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Les Découvertes d’Akata #20 : Daisy, lycéennes à Fukushima de Reiko Momochi

Nouveau rendez-vous du mercredi où je pars à la découverte d’un titre du catalogue d’Akata.

Les fêtes de fin et de début d’année étant passées, je repars vers des sujets plus sérieux. Et cette semaine, j’ai eu envie de vous parler de Fukushima, pour cela je me suis replongée dans Daisy de Reiko Momochi, un titre qui date déjà de plus de 4 ans, mais qui est toujours d’actualité malheureusement.

Je vous laisse maintenant découvrir mon avis sur ce nouveau titre.

Titre : Daisy, lycéennes à Fukushima

Auteur : Reiko Momochi

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2014

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

Histoire : Plusieurs années après la catastrophe du 11 mars 2011, et tandis que le monde entier semble vouloir oublier que la situation à Fukushima est encore loin d’être réglée, une artiste courageuse décide de briser la loi du silence ! S’inspirant de témoignages réels, Reiko Momochi nous livre avec Daisy une œuvre indispensable. Parce qu’il ne faudra jamais oublier…

Depuis le terrible tsunami qui a frappé Fukushima, Fumi n’ose plus sortir de chez elle. Trop inquiète pour sa santé, à cause des éventuelles radiations émises par la centrale. Pourtant, en dernière année de lycée, il faudra bien qu’elle se décide à retourner en cours. Mais est-il seulement possible de recommencer à vivre et de faire comme si de rien n’était, quand même une simple pluie représente la menace d’une contamination radioactive ? Heureusement, elle pourra compter sur Moé, Ayaka et Mayu, ses trois meilleures amies. Ensemble, elles comptent bien profiter de la vie, et surtout sortir toutes diplômées du lycée ! Elles décident alors de créer un groupe de musique, Daisy, pour se redonner du courage. Mais très vite, la réalité les rattrape et… Est-il possible de construire leur avenir sur cette terre polluée qu’est-devenue Fukushima ? En tant que filles, en tant que femmes, en tant que futures mères… Tandis que le reste de la jeunesse japonaise et du monde a le droit de profiter de sa vie dans l’insouciance, tandis que le monde entier a oublié le drame qui s’est abattu sur Fukushima et que ses habitants tombent dans l’oubli, quel avenir s’offre à ces adolescentes, à l’aube de leur vie d’adulte ?

Mes avis :

Tome 1

Ce titre se place dans la lignée de Je reviendrai vous voir ou de Colère Nucléaire qui parlent de ce même drame, voire de Moving Forward qui parle du tremblement de terre de Kobé ou encore de La fillette du drapeau blanc qui parle de la Seconde Guerre Mondiale. Akata est un éditeur particulièrement sensible à ses oeuvres qui traitent de l’après catastrophe d’un point de vu humain et je les en remercie. Ce sont des témoignages riches et nécessaires.

Ici avec Daisy, nous sommes avec un titre qui prend aux tripes. L’autrice a passé des mois à récolter des témoignages d’habitants de la ville accidentée pour pouvoir nous proposer cette oeuvre de fiction où elle fait parler le plus justement possible des personnages fictifs qui donnent voix à ces habitants. C’est donc à la fois une fiction et un témoignage de l’après Fukushima.

J’ai très rapidement été touchée par cette oeuvre. J’ai aimé l’angle choisi par la mangaka : un groupe de copine qu’on suit dans leur quotidien. L’héroïne est en quelque sorte le leader du groupe de musique qu’elles ont formé et c’est avec le retour de celle-ci au lycée, des mois après la catastrophe que l’histoire s’ouvre.

Celle-ci est très riche. On y trouve des éléments du quotidien de lycéennes lamba : l’amitié, l’amour, la mode, les garçons, la famille, les études, l’avenir, mais ceux-ci se trouvent toujours sous le prisme de la catastrophe qui a eu lieu. On ne peut pas différencier les deux et les suivre dans une vie normale parce que le séisme a eu lieu et que ses conséquences sont belles et bien présentes au quotidien.

Ainsi on se retrouve avec des sujets forts difficiles tout au long de ce premier tome. L’autrice nous parle bien sûr de la peur que ressentent les habitants au quotidien. Elle peut prendre bien des formes : celle d’un nouveau séisme, celle des conséquences des radiations sur leur santé immédiate mais aussi dans le futur, celle de la pollution de l’air, de la pluie, de la terre et donc des cultures. Ce sont parfois des conséquences directes comme celles que je viens de citer mais parfois elles sont bien plus lointaines, ainsi l’économie en berne pousse des couples au divorce, des familles à la faillite, des enfants à changer d’objectif de vie. On sent vraiment que ce n’est pas un lieu où il fait bon vivre par rapport à avant. Le drame est partout. On voit même des hommes de l’extérieur traiter les femmes de Fukushima comme des pestiférées desquelles il ne faut pas s’approcher et avec lesquelles il ne faut pas se marier, comme ce fut le cas pour les irradiées d’après Hiroshima et Nagasaki. Le Japon n’a décidément pas appris de ses erreurs. Ajoutez à cela une impression que le gouvernement les trompe, leur ment en permanence sur la dangerosité du lieu et la reconstruction qui tarde, qui est très longue. On comprend mieux que certains se demandent s’ils doivent rester ou partir.

Mais Daisy n’est pas pour autant un titre misérabiliste, parce que ses héroïnes sont des filles fortes, qui prennent leur destin en main et ne se laissent pas abattre. L’autrice a choisi un angle positif pour montrer qu’on peut trouver du bonheur tout de même dans l’adversité. Ainsi leur amitié est un vrai moteur pour leur permettre de vie avec le sourire. J’adore la relation des filles. De la même façon, leur famille compte beaucoup. Mayu en est un très bel exemple, elle qui change d’orientation pour son père, tout comme Fumi qui décide de rester pour son père. Il y a donc aussi de très belles valeurs dans ce titre.

Avec cette oeuvre, Reiko Momochi apporte donc un témoignage très sensible de ce que peuvent ressentir des habitants de Fukushima au lendemain de la catastrophe. Cela n’est pas s’en rappeler des heures tout aussi sombre du passé du Japon. Et si ce genre de titre est nécessaire, il est triste que ce qu’il raconte soit encore une réalité de nos jours. Il reste que le premier tome de ce manga est d’une efficacité rare aussi bien dans la narration, l’émotion que les messages qu’il transmet. C’est un petit coup de coeur pour moi même s’il est bien triste.

Tome 2

Ce second tome est à nouveau un petit coup de coeur qui m’aura laissé avec la larme à l’oeil. C’est tellement touchant de suivre ce groupe de copines. J’ai beaucoup aimé dans le titre que ce soit leur amitié qui soit mise en avant et non les romances comme trop souvent dans les shojos. Ici, le propos de l’autrice est autre et elle le défend bien.

L’amitié, la famille et l’entraide sont au coeur de son histoire. On continue donc à suivre notre groupe d’amies. Reiko Momochi met un peu plus en avant à la fois leur passion pour la musique comme instrument de motivation et moyen de panser les plaies. Elle se met aussi à parler un peu plus d’Ayaka, la 4e du lot, qu’on avait peu vue jusqu’à présent, le tout en continuant à développer son propos critique contre la gestion de la catastrophe.

Elle reprend ainsi les mêmes sujets que dans le premier opus mais développe un angle clairement plus politique ici. Et donc en plus de cette peur ambiante qu’elle décrivait, elle se décide à nous parler des actions de la population pour palier les carences du gouvernement. Elle assène donc à celui-ci plusieurs critiques assez vives que je partage et nous montre la colère que la population ressent à raison contre lui. On découvre ainsi brièvement le quotidien de ceux qui ont été touchés au plus près et qui ont dû quitter leur domicile. C’est tragique de voir dans quelles conditions ils doivent vivre en tant que réfugiés mais surtout ce qu’il reste de leur ancien lieu de vie et de leurs souvenirs.

Heureusement comme dans le tome précédent, l’autrice montre des gens qui ne se laissent pas abattre. L’entraide se met joliment en place et cela permet à plusieurs des filles de trouver leur voie. Parce que comme on l’avait vu auparavant, Fukushima a des conséquences concrètes sur leur avenir et leurs désirs. Les filles, telles des représentantes de la jeunesse de ce lieu, montrent combien elles veulent aider les autres à s’en sortir et combien cela va devenir un leitmotiv pour elles à l’avenir. Ainsi, l’une d’elle va vouloir devenir instit pour aider ces enfants qui se sont montrés si forts et courageux, une autre va vouloir devenir psychologue pour aider tout le monde à parler et à remonter la pente, et pour finir une dernière va vouloir faire en sorte que les choses bougent et qu’on ne reste pas dans l’indifférence générale, pour cela elle va essayer de faire de la politique. La mangaka cherche donc à montrer qu’il faut agir soit même pour que les choses changent et non attendre du gouvernement qui actuellement ne fait rien car composé d’une élite hermétique au malheur des gens. C’est une critique assez vive que je pensais pas trouver ici et qui m’a plu.

Daisy aura donc été un titre assez surprenant pour moi, dans le sens où l’on est bien loin de ce que peuvent habituellement nous proposer les shojos que l’on peut lire en France. Tout en gardant une sensibilité toute féminine, la mangaka n’hésite pas à adresser un discours critique à son pays mais aussi un message porteur d’espoir concernant sa jeunesse. C’est un très beau titre qu’il faut lire !

Ma note : 17 / 20

Découvrez, Daisy, Lycéennes à Fukushima sur Akata.fr.

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