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Les Découvertes d’Akata #10 : Goodnight, I love you… de John Tarachine

Nouveau rendez-vous du mercredi où je pars à la découverte d’un titre du catalogue d’Akata.

Cette semaine, je reviens encore avec un titre hors partenariat, que j’ai eu envie de découvrir par moi-même parce que la publicité me faisait pressentir un titre fort sur la famille. Il s’agit bien sûr de leur nouveau titre : Goodnight, I love you… de John Tarachine.

Je vous laisse maintenant découvrir le nouveau titre choisi.

Titre : Goodnight, I love you…

Auteur : John Tarachine

Éditeur vf : Akata (L)

Année de parution vf : 2018-2019

Nombre de tomes : 4 (série terminée)

Histoire : Pour répondre aux dernières volontés de sa mère décédée, Ozora, étudiant japonais, s’envole pour l’Angleterre avec une lourde tâche : annoncer à ses anciens amis londoniens la mort de cette-dernière. À l’occasion de ce voyage forcé en Europe, il découvrira tant de choses, à commencer par le secret de son frère, parti vivre en France il y a quelques années. Réalisant alors qu’il ignorait tout du passé de sa propre famille, Ozora débute une quête identitaire, de pays en pays, de rencontre en rencontre…

Mon avis :

Tome 1

Goodnight, I love you est le premier titre que nous découvrons en France de John Tarachine, jeune auteur de boys love qui a débuté en 2014, qui propose ici un josei très sensible centré sur la famille. Avec son trait taillé à la serpe et un peu particulier pour l’amateur de jolis dessins, il montre qu’il a parfaitement su intégrer les codes du josei mais aussi du seinen tranche de vie.

Nous découvrons dès les premières pages le roadtrip d’un jeune japonais qui vient de perdre sa mère et qui doit aller l’annoncer aux amis de celle-ci partout en Europe. Il est pour cela accompagné de son frère aîné mais ça s’annonce plus compliqué que prévu.

En effet, l’auteur profite de cet événement pour traiter avec nous des cellules familiales éclatées. On suit donc un héros qui redécouvre le frère qui l’a quitté il y a fort longtemps. Ce n’est pas un moment facile. Il doit confronter sa vision de lui quand il était enfant, à ce qu’il est devenu. De plus, le mangaka ajoute un élément perturbateur supplémentaire avec l’homosexualité de ce frère récemment retrouvé, ce qui n’est pas simple à appréhender pour le héros. Mais c’est une belle occasion pour parler également de tolérance. Tolérance que l’on retrouve aussi tout au long du voyage du héros dans ses rencontres avec des gens d’origines et de cultures très différentes. On n’échappe pas à bien des clichés mais c’est le propre de ce genre d’histoire, je pense.

Dans ce titre, John Tarachine montre qu’il sait très bien décrire et nous transmettre les émotions de ses personnages. On ressent bien le mal être et la douleur du héros suite à la mort de sa mère qui l’a séché. On ressent son apatie suite à ce choc, mais aussi ses difficultés à affronter le présent et à voir sa vie changer. C’est une jolie chronique sur le deuil qui frappe subitement les gens. Les dessins servent très bien ce propos avec leur côté très âpre, ils mettent en valeur le côté à fleur de peau des deux frères.

J’ai tout de même quelques défauts à pointer, à savoir un voyage avec des ressors un peu répétitifs et des clichés sur les pays visités et personnes rencontrés. Mais dans l’ensemble, j’ai vraiment passé un très bon moment. J’ai beaucoup aimé les compositions graphiques du mangaka malgré son dessin atypique. La première page « en couleur » m’a rappelé les carnets de voyages/de souvenirs de certaines dessinatrices que j’aime suivre (Pénélope Baggieu, Diglee). C’est pour moi un titre vraiment prometteur avec une idée originale et un récit prétexte à des sujets touchants : deuil, famille, homosexualité. Je comprends très bien pourquoi Akata l’a choisi.

Tome 2

Cette suite est dans la droite ligne du précédent tome. On continue à suivre le périple en Europe de notre jeune Japonais qui vient de perdre sa mère.

Le voyage est encore une fois très présent et très plaisant à suivre. J’ai aimé le voir galérer pour prendre son train, réserver son hôtel, visiter les différentes villes. Celles-ci sont encore mise en avant par ce qu’elles ont de plus emblématique culturellement et gustativement. C’est cliché, mais ça me plaît, ce sont des marqueurs et tout touriste qui y vient pour la première fois a sûrement envie d’expérimenter les mêmes choses que notre héros. Au passage, c’est très sympa de suivre aussi le voyage en Europe de l’auteur à la fin du tome le temps de quelques pages.

Mais ce n’est pas tout ce qu’il y a retenir de cette lecture, non. On sent vraiment que la famille est au coeur de cette oeuvre. On parle de comment les enfants perçoivent leurs parents en tant qu’individu mais aussi la relation de ceux-ci. On parle aussi d’accepter que nos parents aient une vie avant, après et en-dehors de nous. C’est très riche. Après le souci avec ce genre de thème, c’est que ça peut vite être assez plombant, surtout avec un héros qui aime se flageller comme le nôtre. J’ai donc eu quelques passages à vide où j’ai trouvé ça même un peu redondant. Heureusement, le héros profite aussi de ce voyage pour en apprendre pas mal sur lui-même. Il fait son introspection et mûrit, ce qui donne lieu à de jolis moments et de jolies rencontres pour nous.

J’ai donc une nouvelle fois passée un bon moment entre voyages et réflexions sur la famille. Je suis touchée par les galères de ce jeune adulte et je sens que je ne suis pas au bout de mes peines avec lui ^^

Tome 3

On prend les mêmes et on recommence, l’auteur rebrasse les thème vus précédemment dans ce tome où l’on voyage un peu moins et où le rythme se pose pour approfondir certains sujets.

J’ai vraiment apprécié le côté voyage ici. C’était encore une fois plein de lieux communs, mais c’était plaisant de suivre les deux garçons en Italie, sans la contrainte de trouver une lettre, juste pour le plaisir de faire du tourisme. Je me suis amusée du moment où ils ont pris leurs billets, de leur visite express de Florence, de leur départ à Venise, de leur rencontre là-bas et de l’espèce de chassé croisé avec le frère du héros. C’était bien mené, ça rendait la lecture dynamique et ça allégeait un peu l’atmosphère après des débuts parfois un peu plombants.

Pour autant, le mangaka parle aussi de sujets importants comme le fait d’être honnête et de communiquer avec ses parents ou encore le fait qu’on ne peut effacer les marques du passé. J’ai trouvé la rencontre entre le père et le fils très bien amenée. C’était amusant de voir le frère aîné se trainer le père comme un boulet, ou bien de voir les ressemblances entre celui-ci et son cadet. Les retrouvailles sont aussi pleines d’humour mais l’auteur nous montre aussi avec sensibilité la complexité de la relation entre ce père et ce fils qui se sont si peu connus à cause de la séparation des parents. C’est important aussi de montre ce type de relation, on ne le fait pas assez souvent et ici, j’ai trouvé que c’était fait intelligemment.

Pour finir, mon passage préféré de ce tome fut le grand moment de nostalgie où le père se rappelle le voyage qu’il avait fait autrefois avec son ex femme. Il refait le circuit des lieux clés de leur séjour et revit les moments importants qu’ils ont vécu cette fois-là. C’est très touchant et joliment mis en scène.

Maintenant, j’attends la conclusion avec une certaines impatience parce que je suis sûre qu’elle sera l’occasion de revenir avec encore beaucoup de pudeur et de sensibilité sur cette famille si particulière et pourtant bien représentative d’un pan de notre société actuelle.

Tome 4

Cette série fut vraiment une jolie surprise jusqu’au bout. Alors qu’elle ne paie pas forcément de mine, notamment à cause d’un dessin encore maladroit, elle raconte une histoire qui émeut profondément car elle touche à la notion même de famille.

Il est donc temps de dire au revoir à Ozora et à tous ceux qu’il a croisés au fil de ses pérégrinations entreprises sur les ordres de sa défunte mère. Mais avant cela, il reste un chapitre à clore, celui de sa relation avec ses parents. Il a été abandonné par son père quand il était enfant et ce n’est chose dont on se remet comme ça. L’auteur touche à un sujet sensible avec une grande délicatesse et une mise en scène basée sur ce trait de caractère typique des japonais, je trouve : une « trop » grande prévenance envers l’autre qui traduit en fait une difficulté à transmettre ses émotions. Le père et le fils se ressemblent énormément en cela, et le voyage entrepris par Ozora est nécessaire pour le faire mûrir et lui permettre de crever cette boule qui lui obstrue la gorge et l’empêche de dire ce qu’il a sur le coeur. Le moment où cela arrive est magnifique et m’aura fait verser ma petite larme. J’ai vraiment été touchée par cette petite famille, que ce soit Ozora avec son père, mais également sa mère que l’on découvre au fil des lettres et qui était une femme sensationnelle, entière mais fragile et blessée, ou encore son frère qu’on retrouve pour quelques pages très signifiantes en toute fin.

Dans ce dernier tome, John Tarachine aura parachevé son voyage et m’aura touchée comme jamais, que ce soit avec les histoires d’Ozora et sa famille, ou avec celle de l’ami(e) de sa mère. Il a de plus bien progressé dans ses dessins qui n’ont jamais été aussi agréables à regarder, ils sont bien plus fins et moins bruts qu’au début, s’adoucissant avec l’histoire. Akata aura vraiment su dénicher une pépite ici avec cette histoire regroupant des thèmes aussi variés que le voyage, la famille, le deuil, l’amour hors frontières, les LGBT, le pardon, etc. Voilà un nouvel auteur à suivre !

Ma note : 15,5 / 20

Découvrez aussi sur mon blog, les titres suivants d’Akata :

 

 

    

    

22 commentaires sur “Les Découvertes d’Akata #10 : Goodnight, I love you… de John Tarachine

  1. Par contre faut arrêter avec ce terme « cliché » qui n’a plus aucun sens aujourd’hui, d’autant plus quand on aborde le récit de voyage où on va parler de choses susceptibles de faire écho à ce que l’on direentendu dire dudit « pays » pour toucher les gens. Tout le monde est le cliché, le stéréotype de quelqu’un d’autre sur Terre.

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    1. Non, le terme cliché est parfaitement approprié dans le cas présent quand on présente encore un français avec sa baguette de pain ou Paris comme la ville des amoureux. Après, j’ai bien écrit que c’était aussi un passage obligé dans ce genre de récit mais ça n’enlève rien au fait que ce soit un poncif et qu’il serait peut-être bienvenue au bout d’un moment de trouver une autre façon de présenter les différents pays. Je suis d’accord pour dire que chaque pays a droit à ses poncifs mais on ne peut pas nier pour autant leur présence surtout quand c’est fait aussi peu subtilement qu’ici (même si ça m’a fait sourire aussi). 🙂

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    1. Je peux comprendre surtout vu le prix. Perso, j’aime bien quand même et j’ai envie de voir quelles aventures il va encore vivre, mais si c’est pas top, hop je revendrai. J’ai décidé d’arrêter de garder les titres que j’ai pas envie de relire ^^

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  2. À part les clichés qui risquent de m’agacer à moins que je ne survole les passages concernés, tu confirmes mon attrait pour cette série. Reste à croiser les doigts pour que ma médiathèque se décide à l’acquérir…

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    1. Ouf, ravie de le lire. C’est une série qui le mérite mais je crains qu’elle ne passe inaperçue à cause de son graphisme un peu particulier. Pour les clichés, ça m’a surtout embêtée au début, beaucoup moins par la suite, parce que j’étais plus pris par ce qui arrivait au héros ^-^

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      1. c’est justement ce type de dessin là que moi j’affectionne le plus en manga. Le style manga/anime bien standardisé j’ai du mal. Faut que l’histoire soit vraiment bien pour que j’adhère. Je trouve le trait de John Tarachine très joli.

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      2. Je n’irai pas jusqu’à dire que je le trouve joli, mais au moins, l’auteur/autrice (?) a sa patte graphique et ça j’apprécie. Il y a une âme et une vraie intention dans ses dessins, c’est ce que je cherche ^^

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