

Ancienne assistante de Chica Umino (Honey & Clover, March comes in like a lion), la ressemblance par moment de leurs dessins est la première chose qui m’a frappée et séduite dans ce titre. Cela donne une vraie rondeur et mignonnerie aux dessins que l’on retrouve des visages aux motifs qu’on retrouve un peu partout, et comme en plus on a un bambin tout droit sorti de Gakuen babysitters j’ai d’emblée complètement fondu ><

C’est une histoire douce et subtile mais plein de bienveillance que nous offre ici Shino Torino, une belle histoire d’adultes qui sont au fond encore des enfants. On se retrouve à suivre la vie de deux femmes : Michiru et Maya, qui cherchent à retrouver leurs marques après avoir été colocataires, amantes, ex-, puis à nouveau colocataires sans s’être remise ensemble mais avec l’ajout du fils de l’une. Rien n’est simple, tout est confus. Où sont les limites ? Où est la place de chacune ? Il y a bien du boulot à faire et la mangaka nous invite à suivre ce moment complexe de leur vie avec beaucoup d’empathie.

Pour cela, on a une chouette ambiance de colocs avec une vraie petite bande de potes grâce à leur voisin du dessus qui est souvent fourré chez elle. On a l’impression de suivre une famille toute sympathique avec ses hauts et ses bas, ses disputes et ses réconciliations, ses brouilles et ses moments de joie. C’est mignon tout plein. Mais ne vous laissez pas berner, l’autrice propose aussi une lecture plus profonde que cela avec des histoires compliquées, notamment les histoires d’amour entremêlées des héros avec des sentiments très forts. L’ensemble est tout en nuances, avec beaucoup de non-dits jusque dans la narration parfois muette. C’est vraiment excellent et la mise en scène subtile frappe.

La mascotte du titre est clairement le petit Yuta, qui est juste a-do-ra-ble ! C’est l’élément central de l’histoire, celui qui relie tout le monde. On découvre l’histoire de chacun grâce à lui et c’est lui qui déclenche ça. On découvre ainsi Maya, la jolie brune à l’air frigide mais qui ne l’est pas du tout. Elle a été blessée par sa relation passée avec Michiru et se méfie maintenant. Elle est fan de Yuta et ferait tout pour lui. Elle a aussi un côté taquin et sadique qui me fait bien rire. Elle vit donc avec Michiru, une grande enfant, un peu sauvage, qui reste assez immature même si elle est devenue maman. Elle est instable, vit tout à fond, et a du mal à contrôler ses sentiments. Elle est vraiment à fleur de peau. J’ai beaucoup aimé ce personnage que je trouve très humain et loin du cliché de la mère mature parfaite. Dernier personnage adulte, Nico, le voisin fou fou qui cache un passé tragique cache derrière un humour bon enfant et une grande jovialité. C’est le plus grand fan de Yuta et il gagne à être connu. Son histoire m’a beaucoup émue. Enfin, il y a le petit Yuta, charmant bambin peu bavard, fan de flan qui maintient le lien entre tous. J’adore sa trogne, je voudrais juste l’entendre parler un peu plus ^^

La dynamique entre tous est excellente et l’histoire se dévoile au fil des chapitres, prouvant que l’autrice a construit une histoire pensée et cohérente qui va au-delà du petit train train quotidien du groupe. Oui, c’est un titre tranche de vie mais ce n’est pas ennuyeux pour un sou, il y a du liant entre les chapitres pour former une vaste fresque familiale avec un modèle de famille XXL. Ce n’est rien de flamboyant, c’est simple mais émouvant. Les sentiments complexes et intenses que le récit met en lumière me touchent et je me demande où ça va mener. Le titre me rappelle un peu leur titre Goodnight I love you… qui traite aussi de la famille et où on retrouve une ambiance tout aussi chaleureuse avec une jovialité cachant la complexités des sentiments des héros.

Dernier point que je souhaite souligner et que je fais rarement : la traduction. J’ai trouvé celle-ci particulièrement savoureuse, notamment grâce à ses références culturelles. Retrouver les paroles de Cendrillon de Téléphone dans un manga, c’est inédit ! mais ça colle parfaitement à l’ambiance du titre et j’adore.

Akata fait donc vraiment un retour en force avec leurs nouveaux titres post-confinement. Ce sont à chaque fois des coups de coeur et des titres aux thèmes forts et engagés. Il y a une vraie démarche dans leur travail et ça me plait de suivre ça. Je suis ravie de pouvoir lire à nouveau des josei grâce à eux, modernes en prime, fins et intenses dans les histoires qu’ils proposent. Avec moi, ils ont encore fait une touche !

Tome 2

Autour d’elles est assurément en passe de devenir mon titre en cours préféré chez Akata. Je suis archi fan de la vie de cette petite famille atypique, des thèmes qui se dégagent et de la narration graphique de l’autrice qui me rappelle de plus en plus Mari Okazaki avec sa veine poétique.

Pas de nouveauté flagrante dans ce tome. Si vous avez aimé le précédent, vous aimerez celui-ci et à l’inverse si vous n’aviez pas accroché, je ne pense que vous accrochiez plus ici. L’autrice développe son propos en déroulant devant nous le quotidien de Michiru, Maya, Yûta et Nico. Elle se centre peut-être un peu plus cette fois sur les implications et les impacts des paroles et des décisions des uns et des autres sur ce petit bout de chou, ce qui est important à montrer.

En effet, le choix pas vraiment assumé des filles de revivre ensemble après leur passif a un certain nombre d’implications au quotidien que l’autrice s’applique à détailler ici. Il y a tout d’abord cette absence de clarification quant à leurs sentiments, leurs désir et donc leur futur, qui crée bien des tensions. Ainsi Michiru jalouse énormément Kuwabara, l’ancien camarade de classe de Maya, qui est bien décidé à la conquérir, et comme d’habitude son manque de maturité va la faire réagir un peu n’importe comment, ce qui va perturber Yûta. J’ai beaucoup aimé la sensibilité et la sincérité avec laquelle l’autrice a traité cela. La relation des filles est compliquée et ça a des conséquences sur « leur fils », alors il fallait faire quelque chose. L’introduction de ce nouvel employé de la crèche qui se mêle un peu de leur vie de famille pour les remettre les rails est bien vu. Au début, ça m’agaçait qu’il fasse ça mais finalement il a eu raison et j’ai apprécié son intervention maladroite qui a vraiment fait du bien à tout le monde.

Le titre prend donc de l’épaisseur avec l’idée que ce n’est pas facile de concilier sa vie de maman et sa vie de femme dans tout ce qu’elle recoupe. Ainsi, on découvre une Michiru plus pro-active qui va enfin prendre conscience de ses lacunes et se remettre en question pour avancer. Elle est désormais prête à écouter les conseils des autres quand c’est pour le bien de son fils. Ça fait du bien.

A côté d’elle, j’ai été très séduite par les hommes de la série. Ils sont tous différents mais ont tous la bonne attitude dans cette histoire, que ce soit Kuwabara qui ne tient pas compte de l’origine biologique d’un enfant mais l’aime un point c’est tout ; Mochizuki, l’homme de la crèche, qui ferait tout pour le bien être des enfants dont il s’occupe ; ou Nico, qui est juste archi fan du fils de l’homme qu’il aimait. Au passage, je continue à être régulièrement déchirée par cet homme et son deuil. L’autrice le raconte lors de brefs moments toujours poignants.

Ce qui m’amène à parler de la mise en scène de Shino Torino que je trouve de plus en plus réussie. Elle commence à mettre en place de plus en plus une narration effilochée à la Mari Okazaki, un procédé que j’adore car il met en exergue les sentiments à fleur de peau des personnages, ce qui me touche en plein coeur. Tous ces non-dit que l’on retrouve sous sa plume subliment encore plus un titre déjà très fort émotionnellement, entre une Michiru qui grandit pour le bien de son fils, un Nico qui tente de faire son deuil et une Maya, le roc de cette famille, qui tient un peu tout le monde. C’est juste trop d’émotion pour moi.

Cette lecture continue à me chambouler comme rarement. Pourtant, c’est juste leur petit train train quotidien qui est raconté avec les petits moments avec Kuwabara et la crèche qui viennent pimenter le tout, mais ça suffit pour me mettre des étoiles plein les yeux. Je suis définitivement sous le charme de ces adultes qui font tout pour le bonheur de ce petit garçon. Au passage, je propose de rebaptiser la série : Autour de lui !

Tome 3

Alors que la série est un coup de coeur pour moi depuis les premiers instants, ce tome est le premier pour lequel j’ai quelques réserves malgré tout le bien que je pense de cette saga et de ses personnages terriblement humains.

J’ai en effet trouvé cette lecture un peu crispante. Comme ça arrive parfois dans la vie en vrai, j’ai eu la sensation de faire du surplace, de répéter ce qui avait été dit, vu et fait précédemment, sans que ça avance vraiment pendant longtemps. Il faut dire que nos héroïnes sont véritablement empêtrées dans leurs sentiments aussi bien passés que présents et que malgré toute leur bonne volonté, c’est dur d’avancer et de faire table rase. L’auteur traite donc avec force de la difficulté de tourner la page par rapport à des sentiments négatifs qu’on a pu ressentir : relation râtée, abandon, deuil. Autant de choses terriblement dures à oublier et qui marquent profondément dans la vie ensuite. Nos héroïnes étant très humaines, cela se répercutent sur leur histoire, et ce tome est donc plus compliqué à lire, il a moins d’allant et d’envolées que les précédents, mais c’est tout à fait normal.

Tout le monde est perturbé. On voit bien que toutes ces relations de cette complexe histoire ne tiennent qu’à un fil et que tout pourrait basculer. C’est ce qui va probablement arriver par la suite après la décision finale de Maya qui m’a retournée et profondément agacée. L’autrice a vraiment réussi à m’impliquer dans son histoire, au point de regretter de ne pas pouvoir parler à ses personnages pour leur secouer les puces. C’est la preuve d’un très bon titre.

Autre preuve, c’est qu’en plus de faire le portrait avec justesse de sentiments bien compliqués, elle offre une vision dure mais réaliste de la société sur leur drôle de famille. En effet, oui, ça choque les gens peu ouverts d’esprit de voir une famille où deux femmes sans aucun lien apparent vivent ensemble et élèvent un petit garçon ensemble. Alors les langues jasent et médisent. C’est terrible mais c’est réaliste. Sauf que l’autrice ne reste pas sur ce constat, elle démonte les arguments bateaux de leurs détracteurs en montrant tout ce qu’elles apportent de beau et de bon à ce petit garçon, grâce à une éducation équilibrée et positive où on apprend à s’excuser, à être gentil et ouvert. C’est très beau.

On ressent donc beaucoup d’émotions chez et envers ces personnages. Tous sonnent juste, hommes et femmes (je garde mon coup de coeur pour Niko et j’ajoute le jeune homme de la crèche), chacun est maladroit, hésitant, tâtonne comme dans la vie. C’est la force du titre.

Tome 4

J’avais été un peu agacée par le tournant pris par le tome précédent mais c’était oublier le talent de l’autrice pour évoquer cette situation trouble et complexe mais terriblement humaine. Du coup, même si les héroïnes me frustrent, je ne peux qu’être émue par leur chemin de vie.

Maya et Michiru sont à un tournant de leur vie. Leur petite cohabitation ne semble plus les satisfaire pleinement ni l’une ni l’autre. Il faut donc avoir le courage de faire bouger les choses et c’est Maya qui prend les devants en acceptant la demande en mariage de Kuwabara. Cependant, elle n’arrive pas à tirer un trait sur ses sentiments envers Michiru, ce n’est donc pas honnête d’accepter. Kuwabara les pousse donc à se confronter à leur situation !

J’ai adoré cet homme, tellement bon et honnête, qui ose foutre en l’air ce qu’il désirait depuis toujours et avait enfin obtenu au nom de l’honnêteté et du vrai bonheur de la femme qu’il aime. Il a tout compris ! Maya et Michiru peuvent vraiment agacer mais c’est surtout qu’elles sont à fleur de peau et ne savent plus trop où aller avec leur drôle de relation. Elles sont donc juste terriblement humaines.

Le traitement de leur relation est enfin vraiment au coeur de ce tome avec leur confrontation. Elles comprennent parfaitement, et osent l’exprimer, que leurs sentiments ne suffisent pas. Dans la société actuelle, trop de choses se mettent entre elles et elles ne se sentent pas encore capable de l’assumer. Maya a très peur des répercussions pour le petit Yuta et je la comprends, elle préfère donc se sacrifier. C’est déchirant mais terriblement réaliste. La pression de la société a raison de leurs sentiments.

Cependant le tableau n’est pas que sombre. Le final apporte aussi une jolie fenêtre d’espoir grâce à la discussion à coeur ouvert entre Maya et Kuwabara après tout ça. J’ai espoir qu’il lui donne la force qui lui manque pour oser affronter tout ça.

Il y a aussi de très jolis développement autour du jeune Yuta également, figure centrale de cette histoire, puisque c’est autour de lui que gravitent l’ensemble des adultes. On le voit se lier avec ses amis de la crèche et les adultes amis de ses « parents d’adoption ». Son univers s’ouvre de plus en plus et c’est magique. L’autrice dessine les enfants de manière vraiment adorables. Et c’est encore sans parler du lien Yuta – Nico, dans lequel chacun s’épanouit, que je trouve toujours aussi beau et magique.

Avec toujours autant de justesse et d’émotion, la série continue à aborder des sujets de société pas toujours facile avec cette sempiternelle question du deuil qui ne quitte pas Nico, et celle de cette relation homosexuelle dure à assumer au quotidien dans la société japonaise pour nos héroïnes. C’est dur, terrible, parfois on a envie de crier à l’injustice et on ne voudrait que des scènes de happy-end, mais ce n’est pas la vraie vie et l’autrice l’a bien compris. Ainsi le parcours qu’elle nous présente malgré toute sa beauté et sa poésie n’en reste pas moins âpre et rude. Un déchirement qui fait du bien et qu’on aimerait plus lire !

Tome 5

Quel beau chemin parcouru ! Autour d’elles est définitivement l’un des titres d’Akata qui m’eut le plus et ce tome était juste exactement ce que j’attendais !

L’histoire compliquée de Michiru et Maya me touche depuis le début. Elle touche aussi bien à leur relation homosexuelle difficile à assumer dans une société encore trop en bute à ce genre de relation. Elle touche aussi à la situation familiale compliquée de Michiru, fille mère, qui a eu son fils avec un ami homosexuel mort depuis et qui côtoie l’ancien petit ami de celui-ci. Enfin, elle touche leur caractère profond à toutes les deux et la difficulté pour deux opposés comme elles de s’entendre.

Par peur de blesser les autres, Maya avait fait le choix de s’éloigner. Michiru l’accepte difficilement mais ne voulant plus être aussi égoïste qu’avant, elle essaie d’aller de l’avant. Cependant trop de choix s’offrent à elle dont elle ne souhaite pas vraiment mais qui la perturbent car ils lui offrent la sécurité qu’elle n’a pas et qu’elle cherche pour elle et son fils. C’est compliqué la vie d’adulte.

J’ai été très touchée par la profondeur des émotions mis en scène dans ce tome. On comprend parfaitement la tourmente de Michiru, ses doutes, ses hésitations, ses choix hasardeux, car tout nous est raconté avec beaucoup de doigté, de justesse et de douceur. L’autrice n’est jamais dans le jugement. Au contraire, elle accompagne chacun de ses personnages dans ses choix de vie, peu importe qu’ils semblent bons ou mauvais. Elle est juste là pour eux, tout comme les proches de Maya et Michiru sont là pour elles sans pour autant les forcer à quoique ce soit. Ils sont juste là pour leur offrir le maximum de possibilité et ça m’a touchée.

J’ai beaucoup aimé ce décorticage doux des émotions de chacune, mais j’ai été encore plus touchée par leur lent cheminement à toute deux, et pour le lien qui se fait grâce à Yuta, le fils de Michiru. Ce petit garçon, qui est encore tellement pur, ose dire ce qu’il a sur le coeur lui, ce qu’il désire et veut par-dessus tout, ce dont les filles sont incapables par les barrières qu’elles se mettent. C’est donc lui qui sera porteur de la solution et c’est magnifiquement raconté.

On pourra dire que j’ai un faible pour les personnages d’enfant, mais quand ils sont aussi mignons et bien écrits qu’ici, comment ne pas craquer. On a vu Yuta grandir. Michiru s’est rendu compte de ce qu’elle lui faisait vivre. Elle entend ses désirs mais jusqu’à un certain point. Et si j’ai trouvé ça totalement surréaliste, la façon dont Yuta met tout en branle pour se faire complètement comprendre de sa mère et lui faire le seul caprice qu’il a jamais fait de sa vie, m’a bien remué. C’était un vrai cri du coeur, totalement nécessaire pour pousser ses deux mamans à enfin oser à leur tour.

Le trait ultra typé josei de l’autrice est encore d’une superbe poésie dans ce tome. Il m’a énormément touché, notamment grâce à son travail sur les regards pour les rendre poignants et ultra expressifs. Il y a du Chica Umino et du Yumi Unita en elle, deux autrices que j’adore. Franchement, je peux comprendre qu’on n’adhère pas car c’est particulier, notamment au niveau des bouches parfois, mais je trouve son trait vraiment personnel, différent du mainstream auquel on est habitué, et ses compositions qui semblent si simples touchent là où ça fait mal, avec une belle précision.

Que d’émotion avec cet avant-dernier tome. Je suis encore un peu sonnée. L’autrice a su avec beaucoup de justesse et une belle réflexion sur les pensées de ces deux femmes, nous faire le récit d’une évolution méritée dans cette relation si compliquée qu’elles entretenaient. Enfin, la lumière est apparue au bout du tunnel. Enfin, elles ont osé écouter leur coeur ! Sublime !

Tome 6

Ce n’est pas simple de vous retranscrire l’émotion qui s’est emparée de moi à la lecture de ce dernier tome. L’autrice a pourtant utilisé de tics scénaristiques que je n’affectionne pas, poussant parfois son histoire trop dans le mélo, et pourtant je n’ai pu m’empêcher de me sentir profondément émue et touchée par l’histoire de cette famille « hors norme ».

Maya et Michiru se sont enfin trouvées, ce n’est donc plus la question à aborder ici. Leur vie, elles vont naturellement la construire pas à pas ensemble car maintenant plus rien ne peut les séparer. C’est ce que nous fait comprendre l’autrice. En revanche, il reste une question non réglée : leur passé à eux quatre, Nico, Kei et toutes les deux.

Nico est le personnage qui me touche le plus dans cette histoire depuis le début. Ce qu’il a vécu en tant qu’homme gay et jeune acteur avec le père de Yûta était déchirant et il ne s’est jamais remis de cette perte. On l’a tous bien compris. Mais sa relation avec Yûta semblait le faire tenir. Or, quand une révélation inattendue lui tombe dessus tous ses démons ressurgissent.

D’habitude, je ne suis pas une grande fan quand le mélodrame pointe le bout de son nez et qu’on enchaîne dispute, fuite, enlèvement, abandon et tentative de suicide. C’est un peu gros pour moi et pourtant ici malgré tout j’ai été émue. Émue parce qu’il s’est créé quelque chose avec ce petit groupe depuis le début et que l’histoire de Nico et des filles me touchent. Émue parce que l’autrice a su mettre des mots et des formes sur ce que peuvent vivre des jeunes LGBTQ+ un peu paumés quand ils commencent dans la vie. Émue parce que Shino Torino sait transformer ce que certains considèrerait comme une erreur en superbe cadeau.

Ainsi, j’ai adoré de bout en bout ce dernier jalon de l’histoire. J’ai été touchée par Nico et sa détresse. J’ai adoré l’attention que ses amis lui ont porté, que ce soit les filles ou leurs autres amis. Quant à sa relation avec le petit Yûta, elle est juste superbe ! Pourtant l’autrice aborde des sujets compliqués avec les regrets de Nico vis-à-vis de sa relation passé avec Kei, son désir d’enfant, leurs attentes en tant que couple, leur vie en tant qu’homme gay/bi, etc. Mais l’autrice les abordes avec justesse et émotion.

La fin s’achemine alors vers nous tout naturellement avec douceur. Chacun a su trouver une forme de bonheur qui lui correspond. L’autrice n’oublie personne grâce aux bonus. Elle évoque aussi bien notre quatuor phare que l’ensemble de leurs amis où chacun a su trouver sa voie et c’est parfait ! J’ai beaucoup aimé cette belle conclusion, qui reste cependant réaliste avec notamment le petit retour de bâton concernant notre petite famille, qui peut tout à fait se comprendre. C’est ce que j’aime dans la série : sa beauté, son émotion et son réalisme aussi.

Ainsi, Autour d’Elles est pour moi l’un des tous meilleurs titres du catalogue d’Akata, que je range aux côtés des Complément affectif, Orange, Bless You, Puzzle et Simple comme l’amour des titres incontournables qu’on a pu découvrir grâce à eux. Merci d’oser nous proposer des titres différents écrits par des femmes de talent !

© Shino Torino 2010 / © 2020 Editions Akata

14 commentaires sur “Autour d’elles de Shino Torino

  1. Je viens juste d’aller voir l’article de Xander sur ce premier tome,et comme je lui ai dit en commentaire, avant même de lire vis avis je voulais ce titre.
    Il m’a tout de suite attiré par son sujet et son esthétique. Et la façon dont tu en parle donne encore plus envie.
    J’aime bien la formule « des adultes qui sont toujours des enfants ».

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    1. Oui, je viens aussi de lire sa chronique qui se rapproche pas mal de la mienne ^^
      Ravie que ce titre te tente, en plus c’est une série courte donc l’investissement est moindre, mais surtout je pense que c’est l’occasion de découvrir une autrice vraiment prometteuse 😀
      Bonne lecture !
      (Et tous les adultes sont des enfants dans l’âme ou devraient l’être ;))

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  2. Un titre intéressant, je pense que j’attendrai la sortie des 6 tomes pour lire ce manga. Pour avoir lu le tome 1 de March il y a peu c’est vrai qu’on retrouve un petit quelque chose dans le dessin là

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  3. J’ai l’impression de beaucoup entendre parler de ce titre en ce moment, ce qui n’est pas pour me déplaire tellement ce concept de famille XXL a tout pour me plaire d’autant que l’histoire semble, en plus de proposer des personnages attachants, très touchante.

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    1. Je pense effectivement que l’éditeur mise gros sur ces lancements de ce mois après leurs pertes du confinement, en plus ils croient en leur titre et les poussent bien, mais ils en valent la peine 😀
      J’espère que tu aimeras si tu testes ^-^

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